Chapitre 20
Eclipse Lunaire
-Alice ! Isaac ! Venez, il y a du mouvement !
Je redressai la tête à l'instar du blond. Il me fallut une seconde pour comprendre ce que Lydia nous disait. Quand mon cerveau finit par percuter, je sautai sur mes pieds et courus à l'intérieur. Quand je les vis, Scott, Allison et Stiles, se tenant debout devant les baignoires, c'était comme si je pouvais de nouveau respirer. 16 longues heures et je pouvais enfin respirer.
-Je l'ai vu ! s'écria Scott. Je sais où il est, ça y est !
-Ouais, c'est une souche, un vieil arbre, ajouta Stiles. Il est énorme d'ailleurs. Enfin nan, il l'est plus, il a été coupé, mais à voir la souche il devait être gigantesque !
-C'était la nuit où on cherchait le cadavre.
-Celle où t'as été mordu par Peter, fit Stiles en commençant à gesticuler dans tous les sens.
Allison se pencha vers eux avant de s'exclamer.
-J'étais avec ma mère, on a failli renverser quelqu'un en voiture.
-C'était moi ça, ce quelqu'un c'était moi !
Je fronçai les sourcils. Je n'étais pas au courant de cette partie là.
-On sait où le trouver maintenant !
J'échangeai un regard avec Isaac, Lydia et Deaton. Allison se frotta vigoureusement les bras pour se réchauffer avant de froncer les sourcils.
-Quoi ?
-Vous êtes vraiment restés longtemps dans les vapes, répondit Isaac.
-Longtemps comment ? demanda Stiles.
-Ca fait 16 heures en tout.
Scott écarquilla les yeux.
-Tant que ça ?
Je croisai les bras.
-Et on a moins de quatre heures avant la pleine lune.
Tout en parlant, Scott serrait mes doigts dans les siens. J'avais du mal à me concentrer sur la conversation, plutôt tournée vers leur battements de cœur, si réguliers.
Je n'en revenais pas de les voir tous les trois devant moi, vivants.
En y repensant ce n'était peut-être pas si surprenant, tout le monde avaient une fâcheuse tendance à ressusciter ces derniers temps : Jackson, Peter, Jennifer Blake, moi. Et maintenant Scott, Stiles et Allison. Bientôt on allait me dire que Dimitri Stroganoff et Kate Argent allaient faire de même !
-Il est hors de question que tu retournes avec eux, c'est pas la peine d'y penser !
Je relevai la tête à l'entente de la voix de Stiles. Je fronçai les sourcils et tentai de prêter attention à ce qu'il se passait.
-J'ai fait un pacte avec Deucalion, objecta Scott.
-Il y a que moi qui trouve que ça sonne comme "pacte avec le diable" ?
-Je suis d'accord avec Stiles, lançai-je. Tu as peut-être fais un pacte avec lui, mais il a pas vraiment honorer sa part du marché, alors franchement je vois pas où est le problème en brisant ce pacte.
-Je continue à penser que sans lui, on peut pas battre Jennifer.
Allison soupira et regarda Deaton.
-Dîtes-lui qu'il se trompe. Vous, il vous croira sur paroles.
La réponse du vétérinaire acheva de nous désespérer.
-Je ne suis pas certain qu'il ait tort. Dans certaines circonstances il peut s'avérer utile de chercher des alliés parmi ceux qu'on considère comme des ennemis.
Même si nous ressentions tous certainement la même chose, Isaac fut celui qui montra la plus sa perplexité.
-Qu'on lui fasse confiance ? A un type qui se fait appeler "La mort incarnée qui sème le chaos sur son passage" ?
-Je ne parle pas de lui faire confiance, évidemment. Mais de vous servir de lui à votre avantage.
Je sentis une vague de colère déferler dans mes veines. A entendre Deaton parler, c'était comme si c'était notre problème et pas le sien ! Il était toujours là à faire des mystères et à agir comme si rien de le touchait ! Il commençait sérieusement à me soûler ! Mais rien ne servait de s'énerver maintenant.
Alors je lâchai la main de Scott, croisai les bras et mordis sur ma chique.
-Deucalion est peut-être votre ennemi, poursuivit Deaton, mais il peut aussi servir d'appât.
A peine eut-il fini de parler que la cloche de l'entrée retentit. Je me précipitai dans l'avant-salle, espérant que ce soit Lorna. De toutes manières je ne voyais pas qui ça aurait pu être d'autres. Lorna était partie il y a une éternité, et nous étions toujours sans nouvelles. Même si j'avais réussi à mettre mon inquiétude de coté, le soulagement m'envahit à l'idée qu'elle soit revenue. Soulagement qui fût de courte durée quand je constatai que ce n'était pas Lorna.
