Chapitre six, la frayeur du siècle.
Réalisant que ça ne servait à rien de crier simplement son nom dans l'espoir qu'il réponde, elle prit son courage à deux mains et posa ses deux doigts dans son cou, cherchant désespérément son pouls. Elle palpa quelques instants avant de sentir son cœur battre faiblement, elle soupira de soulagement et se tourna vers Scorpius.
- Viens pas ici, on va aller à Sainte Mangouste ok ?! Je vais l'emmener là bas !
Le petit s'accrocha à elle et elle transplana en tenant fermement Draco pour que personne ne se retrouve désartibuler par sa faute, le pauvre avait l'air d'avoir salement souffert déjà. Ils se retrouvèrent dans le hall d'entrée, le bruit alarma la femme de l'accueil qui les regarda d'un air suspicieux.
- Aidez le je vous en prie !
Après quelques secondes, elle se leva et appela les médicomages compétents. Hermione demanda un grand verre d'eau avant d'aller prendre un café bien mérité, elle n'allait pas mentir, elle avait besoin de désaouler avant de remplir les papiers d'admission. Scorpius restait collé à elle, traumatisé. Il avait bien essayé de suivre son père mais les médicomages l'avaient convaincu de rester avec « sa mère », ce qu'elle n'était absolument pas. Heureusement que Draco était inconscient, sinon il aurait probablement tué ce pauvre homme pour avoir parler sans savoir devant son fils.
Elle n'arrivait pas lâcher ses yeux du visage de l'enfant, il semblait profondément choqué, brisé, elle l'emmena aux toilettes pour nettoyer le sang et les larmes.
- Scorpius.. Est ce que tu peux me dire ce qu'il s'est passé, s'il te plaît ?
Elle tentait une approche en douceur, il avait gardé ses yeux rivés sur le sol et il semblait retenir ses larmes et sa colère, comme s'il était funambule au dessus d'un vide, Hermione ne savait pas s'il allait tomber d'un côté ou de l'autre. Les minutes passèrent alors qu'elle était accroupie en face de lui, elle ne bougea pas, ne dit pas un autre mot et attendit qu'il se remette un peu pour savoir si il était capable d'en parler.
- Papa a reçu des lettres, après l'article, ils disaient qu'ils voulaient lui faire du mal, il m'a dit de ne pas faire attention, que ça passerait que tu allais nous aider, alors je les ai mis à la poubelle ! Mais aujourd'hui, il a reçu une lettre bizarre et il te cherchait... partout !
Il eut un sanglot, un seul. Et Hermione arrêta de respirer, paniquée, qu'est ce qu'il s'était passé bon sang ?! Elle prit le petit dans ses bras et il s'accrocha à elle comme un naufragé à sa bouée.
- On allait à ta maison quand quelqu'un l'a appelé dans la rue, ils ont lancé un sort, il est tombé et il a crié, fort, j'ai crié pour qu'ils arrêtent mais ils ont commencé à lui faire mal avec un couteau !
- Chuuuut. Ca va aller, arrête d'en parler, on va sauver ton papa ok !
Le traumatisme avait l'air lourd, très lourd. Comment des gens pouvaient ils osé faire ça ? Elle se leva en le portant dans ses bras, une main à l'arrière de son crâne, un geste vain pour essayer de le calmer. Elle partit directement avant d'envoyer une lettre à Harry, demandant à la chouette de le réveiller si nécessaire.
Les heures se mirent à défiler, Scorpius s'était endormi, épuisé par l'ascenseur émotionnel, elle ne l'avait pas lâché, il était dans ses bras, endormi alors qu'elle essayait de se retenir de faire les cent pas pour ne pas le réveiller. Harry finit par passer la porte et elle le fixa longuement.
- Harry ! Enfin !
- Désolé, ta chouette avait réveillé les enfants !
- Mais j'avais marqué que c'était une urgence !
- Désolé ! Comme t'as pas envoyé un hibou du ministère je pensais que je pouvais être un peu en retard.
Elle se retint de lui hurler à la figure que c'était un crétin, simplement parce qu'elle avait Scorpius dans les bras. Elle avait encore du sang sur elle et le petit aussi, et un seul coup d'oeil suffit pour que l'information monte au cerveau du brun qui ne semblait pas avoir prêté attention avant ça.
- Que.. Il s'est passé quoi ?
- Malfoy s'est fait agresser dans la rue, apparemment sort Doloris et coup de couteau. Ils pensaient sûrement en avoir fini avec lui. J'étais chez Ron et je rentrais chez moi quand j'ai entendu les cris de Scorpius.. C'était horrible, y avait du sang partout, je savais pas quoi faire !
