Partie I : Nouveau visage.

« Voilà le marché : vous allez voter pour ou contre, en levant la main. »

L'air était de glace. Elle le sentait s'insinuer en elle, lentement mais pleinement, la griffure de son gel la touchait de l'intérieur. À chaque inspiration, une nouvelle vague l'emplissait, aussi glaciale que la précédente. Elle ne pouvait empêcher cette brûlure de froid dans son corps. Pourtant, elle sentait ses poumons lutter contre l'agression, s'échauffant pour laisser s'échapper un air qui, lorsqu'elle expirait, était tiède sur ses lèvres. Mais à chaque fois, c'était un souffle nouveau, et un combat sans fin. Elle avait l'impression d'être ce nouveau-né, tout juste sorti des eaux douces et voluptueuses du ventre de sa mère, obligé d'affronter l'air rugueux et austère du monde sans qu'il n'y soit prêt.

« Si c'est pour, elle reste. »

Le reste de son corps lui semblait inaccessible. Elle le savait, là, autour de ses poumons et de sa trachée dont elle avait cruellement conscience, mais ne le sentait pas vraiment. Elle ne savait pas si elle était debout ou assise, allongée ou recroquevillée. Elle se sentait comme dépossédée de ce corps qui, pourtant, était bel et bien présent. Le monde autour d'elle était tout aussi lointain. Il n'y avait que l'air et sa consistance dure, il n'y avait que cette voix qui, par sa force et son volume imposants, surgissait de partout à la fois, et il n'y avait que cette arme dont le canon la fixait dans les yeux, un face-à-face terrible, la pupille sombre et vide qu'elle pouvait voir avec précision, jusqu'aux reliefs de l'iris métallique.

« Si c'est contre, je tire. »

Son corps, sans plus aucune vitalité, ne réagit pas. Mais son esprit sembla s'éveiller pleinement, quittant ces derniers lambeaux de rêves blancs, bien trop conscient de ce blaster pointé entre ses deux yeux. Elle perçut alors le brouhaha derrière la voix imposante, le tumulte de plusieurs dizaines d'autres voix, toutes en désaccord mais pouvant décider de sa vie et de sa mort. Elle ne pouvait pas mourir ainsi ! Jugée par des inconnus de façon totalement arbitraire, sans qu'elle ne puisse se défendre, sans même savoir pourquoi elle devrait mourir. C'était injuste ! Elle ne voulait pas mourir ainsi.

« Non. »

De ses lèvres entrouvertes, un son était sorti, mu de lui-même, lui aussi révolté. Elle voulait vivre, même avec cet air glacial qui rampait dans ses poumons, même avec son corps qui lui était inaccessible, comme s'il ne lui appartenait plus. Alors, le canon du blaster qui la tenait toujours en joug et qu'elle ne voulait plus voir, fut arraché de la main qui le tenait, jeté par terre, le bruit du tintement de métal contre le métal l'informant sur sa destination. Elle ne savait pas comment elle avait fait cela. Mais elle voulait fuir, partir loin de ces personnes et de cet air glacé. Alors elle vit une porte. C'était une porte de métal, coulissante, banale. Elle prit conscience qu'elle s'était redressée, et que son corps bougeait, quand la porte sembla s'approcher d'elle. Les deux pans s'écartèrent alors, crissant et craquant sur leurs gonds, d'un espace suffisant pour qu'elle puisse passer. Elle ne savait pas ce qu'il y avait derrière, ne parvenait même pas à le discerner, mais tout semblait mieux que cette assemblée votant à main levée sa vie ou sa mort.

« Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! »

Puis vint l'inconscience.


Bonjour, bonsoir, mes lecteurs !

Je vous remercie de lire ce Calendrier de l'Avent ! Le principe est, comme vous vous en doutez, de publier 1 texte par jour jusqu'à Noël. Pour ma part, il s'agira d'une seule et unique histoire. J'espère que ce cadeau embellira votre fin d'année. N'hésitez pas à embellir mon propre Noël par vos reviews !

En attendant, je vous conseillerais une lecture qui m'a beaucoup émue, à savoir « Une île dans une mer de sable », un texte traduit par Claire-de-plume, qui met en scène un Obi-Wan exilé, devant s'occuper d'un petit bébé après la mort prématurée d'Owen et Beru, au doux nom de Luke. Un papa Ben très touchant !

À demain,

MlleMau.