Chapitre 13
Motel Californie
Je considérai la fille à genoux à coté de moi une longue minute. Je la connaissais, je le savais. Impossible de revenir sur son nom. Impossible aussi de comprendre le sens de ses paroles. Une nouvelle quinte de toux mit fin à ce moment de gêne. Un horrible goût de bile me vint en bouche. Je me penchai brusquement sur le coté, prise d'un haut-le-coeur. La fille me tendit un mouchoir pour que je m'essuie les lèvres. Une étrange odeur d'aconit me parvint. Je plissai le nez. Ces derniers temps j'étais un peu trop en contact avec cette plante à mon goût.
Je laissai mon regard se perdre dans le vide un long moment. Quand j'eus totalement reprit mes esprits, je levai la tête vers la fille.
-Lorna ?
-Salut Alice.
Désormais assise sur le sol de l'appartement de Lorna, je jouai nerveusement avec les poils de son tapis. Elle me rejoignit, trois sandwiches à la main. Elle m'en tendit deux.
-Interdiction d'en laisser.
Elle s'assit dans le canapé et entama son propre sandwich. Elle me demanda si je ne voulais pas la rejoindre dans le fauteuil, mais je secouai négativement la tête. Être par terre me permettait de rester sur terre.
-Tu commences à te remettre ?
Je levai les yeux vers elle.
-Tu m'as annoncé il y a moins d'une heure que j'étais morte et que tu m'avais ressuscitée ! Alors excuse-moi, mais je vais avoir besoin d'un peu plus de temps pour réaliser.
Lorna pencha la tête et ses boucles noirs effleurèrent l'accoudoir.
-Techniquement je ne t'ai pas ressuscité, je t'ai seulement ramenée. En fait on ne peut parler de résurrection que si on doit ramener l'âme du monde des morts. Le passage se fait entre 2 heures et 3 jours après la mort. Heureusement, tu ne l'avais pas encore fait. Je n'aurais pas eu les compétences suffisantes pour te ramener de l'Autre Côté, même en implorant Perséphone, Hadès ou n'importe qui d'autre.
Je la considérai une longue minute tout en mangeant mon sandwich. Je n'avais absolument rien compris à ce qu'elle venait de dire. C'était sans importance.
-D'ailleurs je voudrais bien savoir comment t'as fait. Je veux dire, s'il y a une façon d'empêcher les gens de crever ça m'intéresserait pas mal tu sais. Ma mère aussi, elle est infirmière.
Lorna soupira.
-La magie n'est pas une plaisanterie, Alice. Et elle n'est pas à la portée de tout le monde. Je suis une Prêtresse. Enfin c'est le terme que je préfère. On peut aussi me qualifier de Druidesse, Chamane, Vate, etc... On va juste éviter Sorcière. Vu que les loups-garou existent, je ne vois pas pourquoi les sorciers n'existeraient pas.
J'esquissai un sourire en songeant à Magnus. Oui, les sorciers existaient, et ils aimaient beaucoup les paillettes.
-OK, donc tu es une Prêtresse.
-Une Prêtresse d'Hécate exactement. En gros c'est la déesse de la sorcellerie -entre autre-. Certains appellent ce que je pratique la Wicca -alors au sens très large-, moi j'appelle ça simplement la magie blanche. Elle s'appuie beaucoup sur le principe de la volonté, et du Quand on veut, on peut. Bon, d'accord, peut-être pas aussi radicalement. Elle permet d'aider à la guérison de blessures et maladies plus ou moins graves. Certains sont Passeurs d'âmes, ils font passer dans l'Au-delà les âmes coincées sur terre, mais c'est pas trop mon truc les âmes errantes. Tout ce qui est vies antérieures, réincarnation, et tout et tout a pas mal d'importance aussi. On peut communiquer avec les esprits aussi. Ceux des morts comme les autres.
Je fronçai les sourcils.
-"Les autres ?"
