Partie I : Nouveau visage.
Quand elle s'était à nouveau réveillée, l'air glacial avait été remplacé par ce liquide doux et glissant. Elle se sentait bien. Ce n'était pas un état parfait car elle sentait ses chairs douloureuses à certains endroits de son corps, mais elle était calme et détendue, la vision cette fois-ci claire qui lui permettait de voir l'ensemble du monde, et pas l'obscure pupille d'un blaster. Elle flottait dans un liquide bleu, quelques fils étaient reliés à elle, et derrière une vitre transparente, ses yeux parvenaient à voir nettement une salle médicale avec plusieurs lits et d'autres cuves vides. Un droïde médical semblait être le seul occupant de la pièce. Quand il se retourna, il constata qu'elle était réveillée et, avant de la sortir, appela quelqu'un par l'intercom.
Elle ne se souvenait pas de sa sortie de la cuve de bacta, ni de comment elle s'était allongée sur ce lit. Ce court trajet l'avait épuisée, et elle s'était vraisemblablement endormie aussitôt la tête posée sur le matelas. Mais c'était ce sommeil léger, à peine inconscient, d'une personne si fatiguée qu'elle profite de chaque seconde de possible repos, mais qui s'éveille rapidement quand il le faut. À l'arrivée de personnes, cette fois-ci tout à fait organiques, elle s'éveilla donc. Il s'agissait de trois hommes. Il y avait un weequay et un rattataki, tous les deux armés de fusils et en retrait. Le troisième était un humain particulièrement imposant, d'une grande carrure, qui avait tout l'air d'être le chef. Ce fut d'ailleurs lui qui prit la parole :
« Notre invitée est déjà réveillée ? »
Elle reconnut aussitôt la voix. Forte et grave, rauque et ferme, c'était l'homme qui la menaçait de son arme peu de temps auparavant. Cette révélation la mit plus mal à l'aise encore que les deux gros bras armés qui semblaient prêts à l'exécuter au moindre geste brusque. Le chef s'assit sur le rebord de son lit. Elle chercha à s'éloigner un peu, méfiante, mais la douleur dans son corps ne lui octroya que quelques centimètres de sécurité. Elle l'observa. Il avait de petits yeux bridés, un crâne chauve, et un grand tatouage sur le côté du visage dans des arabesques se finissant en pointes. Il était inexpressif et silencieux.
« Où suis-je ? demanda-t-elle.
_ Sur mon vaisseau. »
La réponse était laconique. C'était insuffisant pour elle. Elle était perdue dans un monde qui lui était totalement inconnu.
« Qui êtes-vous ?
_ Qolt Gen-ti. Je suis le capitaine et, accessoirement, un pirate. »
Les deux gardes eurent un rire narquois quand elle essayait de reculer de quelques centimètres supplémentaires. Il ne s'agissait pas de l'information la plus rassurante qui soit.
« Comment suis-je arrivée ici ?
_ On t'a repêchée. Tu dérivais en mer grièvement blessée (il pointa du doigt son corps meurtri) et inconsciente, entourée de débris. À mon avis, ces crétins ont dû se dire que l'océan se chargerait de finir le travail et de te noyer. Noyer une nautolan, elle est bien bonne celle-là. »
Les deux gardes rirent franchement, cette fois-ci. Leur chef n'avait pas esquissé un sourire alors qu'il faisait, visiblement, une blague. Malgré les explications, elle ne comprenait absolument rien.
« Vous vouliez me tuer.
_ Pas personnellement, mais certains de mes gars ne voulaient pas s'encombrer avec toi. T'en fais pas pour ça, ta petite prestation m'a totalement décidé. »
Il devait voir son incompréhension, car il expliqua :
« Me désarmer et te relever dans l'état dans lequel t'étais. Tu ne manques pas de cran. »
Elle ne répondit pas. Les souvenirs ne lui semblaient pas flous, mais sa perception à ce moment-là l'était ; du fait de ses blessures apparemment. Elle ne savait pas comment elle s'y était pris, et ne pouvait donc imaginer en quoi sa tentative de fuite, qui était pourtant un échec, avait pu impressionner cet homme lui-même très impressionnant. Comme elle se taisait, Qolt entreprit d'entamer son propre interrogatoire :
« Alors dis-moi, comment t'appelles-tu ? »
Le silence lui répondit. Un profond désespoir l'envahit. Le vide qu'elle ressentait depuis son réveil prit soudainement toute son ampleur. Le monde ne lui était pas inconnu, elle était inconnue à ce monde.
Bonne question.
Comment s'appelait-elle ?
Bonjour, bonsoir, mes lecteurs !
Je vous remercie de continuer à me lire, j'en déduis que mon mystérieux prologue a su vous intriguer. Je crains que les réponses à vos questions ne viennent pas immédiatement. Il vous faudra être patient - mais c'est ça, un calendrier de l'Avent, non ? Ahah !
J'adore le nom de Qolt. En fait, j'adore tous les noms que j'ai pu inventés. Je dois être un peu bizarre, non ?
À demain,
MlleMau.