-Ethan ?
-Je cherche Lydia.
La concernée et Scott me rejoignirent.
-Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle.
-J'ai besoin de toi.
-Pour quoi faire ? fit Stiles en s'approchant.
-Arrêter mon frère et Kali. Sinon ils vont tuer Derek.
-Bah prends n'importe quoi, fit Scott avant de marquer une courte pause. Stiles, je reniflerai pas les slips de ton père. Et vu le regard d'Alice, elle t'arrachera la tête juste pour avoir suggérer l'idée.
J'esquissai un demi-sourire en suivant Allison dans son appartement, Scott et Isaac sur les talons. Il me connaissait bien.
-Des chaussettes ? OK, va pour les chaussettes.
Scott raccrocha. Je me tournai vers lui et le pointai du doigt.
-Que ce soit claire, les chaussettes, ce sera pour ta gueule.
-Et moi je fais quoi ? demanda Isaac.
-Vois ce que tu peux prendre dans les fringues de mon père, répondit Allison.
Elle se dirigea vers le bureau de son père en ajoutant qu'il fallait que l'odeur soit forte. Elle ouvrit la porte et se figea. Je la rejoignis et compris rapidement pourquoi. Je sentis mon sang geler dans mes veines. C'était vraiment pas le moment.
Mon père ainsi que deux autres agents de police se tenaient devant le bureau, couvert par la collection d'armes des Argent.
-C'est un sacré arsenal que ton père a là, jeune fille.
Scott nous rejoignit et j'entendis son coeur rater un battement quand il entendit la voix de notre père.
-Scott. Alice, nous salua-t-il.
-Qu'est-ce que tu fais là ? demanda mon frère.
Il m'avait devancée. J'allais poser la même question, mais beaucoup moins poliment.
-Je suis l'une des seules pistes dont je dispose. J'aimerai bien savoir d'où vous venez comme ça. Asseyez-vous qu'on discute. Toi aussi, Isaac.
Le loup-garou apparut dans l'embrasure de la porte, septique.
-Comment vous connaissez mon nom ?
-Malheureusement, j'en sais pas beaucoup plus. Très franchement, en ce qui concerne le reste de cette enquête, je suis... totalement dans le brouillard. J'ai pas le moindre indice.
Sans blague.
-Si t'essaies de nous faire comprendre que t'es à côté de la plaque, il y a longtemps qu'on le sait Alice et moi, je te rassure.
J'esquissai un sourire. Il était rare que j'entende Scott parler comme ça, mais ça lui allait plutôt bien. Nous n'étions pas jumeau pour rien.
-J'espère de tout cœur m'éviter l'embarras de traîner mon propre fils en salle d'interrogatoire, marmonna notre père.
-Pour ta fille en tout cas, c'est trop tard, marmonnai-je.
Isaac sortit une boîte de bonbons à la menthe de sa poche. Il nous en proposa discrètement mais nous refusâmes. Je bouillonnai. Et je devinai de part son odeur, son rythme cardiaque et son expression que Scott fulminait tout autant. Mais de quoi il se mêlait ?! Il ne pouvait pas tranquillement rester dans son petit bureau à New York ? Il nous faisait perdre de précieuses minutes pour sauver nos parents.
-Je vais pas vous mentir, je suis très préoccupé. D'abord quand je vois le nombre de parents qui ont disparus. Mais également parce qu'il s'agit du père de Stiles, de ton père et de votre mère.
Et franchement là maintenant je l'aurais bien échangé contre notre mère.
Isaac prit un bonbon avant de lever la main.
-Mes parents sont morts tous les deux.
-Réserve donc ton numéro d'ado blasé à tes professeurs. Vous en savez plus que vous ne le laissez paraître, tous les trois ! Et on y passera la nuit s'il le faut.
Je croisai les bras et le défiai du regard.
-Oui, bien évidemment. On en sait exactement où ils se trouvent, et on refuse de faire part de ses informations à la police pour pouvoir nous attribuer tout le mérite de les avoir retrouvés. Oh non, encore mieux, c'est nous qui les avons enlevé. Et là t'es en train de nous faire perdre du temps alors que nous pourrions être en train de demander une rançon. Argent avec lequel on va payer notre dealer de drogue.
