Chapitre 9, le secret de la victoire.
"Rome ne s'est pas construit en un jour." marmonna-t-elle en se triturant les méninges.
Hermione était assise derrière son bureau, la tête entre les mains, cherchant dans tous les recoins de sa mémoire une histoire similaire, dans le monde des sorciers ou même chez les moldus. Elle se souvenait vaguement de ses cours sur l'histoire moldue, même si elle pouvait parfaitement comparer ça à la Seconde Guerre Mondiale avec les enfants des fidèles serviteurs d'Hitler. Cependant, elle n'arrivait pas à se souvenir d'un exemple.
Seconde après seconde, minute après minute, rapidement elle commençait à avoir la sensation de se retrouver au bord d'une falaise jusqu'à ce qu'un nom émerge enfin des tréfonds de sa mémoire, "Martin Adolf Bormann Jr". Fils du tristement célèbre Martin Bormann, grand politicien et officier nazi sous le régime d'Hitler, Martin Bormann Jr avait décidé de mener une vie, dans un premier temps, complètement en désaccord avec son père, rejoignant la religion que son père dressait en ennemi, il avait fini par apprendre à aimer son père tout en condamnant ses actes.
- MAIS OUI C'EST CA !
Même si le fils n'avait jamais suivi les traces du père, même dans sa jeunesse, il avait quand même fini par grandir en pardonnant tout en condamnant, en faisant la différence entre l'officier et le père. Au final, cette situation était fort similaire à celle de Draco, la seule différence était qu'il avait toujours eu son père pour modèle, suivi ses traces jusqu'à ce qu'il puisse avoir sa propre conscience et réalise les atrocités de cette sombre gloire. Bien que cet exemple ne prouve rien et n'aide pas particulièrement le cas de l'ex-Mangemort, elle avait maintenant une piste de conduite à lui donner.
Toc, toc, toc.
- J'avais demandé à ne pas être dérangée !
Toc, toc, toc.
- Entre, entre.
La porte s'ouvrit et elle leva la tête pour protester mais arrêta net en voyant Malfoy entrer dans son bureau.
- Je suis désolée, je croyais que c'était mon secrétaire, qu'est-ce que tu fais en dehors de l'hôpital ?
- Tu as oublié ta garde, Potter devait rentrer.
- Quoi ? Ca fait déjà quatre heures ?
- Oui.
Il ricana légèrement, un rire légèrement moqueur mais s'approcha du bureau avant de s'y appuyer avec ses bras, se penchant légèrement pour faire face à la jeune femme.
- Je me suis échappé, trop de gens, trop de bruit, Potter a pris Scorpius avec lui pour que je puisse me faufiler ici en toute discrétion. On ne voudrait pas un autre article sur notre liaison, n'est-ce pas ?
- Pas vraiment, non. Même si cette liaison n'existe pas.
Un éclat brilla dans les yeux du blond, un éclat qui ne dura pas plus d'une seconde mais qui perturba grandement la Ministre. Il se laissa tomber dans la chaise avant de jeter un regard à l'état du bureau, des piles de dossiers encore sur le bureau, des boules de papiers griffonnés et surtout, d'autres dossiers balancés à travers la pièce.
- Je te pensais plus organisée Granger.
- Je l'étais.. Avant que tu ne débarques dans ma vie.
- Je prends ça pour un compliment.
Son sourire s'élargit puis il jeta un coup d'œil à la jeune femme qui commençait à trier les notes sur son bureau.
- Brony !
Un "crac" sonore retentit accompagné de l'apparition d'un elfe de maison, Hermione sursauta avant de le regarder surprise puis de regarder son collègue d'un air réprobateur.
- On ne change pas les vieilles habitudes à ce que je vois !
- Rien à voir ! C'était l'Elfe d'Astoria, il est très bien traité, il n'a pas d'ordre direct de ma part, ne se mutile pas et a même des vêtements.
- Maître ! Vous avez appelé Brony ?
- Je voudrais une bonne bouteille de whiskey pur feu s'il te plaît et deux verres !
- A vos ordre, monsieur.
