Chapitre 5B

Le Risque et la Récompense – partie 2

-Je comprends toujours pas pourquoi je suis obligée d'être là, marmonnai-je en posant mon menton entre mes mains jointes.

D'autant que dans cette pièce se trouvent deux personnes que je souhaite plus que tout éviter, ajoutai-je mentalement. Enfin la présence d'Allison ne me gênait pas de la même façon que celle de Derek. Disons que dès qu'elle se trouvait à moins de 50 mètres de moi, mon loup me hurlait de lui arracher la tête.

-Pour la même raison que moi, répondit Stiles, assis à coté de moi.

Je lui lançai un regard moqueur.

-Pour faire de la figuration, en gros ?

-Je vois rien du tout, lâcha Derek me faisant relever les yeux vers lui.

-T'as pas bien regardé, objecta Scott.

-Je vois pas en quoi un pauvre petit bleu va me dire où sont Boyd et Erica.

-C'est le même signe sur leurs deux bras, insista Scott. Exactement le même.

-Je vois rien du tout.

Je soupirai et me passai les mains sur le visage. Parti comme ça on en avait pour un moment. Je me couchai sur le banc sur lequel j'étais assise, les jambes dans le vide.

-Réveille-moi quand je pourrais partir, lançai-je à Stiles.

-C'est de la paréidolie, précisa Lydia. Voir des images qui n'existent pas. C'est une forme dérivée d'apophénie.

Je faillis lui faire remarquer qu'elle se trompait avant de me dire que ça n'en valait pas la peine. Il s'agissait de paréidolie lorsqu'on voyait quelque chose de concrets, comme lorsqu'on devinait des chiens, des monstres ou n'importe quoi d'autre dans les nuages ou dans la mousse de son café. Leurs bleus étaient juste totalement abstraits.

-Elles essaient de nous aider, tenta Scott.

-Ces deux-là ? ricana Derek. Je te rappelle que celle-là s'est servie de moi pour ressusciter mon oncle psychopathe. Merci, d'ailleurs. Et que celle-là a tiré une bonne trentaine de flèches sur moi et ma meute.

Je me dis que Derek avait été gentil. C'est vrai, il aurait pu mentionner le fait qu'Allison ait à peu près essayé de tous nous tuer. Je faillis l'ajouter mais me ravisai en me rendant compte que ça signifierait prendre le parti de Derek. Il ne fallait pas exagérer non plus !

-Ca va, on se détend un peu, fit Stiles qui était le seul que je parvenais à regarder d'où j'étais. Personne n'est mort. Bon, il y a peut-être eu une ou deux mutilations et un petit massacre par-ci par-là, mais on est vivants. Il me semble important de faire la distinction.

Je me redressai légèrement pour mettre une claque à l'arrière de la tête de Stiles. Ne pouvait-il jamais s'empêcher de parler ?

-Ma mère est morte, cingla Allison.

-Le Code d'Honneur de ta famille a tué ta mère. Pas moi.

-Cette fille cherchait Scott. C'est lui que je veux aider, pas toi.

-Tu veux l'aider ? Trouve-nous du tangible.

J'entendis des bruits de pas et relevai légèrement la tête en voyant que Derek faisait mine de s'en aller. Scott le rattrapa et je devinai à son air désespéré qu'il savait qu'il n'avait que peu de chance de parvenir à le convaincre de les écouter.

-A la bonne heure, je vais enfin pouvoir m'en aller.

Je sautai sur mes pieds et me dirigeai vers la porte. Stiles voulut protester, mais je l'ignorai. Je dépassai Scott et Derek. Je croisai le regard de ce dernier au moment où il lâchait :

-Alors peut-être que tu devrais envisager de lui dire ce que sa mère avait prévu de faire cette nuit-là.

