Partie I : Nouveau visage.

Elle souffrait toujours de ses brûlures et de ses moignons, notamment avec le frottement rugueux des vêtements ou lorsqu'il arrivait que quelqu'un la touchât, et elle avait, semblait-il, totalement perdu l'odorat sans les puissants capteurs sensoriels de ses tentacules, mais ses poumons étaient totalement guéris et ses plaies totalement refermées. Elle avait donc été éjectée de l'infirmerie, laissée seule dans ce monde de pirates dont la moitié votait encore à main levée sa condamnation à mort quelques jours auparavant. Entourée de tous ces hors-la-loi, elle se sentait plus seule que jamais.

Comme elle n'avait pas de nom et un visage immonde, les surnoms et les quolibets étaient devenus son quotidien. Chacun avait, semblait-il, sa façon de l'appeler : « la moche », « le monstre », « face de sarlacc », « bouillie de poisson ». Celui qui lui faisait le plus mal (et donc, celui qui était le plus souvent utilisé) était « la sans visage ». La plupart du temps, elle ignorait totalement ces moqueries. Elle ne s'en offusquait pas tellement, son corps ravagé avait été un choc aux premiers abords, mais elle s'était rapidement accommodée de cette laideur. De toute façon, elle ne pouvait plus rien y faire. C'était une résignation amère, mais il valait mieux cela que ne pas oser supporter la vue de cette peau blanchâtre et nervurée. Mais ce qui la blessait le plus dans ce surnom, la sans visage, était qu'il lui rappelait constamment son manque d'identité. Sans ses souvenirs, sans son passé, elle n'avait plus d'identité, plus de nom, mais aussi plus de visage. Une inconnue.

Dans toute cette hostilité, l'unique point de repère qui semblait lui rester était le capitaine Qolt, et sa voix profonde et monocorde. Il était un homme difficile à cerner, il était ce chef pirate qui pouvait coller le canon d'un blaster sur le front d'une personne sans s'en émouvoir, qui criait ses ordres à des subordonnés qui le craignaient, qui ne la gardait en vie que parce qu'il voyait l'utilité qu'elle pouvait avoir et non par charité, mais il était aussi le seul à lui rendre visite et à lui parler, à faire ses nombreuses plaisanteries d'un ton monocorde et à l'appeler « petite » ou « gamine ». En sa présence, elle se sentait à la fois intimidée et rassurée. Il l'écoutait se lamenter sur la perte de sa mémoire avant de la consoler, il lui conseillait de se focaliser sur le présent et non sur un passé perdu, avant de reprendre ce rôle de capitaine rigide qui n'accepte pas l'oisiveté sur son vaisseau et de lui donner des dizaines de tâches ingrates à faire, allant de la plonge au récurage des toilettes.

Elle appréciait ces moments avec lui, d'autant plus qu'il ne la jugeait pas sur son physique ou sur son amnésie. Néanmoins, si les termes affectueux de « petite » ou de « gamine » étaient préférables à « la sans visage », elle demeurait sans nom.


Bonjour, bonsoir !

Voici la fin de la partie I, qui pose les bases et surtout, beaucoup de questions. L'action arrive mais les réponses, elles, seront à découvrir par une lecture attentive... Attention, le 24, évaluation finale !

À demain,

MlleMau.