Chapitre 16

La Fille qui en Savait Trop

-C'est bien, tu t'améliores. Maintenant, tu parviendrais peut-être à tenir quelques minutes face à une ceinture bleue de karaté humaine.

Lorna me jeta un regard mauvais.

-Tu sais que tu as une façon bizarre d'encourager les gens ?

Disons que j'ai eu un bon prof.

-Je ne te ménage pas. Tu dois savoir de quoi tu es capable, et de quoi tu n'es pas capable si tu veux affronter un loup-garou.

-D'accord. Mais pas aujourd'hui. Là je suis épuisée.

J'hochai la tête. Elle s'attacha rapidement les cheveux n'importe comment et me fit signe de la suivre. Elle s'assit sur la table de sa cuisine tandis que je m'appuyai sur le plan de travail.

-Je peux te poser une question par rapport à... enfin tu sais bien, fis-je en agitant vaguement la main.

-Bien sûr.

-Est-ce que les âmes soeurs existent ? Enfin je veux dire dans tes croyances, la Wicca.

Je n'y croyais pas, mais c'était une question qui me trottait dans la tête depuis plusieurs jours. Elle esquissa un sourire amusé.

-Je ne pensais pas que tu étais ce genre de fille. La réponse est oui et non. En tout cas pas dans le sens où la culture populaire le laisse entendre. On n'a pas une âme soeur, avec laquelle on est vouée à se retrouver dans chaque vie. Non ça pour les contes de fées c'est bien gentil, mais c'est tout. Mais dans cette idée là, il y a les couples en a 7 chacun. Un par Chakra.

-Comment on fait savoir qu'on forme un couple divin avec quelqu'un ?

-Comme pour le reste, fit-elle avec un sourire énigmatique. Si tu veux savoir, il ne fait aucun doute que Scott est un de tes époux divins.

J'eus un hoquet de surprise avant d'écarquiller les yeux. On parlait de mon frère là !

-Scott ? Scott McCall, mon frère ? Wow, non, j'aurais jamais ce genre de pensée vis-à-vis de lui ! C'est juste... non !

Lorna éclata de rire.

-Alors oui, en général, les couples divins sont faits pour finir ensemble. Mais tu te vois réellement mariées avec sept personnes ?

-Je ne me vois pas mariée du tout, marmonnai-je.

Elle ignora ma remarque.

-Et puis ça change d'une vie à l'autre. Vous n'avez pas toujours été de la même famille. Et puis tu vas normalement les rencontrer tout les sept et tu ne vas pas sortir avec tous. Je dirais même qu'il s'agit de ton âme soeur du Plexus Solaire.

Je réfléchis un instant. C'était lequel encore... Le troisième, celui entre la poitrine et le nombril. Ou quelque part par là.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Elle haussa les épaules.

-Une intuition. Mais vu la tête que tu as fait, je sais que c'est vrai. Tu pourrais le savoir aussi, il suffit que tu laisses venir. Et que tu te fasses confiance. Tu es un loup-garou, tu as une affinité avec la magie. Evidemment la tienne, c'est une magie plus brute que la mienne, mais, honnêtement, avec un peu d'entraînement tu pourrais maîtriser la magie blanche. C'est à la portée de tout le monde.

Une pensée me traversa l'esprit tandis qu'elle parlait.

-Isaac aussi est une de mes âmes soeur, n'est-ce pas ?

Elle avait les yeux rivés à mon visage, mais son regard se troubla. Je savais qu'elle essayait de vérifier ou de voir si elle pouvait avoir des informations. Elle hocha la tête.

-Chakra du Coeur ? risquai-je.

-Il me semble. Tu vois, c'est pas compliqué. Tu en connais déjà d'autres aussi. Si tu les trouves je pourrais te donner confirmation. Tu en connais...3 autres. Non, 4. Je suis pas sûre, c'est pas claire. 3 ou 4.

-Stiles, lançai-je sans réfléchir.

-Non. Vous êtes dans une relation d'aide. Ca veut dire que vous vous retrouvez dans la plupart de vos vies pour vous aider mutuellement à avancer. Mais ce n'est pas un de tes époux divins. Ca pourrait s'apparenter à notre définition d'âmes soeurs.