Dans ma précipitation pour sortir du local où nous nous trouvions et pour -je l'admets- m'éloigner de Derek, je ne remarquai pas la personne se trouvant derrière la porte et lui fonçai dedans. Ladite personne vacilla et, par réflexe, je la rattrapai. Quand elle eut retrouvé son équilibre, je la lâchai et constatai qu'il s'agissait de Lorna.

Je fronçais les sourcils en me demandant ce qu'elle fichait là quand j'entendis Scott et Derek clôturer leur conversation. J'attrapai la jeune fille par le bras et l'entraînai à ma suite quelques mètres plus loin. Je n'avais pas vraiment envie que Derek arrive à la même conclusion que moi et lui tranche la gorge sans se poser de question.

-T'étais en train de nous écouter ?

Elle éclata de rire, mais je ne manquai pas de noter l'accélération de son coeur ainsi que la perte soudaine de toutes les couleurs de son visage.

-Quoi ?! Pourquoi est-ce que j'écouterais aux portes ? Je cherchai seulement ma salle de classe.

Si cette fille nous écoutait, il y avait deux raisons plus probables que les autres : 1) cette fille était liée d'une façon ou d'une autre à la meute d'alpha et nous espionnait pour son compte ; 2) elle cherchait réellement sa salle de classe et écoutait pour être sûre d'être au bon endroit et avait été traumatisée par ce qu'elle avait entendu. La seconde option me paraissait la plus probable, mais je savais que les apparences pouvaient être trompeuse. Après tout, personne n'avait pensé que Peter puisse être l'alpha psychopathe qui avait tenté de nous tuer. Même chose pour Matt, personne ne l'avait vu venir. Enfin, si, Stiles oui, mais il ne compte pas vraiment.

Je ne croyais pas un mot de ce qu'elle venait de dire, mais me prêtai au jeu.

-Et quelle est ta classe ?

Elle jeta à coup d'oeil à son horaire qu'elle tenait en main.

-Géographie. Local 237. Madame... je n'ai aucune idée de comment ça se prononce.

J'hochai la tête. Ce devait toujours être la même prof car celle que j'avais eue quand j'étais dans sa classe avait elle aussi un nom imprononçable que je m'étais empressée d'oublier. Je fis signe à Lorna de me suivre et me dirigeai vers le local de géographie. Quand Lorna fut entrée, je me détournai pour partir quand je croisai la prof au nom imprononçable. C'était une petite femme rondouillette aux traits sévères et aux cheveux auburn coupés courts. Elle m'adressa un sourire.

-Bonjour, mademoiselle McCall.

-Bonjour, madame, répondis-je en m'efforçant de sourire, légèrement gênée de ne pas me souvenir de son nom alors qu'elle se rappelait du mien.

Je détalai rapidement vers mon cours de mathématiques.


Dès que la cloche retentit, je me levai pour disparaître. Ce n'était pas les maths que je voulais fuir. Enfin, si, en partie. J'avais toujours bien aimé les maths, mais depuis deux ans que j'avais cet horrible prof sadique qui expliquait horriblement mal, je m'en sortais tout juste avec des 11 de moyenne. Pas très glorieux. M'enfin bref, j'avais déjà une forte tendance à ne pas m'attarder à ce cours, la présence d'Allison Argent tentant de me parler était une plus grande motivation pour déguerpir.

Oui, je l'avais entendue m'appeler. Oui, je ne m'étais pas retournée. Oui, je vivais bien ma lâcheté.

En arrivant à la bibliothèque, je fus assaillie par un mélange familiers d'odeurs. Celles des différentes personnes, de leur transpiration, de leurs parfums et déodorants, la poussière des livres, et l'encre de certains stylos. J'avais l'habitude et réussissais à en faire abstraction. Cependant cette fois, deux odeurs retinrent mon attention. Ethan et Aiden.

