Chapitre 3 : Bittersweet

Note de l'auteur : Je tiens à remercier Phyllida Crane, AndouilleEtSushi et titietrominet27 ainsi que les invités Jaykilt, Gryfor, Serious et Molys pour leur revieuw :) Vos points de vue et vos critiques aident ma progression. Merci de prendre le temps de poster des revieuws, vos impressions me sont ultra importantes ! Je remercie encore une fois le travail de LycorisSnape qui a relu et corrigé ce chapitre, sans qui cette fiction serait claire-ment illisible, probablement :D

Voici donc le 3ème chapitre d'Accro et à cran, bercé par la musique d'Apocalyptica feat. Lauri et Ville, légèrement plus court que les précédents.

Disclaimers : Aucun de ses personnages ne m'appartient !


(Chanson Apocalyptica - 'Bittersweet' feat. Lauri Ylönen & Ville Valo)

Mars 1976 – Salle commune de Gryffondor

Le sourire aux lèvres, Sirius regagnait tranquillement le chemin de la tour des Gryffondors, gravissant les escaliers d'un pas léger et conquérant. Il venait de conclure joyeusement avec une jolie brune quelques étages plus bas, la laissant tout aussi pantelante que lui après leurs ébats. Passant ses mains dans ses cheveux bruns alors qu'il observait son reflet dans une des nombreuses fenêtres du château, il se rendait compte qu'il était tout de même plus qu'agréable à regarder. James lui en aurait foutu un sacré coup s'il le surprenait dans de telles pensées et il continua son ascension en espérant ne tomber sur personne à une heure aussi tardive. James était déjà en vadrouille sous sa cape, comme à chaque fois que Lily sortait pour effectuer les rondes de nuit, n'étant absolument pas rassuré qu'elle soit dans les couloirs du château sans réelle protection. Bien sûr, James sur-jouait énormément, n'importe quel prétexte était valable à ses yeux, s'il lui permettait de suivre sa dulcinée partout où elle allait, emportant avec lui la carte des Maraudeurs.

Constatant que la jeune fille n'avait pas hésité à lui laisser une marque au cou, Sirius décolla quelque peu le col de sa chemise pour cacher la trace de son passage et arriva très vite au sommet de la tour alors que sa bonne humeur retombait tout doucement. Comme à chaque fois, il ressentait les contre coup de ses escapades et regagnait très vite la douche du dortoir, comme pour expier ce qu'il avait fait. C'était comme si on lui jetait un sortilège d'allégresse à chaque fois qu'il touchait une fille et que les effets se dissipaient brutalement lorsqu'il les quittait. Sirius se sentait rassasié sur le moment mais incomplet, comme s'il n'avait pas eu ce qu'il désirait réellement. Il savait très bien ce qu'il en était pourtant. Aucune de ces filles n'était blonde, toutes ces filles parlaient avant, pendant et après. Aucune de ces filles n'avaient Ses yeux, toutes ces filles en repartaient combler alors qu'il devenait insatiable avec le temps.

Il pressa le pas, sentant le remord venir toquer à la porte de sa tête alors qu'inévitablement, il pensait à Elle. Aucune de ces filles n'était elle, c'était largement suffisant pour se sentir sale et impur.

Grommelant rapidement le mot de passe à la Grosse Dame, Sirius s'engouffra par l'ouverture avant même que la porte ne s'ouvre complètement, pressé et oppressé par des sentiments contradictoires qui se bousculaient. Il en devenait fou. Plus il parcourait de ses mains les diverses formes qui s'offraient à lui, plus il pensait à Elle. Une fois la porte de la douche passée, il savait qu'il redeviendrait ce Sirius que chacun connaissait, joueur, téméraire et loyal.

Pourtant, il remarqua que le feu de la cheminée éclairait toujours la pièce et il se figea instantanément lorsqu'il vit une tignasse blonde passer par-dessus l'accoudoir de son fauteuil. Depuis leur première année, Sirius occupait encore et toujours ce même fauteuil qu'il avait fini par user avec le temps. Ce fauteuil était juste parfait, assez grand pour contenir son derrière et surtout assez large pour se permettre d'avoir également quelqu'un sur ses genoux. Sirius avait littéralement craqué pour ce tas de mousse qui devait être aussi vieux que la création de Poudlard mais tout le monde savait qu'il s'agissait de son fauteuil. Même les premières années quittaient cette place lorsqu'ils voyaient les Maraudeurs arriver dans la salle, sachant pertinemment que cet endroit leur revenait de droit. Bien sûr, Remus était le seul à ne pas abuser de leur notoriété mais James et Sirius prenaient un plaisir fou à assoir leur autorité.

