Un midi, vers la fin de novembre, Adrien épuisé pas les séances-photos qui n'en finissaient plus chaque soir, repoussa ses manuels scolaires un peu plus loin sur la table de la cafétéria et appuya sa tête sur ses bras. Machinalement, Marinette, assise à ses côtés, glissa sa main parmi les boucles blondes. Ce n'était pas un geste inhabituel entre eux, mais ils n'avaient que rarement l'occasion de se détendre de cette façon en public.

Il se glissa plus près d'elle sur le banc et pris sa paume pour y appuyé le front. Il était chaud contre la peau de sa main.

«Tu as de la fièvre?» s'inquiéta-t-elle surprise en retournant le livre qu'elle lisait en lecture imposée.

«Non, juste des bouffées de chaleur à cause de la fatigue. Et toi, ça va?» Il remarqua que son téléphone était une fois de plus en évidence. Elle attendait un message de son alter ego. «Tu t'ennuie de lui?»

«Il fait beaucoup d'heure dans le commerce de son père à cause des fêtes qui approchent alors on ne se voit pas beaucoup.»

Il replaça son visage contre ses bras pour réfléchir à ce qu'il pourrait faire et elle reprit la caresse dans ses cheveux. Il était si bien qu'il devait combattre le sommeil mais une tornade blonde s'abattis sur lui. «Adrichou, tu as besoin de ta petite Chlo pour s'occuper de toi?»

«Arrggh. Pas si fort, Chloé! Ce n'est pas nécessaire de me réveiller en faisant exploser mon tympan.» Il s'écarta des bras qu'elle essayait de passer autour de son cou et prit ses manuels pour partir. «À plus tard, Mari.»

«T'as vu, tu l'as fait partir.» réprimanda Chloé pour Marinette.

«Tout est possible!» répondit la jeune fille afin d'éviter la confrontation. Elle rassembla elle aussi ses effets et partie pour trouver un coin tranquille. Elle s'installa sur le plancher au croisement de deux couloirs déserts pour l'instant et s'y assis pour terminer sa lecture avant qu'Alya ne revienne de chez elle.

Elle aussi était fatiguée, elle avait décidé de travailler un peu plus dans ses études les ayant un peu négligées au profit de ses créations.

«Bonjour Princesse» la voix de ChatNoir lui parvenait doucement depuis l'autre côté du coin du corridor.

«Hey! Ça va? Tu m'as manqué.» répondit-elle doucement en se concentrant sur sa voix tendre.

«Je suis affreusement désolé, ma princesse chérie. Je vais essayer de t'écrire plus souvent. Et sinon, comment tu vas? Qu'est-ce que tu fais pour t'occuper en ce moment?» Ils continuèrent de discuter jusqu'à ce qu'Adrien aperçoive Nathaniel arrivant vers eux. «Je te laisse» avertit-il simplement avant de ranger son téléphone qu'il feignait de consulter pour ne pas qu'on se doute de ce qu'ils faisaient et de s'écarter du mur sur lequel il s'appuyait.

Par chance, il lui envoya un message le lendemain matin, lui fixant rendez-vous dans un local vide à la pause de l'après-midi pour pouvoir l'embrasser sinon, elle n'aurait pas été capable de rester indifférente à ses sourires durant leur réunion de travail de ce soir-là au sommet de la Tour Eiffel. Et disons que Ladybug n'avait pas envie de trahir son identité en se jetant au cou de ChatNoir par manque d'affection dans sa vie.

Il arriva complètement épuisé au 20 décembre et à ce moment-là, c'est elle qui manqua de temps jusqu'au 24. Mais, de toute façon, cela protégeait l'alibi de ChatNoir qui était censé être occupé jusqu'à la veille de Noël.

Il ne s'était permit d'aller dormir chez elle que deux fois durant ce temps. Il se trouvait parfois un peu paranoïaque de s'imposer autant de détour chaque fois qu'il voulait aller la voir. Mais tant sa Lady que Marinette lui rappelaient qu'il n'y avait pas que la surveillance de leur ennemi à déjouer, il y avait aussi celle beaucoup plus réelle et efficace d'Alya. Il était en effet, déjà arrivé une fois ou deux où ils auraient pu se croiser ou s'apercevoir dans le grenier rose de Marinette.

