Chapitre 4 : Surrender

Note de l'auteur : Hello ! Voici le 4ème chapitre ! Je remercie sincèrement toutes les personnes qui m'ont laissé une revieuw, AndouilleEtSushi, Gryfor, Serious, titietrominet27 ainsi que Phillida Crane. Je remercie également particulièrement LycorisSnape sans qui je n'aurais pas eu des idées pour cette fanfiction et qui prend le temps de me corriger. En espérant que ce chapitre vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture !

Disclaimers : Aucun de ses personnages ne m'appartient


Chanson : Surrender de Billy Talent

Juin 1976 – Parc de Poudlard

Sirius retenait les épaules de James qui semblait marcher sans savoir où il allait. Ils venaient d'humilier une nouvelle fois Snivellus pour fêter la fin de l'année et des examens, ce qui n'a pas été au gout de Lily, comme d'habitude. Comment faisait-elle pour se coltiner une pareille enclume et comment faisait-elle pour accepter ses tendances à la magie noire ? Ils l'ignoraient tous. Mais cet après-midi, pire que le rejet du serpentard par Lily, ce furent les mots de cette dernière à l'encontre de James qui les avaient laissés sans voix.

Au fur et à mesure de leur progression vers le château, James murmurait des paroles que Sirius eut du mal à comprendre. Parlant vaguement de faire changer d'avis sa douce rouquine, James avait l'esprit ailleurs et certainement en miette. Oscillant entre l'idée d'abandonner et de persévérer, Sirius savait que son ami prendrait quelques jours pour se remettre de cette mauvaise attention qu'il s'était attiré de Lily et se rendit alors compte des forts sentiments de son meilleur ami. James n'était pas du genre non plus à parler. Tout comme Sirius, ils se dévoilaient par les attitudes et les rires du quotidien pour échapper à quelques évènements malheureux et personnels. Mais Sirius le connaissait bien, il savait que James souffrait de voir les regards noirs de celle qu'il aimait depuis tant d'année, n'ayant pourtant dévoilé ses intentions à cette dernière que très récemment.

Sirius agrippa les épaules de son meilleur ami lorsque celui-ci faillit trébucher sur le rebord du chemin qui les menait à la Grande Porte. Les examens étaient enfin terminés et le lendemain, ils allaient tous pouvoir rentrer chez eux. Sirius avait la gorge nouée, pas pour ses examens qu'il était certain d'avoir réussis les doigts dans le nez, mais à l'idée de revoir ses parents et plus particulièrement sa mère qui lui ferait payer toutes ces journées qu'il a passé à humilier des Serpentard, en particulier Bellatrix, Mulciber et Avery. Allait-elle le priver de sortie, de nourriture ? Il s'en foutait royalement maintenant qu'il était devenu un animagus. Sortir par la fenêtre à travers les barreaux n'était plus un problème, il pourrait certainement s'évader à la première occasion. Mais Sirius avait accumulé un grand manque de patience cette année. Son impatience avec Snivellus, avec Marlène …

Il commença à rire sans raison, s'attirant le regard foudroyant de son meilleur ami. Mais cela ne dura pas longtemps, James commençait déjà à rire aux éclats en le bousculant comme lorsqu'ils étaient en première année. Sirius n'avait peut-être pas les mots pour réconforter le cœur de James, seule Lily pourrait le faire, mais il savait lui changer les idées l'espace d'un instant. Remus les rejoignait rapidement accompagné de Peter qui s'était rongé les ongles jusqu'au sang à force de ne plus savoir quoi écrire lors des examens. Ils commencèrent tous à rire puis à hurler de rire, attirant tous les regards vers eux. Les Maraudeurs répandraient éternellement leur bonne humeur, quoi qu'il arrive. Les élèves leur souriaient comme s'ils étaient contaminés et alors qu'ils arrivaient devant la porte baignée par le soleil, Sirius se sentit heureux en regardant ses amis sourire à tour de rôle. C'est à ce monde qu'il appartenait.

La bande de Serpentard passa devant eux et les Maraudeurs ne prirent même pas la peine de répondre à leurs regards, trop occupés à rire entre eux. Une fois qu'ils étaient lancés, rien ne pouvait les arrêter, ils feraient mourir de honte Voldemort en ne lui accordant aucune attention s'ils étaient en train de se rouler de rire à terre. C'était leur monde, c'était les Maraudeurs.

