Chapitre 12
In Articulo Mortis
Memphis, 331 ACN
Allison passa devant moi en courant.
-Ankhti ! On est repérées !
-Déjà ? marmonnai-je.
-Déjà !
Je fermai les yeux une seconde et me retins de me passer une main sur le visage. Je jetai encore quelques babioles dans mon sac avant de le jeter sur mon épaule. Je détalai à la suite d'Allison. J'eus à peine rejoint la cours principale, que j'entendis le pas lourd des gardes dans mon dos. Tout sauf des archers, pitié, tout sauf des archers, priai-je intérieurement. J'échangeai un regard avec Allison tandis que nous approchions du mur d'enceinte. Nous allions devoir monter. Soit en grimpant, soit en prenant les escaliers. J'aperçus un escalier de faction, étonnamment désert. Sans me poser de questions, je m'y engouffrai. Mon regard croisa celui d'Allison qui avait l'air d'être prête à grimper sur le mur d'enceinte. Elle avait toujours été plus douée que moi pour l'escalade. Elle me fit un signe pour me dire qu'elle me retrouverait plus tard. J'hochai la tête avant d'accélérer. En débouchant, quatre mètres plus haut, et en avisant la horde de soldats qui m'attendait en haut, et l'autre qui était en train de monter les escaliers que je venais d'emprunter. Mais pourquoi tenaient-ils tant à m'attraper ? Il y avait plein d'assassins et autres criminels multirécidivistes qui rôdaient dans Memphis, alors pourquoi moi ? Après tout, je ne faisais rien de mal, je n'avais encore tué personne, et ce n'était pas dans mes projets. Je n'étais qu'une simple petite voleuse de bas étage qui volait uniquement pour survivre.
Mais qui est-ce que je voulais tromper ? Je faisais partie des multirécidivistes cités plus haut. Après tout c'était quand même la 12ème fois que je m'en prenais au trésor royal. Rien que ce mois-ci.
Après tout, avec le couronnement du nouveau pharaon et les festivités de notre libération de l'emprise perse -qui ne faisais que nous passer sous la coupe de l'empire grec-, les gens ne feraient pas trop attention aux voleurs. En même temps après la septième fois j'aurais dû me dire que ça allait vraiment devenir louche. Enfin soit.
Je regardai les troupes de soldats m'encerclant avant de regarder le bord du mur d'enceinte. Quatre mètres. C'était réalisable. Et c'était ma seule alternative. Sans m'être réellement arrêtée, je m'élançai vers le bord de la muraille. Je resserrai ma prise sur mon sac en toile au moment où je posai le pied sur le rebord. Pas le temps d'hésiter, je sautai dans le vide. Ma chute fut brusquement arrêtée par une charrette. Mon souffle se coupa lorsque mon dos rencontra le bois. Je levai les yeux vers l'endroit d'où je venais de sauter... et d'où une quinzaine d'archers me tenaient en joue. Oh c'est pas vrai !Je me relevai précipitamment et entendis à peine le propriétaire de la charrette me hurler dessus. Je courus le plus vite que je le pus en fendant la foule. J'aperçus Stiles et me dirigeai vers lui.
-Débehenitjaenmoutef, on dégage, et on vitesse !
Je l'attrapai par le bras et l'entraînai dans mon sillage. Il manqua de lâcher le sac rempli de nourriture qu'il tenait en main. Si, dans notre équipe, Allison et moi étions celles qui prenaient le plus de risques en nous en prenant aux maisons bourgeoises, Stiles était quant à lui chargé de voler de la nourriture, autant pour nous que pour les autres.
-Où est Entechenès ?
-Aucune idée. Elle nous retrouvera.
