Chapitre 4
Tatouage
Il était presque midi. La logique voudrait donc que j'aille en cours, histoire de ne pas rater totalement le premier jour.
Mais je devais reconnaître que je n'en avais pas spécialement envie. Je pourrais peut-être aller voir ma mère, pour la prévenir que j'étais revenue. Mouais, c'était une bonne idée. En tout cas, quoi que je fasse, je devais quand même récupérer ma voiture. Stiles m'avait envoyé un message pour me dire qu'il avait donné mes clés à l'hôtesse de change de l'aéroport, c'est pourquoi je me dirigeai vers elle.
Elle sourit en m'apercevant. La pauvre, elle devait s'ennuyer. L'aéroport de Beacon Hills n'accueillait que très peu de touristes américains, et encore moins de touristes étrangers qui avaient besoin de changer de devise.
-Bonjour, que puis-je faire pour vous aider ?
Je m'appuyai sur le comptoir.
-Bonjour, je suis Alice McCall. Le fils du shérif Stilinski a dû vous donner mes clés de voiture ce matin il me semble.
Elle hocha la tête et ouvrit un tiroir. Elle en sortit lesdites clés et me les donna. Je la remerciai d'un sourire et m'éloignai. Vous trouvez peut-être ça étrange que Stiles lui ait confié mes clés, sans aucune garantie qu'elle ne me vole pas ma voiture. Cependant le fait qu'il soit le fils du shérif était en soin une assez bonne garantie. Je sortis sur le parking et cherchai ma voiture des yeux. Je finis par la repérer au bout de la seconde rangée.
J'ignorai si c'était Scott ou Stiles qui avait conduit ma voiture, mais je n'avais confiance en ni l'un ni l'autre. C'est pourquoi, je pris littéralement cinq minutes pour observer ma voiture sous tout les angles. Ca va, elle semblait toujours être en parfait état. Aucune marque sur la carrosserie. Il s'agissait d'une Alfa Romeo Stelvio rouge que Jackson m'avait offerte avant son départ pour Londres. Je lui avais dit que je songeai me trouver un travail pour pouvoir commencer à économiser pour une voiture, tandis que lui cherchait toujours une façon matérielle de se faire pardonner. Donc il m'avait acheté une voiture. Et je devais reconnaître qu'il me connaissait vraiment bien, il avait su trouver la voiture de mes rêves.
Je la déverrouillai et ouvris la portière. Je me penchai à l'intérieur pour vérifier que l'intérieur n'avait rien non plus. Tout avait l'air normal. Je mis ma valise dans le coffre et m'apprêtai à monter dans la voiture quand une voix retentit dans mon dos.
-Hé, attends ! Hé !
Je me retournai, ayant remarqué que la voix venait vers moi. Une fille, sûrement un peu plus jeune que moi, courait dans ma direction. Ses cheveux noirs bouclés sautaient dans son dos à chacun de ses pas. Je fronçai les sourcils en la reconnaissant. C'était la fille de l'avion. Que me voulait-elle ?
Elle me rejoignit et tenta de reprendre son souffle. J'haussai un sourcil.
-Désolée, haleta-t-elle. Est-ce... que tu... vas... au ly...cée ?
Je fronçai les sourcils et elle répéta sa question, pensant sûrement que je ne l'avais pas comprise. Ce n'était pas le cas, je ne comprenais juste pas vraiment pourquoi elle voulait savoir ça.
-Hum... oui.
-BHH ?
J'hochai la tête. Elle baissa les yeux avant de détourner la tête et d'enrouler une mèche de cheveux autour de son doigt.
-Je sais que c'est bizarre de demander ça mais... Tu voudrais bien me déposer là-bas ? Enfin si tu y vas je veux dire.
Je la dévisageai une longue seconde. Si je résumais bien, cette fille qui m'était totalement inconnue venait me voir pour me demander de la déposer au lycée. Je savais que la population de Beacon Hills était bizarre, mais nous atteignions des sommets ces dernières années.
Je soupirai avant de désigner la voiture d'un signe de tête.
-Allez monte.
Ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire et elle s'exécuta. Je la suivis du regard.
Si elle était bizarre, je l'étais au moins autant qu'elle en acceptant. Après tout je ne la connaissais pas, elle pouvait très bien être une dangereuse psychopathe.
Mais qui est-ce que je voulais tromper, c'était moi la psychopathe du coin !
Enfin, c'était sans compter sur Peter le Ressuscité, qui était certainement plus un psychopathe que je ne l'étais.
