Chapitre 17

Laissés pour Compte

-Je sais pas, il y a quelque chose qui me plaît pas là-dedans, marmonna Stiles. On a prouvé que c'était bien elle, mais à la regarder, c'est comme si ça avait pas d'importance. Comme si tout se déroulait comme si elle l'avait prévu.

Nous descendîmes de la voiture et je courus pour me mettre à l'abri en attendant les garçons. Scott me rejoignis tandis que Stiles prenait quelque chose à l'arrière de la Jeep. Je fronçai les sourcils en le voyant venir vers nous, une batte de baseball dans les mains.

-Pourquoi t'as pris ça ?

-Vous, vous avez des griffes, moi j'ai une batte.

Je doutais qu'une batte de baseball soit très utile dans cette situation mais on ne savait jamais. Je fronçai les sourcils. D'ailleurs ladite batte venait de chez nous. Je me retins de commenter tandis que nous entrions dans l'hôpital. Nous n'eûmes pas fait trois mètres que notre mère nous sauta dessus.

-Scott ! Alice ! Qu'est-ce que vous faîtes ici ? On est en train d'évacuer l'hôpital !

-On est venus voir Cora, répondit mon frère.

-Comment ça ? Tous les cinq ? Et qu'est-ce que Stiles fait avec ma batte ?!

J'échangeai un regard avec Scott.

-Maman, fais-nous confiance. Il faut que tu t'en ailles. Tout de suite.

Elle nous considéra un moment avant de lancer un coup d'oeil derrière nous.

-L'hôpital est censé être vide dans 30 minutes. On attend deux ambulances. La première dans dix minutes, la deuxième dans vingt minutes. Il faut que Cora soit dans l'une des deux. Ils prennent les patients dans le garage au sous-sol.

-C'est noté.

Nous partîmes en direction de l'ascenseur. J'espérais que nous n'aurions pas à rester une demi-heure dans l'hôpital. Enfin ce n'était pas l'hôpital qui me dérangeait, c'était le fait qu'il y ait de l'orage. J'avais une peur bleue du tonnerre et je n'avais pas trop envie que ce petit monde autour de moi en soit témoin. Même si trois sur quatre le savait.

-T'as pas besoin de me tenir en laisse Derek, je suis là pour vous aider, lâcha Blake que Derek tenait fermement par le bras.

Personne ne lui répondit et je la vis lever les yeux au ciel tandis que les portes s'ouvraient. Les lumières du couloir se mirent à clignoter et je levai instinctivement le regard. C'était mauvais signe. Quand nous arrivâmes devant la chambre de Cora, nous constatâmes qu'elle était vide. Il y avait des traces d'une substance noire par terre. Elles allaient jusqu'à une porte coupe-feu, de derrière laquelle nous parvenait des bruits de luttes. La porte s'ouvrit en trombe et Peter glissa jusqu'à nous. D'un coup le grand alpha il faisait moins le malin.

-Il y a comme un petit problème. Enfin... disons plutôt un gros.

En relevant la tête, nous eûmes droit aux jumeaux sous leur forme combinée qui nous rugirent dessus. Super.

Derek se jeta sur lui. Enfin sur eux. J'ignorai comment j'étais supposée les qualifier. Derek, comme à son habitude, fonça tête baissée vers eux. Dès qu'il fut mis à terre, Scott fit de même. Je fermai les yeux une seconde et retins un grognement. Pourquoi étaient-ils tous obligés de toujours foncer dans le tas ? Après un dernier soupir, je me jetai sur eux. Autant vous dire que ça revenait à frapper du béton armé. Ca ne leur faisait strictement rien. Ils envoyèrent Scott un peu plus loin, et m'attrapèrent à la gorge en me plaquant contre le mur dans le même mouvement. Je leur griffai les avant-bras pour tenter de me dégager, sans grand succès.

-Ethan, Aiden, je vous en prie, arrêtez ! Vous vous faîtes manipuler ! tenta Scott.

-Tout ce qu'on veut, c'est elle.

Ils tournèrent la tête, au moment où les portes de l'ascenseur se refermaient sur Blake. Ils me lâchèrent brusquement et je m'écroulais. Je me relevai rapidement. Peter hissa Cora sur son épaule et partis en courant. Nous le suivîmes tout les quatre. Nous traversâmes ce qui devait être une salle d'opération et Derek nous hurla de ne pas nous arrêter. Ce que Stiles fit, évidemment.