Bon si en réutilisant l'histoire du dealer il n'avait pas compris que c'était du sarcasme, je ne pouvais plus rien pour lui. Mais dans le doute.
-Alors non, on ne sait rien de plus que vous. On en sait peut-être même moins. Alors maintenant, on peut y aller ? fis-je en me levant.
-Rassieds-toi. Et arrête avec ton numéro d'adolescente rebelle, ça ne te va pas.
Je me rappelai soudain que je ne portais plus les bandages sur mes mains, comme la dernière fois qu'il m'avait vue. Tant pis.
J'haussai un sourcil.
-Un agent du F.B.I. alcolo ce serait pas venu à l'esprit non plus.
-Alice ! Après New York, crois-tu vraiment être en position de la ramener ?
La ramener ? Sérieusement ?
Je levai les mains en signe de reddition, mais conservais mon sourire suffisant. Je me laissai tomber à coté d'Isaac.
-Détends-toi, je n'ai pas volé cette voiture.
Il me foudroya du regard et je sentis mon sourire s'agrandir. Isaac se pencha vers moi. Je ne lâchai pas mon père des yeux. Il soupira et se passa une main dans les cheveux.
-Je veux vraiment que tu me racontes tout ce qu'il s'est passé à New York.
Je décochai un clin d'oeil à Isaac.
-T'as aucun droit de nous retenir ici, lança Scott.
-Non, il faut un manda pour ça, ajouta Allison.
-J'ai devant moi une table entière de pièces à convictions.
Allison soupira et se leva.
-Mon père est consultant en prévention et sécurité. Il est hautement qualifié et l'Etat l'autorise à vendre des armes à feu. Il est tout à fait logique qu'il possède quelques armes.
Tout en parlant, la chasseuse faisait le tour de la table. Elle désigna une arbalète.
-Celle-là par exemple. Une arbalète à poulie 175 livres avec lunette multi-range.
J'haussai un sourcil, impressionnée. Je n'aurais jamais retenu un nom pareil. Elle montra deux autres armes. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle faisait, mais il était certain qu'elle avait un plan. J'espérai juste qu'il marcherait.
-Couteau de combat de marines en acier carbone. Pistolet semi-automatique, calibre 50.
Elle marqua une pause avant de parcourir le bureau des yeux. Elle attrapa un cylindre posé sur la table.
-Grenade fumigène avec arrache-goupille.
Tout en parlant, elle dégoupilla la grenade et la lança. Elle sortit en courant. La fumée commença à emplir la pièce.
-On dégage.
Ma gorge commença à me brûler et me yeux me piquèrent tandis que nous détalâmes à sa suite.
-Non, attendez ! Scott, Alice !
Allison se gara devant la limite de la réserve naturelle. Je m'empressai de sortir de la voiture, imitée par Isaac et Allison. Elle regarda Scott.
-Ca va, toi ?
-Ouais, je savais plus quoi inventer pour qu'il nous laisse partir. T'as vraiment assuré, c'était énorme !
-Aucune nouvelles de Stiles de mon coté, les interrompit Isaac. Et vous ?
Je secouai la tête. Je sentis une boule de nervosité se loger dans mon ventre. Mon inquiétude pour Lorna doublée de celle pour Stiles me compressèrent la poitrine. Je m'obligeai à respirer profondément pour ne pas paniquer.
-Mais qu'est-ce qu'il fait ?
-Tant pis. On peut plus attendre. Vous venez ?
Nous arrivâmes au point d'observation quelques minutes plus tard. Deucalion ne se fit pas prier.
-Tu aurais pu faire mieux, niveau timing, Scott.
-On a eu un petit imprévu. Ils sont où les autres ?
-Ils vaquent à leurs occupations. Chacun ses priorités.
-C'est juste vous et moi contre elle alors ?
Oh non, je ne l'avais pas laissé s'embarquer là-dedans. C'était pas prévu, ça. Allison m'attrapa par la main pour m'intimer de rester près d'elle.
-Je suis sûr qu'on forme une bonne équipe, tu pourrais être surpris.
Scott soupira et se tourna vers nous.
-Essayez de trouver Stiles. Et allez à l'abri souterrain. On retiendra Jennifer pour vous laisser le temps de les libérer.
-Et comment tu comptes faire ? demanda Isaac.
-J'ai un plan.
Justement, je les connaissais ses plans. Je serrai Scott dans mes bras.
-Evite de te faire tuer.