Je secouai la tête. Peu importe, je n'avais pas à me soucier d'eux. Après tout ils avaient parfaitement le droit d'être ici, comme nous tous. Je me dirigeai vers le rayonnage réservé aux livres d'Histoire. J'avais déjà un exposé à rendre pour la semaine prochaine. Heureusement le choix de l'époque et du contexte était presque libre, nous devions juste éviter ce qui touchait à l'histoire des Etats-Unis. J'avais déjà trouvé de quoi j'allais parler et la prof avait déjà validé. Je venais de trouver l'étagère dédiée au XXème siècle et de monter sur un escabeau pour avoir une meilleure vue quand quelqu'un se planta à côté de moi. Je n'y prêtai pas attention, et continuai à chercher après un livre traitant le sujet que je voulais.

-Tu sais quelle planche c'est pour le XVIIIème ?

Je baissai les yeux vers Allison. Elle me sourit gentiment, mais je décelai une certaine appréhension dans sa posture. Elle avait peur de ma réaction. La prédatrice en moi s'en délecta et je dus lutter pour retenir le sourire satisfait qui menaçait de poindre sur mes lèvres.

-Quatrième étagère en partant du haut, répondis-je d'une voix blanche.

Elle me remercia d'un hochement de tête. Les secondes s'égrenèrent tandis que nous cherchions toutes les deux les ouvrages nous intéressant. Plus le temps passait, plus la tension augmentait. La sensation des regards incessants que me lançait la chasseuse était plus qu'irritante. Je tentai de me concentrer sur ma recherche pour ne plus entendre les battements de son coeur, sans succès. De l'odeur d'Allison se dégageait une forme de peur. Ma partie humaine savait qu'il s'agissait uniquement de stress certainement mêlé de gêne. J'avais parfaitement compris qu'elle regrettait notre amitié, elle avait d'ailleurs tenté à plusieurs reprise de faire un pas vers moi. Cependant mon loup ne faisait pas de distinction entre les différentes formes de peur. De plus, l'approche de la pleine lune ne m'aidait pas à canaliser mes pulsions.

Je pris une profonde inspiration et me recontentrai sur ma recherche. Il y avait principalement des ouvrages sur les guerres mondiales et sur la guerre froide. Qu'est-ce que je me foutais de la guerre !

-Qu'est-ce qu'il y a ?

Je sursautai et me retournai pour voir Allison qui m'interrogeait du regard. Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais parlé à voix haute. Je me retournai vers mon étagères en secouant la tête.

-Désolée, je parlais toute seule.

Je réprimai un cri de joie quand mes yeux se posèrent sur un livre intitulé Le Tsarisme de l'Empire Russe de 1547 à 1917. Enfin ! Les livres que je cherchais ! J'attrapai également deux autres livres intitulés L'Enigme Anastasia, que j'avais déjà lu quelques années plutôt, et L'idéologie de la Révolution Russe. J'aperçus également un livre sur la légende du Vrai Tsar et l'histoire du Faux Dimitri et le pris. Je descendis précautionneusement de l'escabeau. Quelque chose me disait que, si je ratais une marche, mes réflexes ne m'empêcheraient pas de m'étaler au vu de la pile de livre que j'avais dans les bras.

-Sur quoi tu vas travailler ? me demanda Allison qui semblait avoir aussi trouvé ce qu'elle cherchait.

-La Russie Tsariste, répondis-je après une légère hésitation. La Révolution d'Octobre, principalement. Et toi ? ajoutai-je difficilement.

Elle essaie d'être gentille et d'enterrer la hache de guerre, sois gentille Alice, me dis-je.

-La fin de l'Ancien Régime.

Je fronçais les sourcils ne voyant pas de quoi il s'agissait.

-La Révolution Française, précisa-t-elle devant mon scepticisme.

Elle avait choisi de travailler sur la France, évidemment. J'hochai la tête et fis mine de m'en aller.

-Alice, attends !

Je soupirai et ralentis le pas pour qu'Allison me rattrape.