Je montai dans la voiture et mis le contact en songeant que même si cette fille était une dangereuse psychopathe, elle n'aurait aucune chance face à un loup-garou, maigre comme elle était.
Le début du trajet se passa dans un silence assez gênant que je décidai de briser. J'avais eu assez de gêne avec le trajet en voiture avec mon père ce matin.
-Alors, pourrais-je savoir comment ma mystérieuse passagère s'appelle ?
-Lorna, répondit-elle. Je m'appelle Lorna.
-C'est original. C'est de quel origine ? demandai-je histoire de faire la conversation.
-Merci. Ca vient du latin laurus. Ca veut dire "couronnée de lauriers", ça représente la victoire donc. C'est comme si je m'appelais Laurent, Laura, ou Daphné.
Je fronçai les sourcils et tournai la tête vers elle une seconde avant de reporter mon attention sur la route.
-Daphné ? Quel est le lien ?
-On peut le considérer comme l'équivalent grec des noms basés sur laurus qui signifie le laurier. Selon la coutume, on couronnait les gagnants des Jeux se déroulant à Olympie par une couronne de laurier. En fait Daphné est à l'origine de cette croyance. Dans la mythologie greco-romaine, Apollon était un coureur de jupons. Dans cette histoire, il avait jeté son dévolu sur Daphné, une nymphe, fille du fleuve Penée. La jeune fille repoussa ses avances, mais il continua à la harceler. Alors qu'il lui courrait -littéralement- après, elle demanda de l'aide à son père. Celui-ci, ne trouvant d'autre solution, la transforma en lauriers. D'ailleurs le laurier se dit daphné en grec ancien. Enfin bref, Apollon, désolé d'avoir perdu son aimée, brisa une branche qu'il posa sur sa tête avant de s'endormir au pied de l'arbre.
Je clignai des yeux, durant un instant pour revenir à la réalité. J'avais tellement été absorbée par son récit que c'était presque comme si je l'avais vu se dérouler devant moi.
-J'en connais une qui est inscrite en latin, ris-je.
Elle acquiesça en souriant.
-Exactement. J'ai même fait un peu de grec. J'aurais bien continuer mais BHHS ne semble pas en avoir. Dommage.
-C'est vrai. Mais on a des cours de latin archaïque, c'était l'un ou l'autre à mon avis. Tu es nouvelle ?
-Oui, je suis arrivée en même temps que toi. Je vivais à San Francisco avec mon oncle. Je me suis faite émancipée et j'ai trouvé un appart ici.
Je fronçai les sourcils et me retins de lui demander ce qu'elle faisait à New York si elle vivait à San Francisco.
-Qu'est-ce qui a pu t'amener à Beacon Hills ? Je veux dire, cette ville n'a rien de particulier, hormis le fait que ce soit la seule ville de Californie où il pleut toute l'année.
Elle haussa les épaules tandis que je lui jetai un regard.
-J'ai pensé m'installer à Los Angeles ou à Washington, et puis je me suis rendue compte que je préférais éviter les grandes villes. Quant à mon choix sur mon Beacon Hills... Je sais pas trop, cette ville m'a attirée. Quelque chose de spécial se dégage de cette ville.
Disons que c'est le Poudlard des loups-garou, à part ça Beacon Hills est une ville comme les autres, songeai-je.
Je secouai la tête et me rendis seulement compte que je venais d'entrer sur le parking du lycée. Je m'arrêtai devant la porte du lycée. Elle descendit mais s'arrêta avant de fermer la portière.
-Merci de m'avoir déposée... Tu ne m'as toujours pas dit ton nom.
-Alice.
-Alors merci beaucoup Alice. Je pense que nos chemins se recroiseront bientôt.
Je la suivis des yeux le temps qu'elle rentre dans le lycée. Vraiment très étrange. Je secouai à nouveau la tête avant de redémarrer.
J'entrai dans l'hôpital et parcourus le hall d'entrée des yeux. Je venais de passer chez moi pour y déposer mes affaires en espérant y croiser ma mère. Aucun signe d'elle. Donc elle devait être à l'hôpital. Enfin si elle n'était pas ici, je ne voyais pas vraiment où est-ce qu'elle pouvait être.
-Alice ?
Je tournai la tête et tombai justement face à ma mère. Je lui souris avant de la serrer dans mes bras. Elle s'écarta avant de me tenir à bout de bras pour m'observer des pieds à la tête.
-Détends-toi, maman, je vais bien.