-Derek ? fis-je, la gorge nouée.

Elle hocha lentement la tête.

-Chakra de la Gorge, lié à la vérité.


-Les idiomes, les analogies, et les comparaisons sont tous des outils dont se servent les écrivains pour raconter leurs histoires.

Mademoiselle Blake continua son tour dans la classe et ralentit en passant à côté de moi. Je sentis une odeur de jalousie, si bien que je dus retenir un ricanement. Si elle voulait Derek, je lui laissais. Je levai la tête vers elle mais constatai qu'elle avait continué son chemin et se trouvait désormais à côté de Lydia.

-Lydia. Je ne savais pas que tu avais autant de talents cachés.

-Comme tous les garçons avec lesquels je suis sortie.

Je me penchai pour voir ce que la rousse faisait. Elle dessinait. Et plutôt bien je devais l'admettre. Et je n'allais pas la blâmer, je faisais pareil pendant la plupart de mes cours, surtout quand ce qu'on voyait était trop facile. Blake secoua la tête et reprit.

-Et bien, c'était un idiome. Les idiomes sont comme un langage secret pour les personnes qui connaissent les subtilités de la langue ou de la culture. Leurs phrases ne peuvent avoir un sens que si vous connaissez les mots-clés. Renaître de ses cendres ne peut se connaître que si on connait l'histoire du phœnix. Ou une phrase comme avancer ses pions fait référence...

-Aux échecs, répondit Stiles.

-Exactement, Stiles. Tu y joues ?

-Nan, mais mon père oui.

-Maintenant dîtes-moi quand un idiome devient-il un cliché ?

Elle repartit à l'avant de la classe et je vis mon frère se pencher vers Stiles. Je reportai mon attention sur la fenêtre. J'aperçus plusieurs premières années qui se prélassaient au soleil, affalés dans la pelouse qui bordait le lycée. Qu'est-ce que je les enviais. La journée allait être longue. Oh, la conversation des deux idiots devait toujours être plus intéressante que ce que racontait Blake.

-Premièrement, pour moi il est impensable qu'on en arrive au point où la phrase "Et si le darach était un émissaire pour les alpha." ait un sens. Et deuxièmement ça va être compliqué d'avoir Ethan.

Effectivement, c'était beaucoup plus intéressant. Plus bizarre, mais plus intéressant.

-Pourquoi ça ? demanda Scott.

-Faut passer par Aiden. Depuis qu'il est revenu en cours, ils sont toujours ensemble. Comment on va les séparer cette fois ?

Ils se tournèrent tous deux vivement vers Lydia. Je ne voyais pas son expression, mais il ne fut pas difficile de remarquer l'exaspération dans sa voix.

-Quoi encore ?

Alors que Stiles tentait de la convaincre de distraire Aiden, je captai le regard de Scott. Je touchai mon oreille pour lui faire comprendre qu'il devait m'écouter. En saisissant le regard noir de Blake sur ma personne, je baissai la tête vers ma feuille.

-Tu es conscient qu'Ethan n'acceptera jamais de vous parler ?

-Non, mais toi, il te parlera.

-Non, grondai-je. Plus depuis le loft.

J'avais dû parler un peu trop fort car la fille assise devant moi se retourna et me fit signe de me taire. Je mimai un "désolée" et elle reporta son attention sur le cours. Je n'avais pas dit à Scott ou à n'importe qui d'autre les véritables circonstances de ce qu'il s'était passé. Je n'osais pas leur avouer que j'avais accepté d'aider Deucalion. En même temps ça ne les regardait pas ! Mais plus j'y pensais, plus je me demandais ce qui m'était passé par la tête. Pourquoi avais-je fait confiance à Deucalion ? Je voyais bien où ça m'avait amenée.

-C'est toi qui ne veut plus leur parler. Pas l'inverse.

Je relevai la tête et foudroyai le dos de mon frère du regard.

-C'est hors de question.


-Pourquoi tu veux encore me parler ? J'ai aidé à tuer ton pote. Qui sait si je vais essayer d'en tuer un autre ?

Je fermai les yeux un instant. Pourquoi fallait-il que je passe maintenant ? Le sort s'acharnait contre moi !