Il ne mit pas longtemps à reconnaître les boucles blondes qu'il avait imaginées quelques minutes auparavant et sa présence frappa soudainement son égo et son cœur de plein fouet. Jamais il ne l'avait croisé après ses papillonnages, au grand jamais il n'avait pensé la croiser et ce soir, il se rendait compte qu'il avait été protégé par une bonne étoile qui venait de le lâcher. Une amertume sans nom traversa son cœur alors qu'il s'approchait de son fauteuil et accessoirement de Marlène qui avait visiblement trouvé une position relativement confortable pour s'endormir. Il fit son maximum pour ne pas faire de bruits et contourna le dossier sans quitter des yeux le corps de la jeune fille qui se dévoilait au fur et à mesure que ses pas le guidaient vers elle. Sirius en était subjugué, il n'entendait plus le crépitement de la cheminée, il n'entendait que la respiration lente et profonde de la jeune fille dans Son fauteuil. Le sien. Cette vision lui faisait vivre un véritable ascenseur émotionnel. Se rendait-elle compte qu'elle s'était installée dans un fauteuil qui avait fini par porter son odeur ? Sirius nageait en plein délire, c'était certain. Marlène, cette fille à qui il n'avait jamais adressé la parole, était endormie dans Son fauteuil au beau milieu de la nuit.

Sirius se pinça le bras sans lâcher la jeune fille du regard. Et si elle se réveillait, comment expliquer sa présence ? Il se gifla mentalement alors qu'une tonne de questions l'assaillaient, certaines pertinentes et d'autres totalement stupides. Il se perdait et s'empêchait de glisser ses yeux sur son corps recroquevillé et presque lové contre le dossier, ses jambes pendant par-dessus l'autre accoudoir.

Il se rendait compte qu'il n'avait jamais eu l'occasion de la voir d'aussi près et de surtout de pouvoir rester aussi longtemps devant elle. Il était certain qu'il partirait en courant si elle ouvrait les yeux mais la respiration paisible de la jeune femme lui indiquait qu'elle dormait à poing fermé. Etait-elle fatiguée ? Attendait-elle Lily pour d'être endormie ici ?

Puis soudain, Sirius laissa tomber son regard sur ses lèvres et arbora alors un sourire. Marlène était radieuse, même lorsqu'elle dormait. Elle semblait même sereine, loin de ressembler à l'image qu'elle donnait d'elle d'habitude. Elle ne semblait pas froide ou distante, pas même joyeuse. Elle était simplement bien dans Son fauteuil. Sirius entendait de nouveau les battements de son cœur contre sa poitrine, aussi durement que lorsqu'il avait pris son pied avec l'autre brune qui paraissait mille fois fade face à cette vision.

Il n'osa pas s'approcher d'elle mais n'eut pas non plus le courage de s'en éloigner. Sirius était littéralement subjugué par sa trouvaille. Qu'avait-il fait aujourd'hui pour avoir une telle chance ? L'amertume pointa de nouveau le bout de son nez, il avait eu cette chance alors qu'il venait à peine de tromper ses sentiments pour assouvir ses plaisirs physiques. Et qu'en tirait-il ? Du dégoût, des regrets et de la douleur, de la désolation, de l'agressivité et de la mélancolie. Il s'écœurait de penser qu'une autre fille la remplacerait, répétant sans cesse ses erreurs comme s'il espérait qu'un jour, ses sentiments cesseraient. Il en avait la nausée à l'idée d'avoir embrassé d'autres lèvres que les siennes, se répugnait d'avoir pu toucher tant d'autres peaux que la sienne sans jamais trouver la chaleur qu'il lui fallait.

Soudain, Marlène étira ses lèvres dans un sourire coupant immédiatement tout afflux de sang dans les jambes de Sirius qui manqua de tomber, comme un amoureux transit. Il fit un pas en arrière, désorienté et bouleversé par ce simple sourire qu'elle lui donnait sans s'en rendre compte. Ce sourire effaça tous ses infâmes sentiments pour les remplacer par de douces passions, ravageuses, savoureuses et enivrantes. Profitant de l'absence de toute personne dans la salle commune, Sirius se laissa aller, l'espace de quelques secondes et lui rendit silencieusement ce sourire, s'empêchant tout de même d'amorcer le moindre geste envers elle. Il ne pouvait pas prendre le risque de rencontrer son regard si elle se réveillait maintenant, il ne le supporterait pas. Son cœur ne pourrait pas supporter son air indifférent envers lui. Il savait, au fil des années, que Marlène ne voyait en lui que le gamin capricieux que les filles s'empressaient de satisfaire. Alors il ne le supporterait pas à cet instant, alors qu'il se noyait délibérément dans ses émotions.

Rien ne pouvait briser cet instant, un des plus importants pour Sirius. Sauf la tignasse de Lily en haut de l'escalier qui avait tout vu, en silence. Il était cuit.


Vous pensez que Lily va tout cafter?