Chapitre 18A
Le Néméton – partie 1
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Si vous faites une recherche "Alice au Pays des Loups-Garou" vous devriez tomber dessus.
Se réveiller en étant secoué n'était définitivement pas une expérience agréable. Mais quand vous aviez probablement plusieurs membres brisés et que vos os semblaient bouger indépendamment les uns des autres, c'était encore pire.
-Allez, Alice ! On a pas le temps de dormir !
Et la voix nasillarde de Stiles n'aidait franchement pas.
J'ouvris les yeux et il recula vivement en lâchant un cri absolument pas viril. Je fronçai les sourcils tandis qu'il me regardait avec de grands yeux. J'avais une horrible migraine. Je regardai autour de moi et mon froncement de sourcils alla en s'accentuant. Mais qu'est-ce que je foutais dans une cage d'ascenseur ? Et pourquoi Derek était étendu à un mètre de moi ? Je portai une main à mon front avant de la retirer couverte de sang. Voilà qui pouvait expliquer pourquoi je ne me souvenais de rien. J'avais dû me prendre un coup sur la tête.
Même un paquet de coups, corrigeai-je en tâtant les croûtes de sang séché autour de mon nez.
-On est où là ? marmonnai-je.
En parlant, je compris que j'avais également du sang sur le menton, pas totalement sec, et la lèvre inférieure fendue. Pour que même ma lèvre n'ait pas cicatrisé, soit c'était arrivé il n'y a vraiment pas longtemps, soit les dégâts étaient beaucoup plus importants que ce que je croyais.
-Au rez-de-chaussée de l'hôpital, répondit-il d'un ton pressé. Viens, on a pas le temps, je crois que Scott va faire une bêtise !
Hein ? Scott ? L'hôpital ? Mais de quoi il me causait ? Je secouai la tête ce qui ne fit qu'accentuer ma migraine. Il fallait que je me souvienne ! Stiles m'attrapa par la main et me tira pour me mettre debout. Il m'entraîna à sa suite dans les escaliers la seconde suivante.
-Attends... Et Derek ?
-Il s'en sortira. On a pas le temps !
Nous grimpâmes les marches quatre à quatre et j'étais en si mauvaise forme que j'allais à peine plus vite que Stiles. Tandis que nous montions, des flashs de ce qu'il s'était passé un peu plus tôt m'apparaissaient. Blake était le darach et la mère de Lorna. C'est vrai.
-T'entends quoi ?
Je dus déjà fournir plus d'effort que de coutume pour entendre la voix de Deucalion, alors répéter en même temps ses paroles à Stiles m'obligea à ralentir dans les escaliers. Il renforça sa prise sur mon poignet et me traîna presque littéralement derrière lui.
-Les Gardiens, Scott. Si tu avais été de mon coté, je t'aurais dit à quoi ça renvoyait. Je t'aurais mis en garde. Laisse-moi t'aider, Scott. Faisons un échange de bons procédés. Aide-moi à mettre la main sur elle et je te promets de t'aider à retrouver le père de Stiles ainsi que ta mère.
Je m'interrompis, prise par une vague de nausée. Quand le sens des mots de Deucalion atteignirent mon cerveau, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Je ne sentais plus la main de Stiles sur mon avant-bras, ni les odeurs de médicaments, de sang et de désinfectants propres à l'hôpital. Les escaliers ainsi que tout ce qui m'entouraient avaient disparus. Je n'étais obsédée que par une seule pensée.
Blake avait enlevé notre mère.
Mes genoux se dérobèrent sous mon poids. Je me retins de justesse à la rampe pour ne pas dévaler tous les escaliers.
-Alice !
Je fis un vague geste de la main à l'intention de Stiles.
-Vas-y, rattrape Scott, je vous rejoins.
Il hésita une seconde avant de monter. A genoux sur les marches, je tâchai de garder le contrôle de ma respiration et fermai les yeux. Ce n'était vraiment pas le moment de faire une crise de panique. A la rigueur si je perdais le contrôle de mon loup... ce n'était pas encore si grave. J'arracherai la tête de Deucalion et le problème "meute d'alpha psychopathe" serait partiellement réglé.