Elle ne parut pas convaincue et continua son inspection. Quand elle eut enfin l'air satisfaite, elle me lâcha.
-Pourquoi ne m'as-tu pas prévenue que tu revenais ? On ne laisse pas sa mère comme ça dans l'ignorance !
-Désolée, c'est juste que... c'était pas prévu. Je comptais attendre encore au moins une semaine, mais disons que j'ai eu un imprévu.
-Un imprévu ?
-J'ai croisé papa.
Elle ne commenta pas et je me rendis compte à cet instant que son coeur battait assez rapidement.
-Tout va bien ?
Elle hésita.
-C'est Isaac.
Je fronçai -encore- les sourcils. Isaac ? Avais-je bien entendu ? Je l'interrogeai du regard. Elle m'expliqua rapidement qu'Isaac était arrivé hier en ambulance avec d'importantes griffures. Il devait se faire opérer, mais aurait sûrement cicatrisé entre temps. Et bien évidemment, elle n'arrivait pas à joindre Derek, donc elle avait fait venir Scott.
-Où il est ?
-Chambre 215 s'il n'est pas encore parti en chirurgie.
-Merci.
Je me dirigeai vers les ascenseurs et constatai que deux des trois ascenseurs étaient en panne et que le troisième était au quatrième étage. Bon bah, direction escalier. Je montai rapidement au deuxième étage et parcourus tout les numéro de chambres. Evidemment ceux-ci s'arrêtaient à 200. Je retins un grognement et rejoignis le troisième étage. C'était quoi cette hôpital qui ne suivait pas des numérotations normales ?!
Je cherchai les panneaux de numérotations quand les odeurs de Scott et Isaac me parvinrent. Je les suivis et finis par tomber face à... des portes d'ascenseurs ? Pas de doutes, aux bruits de luttes qui me parvinrent de l'autre coté, Scott s'y trouvait bien. Cependant, je sentais une troisième odeur qui m'était inconnue. Certainement la personne avec qui ils se battaient.
Je courus jusqu'à la porte de l'ascenseur. Que pouvais-je bien faire ? J'avais de la force, mais pas assez pour ouvrir les portes. Donc je fis la seule chose que je pouvais faire.
J'appuyais sur le bouton d'appel de l'ascenseur.
Je grimaçai en entendant un violent bruit de choc. Scott, évite de te faire tuer, s'il te plaît.
Une voix que je n'avais jamais entendue s'éleva.
-Est-ce que tu réalises à qui tu t'attaques ? Je suis un alpha.
C'est ce moment que choisirent les portes pour s'ouvrir. Je n'eus qu'une seconde pour comprendre ce que je voyais. Un loup-garou de deux mètres de haut tenait Scott à la gorge et Isaac, inconscient, se trouvait dans un fauteuil roulant. Sans trop réfléchir, j'enfonçai mes griffes dans le dos du loup-garou, à la base de la colonne vertébrale. Il suffisait que j'enfonce un peu plus mes griffes et il serait totalement paralysé. La surprise probablement autant que la douleur lui firent lâcher prise sur la gorge de Scott.
-Moi aussi, murmurai-je à son oreille avant de l'envoyer à travers le couloir.
Il s'écrasa à terre. Je le suivis des yeux le temps qu'il se relève et disparaisse. Je lançai un regard à Scott avant de lui tendre la main. Il la saisit et je le relevai en un geste.
-Toi aussi tu commences bien l'année à ce que je vois, pouffai-je.
Il sourit avant de me serrer contre lui. Surprise, mon premier instinct aurait été de le repousser. Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait souvent. Je finis par me détendre. Respirer son odeur me fit un bien fou. Je fus surprise de constater à quel point il m'avait manqué durant ces trois mois.
-Plus jamais tu ne disparais sans me dire où tu vas, marmonna-t-il en s'écartant.
-Ne me dis pas que tu étais inquiet ?
Il détourna le regard en se frottant la nuque. Je ris et lui ébouriffai les cheveux. Il était trop mignon.
Son regard se posa sur un point derrière moi.
-C'est seulement maintenant que tu arrives ?
Je me retournai pour voir à qui il s'adressait et mon regard croisa celui de Derek. Durant une seconde, je sentis mon sang se figer, comme tout le reste de mon être probablement. Je sentis mon loup grogner et dus me retenir pour ne pas réellement le faire. Je le sentais s'agiter, me hurlant en même temps d'aller l'embrasser et de lui arracher la tête. Je détournai les yeux.