-Ouais, les esprits de manière générale. Les esprits des éléments, des maisons, de la nature de manière générale. D'ailleurs il y en a ici. Ils sont derrière toi, ils te disent bonjour.
Je sursautai et me retournai. Je ne vis absolument rien hormis l'appartement de Lorna. Je l'interrogeai du regard. Elle haussa les épaules.
-Tout ne monde ne peut pas les voir comme ça.
-Et euh... ils sont où ?
-Juste derrière toi. Tu peux leur répondre, tu sais. C'est David et Albert.
Je me retournai et tentai en vain de les trouver. Je levai la main.
-Hum... salut, les gars ?
OK, même pour moi, ça devenait carrément bizarre. Et pourtant j'étais sortie avec un gars possédant du sang d'ange. Lorna éclata de rire. Je lui lançai un regard.
-Quoi ?
-Mauvais côté, mais c'est pas grave.
Je fronçai les sourcils et la dévisageai une longue seconde.
-Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
-Rien.
-Ton coeur fait du 300 à l'heure, essaie pas de me prendre pour une conne.
Elle fit mine d'être surprise. Je levai les yeux au ciel.
-T'as déjà mentionné les loups-garou plusieurs fois. On sait toutes les deux que tu connais ma nature. Alors qu'est-ce que tu me caches ?
-Rien, je te promets ! C'est juste que c'est toujours un peu stressant de parler de ça à quelqu'un. J'ai toujours l'impression qu'on va me prendre pour une folle.
Même si je n'entendais pas les battements de son coeur, j'aurais été convaincue qu'elle me mentait. Je n'étais pas idiote à ce point.
Scott
-Allô ?
-Il faut vraiment qu'on parle. C'est urgent. Vous rentrez quand ? Et d'ailleurs pourquoi vous êtes toujours pas rentrés de votre course débile ?
Scott se dit qu'il avait dû recommencer à halluciner. Il sentit ses yeux commencer à le piquer.
-Alice ?!
-Qui veux-tu que ce soit ?
Non, ce n'était pas possible. Alice était morte, il en était certain. Il se revoyait encore accroché au corps de sa sœur, en pleurs. Il se souvenait lui avoir fermé les yeux, incapable d'affronter son regard marron si semblable au sien.
Stiles revint dans la chambre et l'interrogea du regard. Scott écarta le téléphone de son oreille. Il regarda Stiles, désemparé, et mit le haut-parleur.
-Dis-moi que toi aussi tu l'entends.
-A qui tu parles ?
Stiles écarquilla les yeux. Scott put d'ailleurs voir que les yeux de son meilleur ami s'étaient mis à briller comme s'il se retenait de pleurer.
-Ou alors on est devenus fous tout les deux, murmura Stiles.
-Stiles ! J'espérais que tu serais avec Scott. Mais si vous continuez à m'ignorer, moi, je vais vraiment commencer à devenir folle.
-Désolé, fit Scott, des larmes dans la voix. C'est juste que... comment est-ce possible. Tu... tu étais...
-Morte ? Techniquement oui. C'est en partie de ça qu'il faut qu'on parle. Mais pour l'instant c'est pas important. C'est pas pour ça que je t'appelais.
-Ca fait deux jours qu'on te croit morte ! s'écria Stiles. Tu peux pas appeler comme ça et dire que c'est pas important. T'as ressuscité, bordel ! T'es une putain de morte-vivante ! Rassure-moi, tu ne t'es pas transformée en vampire ?
Scott leva les yeux vers son meilleur ami qui faisait les cent pas à travers la pièce. Il avait le visage rouge et il lui sembla que des larmes avaient coulé sur ses joues.
-Techniquement, je n'ai pas vraiment ressuscité non plus, je vous expliquerai. Et je ne suis ni une morte-vivante, ni un vampire, je suis toujours parfaitement humaine. Enfin loup-garou. Vous saviez qu'on avait une sorcière à Beacon Hills ?
Une autre voix leur parvint en arrière-plan. Scott comprit quelque chose comme "Je suis une ...esse". Enchanteresse ? Un truc dans l'idée ?