-Tu veux venir travailler avec nous ? A nôtre table je veux dire. Enfin je compte plutôt faire des recherches sur ce symbole. (Elle désigna son bras.) Mais ce serait sympa que tu viennes avec nous.

Je m'arrêtai brusquement. Ce n'était pas comme ça qu'elle allait m'avoir. Je pris une profonde inspiration pour tenter de maîtriser ma voix et de la rendre la moins agressive possible.

-Ecoute, Allison, ce qui s'est passé le semestre dernier n'a peut-être plus d'importance pour toi, mais c'est loin d'être le cas pour tout le monde. Tu as essayé de me tuer. Tu m'as pratiquement livrée à Gérard. Et tout les membres de ta famille vivant à Beacon Hills ont déjà essayé de nous tuer moi et Scott. Alors même si je sais que tu n'as aucune influence sur ce dernier point et que tu as été manipulée et chamboulée par la mort de ta mère, je ne peux pas te le pardonner aussi facilement. Tu ne t'es jamais retrouvée aussi proche de la mort que je ne l'ai été. Tout le monde à toujours tout fait pour te protéger et te garder en sécurité le plus possible. Tu ne sais pas ce que ça fait de voir la mort en face, de devoir te battre pour ta vie, de sentir la vie te glisser entre les mains, de fermer les yeux en pensant que tu ne les rouvriras plus jamais.

Je m'interrompis en sentant mes yeux me brûler. Oh non, je n'allais pas me mettre à pleurer ici, pas devant tout le monde. Allison semblait dubitative et me regardait avec des yeux de merlans frits. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais je ne lui laissai pas le temps de dire quoi que ce soit et fis volte-face.

Je marchai d'un pas vif pour sortir de la bibliothèque, mes livres serrés contre ma poitrine. Je passais devant les jumeaux de vis Lydia en train de discuter avec Aiden. Celui-ci tourna la tête vers moi et me fis un signe de la main en souriant. Je ne pris pas la peine de le lui rendre et continuai mon chemin. La porte de la bibliothèque claqua derrière moi au moment où j'entendis Lydia grommeler :

-Lui, non plus, elle ne va pas me le voler.

Des pas retentirent derrière moi et j'accélérai l'allure. Je me dirigeai vers les toilettes et verrouillai la porte. Je laissai mes livres tomber par terre avant de me cramponner à l'évier, en serrant les paupières.

Non, je ne pleurerais pas, pas pour ça. Je n'avais pas pleuré lorsque Kate m'avait torturée. Je n'avais pas pleuré lorsque j'avais rompu avec Derek. Je n'avais pas pleuré lorsque Jackson était parti à Londres. Je ne pleurerais pas pour ça. J'étais plus forte que ça.

Je rouvris les yeux et me regardai dans le miroir pour constater que mes yeux avaient virés au carmin sans même que je m'en rendre compte. Je me passai de l'eau sur le visage pour tenter de me calmer. En vain. Sans vraiment y réfléchir, je donnais un violent coup de poing dans le miroir qui vola en éclats. Les morceaux de verre enfoncés dans ma peau me ramenèrent un peu à la réalité, cependant je ne les enlevais pas. J'entendis un violent craquement, une porte qui claque avant que des bras forts ne m'enserrent le buste. Je me sentis tirée en arrière.

-Alice, arrête !

Je ne pouvais distinguer le visage de la personne qui me retenait vu l'état du miroir, et je n'avais pas les idées assez claires pour parvenir à reconnaître son odeur.

-Lâche-moi ! hurlai-je.

J'assénai un violent coup de pied dans le tibia de la personne qui relâcha sa prise avec un grognement. Je me dégageai et lui fis une clé bras, le faisant passer par dessus mon épaule, manquant de peu un lavabo. Je lui rugis littéralement au visage avant de me figer de surprise.

Mais qu'est-ce que... ?