- Et son salaire ?
- Il est logé, nourri et blanchi en échange des tâches ménagères.
- Ça reste un esclave !
- Pas du tout ! Il a du temps libre, le seul ordre direct qu'il a eu, c'est de ne jamais me trahir. Et la seule conséquence serait que sa voix se couperait à chaque fois qu'il essaierait de dire tout ce qui ressemblerait à une trahison.
- Ça reste horrible qu'il n'est pas son libre arbitre.
Pendant qu'il débattait sur la situation de Brony, celui-ci, qui ressemblait vaguement à Dobby avec ses deux grands yeux de la taille de balle de tennis, il avait cependant les oreilles bien dressées et un nez semblable à celui d'un cochon, avait fait apparaître la bouteille et servait les deux verres avant d'y faire apparaître les glaçons.
- Autre chose Maître ?
- Non ça ira, tu peux rentrer, merci.
L'Elfe acquiesça, s'inclina devant Hermione avec respect puis disparut comme il était arrivé. Il avait laissé la bouteille sur le bureau.
- Avant de faire un autre commentaire sur la vie misérable de mon Elfe, voudrais-tu juste boire ce verre avec moi qu'il a pris la peine de nous servir avec soin ?
- Ha, ha, ha. Très fin de jouer avec ma culpabilité.
- Ecoute, il va bien ok ? Je ne le maltraite pas, les elfes de maison sont des créatures nées pour servir les gens, pas parce qu'on est supérieurs mais parce que c'est dans leur nature. Considère leur comme une femme de ménage si tu préfères, comme à Poudlard.
- Bien.
Elle n'avait pas fini d'en discuter mais après tout, ils avaient d'autres chats à fouetter pour le moment. Elle attrapa son verre, trinqua en le regardant dans les yeux puis but une gorgée.
- On boit en quel honneur ?
- Ma survie. Ton coup de gueule. Notre désespoir aussi !
- Très joyeux tout ça.
Il haussa les épaules et prit une plus grande gorgée. Elle l'imita, l'alcool brûlant sa gorge mais laissant un arrière-goût agréable au palais.
- T'es partie sans dire au revoir tout à l'heure…
- J'avais une idée en tête, quand Harry est arrivé, j'ai filé.
Il afficha un sourire narquois et croisa les jambes, Hermione le détailla pendant une fraction de seconde, il était habillé d'une simple chemise et d'un jean, ce qui le rendait tout aussi attirant. Il se souvenait avoir déjà remarqué qu'il avait pris en carrure, à travers sa chemise assez serrée, elle remarquait qu'il était un peu comme elle, pas tout à fait en muscle mais qu'il restait mince, il ne semblait pas avoir des abdominaux parfaitement dessinés. Elle le lâcha des yeux très rapidement pour reprendre une gorgée, elle s'était promis d'avoir une relation strictement professionnelle à partir de l'instant où elle quitterait l'hôpital. En silence, les verres se vidèrent et Hermione en resservit deux.
- Tu as toujours été prête à te jeter tête la première dans le danger pour aider quelqu'un ?
- Je crois, oui. Depuis que j'ai des amis en tout cas.
Elle rigola légèrement, il était vrai qu'elle avait toujours été une tête brûlée mais particulièrement depuis qu'elle était amie avec Harry Potter. Un sourire nostalgique étira ses lèvres.
- C'était il y a bien longtemps mais… Je crois que la première fois c'était en première année, pendant le premier match de Harry, quand il a manqué de tomber de son balai… On pensait tous que c'était Rogue qui lui jetait un sort donc j'ai couru des gradins dans lesquels j'étais pour rejoindre ceux des professeurs, j'étais derrière les sièges, cachée et j'ai mis le feu à la cape de Rogue pour qu'il quitte Harry du regard et que ça annule le sort.
Elle rigolait en racontant son histoire, la rendez presque incompréhensible mais ça lui faisait du bien de se souvenir de ce genre de chose, des choses simples et innocentes qui pourtant lui semblait si grave et importante à l'époque.
- Hermione Granger qui agresse un professeur. C'est une première !