Alya était au courant de l'attirance entre Marinette et le super-héros qu'elle aimait traquer mais elle s'imaginait (et Marinette ne la détrompait pas) qu'ils ne se voyaient qu'au hasard des urgences. Elle n'avait confié qu'à Adrien le secret des visites de son partenaire. Elle était même allée jusqu'à lui révéler qu'il partageait parfois son lit mais, avait tenu à garder pour elle leurs habitudes intimes. Elle ne lui avait pas confié la profondeur de ses sentiments ni pour ChatNoir ni pour lui-même.

Fatiguée par les préparatifs des réceptions et des grosses ventes à la boulangerie, Marinette connu une dernière journée d'école catastrophique manquant plusieurs fois de tomber et échappant tout ce qu'elle transportait. Adrien, qui avait finalement eu quelques nuits et quelques jours reposants, l'entoura d'attention et resta au plus près pour la rattraper dans ses chutes.

Car en plus de sa fatigue, Marinette était préoccupé par une grave question : Devait-elle présenter ChatNoir à ses parents?

Bien sûr, ils étaient de plus en plus proches tous les deux. Et malgré les 18 ans d'Adrien qui viendraient dans les neuf mois environ, il ne serait pas nécessairement libre pour Marinette pour changer leur relation amicale en relation amoureuse. De ce fait, il était de plus en plus probable que la relation entre Marinette et ChatNoir se réalise pleinement et se concrétise en un couple officiel. Mais pouvait-elle présenter un super-héros masqué en tant que petit-ami à ses parents?

Elle décida finalement de l'inviter à déjeuner le matin du 26 décembre et de ne le présenter que comme un ami très seul durant la période des fêtes. C'était, après-tout, ce qu'il était et c'était la raison pour laquelle, elle voulait l'inviter.

Ils descendirent donc les marches de son grenier le matin du 26 décembre main dans la main. La boulangerie n'ouvrait que plus tard de jour-là et Sabine et Tom avait donc puent attendre l'arrivée du premier garçon que leur présentait Marinette. Un lourd silence plana d'abord dans la pièce.

Les parents s'aperçurent tout de même assez vite qu'ils mettaient leur fille et son ami mal à l'aise.

«Je crois qu'on devrait s'asseoir.» proposa Tom «On est là pour ça, non? Marinette, je suis désolé de poser la question mais, tu ne nous avais jamais parlé de vous deux et j'avais supposé que l'ami qui viendrait ce matin était un copain de l'école alors, je me demandais simplement depuis combien de temps vous êtes ensemble et… comment vous vous êtes rencontrés.»

«Nous n'avons pas une relation si sérieusement traditionnelle que ça, tu sais. Nous nous connaissons depuis trois ans et nous sommes surtout amis mais depuis quelque temps, nous sommes de plus en plus important dans la vie de l'autre.»

«E-et-et je veux vraiment vous assurer que je prends d'énormes précautions pour la protéger. C'est toujours ma priorité. Il n'y a qu'Adrien qui sait qu'il y a un lien entre nous. Personne ne nous voit lorsque nous sommes ensemble. Et je me suis assuré d'être invisible pour venir ici.»

«Et bien, j'imagine que si nous n'avions rien remarqué depuis trois ans, vous réussissez assez bien à garder le secret mais je crois que ce que mon mari aimerait savoir, c'est votre âge. Il est évident que vous êtes un jeune homme mais votre masque vous dissimule plutôt bien et on grandit vite à votre âge.» précisa la mère de Marinette.

«J'ai 17 ans, je suis encore à l'école.» Il sentit alors un flottement du côté de Marinette. Ce même malaise qu'il lui avait déjà vu et qu'il ressentait aussi lorsque le secret de son identité était en péril.