Il profita de ma surprise pour me faucher les chevilles. Je m'écroulai lamentablement sur le carrelage. Il passa au-dessus de moi et me plaqua les mains au-dessus de la tête, ses griffes s'enfonçant dans mes poignets. Je me détransformai et il m'imita.

-Calmée ?

J'hochai la tête. Il me considéra une longue seconde et sembla hésiter à me lâcher.

-C'est bon, Ethan, je vais bien. Tu peux me lâcher.

Avec un soupir, il obtempéra et se releva. Je ne l'imitai pas et m'assis plutôt en tailleur sur le sol. Je grimaçai en voyant l'état de ma main.

-Heureusement tu n'as fait que briser un miroir, commenta Ethan. Imagine un peu si tu avais mis un coup de poing dans le mur. On aurait eu du mal à l'expliquer.

-Si tu n'étais pas arrivé, c'est ce que j'aurais fait, marmonnai-je. Arrête de fanfaronner et aide-moi plutôt à enlever ses morceaux de ma main.

Il s'agenouilla pour être à ma hauteur et s'exécuta, m'interdisant même d'y toucher. Je levais les yeux pour surveiller que personne ne rentrait quand je remarquais que la porte était elle aussi dans un piteux état. Le loup-garou suivit mon regard.

-Tu peux parler avec mon miroir. Vu ce qu'il reste de la porte tu es bon pour des heures de colles à vie.

Il leva les yeux au ciel.

-Dans ce lycée ils ne sont plus à ça près.

Je souris. Il n'avait pas totalement tord.

-Je peux savoir pourquoi tu me suivais ? demandai-je tandis qu'il essuyait ma main avec du papier toilette.

-J'ai voulu te ramener ton sac, tu l'avais oublié dans la bibliothèque. Et Aiden voulait savoir pourquoi tu l'avais ignoré, mais Lydia ne le lâchait plus donc je suis venu à sa place en plus. Si je perds mes chances avec Danny à cause de toi, je t'en voudrais à vie, ma petite.

J'éclatais de rire. Ethan déchira un morceau du rouleau essuie-main et me fit un bandage improvisé le temps que ça cicatrise.

Mon téléphone sonna au moment où je repérais mon sac dans un coin de la pièce. J'allais le chercher et constatai que j'avais un message de Scott me demandant de les rejoindre chez Deaton le plus rapidement possible. Je soupirai.

-Dit à Danny que tu as eu une urgence à cause de moi. Il comprendra. Je dois malheureusement t'abandonner, le devoir m'appelle.

Il m'interrogea du regard.

-Les deux crétins ont besoin de moi.

J'allais sortir quand il me rappela. Je me tournai vers lui.

-Tes livres, fit-il simplement.

Ah oui, je les avais totalement oublié. Je les ramassais et attrapai mon sac. J'allais à nouveau sortir quand je m'arrêtai encore et allais embrasser Ethan sur la joue.

-Merci, Ethan. Vraiment.


Je coupai le moteur de ma voiture et soupirai en apercevant la voiture de Derek. Pourquoi avais-je donc l'impression que j'allais devoir pas mal le supporter ses prochaines semaines ?

Je sortis de ma voiture et la verrouillai avant de glisser mes clés dans ma poche. Je poussai la porte de la clinique et vis Isaac en train de discuter avec Deaton.

-Comme tu t'en doutes certainement, ça ne va pas être une expérience des plus agréables, disait le vétérinaire. Mais si on parvient à ralentir suffisamment ton rythme cardiaque tu entreras dans un état de transe.

-Comme quand on est sous-hypnose ? demanda Isaac alors que je les rejoignais.

Un bruit d'eau attira mon attention et je tournai la tête vers Derek, Scott et Stiles qui vidaient des sacs de glaçons dans une sorte de baignoire métallique. Je fronçai les sourcils mais décidai de ne pas poser de questions. Les réponses viendraient sûrement d'elles-même plus tard. Et si ce n'était pas le cas, ce n'était pas trop grave, j'avais l'habitude.

