Partie II : Son nom.
La pièce était petite et sombre, mais surtout malodorante. De son avis, c'était à cause de l'odeur qu'elle avait été mise dans cette chambre, personne d'autre ne voulant la partager. Malheureusement pour eux, l'odeur ne l'incommodait pas du tout. D'une part, parce que son odorat n'était pas totalement revenu, d'autre part, parce que cela signifiait qu'elle n'était pas seule. Cette senteur, forte, était celle de son compagnon de chambre, un lasat. Ils étaient en effet réputés pour avoir une forte odeur pour les autres espèces, et le sol était régulièrement recouvert de petits poils violets tombés de sa fourrure, mais tout cela ne l'incommodait pour rien au monde. Au contraire, dans cette minuscule et austère chambre, elle ne s'y sentait pas seule. Cette sensation de compagnie la changeait radicalement des lieux de vie commune, où il y avait des dizaines de personne chahutant et riant ostensiblement, mais où elle se sentait terriblement isolée. Elle supposait que cette sensation venait du fait que son colocataire était aussi taciturne qu'elle.
C'était un lasat particulièrement grand, même pour sa race (elle paraissait minuscule à côté de lui, à croire qu'elle s'attachait plus facilement à ces grandes figures imposantes, elle ne savait pas pourquoi cependant). Il avait l'air revêche de ces personnes déçues par la vie et qui n'en attendent plus rien, mais il n'était pas méchant, comme si cette existence difficile lui avait plutôt appris la compassion que la haine. La première fois qu'ils s'étaient vus, quand elle était entrée dans cette petite pièce malodorante, il avait tout de suite pris la parole pour l'inciter à s'installer, de cet accueil brut mais sincère. Il ne s'était jamais présenté. Elle ne savait pas s'il l'avait fait volontairement, mais c'était comme s'il s'était arrangé pour qu'elle n'ait pas à dire « Enchanté, je m'appelle... ».
Lui, se contentait de ne jamais l'appeler. De cette façon, il n'avait pas à ne pas prononcer un nom inexistant, et il n'avait pas à utiliser ces méchants surnoms. Il lui parlait peu, comme elle lui parlait peu. Sans souvenir, sans expérience, sans nom, elle n'avait que peu de choses à dire, contrairement à lui. Mais ce silence lui faisait du bien, car c'était un silence mutuel, et non pas le sien uniquement. Paradoxalement, le seul membre de l'équipage à lui parler était, en définitive, un type qui ne lui parlait jamais.
Parce qu'elle l'appréciait pour sa discrétion et son mutisme si soucieux du manque qui la constituait, elle avait voulu en savoir plus sur son compagnon de chambrée sympathique. Quelques oreilles indiscrètes et questions subtiles lui avaient appris que son ami lasat était un criminel pour son peuple, bien qu'il eût toujours clamé son innocence, et ainsi exilé de force sa planète natale, Lasan. Il s'appelait Terandeb.
Bonjour, bonsoir, chers lecteurs !
Ça y est, notre jeune héroïne se fait un ami - l'occasion pour moi de vous proposer un autre nom que j'apprécie.
N'hésitez pas à partager vos hypothèses sur ce qui lui est arrivé, qui elle était, quand ça se passe... En fait, j'ouvre les paris ! Voyons qui aura deviné justement, qui aura su comprendre les petits indices disséminés dans le récit. Demain, en plus de vous proposer l'un des chapitres les plus longs, la réponse à « Quand se passe le récit ? » sera donnée ! Alors à votre avis, c'est quand ?
J'ai hâte d'être demain,
MlleMau.