Ou peut-être pas, ajoutai-je mentalement. Cependant j'avais assez confiance en Allison pour savoir qu'elle s'en sortirait. La foule devint plus compact, nous ralentissant. Par la même, elle empêchait les gardes de nous voir, et donc... à non ça ne les empêchait pas de nous tirer dessus. Je me baissai en entendant les flèches fuser autour de moi. Plusieurs d'entre elles percutèrent mon dos, et je bénis les dieux d'avoir penser à mettre une protection. Je lâchai un cri de douleur lorsqu'une flèche se planta à l'arrière de mon bras gauche. Je poussai Stiles dans une rue parallèle en priant pour que les gardes ne le remarquent pas. J'aperçus un temple et courus le plus rapidement que mes jambes me le permettaient jusque-là, Stiles sur les talons. J'entrai et m'appuyai sur une colonne une longue seconde.
-Ton bras, Ankhti !
-Je sais.
En vérité, je ne savais pas vraiment. Je tournai la tête et vis que la flèche était plantée presque sous mon épaule. Une traînée de sang s'étendait depuis celle-ci jusqu'à ma main. Je devais déjà avoir perdu pas mal de sang. J'avais bien fait de m'arrêter. Même si l'adrénaline me permettait de tenir le coup pour l'instant, je n'aurais pas pu continuer à ce rythme très longtemps. D'autant plus que des douleurs liées à ma chute risquaient de bientôt se réveiller. Je laissai tomber mon sac par terre avant d'arracher la flèche d'un geste vif. Une grimace de douleur et c'était terminé. J'allais déchirer un morceau de ma tunique pour m'en faire un bandage lorsqu'une voix retentit dans mon dos.
-Je ne suis pas certain qu'un temple soit le meilleur endroit pour des voleurs.
Instinctivement, je me rapprochai du mur, à l'instar de Stiles. Je fis le tour des colonnes, restant dans l'ombre. J'aperçus un homme devant l'autel d'Isis. Je devinai à son accoutrement qu'il était grec. Je n'étais pas vraiment surprise, ils étaient partout dans la cité ses derniers temps. Cependant, les voir dans un temple qui n'était pas grec était assez étrange. Je me saisis du poignard caché dans ma tunique. Je contournai les colonnes pour pouvoir me rapprocher silencieusement de l'homme.
-Tout comme je suis certaine que des soldats grecs n'ont rien à faire dans un temple égyptien, lançai-je en choisissant de changer de langue.
Alors que j'allais profiter de la surprise de l'homme pour lui mettre mon couteau sous la gorge, un autre homme apparut devant moi. Derek. Dans le même mouvement, son cimeterre finit appuyé contre ma gorge. Ce n'était pas ça qui allait me faire apprécier d'avantage les grecs. Surtout lorsque j'avais sous les yeux les abominations qu'ils faisaient avec nos armes. Il haussa les sourcils.
-Comment se fait-il qu'une vulgaire voleuse parle grec ? demanda-t-il dans sa langue.
J'esquissai un sourire narquois.
-Comment se fait-il que le grec d'une vulgaire voleuse soit meilleur que l'égyptien d'un homme grec de bonne famille ?
L'autre homme se tourna vers nous. Scott. Il avait l'air un peu plus âgé que l'homme qui me tenait avec son épée. Scott éclata de rire.
-Elle a raison. Tu parles très mal égyptien.
Tout en ne me quittant pas du regard, je vis une lueur d'exaspération s'allumer dans le regard de Derek.
-De quel coté es-tu ?
Scott esquissa un sourire moqueur avant de jeter un regard à la ronde.
-Tu peux dire à ton copain de se montrer. On ne vous fera rien.
-Reste où tu es, grondai-je les dents serrées.
-Toi, lâche ton poignard, fit Derek.
Je le défiai du regard et raffermis ma prise sur mon arme. Il appuya un peu plus fort sur ma gorge. Je sentis un léger filet de sang glisser le long de ma gorge. Je ne bougeai pas.
-Je t'ai dit de lâcher ton arme.
-Redis-le moi dans un égyptien parfait et on en reparle, ricanai-je.
Scott me lança un regard d'avertissement.
-Je te conseille de pas jouer à ce jeu-là, petite. Vous n'êtes pas en position de force.