-Et vous, n'êtes-vous pas censés être à l'école ? rétorqua Derek.
-On a sérieux problème à l'école, la classe de Madame Blake...
Madame Blake ? Qui c'était celle-là ?
-Tu pourrais me parler de ça un peu plus tard ? l'interrompit Scott.
-Non, je suis presque sûr que ça nécessite une discussion immédiate.
Scott soupira et m'interrogea du regard. J'haussai les épaules. La présence de Stiles ne gênait personne.
-OK, alors retrouve-nous à la maison de Derek.
-Nous ? Qui ça, nous ? Et bordel qu'est-ce que tu fous chez Derek et...
-On se retrouve simplement ici.
Scott raccrocha. Je lui décochai un regard amusé en croisant les bras.
-Tu es au courant que c'est moi qui suis supposée être la méchante du groupe qui passe son temps à ne pas écouter Stiles ?
Il secoua la tête et nous rejoignîmes Derek qui venait de déposer Isaac sur une table. Je m'assis sur le bord de ladite table et posai la tête d'Isaac sur me genoux. Je passai une main sur son front et fronçai les sourcils. Il était brûlant, cependant il n'arborait plus aucune blessure.
-Tu ne vis plus ici, si ? fit Scott à l'intention de Derek.
Il secoua la tête.
-Le comté a pris la relève. Mais j'ai besoin de quelque chose qui se trouve ici, répondit-il en fouillant dans un tas de débris. Ca aidera à guérir une blessure venant d'un alpha.
Je parcourus la maison des yeux. Je n'étais pas venue ici depuis des mois, mais la nature y avait tellement repris ses droits que des années auraient pu s'écouler.
Scott regarda Isaac.
-Mais ça a déjà guéri.
-Pas à l'intérieur.
Scott ne répondit rien et un silence gênant s'installa. Je le suppliai du regard de dire quelque chose tout en jouant nerveusement avec les cheveux d'Isaac. Il me fit les gros yeux, l'air de dire que c'était à moi de trouver quelque chose à dire. J'allais le foudroyer du regard avant de me souvenir qu'il n'était probablement pas au courant de notre rupture. Enfin, il devrait l'avoir compris d'ici les dix prochaines minutes mais bon.
-Tu vas te décider à nous dire qui c'était cet alpha à l'hôpital ? finis-je par lancer.
Derek me jeta un regard furtif avant de baisser les yeux. Scott m'interrogea du regard, ne comprenant certainement pourquoi mon ton était si sec.
-Une meute rivale. C'est mon problème.
Il marqua une pause et leva la tête vers Scott.
-Je sais que vous vouliez aider et vous l'avez fait. Je vous en dois une à tout les deux.
Il se leva, d'étranges fleurs en main. Ça ressemblait à de l'aconit, mais l'odeur ne correspondait pas. Il s'approcha de la table, et prit soin de ne pas trop s'approcher de moi.
-Maintenant rentrez chez vous. Retournez à votre adolescence.
J'allais descendre de la table quand je vis Scott froncer les sourcils. Il porta une main à son bras et regarda Derek.
-En fait, Derek... Si tu veux me rendre ce service maintenant, il y a bien quelque chose que tu peux faire.
Je retins une furieuse envie de me frapper la tête contre un mur. Scott ! Ce n'était pas que je voulais à tout prix rentrer chez moi, mais disons que plus vite je me trouverai loin de Derek, mieux je me porterai. Même si je devais reconnaître que j'étais inquiète pour Isaac et que je pouvais reprocher beaucoup de chose à Derek, je savais qu'il prenait soin de ses bêtas et qu'Isaac s'en sortirait.
PDV Omniscient :
Isaac ouvrit les yeux, légèrement sonné. Un visage familier se pencha au-dessus de lui. Il cligna des yeux, n'y croyant pas.
-Alice ? C'est bien toi ?
La jeune fille gloussa.
-Oui, je suis bien moi.
Le loup-garou se redressa légèrement.
-Je veux dire... tu es vraiment là ? Je suis pas en train d'halluciner ?
Alice sourit doucement et secoua la tête.
-Non tu n'hallucines pas. Je suis bien là.
-Quand es-tu revenue ?
-J'ai pris l'avion ce matin.
-Et où étais-tu ?
-Ha. Ha. Mystère.
Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas lui révéler être allée à New York, mais elle était parfaitement consciente que Derek pouvait très bien être en train de les écouter. Oui, elle était aussi consciente d'être un totalement parano.