Dix-sept ans, à son école, donc de son niveau ou celui au-dessus. Six classes, moins les filles donc environ 80 personnes. Marinette décida de s'arrêter là, elle ne voulait pas retrancher ceux qui avaient toujours seize ans ou qui n'étaient pas blond, parce qu'alors, une image s'imposait dans sa tête, celle d'un autre garçon qui réunissait toutes ces caractéristiques, une possibilité impossible.

Mais pourquoi? Se demanda-t-elle. Pourquoi cela faisait-il si mal de penser que ChatNoir pouvait cacher Adrien?

C'était irrationnel. L'idée comme la douleur engendrée par elle. Pourquoi avait-elle peur que les deux garçons soient une seule et même personne? Si cette idée était idiote, elle ne devrait pas être effrayante. Et le premier réflexe de Marinette était de se réfugier contre l'épaule de l'un ou l'autre pour oublier tout ce qui n'était pas la sécurité.

La présence de l'un et de l'autre lui apportait le même réconfort.

Marinette eu à passer à travers plus de questions notamment sur le fait que ChatNoir entrait par le balcon et partageait son lit mais ses parents eurent pitié d'eux et sa mère remis la discussion en après-midi, en tête à tête, pour que tous les quatre profitent de leur déjeuner de Noël avec pour décor les énormes flocons de neige formant un rideau devant la fenêtre.

Lors de l'attaque akuma qu'ils eurent dans la soirée, ils convinrent de passer la journée du lendemain ensemble pendant qu'ils se battaient. Mais alors que Ladybug invoquait son lucky charme, il prit un coup pour elle. Un débris de maison qui avait explosée.

Lorsqu'il la rejoint le lendemain, il pu dire qu'elle avait pleuré à la brillance de ses yeux.

«Je déteste quand tu fais ça. Quand tu prends une blessure.» répondit-elle lorsqu'il attrapa son menton avec le bout de ses doigts pour examiner son visage. «Qu'est-ce que Marinette me dira s'il t'arrive quelque chose?»

«Il vaut mieux moi que toi. C'est ainsi que ça fonctionne et c'est tout.» Il était résolu à cette décision. Il connaissait son rôle dans ce duo et son rôle dans leur relation amicale et ne voulait pas en changer.

Le vent bâtait le toit de l'énorme centre commercial où ils se trouvait. Un soleil pâle perçait l'épaisseur des nuages. De la buée chaude s'échappait des conduits de ventilation venant de l'intérieur.

«Je voudrais que tu me comprennes. Mais j'imagine que tu ne le pourras pas tant que tu ne sauras pas qui je suis. J'aimerais bien pouvoir te le dire. Ça me blesse aussi lorsque tu as mal. J'ai peur pour toi.»

«Alors, dépêchons-nous de l'attraper.» fit ChatNoir d'un air mauvais et résolut. Toute douceur et tout sens de l'humour avait disparu de son expression. Il était ferme comme l'acier et la confiance de Ladybug en lui en fut décuplée. Elle n'avait pas voulu le voir mais ChatNoir était devenu un homme. Avec l'assurance comme principale trait de caractère. Toutes les manipulations et les brimades qu'il lui racontait subir dans sa vie secrète devaient sembler aussi inappropriées qu'une mascarade.

Elle non plus n'avait plus le droit de le voir comme un enfant. Les années de combat l'avait forgé et fait mûrir avec réussite. Tant au niveau physique que moral.

Et elle-même qu'était-elle devenue? Elle contempla le chemin qu'elle avait accompli depuis ses débuts. Le temps où elle se permettait d'échouer était bien loin. Aujourd'hui, elle était une battante. Elle sentait dans les muscles de son corps de femme et dans sa force de caractère, la capacité de réussir.

Elle se releva et se plaça face à lui dans les rafales du vent d'hiver. «Oui. Je crois en toi, en moi et en nous.» Elle lui présenta son point et il y répondit avec complicité et confiance.

Ils passèrent les six mois suivants à s'entraîner dès qu'ils le pouvaient. Avec l'aide d'Alya et Nino, ils cherchaient des méthodes pour trouver le Papillon. Compilant des informations échangées même entre Ladybug et Adrien au sujet du livre des super-héros appartenant à son père. Information que Ladybug et ChatNoir avaient rapportées à Maître Fu.

