Deux ans auparavant.

Albus frappa à la porte du 97 Privet Drive et attendit sagement que quelqu'un vienne lui ouvrir. Le vacarme d'un escalier qu'on descend quatre à quatre lui fit savoir qu'il n'attendrait là pas plus de quelques secondes. La tête rougit par la course de sa cousine Daisy apparût quand elle ouvrit la porte. Un grand sourire éclairait son visage fin et mettait en lumière ses grand yeux bleues alors qu'elle tentait de recoiffer ses longs cheveux noirs qui semblaient décidés à partir dans toutes les directions possibles.

-Albus ! Tu en a mis du temps ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ? On avait dit quatorze heures.

-Le métro est tombé en panne. Répondit-il. J'ai dû prendre deux bus pour venir ici.

-Tu ne pouvais pas prendre un de tes moyens de transports sorciers ? Ou te télétransporter d'un coup de baguette magique ?

Il eût un soupir en entendant la réplique de sa cousine. Pour elle tout était plus simple grâce à la magie et elle devait s'imaginer que n'importe quel coup de baguette pouvait arranger n'importe quoi. Pour les moldus, la magie devait sembler extrêmement facile et pratique. Mais Albus détestait l'utiliser, pour lui Poudlard n'avait rien de fantastique et il rêvait plus d'avoir une vie tranquille comme Daisy que de devoir un jour prendre place dans la société des sorciers.

-Je t'ai déjà dit que je ne sais pas transplaner. Dit-il sur ton volontairement fatigué. Et votre maison n'est reliée à aucun feu de cheminée ou à aucun portoloin. En plus je préfère vos transports en commun, c'est plus calme.

La jeune fille haussa un sourcil et fit rentrer son cousin dans la maison.

-Des fois je n'arrive pas à te comprendre… Pourquoi prendre un bus puant où s'entassent des alcolos, des petites frappes et des dépressifs et qui te fais faire un trajet en dix fois plus de temps que tu ne pourrais le faire ?

-Parfois c'est juste agréable de prendre son temps Daisy. Et puis moi je suis un mec, je n'ai pas le même genre de problème que toi quand je monte dans un bus. Quoique j'aimerai vraiment voir l'abruti qui essayera de te peloter, simplement pour avoir un avant/après sa perte de mâchoire.

- A t'entendre c'est presque un reproche que je sache me battre. Répliqua-t-elle.

-Pas du tout, tu vois le mal partout. Au fait Oncle Dudley n'est pas là ?

- Il a accompagné mes grands-parents à un opéra. Ce n'est pas sa tasse de thé mais tu sais qu'il se plie toujours en quatre pour eux, et comme papi Vernon ne peut plus conduire depuis son accident il les a amenés.

Dudley avait été, plus jeune, un champion de boxe de niveau national. Il avait vers ses vingt ans, converti la totalité de son capital graisse en muscle après avoir commencé un entrainement drastique. Il avait intégré les poids lourds professionnel et entamé une plutôt belle carrière.

Vingt-quatre victoire et deux nuls si les souvenirs d'Albus étaient bon. Mais il avait dû arrêter quand Daisy avait eu cinq ans, les matchs à l'autre bout du monde devenaient impossibles à concilier avec sa vie familiale. Il s'était reconverti en coach pour une grande salle de boxe londonienne et il vivait confortablement près de chez ses parents pour pouvoir les aider. Et il avait évidemment transmis son savoir de boxeur à sa fille, faisant d'elle la plus dangereuse adolescente du voisinage.

Harry avait un jour raconté comment Dudley était, plus jeune et Albus avait eu du mal à la croire tant cet homme inspirait la sympathie et le respect. Toujours gentil, poli, plein d'humour, il était loin d'être le petit baleineau capricieux et violent de son enfance.

Et il avait sacrifié sa carrière pour s'occuper de sa fille et de sa femme. Pas comme un certain sorcier à la cicatrice au front…

Albus hocha la tête puis il monta les escaliers avec sa cousine tout en se renseignant sur sa scolarité et à elle. Il aimait prendre des nouvelles du monde qui n'était pas le sien et puis les matières moldues semblaient être un peu moins ennuyeuses que la métamorphose ou la botanique.