Je faillis secouer la tête avant de me souvenir que c'était une mauvaise idée. Non, il fallait que je garde les idées claires. Pour maman. Pour le shérif. Pour Scott, et pour Stiles. Même si je ne me considérais pas comme une chef de meute -je ne voulais pas l'être-, mon rôle d'alpha faisait de moi un pilier de notre groupe, notre meute. Je devais les protéger. Je ne pouvais pas flancher.
Quand je fus certaine de réussir à tenir sur mes pieds, je me levai et rejoignis le toit.
-Scott, fais pas ça, va pas avec lui, suppliait Stiles quand j'arrivais.
-Je crois qu'il y a pas d'autres solutions.
-Mais si, il y a... Scott il y a forcément une autre solution, tu sais qu'on trouve toujours.
Si la détresse qui perçait dans la voix de son meilleur ami ne persuadait pas Scott de ne pas revenir, je ne voyais pas ce qu'on pouvait faire.
-On trouve toujours un plan B.
Scott se tourna vers nous, l'air aussi accablé que nous. Une traînée de sang maculait sa joue.
-Pas cette fois.
-Scott !
-Je vais retrouver ton père, et maman, c'est promis.
Il se retourna et emboîta le pas à Deucalion.
-Scott !
J'étais dans un tel brouillard que j'ignorais qui de Stiles ou moi continuait à l'appeler. Le résultat était vain de toutes manières. Je fus prise de l'envie subite de me jeter sur Deucalion, mais je me repris en songeant que je n'étais pas assez en forme pour ça. Scott, en revanche, était beaucoup moins fort. J'eus à peine esquissé un pas, avec la ferme intention de plaquer mon frère au sol et de l'empêcher de suivre Deucalion, que Stiles m'arrêta. Il me tenait à deux mains par les épaules, et nous savions tous les deux que j'aurais dû être parfaitement capable de me libérer de sa prise en temps normal. Ici, je me sentais beaucoup trop épuisée pour y parvenir.
Quand ils disparurent de notre champs de vision, je sentis mes dernières forces m'abandonner. La seconde suivante, nous finîmes dans les bras l'un de l'autre. Je m'accrochai à Stiles comme s'il était ma planche de salut. A la façon dont il se cramponnait à moi, je me doutais que je représentais la même chose pour lui.
Stiles
-Derek ! Derek, allez !
Stiles sentit la panique le gagner encore plus quand après une enième gifle, Derek ne faisait pas mine de se réveiller.
-Oh, Derek !
Il répéta son geste sans obtenir plus de résultat. Un bruit de choc lui fit relever la tête tandis que le couloir vibrait. Alice venait de donner un violent coup de poing dans le mur. C'était le quatrième depuis qu'ils étaient descendus. Il avait cherché à lui faire entendre raison, mais avait obtenu à peu près autant de succès que dans ses tentatives de réveiller Derek. Cependant le geste de la louve-garou lui avait donné une idée. Il pria mentalement à Derek de le pardonner, et songea que s'il lui en voulait trop, Alice pourrait toujours le protéger. Il ferma le poing, et avant qu'il ait pu faire mine de donner un coup de poing à Derek, il ouvrit les yeux. Il attrapa le bras de Stiles qui le regarda avec de grands yeux. Derek regarda autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose.
-Où elle est ?
-Jennifer ? Elle a filé avec la mère de Scott et Alice.
-Elle l'a enlevé ?
-Ouais, et si ça te suffit pas pour te remuer les fesses, Scott est parti avec Deucalion ! Alors il faut qu'on se barre d'ici ! La police va bientôt débarquer, on a intérêt à te sortir d'ici vite fait !
Stiles l'aida à se relever quand Derek lui demanda où était Cora. Il lui indiquait qu'elle était -normalement- en sécurité avec Isaac et Peter quand un nouveau choc ébranla le couloir. Il grimaça. Cette fois, possible que ce soit le mur qui ait eu le plus mal.