-Stiles, qu'est-ce que tu fous ?! m'écriai-je.

Il m'ignora et se posta derrière la porte. Derek et Scott s'arrêtèrent tandis que le loup-garou qu'incarnaient Ethan et Aiden entrait dans la pièce. Stiles lui mit un coup de batte derrière la tête...qui eut pour seul effet de casser la batte. Merci Stiles, c'est maman qui allait être contente. Sur une idées de génie de Scott -j'allais peut-être devoir le féliciter, ça n'arrivait pas souvent-, il sauta et décrocha un des panneaux lumineux du plafond.

Nous n'attendîmes pas qu'ils reprennent leurs esprits et partîmes en courant à la suite de Peter. Nous arrivâmes dans une nouvelle pièce que Derek tenta tant bien que mal de verrouiller la porte.

-Le colosse il est où ? s'enquit Peter.

-Il se rapproche.

-Et madame Blake ? fit Stiles.

Scott secoua la tête.

-Attend qu'est-ce que ça veut dire ? Elle a foutu le camp ?!

Je m'appuyai sur la fenêtre avec Derek pour observer le couloir.

-Tu vois ça ?

Je me penchai par-dessus son épaule pour apercevoir ce qu'il essayait de me montrer. Il y avait une ombre qui se profilait dans le couloir. Mais elle était trop fine pour appartenir aux jumeaux.

-Silence ! gronda Derek à l'intention de Stilinski.

-Moi tu veux que je me taise ? Comment tu oses me donner des ordres alors que ta petite-copine accroc aux massacres -la deuxième en date si ma mémoire est bonne- a enlevé mon père et l'a ligoté en attendant de l'offrir en sacrifice ?!

OK, il n'avait pas totalement tort. Mais ce n'était pas une raison pour hurler comme un possédé alors que le loup-garou qui se trouvait dans le couloir pouvait très certainement nous entendre.

-Il se passe quoi ? demanda Allison. Scott !

Ce fut la goutte de trop.

-Allison, tu veux pas la fermer deux minutes ! On s'en fiche de ce qu'il veut, on sait juste qu'il y a un tueur psychopathe dans le lycée, qu'il a tué le concierge et qu'il veut très certainement tous nous buter ! Et il se passe que ta préoccupation actuelle devrait être de savoir comment on va sortir d'ici vivants plutôt que de poser toutes ces questions débiles et de nous empêcher de réfléchir !

Ils me dévisagèrent tous, choqués. Lydia finit par rompre le silence.

-Il va nous tuer ?!

-Il ? Qui "Il" ? s'entêta Allison. C'est qui ?

Je secouai la tête. Ces deux situations étaient beaucoup trop similaires à mon goût. Mais Stiles avait plus de jugeote que l'Allison de cette époque. Il saurait se reprendre. Et puis il avait une excuse. Nos vies n'étaient peut-être pas en jeu -enfin ça restait à prouver- mais son père avait été enlevé. Et puis cette fois l'alpha psychopathe qui essayait de nous tuer à l'époque se trouvait dans la même pièce que nous et était dans la même merde que nous. Et nous devions nous cacher de toute une meute d'alpha psychopathe. En fait la situation n'avait rien avoir avec la fois où nous étions enfermés dans le lycée.

Elle était encore plus désespérée.

-Stiles, ils sont encore là, tenta de tempérer Scott.

-Oui ils sont encore là ! Et c'est elle qu'ils veulent, non ? Sauf qu'elle est plus là, dommage. Parce qu'elle s'est taillée. Ca veut dire que mon père et Cora sont morts tous les deux !

-Fermez-là ! Tout les trois !

Les trois abrutis se tournèrent vers moi, l'air hébété. C'est en voyant les yeux de mon frère et de Derek briller que je me rendis compte que j'avais peut-être mis un peu trop de puissance dans ma voix. Je m'excuserai plus tard. De toutes manières ils semblaient avoir totalement oublié ma présence, tout comme celles de Peter et Cora.

-Scott, tu n'arriveras jamais à le calmer comme ça, enchaînai-je. Stiles, on comprend parfaitement que tu sois en colère, mais s'il te plaît, tu pèteras un câble sur Derek plus tard, quand on sera sortis de cette hôpital ! Et Derek, n'essaie même pas de répondre quelque chose à Stiles, tu ne vas qu'empirer la situation. Pigé ?

