Pansy Parkinson marchait à vive allure. Non pas qu'elle fut pressée. Être pressée impliquait une certaine notion de retard, et le retard, c'était bon pour les incapables infichus de gérer correctement leur planning, pas pour elle. Non, en fait, si elle marchait vite, c'était principalement pour montrer aux autres à quel point son temps était précieux, et surtout, leur faire comprendre d'entrée de jeu qu'il était hors de question qu'elle leur accorde la moindre attention. Elle fonçait vers son objectif, un point c'est tout. Les pans de son trench claquaient avec élégance sur ses jambes fines et élancées, emprisonnées dans de luxueux collants noirs. Elle grimpa rapidement les trois petites marches en ferraille qui donnaient accès au Poudlard Express, et gagna d'un pas toujours vif l'avant-dernier wagon. Le leur. Celui qu'ils avaient investi dès leur première rentrée, et dans lequel ils avaient ensuite effectués tous leurs trajets. Quand elle avisa la longue silhouette athlétique déjà avachie sur l'une des banquettes, elle eut la sensation qu'un énorme poids s'envolait soudain de sa poitrine. Elle posa son sac à main sur le vieux velours bordeaux élimé, et s'assit auprès du jeune homme saisissant délicatement sa main.

Drago, souffla t-elle.

Drago Malfoy tourna vers elle un visage impassible, sur lequel s'était imprimé un léger sourire de satisfaction. Il semblait content, lui aussi, de retrouver la jeune femme, en dépit de la neutralité de sa réaction.

C'est pas trop tôt, dis-donc, lâcha t-il de sa voix légèrement traînante. Où sont tes bagages ? Et où est Blaise?

Mes bagages sont, comme chaque année, confiés aux bons soins de mes elfes de maison. Figure toi qu'arpenter les quais de la gare avec trois valises de trente bons kilos ne figure pas sur la liste de mes passe-temps favoris. Pour ce qui est de Blaise ...

Elle marqua une pause, grimaça légèrement et se massa la nuque.

Eh bien … il semblerait que ce cher Blaise ai trouvé quelques connaissances qu'il souhaitait … saluer, soupira t-elle en levant les yeux au ciel.

Blaise et elle avaient partagé un portoloin, pour venir jusqu'à King's Cross, puis avaient traversé le mur ensemble, suite à quoi ce dernier avait reconnu au loin la silhouette de Cho Chang, qu'il s'était empressé d'aller complimenter sur son bronzage d'été. Peut-être était-il déjà à l'heure actuelle fourré dans les toilettes du train, vérifiant consciencieusement l'uniformité totale du bronzage en question.

Sacré Zabini, soupira Drago en fermant les yeux.

Le train se mit soudainement en branle, trembla, crachota, vibra, puis s'élança doucement sur les rails. Le paysage se mit lentement à défiler, et la gare ne fut bientôt plus qu'un lointain souvenir derrière eux. Enfin, la porte coulissante s'ouvrit vivement, pour laisser entrer dans leur wagon un Blaise Zabini souriant et légèrement décoiffé.

Je vous ai pas trop manqué ?

Ta chemise est froissée, c'est lamentable, rétorqua Pansy. Tu ressembles à Londubat.

Et toi ta frustration est démesurée, c'est affligeant Pansy chérie. Ne jalouse pas ainsi le plaisir d'autrui.

Le métis se laissa tomber sur la banquette face à Drago, et lui adressa un sourire radieux.

Alors,vieux ? Comment s'est passé ton été ?

Je suppose qu'il a eu les deux bras cassés, puisqu'il n'a daigné écrire à personne, glissa Pansy.

J'étais en Hongrie. Stage intensif de Quidditch.

C'était comment ?

Génial et fatiguant. Ou fatiguant et génial, j'en sais rien.

Drago ne s'encombrait jamais. De problèmes, de filles, de mots superflus. Il aimait aller droit au but, ne pas gaspiller son temps, ne pas faire perdre le leur à ses interlocuteurs.

Blaise sortit une barre de chocolat de la poche de son blouson de jean, et en déchira distraitement le papier.

J'ai aperçu le trio de nazes, en montant.

Quelle réjouissante nouvelle, grinça Drago.

Oui,justement, laisse moi finir : Weasley n'avait pas de cheveux.

Les yeux de Drago s'écarquillèrent, et même Pansy releva un regard surpris de son magasine féminin.

Pardon ?

Merlin, mes vœux auraient-ils été exaucés ? Ce rouquin inutile aurait-il contracté un cancer ?

Pansy, un sorcier de sang-pur ne peut pas contracter de pathologie moldue …

Mais Weasley... est un sang-pur. Ah oui. Je l'oublie toujours.

Bref, le gars à bien du prendre encore trois ou quatre kilos. Je vous jure, il a un de ces bides ! Il n'a pas l'air malade pour deux sous. Non, en fait, en passant, je les ai entendu parler de défi … je pense que cet imbécile s'est rasé la tête suite à un pari.

Par Merlin … je le pensais au fond du trou mais cette belette creuse encore ..

Et la Granger ? Elle a rasé sa touffe monstrueuse, elle aussi ? Celui qui a choisi le gage de Weasley s'est vraiment trompé de victime, car de toute évidence c'est à elle que ça aurait été utile !

Non, répondit Blaise d'un air absorbé. En fait, je ne me suis pas attardé, mais Granger avait l'air … normale.

Mouais... moins bizarre que d'habitude, tu veux dire.

Les trois amis gloussèrent, immatures et insouciants, tandis que le train, désormais lancé à vive allure, les rapprochait chaque minute un peu plus de Poudlard, où les attendait leur septième et dernière année d'études.