Isaac fit la moue et ouvrit la bouche pour protester mais elle l'en empêcha.
-Et toi, pourrais-je savoir comment tu t'es retrouvé dans cet état ?
Il garda le silence et baissa les yeux. Il ne savait pas si c'était une bonne idée de lui dire. Même s'il connaissait la relation de Derek et Alice, il savait qu'elle et Scott ne faisaient pas pour autant partie de leur meute.
Au même moment, au rez-de-chaussée, Derek tentait de se concentrer sur ce que lui disaient Scott et Stiles. Alice et Isaac se trouvaient à l'étage et il ne pouvait s'empêcher de les écouter. Il tentait de se convaincre que c'était pour s'assurer que son bêta allait bien, mais une petite voix ne cessait de lui répéter qu'il ne faisait qu'espionner Alice.
Il ne s'était pas attendu à la trouver à l'hôpital tout à l'heure. Il avait bien senti son odeur, mais n'y avait pas vraiment fait attention, celle-ci étant très similaire à celle de Scott. Mais quand elle s'était tournée vers lui, son coeur avait raté un battement. Il avait difficilement réussi à s'empêcher de la rejoindre, et avait fait comme si de rien était. Mais durant le trajet qui les avaient menés jusqu'ici, alors qu'elle le suivait dans sa voiture, il n'avait pu s'empêcher de se faire la réflexion qu'elle avait changé. Elle avait coupé ses cheveux, changé de style vestimentaire -il ne l'avait jamais vue porter quelque chose d'aussi court, bien que ce ne soit pas pour lui déplaire-. Il avait également remarqué que son odeur était légèrement différente, ce qu'il avait d'abord trouvé normale, mais il avait fini par réaliser qu'elle portait une autre odeur en plus de la sienne. Une odeur masculine. Il avait vu Scott la serrer contre lui, mais ce n'était pas la sienne, ni celle de Stiles. Quand il l'avait compris, il avait senti le venin de la jalousie s'insinuer dans ses veines.
Il secoua la tête en entendant les rires d'Alice et d'Isaac. Il n'en apprendrait pas plus de toutes façons. Même si elle n'avait rien contre Isaac, elle lui avait fait comprendre, gentiment, mais clairement, qu'elle ne lui dirait pas où elle était durant ses derniers mois ni ce qu'elle avait fait.
Il laissa ses yeux briller et se concentra sur Scott.
-Je le vois. C'est deux bandes, n'est-ce pas ?
Scott hocha la tête.
-Qu'est-ce que ça signifie ?
Il fronça les sourcils et sembla réfléchir.
-Je ne sais pas. C'est juste... quelque chose que j'ai tracé avec mes doigts, fit-il avant de dessiner deux cercles concentriques dans la poussière.
-Pourquoi est-ce si important pour toi ?
-Est-ce que tu sais ce que le mot "tatouages" veut dire ?
-Laisser une marque, précisa Stiles, qui était resté étrangement silencieux.
-En fait, ça c'est en tahitien, corrigea Scott. En samoan ça signifie "plaie ouverte". Je savais que je ferai un tatouage quand j'aurai 18 ans, j'en ai toujours voulu un. J'ai décidé de la faire maintenant, pour en faire une sorte de récompense.
-Pour quoi ?
-Pour ne pas avoir appelé ou envoyé de messages à Allison de tout l'été. Même quand je le voulais vraiment, c'était tellement dur de ne pas le faire des fois. J'essayais de lui donner l'espace qu'elle voulait. Quatre mois plus tard, ça fait toujours mal. C'est comme...hum...
-Comme une plaie ouverte, fit Stiles.
-Ouais.
Derek baissa les yeux et ses pensées se tournèrent vers la jumelle de Scott. Même s'il n'avait plus 17 ans et qu'Alice et lui étaient tout deux des loups-garou, les paroles du jeune McCall résonnaient étrangement en lui.
Il soupira et se saisit du chalumeau.
-La douleur va être pire que tout ce que tu as pu ressentir avant.
-Ah, génial, commenta le seul humain de la maison.
-Fais-le.
Derek alluma le chalumeau en ne manquant pas de noter le mouvement de recul de Scott.
-Wow, c'est... un peu beaucoup pour moi, lâcha Stiles. Je vais prendre ça, comme le signal du moment où je m'en vais.
Il fit mine de partir, mais le loup-garou le retint d'une main.
-Non. Tu vas m'aider à le tenir. D'ailleurs une troisième personne ne sera pas de trop.