-C'est moi qu'il regarde ? fit Stiles. Est-ce que tu me menaces ? Tu sais ce que je vais faire ? Je vais couper une énorme branche de sorbier, je vais l'envelopper dans de l'aconit tue-loup, la rouler dans du gui et te l'enfoncer dans ton...

-Wow, wow, wow, Stiles, c'est bon, l'interrompit Scott, un sourire dans la voix. On a compris.

Après un soupir, je les rejoignis sur les escaliers, sous leur regard surpris. Quitte à être là... Je me plantai à coté de l'hyperactif et croisai les bras.

-T'aurais dû le laisser finir, je n'avais jamais entendu Stiles proférer une menace pareille. Même si elle n'était pas justifiée, ajoutai-je avant de me tourner vers Ethan. On sait tout les deux que tu ne lui ferais pas de mal. Tu ne voulais déjà pas en faire à Boyd.

-Je crois que si ça se représentait, enchaîna Scott, tu le referais pas.

Ethan soupira.

-Tu savez pas ce qu'on leur doit. Surtout à Deucalion. On était pas comme Kali et Ennis quand on l'a rencontré. On était pas des alpha.

-Vous étiez quoi ?

-Des omega. Dans une vraie meute de loups, les omega sont des boucs-émissaire. Ce sont les derniers à manger, ceux qui doivent se soumettre au bon vouloir de la meute.

-Alors avec ton frère vous étiez comme les rebus de la meute ? ricana Stiles.

Je lui mis un coup de pied dans le tibia. Il gémit en me lançant un regard scandalisé.

-C'est un peu ça.

-Et qu'est-ce qui s'est passé ?

-C'était des tueurs. Tout le monde dit que nous sommes des monstres, ce sont eux qui nous ont donné cette réputation. Et notre alpha était le pire de toute la meute.

Finalement Dimitri n'était peut-être pas le pire loup-garou qui soit. Lorsque j'avais accompagné Stiles au loft où se trouvait toute la famille Hale sauf bien entendu le propriétaire du loft, Peter nous avait raconté une histoire d'amour entre Derek et une certaine Paige qui s'était très mal terminée. Pendant tout son récit, j'avais hésité entre compassion envers Derek, et une horrible envie de me moquer de lui. Je voulais bien que je n'étais pas la fille la plus gentille du monde, mais quand même j'avais des limites , je ne comprenais pourquoi je lui vouais une telle haine soudainement, surtout que ça s'était calmé ses derniers temps. Enfin avant que je couche avec lui ça s'était calmé.

Enfin bref. Quand Stiles était parti, j'avais pris Peter pour lui demander ce qu'il avait pu me dire sur la Meute Solaire et sur Dimitri. J'avais haï l'idée de lui demander quelque chose, mais je ne voyais pas à qui d'autres je pouvais demander. Je me voyais mal aller voir Gérard Argent. Peter avait d'ailleurs semblé surpris. Plus que Derek ait fini par me le dire que du fait que je lui demande quelque chose. Malheureusement il ne m'avait pas été d'une grande aide. Je savais déjà la plupart des choses qu'il m'a dites. Dimitri était super exigeant envers les loups de sa meute, il voulait uniquement les meilleurs. Et lorsqu'au bout de six mois ils ne savaient pas se contrôler, même s'il s'agissait uniquement de la pleine lune, il n'hésitait pas à les tuer.

Mais je n'avais rien appris d'autres.

Je secouai la tête pour revenir à la conversation.

-Pourquoi vous vous défendiez pas en vous transformant en loup Voltron qui massacre tout le monde ? demanda Stiles.

-On pouvait pas, on savait pas le contrôler à cette époque.

-Deucalion vous a appris, compris-je.

-Et on s'est battu, reprit Ethan. On a éliminé toute la meute, les uns après les autres. Et quand ça a été le tour de notre alpha il nous a supplié de l'épargner, et on l'a réduit en pièces. Au sens propre.

-Et votre émissaire ?

Ethan secoua la tête.

-Ils sont tous morts ? Ceux de Kali et d'Ennis aussi ?

-Tous sauf celui de Deucalion.

-Tu parles de Morell ?