-Oh, c'est pareil... Enfin du coup vous revenez quand ?
-Demain dans l'après-midi.
-OK, maintenant, pour l'amour du Ciel, pourriez-vous me dire où est Derek ?
Ils échangèrent un regard et gardèrent le silence.
-Les gars ? Je déteste ce genre de silence. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Les deux garçons se regardèrent, chacun espérant que l'autre parlerait. Stiles leva les mains l'air de dire "C'est ta soeur, pas la mienne". Scott lui jeta un regard mauvais.
-Alice... Derek est... Il est mort ce jour-là.
Il y eut un blanc de quelques secondes avant que le rire d'Alice ne retentisse à travers le portable de Scott.
-Vous allez vraiment devoir apprendre à porter plus d'attention à vos morts. Il n'y avait absolument personne. A moins que quelqu'un soit venu récupérer le corps de Derek, ce qui est peu probable, il doit aussi être toujours vivant. Je mène mon enquête, et je vous tiens au courant.
Elle raccrocha. Les deux garçons fixèrent le téléphone une longue minute. Stiles finit par secouer la tête.
-On devrait prévenir Isaac et Allison, leur dire qu'elle va bien.
Scott hocha la tête, sonné, les yeux toujours rivés à son portable. Il avait l'impression de nager en plein rêve.
-Je vais leur dire, continua Stiles, j'ai besoin de prendre l'air.
Alice
Je me garai devant l'immeuble où vivait Derek. En un sens, j'avais presque peur de monter. Peur de découvrir qu'il n'était pas là. Et si c'était le cas, j'ignorais vraiment où est-ce que je devrais chercher. J'étais partie de chez Lorna quelques minutes plus tôt. Elle m'avait avouée être à l'origine du message que j'avais reçu le soir de la pleine lune. Elle disait que son nom de Prêtresse était Morgana. D'après ce que j'avais compris pour lancer des charmes (Lorna m'avait formellement interdit d'employer le mot "sort"), les pratiquants de la magie utilisait un autre nom, qui était en quelque sorte leur identité magique.
Certains loups-garou avaient dû en entendre parler, parce que je restais convaincue que Deucalion n'était pas le vrai prénom du concerné.
Je sortis de ma voiture et montai quatre à quatre les marches menant au dernier étage. Une violente odeur de sang me prit à la gorge. Je grimaçai. Je fronçai les sourcils en constatant que la porte n'était pas verrouillée. Je l'ouvris rapidement et me figeai.
-Mademoiselle Blake ?
Elle me dévisagea, l'air aussi surprise que moi. Mon regard dériva vers Derek, allongé sur son lit, des énormes plaies sur le ventre. Pourquoi n'avais-je rien senti ? Le lien aurait dû me le signaler, quelque chose clochait. J'oubliai déjà la présence de ma prof de littérature et courus vers le loup-garou. Je relâchai mon souffle en constatant qu'il respirait.
-Alice ?
Je reportai mon attention sur la femme devant moi. Je croisai les bras.
-Je peux savoir ce que vous faîtes ici ?
-Derek... Derek m'a dit qu'il fallait l'amener ici. J'ai... j'ai voulu appeler une ambulance, mais... il... enfin je...
-Il vous a défendu de le faire, complétai-je. C'est normal. Calmez-vous. Il va s'en remettre. Il a déjà connu pire que ça.
Un frisson me parcourut l'échine en songeant à la fois où j'avais cru que Peter l'avait tué. S'il avait survécu cette fois-là, il pouvait tout à fait survivre maintenant. Il le devait. Je glissai ma main dans la sienne. Je fermai les yeux une seconde pour me concentrer sur sa douleur. Quand je rouvris les paupières, des veines noires couraient sur mon avant-bras. Je grimaçai tandis qu'une vague de douleur me traversait. Ma vision passa au rouge et Blake eut un mouvement de recul. Je lâchai la main de Derek. Je tanguai et ma vision vacilla. Je tentai de me retenir à une poutre, mais finis quand même par terre. Je levai la tête vers Blake alors que son coeur battait encore plus vite. Si elle continuait comme ça, elle allait finir par faire un infarctus. Et si elle voulait qu'on la ménage, elle était vraiment tombée sur la mauvaise personne. Je réfléchis à ce qu'aurait fait Scott dans cette situation. Il savait y faire en général. Je levai les mains.
