Partie III : Une famille.

Qolt était un homme étrange. Je n'arrivais pas à le comprendre totalement, et il me semblait que ce ne serait jamais le cas.

Il était le chef d'un groupe de pirates, cela signifiait qu'il pouvait voler, détruire et tuer sans scrupule. Abattre une personne ne semblait lui faire ni chaud, ni froid (il était tout de même prêt à tirer entre mes deux yeux si son équipage votait contre, alors que j'étais inconsciente et à l'agonie). Tout le monde le respectait et, me semblait-il, ce respect venait à l'origine de la crainte qu'il pouvait faire naître chez les autres. J'imaginai aisément l'état du pauvre pirate qui oserait lui manquer de respect. Pourtant, il était également celui qui s'inquiétait pour ses hommes blessés en leur rendant visite à l'infirmerie, et celui qui faisait régulièrement des plaisanteries à l'humour efficace qui embellissait les repas. Il était capable du pire mais restait juste, selon sa propre définition bien évidemment, mais il ne tuait pas gratuitement. C'était un homme paradoxal par bien des aspects, et pourtant, qu'il adoptât son côté sanguinaire ou qu'il utilisât son côté attentionné, il gardait toujours la même expression de sérénité imperturbable.

J'étais incapable de savoir ce qu'il pensait réellement de moi. Je pensais qu'il m'appréciait, puisqu'il lui arrivait de me rendre visite sans aucune raison particulière, autre que de discuter avec moi, et qu'il acceptait mes visites inopportunes sans jamais me les reprocher. Cependant, je ne parvenais pas à être totalement certaine. Parfois, il m'arrivait de prendre du recul et de penser qu'il faisait simplement preuve de la même inquiétude qu'avec ses hommes blessés, puisque j'étais fragilisée par mon amnésie. Mais il anéantissait alors mes doutes en m'accueillant par mon nom, celui qu'il m'avait donné, et qu'il était le seul à prononcer totalement. Malgré mes hésitations, je n'osais jamais lui poser directement la question, et je n'oserais jamais.

Moi, j'apprenais à l'aimer. Je ne savais quel mot utiliser au début, car ami me semblait trop familier pour ce qui était aussi mon capitaine. Je décidai que capitaine était le meilleur mot : une personne que j'apprécie et que j'admire, autant que je respecte et que je crains. Qolt était à la fois celui qui m'avait consolée quand la laideur de mon visage me tourmentait, et à la fois celui qui m'avait ordonné de retourner dans ce vaisseau quand les morts m'horrifiaient. Je n'aspirais à aucune autre relation avec lui : il était mon capitaine.


Bonjour, bonsoir, chers lecteurs !

Aujourd'hui est un petit chapitre mais bien nécessaire à mon humble avis, car je voulais décrire la complexité du personnage de Qolt. Rassurez-vous, il s'agit du calme avant la tempête, ça va se précipiter dès demain. Les révélations approchent également, n'hésitez pas à me faire part de vos suppositions !

Nous sommes arrivés à la moitié, bientôt Noël !

À demain,

MlleMau.