-Exactement. Tu seras partiellement transformé. Ce qui nous permettra d'accéder à ton subconscient.

Bah voilà, pas besoin de poser de question. Ils se dirigèrent vers la fameuse baignoire et je les suivis. Je me postai à coté de Scott en évitant un maximum de croiser le regard de Derek.

-Il faut que ses battements de coeurs soient lents comment ? demanda Scott.

-Très très lents.

-Oui, mais quand vous dîtes "très très lents", insista Derek, c'est lents comment ?

-Proche de la mort.

-Sympathique, marmonnai-je.

Isaac toucha l'eau du bout des doigts et grimaça en les enlevant vivement.

-Rassurez-moi, ça risque rien ? fit Isaac.

-Tu veux que je te réponde sincèrement ?

-Non. Non, ça va aller.

Un bruit de claquement d'objet en plastique retentit et nous tournâmes tous la tête vers Stiles. Celui-ci venait d'enfiler un gant en plastique et l'avait étiré jusqu'à son coude.

-Quoi encore ?!

Je soupirai et lui fis les gros yeux.

-T'en veux une deuxième ? marmonnai-je en levant la main gauche.

Je pris soin de laisser ma main droite le plus possible derrière mon dos pour ne pas qu'ils remarquent le bandage. Stiles pâlit instantanément et jeta le gant en plastique sur le coté avant d'aller se planter à coté de Derek.

Isaac prit une grande inspiration et considéra la baignoire d'un air peu rassuré.

-Ecoute, si tu le sens pas, personne te force à le faire, lança Derek.

Le blond secoua la tête et enleva son pull.

-Alice, tu m'aides à le tenir ? demanda Derek. Elle a plus de force que toi, ajouta-t-il en réponse au regard sceptique de mon frère.

J'hochai la tête et enlevai rapidement ma veste. Je remontai mes manches et enlevai le bandage en vitesse en priant pour que personne ne l'ait vu, au moment où Isaac s'asseyait dans l'eau. Je constatai que ma main n'était pas encore totalement guérie ce qui était assez étrange. J'avais vraiment dû me couper profondément. J'échangeai un regard avec Derek et nous posâmes nos mains sur les épaules d'Isaac. Il prit une grand inspiration et nous le fîmes basculer en arrière. Immédiatement, il s'agita et sortit la tête de l'eau, les yeux brillants.

-Remettez-le sous l'eau.

Nous le repoussâmes plus fortement dans l'eau et il s'agita de plus belle. Scott et Stiles tentèrent de retenir les jambes d'Isaac. Même à deux forces d'alpha, Derek et moi avions des difficultés à le maintenir sous l'eau.

-Tenez-le bien !

-On essaye, marmonnai-je.

Quelques secondes plus tard, il se détendit totalement. Je levai les yeux vers Derek et nos regards se croisèrent. Après une légère hésitation, nous le lâchâmes. Il remonta lentement à la surface et prit une profonde inspiration.

-Surtout souvenez-vous, nous dit doucement Deaton. Je dois être le seul à lui parler. S'il entend d'autres voix, il sortira de sa transe.

Nous hochâmes tous la tête et il se pencha vers Isaac.

-Isaac ? Est-ce que tu m'entends ?

-Oui, je vous entends.

-C'est le docteur Deaton. J'aurais quelques questions à te poser. Est-ce que tu me le permets ?

-Oui.

-Je veux que tu me parles de la nuit où tu as trouvé Erica et Boyd. Et je veux que tu me racontes ce que tu as vu aussi précisément que possible. Comme si tu y retournais.

-Non, je veux pas faire ça. Je veux pas faire ça.

Il s'agita légèrement et nous le retînmes.

-Isaac, tout va bien. Détends-toi, tu ne risques rien. Ce ne sont que des souvenirs, un souvenir ne peut pas te faire de mal. Détends-toi. Bien...

Nous pûmes à nouveau le lâcher.