-Et de cinq, marmonna Stiles.
Derek fronça les sourcils.
-C'était quoi ça ?
-Alice.
Il désigna le bout du couloir et Derek écarquilla les yeux. Même d'où ils se trouvaient ils pouvaient voir le sang qui maculait le mur et les poings d'Alice. Derek la rejoignit au pas de course et l'attrapa par la taille pour l'éloigner du mur. Quand Stiles les eut rattrapés, il remarqua que les mains d'Alice étaient à vif.
Stiles ne pensait pas qu'elle s'était rendue compte qu'elle pleurait alors qu'ils étaient sur le toit. Ca l'avait d'autant plus secoué car Alice ne pleurait pratiquement jamais.
Mais depuis qu'ils étaient redescendus, le sang avait remplacé les larmes.
-Alice, arrête !
-Lâche-moi ! cria-t-elle.
-Seulement si tu promets d'arrêter de te faire mal.
Alice marmonna un vague "c'est promis" et Derek la lâcha. Il la dévisagea, une lueur inquiète dans les yeux.
-Tu dois te ménager, tu ne cicatriseras jamais si tu te surestimes.
Il porta une main à son front, probablement pour évaluer l'étendue des dégâts sous la couche de sang qui couvrait le visage d'Alice. Elle le repoussa violemment.
-Ca va, je sais que guérir prend du temps.
Stiles croisa les bras.
-C'est pour ça que tu as essayé de te jeter sur Deucalion ?
-C'était Scott que je visais, marmonna-t-elle.
-Quoi qu'il en soit, vous devez partir, les flics vont bientôt arriver. Je vais rester pour les retarder.
-Je reste avec toi, lança Alice.
Il la considéra une seconde avant d'hocher la tête. L'avoir à l'oeil n'était pas une mauvaise chose. Et puis vu l'état dans lequel elle était, le jeune homme n'était pas convaincu qu'elle pourrait être utile à qui que ce soit.
Alice
J'aurais pu l'empêcher.
J'aurais pu empêcher que tout ça arrive.
Si j'avais retenu Blake plus longtemps dans l'ascenseur, Scott aurait eu le temps de rejoindre notre mère et rien ne lui serait arrivé. Et Scott serait toujours dans le bon camp.
Ces pensées tournaient en boucle dans mon esprit tandis que j'attendais l'instant fatidique où les flics allaient nous demander de les suivre au commissariat. Avant qu'ils arrivent, Stiles m'avait obligée à laver le sang que j'avais sur moi, et avait vivement insisté pour me bander au moins les mains. Ma lèvre avait cicatrisé, mais c'était probablement la seule blessure à l'avoir fait. J'avais accepté qu'il me mette aussi un sparadrap sur le front, pour éviter qu'un flic ait la bonne idée de me regarder au moment où la blessure se refermerait. On avait cependant rien pu faire pour le sang qui tâchait mes vêtements. Tant pis. Il n'y en avait pas tant que ça, ils ne le remarqueraient peut-être pas.
Je remuai sur ma chaise et Stiles m'interrogea du regard. Je lui fis signe que ce n'était rien. Absolument chaque parcelle de mon corps me faisait souffrir. J'avais plusieurs os brisés, et si je n'avais pas été un loup-garou, je serais probablement couverte d'hématomes. Enfin non, si je n'étais pas un loup-garou je serais probablement morte. J'ignorai si Blake avait voulu me tuer et qu'elle avait raté son coup ou si elle avait simplement décidé de ne pas me tuer. Lorna avait peut-être été un bon argument. Et puis deux coups de chance, comme ça, je n'y croyais pas. Kate Argent m'avait déjà tirée dessus l'année dernière en ayant l'intention de me tuer, et je n'avais été sauvée que grâce à Derek qui lui avait fait rater son tir en la distrayant. Je ne croyais pas à la chance, et depuis ce jour-là, j'avais sans cesse l'impression d'être en sursis.
-Il manquait plus que ça, marmonna Stiles.
