Bonjour bonjour !
Le thème du jour est "Chant" avec Nojiko et Arlong (ceux-là ne sont pas en couple, il y a des limites que je n'arrive pas à dépasser, hein X), alors bonne lecture !
Pour information, ce texte est pas mal centré sur la Saint Nicolas, qui était une sorte de Noël si je me souviens bien, et je vous invite à aller vous renseigner sur cette fête qui se fait encore en Alsace par exemple (j'en entends parler très souvent... -_-)
Disclaimer : Tout est à Oda
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06 Décembre : Chant d'espoir
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Arlong était la pire terreur des hommes et femmes de l'archipel de Konomi. Il ne leur réservait que le mépris, l'asservissement ou la mort. Pourtant, en ce six décembre, les enfants oublièrent la chape sombre au-dessus de leur tête. Ils se levèrent avec joie, trouvant avec plaisir quelques bonshommes en pain d'épices et les mandarines de la plantation de Kokoyashi.
Mais une petite fille ne participait pas à l'euphorie enfantine des villages de l'archipel, malgré les encouragements d'un homme couturé de cicatrices.
- Allez, Nojiko, souris ! C'est la Saint Nicolas aujourd'hui, regarde ce qu'il t'a amené !
L'enfant jeta un regard amer sur les deux mandarines et le bonhomme en pain d'épices posés sur la table, puis releva la tête vers l'homme.
- Genzô, c'est les mandarines de la plantation et tu as toi-même acheté le biscuit à la boulangère. Je ne crois plus en Saint Nicolas depuis longtemps.
L'adulte soupira, avant de s'accroupir à sa hauteur. Il n'avait plus vu un sourire sur le visage de Nojiko depuis la mort de Bellmer et l'entrée forcée de Nami dans l'équipage d'Arlong. Elles lui manquaient aussi horriblement, mais que pouvait-il faire, à part élever l'enfant à la place de son amo… de son amie défunte ?
- Même pas un tout petit sourire ?
Nojiko fit non de la tête. Elle n'avait pas le cœur à la fête. Comment le pourrait-elle ? Sa mère avait été assassinée et sa petite sœur était obligée de travailler avec son assassin. Elle prit néanmoins les menus cadeaux, une idée folle en tête lui venant soudain en tête. Elle n'en parla pas à Genzô, sachant que celui-ci l'empêcherait à coup sûr de la réaliser.
Elle fila en-dehors de la maison après s'être bien habillée et, vérifiant que personne ne faisait attention à elle, se glissa dans la forêt. Elle inspira un grand coup, puis déglutit. Elle ne devait pas faillir.
Nojiko prit résolument la direction d'Arlong Park, marchant entre les arbres qui cachaient le ciel gris d'hiver, vérifiant que rien ne tombait de ses poches. Elle espérait être rentrée avant midi, pour que Genzô ne s'inquiète pas. Elle se prit brutalement les pieds dans une racine cachée sous la fine couche de neige, tombant au sol.
Elle retint un gémissement de douleur, avant de se relever et d'essuyer ses mains sur son manteau désormais humide. Elle esquissa une grimace en voyant les éraflures rouges, puis paniqua avant de tâter ses poches. Ouf, tout était encore là et en bon état.
Elle reprit son chemin, plus déterminée que jamais. Mais lorsqu'Arlong Park se dressa devant elle, sinistre dans le ciel sombre, elle fut tentée de faire demi-tour. Il était encore temps.
Puis Nojiko pensa à sa petite sœur prisonnière d'Arlong et sa volonté se raffermit. Elle fit le tour pour atteindre l'arrière du bâtiment et escalada un arbre assez grand pour dépasser le mur d'enceinte. Elle manqua de tomber plusieurs fois, mais ne lâcha pas l'affaire. Elle n'était pas arrivée jusque-là pour se laisser impressionner.
L'enfant dégagea la neige sur une haute branche et s'assit à califourchon, se stabilisant. Elle parcourut des yeux le mur, se demandant derrière quelle fenêtre se trouvait Nami. Elle prit une grande inspiration. Ce n'était plus le moment de flancher.