Encore et toujours M. Agreste restait bien haut dans la liste des suspects. Adrien n'avait jamais pu l'en écarter de façon convaincante peu importe les tests qu'ils avaient imaginés.

Marinette faisait encore des cauchemars à l'occasion mais elle ne s'exprimait plus à leur sujet de façon aussi claire. Elle n'en gardait que de la peur, de l'horreur et un goût de métal dans la bouche.

Adrien restait près d'elle dès qu'il le pouvait. L'un comme l'autre recherchaient les meilleures notes dans leurs études. Il l'encourageait à poursuivre ses efforts en création de mode tant à la manière d'Adrien qu'à la façon de ChatNoir.

En tant que héros masqué, il veillait sur son sommeil et se délectait toujours de lui offrir du plaisir jusqu'à ce qu'elle demande grâce et s'avoue vaincue.

Mais en tant qu'Adrien, il restait la galanterie incarné même s'il se défendait toujours de son dévouement en disant qu'il le faisait parce que ChatNoir le lui avait demandé. Il prétendait être admiratif de leur relation et vouloir préserver leur couple. «Ce type t'adore!» Lui répétait-il sans arrêt. Mais dans l'optique de ce demi-aveu qui avait rendue Marinette confuse des années plus tôt, elle se demandait parfois qui de ChatNoir ou d'elle-même avait la préférence d'Adrien.

L'anniversaire des dix-sept ans de Marinette fut un moment magique comme il se doit avec la réunion de tous leurs amis. Adrien avait loué une salle dans un très vieux restaurant pour y faire une soirée 'meurtre et mystère' dans un cadre année '20 plus grand que nature.

Chacun d'entre eux avoua n'avoir jamais autant rit de sa vie. Même Chloé qui fit une trêve avec Marinette ce soir-là. Elle avait finalement réalisé que Marinette et Adrien avaient grandit mais que leur relation était restée amicale. Elle se sentit dès lors moins menacée et ouvrit son cœur et sa tête à ce que la vie avait à lui apprendre et à lui offrir.

Quelques jours plus tard, ChatNoir voulu amener Ladybug à un concert pour son anniversaire qu'il savait être cette semaine-là mais ils ne parvinrent pas à la salle. Un akuma les dérangea.

Ils se dépêchèrent de le vaincre avec efficacité et se félicitèrent en laissant le Papillon blanc s'envoler. Leur longues heures d'entraînement portaient leurs fruits.

C'est alors qu'une bête féroce, de la taille d'un chien, surgit d'entre deux immeubles en sautant. La créature hideuse referma ses mâchoires sur le petit papillon avant de replonger au sol.

Les super-héros partirent à sa recherche. ChatNoir la retrouva et pu en prendre une photo un peu floue avant qu'elle ne s'enfuit. Cette bête était rapide et sauvage mais ils eurent beau fouiller toute la nuit, ils ne retrouvèrent aucune trace d'elle ou des dégâts qu'elle aurait pu laisser.

Ladybug, ChatNoir, Alya et Nino tinrent une réunion spéciale où ils se perdirent en conjectures. Les kwamis non plus ne connaissaient rien de la sorte mais ils leur rappelèrent que c'était le Papillon qui était l'ennemi inhabituel. Normalement, il était l'un de leurs alliés. Les porteurs de miraculous avaient pour habitude de combattre toutes sortes d'adversaires très variés et inconnus.

Lorsqu'un nouvel akuma se présenta, ChatNoir et Ladybug restèrent choqués une fois de plus en voyant deux bêtes se disputer le papillon blanc et en attraper chacun un morceau. C'était un spectacle écœurant et Ladybug cacha son visage dans l'épaule de ChatNoir pour ne pas le voir.

Marinette avoua à ChatNoir qu'elle trouvait cette horreur similaire à ses cauchemars. Elle ne se souvenait pas nettement d'eux mais inconsciemment, elle y voyait un lien.

ChatNoir réalisa que Marinette avait donc eu une prémonition concernant la venue de ces créatures et qu'il avait donc eu raison de penser qu'elle était liée aux pouvoirs des miraculous d'une façon ou d'une autre.