La chambre de Daisy Dursley était le plus bel exemple de ce qui aurait pu donner une crise cardiaque à grand-mère Weasley. Molly en serait tombée par terre si elle avait vu une seule pièce de sa maison (ou d'ailleurs) dans cet état. Des vêtements majoritairement noirs trainaient partout au sol, le bureau ressemblait plus à un amoncellement de livres de cours qu'à autre chose et son lit était recouvert de partitions diverses et d'une basse noire qui attendait sagement là.

-Je n'ai jamais écouté de musique moldue. Pensa Albus à voix haute.

-Personne n'en écoute chez toi ? S'étonna sa cousine.

-Papa à autre chose à faire et puis maman, James et Lily écoutent juste ce qui passe à la radio. Tu crois que c'est très différent de ce que font les sorciers ?

-Al… je ne savais même pas que les sorciers avaient la radio.

-Pas faux.

-Bon je vais faire écouter un truc, attend juste que je le retrouve dans mon bordel.

Daisy commença à chercher en retournant tout ce qu'elle pouvait retourner, ce qui transforma un peu plus la chambre en champ de bataille. Albus esquiva à de nombreuses reprises les différents tee-shirts et sous-vêtements que sa cousine lançait en l'air sans prendre garde à là où ils atterrissaient.

Elle cherchait visiblement un de ses CD (Albus ne comprenait toujours pas pourquoi ça s'appelait comme ça ni comment ça fonctionnait) en particulier puisqu'elle en avait déjà retrouvé plusieurs qui visiblement avaient disparu depuis un certain temps si l'on se fiait à ses exclamations de joies dès que l'un d'eux surgissait de dessous une pile de pantalons ou d'un de ses tiroirs.

-Au fait, lança-t-elle alors qu'elle vidait méticuleusement l'un de ses placards en envoyant tout le contenu au sol. Ça se passe mieux dans ton école ? Ils ont arrêté de faire courir des rumeurs sur toi et ton pote… euh… Sorvilus ?

-Scorpius. La corrige a-t-il. Et non ça continue. Enfin c'est plus discret qu'avant mais ça ne change rien au problème. Et puis je me sens mal dans cette école.

-Moi aussi ne t'inquiète pas, je rêve de foutre le feu à mon collège.

-C'est pas la même chose Daisy. Chez nous c'est l'unique école. On ne peut pas en changer, toute ta vie se décide là et c'est ça qui me fait chier. On attend tellement trucs de moi : que je ne sois pas un Serpentard alors que c'est une maison qui me plait, que j'ai des notes élevées pour pouvoir avoir un bon métier, le même que mon père si possible, que je ne perde pas mon temps avec les choses moldues en dehors d'un cours à votre sujet totalement à côté de la plaque… Ma vie à été décidée et je dois m'intégrer dans un monde qui ne veut pas de moi.

Daisy approuva son discours d'un grognement en continuant à retourner soigneusement chacun de ses meubles.

-C'est ce que je dis tu devrais foutre le feu à ton école d'élitistes de merde. Moi mon père le sait que je ne ferais jamais une grande carrière dans la justice ou dans le cinéma. Je veux être une putain de musicienne qui passe son temps à faire des concerts devant un public défoncé et en totale adoration devant moi. Maman pense que c'est une perte de temps d'apprendre à jouer. Enfin c'est ce qu'elle dit mais c'est quand même elle qui m'a acheté ma basse.

-C'est tellement bien d'être un musicien chez les moldus ?

Daisy se retourna subitement et regarda son cousin comme s'il venait de lui pousser une troisième jambe. Il vérifia d'ailleurs si ce n'était pas le cas tant il avait peur que les yeux de sa cousine ne sautent hors de leurs orbites.

-Si j'avais su que tu étais aussi ignare en la matière ça fait longtemps que je t'aurais kidnappé pour rattraper ton retard. On va commencer avec ce que j'ai prévu de te faire écouter et puis je te ferai un cours sur l'histoire du rock le reste de l'après-midi.