- Oh ! Quand j'entends chanter Noël…
C'était leur tradition à Saint Nicolas. En famille, elles chantaient des chants de Noël. Et si elle ne croyait plus à cette histoire, elle voulait que Nami l'entende. Elle voulait que sa petite sœur sache qu'elle était là, qu'elle ne l'oubliait pas. Sa petite voix, faible au début, fut de plus en plus assurée. Et bientôt, un visage bien connu se dessina derrière une fenêtre.
Un sourire radieux se dessina de concert sur les lèvres des deux enfants. La buée obscurcissait la fenêtre devant laquelle se trouvait Nami, et Nojiko commençait à sentir le froid s'insinuer sous la couche épaisse de vêtements. Mais rien ne pouvait ternir la joie fragile qui réchauffait leur cœur à ce moment-là face à ce petit miracle.
Nojiko perdit cependant son sourire quand elle vit Arlong dans la cour, pointant un pistolet vers elle.
- Tais-toi, gamine ! Et fiche le camp !
Ce fut un face-à-face silencieux pendant quelques instants qui semblèrent durer de longues minutes. Puis Nojiko frotta ses mains engourdies, avant de relever la tête, l'œil brillant et le regard défiant l'homme-poisson de l'arrêter. Elle se remit à chanter, presque en criant.
Arlong était peut-être la pire terreur de l'archipel. Mais pour le sourire de Nami, Nojiko ne le craindrait pas. Pour cet instant éphémère de bonheur, elle le défiait, pleine d'espoir. Il pouvait bien tout leur prendre, il leur restait au moins ça. Il ne pouvait pas le détruire.
Une balle érafla son visage et elle faillit perdre l'équilibre, mais elle ne cessa pas de chanter, malgré la brûlure douloureuse sur sa joue. Le sourire de Nami n'avait pas de prix.
Arlong se rapprocha, furieux qu'on lui résiste. Nojiko vit dans son regard qu'il la tuerait si elle ne descendait pas. Elle pensa soudain qu'elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant. Elle avait le devoir de ranimer le sourire de sa sœur. Elle ne pouvait pas l'abandonner.
- Je reviendrai chanter, Nami ! Autant de fois qu'il le faudra ! hurla-t-elle une dernière fois, la gorge douloureuse.
La balle partit et Nojiko, en voulant l'éviter, glissa de l'arbre pour s'écraser douloureusement au sol. Elle retint difficilement un cri de souffrance, écarquillant brutalement les yeux en réalisant qu'elle aurait pu se rompre le cou. Elle tenta de se relever et gémit en posant son pied droit sur le sol, le relevant immédiatement. Les larmes aux yeux, elle s'appuya sur l'arbre pour se mettre debout, se traînant de tronc en tronc pour rentrer au village.
Elle s'écroula plusieurs fois dans la fine couche de neige, se relevant à chaque fois en pensant au sourire de sa petite sœur. Elle devait rentrer. Sans elle, Nami n'aurait plus de raison de sourire.
- Nojiko ! fit soudain une voix.
Elle reconnut celle de Genzô qui l'interpellait, alors qu'elle se tenait contre un arbre et respirait difficilement. Elle le vit s'approcher avec soulagement. Il la ramènerait à la maison.
- NOJIKO !
Elle se retrouva soudain entre les bras du maire, qui la couvait d'un regard paniqué. Ses lèvres se craquelèrent alors que son visage se fendait d'un sourire hésitant et radieux.
- Nami… Elle… Elle m'a souri… C'est le plus beau cadeau que Saint Nicolas pouvait m'offrir… chuchota-t-elle.
Elle ferma les yeux, tandis que Genzô effaçait ses larmes de douleur d'un geste tendre du pouce. Il la souleva de terre, la prenant dans ses bras pour la porter, et Nojiko se mit à fredonner un air de Noël.
Tout espoir n'était pas perdu.
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A demain pour la suite !