Je vrillai mon regard à celui de Derek sans m'exécuter. Il appuya encore plus contre ma gorge. Cet homme n'était pas un tueur, je le voyais dans ses yeux. Mais je voulais savoir jusqu'où il pouvait aller.
Prise par une faiblesse soudaine, ma vision se brouilla. Je chancelai une seconde avant de m'écrouler au sol.
-Ankhti !
Stiles réapparut brusquement et se précipita vers moi. Derek fit un pas vers lui, menaçant, et pointa son épée dans sa direction.
-Cinq pas d'écart entre vous deux.
-Laissez-moi lui faire un bandage, elle va mourir ! Vous n'êtes peut-être pas d'ici, mais vous savez que la mort n'est pas le sort réservé aux voleurs, ajouta-t-il en regardant Scott.
Celui-ci soupira et fit signe à son compagnon de baisser son épée.
-C'est bon, Arès, ils ne vont pas s'enfuir.
Stiles me rejoignit rapidement et s'accroupit à coté de moi. Le choc de la chute de mon taux d'adrénaline, c'était brutal. Ma vision se brouilla et je me raccrochai au bras à son bras pour ne pas perdre pied. Je l'entendis déchirer quelque chose, probablement la tunique de l'un de nous deux. Je sentis plus que je ne vis ses mains s'activer autour de mon cou.
-Je t'interdis d'y rester, compris ? me dit-il dans notre langue. Sinon les autres vont me faire la peau.
Je grimaçai lorsqu'il serra le tissu autour de ma nuque.
-Ne te fais pas d'inquiétudes. Je t'ai promis que ce serait moi qui te ferait la peau, n'espère pas que ce soit quelqu'un d'autre.
Il répéta le même manège avec mon bras.
-C'est pas parfait, mais ça devrait te permettre de tenir jusqu'à ce qu'on rentre.
Je levai les yeux vers les deux hommes qui ne nous lâchaient pas du regard.
-Qu'est-ce que vous comptez faire de nous ?
-Pour commencer, on voudrait savoir pourquoi une fille de noble lignée vole ? fit Derek.
Il leva la main et nous montra un médaillon en or. Je ne savais pas lire ce qu'il était écrit dessus d'où j'étais, mais je savais qu'on pouvait y lire mon prénom. La chaîne avait du se rompre sur la pointe de son épée lorsque j'étais tombée.
-Je l'ai volé, répondis-je du tac au tac.
-Et lui aussi, il a volé ce médaillon ? demanda Scott.
Il empoigna Stiles pour le relever et sortit le médaillon qu'il portait sous sa tunique.
-Qui êtes-vous ?
Stiles
-On aurait pas dû venir, dit Stiles alors que Scott gémissait de douleur. Je le savais. Il fallait pas qu'on vienne.
-On devait venir, contra Scott. Il y a moins de risques si on est nombreux.
-Oui et on peut être aussi nombreux à mourir et ça s'appelle un massacre !
Stiles se rendit compte trop tard, que son ton avait peut-être été un peu trop sec. Scott avait l'air mal en point, et il savait que si Isaac et lui-même n'étaient pas autant dans le déni, ils seraient probablement dans le même état. Il refusait de se considérer comme étant en deuil, à l'inverse de son meilleur ami qui s'était habillé entièrement en noir. Cependant, Stiles avait réussi à éviter qu'il n'en parle à Mélissa ou à n'importe qui d'autre pour l'instant. Il reporta son attention sur sa tablette et tapa le mot « massacre » avant de lire :
-Un bain de sang. Un carnage. Une tuerie. Une boucherie. Mouais, trop fort.
Il se tourna vers son meilleur ami qui était au plus mal.
-Bon, ça suffit, je demande au coach de s'arrêter.
Scott tourna vivement la tête vers l'hyperactif.
-Nan, nan, nan. Je vais bien.
-Je peux te dire que t'en as pas l'air. Bon, laisse-moi regarder, ajouta-t-il en se penchant pour l'examiner.
