La première nuit qu'Hermione passa à Poudlard fut désastreuse. Elle tournait et se retournait dans son lit, sans parvenir à trouver le sommeil. La respiration de Ginny à ses côtés lui manquait. L'atmosphère du dortoir lui manquait. Et savoir Malefoy présent à quelques mètres d'elle parasitait son bien-être. Elle se leva donc à cinq heures et demie, et prépara son sac. Dans la poche avant, elle glissa son emploi du temps, bien qu'elle le sache déjà par cœur, et son indispensable retourneur de temps. Puis elle empila méthodiquement des parchemins, des plumes à réservoir d'encre, et ses manuels. Lorsque ses affaires furent prête, elle lança à la sacoche un sortilège d'anti-gravité complexe, qui lui donnerait l'impression, lorsqu'elle le porterait à son épaule, que son sac ne pèserait pas plus lourd qu'une plume. Elle fit une petite escapade hors de sa chambre, attrapa une banane dans la corbeille à fruit, qu'elle pela et mangea, puis regarda l'heure. Elle était encore largement en avance. Elle tenta de lire, mais ne parvint pas à se concentrer. Elle passa donc dans sa salle de bain, retira sa chemise de nuit, et se glissa sous la douche.
Dans la chambre d'en face, Malefoy cligna plusieurs des yeux, remua, puis se trouva rapidement parfaitement éveillé. Il tendit l'oreille, confus, afin d'identifier le léger bourdonnement de fond qui l'avait gêné, et l'avait privé de ses dernières minutes de sommeil. De l'eau qui coule. Il attrapa vivement sa montre, sur sa table de chevet, et écarquilla les yeux. Il était six heures du matin! Les cours ne débutaient que dans deux heures et demie !
_ Putain de foutu castor à la con, s'exclama t-il d'un ton rageur en envoyant valser un oreiller contre le mur.
Il savait pertinemment qu'il ne parviendrait plus à se rendormir. Il se leva, et sortit de sa chambre en claquant la porte de toutes ses forces. Les fenêtres de leur pièce commune commençaient déjà à renvoyer les faibles lueurs de l'aube qui pointait. Ils n'étaient que le 3 septembre. Les journées appartenaient encore à l'été, et étaient donc encore longues. Elles débutaient tôt et s'achevaient tard. Du bout de sa baguette jaillirent quelques étincelles. Il venait d'envoyer un sort d'alerte aux cuisines. Une seconde plus tard, un petit elfe qui semblait encore tout jeune se matérialisa devant lui.
Monsieur le préfet en chef, salua l'Elfe en s'inclinant. Que désirez vous pour votre petit déjeuner ?
Un thé vert, des tartines de pain, du beurre, et de marmelade.
Du thé vert, Malefoy, réellement ?
Le jeune homme fit volte face avec surprise. Il n'avait pas entendu son homologue arriver. Elle avait vraisemblablement terminé de se laver et était enroulée dans deux épaisses serviettes de bain.
C'est d'un viril, lâcha t-elle avec ironie.
Le sang du Serpentard ne fit qu'un tour. Il jaillit en direction de la carafe d'eau, et lui en lança le contenu à la figure, tandis qu'elle poussait un glapissement de stupeur.
_ D'une, Sang de Bourbe, sache que les vrais hommes ne s'abreuvent pas café, contrairement à ces rustres de moldus qui t'ont élevée, ou du moins qui ont tenté de le faire. Ils boivent du thé. Parce que ce qui importe, ce n'est pas d'être viril, c'est d'être noble. Et les nobles anglais s'abreuvent de thé. Ensuite, espèce de lamentable cafard, peut-être que te lever aux aurores t'amuse, mais je t'assure qui si l'envie te vient de recommencer, tu as plutôt intérêt à lancer un putain d'assurdiato si tu ne tiens pas à ce que je t'étripe. Je suis pas vraiment du matin,tu vois.
Il tourna les talons et claqua la porte de sa chambre de toutes ses forces. Hermione, choquée par son geste et sonnée par sa tirade, demeura interdite, avant de voir totalement rouge.
Va CREVER Malefoy ! Espèce d'ordure ! Pauvre fouine ! Salaud !