Ils hochèrent tous la tête. Je soufflai. Le pouvoir d'alpha, des fois c'était franchement utile.

-Maintenant, vous la fermez, parce qu'il y a quelqu'un qui approche dans le couloir et j'arrive pas à savoir qui c'est.

Peter me rejoignit près de la porte pour regarder avec moi. Il me décocha un léger sourire.

-Finalement, je t'aime bien.

Je levai les yeux au ciel.

-Vous dîtes ça uniquement parce que je ne me suis pas encore vengée pour toutes les fois où vous avez essayé de me tuer. Mais croyez-moi, ça viendra.

Je fronçai les sourcils en constatant qu'il s'agissait d'une silhouette féminine. Ca ne pouvait pas être Kali, cette fille portait des chaussures.

-C'est pas un alpha, lança Peter au moment où la fille arrivait assez près pour que je puisse la reconnaître.

-Madame Blake ? demanda Stiles.

La lueur d'espoir qui brillait dans son regard me fit mal au coeur.

-Nan. Lorna.

J'ouvris rapidement la porte et la tirai à l'intérieur. Elle ouvrit de grands yeux en regardant autour d'elle.

-Je peux savoir ce que tu fous ici ?!

-Je vous cherchais. J'étais dans l'hôpital quand on m'a dit que vous étiez ici et que vous pourriez avoir besoin d'aide.

Je ne cherchai pas à savoir si le "on" avait un corps physique ou non.

-C'est dangereux. T'aurais jamais dû rester.

Elle me décocha un large sourire.

-Tu sais très bien que je suis plus dangereuse que ce que j'en ai l'air.

-Mais pas autant que ceux qui se baladent dans cet hôpital, marmonnai-je.

-Et nous on peut savoir qui c'est ?

Je me retournai vers Derek qui m'interrogeai du regard.

-Lorna. C'est la fameuse Prêtresse qui m'a ramenée à la vie.

-Salut.

-Scott, mon frère, fis-je avant de le désigner tour à tour. Stiles, l'humain du groupe. Derek, l'alpha pas trop psychopathe du coin. Et Peter l'ancien alpha psychopathe.

Scott lui jeta un regard interrogateur.

-Tu as dit penser qu'on pourrait avoir besoin de ton aide. Pourquoi ?

-Je peux vous aider à sortir d'ici, répondit Lorna. Et je peux peut-être faire quelque chose pour Cora, mais pas ici.

Même si je connaissais Derek et que je savais qu'il était réticent à l'idée de faire confiance à une inconnue, je ne ratai pas la lueur qui venait de s'allumer dans son regard. J'allais objecter qu'on pouvait lui faire confiance -elle m'avait quand même ressuscitée, c'était pas rien-, quand l'autre porte s'ouvrit brusquement.

-Erreur.

Un grondement monta dans ma gorge en entendant la voix de Blake. Quatre loups-garou conscients dans cette pièce et aucun de nous ne l'avait entendue ou sentie arriver. Soit elle était vraiment très forte, soit nous étions tous des bras cassés.

-Il n'y a que moi qui puisse vous aider. Je peux lui sauver la vie, et je peux vous dire où est le shérif Stilinski. Mais il y a une meute d'alpha dans cet hôpital qui veut me tuer. Alors j'accepte de vous aider, mais à la seule condition que je sorte d'ici vivante. Ensuite, je vous aiderai.

Derek renversa je ne sais quoi et se précipita vers Blake. Scott l'arrêta en lui intimant de ce calmer.

-C'est qui celle-là ? demanda Lorna.

-Jennifer Blake, notre prof de littérature dont le passe-temps favoris est de sacrifier des gens, marmonnai-je.

-Elle a essayé de s'enfuir ! grogna Derek.

-Je voulais éviter de me faire tuer, je pense que tu peux le comprendre.

-Si vous êtes de notre côté, alors prouvez-le, lança Stiles avant de désigner Cora. Guérissez-la !

-Pas avant d'être sortie d'ici.

-On a Lorna maintenant, fis-je. On a plu besoin d'elle. On a qu'à la livrée aux alpha qu'on en finisse !

Scott me rejoignit et baissa la voix.

-Lorna ne peut pas nous dire où est le père de Stiles, et elle a dit qu'elle pourrait peut-être sauver Cora. On ne peut pas se baser uniquement sur des peut-être. Sans vouloir te vexer, ajouta-t-il à l'intention de Lorna.