- Attends.. Quoi ? T'étais chez Ron ?
- Mais ça on s'en fout, je te raconterais plus tard, j'ai besoin que tu fasses la loi à ma place pour qu'ils s'occupent bien de lui, je peux pas laisser Scorpius seul !
- C'est bien parce que c'est toi qui demande !
- Mais enfin Harry ! Grandis, mûris, fais quelque chose mais range moi cette rancoeur, il ne mérite pas ce qui lui arrive ! … PAS UN MOT. Tu fais ce que je t'ordonne sinon il y aura de lourdes conséquences !
Il partit directement à la recherche de la chambre de Malfoy, Hermione trouvait ça bizarre qu'aucun médecin ne soit revenu pour parler de son état.
Elle partit s'asseoir, dans un état légèrement angoissé. Scorpius ne semblait pas vouloir se réveiller, peu importe les bruits ou les mouvements, il dormait profondément, l'état de choc dans lequel elle l'avait trouvé... Elle en aurait probablement encore des cauchemars. Ce pauvre enfant avait déjà perdu sa mère, comment pourrait il s'adapter à la mort de son père devant ses yeux ? Un soupir lui échappa avant que quelqu'un ne s'approche d'elle, quelqu'un en costume officiel, loin de ressembler à un médicomage, pas de blouse, pas de masque.. Un uniforme, stricte et sombre, qui n'envisageait rien de bon.
- Madame la Ministre ! Excusez moi de vous déranger. Est ce bien vous qui avez amené Monsieur Malfoy ici ?
- Oui.
- Et vous tenez là le fils Malfoy ?
- Oui.
- Je vais avoir besoin que vous me le remettiez. Monsieur Malfoy fait actuellement l'objet d'une enquête pour maltraitance sur son fils, nous sommes les services sociaux.
- Pardon ?
- Oui. Un témoin l'aurait vu battre son fils et les voisins auraient entendu des cris.
- Mais c'est n'importe quoi ! Je ne vous laisserais pas emmener cet enfant tant qu'il n'aura pas de nouvelles de son père, vous m'avez bien comprise ?
- Je ne pense pas que votre.. hm.. rang vous permette de passer outre les lois sur les enfants battus.
- Peut être pas, mais mon rang peut me permettre de vous faire renvoyer si vous insistez encore. Vous prendrez cet enfant que si le père a donné son accord, c'est bien clair ?!
- Oui, madame.
Il s'inclina puis s'éloigna. Hermione était estomaquée, sa nervosité venait de monter d'un cran. « Allez Harry, reviens avec une bonne nouvelle s'il te plaît ! » Elle resta encore là, à attendre, une heure de plus, peut être même deux. Une boule était né dans son ventre, une boule lourde qui prenait toute la place dans son estomac alors que celui ci se resserait autour. Elle finit par poser Scorpius sur la chaise à côté d'elle alors qu'elle commençait à faire les cent pas, encore et encore, elle jouait avec ses doigts, les croisant ou les faisant craquer, le temps lui semblait interminable.
- HERMIONE !
- Harry, enfin !
- Il va bien, ils attendaient juste son réveil pour voir si le sort doloris lui avait cramé des neurones ou pas !
- Harry !
- Pardon. Bref, il va bien mais quelques médicomages commencent à crier pour qu'il dégage d'ici.
- Je m'occupe de ça. J'ai besoin que tu fasses venir d'autres Aurors pour surveiller sa chambre, je pense que ça risque de devenir un problème, la personne qui l'a attaqué doit être assez forte pour s'en prendre aussi facilement à lui. Emmène Scorpius dans la chambre, surtout ne laisse personne l'emmener ! Moi je vais aller faire un discours.
- Hermione.. T'es sûre de toi ? Ca me semble mauvais pour ton image.
- Je suis prête à abandonner mon poste si je dois continuer à supporter des injustice que je peux pas changer.
Il dût la laisser partir, incertain de la manière dont les choses aller se terminer pour elle. Perplexe, il lui obéit malgré tout, il avait appris à lui faire confiance depuis le temps.
Son poste de Ministre devait l'aider, elle ne devait pas laisser un crime aussi horrible impuni. Rapidement, elle eut le temps de tout mettre en place, l'heure, les invités, les journalistes, le lieu... Tout était prêt. Elle se prépara, s'habilla d'un tailleur parfait, neutre, cheveux relevé, maquillage léger, elle ressemblait à une femme d'affaire, une Ministre prête pour la guerre. Elle monta sur son estrade, derrière son pupitre et observa la petite foule d'un œil sévère.
