Partie III : Une famille.

Le trajet jusqu'à l'entrepôt qui gardait les richesses volées à de nombreux mondes conquis fut rapide, autant par sa distance courte que par l'empressement des pirates à porter la main sur ces objets de valeur. Durant ces quelques minutes, je n'avais absolument rien vu de suspect. Il n'y avait aucune vie, aucun mouvement, aucun piège. Et pourtant, mon malaise n'allait qu'en s'accroissant. Je me trouvais stupide, la partie rationnelle en moi comprenait qu'il n'y avait aucun danger, mais la partie émotionnelle en moi était un véritable tumulte. Je pensais avoir peur, au début, mais j'avais compris qu'il s'agissait d'avantage que cela. Mais quoi ? Qu'était-ce ? Pourquoi ressentais-je cela ?

Lorsque nous arrivâmes dans cette grande salle, le monticule d'objets d'art, sculptés et finement ouvragés, de coffres remplis de pièces autochtones, de bijoux, et même des réserves de coaxium raffiné, provoquèrent une exaltation époustouflante dans mon groupe. Ils se précipitaient tous vers ce trésor, effleurant de leurs doigts surpris les magnificences que les séparatistes avaient spoliées. Je vis même Qolt avoir un sourire en coin. Ils s'extasiaient tous, tandis que mon impression se faisait plus vive encore, et que je regardais ces richesses avec un œil soupçonneux, comme si elles eussent été remplies de pièges mortels.

« Au boulot les gars ! les tempéra leur capitaine. »

Il n'en fallut pas plus pour que tous commencent à ramasser ce qui leur plaisait le plus pour l'apporter sur le vaisseau. Ils procédaient avec entrain et rapidité, avides qu'ils étaient d'en prendre le plus possible (idéalement, tout). Une organisation commença aussitôt à se créer, témoignant de leur habitude à travailler ensemble. Pour ma part, je suivis Terandeb, qui s'engouffrait avec quelques autres pirates, dont Aurak, au plus profond de la salle. Ils étaient à la recherche des objets les plus riches, souvent cachés au milieu. Nous nous séparâmes, mais je restais avec mon ami. Je ne savais pas où il allait, mais mon pressentiment se faisait plus intense pas après pas, et je préférais rester auprès de lui, comme pour le protéger. Ma main effleurait le petit blaster qui m'avait été confié. Je ne prêtais attention à la destination du lasat que lorsqu'il bifurqua, s'éloignant du trésor pour le fond de la salle, où il y avait une petite porte fermée. Il ne prononça aucun mot, et je n'en demandais pas d'avantage, alors qu'il utilisait la force naturelle de son espèce pour forcer la porte à s'ouvrir. Je le regardai, étonnée, tandis qu'il me faisait un signe de tête.

Comme souvent entre nous, il n'y avait pas besoin de paroles. Je comprenais qu'il me croyait, qu'il faisait confiance en mon jugement et qu'il m'invitait à aller vérifier par moi-même. Je le remerciai, avant de m'engouffrer dans un couloir sombre, derrière cette porte. Équipée d'une simple lumière et de mon pistolet, ce n'était pas la situation la plus rassurante qu'on pût connaître, encore plus quand un mauvais pressentiment vous faisait frissonner. Mais j'ignorai mon angoisse et entrepris de visiter cette ancienne base séparatiste. Je ne savais pas où aller, ni quoi faire. Je me contentais de découvrir ces couloirs et les salles qui croisaient mon chemin, tel un éclaireur à la recherche du moindre problème. Tout paraissait vide et rempli en même temps, avec tous ces droïdes jonchant le sol que je devais enjamber. Peut-être me retrouver seule dans un endroit inconnu et sombre exacerbait-il mon impression, mais plus les minutes s'égrenaient, plus j'envisageais le danger. Puis, j'ouvris une énième salle.

« Non... »

Là, en face de moi, sur un écran, s'affichait un minuteur. Les lumières rouges qui clignotaient sur les tables de commande. Je compris ce que c'était. Quand le 3 laissa place au 2, ce qui avait été un pressentiment devint une panique sans nom.