-Maintenant retournons à cette nuit-là. Souviens-toi de l'endroit où tu as trouvé Erica et Boyd. Peux-tu me décrire précisément ce que tu vois ? Où es-tu ? Est-ce que tu vois un bâtiment ? Une maison ?

-Non, non c'est pas une maison. Ca ressemble à... on dirait de la pierre. Du marbre je crois.

-C'est parfait. Tu peux continuer à me décrire ce que tu vois ?

-C'est vide et c'est euh... poussiéreux.

-Un bâtiment désaffecté ?

Les lumières se mirent soudain à clignoter et j'échangeai un regard perplexe avec Stiles. Isaac commença à s'agiter et m'attrapa par le bras.

-Il y a quelqu'un, je suis pas tout seul. Il y a quelqu'un.

-Isaac calme-toi. Isaac. Détends-toi. Ce ne sont que des souvenirs rien de plus.

-Non, non, ils me voient.

Il s'agita de plus belle et nous commençâmes de nouveau à avoir du mal à le tenir.

-Des souvenirs ça ne peut rien faire de mal. Détends-toi.

Il se calma et me lâcha le bras.

-Parfait. Maintenant décris-moi ce que tu vois.

Il commença son récit et je décrochai jusqu'à ce qu'il parle de Boyd.

-Je l'entends. Il parle de la pleine lune parce qu'il a peur d'être incontrôlable quand la pleine lune sera là.

-Est-ce qu'il parle à Erica ?

-Je crois. J'en sais rien. J'arrive pas à la discerner. Aucun des deux, j'arrive pas à les voir. Ils sont très inquiets. Ils ont peur de ce qu'il pourrait se passer à la pleine lune. Ils ont peur de devenir une menace l'un pour l'autre.

-S'ils les ont enfermés ensemble pendant la pleine lune ils vont s'entre-tuer, fit Derek.

-Isaac, on a plus une minute à perdre, reprit Deaton. Il vaut qu'on les trouve. Est-ce que tu les vois ?

-Non.

-Dans quel genre de pièce sont-ils enfermés ? Est-ce qu'il y a un indice n'importe lequel ? Un numéro sur une porte, un symbole ?

Il se redressa brusquement, faisant sursauter Scott.

-Ils sont là. Ils sont là, répéta-t-il.

-Tout va bien.

-Non. Ils sont là.

-Dis-nous où tu es.

-Ils sont là, ils me voient. Ils sont là, c'est eux.

Il s'agita en fixant des points que nous ne pouvions pas distinguer.

-Isaac, dis-nous où tu es, fit Derek en se penchant vers lui.

-Non, je les vois pas. Je vois rien.

Derek continua à tenter de lui faire dire quelque chose alors qu'Isaac paniquait de plus en plus.

-Derek ! Lâche-le ! Ca suffit !

-Ils sont dans une banque, dans une salle des coffres !

Isaac s'assit brusquement. Je soupirai en constatant qu'il était totalement revenu à lui.

-Ca y est je l'ai vu ! J'ai vu le nom de la banque ! C'est la première banque national de Beacon Hills. Mais elle est désaffectée. Erica et Boyd sont enfermés dans la salle des coffres.

Il se leva et Scott l'aida à sortir tandis que Deaton lui couvrait les épaules avec un essuie. J'échangeai un regard avec Stiles. Isaac nous regarda tour à tour.

-Quoi ?

-Tu te souviens pas ce que tu as dit avant de sortir de l'hypnose ? demanda Stiles.

Il secoua la tête.

-T'as dit qu'après t'avoir capturé, ils t'ont emmené dans une pièce sombre et qu'il y avait un corps à l'intérieur.

-Le corps de qui ?

-Celui d'Erica. T'as dit que c'était Erica.