Isaac venait de demander pour la énième fois si Allison était sûre que nous allions dans la bonne direction, et Allison venait de demander pour la énième fois si nous sentions quelque chose. Et pour la énième fois, oui elle était sûre du chemin, non, le vent nous empêchait de saisir une odeur. On allait pas aller loin comme ça.
Je me figeai quand un son me vrilla soudain les tympans. Isaac grimaça, signe qu'il l'entendait aussi. La brune nous interrogea du regard.
-Quoi ?
-Il y a un bruit on dirait..., commença Isaac.
-Un émetteur ! Un de ceux dont vous vous servez ! l'interrompis-je. Ceux dont on s'est servi pour coincer Boyd et Cora dans le lycée faisaient le même bruit.
-Vous êtes sûrs ?
-On a pas d'autres pistes, pressa Isaac. Allez venez !
Quand nous arrivâmes à la souche, une brouillard m'enveloppait. Je n'arrivais pas à fixer mes pensées sur quelque chose. J'avais le coeur au bords des lèvres tandis que le vent autour de nous semblait redoubler d'intensité.
-Regardez !
Je suivis le regard d'Isaac et aperçus une trappe. Je courus jusque-là, Allison et Isaac sur les talons. Je l'ouvris si vivement que je manquai de l'arracher de ses gonds. Je descendis les marches si vite que si je n'avais pas posséder mes réflexes de louve-garou, je me serai certainement rompu le cou. Je parcourus l'abri des yeux. Notre mère, Chris, le shérif et Lorna s'y trouvaient.
Nous avions réussi. Nous étions arrivés à temps. Ils étaient vivants.
Un soulagement si intense me saisit que je manquai de me mettre à pleurer. Je courus vers ma mère et la serrai contre moi.
-Où est Stiles ? s'écria le shérif. Où est mon fils ?
-Il va venir nous aider, il va arriver, vous inquiétez pas, répondit Isaac en s'attaquant à ses liens.
J'échangeai un regard rapide avec le blond. Nous n'avions aucune idée d'où était Stiles. Il pouvait très bien être mort.
Je commençai à détacher ma mère, mais je ne pouvais empêcher mes mains de trembler. Je perdis patience et me servis de mes griffes pour les trancher.
-Où est Scott ?
-Il va bien. Il va arriver, répondis-je en tentant de maîtriser ma voix.
Du moins je l'espérais. Quand nous étions partis, il était vivant, mais maintenant face à Blake... Si la boule que j'avais dans l'estomac avait disparu, elle avait laissé place à une autre dans ma gorge. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Ma mère, les main désormais libres, me prit dans ses bras. Son odeur, si familière, suffit à me calmer. Je restai un instant dans ses bras avant de m'écarter.
Il fallait qu'on les fasse sortir d'ici. Je me retournai pour faire face à Lorna, mais Isaac l'avait déjà détachée. Je l'attrapai par le dos de son gilet et l'attirai vers moi. Elle n'avait pas l'air blessée.
-Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment tu t'es retrouvée ici ?
Elle secoua la tête.
-Je sais pas trop... J'avais besoin de m'aérer, seule, et elle est apparue devant moi. Blake. Enfin ma... mère, articula-t-elle avec difficulté.
Allison qui m'avait rejointe fronça les sourcils.
-Attends, c'est elle qui t'a enfermée ici ?
Elle haussa les épaules, l'amertume perçant dans sa voix.
-Elle m'a déjà abandonnée une fois. Elle semblait croire que j'aurais été capable de l'arrêter cette fois. Alors elle n'a pas vu d'inconvénient à me tuer, on dirait.
Un pan de mur s'effondra soudain. Nous échangeâmes un regard alarmé. C'était pas bon du tout. Je sursautai quand un autre tomba à son tour.
-Allez, il faut se magner ! cria Isaac.
J'attrapai ma mère et la tirai sans ménagement pour le relever. Allison fit de même avec son père et Isaac s'occupa du shérif. Je fis signe à Lorna de rester près de moi. Même si elle sembla vouloir protester, elle se retint de le faire. Les Argent allaient atteindre l'escalier quand celui-ci se brisa en deux et fut enseveli sous la terre.
Le temps se figea. Nous fixâmes tous l'endroit où se trouvait l'escalier quelques secondes plus tôt. Plus rien. Plus de sortie. Je sentis le vertige s'emparer de moi. Isaac posa une main sur mon épaule.
-Alice, c'est pas le moment de paniquer, ton cœur bat beaucoup trop vite. Il faut que tu te calmes. On doit sauter.