Le loup-garou se redressa et porta les mains à son flanc pour empêcher Stiles de regarder.
-C'est bon, ça va.
-Laisse-moi juste regarder. D'accord ?
-D'accord, céda Scott.
Il releva son t-shirt et Stiles découvrit d'énormes griffures.
-Oh, merde.
-Je sais, c'est pas beau, mais c'est parce que ça vient d'un alpha. C'est plus long à cicatriser.
Stiles regarda les deux loups-garou assis un peu plus loin.
-Alors pourquoi Boyd et Isaac vont bien ?
Physiquement, compléta-t-il mentalement. Stiles savait qu'Isaac avait les nerfs à fleurs de peau. Même s'il soupçonnait que quelque chose s'était passé entre Alice et lui, ce qui était arrivé la veille semblait l'avoir totalement coupé de toute émotion n'étant pas la colère.
Scott appuya sa tête contre la vitre et ne répondit pas.
-J'arrive pas y croire. J'arrive pas à croire qu'Alice et Derek soient morts.
Lorna
-Allez, Alice, accroche-toi !
Lorna se saisit de son pinceau et le trempa dans le mélange à base de Rose de Jericho qu'elle avait fait quelques heures plus tôt. Elle déchira la chemise d'Alice et appliqua son pinceau juste au-dessus de son estomac. Elle ferma les yeux et rassembla son énergie. En serrant les dents, elle commença à tracer un pentagramme sur le ventre d'Alice. Quand elle eut terminé, elle se rendit compte que de la sueur avait commencé à perler sur son visage. Elle regarda son Livre des Ombres pour être certaine de ne pas raté une étape. Alice étant un loup-garou, elle n'était même pas sûre que ça fonctionnerait.
Ses yeux se posèrent sur le visage d'Alice. Elle avait les lèvres mauves et la peau d'une pâleur morbide. Lorna ferma les yeux une longue seconde pour se calmer. C'était de sa faute. C'était uniquement de sa faute. Si elle avait directement été trouvé la Meute Hale et qu'elle leur avait dit ce qu'elle savait, ce ne serait pas arrivé. Désormais elle espérait qu'il n'était pas trop tard.
Saint-Pétersbourg, 1914
J'allais pousser les portes de l'hôpital aménagé au palais, lorsque deux gardes en sortirent. Erica et Boyd. Ils me sourirent et l'un d'eux me tint la porte. Il s'agissait d'un garde que j'avais soigné quelques jours plus tôt. Il semblait s'être bien remis de ses blessures.
-Votre Altesse Impériale, me salua-t-il.
Je me tournai vers lui avec un sourire narquois.
-Je me souviens vous avoir dit pas plus tard qu'hier de ne pas m'appeler ainsi.
Il baissa la tête une seconde avant de m'offrir un sourire penaud.
-Pardonnez-moi, Tatiana.
-Je préfère cela. Excusez-moi, messieurs, mais j'ai du travail.
Ils m'offrirent un signe de tête en guise de salut et disparurent dans le couloir. Je regardai autour de moi et relâchai mon souffle. Le nombre de blessés n'avait pas considérablement augmenté. Donc pas de nouvelle attaque. Je sursautai lorsque Lydia apparut à coté de moi. Elle me prit les mains. Elle semblait affolée.
-Tanouchka ! Dieu merci tu es enfin là !
-Olga, qu'est-ce qu'il se passe ?
-Alexis.
Elle n'eut pas besoin d'en dire plus. Je sentis mon coeur se serrer. Même si je savais que Raspoutine avait toujours réussi à aider notre petit frère, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Mère était également très attentive à ce qu'il évite bleus, hématomes et autres blessures, mais il n'avait quand même que 10 ans, il avait le droit d'avoir une enfance normal. Aussi normale que les autres enfants impériaux en tout cas, songeai-je.
-On peut le voir ?
Elle secoua négativement la tête.