Je redressai la tête... et croisai le regard de mon père. Et merde. Ce fut seulement quand Stiles tourna vers moi un regard à la fois amusé, surpris et réprobateur, que je compris que j'avais grogné. Oups. Mon père nous rejoignit et regarda Stiles.
-Un Stilinski au milieu de ce merdier. Quel choc. Tu crois que tu peux répondre à quelques questions sans ton sarcasme habituel ?
-Si vous pouvez poser des questions sans votre stupidité habituelle, répondit froidement Stiles.
-Alors c'est peine perdue, marmonnai-je.
Mon père tourna la tête vers moi et sembla seulement me voir. Mais je savais que c'était faux. Il reporta son attention sur Stiles.
-Où est ton père et pourquoi personne ne peut le contacter ?
J'ignorais si je devais me sentir vexée ou soulagée qu'il décide sciemment de m'ignorer.
-Je sais pas, ça fait des heures que je l'ai pas vu.
-Il s'est remis à boire ?
Je tournai un regard noir à mon père. Je m'apprêtai à lui lancer un "On te retourne la question" d'un ton glacial, mais Stiles me devança.
-Ca veut dire quoi "il s'est remis à boire " ? Il a jamais eu besoin d'arrêter.
-Mais il devait ralentir, objecta mon père. Est-ce qu'il boit comme avant ?
J'entendis le rythme cardiaque de Stiles augmenter.
-D'accord la prochaine fois que je le verrais, je lui présenterais un éthylotest et on récitera l'alphabet en commençant par le "C" et en terminant par le "N" !
Je posai une main sur celle de Stiles. Mon père fronça les sourcils en voyant ma main bandée.
-Qu'est-ce qui t'es arrivée ?
-Combat de boxe clandestin contre mon fournisseur d'héroïne. J'en voulais plus que ce que je pouvais payer.
Il me dévisagea une seconde avant d'esquisser un sourire faussement amusé. Seulement, j'étais certaine qu'il ignorait si j'étais sérieuse ou non.
-Et si vous me disiez simplement ce qu'il s'est passé ici ?
-On sait pas ce qui s'est passé ici, répondit Stiles. On a été coincés tout le temps dans l'ascenseur.
-C'est pas vous qui avez écrit le nom sur les portes ?
J'échangeai un regard perplexe avec Stiles.
-Quel nom ?
-Argent.
-Le mot est "gardien", Allison, fit Chris. Et tu sais mieux que personne que c'est un rôle que je n'ai pas vraiment exercé ces derniers temps.
Je croisai le regard de Stiles qui semblait tout aussi mal à l'aise que moi. Nous suivîmes les Argent dans le bureau de Chris en suivant leur petit différend familiale.
-Mais elle a enlevé la mère d'Alice et le père de Stiles, objecta Allison.
Je fermai les yeux une seconde et accusai le choc. Même si je le savais, c'était pire de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre.
-Ouais, et je vous rappelle également que quelqu'un a écrit votre nom en lettre majuscule sur les portes de l'ascenseur. Pour moi ça ressemble à un avertissement.
-C'est peut-être Morell, elle en sait plus qu'elle ne le laisse paraître. Elle pourrait peut-être même essayer de nous aider.
-Si c'est le cas, elle devrait se bouger un peu plus, marmonnai-je. Surtout qu'il reste que deux nuits avant l'éclipse.
Stiles se laissa tomber sur une causeuse et je posai ma main sur son épaule. Nous en avions autant besoin l'un que l'autre.
-Ne perdez pas espoir, fit Chris avec une douceur surprenante.
-Ils sont peut-être déjà morts, lâcha Stiles.
-Je ne crois pas. J'ai remarqué quelque chose dans la tactique de Jennifer. C'est comme si elle était en train de positionner toutes ses pièces...
-Et tu es l'une de ces pièces, l'interrompit Allison.
-Alors n'attendons pas qu'elle joue le prochain coup.
Tout en parlant il déplia une carte de Beacon Hills et de ses courants telluriques.
-Tout ce qu'elle a fait était sur un courant tellurique, donc Mélissa et le Shérif sont quelques part sur un de ses courants.