-Y a pas mal.

Blake nous jeta un étrange regard. Son coeur rata un battement. J'ignorais que mon regard meurtrier pouvait avoir cet effet.

-J'aimerais vous proposer une autre méthode de persuasion, lâcha Peter. On a qu'à la torturer.

-Je vote pour ! fis-je, de concert avec Derek.

Scott me retint par le bras au moment où le bruit du micro résonnait. Je grimaçai. Mon regard croisa celui de Scott quand la voix de notre mère nous parvint.

-Euh... votre attention, s'il vous plaît. Monsieur Deucalion... euh, excusez-moi, Deucalion tout-court, exige que vous escortiez la femme qui se fait appeler Jennifer Blake à l'accueil des urgences. Si vous obéissez les autres pourront repartir sains et saufs. Vous avez 10 minutes.

-Il ne lui fera pas de mal, fit Blake.

-La ferme.

Et non, ça ne venait pas de moi, mais de Derek.

-Il ne lui fera rien, répliqua Blake. Scott, Alice. Vous savez pourquoi. Dîtes-leur que j'ai raison.

Si ça nous concernait tous les deux, je ne voyais pas où elle voulait en venir. Moi seule, je comprenais, mais qu'est-ce que Scott venait faire là-dedans ?

-Comment ça ? demanda Derek en nous regardant tous les deux alternativement.

Blake soupira après nous avoir jeter un regard à mon frère et moi. Elle se tourna vers Derek.

-Il n'y a pas que toi qu'il veut dans sa meute. Deucalion en veut pas seulement une meute d'alpha. Ce qu'il veut c'est la perfection. C'est à dire compter dans ses rangs les plus rares et les plus précieux. Et ce qu'il ne veut pas, c'est perdre un membre déjà acquis, ajouta-t-elle en me regardant.

-Il veut un Vrai Alpha, comprit Peter.

-Mais encore ? marmonna Stiles.

-Le genre qui n'a pas besoin d'usurper le pouvoir d'un autre. Et qui peut s'élever par l'unique force de sa volonté. Notre petit Scott. Tout comme il veut notre chère Alice car elle est l'héritière de la Meute Solaire, une des plus puissantes meutes ayant jamais existé. Et que ton prédécesseur faisait partie de sa meute, mais ça tu le sais déjà, ajouta-t-il à mon intention.

Je levai la tête vers Scott et nos regards se croisèrent. Si je m'étais gardée de lui dire que Deucalion me voulait dans sa meute -jusqu'il y a quelques secondes, seuls Derek et Allison étaient au courant-, il avait lui aussi gardé son secret. Alors cette fois il ne pouvait pas m'en vouloir !

-Ca n'a pas d'importance, marmonna Scott. Il faut qu'on l'aide à sortir d'ici.

-Je serais plutôt d'avis de la laisser à Deucalion. Elle manquera à personne. On trouvera un autre moyen de sauver Cora et le Shérif.

-Alice...

-Ouais, je sais. Je connais tes arguments.

-Attendez ! Et votre mère, vous y pensez ?

-Ma mère a dit qu'une autre ambulance arrivait dans vingt minutes, et on doit pas être là depuis si longtemps. Donc si on arrive à atteindre le garage et monter dans cette ambulance, on peut s'en sortir.

-Tu crois que les jumeaux vont nous laisser sortir sans broncher ? objecta Peter.

-Je ferais diversion.

J'haussai un sourcil. Ah bah si, nous étions revenus à la nuit au lycée.

-Tu vas te battre ?

-Peu importe, s'il le faut.

-Je viens avec toi, lança Derek.

Blake secoua la tête.

-Hum, désolée, mais j'irais nulle part sans toi, Derek.

-J'y vais alors, fit Peter. Mais je préfère autant avoir un avantage sur eux.

-Par avantage, vous voulez dire quoi ? demanda Stiles. Une arme ?

-Plus efficace qu'une batte de baseball.


Après que Peter se soit injecté une dose d'épinéphrine et que j'aie maudit mentalement mon frère d'avoir proposé de faire diversion, nous sortîmes du local rapidement avant de traverser le couloir. Nous courûmes dans les escaliers pour descendre jusqu'au -1. Je soupirai en apercevant l'ambulance. Stiles et Lorna ouvrirent les portes de l'ambulance tandis que Derek déposait Cora. Je vis Blake s'éloigner et je la suivis. Hors de question qu'elle s'échappe à nouveau. Je grimaçai en constatant que le chauffeur de l'ambulance était étalé à terre dans une mare de sang.