-Depuis quand tu es prof de… Rock ?

-Depuis que j'en écoute, c'est-à-dire depuis mes cinq ans. Papa entrait toujours sur le ring avec une musique géniale. The game de Motorhëad. J'ai adoré entendre ça quand il montait pour déboiter son adversaire et j'ai chercher d'autres truc de ce style en demandant à ma mère. Depuis je peux pas vivre sans, et comme disait un gars avec une moustache « une vie sans musique ne vaudrait la peine d'être vécue ».

Albus ne s'interrogea pas plus que ça sur l'identité de ce mélomane moustachu et continua à rire intérieurement en voyant sa cousine se glisser sous son lit pour trouver son fameux Graal. On aurait dit une gamine de six ans au lieu d'une adolescente de quatorze ans. Elle ressemblait un peu à James quand il parlait de Quidditch.

-Trouvé ! Je l'ai !

Elle se releva, de nombreux moutons de poussières coincés dans ses longs cheveux noirs comme des décoration sur un sapin de noël. L'objet en question était un boitier en plastique classique. Mais ce qui attira l'œil du jeune sorcier ce fût le mélange de couleur plutôt… Original. Le fond jaune canari jurait avec un nom découpé dans une bande rose bonbon. Il annonce : Nevermind the Bollocks, Here's the Sex Pistols.

-Voilà mon cher Al ! L'album qui a changé l'Angleterre ! Qui l'a fait passer de pays chiant et morne avec des homme politiques pisses-froid et puritain à un pays chiant et morne avec des hommes politique pisses-froid et puritain mais qu'on peut emmerder en chantant, en dansant et en existant simplement !

-Si tu le dis… acquiesça le cadet Potter ne sachant pas très bien où elle voulait en venir.

La jeune fille ouvrit son lecteur CD et vérifia que les enceintes étaient bien branchées. Elle mit le si précieux disque et commença a appuyé sur les boutons pour choisir la chanson.

-Je vais te mettre la meilleure en premier ! Prends garde à toi car ton monde va changer pauvre sorcier.

Albus aurait bien voulu le répondre un « oui, oui » tout à fait sceptique mais il n'eût pas le temps d'ouvrir sa bouche qu'un tsunami sonore lui éclata les tympans. Le son était fort, beaucoup trop fort, celui d'une guitare qui crache ses accords sans subtilité soutenue par une section rythmique préhistorique.

L'effet est immédiat : Il vient de prendre un Knock-out magistral alors qu'il tient toujours sur ses jambes. Daisy le regarde amusée, c'est comme si elle se voyait la première fois qu'elle a écouté les Pistols. Albus est hagard, la bouche grande ouverte, les paroles grossières et provocantes viennent glisser dans ses oreilles avec brutalité.

Ce que hurle le chanteur avec une voix qui semblent aller dans tous les sens sont des prophéties nihilistes, de la rage et de la haine pour le monde entier. No Futur ce qu'il répète aux milieux de proses anticonformistes : il n'y a pas de futur pour lui en Angleterre, il n'y en a pas pour les jeunes et il emmerde tout le monde : il va même jusqu'à traiter la reine de fasciste.

Des génies.

-Putain… lâche-t-il rêveusement quand la chanson se termine. Quel… pied.

-Toi t'es accro à la première dose.

-Oh putain oui ! lance la suite.

Daisy obéit avec joie. Et le punk retentit encore et encore tous le long de la journée dans la petit banlieue calme. Prise d'assauts par deux adolescents fou amoureux d'une musique de marginaux qui décident d'envoyer tout balader.

Voilà pour ce chapitre. La découverte du punk par notre cher Albus et l'apparition de Daisy Dursley. J'ai volontairement fait de Dudley un personnage cool, après tout, il n'est jamais trop tard pour changer . Et puis je l'aime bien comme ça moi. Pour les chapitres suivant je vous l'annonce clairement : ça sortira au petit bonheur la chance. Je ne donne pas de date volontairement, je sais que je serais incapable de la tenir. Alors on verra ce que ça donnera.

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