Avant qu'il n'ait le temps de répondre, il gémit de douleur et porta une main à son torse.

-Qu'est-ce qu'il y a, t'es blessé ?

Je me retins de lui faire les gros yeux. Il voyait bien que non.

-Non, c'est mon frère.

Nous arrivâmes dans les vestiaires, au moment où Aiden frappait Cora avec... en fait j'avais aucune idée de ce que c'était, mais ça devait être lourd. Nous nous jetâmes sur Aiden tandis que Cora s'écroulait. Le loup-garou laissa tomber son arme de fortune.

-Aiden t'as pas le droit de faire ça ! s'écria Ethan.

-C'est elle qui est venue me chercher !

-On s'en fout ! Kali a dit que Derek avait jusqu'à la prochaine pleine lune. Tu peux pas le toucher et c'est pareil pour elle !

Tout le monde se dévisagea en silence une longue minute. Je m'accroupis près de Cora pour essayer d'évaluer les dégâts. Une tâhce de sang s'étendait sur son front. Ethan soupira et entraîna son frère à sa suite.

-Je crois qu'elle est salement blessée, lâcha Stiles, à coté de moi.

Mon portable vibra. Je fronçai les sourcils en découvrant que j'avais un message d'Allison me demandant de la rejoindre. Scott m'indiqua d'y aller en ajoutant qu'ils pouvaient s'occuper de Cora tous les trois. J'hochai la tête et partis en direction de la voiture.


-OK, attends une seconde. Donc ton père est le tueur.

Je jetai un regard à Isaac qui semblait aussi perplexe que moi. Nous n'avions pas compris grand choses à ce qu'Allison nous avait raconté.

-Non, je pense pas qu'il le soit. Du moins je l'espère.

Nous la suivîmes dans le bureau de son père. Avec la famille Argent, je m'attendais à tout, alors franchement, Chris Darach pourquoi pas ? Mais je me retins de le dire à haute voix par égard pour Allison.

-Donc tu espères que ton père n'est pas le druide noir tueur en série qui tranche la gorge aux gens, c'est ça ?

Je levai les yeux au ciel et donnai un coup de coude à Isaac.

-Oui. Tu veux nous aider ou pas ?

-J'essaie juste d'avoir toutes les données.

Allison se pencha sur le bureau et me lança un regard, en quête de soutien. J'haussai les épaules. On parlait d'Isaac quand même.

-Vous voyez ces marques ?

Je baissai les yeux sur une carte de Beacon Hills, tandis qu'Allison baladait une lumière bleue dessus. Plusieurs marques ressemblant à des carrés marqués d'une croix recouvrait la carte.

-Il y a encore cinq cadavres à trouver, mais ça ne nous dit pas qui sont ces morts.

Isaac fit quelques pas en arrière.

-Tu fais quoi ? demandai-je.

-Quelque chose que mon père m'a appris. Tu prends du recul pour avoir une vue d'ensemble. Parfois tu vois des choses que t'aurais pas remarqué si t'es trop près et que tu t'attaches trop aux détails.

Après avoir échangé un regard avec Allison, nous reculâmes pour l'imiter. Mon épaule heurta le torse d'Isaac. Je levai la tête une seconde et nos regards se croisèrent. Les mots de Lorna à son propos me revinrent soudain en mémoire. Je détournai les yeux.

-Vous avez vu ça ? demanda Allison.

Elle enleva la carte qui se trouvait sur le bureau pour révéler le bureau en lui-même.

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

-Un symbole à cinq cercles, répondis-je en l'effleurant. C'est un symbole celtique.

Merci Lorna. Isaac reprit la lumière bleue et la passa au-dessus des différents cercles. Les Vierges à l'ouest ; les Guerriers au nord ; les Guérisseurs à l'est ; les Philosophes au sud ; et enfin les Gardiens au Centre.

Alors que j'expliquai la découverte d'Allison à Stiles en tentant de le convaincre d'en parler à son père, Allison reçut un message de Lydia. M. Westover avait disparu. Stiles m'assura qu'il allait dire la vérité à son père et je raccrochai.

-Il faut que je l'arrête, dit Allison.