-Et merde. On pouvait pas avoir un coup de chance pour une fois ?! grommelai-je. Derek !

Il nous rejoignit au moment où une voix chantante nous parvenait.

-Julia... Julia...

Kali apparut devant nous, jouant avec les clés de l'ambulance. Blake recula pour se placer derrière nous.

-C'est bien toi.

-Vous arriverez pas à la battre.

Elle plaisantait ? Nous étions deux alpha contre une. C'était jouable. Mais visiblement Derek n'était pas du même avis que moi.

-C'est pour ça qu'on va s'enfuir.

Il m'attrapa par le bras et m'entraîna à sa suite vers l'intérieur de l'hôpital. Nous partîmes sur le coté du couloir, mais Blake nous interpella.

-Attendez ! L'ascenseur !

Je fis volte-face si vite que mes cheveux claquèrent dans l'air. Nous courûmes vers l'ascenseur et Blake actionna un bouton au hasard pour que les portes se ferment. Nous nous plaquâmes contre la paroi du fond durant d'interminables secondes. Je m'autorisais à relâcher mon souffle quand les portes se fermèrent. L'appareil s'ébranla, pour s'immobiliser quelques instants plus tard. La lumière disparut et ma vision passa aux infrarouges. Une lumière issue probablement d'une lumière de secours se déclencha. Nous étions coincés. Génial. Le fait d'être coincée avec Derek et Blake ne faisait que rajouter à mon bonheur. J'aurais dû monter dans l'ambulance avec Stiles et Lorna.

Je forçai les portes de l'ascenseur à s'ouvrir pour constater que nous étions entre deux étages. Il devait y avoir à peine 30 centimètres d'espace. Aucune chance de sortir par là.

-Si tu comptes passer par la trappe de service elle est verrouillée de l'extérieur et il faudra que tu la casses, fit Blake.

Je me retournai pour constater que Derek regardait le plafond.

-Tout ce que tu vas réussir à faire c'est un bruit du diable, et ils sauront où nous sommes.

-Kali le sait déjà de toutes façons.

-Pas nécessairement. Elle nous a vu rentrer dans l'ascenseur, mais qui lui dit qu'on y est toujours.

-Oui mais si on arrive à sortir, on pourra se cacher ailleurs.

-Ou vous allez devoir faire face à toute la meute et vous battre dans une cage d'ascenseur.

-On l'a déjà fait, objectai-je.

Derek me regarda.

-Non. On s'est seulement battus contre Ennis. Et Scott était avec nous.

-Scott s'est battu seul dans une cage d'ascenseur en mouvement contre un alpha de 2m de haut. A nous deux, on l'a fait dégager. Alors si Scott a pu tenir, on est parfaitement capable d'y arriver. Et vous, vous avez pas quelques tours de passe-passe dans votre sac à main ? grognai-je.

-Ils m'arracheront la tête avant même que vous ayez donné votre premier coup de griffes, plaida Blake.

Je la foudroyai du regard. Elle savait que j'allais avoir raison de Derek.

-Alors il faut que quelqu'un remette le groupe électrogène en route.

Je retins une violente envie de me taper la tête contre le mur en voyant Derek prendre son téléphone. Je me laissai tomber par terre dans un mouvement absolument pas gracieux. S'il voulait qu'on attende d'être sauvés, on en avait pour un moment.


-Alors des nouvelles ?

Derek eut la même idée que moi : ignorer Blake. Je continuai à fixer mon portable en attendant de recevoir un message de Stiles, Scott ou même Isaac.

-Derek, je sais ce que tu penses. Que je me sers de toi, que tout ce qu'il s'est passé entre nous deux n'était qu'une illusion.

Je redressai la tête. Comment ça "tout ce qu'il s'est passé entre nous deux" ? Je voulais bien qu'on était plus ensemble, mais on avait couché ensemble il n'y a pas si longtemps. Et après tu l'as envoyé se faire foutre, me souffla une petite voix. OK, un point pour la petite voix. Je secouai la tête. Après tout Derek faisait ce qu'il voulait.