Je m'écartai de Stiles et m'approchai d'Allison pour regarder la carte.
-Stiles, si on veut les trouver, il faut que tu nous donnes un coup de main.
L'intéressé secoua la tête.
-Vous voulez vraiment l'affronter ? Et si Jennifer vous enlève comme les autres ? Je veux pas vous offenser, mais quelle est la différence entre vous et eux ?
Chris se saisit d'un revolver posé sur une armoire. Il enfonça un chargeur dedans et regarda Stiles.
-J'ai un calibre 45. Elle peut peut-être guérir d'une balle dans la jambe et de quelques balafres au visage , mais j'aimerais bien voir comment elle s'en sort avec la moitié du crâne explosé. On a une priorité maintenant, et c'est de retrouver vos parents. On a une carte et tout les indices qu'il nous faut. La seule chose qu'on a pas, c'est du temps. C'est pour ça que j'ai besoin de vous trois.
Finalement, plus le temps passait, plus je commençais à apprécier les Argent. Stiles releva la tête et je vis dans son regard que Chris l'avait convaincu.
-On commence par quoi ?
Il se leva et se posta à côté de moi. Chris se saisit de sa lampe à lumière bleue.
-Les endroits où les sacrifices ont été commis ne sont pas les mêmes que ceux où on a trouvé les corps. Je pense que le choix du lieu a un rapport avec l'intensité du courant. Donc il y a le lycée, la clinique vétérinaire, la banque,...
-Deaton était à la banque, l'interrompis-je.
-Elle utiliserait pas deux fois le même endroit, si ? demanda Stiles.
-Seulement si elle n'a pas réussi la première fois. Deaton était son seul échec, ça pourrait avoir de l'importance.
-Faudrait en être sûrs, objecta Stiles, parce que c'est loin d'ici. On a besoin d'aide.
-Pourquoi pas Lydia ? proposa Allison.
Chris fronça les sourcils.
-Lydia ? Qu'est-ce qu'elle peut faire ?
-Elle a une sorte de don. Je sais pas comment, mais elle a trouvé pas mal de cadavres sans avoir besoin de les chercher.
-Mais elle est quoi ? Médium ?
Ca, c'était la question à laquelle personne ne parvenait à répondre. J'échangeai un regard avec Stiles.
-Elle est quelque chose.
Dès qu'on se fut décidé comme quoi Stiles irait voir Lydia et que j'accompagnerai les Argent à la banque, ils commencèrent à sortir leur arsenal d'armes. Et c'était loin d'être un petit arsenal. Je savais que Chris était officiellement revendeur d'armes, mais j'ignorais qu'il en possédait autant.
Je retins un éclat de rire devant l'air ahuri de Stiles. Il me fit les gros yeux quand il intercepta mon regard. Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Il approcha les lèvres de mon oreille.
-Tu es au courant que tu fais la même tête qu'un enfant obèse devant la vitrine d'un magasin de bonbons ?
Je lui mis un coup de coude dans la côte, qui dût faire d'autant plus mal qu'il était très proche de moi.
-Merci pour cette comparaison, marmonnai-je. La prochaine fois tu peux me dire directement que tu me trouves grosse.
En tournant la tête vers lui, je constatai qu'il fronçait les sourcils. Je lui fis un clin d'oeil pour lui signifier que je plaisantais.
-Je croyais que vous étiez à la retraite ? lança Stiles.
-A la retraite, oui. Sans défense, non.
J'écarquillai les yeux quand Chris se saisit d'un fusil d'assaut de plus d'un mètre de long.
-Vous m'apprendriez à me servir d'un de ces trucs-là, un jour ?
Il ne m'entendit pas, comme il parlait avec Stiles mais Allison se tourna vers moi.
-On pourrait voir ça. Mais venant d'un loup-garou c'est une demande bizarre.
J'haussai les épaules et la rejoignis en deux enjambées. J'avais toujours voulu tirer alors...
-Ton père n'est pas agent du F.B.I. ?
