Chapitre deux, une raison de se battre.

La cérémonie s'était passée à merveille jusque-là. Hermione avait trinqué, parlé et débattu avec grands nombres de politiciens, fonctionnaires, salariés, de personnes avec lesquelles elle ne s'entendait pas toujours bien mais suffisamment polies pour reconnaître sa stature. Elle fût rapidement rejointe par les héros de cette petite fête, la cour intérieure étant maintenant rempli d'élèves, d'anciens élèves et visiteurs.

Elle salua chaleureusement une partie de la famille Weasley, Molly, Arthur, Ron et Ginny, accompagnée de Harry et leurs enfants, mais malheureusement aucun signe de George, il n'avait pas été capable en quatorze ans, de revenir à Poudlard. Elle avait pourtant parlé avec lui pendant sa courte relation avec son jeune frère, mais George n'arrivait pas à passer cette étape de son deuil. Il avait pourtant eu un fils, qu'il avait nommé Fred en souvenir de son jumeau disparu, et il avait eu un beau mariage avec Angelina. Hermione demanda des nouvelles de lui, il allait apparemment bien mais il n'avait toujours pas la force de revenir ici ce que tous, pouvaient comprendre. Molly expliqua qu'elle était allée poser des fleurs près de la salle sur demande avant d'être interrompue par l'arrivée des anciens membres de l'Ordre du Phénix, McGonagall, Kingsley, Fleur et Bill accompagnés de Teddy et Victoire, Abelforth, Hagrid, et tant d'autres qu'elle commençait à se sentir étouffée. Elle avait l'esprit ailleurs et pourtant, son corps devait rester ici, le plus important n'était pas encore passé.

Rapidement, tout s'enchaîna, les remerciements envers les personnes présentes et l'école, la liste des personnes disparues pendant le combat suivi d'une minute de silence par respect pour leur courage, les applaudissements pour Harry Potter, le héro et survivant, qui fit un discours émouvant sur le courage de chacun et que cette victoire n'aurait pas été possible sans Albus Dumbledore, le vrai héro de ce combat, le héro de l'ombre, et surtout sans l'Ordre du Phénix qui était arrivé à temps pour protéger l'école. Enfin, Minerva McGonagall s'approcha du pupitre avec ses airs sévères et pourtant avec ce regard bienveillant qu'elle avait su garder pour tous ses protégés.

- Aujourd'hui, nous fêtons la fin des heures sombres. Mais aujourd'hui, nous nous devons également de ne pas oublier l'élection qui a eu lieu hier. Concitoyens, vous qui avez voté, voici l'heure des résultats. La personne qui l'emporte avec soixante-sept pour cent des voix, Miss Hermione Granger !

Elle en fût presque sonnée, elle n'était pas prête. Elle se sentit serrée dans des étreintes chaleureuses, elle entendait vaguement les félicitations et les applaudissements alors qu'on la poussait vers l'estrade mais à l'instant même, elle cherchait du regard quelqu'un avec qui célébrait cette victoire, quelqu'un qu'elle pourrait embrasser à pleine bouche et la remercier de son soutien inconditionnel. Personne. Elle reprit rapidement contenance, et avança fière et droite, un sourire de victoire aux lèvres pour prononcer son premier discours officiel.

- Bonjour à tous. Je voudrais commencer par vous remercier d'avoir cru en moi, d'avoir voté pour moi. A plusieurs reprises, j'ai entendu qu'une femme ne pouvait pas obtenir ce poste, qu'il fallait les épaules d'un homme, quand le rêve a commencé à devenir réalité, mes opposants ont souligné que j'étais une née moldue, que je ne connaissais pas suffisamment notre monde, nos coutumes. Pourtant, vous avez cru en moi, Hermione Jean Granger, une femme née moldue et avez voté. Dès demain, j'entrerais en fonction et dès demain, je ferais en sorte de bouger les choses. Je vais aider beaucoup d'entre vous et je m'engage à soutenir la directrice de Poudlard, Minerva McGonagall, afin que l'éducation des enfants soit un point essentiel de mon mandat, je veux également m'engager auprès de Gringotts pour que tous les sorciers reconnaissent le talent des Gobelins, et surtout, je veux aider toutes les créatures magiques à obtenir un statut égal à celui des sorciers. Nous ne sommes supérieurs à personne. Je veux que dès demain, mon mandat commence sous le signe de l'égalité.