Elle lui hurla toutes les insultes qui lui passèrent par la tête. Elle savait bien que c'était puéril et inutile, mais ça avait le mérite de la défouler. Elle se barricada dans sa salle de bain, et sécha ses cheveux, avant de les enduire consciencieusement de son Philtre de Discipline Capillaire. Elle aimait bien leur nouvel aspect, ainsi. Non pas que sa précédente coupe ne lui plaise pas. En fait, elle s'en fichait simplement. Elle n'était pas vraiment d'un naturel coquet. Elle enfila son plus jean, qui était aussi le plus cher, et rougit légèrement en admirant la façon dont il la moulait. Hermione, ne sois pas si superficielle. Elle savait qu'il la mettait particulièrement en valeur. Elle avait parfaitement intercepté les regards de Ron, et même de Fred ou Charlie parfois, lorsqu'elle l'avait porté cet été. Elle choisit pour l'accompagner une très légère blouse de dentelle blanche, très délicate, qui lui avait offert sa mère. C'était un vêtement de marque française. Au fur et à mesure qu'elle développait son goût pour les jolies choses, son amour pour les vêtements français décuplait. Elle enfila des sandales de cuir sophistiquées sur ses pieds, qui Ginny avait vernis dans une teinte rose pêche la semaine dernière, et se contempla dans le miroir. Elle était vraiment plus jolie, cette année. Elle avait beau se trouver bien moins féminine et sensuelle que Lavande Brown, les sœurs Greengrass, ou même Ginny, elle décelait en elle un charme qu'elle apprivoisait de mieux en mieux. Ses boucles acajou rebondissaient souplement dans son dos et dégageaient un frais parfum de chèvrefeuille. Elle ne se parfuma pas, car elle n'aimait pas vraiment ça. Elle observa en détail son visage, ses joues rebondies, ses sourcils légèrement épilés, ses grands yeux qui tiraient sur le doré à cause de la saison. Elle n'avait besoin d'aucun artifice. Son bronzage lui donnait une mine excellente, qui criait la santé et la jeunesse. Elle sourit à son reflet, et enroula un foulard autour de son cou, en raison du froid qui traversait le château aux heures matinales. Elle refusait que son altercation avec Malefoy ne gâche sa rentrée. Il le lui paierai plus tard.
_ Allez, ma fille. En route pour ta septième année. On va leur montrer une fois encore de quoi est capable la sorcière la plus brillante de sa génération.
Le premier cours de la journée des Serpentard était Histoire de la magie. En commun avec la moitié des Serdaigle. Une dizaine d'élèves semblaient écouter passionnément le récit de la guerre des clans qui décima une partie du peuple Troll au quinzième siècle. L'intégralité du reste du groupe luttai pour ne pas se rendormir. Drago soupira, et jeta un œil à Blaise, assis à sa droite. Ce dernier griffonnait sur son parchemin, et Drago trouvait plus qu'inconcevable l'idée que son ami ne soit en train de prendre des notes. Il se pencha un peu, et déchiffra l'écriture fine de son meilleur ami. « Judith Lelong +8. Millicent Bullstrode – 10. Pansy Parkinson HC. Héloïse Midgen – 10. Élise Ravel + 5. Katie Bell +4. »
_ Mec, qu'est ce que tu fous ?
_ Je note les filles de la classe selon une échelle qui va de moins 10 à plus 10, répondit Blaise avec enthousiasme, comme son idée était purement géniale. Elles ont sacrément changé cet été ! Y'a un gros travail de repérage a effectuer.
Drago demeura quelques secondes abasourdi.
_ Pansy Parkinson, HC ? C'est à dire ?
_ Hors compétition, ça me semble évident. Ce serait de l'inceste.
_ Tu m'épuises, Blaise.
Des coups frappés à la porte d'entrée les tirèrent de leur torpeur. La porte de la classe s'ouvrit sur Hermione Granger, un peu essoufflée. L'avant de sa robe de sorcière était ouverte, sans doute à cause de la chaleur, et ses cheveux légèrement désordonnés.
Professeur, excusez moi de vous interrompre, le professeur McGonagall m'envoie récupérer sa fiole d'extrait de larmes de phœnix, s'il vous plaît.
Lèche-cul, songea Drago. Pardonnez moi de vous interrompre, gnagnagna.
La jeune fille récupéra ce qu'elle était venue chercher, et quitta les lieux. Le regard de Drago dériva à nouveau vers Blaise, qui s'était remis à écrire, et ses yeux s'élargirent d'horreur en lisant ce que son meilleur ami venait d'inscrire sur son parchemin. Hermione Granger, +9.
