Marinette était en train de coudre devant son ordinateur. Elle avait lancé un film de Noël affreusement cliché sur une prince essayant de passer incognito dans New-York. Evidemment, elle se doutait que la blonde qui lui avait renversé son café dessus, finirait par devenir princesse d'ici les cinquante prochaines minutes, mais Marinette s'en moquait. Elle s'occupait du vêtement qu'elle était en train de créer entre deux publicités.

- C'est très joli Marinette ! la complimenta Tikki en la regardant coudre.

- Merci. Mais c'est encore loin d'être terminé…

- Courage Marinette !

Les vacances de Noël avaient commencé depuis une semaine et Marinette enchainait les journées entre son stage et ses révisions pour les partiels qui approchaient. Elle n'avait pas le temps de se détendre. Encore plus quand sa robe pour le gala de ce soir n'était prête. Marinette avait été invitée à cet évènement de la haute société parisienne, qui rassemblaient plusieurs clients, et des grands couturiers de Paris. En tant que stagiaire bien évidemment, elle savait que ce serait l'occasion de montrer son travail et de se faire plusieurs contacts. Son programme s'interrompu à cause d'un flash info. Un akumatisé semait la terreur dans les rues de Paris. Affolée, Marinette se transforma et se rendit en quatrième vitesse sur les lieux.

- Presque en retard ! l'accueillit Chat Noir.

- Je t'ai manqué ? rétorqua-t-elle en esquivant une attaque.

- A peine.

Il se prit une boule de neige énorme en pleine face, et croula sous son poids, faisant rire l'héroïne. L'akumatisé semblait pouvoir contrôler la neige et transformait tous les passants en bonhomme de neige par un simple contact.

- L'akuma doit être dans son écharpe, désigna Ladybug.

Chat Noir opina et il ne leur fallut qu'à peine cinq minutes pour que tout rentre dans l'ordre. Ladybug n'avait même pas utiliser son Luckycharm et Chat Noir n'avait pas usé de son cataclysm. La brune se tourna vers son coéquipier, tout sourire :

- Le Papillon serait-il trop occupé à préparer les fêtes ? plaisanta-t-elle.

- J'imagine. Je dois y aller.

Il la planta là. Sans rien ajouter de plus. Ladybug resta de glace, figée. Puis elle se ressaisit :

- Je n'ai pas le droit à une fleur aujourd'hui ?

- C'est parce que tu mérites un bouquet tout entier ma lady, répondit Chat Noir.

Il s'en alla définitivement et Marinette comprit précisément à ce moment, qu'elle en possédait toujours un, de cœur. Elle le sentir vriller, tournoyer, chercher une direction ou s'arrêter, pour mieux se déchirer.

Elle ne se rendit même pas compte que cette phrase, elle l'avait déjà entendu en tant que Marinette, et non en tant que Ladybug. Il n'y avait qu'une immense déception, chassant tout raisonnement.

Un peu dépitée, amère et surtout surprise, elle rentra chez elle. Il lui restait très exactement trois heures pour terminer cette robe et se rendre à ce gala soporifique. Heureusement pour elle, elle savait qu'Adrien y serait. Ils avaient échangé plusieurs textos dans la semaine … Elle avait hâte de le retrouver pour le revoir. Une fois chez elle, Marinette reprit son film et regarda le vase qu'elle avait reçu par colis la semaine dernière, se demandant toujours qui avait bien pu lui offrir. Elle doutait que cela soit Chat Noir. Pourtant, son intuition lui hurlait que ce ne pouvait qu'être lui. Marinette soupira en regardant le vase, tristement vide et elle se remit au travail.

Le soir-même, Marinette fît son entrée dans une robe argentée, toute pailletée et fluide. Beaucoup se retournèrent sur son passage, incapable de l'ignorer. Elle avait laissé ses cheveux tomber sur ses épaules et encadrer son visage pour mieux le cacher quand elle se sentait observée. La brune s'empara d'un verre de champagne, salua quelques personnes et Lou Bogarnet qui lui offrit un sourire jovial. Elle cherchait Adrien parmi tous ces gens.

Lui, il la voyait parfaitement. Il était tout en haut de l'escalier, encadré par son père et Nathalie. Adrien trouvait Marinette étincelante. Elle était si discrète d'ordinaire… Pourtant, on ne voyait qu'elle, noyée dans toute cette folle. Elle évoluait avec une certaine élégance, masquée par une timidité flagrante et une maladresse à peine contrôlée. Il se mit à sourire, sans s'en rendre compte.

Ladybug ou Marinette, c'était le même regard bleu et chaleureux.

Il inspira profondément, laissant son père et Nathalie partir devant lui. Plagg sortit de sa veste :

- Tu es sûr de toi ?

- Je ne me pose même pas la question.

- Adrien, tu sais que vos identités doivent rester secrètes, et Ladybug a toujours tenu à ce principe.

- Je sais bien Plagg. Mais on a été aveugles bien trop longtemps, l'un comme l'autre.

- Je ne veux pas que tu aies de regrets Adrien, soupira le kwami.

- Je fais tout pour ne pas en avoir justement…

Plagg, contrit, se cacha de nouveau. Adrien descendit les escaliers calmement, son cœur battant un peu plus fort à chaque marche, et retrouva Marinette. Quand il lui tapota l'épaule, elle se retourna, tout sourire, et tout son être chavira. Comme d'ordinaire quand c'était elle.

- Tu es très élégant ! rougit-elle.

- Merci, répondit-il simplement. Ta robe fait sensation !

- C'était le but. Je voulais impressionner les créateurs et surtout Bogarnet…. J'aimerais bien me démarquer un peu.