Je me retournai et quittai cette salle, pour courir à travers les couloirs que j'avais empruntés. Je courrais aussi vite qu'il m'était possible, bondissant au-dessus des amas de ferraille que j'avais précédemment enjambés, prise par cette urgence du temps. Mon rythme cardiaque s'était emballé, autant par ma panique que par mon effort physique soudain, j'étais terriblement essoufflée et mes poumons, encore affaiblis par mes blessures, peinaient à suivre le rythme. En quelques secondes, des secondes qui étaient de trop et trop longues, je repassai par la porte que Terandeb avait ouverte. Dans cette grande salle, avant même de voir quelqu'un, je criai de toutes mes forces :

« IL FAUT FUIR ! »

Mon cri se répercuta sur les murs, résonnant de partout. Je traversai l'immense monticule à peine entamé par les pirates pour les retrouver, me regardant, interloqués. Encore essoufflée, je pris une grande inspiration pour les prévenir :

« Il y a un compte à rebours ! La base va exploser ! »

Après mon cri, un silence horriblement assourdissant gagna la salle, lacéré par mes respirations erratiques. Tous ceux qui étaient présents avaient tourné leur regard vers leur capitaine. Le regard de Qolt était d'une vivacité étonnante, alors qu'il me fixait. En deux secondes, il avait pris sa décision :

« On dégage d'ici les gars ! Tout de suite ! »

Je poussai un profond soupir, soulagée. Il ne restait que moins de deux minutes, mais cela me semblait possible. Cependant, je n'avais pas compté, dans mon calcul, l'avarice de ces pirates qui tenaient à tout prix à emporter un dernier trésor. Chacun d'entre eux avait un objet, une caisse ou un coffre dans les bras, alors qu'ils quittaient la salle.

« Non ! Plus vite ! les pressai-je, inquiète. »

Mais ils ne m'écoutèrent pas. Nous marchions très vite, une petite course lente, chargés qu'ils étaient d'un poids de richesse. Mais les couloirs étaient longs et le temps court.

« Plus vite, plus vite... répétais-je dans un murmure angoissé. »

L'autodestruction pouvait arriver à tout moment, je le pressentais, et nous étions encore si loin de la sortie. Mon cœur bondit de joie quand, à un détour, nous découvrîmes la lumière du jour, qui passait par la porte que nous avions empruntée. Mais au même instant, les premières explosions se firent entendre. J'entendais Qolt crier des encouragements, m'appeler aussi, car je refusais de ne pas être la dernière, pour les pousser d'avantage encore. Là, en face de moi, je voyais le dos de mon ami Terandeb, qui m'avait attendue, je voyais la peau pâle du gros bras du capitaine, Aurak, qui aidait le lasat, je voyais le tatouage du visage de Qolt, qui était à moitié retourné, me regardant de son œil sombre.

Ils étaient ma famille. Je les aimais tous, avec leurs défauts et nos différends, avec leur politique peu conventionnelle de choisir de la vie ou de la mort d'une inconnue, avec leurs surnoms vulgaires qui les faisaient glousser comme des banthas, avec leur morale un peu bancale mais sincère. Je ne voulais pas les perdre.

Dussé-je y laissais ma vie.

« Non ! cria Qolt. »

Dans un dérapage sonore, je m'étais soudainement arrêtée et retournée. Les explosions s'étaient intensifiées et rapprochées, et en face de moi, du fond du couloir, jaillit une immense gerbe de feu. Je ne voulais pas les perdre.

Je brandis mes deux bras, avec la volonté d'arrêter les flammes, et je les vis juste devant moi, danser furieusement dans de grands tournoiements, comme si une fenêtre de verre transparente les eût arrêtées. Leur lumière m'aveuglait, leur chaleur m'engourdissait, leur crépitement m'assourdissait. Je ne percevais qu'elles, menaçantes mais inaccessibles, et c'était tout ce qui m'importait – que ma famille soit en sécurité. Je ne savais comment, mais je m'en moquais.

Quand les flammes disparurent, je me détendis, soulagée et rassurée. Mais un terrible craquement précéda l'effondrement du plafond, mais la fumée noire chassa tout l'oxygène de mes poumons, et le monde devint noir.


Bonjour, bonsoir !

Je vous avais promis la tempête après le calme, hé bien, elle ne fait que commencer ! Vetty continuera de souffrir de son amnésie dans les chapitres suivants qui, j'espère, vous plairont. Alors ? Où en sont vos hypothèses ? Je suis curieuse, dîtes-moi tout !

À demain,

MlleMau.