-Si, grommelai-je. Mais j'avais huit ans quand il s'est barré. Alors j'ai jamais vraiment eu l'occasion de lui demander.
Je relevai la tête en sentant deux odeurs familières. Les autres suivirent mon regard. Isaac et Lorna se trouvaient dans l'embrasure de la porte.
-Je sais peut-être pas me servir d'un flingue ni tirer des flèches avec un arbalète, mais je me débrouille plutôt bien avec ça, lâcha Isaac avant de nous montrer ses griffes.
Je levai les yeux au ciel.
-Frimeur.
Il me décocha un clin d'oeil joueur. Lorna esquissa un sourire penaud. En la voyant, je me rappelais brusquement ce que j'avais compris à propos de Blake. J'ouvris la bouche avant de me raviser. Je n'étais pas super douée en relations sociales, mais je savais quand même que ce n'était pas le bon moment.
-Vous savez que je ne sais pas me battre, mais je voudrais vous aider.
J'échangeai un regard lourd de sous-entendus avec Allison. Mouais... Elle avait quand même déjà réussi à me mettre à terre. Même si j'étais fatiguée ce jour-là, ça comptait.
Chris tira la porte du coffre et Allison le suivit. Je sollicitai ma vision de louve -ou vision infrarouge, comme vous voulez- et balayai les alentours du regard. Rien, nous étions seuls. Enfin, dans l'immédiat. Je les rejoignis à l'intérieur du coffre. Un frisson remonta le long de mon dos. La dernière fois que j'étais venue ici, on avait essayé de me tuer. En y réfléchissant, il y avait de plus en plus d'endroits à Beacon Hills qui m'évoquaient des tentatives de meurtres. Dès que j'aurais mon diplôme, il fallait vraiment que je parte loin d'ici.
-C'est vide, fit Allison.
-Le reste du bâtiment aussi, ajoutai-je.
-Méfiez-vous quand même.
En parlant, Chris alluma son bâton électrique. Je fronçai les sourcils.
-Je croyais que la puissance de ce truc tuerait un humain et que vous l'utilisiez uniquement sur les loups-garou.
-C'est exact.
Je n'eus pas le temps de pousser mes interrogations plus loin, que l'horrible brûlure de l'électricité traversait mon corps. Je me sentis tomber au sol, alors que des tremblements incontrôlables m'agitaient. J'avais perdu toute influence sur mon corps. L'impression que du feu liquide courait dans mes veines n'aidait vraiment pas à rassembler mes forces pour me lever. Je haïssais vraiment les chasseurs et leur obsession pour l'électricité.
-Papa, qu'est-ce que tu fais ?!
Je parvins à lever difficilement la tête vers Allison. Je fronçai les sourcils en voyant Chris la menotter.
-Je suis désolé. Il va falloir que tu me fasses confiance, sur ce coup-là. Ca fait longtemps que je sais qu'elle n'opère pas seulement suivant les courants, elle est en harmonie avec eux.
Chris laissa tomber son revolver. J'entendis des bruits de pas et une nouvelle odeur me parvint. Je ne réussis cependant pas à lever la tête, j'étais dans un brouillard beaucoup trop épais. Mais l'identité du nouvel arrivant n'était pas difficile à deviner. Blake.
-Ca, c'est ce qu'on appelle un sacrifice.
-Allez, Alice, on doit faire quelque chose.
Je retins un grognement. Une énième tentative pour me lever qui s'était soldée par un échec. Ca faisait quelques minutes que Chris avait été enlevé, et nous avions passé ces quelques minutes respectivement attachée à un mur et étalée par terre. D'autant plus que les stigmates de l'électrisation me laissait un arrière-goût amer. Au figuré comme au littéral. Je m'étais mordue la langue donc j'avais un atroce goût de sang, et ça me rappelait un peu trop Kate Argent.
-Tu t'es déjà faite électrisée ?!
Elle secoua la tête. Ma question étant purement rhétorique, je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle me réponde. Soit. Je plissai le nez en sentant une odeur de sang. En m'appuyant sur un bras, je levai la tête vers Allison.