Il s'inquiéta de savoir si c'était sa présence dans la vie de la jeune fille qui l'avait attiré dans son monde de danger. Plagg le détrompa. En aucune façon le rapprochement de son protégé avec Marinette n'avait pu causer à la jeune fille d'acquérir des pouvoirs de voyance.

De plus, le fait qu'elle ait des pouvoirs ne voulait pas forcément dire qu'ils étaient liés aux miraculous même si sa première vision l'était. Elle pouvait simplement disposer d'un peu de sa propre magie en elle et dès lors être dotée d'un fort potentiel pour devenir une super-héroïne… ou une super-vilaine.

La veille de la rentrée scolaire de leur dernière année de lycée, tous les anciens élèves de la classe de troisième se présentèrent ensemble au bureau de M. Damoclès pour demander à avoir les cours généraux commun à tous les élèves, dans le même groupe.

M. Damoclès leur révéla qu'il s'agissait de sa dernière année de travail avant sa retraite et que c'était avec plaisir qu'il ferait un passe droit pour eux. Même s'il comptait sur eux pour avoir de bonnes notes tout de même et ne pas perturber le bon déroulement des cours.

C'est donc avec un sourire béat qu'ils entrèrent en classe le lendemain et reprirent en rigolant leurs anciennes places. Ils obtinrent aussi de célébrer le 18e anniversaire d'Adrien par une fête dans la classe.

Un bras passé autour des épaules de Marinette, Adrien leur déclara qu'il les voyait comme sa véritable famille et que son vœu d'anniversaire était de toujours avoir la possibilité de prendre soin d'eux au moins par sa présence s'il ne pouvait faire mieux.

Quelques jours plus tard, par contre, il eut une rencontre avec son père. M. Agreste déplorait qu'à cause de son instruction publique, Adrien dû attendre encore plusieurs mois pour commencer à travailler pour lui à plein temps.

Il aurait préféré qu'Adrien complète sa formation avec un enseignant privé qui le suivrait autour du monde lors des événements importants du monde de la mode. M. Agreste avait l'intention de redorer l'image de la compagnie et de l'imposer de façon encore plus incontournable parmi les maisons de couture avant de laisser les rênes de la compagnie à Adrien pour pouvoir se consacrer uniquement au design. Il avait même engagé du financement dans ce but.

Adrien se trouvait assis dans un fauteuil près de son père, un peu trop serré dans sa chemise parce qu'il avait encore prit du muscle dans les dernières semaines, il avait eu dix-huit ans la veille et aurait facilement pu en prétendre vingt-cinq avec la maturité que la vie lui avait donnée. Il était un combattant aguerrit, un conjoint dans le couple qu'il formait avec Marinette et une personne qui se responsabilisait elle-même depuis le départ de sa mère, plusieurs années plus tôt.

Lorsqu'il s'adressa à son père, ce n'était pas avec la voix d'un enfant s'adressant à un adulte. C'était celle d'un adulte s'adressant à son parent sur le déclin. «Père» dit-il pour attirer son attention. Lorsque M. Agreste releva la tête dans la direction de son fils, il le regarda vraiment pour la première fois depuis très longtemps. Adrien avait sur le visage un sourire calme et bienveillant et avec cela le corps d'un homme avec les mouvements souples d'un fauve. Il eut l'impression qu'Adrien allait lui reprocher de le mettre en retard à sa prochaine réunion, lui le doux rêveur qui aurait en charge les grandes lignes de la prochaine collection.

Comment les années avaient-elles passées si vite?

«Je sais que vous avez plus d'expériences de vie que moi mais je crois en avoir assez pour que mon avis soit prit en considération en ce qui concerne ma propre vie. Ne croyez-vous pas que j'ai gagné ce droit?»

«Oui» répondit Gabriel après un silence «Je vais t'exposer la ligne globale de la gestion de l'entreprise et tu me donneras ton avis.»

