La lourde porte de la salle de classe venait de se refermer dans un bruit mat et discret, bien entendu, Hermione étant parfaitement au courant du point auquel un bruit parasite pouvait perturber le bon déroulement d'un cours passionnant. Drago relut une deuxième fois, puis une troisième, ce que venait d'inscrire son meilleur ami sur sa petite liste puérile.
_ Blaise, souffla-t-il, tu t'es trompé. T'as mis un plus au lieu d'un moins. Juste là, précisa-t-il, en pointant la ligne Granger du bout de sa plume.
_ C'est pas une erreur, répondit distraitement ce dernier.
Il réfléchissait, absorbé dans ses pensées. Il ajouta les noms de Ginny Weasley, puis Astoria Greengrass, et se tritura les méninges sur les notes qu'elles méritaient. Il avait visiblement mis au point un barème comparatif particulièrement précis.
_ Comment ça, pas une erreur ?
_ Dray, entendons-nous, c'est Granger, une insupportable bêcheuse prétentieuse, rabat-joie et inaccessible. Moldue de surcroit. Mais d'un point de vue purement physique, je la trouve à croquer, perso.
Les yeux de Drago s'écarquillèrent et il s'en fallut de peu pour que sa mâchoire ne se décrocha. Blaise faisait-il l'objet d'un quelconque sortilège de confusion ?
_ A …A croquer ? Le castor ?
_ Tu comptes répéter tout ce que je te dis pour demander confirmation ? s'enquit le métis, un sourcil arqué. C'est une grosse chieuse. Je sais. Je me pendrai certainement avec ma propre cravate si je devais rester seul avec elle plus de 10 minutes. Mais elle est très jolie. Super corps, visage mignon, charisme. Moi j'aime bien ce genre d'alliance dans le caractère d'une femme. Je suis lassé de toutes ces ados vulgaires. Ça ne veut pas dire pour autant que je vais l'épouser, respire mon pote ! C'est juste une liste à la con pour tuer le temps !
Sur ce, il ajouta un +7 devant Ginny Weasley, puis un magistral +10 devant Astoria Greengrass, qui se trouvait par ailleurs assise face à lui, à la droite de Pansy. Il lança à son dos un regard enamouré, puis se leva les yeux vers le professeur, qui venait d'annoncer la consigne de leur premier exercice. Vaguement abasourdi, Drago passa à autre chose et préféra ignorer l'échange inattendu qu'il venait d'avoir avec son binôme.
Une fois la matinée de cours achevée, ils gagnèrent la grande salle avec enthousiasme et appétit. Pansy était en train de leur raconter comment Millicent Bullstrode s'était coincé la jupe dans la portière en descendant de sa voiture avec chauffeur, au dernier repas organisé par ses parents, et les garçons pleuraient presque de rire. Il faut dire que leur amie leur offrait une description terriblement fidèle de la grande culotte jaune à broderies violettes qu'arborait, semble-t-il, la jeune fille pour l'occasion.
_ Mon Dieu, souffla Blaise, c'est insoutenable à imaginer, comme spectacle. Drago, je t'offre mon Nimbus dédicacé par la capitaine des Harpies si tu fais voir le loup à cette brave Millie d'ici les vacances de Noël.
Drago avala sa salive de travers, et éclata d'un grand rire en prenant place à table.
_ Blaise, j'aime les défis, pas les missions suicide. Tu pourrais m'offrir tes titres, ta fortune, ton manoir et ta charmante mère avec, qu'il n'y aurait pas moyen.
_ Eh, laisse ma mère où elle est, tu veux.
_ Et plus largement, laissez donc également la virginité de cette pauvre Millicent où elle est également, sermonna Pansy.
_ A savoir dans sa culotte jaune, s'esclaffa Blaise.
_ Elle est déjà assez mal lotie comme ça, la pauvre.
_ Pansy … commença Drago d'une voix trainante en se servant un jus de citrouille, serait-ce de la sollicitude, dont tu fais soudainement preuve ?
_ Possible, rétorqua son amie. Millicent ne m'inspire pas plus d'affection que ça, mais nous avons grandi ensemble. Elle éveille mon instinct maternel, ou un truc du genre.
_ Comment tu dis ? Instinct maternel ? Nous avons ça, chez les sangs-purs, tu es bien sûre ?
_ Blaise, intervint Drago, ce n'est pas parce que ta propre mère, bien que fort sexy, a plusieurs fois manqué de t'échanger contre une rivière de diamants que nos charmantes génitrices sont toutes ainsi. La mienne a beurré mes tartines de ses aristocratiques mains jusqu'à mes … mes… non, elle le fait toujours, en fait. Même si maintenant ça me gêne plus qu'autre chose, s'amusa Drago.
Blaise grimaça en entendant l'adjectif sexy accolé à l'évocation de sa mère, mais n'ajouta rien, et préféra se lancer dans le découpage millimétré de son rôti de bœuf, en écoutant d'une oreille distraite Marcus Flint, qui exposait le calendrier des futurs entrainements de Quidditch. Pansy arrosait de citron un pavé de saumon, lorsque Astoria vint s'asseoir près d'eux avec toute la grâce du monde. Ses longs cheveux blonds brillaient tellement qu'ils semblaient irradier en un halo céleste autour de son visage de déesse.
_ Blaise, annonça-t-elle avec douceur, je crois que ton grand amour vient de pénétrer la Grande Salle.
Ils se tournèrent tous vers les grandes portes, et découvrirent Hermione Granger, qui tenait le bras de Ronald Weasley, tentant vraisemblablement de faire disparaitre de sa baguette les tâches d'encre que ce dernier s'était faites.
_ Qu'est-ce que…
_ J'ai laissé traîner une oreille en classe, tout à l'heure. Très instructif. Moi qui pensais que nous nous marierions un jour, tu me brises le cœur, pouffa-t-elle.
Pansy eut un petit sourire amusé, et se servit en riz, attendant que Blaise ne débute son discours bien rodé de Don Juan. Il adulait Astoria.
_ Asto, mon amour, voyons. Si tu avais preuve de d'avantage de curiosité, tu aurais su que je t'avais octroyé une meilleure note que la sienne. Tu sais bien qu'il n'y a que toi, j'ai même déjà choisi le prénom de notre futur fils.
_ Et quel est-il ? s'amusa la jeune fille.
_ Blaise Junior, rétorqua Blaise avec sérieux.
Astoria ne put s'empêcher de rire, imitée par Pansy, tandis que Drago souriait avec indulgence. Il laissa son regard se promener du côté de la table des rouges et or. Hermione Granger souriait de toutes ses dents, visiblement fière d'avoir rendu un peu de dignité au pull de son ouistiti de pote. Il la fixa deux secondes, et se détourna, rassénéré. Quoique Blaise puisse en penser, lui la trouvait toujours strictement affligeante. Puis, mis en appétit par ce climat de flirt, il décocha un sourire éblouissant à Elena Rosier, qui avait visiblement développé judicieusement certains de ses charmes durant l'été.