-Sauter ?! Isaac c'est pas seulement l'escalier qui est tombé, mais le mur avec ! On est des loups-garou pas des super-héros ! On passe pas à travers la terre, je te rappelle !
-Il n'y a plus de sortie, fit calmement Chris si bien que j'en vins à me demander comment il pouvait garder son sang-froid. Quelqu'un voit autre chose ?
Le silence lui répondit... ainsi que le craquement d'une nouvelle paroi. Mes réflexes prirent le dessus et je poussai tout ceux qui étaient à ma portée sur le coté. Je me jetai à terre et roulai pour éviter le mur. Isaac n'eut pas cette chance. Le mur l'atteignit à la tête ; il s'écroula.
-Isaac !
J'attrapai le dos de sa veste et le tirai vers nous. Je notai rapidement que j'aurais dû être soulagée de voir qu'il n'était pas vraiment blessé, mais ma partie humaine était comme en sourdine.
Mon loup avait pris le contrôle. Nous devions protéger notre meute, c'était tout ce qui comptait. Mes réflexes étaient plus aiguisés, tout comme ma vue , mon ouïe et mon odorat. Le sang pulsait dans mes veines, mais je restai étonnamment calme.
Quand une poutre manqua de s'effondrer, entraînant tout le plafond avec elle, je me redressai brusquement accroupie et posai mes mains en dessous pour la soutenir. Je tentai de me redresser pour la soulever plus haut, sans succès. Je sollicitai tellement ma force que mes yeux changèrent de couleur sans que je le leur ai demandé. Je tournai la tête vers Isaac. Il comprit mon ordre implicite. Il se redressa, secoua la tête pour s'éclaircir les idées et me rejoignit.
Le temps s'égraina, je n'ignorais depuis combien de temps, nous étions là, Isaac et moi, à soutenir le plafond, sans rompre le contact visuel. A deux, nous avions réussi à nous relever. Si Chris avait directement compris ce que nous faisions, il était bien le seul. Même moi, j'ignorais ce qui me permettait de tenir le coup. Je savais juste que je devais garder le contact visuel avec Isaac.
-Qu'est-ce qu'ils font ? souffla Allison à son père.
Du coin de l'oeil je vis toutes les têtes se tourner vers Chris. Le shérif ne semblait pas encore s'être remis du moment où nos yeux avaient changé de couleur.
-Ils puisent de la force l'un dans l'autre. Le bêta dans son alpha. L'alpha dans son bêta. J'en avais déjà entendu parler, mais je n'avais jamais pu assister à ça. Ca les rend plus fort tous les deux. Et la pleine lune décuple encore cette force.
Ah c'était la pleine lune ? J'avais pratiquement oublié. La pleine lune, aujourd'hui ça impliquait aussi...
Je vis l'instant exacte où Isaac le ressentit. Ce vide qui nous prit soudain à la gorge. La connexion entre nous se rompit brutalement. Il écarquilla les yeux, et ouvrit la bouche, l'air plus que surpris. Nous tombâmes à genoux, entraînant notre fardeau avec nous. Des cris résonnèrent, mais impossible de savoir de qui ils venaient. Ma vision se brouilla. Ma respiration s'accéléra et ma panique refit surface. Isaac ne devait pas être dans un meilleur état que moi. Nous n'allions pas tenir.
-L'éclipse, articulai-je. Elle a commencé. On va lâcher.
Les autres ne se firent pas prier pour venir nous aider. Au moment où ma mère apparaissait à coté de moi, je lâchai et tombai en avant dans la terre. Je tentai de reprendre ma respiration. C'était beaucoup plus compliqué qu'en temps normale. Le visage de Dimitri, son regard fou, m'apparurent soudain. Je ne pouvais pas entendre sa voix, mais je sentais la brûlure de ses griffes contre mon ventre, de ses dents dans ma chaires. J'avais perdu ma force, ma capacité de guérison, et mes sens surdéveloppés.
J'étais redevenue humaine.
Vulnérable.
Je ne compris que Chris m'avait giflée que quand je fis face à son regard désolé. Un goût de sang emplit ma bouche. Il avait dû me fendre la lèvre.
-15 minutes. Vous devez tenir 15 minutes, ne paniquez pas, vous retrouverez tous vos pouvoirs après. C'est temporaire, d'accord ? Temporaire.
J'hochai vivement la tête. Le fait de n'être temporairement plus un loup-garou m'avait soustraite à l'influence de la pleine lune par la même occasion. Je pouvais penser clairement, tant que mon hypervigilance ne reprenait pas le dessus. Tant que je ne faisais pas de crises de panique. Oh, mon Dieu ! Et Scott ? S'il faisait une crise d'asthme ?! Il n'avait pas son inhalateur !