-Du calme. Je ne vais pas vous faire de mal.
-Tu es... ?
-Mouais. Je suis comme lui. Et je me contrôle parfaitement bien. Vous n'avez rien à craindre de moi, ajoutai-je en me relevant.
Elle me considéra un moment avant d'hocher lentement la tête.
-Tu saignes ! s'écria-t-elle.
Je baissai les yeux. Ma chemise était imbibée de sang. Ca c'était pas bon. Je relevai le bas de ma chemise pour découvrir mon ventre. Mes blessures s'étaient rouvertes. Vraiment pas bon
-Fais chier, marmonnai-je avant de lever la tête. Je suppose que vous n'avez pas trouver de bandages ?
Elle secoua la tête. Ca m'aurait étonnée. Je me dirigeai vers la salle de bain.
-Criez si vous avez besoin de moi, lançai-je avant de fermer la porte.
Je me postai devant le miroir et inspectai mieux mes blessures. Elles ne s'étaient pas rouvertes trop profondément. Ca avait l'air d'aller. Je nettoyai tant bien que mal le sang avant de m'appuyer sur l'évier.
Pourquoi avais-je l'impression que plus le temps passait, plus la situation dégénérait ? A l'origine, il n'y avait que quelques personnes au courant de l'existence du surnaturel : les êtres surnaturels concernés -Lydia exceptée-, les chasseurs et Stiles ! Maintenant c'est presque comme si toute la ville savait qui nous étions. D'autant plus qu'il y avait de plus en plus de loups-garou dans la région.
Et plus les jours avançaient, plus nous nous rapprochions dangereusement de la mort. Un jour nous ne nous en sortirions pas. Enfin, pour ma part c'était déjà fait. J'étais déjà morte une fois. Idem pour Peter. J'en venais à me demander si Beacon Hills allait nous faire le remake de Supernatural, où tout le monde meurt mais ressuscite juste après.
Des voix me parvinrent de derrière la porte.
-...faut que j'aille prévenir les autres. Ils me croient morts.
Techniquement, pour Scott et Stiles ça ne devait plus être le cas.
-Tu sais combien de personnages de roman simulent leur propres morts pour s'en sortir ? demanda Blake. T'as déjà lu Les Misérables ? Le Conte des deux cités ? Roméo et Juliette ? Et tu ressembles à une gigantesque blessure béante, je ne suis même pas sûre que tu sois bien vivant.
Wow, wow, wow, elle est en train de le draguer, là ? Je me rhabillai, et poussai la porte de la salle de bain.
-Sur ce point, je suis d'accord. Tu ne bouges pas d'ici.
Derek écarquilla les yeux en me voyant. Il pâlit sensiblement si bien que j'eus peur qu'il ne s'évanouisse à nouveau.
-Alice ? Mais comment est-ce possible ? Tu...
-Longue histoire, l'interrompis-je en croisant les bras. Maintenant recouche-toi. Tu dois encore cicatriser.
-Je vais bien, marmonna-t-il en essayant de se lever.
Il se rassit en voyant mon regard assassin. Il leva les mains en signe de reddition. J'esquissai un sourire narquois.
-Ose encore dire que je ne suis pas la plus forte. J'étais plus amochée que toi et pourtant moi je tiens debout.
-Il y a du sang sur ta chemise.
Je balayai sa remarque d'un geste de la main.
-C'est qu'un détail. Et puis je suis même pas sûre que ce soit le mien. Repose-toi maintenant, on ne bouge pas de là.
Derek
-Tu n'as rien. Pas de bandages, ni de quoi faire un pansement, fit Jennifer. J'ai regardé partout.