-Que je suis quelqu'un de maléfique, la pire des garces. Mais j'espère que tu ne te poses pas la plus superficielles des questions. Est-ce que c'est son vrai visage ? Ce visage mutilé et balafré qui a été révélé par la poudre de gui ? Est-ce qu'elle ressemble à ça en réalité ?

J'éclatai de rire. C'était plus fort que moi, je n'avais pas pu m'en empêcher. Elle me jeta un regard outragé.

-Qu'y a-t-il de si drôle ?

J'entendis presque le "Mademoiselle McCall" qu'elle dut se retenir de prononcer. Mon hilarité redoubla.

-Franchement ? Vous êtes coincée dans un ascenseur avec deux loups-garou qui meurent d'envie de vous arracher la tête, dans un hôpital cerné par tout une meute de loups-garou qui veut vous arracher la tête, et c'est tout ce qui vous préoccupe ? Peut-être que votre humour vous sauvera finalement. Vous devriez essayer, Madame Blake.

Elle me jeta un regard noir auquel je répondis par un sourire mielleux tout en laissant briller mes yeux.

Elle décida certainement de m'ignorer et reprit où elle en était.

-Julia Baccari. C'est comme ça que je m'appelais.

Je fronçai les sourcils. Baccari, je connaissais ce nom.

-Ca ne m'intéresse pas, grogna Derek.

-Je sais, j'aurais certainement mieux fait de ne pas conserver les mêmes initiales. Les gens choisissent toujours inconsciemment des pseudonymes qui dérivent de leur vrai nom. C'est une façon de garder un lien avec sa véritable identité. Parce que le nom qu'on porte est lié à la façon dont on se perçoit.

J'avais toujours dit que les profs étaient des gens qui aimaient s'écouter parler. Visiblement, Jennifer Blake, ou qui qu'elle soit ne dérogeait pas à cette règle. Je laissais tomber ma tête entre mes genoux, ça allait être long.

-Mais pas seulement notre nom. Il y a autre chose. Notre visage.

Sérieux, j'avais vraiment l'impression d'être en cours, j'avais pas signé pour ça moi ! Elle continua son petit laïus sur le visage quand Derek l'interrompit.

-Ca ne m'intéresse toujours pas.

-Merci, Derek ! Maintenant vous, vous la fermez et vous restez bien gentiment dans votre coin, grommelai-je.

-Oh ne me faîtes pas croire que vous n'êtes pas curieux. Je parie que vous vous demander ce qui a bien pu se passer.

J'échangeai un regard ennuyé avec Derek. Il se chargea de répondre.

-Tu étais une émissaire. Ils ont essayé de te tuer avec le reste de leur meute. Mystère résolu.

Elle baissa la tête, l'air légèrement vexé.

-J'étais l'émissaire de Kali plus exactement. Et je suis la seule qu'elle n'a pas pu tuer.

Elle commença à raconter son histoire, et plus elle parlait, plus mon froncement de sourcils allait en s'accentuant. J'avais déjà entendu cette histoire. D'accord elle devait être la même pour tout les membres de la meute d'alpha -exception faites des jumeaux-, mais il y avait autre chose... J'écarquillai les yeux quand je compris.

Lorna.

Baccari, c'était son nom de famille. Blake était la mère de Lorna. C'est pour ça qu'elle avait tiqué tout à l'heure, mon regard meurtrier n'avait rien à voir là-dedans.

Derek tourna la tête vers moi et m'interrogea du regard. Je secouai la tête et lui fis signe de ne pas s'inquiéter. Il avait dû remarquer l'accélération de mon rythme cardiaque. J'entendis vaguement Blake parler du Némé-quelque chose mais ne l'écoutait pas.

Lorna ignorait qu'elle était toujours vivante. Je pouvais comprendre qu'elle ait voulu se faire passer pour morte, mais pourquoi ne pas chercher à revoir sa fille ?


Quand Blake commença à raconter une histoire de la mythologie nordique concernant le gui, je vis clairement le lien avec Lorna. Le jour où je l'avais rencontrée, elle m'avait demandé de la déposer au lycée et durant le trajet elle m'avait raconté l'histoire de Daphné et Apollon qui donnait origine à son prénom. Son changement de ton me fit relever la tête.