-Tu crois que c'est une bonne idée ? Si c'est vraiment ton père qui..

-"Si" ? l'interrompit-elle. Il est au courant de tout. Il a tout prévu dans les moindres détails.

Elle ressortit la carte et la déplia si vivement qu'elle manqua de la déchirer. Je la lui pris des mains pour la déplier plus doucement.

-Qu'est-ce que vous faîtes ?

-Je l'empêche de déchirer la carte, marmonnai-je.

Isaac leva les yeux au ciel tandis qu'Allison répondait.

-Si M. Westover a été enlevé au lycée, il doit y avoir un autre endroit sur un courant tellurique.

-Tu veux dire l'endroit où il va être sacrifié ?

Je me retins de lui faire les gros yeux. Non, l'endroit où on va le trouver en train de prendre le thé avec le darach, à ton avis, pauvre crétin ? Je secouai la tête. Isaac n'avait pas mérité que je sois méchante avec lui. Nous parcourûmes la carte rapidement avant qu'Isaac ne repère une marque.

-Ici, cette marque est nouvelle.

-Alors c'est là qu'il se trouve.


-Vous croyez pas qu'on devrait appeler Scott ? plaida Isaac.

-Tu restes derrière nous et tu te tais, claqua Allison avant de sortir de la voiture.

-Oh, je sens que cette histoire va mal finir.

-Ca finit toujours mal, répliquai-je. Qu'on soit là ou non, alors autant faire ce qu'on peut pour l'éviter. Mais si tu flippes trop, reste dans la voiture, on t'en voudra pas.

Je sortis et courus rejoindre Allison, Isaac sur les talons. Nous entrâmes dans la fonderie. Je plissai le nez. Cette endroit puait la mort. Il y avait aussi une autre odeur, que je ne parvenais pas encore à identifier.

-Pour info, lança Isaac, si ton père essaie de me tuer, je me défendrais.

-Si mon père essaye de te tuer, corrigea Allison, tu mourras.

-Même s'il n'essaye pas de te tuer, tu risques de le sentir passer, marmonnai-je en portant une main à mes côtes.

Allison me jeta un regard désolé tandis qu'Isaac m'interrogeait du regard. Je lui fis signe de laisser tomber. Je fronçai les sourcils en me concentrant pour parvenir à identifier l'autre odeur. Du sang.

Je les attrapai tous les deux par le bras.

-Attendez. Il y a une odeur de sang.

-De quel coté ? s'enquit Allison.

-Droit devant.

Allison sortit un couteau de sa manche et marcha d'un air déterminé vers la pièce devant nous. Je marchai à coté d'elle au moment où j'aperçus M. Westover attaché à la grille devant nous.

-Les filles ! C'est pas une bonne idée.

Du mouvement derrière la grille attira mon attention. Une silhouette encapuchonnée se trouvait derrière . Elle releva la tête vers nous et je croisai des petits yeux blancs coincés dans un visage lacéré. Le Darach. Mue par je ne sais quel instinct -probablement un instinct quelques peu suicidaires, je l'admets-, je me mis à courir dans sa direction.

-Alice, non !

-Baissez-vous !

Si Isaac ne m'avait pas plaquée au sol, je ne sais pas si j'aurais entendu la voix de Chris Argent assez rapidement, ou si j'aurais eu la présence d'esprit de me jeter à terre. Les balles filèrent au-dessus de nos têtes. Bon, au moins on était sûr que ce n'était pas lui le Darach.


J'entrai dans le lycée à la suite des Argent et d'Isaac. Je croisai le regard de Scott et lui décochai un vague sourire. Je fis signe aux autres que je les laissai et rejoignis mon frère.

-Toi aussi, tu le sens ? demanda-t-il.

J'hochai la tête.

-Ca sent la mort.

Et l'ambiance du concert n'aidait vraiment pas. Blake avait vraiment des goûts bizarres. Je voulais bien que c'était un concert en l'honneur des morts et des disparus, mais là on était plus sur une ambiance funèbre mais morbide ! La porte derrière nous s'ouvrit et Stiles nous rejoignit. Je fronçai les sourcils en constatant que son coeur battait très vite.

-Lydia. J'arrive pas à trouver Lydia.