-D'habitude je m'en passe.
-Et comment on te remet d'aplomb ?
-On attend, fit-il avant de soupirer. Tu devrais pas être là...
-Et pourquoi ça ?
Derek laissa son regard dériver vers Alice qui s'était endormie dans le divan une demi-heure plus tôt d'après les dires de Jennifer.
-Parce que tu ne me connais pas, finit-il par répondre. Tu ne sais absolument rien de moi.
-Peut-être que j'ai envie de me fier à ce que je ressens.
D'un coté, Derek était heureux qu'Alice se soit assoupie et n'entende pas ce que disait Jennifer, ni la vitesse à laquelle battait son cœur. D'un autre coté, il aurait voulu que la louve soit réveillée pour que Jennifer ne se laisse pas aller comme elle le faisait.
Il avait cru être en train d'halluciner lorsqu'il avait vu Alice arrivé tout à l'heure. Elle ne pouvait pas en avoir réchappé. Il l'avait clairement vue cracher des flots de sang alors qu'Ennis enfonçait ses griffes dans son dos. Derek n'avait pu s'en empêcher, il s'était précipité vers elle lorsqu'Ennis l'avait jetée par terre comme une vulgaire poupée de chiffon. Et il avait fait face à son regard voilé, vide de toute étincelle de vie.
Et c'était uniquement de sa faute.
-Tu ne devrais pas. Tout les gens de mon entourage... je ne leur attire que des souffrances.
Sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, son regard se posa à nouveau vers Alice. Il fixa l'adolescente à moitié couchée dans le canapé, les jambes pendant dans le vide, dont la poitrine se soulevait et s'abaissait avec régularité. En un sens, il ne croyait toujours pas en sa présence. Comme si Alice n'était pas réelle.
Jennifer suivit le regard de Derek et sembla enfin comprendre. Elle soupira légèrement avant d'esquisser un sourire amer.
-Evidemment. Elle n'est pas simplement ta protégée. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?
Derek baissa les yeux. Il se posait la question depuis des mois et il n'avait toujours pas trouvé de réponse. Jennifer hocha la tête. Elle avait dû prendre son silence pour une approbation. Elle se releva et se dirigea vers la porte.
-Je suis désolé, fit-il en regardant toujours le sol.
Elle lui jeta à peine un regard avant de sortir.
Alice
-T'aurais pas dû te lever, marmonnai-je. Ni la laisser partir.
J'ouvris les yeux et fixai le plafond du loft. J'aurais pas dû m'endormir dans cette position, je sentais que mon dos allait me le faire payer dès que je me lèverais. Même si je ne voyais pas Derek dans ma position, je ne manquai pas de noter qu'il était mal à l'aise. Dès que j'avais ouvert la bouche, il s'était brusquement arrêté d'arpenter la pièce et j'avais entendu son coeur rater un battement.
-Je ne l'ai pas mise dehors.
Je me redressai pour m'asseoir en tailleur dans le fauteuil. Je constatai que Derek, debout devant la baie vitrée me tournait le dos. Je remarquai qu'il était assez tendu. Et que ses blessures ne semblaient pas cicatriser.
-Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais vu la façon dont elle a claqué la porte, tu ne l'as pas vraiment encouragée à rester.
La tension dans ses épaules se relâcha. Il me fit face et il esquissa un petit sourire amusé lorsque nos regards se rencontrèrent. Je croisai les bras et lui fis les gros yeux.
-Assieds-toi. Tu n'es pas en état de te balader comme ça. D'ailleurs tu n'as vraiment pas l'air de cicatriser.
Je me levai pour le rejoindre et examiner ses blessures.
-Je suis un alpha, tu n'es plus en position de me donner des ordres, marmonna-t-il tout en s'asseyant sur le bord du lit.
J'haussai un sourcil, moqueuse.
-Techniquement le lien me donne toujours l'ascendant sur... Oh mon Dieu ! Le lien !
Derek me dévisagea sans comprendre.