-Alors, mettons-nous au travail, j'ai besoin de m'occuper l'esprit.
Lydia hocha la tête. Elle se saisit d'une liste de nom et la parcourut rapidement.
-Dimitri Yakovlevitch Malama. C'est un officier de la cavalerie. Il vient d'arriver et n'a pas encore d'infirmière attitrée. Il est mis ici qu'il doit être opéré.
-Tu peux noter que je serais son infirmière, lançai-je par-dessus mon épaule en m'éloignant.
-Tanouchka, attends !
Elle me rejoignit en deux grands enjambées. Elle me pressa la main.
-Cesse de t'inquiéter pour Alexis, il s'en sortira. Il s'en sort toujours.
J'hochai la tête tandis qu'elle s'éloignait. Je me renseignai rapidement sur les disponibilités de nos infirmières capables d'opérer quelqu'un. En théorie, j'aurais pu le faire, mais je ne me sentais pas encore capable de le faire. Je rejoignis l'aile de l'hôpital réservée aux officiers. Dimitri ne fut pas très compliqué à trouver. Il n'y avait que trois hommes dans cette partie de notre hôpital de campagne, et je connaissais déjà les deux autres.
Cependant, comme il était couché, je ne pouvais savoir s'il était inconscient, s'il dormait, ou s'il se reposait juste les yeux. Je m'approchai doucement.
-Officier Malama ?
Isaac ouvrit les yeux. Il sembla vouloir se redresser, mais je lui fis signe de rester coucher.
-Détendez-vous, vous agiter ne ferait que vous faire d'avantage souffrir. Je suis Tatiana, votre infirmière. On doit vous opérer, mais vous allez devoir patienter encore un moment. Voudriez-vous quelque chose ?
Il esquissa un faible sourire. Je remarquai qu'il était assez jeune. Nous devions avoir le même âge à une année ou deux près.
-Juste un peu de compagnie.
Je lui rendis son sourire.
-Je peux arranger cela facilement. Mais je vais vous remplir ça avant.
J'attrapai le verre d'eau sur sa table de nuit et allais le remplir au robinet. Je le rejoignis de nouveau et lui tendis le verre. Je posai également un cachet d'aspirine à coté de lui, au cas où. Je m'assis sur le bord du lit à coté du sien tandis qu'il reposai le verre.
-Puis-je savoir comment une demoiselle aussi jeune que vous se retrouve ici, à soigner des soldats blessés ?
-Mon père est au front, ma mère s'occupe de la régence, alors avec mes sœurs nous essayons d'aider notre pays comme nous le pouvons. Et nous essayons aussi de convaincre les femmes de la noblesse de faire de même.
Je vis ses yeux s'arrondir comme il réalisa qui j'étais. Je songeai un instant que j'aurais mieux fait de me taire, avant de me dire que nous étions quand même au palais, il l'aurait su à un moment où un autre.
Isaac tenta à nouveau de se redresser. Je le réprimandai du regard et il cessa de s'agiter.
-Que vous ai-je donc dit, Officier ?
-Mais, Votre Altes...
-Il n'y a pas d' "Altesse" qui tienne ! Vous êtes blessé et je suis votre infirmière. Même en d'autres circonstances, n'ayez plus l'idée saugrenue de m'appeler ainsi. Tatiana conviendra parfaitement.
Il esquissa un sourire narquois.
-Je vous appellerai Tatiana si vous daignez m'appeler Dimitri.
Il plongea son regard dans le mien et je me sentis rougir. J'haussai les sourcils.
-Seriez-vous en train de me faire du chantage, Officier ?
-Je n'oserai jamais, Altesse Impériale.
Je voulus lui jeter un regard noir mais ne réussis pas à garder mon sérieux.
-Très bien, Dimitri. Vous avez même gagné le droit de m'appeler Tanya.
Son sourire s'agrandit. Il ouvrit la bouche pour répondre. Je n'entendis cependant pas ce qu'il dit, soudain tirée en arrière, je sombrai dans les ténèbres.