- Bonjour, sorciers, sorcières. Je suis ici pour dénoncer un crime. Un crime grave. Aujourd'hui alors que je rentrais chez moi, j'ai trouvé un ami, en sang dans la rue, il venait de se faire poignarder après avoir subi un sortilège doloris. Son fils se trouvait à ses côtés, un enfant de six ans vient d'assister à la tentative d'assassinat de son père. Trouvez vous cela normal ? Je ne pense pas. Je pense que comme moi, vous trouvez cela inhumain, ignoble et c'est un crime qui mérite d'être puni. Savez vous pourquoi cet homme vient de se faire si violemment agressé ? Je vais vous raconter son histoire, vous allez enfin comprendre. C'est un enfant de noble, des parents riches, de sang pur, un enfant innocent qui apprend à vivre à travers les valeurs de ses parents. Je vous rappelle que tous, vous êtes un peu isolés dans le monde des sorciers, vous apprenez à découvrir le monde avec vos parents jusqu'à vos onze ans ! Cet enfant a donc appris à rejeter les autres, à n'apprécier que les sangs purs, à idolâtrer un mage supposé mort et à détester tout ce qui n'est pas digne d'être dans son entourage. Cet enfant innocent est alors devenu un adolescent arrogant, supérieur. Jusqu'à ce qu'il est connu la peur, la peur de voir sa famille détruite, une peur qui vous ronge les entrailles, qui vous force à vous plier à des ordres. Qui seriez vous prêt à tuer pour sauver votre père, votre mère, vous même ? J'ai vu cet adolescent disparaître, perdre sa fierté, son éclat, devenir quelqu'un d'invisible, de torturer, quelqu'un qui, métaphoriquement parlant, pleure à mesure que l'obscurité ronge le peu de temps qui lui reste. J'ai aussi vu ce garçon mentir à son mentor, à son maître, pour sauver la vie d'un autre garçon qu'il détestait, je l'ai vu abandonné la magie noire dans les décombres de Pourdlard, je l'ai vu aidé des élèves se faire battre par des Mangemorts, j'ai vu ce garçon changer. J'ai, moi aussi, été surprise de sa nature finalement gentille, je l'ai vu être amoureux d'un souvenir, je l'ai vu aimé un fils à qui il a donnait des valeurs humaines, saines, des valeurs qu'on devrait tous inculquer à nos enfants. Cet homme n'est autre que Draco Malfoy.
Des exclamations s'élevèrent dans la salle, plusieurs cris de stupeur et aussi beaucoup de visage choqué par cette déclaration. Comment la Ministre osait elle défendre un ex mangemort ?
- C'est un scandale ! Comment osez vous défendre un criminel ?
- Un criminel ? Donnez moi la preuve qu'il est un criminel !
- Il a tenté de tuer Dumbledore !
- Mais c'est Severus Rogue qui l'a tué, parce que Dumbledore était déjà mourant !
- Il a la marque des ténèbres !
- Il l'a reçue pour protéger son père. Vous n'avez aucun argument ! Il n'a tué personne. Et jusqu'à présent nous n'avons jamais eu la preuve qu'il aurait utilisé la magie noire !
- MENSONGES !
- CA SUFFIT. Vous pensez que Malfoy a agi de son propre chef ? Vous ne pensez pas qu'il ait pu être manipulé ?! Je vous rappelle à tous qu'en 1994 jusqu'en 1995 aucun d'entre vous n'a cru Harry Potter au sujet du retour de Voldemort et pour quoi ?! Par peur ! La peur fait faire des choses stupides aux gens ! Vous le savez tous. Maintenant, je vais mettre fin à cette mascarade. Je remettrais avec plaisir ma démission si vous continuez à soutenir ces injustices. Le pardon existe messieurs, dames, il est facile de pardonner quelqu'un qui n'a commis aucun crime et qui ne demande qu'à être tranquille. Plutôt que de haïr quelqu'un, occupez vous de vos affaires, notamment vos elfes de maison qui meurent sous les ordres de leur maître, les sirènes qui se font pêcher et assassiner pour leurs écailles, les licornes qui se font pourchasser pour leur corne, les centaures qui se font chasser de leur territoire tout ça pour votre fierté. Vous voulez détester quelqu'un ? Détestez vous vous-même pour vos actes.
Elle se détourna et parmi les cris scandalisés par cette annonce abjecte, des applaudissements s'élevèrent, surprenant Hermione. Elle observa de plus près le public et afficha un sourire victorieux. Avec eux à ses côtés, elle n'allait pas totalement perdre en popularité, elle n'y avait pas pensé mais il y avait des gens qui étaient encore prêt à la suivre !