Après l'attaque akuma suivante, quatre créatures se présentèrent pour dévorer le papillon blanc. Ce fut comme chaque fois un carnage dégoûtant où les prédateurs s'arrachèrent des morceaux de la proie avant de s'enfuir.

Poursuivis par les héros, les molosses à tête de brochet et aux pattes griffues disparurent au détour d'une ruelle comme elles étaient venues.

Ladybug et ChatNoir entraînèrent alors Alya et Nino chez Maître Fu pour lui rapporter leurs observations tant sur les créatures que sur le Papillon. Celui-ci expliqua que selon lui, il s'agissait de la Horde. Des créatures obéissant à un dresseur qui se multipliaient en dévorant la magie. S'ils ne s'attaquaient qu'aux papillons blancs pour l'instant, ils pouvaient aussi bien se nourrir d'un kwami, de leurs armures ou d'un lucky charm.

Maître Fu proposa d'élire de nouveaux héros pour les aider dans leur tâche. Il demanda à Ladybug de choisir les bonnes personnes ainsi que les pouvoirs miraculeux qui leur conviendraient.

Elle jeta un coup d'œil à ses amis assis l'un près de l'autre. Alya ouvrait de grands yeux sur la vision privilégiée qu'elle avait des miraculous dormant dans leur boîte et Nino gardait un bras protecteur autour de ses épaules.

«Alya, Nino. Je crois que les pouvoirs de l'illusion et de la protection seront parfaits pour ce travail et vous êtes, selon moi les personnes qui les incarnent le mieux. Voici vos miraculous.»

Ils se séparèrent dans le hall de chez Maître Fu pour se retrouver en civil chez Marinette. Alya et Nino étaient trop excités pour rester en place mais Marinette fit comme si de rien n'était.

Adrien aborda de toute façon un sujet beaucoup plus sérieux en leur racontant la discussion qu'il avait eu avec son père.

«C'est vrai que je ne suis pas spécialement attiré vers le monde de la mode mais être un chef d'entreprise est une option de carrière intéressante parce qu'elle me permet d'aider les gens à se réaliser et en étant dans le domaine de la mode j'aurai l'occasion de travailler avec Marinette. Tu n'aurais pas l'intention de me trahir pour aller travailler avec un concurrent, n'est-ce pas?» fit-il avec des yeux suppliants. «Parce que ça ferait bizarre que le gestionnaire d'une compagnie ailles frapper à la porte d'un adversaire pour demander un job à la cantine pour espérer t'apercevoir.»

Il avait été beaucoup plus direct et entreprenant qu'il ne l'était à l'ordinaire. Il était normalement celui qui lui répétait que ChatNoir était à ses pieds. Hors, il venait clairement de lui annoncer qu'il comptait se mettre sur le rang de ses prétendants et qu'il voulait la gagné pour lui-même.

Et les garçons étaient toujours aussi nombreux à soupirer après elle. Même si Adrien l'escortait entre les classes portant des sacs ''trop lourds'' pour elle. Le mot d'ordre était qu'ils n'étaient pas en couple et que Marinette restait célibataire. Elle avait à présent acquis une expertise pour dissuader doucement tous les garçons qui lui tournaient autour sans qu'ils ne lui en gardent rancune.

Par une nuit où le plafond nuageux était très bas et où une grande partie des lumières de Paris étaient défaillantes à cause de relais endommagés par le vent d'automne, ChatNoir se présenta chez Marinette quelques jours après la discussion avec son père. Il était venue pour lui dire au revoir. Il était persuadé que maintenant qu'Adrien avait le droit d'avoir une copine, Marinette qui n'avait jamais refermé son cœur sur ses sentiments pour sa version civile, le choisiraient plutôt que celui avec qui elle attendait.

Il était déjà ressortit sur le balcon lorsqu'elle le poursuivit dans sa nuisette rose. «C'est tout? C'est tout ce que je représente pour toi? Une solution de facilité sans avoir à t'engager?» Elle était blessée et en colère contre lui. Ses propres larmes l'empêchant de voir celles dans les yeux de l'homme devant elle. «C'était bien pratique de m'avoir. De prendre toute la tendresse que j'avais à t'offrir et de pouvoir maintenant te débarrasser de moi puisque 'quelqu'un' est prêt à supporter le fardeau encombrant que je suis devenue, hein?»