-On nous a oublié nous aussi, les émissaires. Nous sommes les laissés pour compte. C'est une erreur que Deucalion et ses alpha n'auraient jamais dû commettre. Parce que moi j'ai prêté serment à mon tour. Avec le sang des vierges, des guerriers, des guérisseurs, des philosophes et des gardiens. Afin qu'ils m'investissent de leurs pouvoirs et me permettent de montrer à ces monstres que leur barbarie et leurs crimes ne seront jamais laissés de coté.

-Tu as quand même tué des innocents, objecta Derek.

-Toi aussi, contra-t-elle. Je connais la véritable couleur de tes yeux, Derek. Et je sais ce que ça veut dire. Il n'y a pas que ma vie que je te demande de sauver, mais celles des tout ceux qu'ils pourraient faire souffrir.

C'était bien joli tout ça, mais pour une qui avait peur de se faire arracher la tête si on sortait, je ne voyais pas comment elle voulait faire.

-Vous ne pouvez pas les battre.

-Vous en êtes vraiment certains ? Qu'arrive-t-il à un loup-garou lors d'une éclipse de lune totale ?

-On perd tout nos pouvoirs.


Je finis par recevoir un message de Scott disant qu'ils avaient un plan et demandant que Blake fasse passer ses chaussures par l'ascenseur. Elle s'exécuta tandis que Derek ouvrait les portes de l'ascenseur. Allison vint récupérer les chaussures. Je lui pressai la main.

-Sois prudente. Et fais en sorte qu'Isaac ne se fasse pas tuer, il en serait capable.

Elle me décocha un sourire.

-T'inquiète pas.

Après quelques minutes d'attente, la lumière clignota avant de se fixer complètement. Derek appuya sur le bouton du rez-de-chaussée et l'ascenseur s'ébranla. Je soupirai. Enfin.

-Derek, s'il te plaît...

Je tâchai de ne pas écouter Blake, mais je fus bien obligée de lui porter attention quand Derek s'écroula à mes pieds. Je me transformai et rugis sur Blake.

-Je t'en prie, Alice, ne rend pas les choses plus difficile qu'elles ne le sont. Je n'ai pas aucune raison de te faire souffrir, mais je ne peux pas me permettre de te laisser en vie.

Avant que je n'ai eu le temps de réagir, elle me plaqua contre le mur. Je lui décochai un coup de pied dans le tibia tout en lui griffant le bras. Elle grogna de douleur et recula. Je lui envoyai un coup de pied dans le ventre. C'était vraiment pas top de se battre dans une cage d'ascenseur. Je ne pus pas prendre le recul nécessaire et mon coup n'eut pas la puissance que j'aurais voulu.

-Vous ne pouvez pas me tuer. Derek ne vous le pardonnerait jamais.

Son expression changea légèrement. Je souris. Je baissai malheureusement ma garde une seconde de trop et elle me souleva de terre. Wow, elle était carrément plus forte que moi !

-Ce n'était pas contre toi. Je t'aimais même plutôt bien, même si je me serais bien passée des sentiments que Derek semble te porter.

-Si ça ne tiens qu'à ça, je vous le laisse.

-Et je ne peux pas me permettre que Dimitri prenne trop d'influence sur toi, tu ne peux pas retourner près de Deucalion.

Bon OK, pour ça j'avais pas d'arguments. Mais je pouvais toujours essayer de faire diversion jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur s'ouvrent. J'aurais alors plus de chances de partir vite et loin. Ouais, il y avait des fois ma lâcheté me faisait honte.

-Tuez-moi et vous ne retrouverez jamais Lorna. Elle vous haïra pour l'éternité, tentai-je.

Elle changea de couleur.

-Je t'interdis de parler en son nom ! hurla-t-elle.

Elle me précipita vers le panneau de l'ascenseur. Fort. Beaucoup trop fort. Au craquement que j'entendis, elle m'avait cassée beaucoup de choses. Trop de choses. Un goût de sang emplit ma bouche.

Puis ce fut le silence.

Et le noir.


Hey !

Désolée pour les fautes, mais j'avais commencé à relire et puis j'ai commencé à avoir des vertiges du coup, j'ai pas su continuer de relire.

Donc qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Perso (oui je suis un peu trop narcissique faut que je me calme), c'est un de mes préférés, j'ai adoré l'écrire, et je l'aime beaucoup !

Alice/Blake ? (J'ai tellement ris en écrivant ces passages, c'est tellement ce que j'ai envie de dire à certains profs ou ce que je pense d'eux XD )

Lorna ?

Autre chose ?

Bises Psychotiques,

Luna