-Arrête de t'acharner sur cette menotte. Elle est faite pour retenir un humain. Tu n'as pas assez de force pour la briser, et tu commences déjà à saigner.
-Je...
-Allison, n'essaie pas de nier, j'ai l'odorat ultra développé.
Tout en lui parlant, je réussis à me redresser sur les genoux. Je tombai à quatre pattes et peinai à reprendre mon souffle. Ca faisait longtemps que je n'avais pas été essoufflée comme ça, j'avais pratiquement oublié ce que ça faisait. J'attrapai un des barreaux, le plus haut que je pouvais au vu de ma position, et m'en servis pour me hisser. Une fois sur mes pieds, je dus secouer la tête un bon nombre de fois pour dissiper totalement le brouillard qui m'enveloppait. Je marchais jusqu'Allison qui, je pouvais seulement le voir, se trouvait dans un équilibre précaire. Si elle n'étais pas retenue par le bras, elle serait probablement tombée depuis longtemps. Son cœur battait très vite, mais j'ignorais si c'était sous le coup de la peur, de la colère ou des deux. Je n'avais pas les idées assez claires pour que son odeur me l'indique.
-T'as une barrette ou quelque chose comme ça pour que je puisse forcer la serrure ?
Je secouai la tête.
-Mais j'ai la force lycanthropique, c'est pas mal non plus, tu sais ?
Comme elle n'esquissa même pas un sourire, je me dis qu'il était peut-être trop tôt pour plaisanter. Je n'avais jamais été à l'aise quand j'avais à faire à des gens tristes. La colère, je pouvais gérer, encore plus si elle était dirigée contre moi, mais la tristesse... j'étais totalement paumée. Je lui expliquai que j'allais devoir tirer sur la chaîne pour la faire céder. Elle hocha la tête. Je préférai lui expliquer clairement car dans l'état dans lequel elle se trouvait, et conditionnée par un entraînement de chasseurs de loups-garou, je n'étais pas convaincue de pouvoir éviter un coup de sa part.
Après plusieurs minutes à tenter de modérer ma force pour réussir à la libérer sans lui arracher le poignet, la chaîne céda. Allison partit en avant et je la rattrapai. Elle resta accrochée à moi, un long moment en silence. Quand je m'apprêtai à bouger, elle finit par prendre la parole.
-Pourquoi il a fait ça ? murmura-t-elle.
-Je crois qu'il voulait te protéger. Mais on doit y aller, dis-je avec toute la douceur dont j'étais capable.
Elle se cramponna à mon bras et réprima un sanglot.
-Allison, il faut qu'on y aille. On a besoin d'aide.
-Ils vont tous mourir, n'est-ce pas ?
Elle éclata en sanglot. Je dus retenir un soupir. Le temps pressait, Blake avait nos trois parents, trois gardiens, et nous n'avions plus beaucoup de temps avant l'éclipse.
Mais je ne pouvais pas blâmer Allison. Pour faire face à la disparition de ma mère, j'avais tabassé un mur de l'hôpital. A cette idée, la douleur dans mes mains se rappela à mon bon souvenir. Pleurer n'était peut-être pas plus constructif, mais c'était moins dangereux. J'attrapai Allison par les épaules et la serrai contre moi. Etant plus petite que moi, elle enfouit la tête dans mon épaule. Je passais maladroitement une main dans ses cheveux.
Les problèmes pouvaient attendre un peu.
Hey !
Pour la comparaison de Stiles comme quoi Alice fait la même tête qu'un enfant obèse dans un magasin de bonbon, je l'ai entendu/lu quelque part, mais je sais plus du tout où... J'ai envie de dire Supernatural, mais je suis absolument pas convaincue...Ca fait tilt à quelqu'un ?
J'espère que ce chapitre vous a plu !
J'aurais normalement pas dû le séparer en deux, mais ça devenait trop long à mon goût et on change d'ambiance dans la deuxième partie donc... voilà quoi.
Vous pensez quoi du Stiles/Alice ?
Alice/Allison ?
Bises Psychotiques,
Luna