Je secouai la tête. 15 minutes, Alice. 15 minutes. Je repoussai une mèche de cheveux collée sur mon front par la transpiration et me redressai pour recommencer à soutenir la poutre avec les autres. Je sentis une main se poser sur la mienne, me conférant plus de force pour soutenir le plafond. Je levai la tête et fronçai les sourcils. Il n'y avait personne. Enfin pas de main. Pourtant je sentais clairement la pression d'une main sur la mienne, comme je sentais celle de Scott sur la mienne quelques heures plus tôt.
-C'est trop lourd, on y arrivera pas ! cria Allison.
A cet instant, comme notre sauveur, Stiles apparut, armé d'une batte de baseball. Il la plaça à la verticale et nous sentîmes la pression sur nous disparaître. Je soupirai de soulagement. Et parce que le plafond n'allait plus nous tomber sur la tête, et parce que Stiles était vivant. Il avait une blessure à la tête, mais il était en vie.J'échangeai un regard avec Allison et Isaac.
-Il y a pas à dire, fit le shérif. L'aluminium, c'est mieux que le bois.
Quelques-un eurent un rire nerveux tandis que Stiles se jetait dans les bras de son père.
Maintenant, nous n'avions plus qu'une chose à faire.
Attendre.
Et prier.
J'eus un hoquet de surprise quand je sentis mon pouvoir revenir. Je me penchai en avant, convaincue que j'allais vomir. OK, ça c'était brutale. Une vague de puissance déferla dans mes veines. Mes yeux virèrent aux rouges. Ma lèvre se referma. Mon ouïe retrouva sa puissance et tous les sons me parvinrent si vite, si fort, que je fus prise de vertiges -à nouveau-. Je n'entendais pas seulement les coeurs et les respirations haletantes des personnes présentes dans ce qu'il restait de l'abri souterrain. Non, ça allait beaucoup plus loin que ça. J'entendais le murmure du vent, soudain calme, le bruissement des feuilles, et un millier d'autres sons que je ne parvins pas à identifier.
Je relevai la tête et croisai le regard d'Isaac. Il avait un sourire béat plaqué sur le visage et je ne devais pas avoir l'air moins idiote.
-On dirait que l'éclipse est terminée, pouffa Lorna.
Quelques minutes passèrent, et le vent retomba totalement.
-Ca s'est calmé, constata Allison.
Le portable de Stiles vibra. Il décrocha rapidement.
-Scott ?
-Salut, comment ça va ?
Je relâchai mon souffle en entendant sa voix. Il allait bien.
-Plutôt pas mal, tout le monde va bien. Et vous, ça va ?
-Ouais, on va dire ça.
-Tu crois que vous pouvez venir nous chercher ?
-Ouais, bien sûr.
-Oh, et vous pouvez apporter une échelle ?
Hey !
Alors pour votre culture, "mordre sur sa chique" est une expression belge (je suis sûre vous vous en doutiez pas XD) qui veut dire à peu de choses près prendre son mal en patience en essayant de pas trop montrer que quelque chose nous fait chier. Voilà. Et en Wallonie, donc la partie francophone de la Belgique hors Bruxelles une chique c'est un chewing-gum.
Maintenant que j'ai fait votre éducation on peut passer à autre chose.
Il est 00h37. Il me reste plus de la moitié du chapitre à écrire. Je me suis dit que j'allais le faire. Je vais le faire. Mais je sais pas comment je vais y survivre. Surtout que je viens de terminer l'épilogue, je suis surexcitée. Je devrais pas, surtout que je risque de me faire de ennemi. Et je tape de plus en plus vite. Ca y est je suis à la limite de la crise d'hystérie. On se calme. Je retourne à mon chapitre.
Je n'ai pas tenu le coup. Il est 12h12. Je suis allée me coucher une demi-heure après la note au-dessus. Mais je m'y suis remise tout de suite ce matin !
J'espère que ça vous a plu !
Dîtes-moi ce que vous avez pensé de ce dernier chapitre.
J'ai adoré écrire les passages dans le bunker ! J'étais tellement dedans que j'étais dans les mêmes états qu'Alice XD. Ca rend comment ?
Je poste l'épilogue dans la soirée. Quelque chose entre 18h et 20h.
A tout à l'heure.
Bises Psychotiques,
Luna