Une vague d'applaudissements et de sifflements approbatifs accompagna la fin de son discours et elle quitta les lieux sur un parfum de victoire. Elle rentra chez elle, assez mitigée sur les émotions qu'elle avait ressenties. Cet ascenseur émotionnel avait de quoi secouer son cœur. Elle était Ministre de la Magie, elle avait souhaité pouvoir bouger les choses depuis toujours, elle avait toujours voulu qu'on l'approuve et aujourd'hui, les gens avaient voté pour elle, pour la Miss-Je-Sais-Tout, légèrement arrogante et plongée dans les bouquins. Elle avait passé en pratique la majorité des théories qu'elle apprenait dans ses livres, elle était autoritaire et les gens l'acceptaient enfin comme elle était. Le problème c'est que personne ne l'acceptait dans la vie privée, elle n'avait personne pour vivre cette aventure avec elle.

Elle se mit à faire le ménage, une manière pour elle, de se détendre. Son esprit devait passer à autre chose, et elle se surprit à penser à sa rencontre avec Malefoy, cet homme qui était devenu si triste. Elle repensa à ses mots, il avait voulu se souvenir de ce que c'était de n'être qu'un enfant innocent. Les souvenirs revenaient petit à petit, en première année il avait été relativement supportable malgré l'épisode de Norbert et la forêt interdite avec Neville, et c'est là que les choses finirent par prendre place, chaque pièce du puzzle commençant à se coller les unes aux autres. Harry avait rejeté l'amitié de Draco dès le Poudlard Express, et lui n'avait fait qu'être arrogant après ça. Pourtant, en deuxième année, son père avait donné le journal à Ginny et le petit blond n'avait cessé de parler de la mort des sang-de-bourbe, la troisième année il avait causé la fausse mort de Buck, en quatrième année il avait charrié mais pas fait de mal, en cinquième il était du côté du ministère et la sixième année il avait été inexistant. Il lui avait semblé si fade, si triste, il avait passé son année à esquiver tout le monde, le Quidditch qu'il aimait tant et les Gryffondors qu'il détestait tant. Il n'avait, pour elle, semblé ni fier, ni heureux d'avoir à accomplir une telle mission. Puis elle se souvint des paroles d'Harry, les pleurs dans les toilettes, les tremblements devant Dumbledore, la peine de mort qui planait sur sa tête et celles de ses parents… Malefoy était-il vraiment l'être si cruel qu'elle s'était imaginée pendant la bataille de Poudlard ? Ou n'était-il simplement qu'un gamin lobotomisé qui avait vécu dans la peur de la déception de son père puis du Seigneur des Ténèbres toute sa vie ? Elle lâcha un grognement suite à ce casse-tête sans fin. A quoi bon lui trouver des excuses ? La justice avait tranché et il était de retour pour travailler avec le Ministère, ce qui, par conséquent, signifiait travailler avec elle. Même si toute cette histoire commençait déjà à lui taper sur le système, elle repensait à son fils. Qui était la mère ? Et comment était-elle morte ? Allait il inculquer à son fils les mêmes valeurs que son père lui avait inculquer par le passé ? Pourtant, le petit semblait tout sauf hautain, il semblait innocent et introverti. Scorpius était un prénom bien étrange, qui donnait une image de futur Serpentard bien conscient de sa nature de sang pur, Scorpius était un prénom qui avait un côté venimeux, un peu comme l'animal dont il s'inspirait.

C'est avec les pensées tournées vers le tristement célèbre Draco Malefoy et son fils qu'elle partit finalement se coucher, n'oubliant en aucun cas ses nouvelles fonctions dès le lendemain matin.

Les jours passèrent, Hermione était une ministre très appréciée bien que certaines de ces mesures provoquaient quelques polémiques, surtout au sujet du statut des elfes de maison. Pourtant, elle était populaire et elle trouvait une certaine satisfaction dans le travail qu'elle fournissait. Après les jours, elle commençait à compter le temps qui passait en semaine jusqu'à ce fameux jour d'été, le premier jour de cette saison qu'elle n'appréciait que moyennement. Les fortes chaleurs et le soleil qui brûlait sa peau, elle n'aimait pas particulièrement.

- Madame la Ministre, aujourd'hui vous avez un rendez-vous de dernière minute avec notre diplomate.

- Pas de soucis, faîtes le entrer dès qu'il arrive, lâcha-t-elle sur un ton neutre.

Une heure plus tard, son assistant frappa à la porte, il était suivi d'un homme, celui qu'elle avait encore fini par oublier suite à son silence. Elle leva les yeux et s'empêcha une réaction de surprise avant de se lever pour lui serrer la main et de l'inviter à s'asseoir, elle attendit que le jeune assistant sorte de la pièce pour commencer la discussion.

- J'attendais avec impatience ce rendez-vous madame la nouvelle ministre, je vais me présenter en bonne et due forme. Draco Malefoy, diplomate anglais au nom du Ministère de la Magie, actuellement en mission au Japon pour le prochain Tournoi des Trois Sorciers qui fera s'affronter le Royaume-Uni, le Japon et le Brésil.