Soudain, on entendit le bruit d'un obturateur et Peter se cacha immédiatement derrière Remus, ayant horreur de se faire prendre en photo. A chaque fin d'année, certains élèves se faisaient un plaisir de parcourir le parc et le domaine de Poudlard à la recherche de belles photos à présenter à la Gazette du Sorcier ou même pour des souvenirs personnels. Ces instants étaient tous précieux, l'ascension de Voldemort faisait grandir la peur qui régnait dehors, la peur de perdre des proches. Sirius et James se souriaient à pleines dents alors qu'un petit groupe de filles les prenaient en photo tandis que Remus levait les yeux au ciel. Ils étaient des stars et en tiraient bien des avantages, en plus de pouvoir avoir la plus belle fille du moment dans les bras. Quelques gloussements plus tard, James embarqua Remus à l'intérieur, suivis de près par Peter, laissant seul Sirius un instant alors que le parc se vidait progressivement.

Seulement, avec le soleil qui se couchait, Sirius avait perçu un éclat un peu plus loin près du lac et lorsqu'il ne vit plus ses acolytes, il ne put s'empêcher de s'en approcher. Cet éclat, il pouvait le reconnaître parmi des millions d'élèves, des millions de filles. Des millions de femmes.

Alors que ses pas le guidaient tous seuls comme mués par un instinct propre, Sirius voyait la silhouette de Marlène de plus en plus nettement. Son visage était caché par un large appareil photo sorcier, déclenchant automatique une lumière alors qu'elle photographiait l'arbre sur lequel James gravait leurs initiales chaque année. Marlène avait le don de voir les détails dans chaque objet et de savoir prendre des photos pour mettre en valeur chaque impression qui s'en dégageait. Il avait eu l'occasion de voir quelques-unes de ses photos dans le journal de Poudlard et avait passé du temps à contempler chacune de ses œuvres. Mieux que des peintures, elles savaient capter l'essence même d'un moment.

Sirius ne put s'approcher plus d'elle. Pourquoi ? Marlène s'était approchée de l'arbre, posant sa main et parcourant des doigts les différentes gravures. Ses cheveux blonds s'affolaient alors que le vent de soirée se levait et Sirius put sentir son parfum qui l'enivra entièrement. Depuis cette nuit dans la salle commune, il n'avait jamais pu l'approcher davantage ou se retrouver seul avec elle. Depuis cette nuit, l'image de Marlène endormie hantait ses plus beaux rêves, sa silhouette lovée contre le fauteuil, il l'imaginait contre lui. Elle le réveillait en pleine nuit, elle l'empêchait même parfois de dormir, donnant l'occasion à James de lui proposer de venir sous la cape avec lui et d'aller surveiller sa Lily dans les couloirs. Il se rendait compte que chaque jour qui s'écoulait diminuait ses chances de lui dire ce qu'elle signifiait pour lui. Il était sensible à chaque son qu'elle produisait, à chaque sourire qu'elle donnait à Lily, chaque froncement de sourcils qu'elle avait pour James, chaque geste qu'elle avait vers les autres et ce vide total lorsqu'elle le regardait. Elle avait réussi à barricader le cœur de Sirius face au reste des filles.

Alors que son doigt passait sur les initiales de Sirius, ce dernier déglutit difficilement. Avait-il, au fond, louper tous ces moments alors qu'il aurait pu s'armer de courage pour aller lui parler ? Etait-ce trop tard ? Pourtant Sirius n'avait peur de rien quand l'émotion le tenait. Combien de fois n'avait-il pas plongé sur Remus lorsqu'il se transformait pour qu'ils jouent ensemble ? Combien de fois s'était-il laissé mordre pour éviter que Remus ne se griffe lui-même volontairement ? Combien de fois n'avait-il pas sorti des élèves plus jeunes de situations délicates dans les couloirs face à des Serpentard ? Combien de claques prenait-il avec le sourire de la part de a mère lorsqu'il rentrait chez lui ?

Pourtant, il avait peur qu'Elle puisse le tuer d'un seul regard.