- C'était la solution la plus raisonnable pour sauver Harry. J'aurais jamais pensé que c'était Quirrell le responsable.
- Personne n'y aurait pensé, vraiment personne.
Ils terminèrent chacun leur verre d'une traite avant qu'Hermione ne se lève pour aller vérifier derrière la porte, son secrétaire s'était encore endormi. Elle ne le gardait uniquement par la loyauté sans faille dont il a toujours fait preuve. Lentement, elle referma la porte, la verrouilla et y ajouta un sortilège d'isolement sonore.
- Ecoute, j'ai pris la décision qu'à partir de maintenant, nos relations seraient strictement professionnelles, pour le tournoi des trois sorciers et pour ta réinsertion sociale.
- Tu me prends un peu de court là.
- Ta réinsertion est basée sur la sincérité de mes propos, des tiens et des gens qui nous entourent. Si jamais on montre le moindre signe d'amitié…
- T'es sûre que c'est de notre amitié dont tu as peur ?
Il s'était levé pour approcher d'elle, lentement mais sûrement, il s'était rapproché d'elle au point qu'elle pouvait de nouveau remarquer les nuances de couleurs dans ses yeux, elle pouvait à nouveau détailler ses lèvres, son teint, et de nouveau ses yeux, leur teinte, leur forme, leur expression. Il était si près d'elle et pourtant elle ne bougeait pas, impassible, elle retenait son souffle, tentant de contenir toutes les pensées lubriques qui pourraient surgir. Il se pencha pour être à sa hauteur, il était si près qu'elle sentait dans son souffle l'odeur du whisky pur feu, odeur qui devait également se dégager d'elle, c'était une odeur un peu brûlante, enivrante. Elle se mordit la lèvre inférieure, signe de sa nervosité, puis détourna le regard.
- Je vais me répéter, tu es sûre que c'est notre amitié qui te gêne ?
- Draco… C'est ni le lieu, ni le moment de poser ce genre de questions.
- On aurait pas pu avoir un meilleur contexte pour parler de ça.
- Tu te trompes.
- Le soucis c'est pas que tu me trouves séduisant, Granger ?
Elle avala sa salive, incapable de répondre. Elle trouvait injuste qu'il utilise cet argument contre elle, déjà qu'il lui avait injustement tiré les vers du nez à l'hôpital il ne pouvait pas non plus s'en servir pour obtenir d'autres aveux. La tension entre eux était clairement en train de la gêner, elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse être un tel séducteur et encore moins qu'il utiliserait de telles méthodes sur elle, une sale "sang de bourbe". Malgré le fait qu'il ait changé, elle était persuadée qu'à ses yeux, elle ne restait qu'un être inférieur sur ce plan là. Ressentait-il vraiment la même attirance qu'elle ? Ou jouait-il simplement un jeu ? A quoi bon jouer ce jeu ? Il n'avait rien à y gagner, rien à y perdre, c'était impossible qu'il se mette dans cette situation sans rien y gagner. Elle se sentait gênée mais tellement attirée, cette dualité en elle la rendait folle, elle pourrait le gifler et l'embrasser à la fois.
- Allez Granger, dis-moi la vérité.
- Il n'y a pas de vérité.
Un soupir manqua de lui échapper mais elle sentit la main de Malfoy frôler la sienne, remonter le long de son bras pour arriver jusque dans son cou, elle se figea de nouveau, il continua de la caresser du bout des doigts, jusqu'à joue, puis dans ses cheveux, remettant quelques mèches derrière son oreille. Elle allait craquer, définitivement craquer, elle ne fixait que ses lèvres, encore et toujours la même courbe séductrice, bien plus rose qu'à l'hôpital, elles la tentaient encore plus. Il s'acharnait contre elle, il n'y avait aucune autre possibilité, il avait décidé de l'envoyer à Ste Mangouste dans la même aile que Lockhart.
- Tu joues un jeu dangereux, qui risque de se retourner contre toi.
- Il ne se retournera que si il se passe quelque chose ou que si on en parle.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Embrasse-moi Granger.