- Enchantée, Mr Malefoy.

Ils tentaient tous les deux de rester aussi professionnels que possible mais Hermione avait énormément de mal à rester sérieuse, Malefoy, diplomate ? Elle pensait à une blague. Mais il était vrai qu'elle aurait dû lire son dossier plus tôt avant de médire ainsi. Ils discutèrent tranquillement sur le sujet, préparant avec soin les détails du tournoi. Elle se souvenait la seule fois où elle avait assisté à ce foutu tournoi et elle n'était pas forcément heureuse d'en faire un à son tour.

Elle demanda bien évidemment à augmenter la sécurité, afin que personne ne puisse mourir pendant une tâche, elle demanda également à faire vérifier l'âge des participants, minimum quinze ans, et qu'ils ne puissent déposer leur nom qu'avec l'accord de leurs parents dans le cas où ils seraient mineurs. Elle savait qu'elle ne pourrait empêcher les plus jeunes de rêver à une gloire éternelle mais elle refusait de voir des gamins insouciants comme elle avait pu être à l'époque se lancer dans cette aventure sans une autorisation parentale obligatoire.

En dehors de l'aspect de travail, elle avait surpris certains regards en biais de son collègue, il semblait légèrement fasciné mais surtout, elle crut, à plusieurs reprises, le voir ouvrir la bouche pour dire quelque chose puis abandonner l'idée en se replongeant dans la paperasse. Que pouvait-il bien vouloir lui dire ? C'est à ce moment qu'il finit par franchir la ligne entre le professionnel et le personnel.

- A propos de la dernière fois, désolé d'être parti comme ça. Scorpius a encore du mal à parler de sa mère et je ne voulais pas qu'il y pense plus longtemps.

- Qu'est il arrivé à sa mère ?

- Astoria était d'une santé fragile, elle morte quand il était plus petit. On avait vu tous les plus grands médicomages qui existent… Enfin, tout ceux qui ont accepté de soigner la femme du diabolique Malefoy, mais elle était juste trop faible pour cette vie.

- Je suis désolée.

Elle n'avait rien de plus à dire en dehors du fait qu'elle était littéralement choquée de voir le blond dans un état aussi fragile. Il semblait assez détruit par la perte de sa femme, elle avait entendu quelques tremblements dans sa voix et elle n'était pas la plus douée pour consoler, elle savait très bien comprendre les gens mais les rassurer était une autre affaire.

- Je ne voulais pas vous déranger avec ça, Madame la Ministre. En tout cas, félicitation pour votre élection.

- Malefoy, attends.

Alors qu'il s'était levé, il s'arrêta en plein mouvement pour la regarder, surpris.

- Est-ce que ça va pour Scorpius ?

- Comment ça ?

- Est-ce qu'il n'a pas trop de soucis en étant… tu sais… ton fils ?

- Ah. Personne ne le connaît. Ma mère s'en occupe. Elle est sortie d'Azkaban peu de temps après sa naissance, mon père n'a pas survécu à un nouveau séjour là-bas, il est devenu fou et a reçu le baiser des détraqueurs… Il s'est fait tuer par le père de Goyle qui a eu pitié de lui…

La brune écarquilla les yeux, estomaquée par la nouvelle. Comment cela avait-il pu lui échapper ? Pourquoi ça n'avait pas fait la une des journaux ? Qui avait étouffé l'affaire ? Elle se sentait révoltée et à la fois, terriblement désolée. Elle ne put rien dire et Malefoy laissa échappa un petit rire nerveux qui la fit tressaillir.

- Ne t'en fais pas pour moi, Granger. Tu n'as toujours pas la preuve que j'ai changé et je comprends que ce n'est pas facile de trouver les mots pour consoler un ancien criminel.

Lentement, il baissa la tête et prit la direction de la porte alors que la Ministre restait à nouveau figée, il avait obtenu le don de la déstabiliser avec une facilité déconcertante. Elle resta donc pantoise encore un instant avant de se lever pour partir à sa poursuite, elle devait réparer cette injustice, elle devait réellement permettre à Malefoy de se réinsérer dans la société avec les droits qu'il méritait.

Rapidement, elle arriva à sa hauteur et lui attrapa le bras, il sursauta et se dégagea dans un geste de défensive avant de sortir sa baguette, son regard reflétant la détermination et la peur.

- Putain Granger, tu m'as foutu la trouille, fais pas ce genre de chose.

Il rangea rapidement et discrètement sa baguette en regardant autour de lui, il ne voulait pas que quiconque pense qu'il avait cherché à agresser la Minsitre de la Magie. Heureusement pour lui, à cette heure-ci, les couloirs du bureau de cette dernière étaient aussi vides que son âme.

- Je veux t'aider !

- Pardon ?