Il fonça sur elle, éliminant la distance qui les séparait pour prendre ses lèvres avec les siennes et enfermés son corps délicat entres ses bras. «Sais-tu combien je t'aime, combien de suis fou de toi avec obstination? Combien, chaque fois que je t'aperçois je voudrais te garder dans mes bras et t'embrasser durant des heures? Si je le pouvais, je te demanderais de m'épouser sur-le-champ. Si j'en avais le droit, je voudrais habiter en permanence avec toi et ne plus jamais te quitter même une minute, mon amour. Mais il n'y a aucune garantie que je revienne toujours d'un combat. Tu ne dois pas t'attacher à moi parce que tu pourrais me perdre.»

Elle referma vaillamment les yeux pour lui cacher la profondeur de la déchirure en elle qui la faisait tant souffrir. Elle connaissait tout cela. Elle ignorait qu'il éprouvait les mêmes sentiments qu'elle, mais elle connaissait bien ces sentiments qui l'habitaient aussi. Tant la peur que l'amour.

Combien de fois aurait-elle aimé se jeter sur lui au milieu d'un combat pour l'embrasser comme s'il était son seul univers en oubliant toutes les menaces qu'ils affrontaient? En combien d'occasion aurait-elle voulu tenir sa main serrée au creux de la sienne pour chasser la colère dû à l'impuissance dans son regard? Elle voulait être tout pour lui. Comme il voulait être tout pour elle.

«Tu ne peux pas disparaître, tu n'en a pas le droit. Parce que tu m'appartiens. Et c'est cela qui te garderas en vie.» lui répondit-elle d'une voix manquant de souffle.

Leur baiser les amena au sol et Adrien relâcha la transformation, lui laissant complètement la décision de regarder ou non son visage.

Depuis l'intérieur de la chambre, Tikki regarda les amoureux s'étreindre et lancer dans le vent d'automne toutes les précautions et les mises en garde qu'elle avait fait aux enfants qu'ils n'étaient plus. Elle connaissait les retombés forts plausibles d'une nuit d'amour entre eux et elle comprenait leur besoin d'être unis l'un à l'autre. Mais ils étaient si près de vaincre leur ennemi!

La vie de Marinette ne serait plus la même désormais et ce changement inévitable serait un obstacle face aux épreuves qui les attendaient.

Deux jours plus tard, ils affrontèrent un nouvel akuma et immédiatement après, la Horde, composée alors de sept spécimens très semblables.

Les quatre super-héros frappaient les créatures sauvages qui n'en faisaient aucun cas jusqu'à ce qu'un sifflet étrange les rappelles aux pieds d'un vieil homme flottant au-dessus d'un toit voisin.

«Je n'en ai pas après vous, héros de Paris. Ma proie est votre ennemi, le Papillon. N'intervenez-pas dans le cycle naturel de la vie.»

Encore une fois, c'est Ladybug qui prit la parole pour déclarer la guerre à leur ennemi. «Même si l'homme derrière le masque du Papillon a commis des actes affreux, il ne mérite pas d'être dévoré. De plus, Nooroo est l'un des nôtres et nous refusons que tu le dévore lui ou un de ses représentants.»

«Dans le cas où vous réussiriez à me séparer de ma proie, c'est l'un de vous qui la remplacerait.» répliqua le mage. Et lui-même ainsi que sa troupe disparurent dans un scintillement doré.

Ladybug se retourna vers Rena. «J'ai un message à faire passer.»

S'adressant au téléphone d'Alya d'où pendait une perle rouge à pois noirs et que Rena Rouge gardait toujours sur elle caché dans son uniforme, Ladybug parla. «Je m'adresse directement au Papillon. Les créatures sauvages qui sont apparues récemment en ont après vous et votre magie. Rendez votre miraculous, laissez-nous le mettre à l'abri. Votre quête est vaine et illusoire. Faites la paix avec vous-même. Cette histoire est devenue dangereuse pour vous.»