Marinette avait acquis une certaine confiance en elle durant ces quelques années… Adrien l'avait vu s'épanouir tout doucement et l'avait encouragé. Il était fier d'elle. Fier de savoir qu'une personne comme elle faisait partie de sa vie.

- Alya réclame une photo de nous deux ! s'excusa Marinette en sortant son téléphone.

- J'imagine qu'elle veut un cliché du mannequin Adrien Agrest et de la future styliste Marinette Dupain-Cheng pour son blog !

Marinette s'esclaffa et ils prirent la pose tous les deux. Le cliché fût pris une seule fois, sans réfléchir, spontanément et Adrien le regarda. C'était l'une de ses plus belles photos…. Parce que tout était si vrai, si sincère… Du sourire de Marinette, aux oreilles de lapins que lui faisait Adrien. Il s'empara de son téléphone pour se l'envoyer.

Ils restèrent un instant, observant les autres invités. Ils s'amusèrent à inventer et deviner les dialogues qu'échangeaient les grands créateurs, les invités et autres, avec leurs airs pincés

- Je m'ennuie, déclara finalement Adrien.

- Mes pieds me font mal, ajouta Marinette.

- Je te raccompagne ? proposa-t-il.

- Tu ferais n'importe quoi pour t'enfuir d'ici, n'est-ce pas ?

- Absolument ! répondit ce dernier en attrapant sa main.

Et Marinette le suivit, nageant à contre-courant avec lui à travers la foule, pour mieux respirer à la sortie. A ce moment précis, elle aurait pu le suivre n'importe où. Elle s'emmitoufla dans son manteau et se laissa guider par Adrien. Elle avait besoin de se confier…

- T'as déjà aimé au point de vouloir hurler ? lui demanda-t-elle.

- Non.

Il s'amusa à faire crisser la neige sous ses pas, et à regarder Marinette marcher sur ses traces. C'était comme s'ils n'étaient qu'une seule personne…

- Je ne pense pas qu'on puisse mesurer les sentiments Marinette. Tu sais, ils changent, se transforment, parfois vieillissent, meurent ou grandissent.

Ses yeux verts brûlaient presque Marinette qui détourna ses propres prunelles, incapable de soutenir son regard. Adrien avait toujours été un peu charmeur avec tout le monde. Ca l'avait toujours plus ou moins touchée… Mais là, elle sentait qu'il essayait de lui faire passer un message.

Arrivés au pied de son immeuble, ils entrèrent dans ce dernier, elle en profita pour prendre son courrier, montant les quatre étages qui les conduiraient à l'appartement de Marinette, qu'elle avait laissé dans un capharnaüm sans nom. Un livreur attendait devant sa porte, et elle fronça les sourcils :

- Vous êtes bien Marinette Dupain-Cheng ?

- Oui c'est moi…

Elle signa le reçu, et le livreur lui tendit un bouquet énorme de roses de Noël. Elle tendit ses clés à Adrien, qui ouvrit la porte. Marinette, son courrier toujours ente les dents, posa le bouquet sur le plan de travail de la cuisine avant d'enlever ses chaussures.

- Je t'avais bien promis que je t'en offrirais une chaque fois que nous nous verrions.

Marinette ouvrit la bouche et son courrier chuta sur le sol.

- Je t'ai dit ce matin que tu méritais un bouquet. Alors, le voici.

Adrien attendit.

Une minute.

Deux minutes.

Puis il arrêta de compter les secondes dans sa tête et blêmit.

Marinette restait inerte et clignait des yeux si rapidement qu'il avait du mal à le distinguer très clairement.

Adrien se secoua et prit les fleurs pour les mettre dans le vase qu'il avait acheté. Il s'assit sur le canapé, ses jambes désormais incapables de soutenir le poids de son corps tout entier.

- Dit quelque chose, je t'en prie !

- Euh….

Marinette n'avait plus aucun muscle en état de marche. Elle avait besoin de l'entendre pour le comprendre. Pourtant c'était si évident. En fait, elle avait des doutes depuis un certain temps mais elle avait toujours ignoré cette part d'elle qui lui hurlait que Chat Noir et Adrien n'étaient qu'une seule et même personne. Elle fît quelques pas vers lui, chancelante.

- Dis-le.

- De quoi ?

- Dis-le. Je dois l'entendre.

- Je suis Chat Noir. Et tu es Ladybug.

- Et moi je suis mort de chaud dans cette veste, se plaignit Plagg en sortant de la veste d'Adrien. Sérieux on étouffe là-dedans.

- Plagg ! Tiens-toi bien ! le sermonna Tikki en sortant à son tour du sac à main de la brune.

Marinette regarda la kwami poursuivre Plagg et elle se laissa tomber sur le canapé.

- Je suis désolé, murmura Adrien.

- De quoi ?

- Je ne sais pas. Tu t'attendais peut-être à…

- Je ne m'attendais à rien Adrien.

A rien, mais pas à ça.

Elle prit une fleur entre ses mains et la serra contre elle.

- Je ne savais même pas que j'attendais ce moment.

- Lequel ?

- Celui où tu me dirais que tu es Chat Noir.

Marinette se mît à sourire et Adrien se pencha vers elle.

Comme une évidence.

Parce qu'ils étaient partenaires, amis, complices, complémentaires, fusionnels ensemble.

Parce qu'ils se connaissaient par cœur, mais continuaient de se découvrir tous les jours.

Parce qu'ils s'aimaient.

- Tout va changer maintenant…

- Non. On va juste arrêter de se mentir, répondit Adrien.

Il embrassa le sourire de Marinette, le bouquet de roses de Noël entre eux… Tous clignotaient dehors. Mais ce n'était rien comparé à la lumière qui naissait dans les yeux d'Adrien et Marinette quand ils se regardèrent juste après.