Lorna
-Encore un petit effort, je t'en supplie, reste de ce côté.
Lorna posa sa main gauche dans le récipient à coté d'elle contenant un mélange de poudres de différentes plantes. Aconit Napel, Belladone et Angélique des bois. Elle pria pour que l'aconit présente dans la mixture ne fasse pas réagir Alice trop violemment. Heureusement, elle avait prévu le coup. D'autant plus de Lorna n'était pas une grande adepte de la magie noire, elle préférait même l'éviter. C'était d'ailleurs pour se déculpabiliser qu'elle avait ajouté l'angélique des bois, plante utilisée en magie blanche. Normalement l'aconit et la belladone devraient fonctionné, mais elle préférait garder une sorte d'assurance. Elle saisit une poignée de poudre qu'elle jeta sur Alice. Elle réitéra son geste trois fois. Elle songea que le fait qu'Alice ne respire plus était une bonne chose. Au moins elle n'inhalerait pas trop d'aconit.
Elle plaça sa main droite sur le diaphragme d'Alice et l'autre sur son front. Elle ferma les yeux et pris une profonde inspiration.
-Moi, Morgana, Prêtresse d'Hécate en appelle à la force des Grands Immortels. J'invoque Pluton, Proserpine, Yama, Izanami, Kali, Thanatos, Freyja et Anubis. Permettez-moi de vous reprendre une âme partie prématurément. Par le pouvoir de mes ancêtres, je vous en prie, Ô Grands Dieux Immortels laissez cette âme rejoindre le monde Terrestre.
Lorna sentit une vague d'énergie afflué en elle. Ses mains se mirent à chauffer. Elle imagina une ligne d'énergie dorée descendre le long de son bras gauche, sa main de pouvoir, tandis qu'une ligne d'énergie noire remontait le long de son bras droit. Elle enleva doucement sa main gauche et se ressaisit de la poudre qu'elle jeta de nouveau trois fois sur la louve en visualisant les étincelles dorées de son pouvoirs se répandre avec la poudre.
Elle expira profondément avant de réciter la deuxième partie de sa formule.
-J'invoque Artémis, Sucellos, Diancecht. Par ma magie, je me porte garante de cette âme en peine. Par le pouvoir de mes ancêtres, je vous en prie, Ô Grands Dieux Immortels, laissez cette âme rejoindre son corps.
De sa main droite cette fois, elle se saisit de la poudre et en jeta de nouveau sur Alice.
-Je m'en remets à la sagesse des Grands Immortels. Par la règle de trois pas trois, je clôture ce rituel.
Lorna sentit progressivement la magie quitter son corps tandis que les dernières étincelles dorées s'échappaient du bout des doigts de sa main gauche. Elle retira ses mains.
Un moment qui lui sembla durer une éternité s'écoula. Elle ignorait s'il s'était écoulé une seconde ou d'une heure.
Alice prit soudain une grande inspiration et ouvrit brusquement les yeux. Elle se redressa dans le même mouvement et fut prise d'une violente quinte de toux. Lorna attrapa rapidement son sac et en sortit la bouteille d'élixir qu'elle avait préparée. Elle la donna à Alice qui la but d'une traite. L'adolescente se demanda une seconde si c'était une bonne idée avant de se dire que ce n'était de toutes façons que de l'eau à la base.
Quand Alice sembla avoir repris sa respiration, elle tourna vers Lorna un regard déboussolé brillant de larmes.
Lorna écarta théâtralement les bras et sourit.
-Bienvenue dans le monde des vivants !
Hey !
Dites-moi que vous n'êtes pas trop trop perdus !
Si vous avez des questions concernant n'importe quoi, n'hésitez pas (et peut-être qu'Alice pourrait se poser les mêmes questions qui sait...)
Votre pensée se précise-t-elle concernant Lorna ?
Qui étaient Allison, Stiles et Alice à Memphis d'après vous ?
Bises Psychotiques,
Luna