Il se pencha vers la cage d'escaliers et appela Alice.
Celle-ci se crispa en entendant Derek l'appeler. Isaac le remarqua, mais eut la délicatesse de ne pas poser de questions. Alice sauta des marches quelques secondes plus tard. Elle les regarda tour à tour, surprise par cet étrange spectacle. Elle n'avait même pas entendu Stiles arriver.
-Qu'est-ce que... ?
-Alice !
Stiles lui sauta presque dessus et la serra contre lui. Elle le repoussa, encore plus surprise.
-Tu aurais au moins pu me prévenir que tu étais revenue, protesta-t-il. J'ai quand même ramené ta voiture à l'aéroport !
Alice secoua la tête en souriant.
-Tu devais bien te douter que je serais revenue aujourd'hui... D'ailleurs merci pour la voiture. Et elle est encore en bon état, je ne vais pas devoir te tuer.
Elle rit devant l'air ahuri de Stiles et rejoignis les deux loups-garous.
-Tu dois tenir Scott, fit Derek d'une voix blanche.
-Le tenir ?
Elle avisa le chalumeau et fronça les sourcils avant d'hausser les épaules. Ce n'était pas la chose la plus étrange qui leur était arrivé.
Une dizaine de minutes plus tard, Scott revint enfin à lui. Son regard tomba d'abord sur son tatouage ce qui le fit sourire. Il vit ensuite Alice qui venait d'aider Stiles à se relever. L'hyperactif s'était lui aussi évanoui peu de temps après Scott, sous les regards consternés d'Alice et Derek. Ensuite, le jeune homme aperçut Derek qui avait l'air soucieux. Il se leva et le rejoignit.
-Ca a marché. Merci, au fait.
Derek lui décocha un hochement de tête, tout en gardant les yeux rivés sur Alice et Stiles. Scott avait bien compris que quelque chose n'allait pas entre eux, mais il n'osait pas poser la question que ce soit à l'un ou à l'autre.
-Tu vas devoir faire attention à elle, finit par dire l'aîné. Je crois qu'elle est en danger.
Scott le regarda.
-Pourquoi ne lui dis-tu pas toi-même ?
Le loup-garou secoua la tête.
-Elle ne m'écoutera pas. Mais je sais que toi, si. Tu tiens autant à la protéger que moi.
-Que peut-il bien y avoir qu'Alice ne puisse pas gérer elle-même ?
Derek garda le silence une longue minute. Il finit par soupirer.
-Tu dois juste faire attention à elle. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus.
La voix de Stiles lui fit reporter son attention sur lui.
-Ca a l'air plutôt bien permanent maintenant.
-Ouais. J'ai comme qui dirais besoin de quelque chose de permanent ces derniers temps. Tout ce qui nous est arrivé... Tout change si vite. Tout est si...éphémère.
Alice se posta devant lui, le poing sur la hanche.
-D'ailleurs, comment as-tu pu décider de te faire tatouer sans même m'en parler !
Il lui fit les gros yeux.
-Tu étais injoignable ! On ne savait même pas si tu comptais revenir cette année. Et puis tu aurais essayer de m'en dissuader.
Elle pencha la tête dans sa direction pour dire « un point pour toi ». Elle ouvrit la porte pour sortir quand elle se figea, à l'instar de son frère.
-Tu as peint la porte, lança Scott à l'intention de Derek. Pourquoi as-tu peint la porte ?
-Rentrez chez vous, fit Derek.
Alice le dévisagea une longue seconde. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il était mal à l'aise. Il leur cachait quelque chose. Elle échangea un regard avec Scott.
-Et pourquoi juste d'un côté ? murmura-t-il avant de sortir ses griffes.
Scott gratta rapidement toute la peinture de la porte, sous les faibles protestations de Derek. Un symbole noir était peint sur la porte. Alice fronça les sourcils. Elle avait déjà vu ce symbole. C'était celui d'une meute, mais elle ne se rappelait plus laquelle.
Scott sembla réfléchir.
-Les oiseaux à l'école, les cerfs la nuit dernière... comme la nuit où j'ai été piétiné par des cerfs, la nuit où j'ai été mordu par l'Alpha.
Le froncement de sourcils d'Alice s'accentua. Il allait vraiment falloir qu'ils la briefent sur ce qu'il s'était passé durant son absence.
-Combien sont-ils ?
-Tout une meute, soupira Derek en regardant la jeune femme dans les yeux. Une meute d'alpha.