Lorsqu'il la regardait en train de lire un livre, en train de boire, de dévaler en trombe des escaliers, d'enlever son écharpe lorsque le temps se radoucissait, de prendre la main de Lily pour l'éloigner de Snivellus, de se pencher sur la vitrine de Honeyducks, de convaincre d'un regard un Serpentard de faire demi-tour sans même avoir à effectuer un sortilège informulé. Lorsqu'il la regardait vivre, Sirius avait peur de se faire prendre sur le fait et cette peur avait pris un nom, celui de Lily. Depuis cette nuit dans la salle commune, il surprenait souvent la jeune rouquine qui le regardait avant de détourner le regard, s'attirant alors l'attention de Remus. Il espérait de tout cœur que personne n'aille imaginer qu'un triangle amoureux était en train de se former. Mais Lily ne vint jamais lui parler de cet incident et surtout, alors que les occasions ne lui manquaient pas, elle n'avait rien balancé en public pour le rabaisser. Pourtant, aucun des deux ne pouvait agir comme s'il ne s'était rien passé cette nuit-là.

Le vent se leva un peu plus et Sirius commença à vouloir faire demi-tour, loin de vouloir déranger Marlène et surtout loin de pouvoir rester plus longtemps près d'elle sans vouloir faire quelque chose de stupide, rien que pour attirer son attention. Mais contre toute attente, alors qu'elle levait son appareil à son visage, elle se retourna vers lui et cessa également tout mouvement. Le cœur de Sirius battait à en vouloir sortir de sa poitrine alors qu'elle abaissait lentement l'objet qu'elle tenait entre les mains, rivant son regard au sien. Le sourire de la jeune femme allongé dans le fauteuil lui revint en pleine face alors que la Marlène d'aujourd'hui le regardait simplement mais pleine d'indifférence. Elle n'était pas désinvolte, ni même froide. Elle était d'un calme olympien alors qu'il n'entendait que le bruit de son cœur à ses oreilles, incapable d'effectuer le moindre mouvement pour échapper à ce regard. Combien aurait-il donné pour avoir autre chose ? Ne serait-ce qu'un haussement de sourcils, quelque chose pour lui montrer qu'il pouvait lui faire éprouver une émotion, quelle qu'elle soit d'ailleurs. Mais Sirius se mourrait lentement en se rendant compte qu'il n'était définitivement rien devant elle. Il aurait aimé lui parler à cet instant mais sa voix mourut dans sa gorge alors qu'elle s'éloignait d'un pas de lui. Ses poils se hérissaient le long de son bras et ce n'était pas le vent qui lui provoquait des frissons mais bien Marlène, qui semblait vouloir s'éloigner à chaque fois qu'il aurait aimé faire un pas vers elle. Il était paralysé par son regard, paralysé de ne pas se sentir exister à ses yeux.

Qu'allait-il faire pendant ses deux mois de vacances sans croiser son regard ou sa silhouette dans un couloir ? Il allait certainement se morfondre à peine se serait-il enfermé dans sa chambre en attendant la première lettre de James. Il espérait d'ailleurs que sa mère n'aurait pas trouvé le contre sort pour ouvrir les tiroirs dont un contenait un véritable trésor, une photo de Marlène. A l'origine, elle posait avec Lily mais Sirius avait finalement déchiré la photo en deux en passant celle de Lily à James qui ne s'était pas posé plus de questions que ça. Sirius ne cessait de trouver la situation plus que gênante : les deux meilleurs amis en pinçaient pour deux autres meilleures amies.

Marlène se redressa quelque peu en laissant totalement tomber ses mains le long de son corps et lui tourna le dos, comme lorsqu'elle l'avait surpris à assommer Snivellus dans le couloir. Devait-il abandonner ? Ses boucles blondes se balançaient encore sous le vent, apportant de nouveau son parfum au nez de Sirius qui ferma les yeux quelques secondes. Mais celui-ci fut suffisant pour que Marlène sorte de son champ de vision. Non, il ne pourrait pas abandonner ce qu'il ressentait pour elle. Il survivrait à cet été dans la maison de ses parents pour La revoir à la rentrée et son sourire lui donnerait le courage nécessaire pour affronter la totalité de la famille Blacks. Son sourire lui donnerait les armes pour se défendre et lui donnerait mille et une idées de les faire sortir de leurs gonds. Il savait que cet été, comme tous les autres, serait insipide, monotone et ennuyeux à souhait. Mais il aurait Marlène dans son cœur et elle changeait toujours la donne.