-Quoi le lien ?
Je n'y avais pensé et pourtant ça tombait sous le sens, ça n'aurait rien pu être d'autre. C'était pour cette raison que je n'avais rien su de l'état de Derek avant de l'avoir vu.
-Le lien a disparu, murmurai-je.
-Ca devrait t'arranger, tu me détestes, marmonna le loup-garou.
Je l'observai une seconde avant de soupirer. J'avais essayé. J'avais vraiment essayé de le détester, mais je n'y étais jamais parvenue. Plus j'avais essayé de le détester, plus je m'étais détestée. Je m'accroupis pour mettre mon visage à sa hauteur. Il détourna le regard. Je manquai de froncer les sourcils en remarquant qu'il était nerveux.
-Tu sais très bien que je ne pourrais jamais te détester...
Nos yeux se croisèrent. Nous nous dévisageâmes en silence un long moment. La fragilité que je lisais dans le regard de Derek me brisa le coeur. Sa main glissa sur ma joue et il caressa ma pommette. Je fermai les yeux, m'abandonnant à ce contact.
Je me relevai à contrecœur. Je ne pouvais pas faire ça. Pas maintenant, pas avec tout ce qu'il se passait.
J'allais dire à Derek qu'il fallait que je parte, mais il ne m'en laissa pas l'occasion.
-Reste.
-Derek, je...
Il m'attrapa la main et me força à lui faire face.
-Je ne te laisserai pas reprendre la route. Toi aussi tu as besoin de guérir.
Je souris doucement. Je tentai de réprimer l'étrange sentiment qui naquit en moi face à sa sollicitude.
-Je vais parfaitement bien, je n'ai plus aucune blessure.
Il haussa un sourcil.
-Permet-moi d'en douter.
Et le Derek Hale habituel était revenu. Il me semblait bien qu'il y avait un truc qui clochait. Je lui lançai un regard de défi, légèrement exaspérée. Je déboutonnai ma chemise et la lançai sur la table basse. Je me retournai et relevai mon top pour lui montrer mon dos, là où les blessures avaient été les plus profondes.
-Tu vois ? Ce ne sont plus que des égratignures.
Il effleura mon dos du bout des doigts ; je frissonnai. Et je n'essayai même pas de me convaincre que c'était parce qu'il avait les mains froides. Il laissa sa main courir le long de ma colonne et posa son autre main sur ma taille. Il m'attira contre lui et m'obligea à me retourner. Je ne saurais dire s'il s'agissait de son initiative, de la mienne, ou des deux, mais nos lèvres se trouvèrent l'instant suivant.
Une petite voix dans les tréfonds de mon esprit me cria que ce n'était pas une bonne idée. Après tout j'avais quand même rembarré Isaac quelques jours plus tôt. Les lèvres de Derek se firent plus pressantes alors qu'il remontait mon top. Nous nous écartâmes le temps que je l'enlève et qu'il aille rejoindre ma chemise. Je savais que je ne devais pas me laisser aller comme ça, c'était très très mauvais. Derek n'était pas Jace, ce ne serait pas sans conséquences.
Je lâchai un grognement que je remarquais à peine lorsqu'il me mordilla le cou. Je me laissai tomber sur le lit et tirai sur sa ceinture pour l'entraîner avec moi. Les yeux de Derek s'illuminèrent d'un éclat rubis, et je sus que mes yeux devaient faire de même. J'entendis vaguement la petite voix se remettre à tenter de me dissuader de faire ça, avant que le loup-garou ne revienne à l'assaut de mes lèvres.
Oh et puis merde.
Je suis très mitigée quant à ce chapitre. Ca faisait un moment que je n'avais plus eu ce sentiment de détester et aimer en même temps un truc que je venais d'écrire.
J'espère qu'il vous a plu !
Alors qu'avez-vous pensé de Lorna ? C'est un peu plus clair ?
Concernant Dalice ?
Et Blake/Alice, ça va donner quoi maintenant ?
Bises Psychotiques,
Luna