J'échangeai un regard avec Scott. Sans avoir besoin d'échanger un mot, nous nous précipitâmes dehors. Stiles nous suivit quelques instant plus tard. Tandis que les garçons criaient après la jeune femme, je balayai les environs avec ma vision de loup.

-Tu vois quelque chose ?

Je secouai négativement la tête. Je n'aimais pas ça. Lydia n'aurait pas disparu comme ça. Pas maintenant.

-Elle répond pas aux messages. On fait quoi ?

Je garde un souvenir très flou des événements qui ont suivis. Un puissant hurlement qui ne pouvait venir que de Lydia avait retentit, si bien que Scott et moi avions pratiquement terminés roulés en boule par terre. Nous nous étions ensuite lancés sur la piste de Lydia. Quand nous étions arrivés dans la classe de Mlle Blake, le shérif était à terre, et Lydia attachée à une chaise. Nous n'avions pas cherché à comprendre ce qu'il se passait -du moins pas moi-, et nous étions jetés sur Blake. En tout cas était-ce notre intention première. Avant même que nous parvenions à la toucher, elle nous repoussa avec je ne sais quelle force magique. Scott heurta une pile de chaise au moment où je traversai purement et simplement la vitre. C'était plus la puissance avec laquelle elle m'avait projetée que la hauteur d'où j'étais tombée -après tout on était seulement au rez-de-chaussée- qui m'avait fait perdre connaissance. Pourquoi les petites copines de Derek essayaient toujours de me buter à un moment où un autre ? Quand j'étais revenue à moi, Scott et Stiles se tenaient au milieu de la pièce, l'air abasourdis. Le shérif avait disparu.


Au moment où Blake se jeta dans les bras de Derek, un bras s'enroulait autour de ma taille et une main se posa sur ma bouche. Je fis les gros yeux à Stiles avant de me rendre compte que si c'était lui qui voulait m'empêcher de dire quelque chose, c'était Scott qui me tenait fermement. Je levai les yeux au ciel. Me croyaient-ils vraiment incapable de me contrôler ? D'autant plus que je n'éprouvais aucune jalousie. Le seul sentiment qui m'habitait vis-à-vis de Derek était de la rancœur.

-Il s'est passé quelque chose au concert du lycée. Il fallait que je te voie. Il faut absolument que tu écoutes ce que j'ai à te dire avant que ce soit eux qui ne le fassent.

-Mais de qui tu parles ?

Tandis qu'ils parlaient, je griffai le bras de Scott pour qu'il me lâche. Il obtempéra et je repoussai la main de Stiles. Je me tournai vers eux et les foudroyai tour à tour du regard.

-Scott, Alice et Stiles. Ils vont te raconter des choses, ils ne faut surtout pas que tu les croies. Fais-moi confiance, à moi seule.

Je fus tentée de partir dans une imitation de Blake tellement son ton faussement suppliant était hilarant, mais me retins. Ce n'était pas le moment.

-Qu'est-ce qu'y a ?

-D'abord promets-moi que tu m'écouteras.

-Je te le promets.

Il y eu un moment de silence. Je fus tentée de me pencher pour voir ce qu'il se passait, mais devinant mes pensées, Scott me retint par le bras.

-Ils sont déjà là, c'est ça ?

Je m'arrachai à la prise de Scott et nous rejoignîmes la pièce principale. Blake nous jeta un regard agacé.

-Alors, ils t'ont dit que c'était moi ? Que je m'amusais à enlever tout le monde ?

-Nan, gronda Scott. Que vous vous amusez à tuer tout le monde.

-Oh mais bien sûr, ricana-t-elle. Je commets des sacrifices humains ? Moi j'égorge des gens, c'est ça ? Oui, même que je profite de ma pause déjeuner pour le faire de façon à revenir à temps pour assurer mes cours de l'après-midi ! Je trouve ça parfaitement crédible.

Où croyait-elle aller avec ses sarcasmes ? Il y avait trois loups-garou dans cette pièce et elle le savait. Tout comme elle devait savoir que nous entendions son coeur et que nous pouvions remarquer les changements dans son odeur.

-Dîtes-moi où est mon père, dit Stiles d'une voix tremblante.