Une dizaine de minutes plus tard, Isaac s'était rhabillé et Derek faisait les cent pas en débattant avec Stiles s'il était possible qu'Erica soit morte ou non. Je suivais leur échange et réprimai une nouvelle envie de frapper Stiles quand il fit une allusion douteuse à Gladiator.

-Alors on va les chercher ce soir, trancha Derek.

-Essaie de ne pas t'emballer Derek, fit Deaton. Ne te précipite pas sans réfléchir.

-Isaac l'a fait. Nous aussi on peut le faire.

-Mais il n'est pas entré dans la salle des coffres, lui rappelai-je.

-Il faut qu'on trouve un plan, lâcha Scott.

Je levai les yeux au ciel. Sans blague, Scott, on s'en serait pas doutés.

-En moins de 24 heures t'arriveras à trouver un plan pour t'introduire dans la chambre forte d'une banque ?

-Euh, quelqu'un l'a fait, lança Stiles. "Beacon Hills, la banque national ferme ses portes trois mois après le vol dans la salle des coffres", lut-il. Ils disent pas comment il s'y est pris mais on devrait pouvoir trouver assez vite.

-Combien de temps ?

-C'est Internet, tu connais ? C'est une histoire de deux minutes.


-Penche-toi en avant.

-Hein ?

-Isaac, je te dis de te pencher en avant.

Il me jeta un drôle de regard. Je soupirai et lui pris l'essuie des mains.

-Isaac, tu ressembles actuellement à un chien mouillé. J'ai les cheveux plus long que toi et j'avais les cheveux bouclés avant, alors tu vas m'écouter ! Penche. Toi. En. Avant.

Il soupira et s'exécuta. Je lui essorai rapidement les cheveux avant de lui couvrir la tête avec l'essuie. Je pris les bords et les plaçais en-dessous de son visage avant de les relever tout en chiffonnant ses cheveux dans le même mouvement.

Quand j'eus terminé, je le laissai se relever et il se planta devant un miroir.

-Ils sont presque secs ! Comment t'as fait ça ?

Je levai les yeux au ciel en gloussant et lui lançai l'essuie trempé en plein visage. Il grimaça.

-Pourquoi ?

-Pour avoir douté de mes talents de coiffeuse.

Son expression se fit joueuse. Avant que je puisse tenter de m'enfuir, il m'attrapa par la taille et m'attira vers lui. Il me retint d'un bras autour des hanches et commença à me chatouiller la nuque de ses mains gelées. Il connaissait mes points faibles. Je me tortillai dans tous les sens pour tenter de me dégager, les larmes aux yeux tellement je riais.

-Arrête... Is...Isaac, haletai-je entre deux éclats de rire.

-Isaac, c'est quand tu veux.

Il arrêta soudain de me chatouiller et je levai les yeux vers Derek qui nous regardait sévèrement, une lueur étrange brillant dans les yeux. Il me lâcha et je m'écartai. J'attrapai ma veste et l'enfilai rapidement.

-Je vais y aller aussi.

Scott et Stiles étaient partis un quart d'heure plus tôt et j'étais restée pour parler avec Isaac et pour m'occuper de son problème capillaire. Je saluai Deaton et embrassai Isaac sur la joue.

-On se voit au lycée. Derek, fis-je simplement en passant à coté de lui.

Je sortis et la porte claqua derrière moi.


Hey ! J'espère que ce chapitre vous a plu !

Qu'avez-vous pensé du passage Allison/Alice ? Allison devrait-elle insister ? Alice exagère-t-elle ? Que pensez-vous qu'il se soit passé entre elles deux ?

Perso c'est la partie que j'ai préféré écrire -avec le mini Allisaac à la fin-. :)

Et que dîtes-vous de l'intervention d'Ethan ? Bonne ou mauvaise chose ?

Et par rapport à Lorna ?

Comment pensez-vous que Derek va réagir par rapport au Alisaac ? Va-t-il piquer une crise ? Si oui, devant Alice ou devant Isaac ?

Bises Psychotiques,

Luna