Je lui pris la main discrètement.

-Comment tu veux que je le sache ? Derek, dis-moi que tu crois pas ces bêtises ?

Il garda le silence un moment. Il nous regarda. Avant qu'il ne prenne la parole, nous savions déjà ce qu'il en était. Il nous faisait plus confiance qu'à elle.

-Est-ce que tu sais ce qui est arrivé à son père ?

-J'en sais rien.

-Demande-lui pourquoi elle a essayé de tuer Lydia, lançai-je.

-Lydia Martin ? Je sais absolument rien de cette histoire !

-Qu'est-ce que tu sais alors ? fit Derek.

-Au moins une chose. C'est que ces trois-là pour une raison qui échappe à tout entendement essayent de te bourrer le crâne avec leurs absurdités. Et qu'ils ne sont même pas en mesure de le prouver !

-Détrompe-toi, pouffiasse. Tu n'es pas la seule druidesse en ville.

Oh depuis le temps que j'en mourrais d'envie ! Elle fronça les sourcils face à mon sourire triomphant. Scott montra le pot qu'il avait en main.

-C'est quoi ça ?

-D'après nos sources, à la fois un poison et un antidote. Ca veut dire que vous pouvez vous en servir, et qu'on peut aussi s'en servir contre vous.

-Vous avez osé amener du gui ?!

Même si l'expérience de Scott n'avait pas démontré que nos "absurdités" étaient vraies, pour moi cette petite phrase revenait pratiquement à des aveux. Scott lança la poudre qui fut comme attirée par Blake. Son visage changea et nous révéla celui lacéré que j'avais vu plus tôt dans la journée. D'un coup elle était beaucoup moins jolie. Quand elle eut repris ses esprits, elle fit mine de partir en courant, mais Derek l'attrapa à la gorge sans effort.

-Derek attends fais pas ça. T'as besoin moi.

-Nan, attends si tu veux qu'elle meure, laisse-moi le faire, depuis le temps que je rêve de pouvoir tuer un prof !

Ils me lancèrent tout les trois des regards qui voulaient tous à peu près dire : "Tu crois vraiment que c'est le moment ?". Bandes de rabats-joie.

-Qu'est-ce que tu es au juste ? gronda Derek.

-La seule personne qui peut sauver ta soeur. Appelle Peter. Appelle-le, tu verras bien.

Après ledit appel qui confirma les dires de Blake, Derek... renforça sa prise sur la gorge de Blake. Et non, mais j'étais sérieuse moi ! J'allais lui en vouloir s'il la tuait à ma place !

-Derek, arrête qu'est-ce que tu fais ? fit Scott.

-La vie de ta soeur est entre mes mains.

Derek la souleva de terre, elle suffoqua.

-Derek, fais pas ça, lâche-la !

-Stilinski, jamais vous le retrouverez.

-Derek, tentai-je. Derek, lâche-la.

Après plusieurs secondes d'hésitation, il finit par s'exécuter. Blake s'écroula. Elle reprit son souffle et finit par relever la tête. Un sourire beaucoup trop calculateur à mon goût étirait ses lèvres.

-C'est exact. Vous avez besoin de moi.


Hellooooooo ! Désolée je devais poster le chapitre hier soir, mais au moment où j'ai eu fini de l'écrire, il y a commencé à avoir de l'orage, alors dans le doute, je préférais pas risquer la vie de mon ordi. Donc j'ai pas su le relire et du coup voilà.

J'espère que ça vous a plu !

Personnellement j'ai adoré écrire la dernière scène, mais je me suis rendue compte qu'en vrai Alice c'était une vraie gamine XD.

Donc que pensez-vous de cette histoire d'époux divins ? Une idée sur l'identité des 2 ou 3 autres qu'Alice connaît ?

Je sais que vous m'aviez demandé d'autres flash-back, et initialement, il devait y en avoir un dans ce chapitre, mais ça allait être trop long. Je vais voir si je sais en mettre dans le prochain prochain chapitre, mais je ne promets rien.

Le prochain chapitre devrait arriver vite parce que j'ai trop envie de l'écrire XD.

Bon appétit, au passage !

Bises Psychotiques,

Luna