Chapitre douze, un quotidien sur la sellette.
Mettre un terme à cette conférence releva du miracle, il avait réussi à être entendu et c'était déjà beaucoup demandé. Les questions avaient fusé de toute part, même si ils l'avaient tous laissé finir son discours, ils avaient tous réagi en même temps pour commencer les questions, trouver le calme dans ce vacarme avait été un vrai calvaire. Tous deux avaient eu droit à des questions parfois farfelues parlant de complot pour faire ressusciter les deux plus grands mages noirs de l'histoire et des questions plus simples comme l'éduction de Scorpius, la mort d'Astoria, la nature de leur relation. Hermione avait dû répondre à des questions plus gênantes sur les rumeurs d'une éventuelle aventure entre eux, elle avait dû raconter pourquoi elle se battait à ce point juste pour lui. Trouver les réponses n'avaient pas été simple, ni pour l'un, ni pour l'autre, à chaque seconde qui étaient passées ils s'étaient rapprochés tout deux d'une éventuelle gaffe. Lorsque le flot de questions avait commencé à diminuer, ils avaient mis fin à tout ça, espérant que les journaux soient plus clément cette fois.
Ils étaient maintenant enfermés dans son bureau pour fuir les journalistes assez coriaces pour tenter d'en savoir encore et toujours plus. Appuyée contre son bureau, Hermione attendait en silence les nouvelles qui allaient arrivé, Draco était assis en face d'elle dans une position décontractée, il n'était pas vraiment le genre à s'inquiéter sans raison et même si il n'était pas vraiment confiant, il n'était pas particulièrement inquiet pour autant. Elle lui lança un regard, le silence entre eux était pesant, ils osaient à peine croiser le regard de l'autre, les questions les avaient obligés à mentir sur la nature de leur relation alors chacun était dans le doute, les deux se demandaient ce qu'il pouvait bien vraiment vouloir de l'autre.
- Ce que tu as dit, pourquoi tu as changé ton discours ?
- J'étais en colère. Surtout à cause de Zabini. Je ne suis pas une victime, je ne l'ai jamais été. La conversation dont il parlait… je m'en souviens brièvement, c'est le jour où j'ai enfin pu casser le nez de Potter.
- C'était une raison pour changer nos plans ?
- Je ne veux pas être pris en pitié Granger, j'étais conscient de ce que je faisais. J'admets que j'ai été influencé par mon éducation mais je ne veux pas qu'on minimise qui j'étais et ce que j'ai fait, si on me pardonne c'est pour la vérité pas pour un mensonge bien ficelé.
Elle acquiesça en silence puis détourna à nouveau le regard, il n'avait pas tort sur ce point et elle espérait que les gens se rendraient compte de cette sincérité et que ça jouerait en sa faveur. Les yeux rivés sur le sol, elle l'entendit se lever et ses pas s'approcher d'elle, elle ne le regardait pas, ne sachant pas trop quoi faire. Surpris du manque de réaction, Draco prit le menton d'Hermione entre ses doigts pour relever le visage et la regarder dans les yeux. Elle le regardait avec confusion, il lisait dans ses yeux ce doute, elle avait constamment cette lueur dans le regard quand il faisait le premier pas. Il chercha autre chose, un signe qui lui prouverait qu'il ne se faisait pas des illusions sur eux, qu'ils pourraient, ensemble, tenter quelque chose, quitte à se cacher des yeux du monde, quitte à devoir vivre éternellement dans le secret ou même à foncer droit dans le mur, finir avec une rupture douloureuse ou une engueulade irréparable. Il n'y avait rien, juste ce doute constant, la peur de faire une énorme erreur. Il aurait dû se douter que malgré ces dernières semaines à se faire confidence sur confidence, il n'était toujours pas une assez bonne personne à ses yeux. Il n'était pas Weasley. A nouveau, il avait la sensation qu'on piétinait sa fierté, que plus personne ne se souciait de son nom, de son égo.
Et soudain, alors qu'il abandonnait l'idée d'avoir la fille pour lui, elle l'embrassa tendrement. Lentement, elle glissa ses mains sur son torse pour remonter sur son cou. Il mit quelques secondes avant de réagir puis il répondit à son baiser, l'attrapant par les hanches pour la coller à lui. Rapidement, le baiser changea en quelque chose de plus sensuel, plus fiévreux.
Toc, toc, toc.
Ils se séparèrent brutalement et Draco se rassit presque instantanément, il essuya la possible trace de rouge à lèvres sur ses lèvres et croisa les jambes comme si de rien n'était.
- Oui, entrez !
Harry ouvrit la porte et la referma derrière lui, la jeune femme se sentit d'un coup très mal à l'aise alors que son amant tentait tant bien que mal de cacher son sourire un brin moqueur, comme si il se retenait de rire de la situation dans laquelle ils étaient tous les deux.
- La Gazette a sorti tout un numéro sur toi Malfoy.
- Woah. Je serai bientôt plus célèbre que Saint Potter.
- Ne commencez pas !
Elle les regarda d'un air sévère alors qu'Harry venait poser tous les journaux qu'ils avaient reçu sur le bureau. Draco prit la Gazette et commença sa lecture, visiblement captivé par sa propre histoire. Hermione prit le premier qu'elle trouva et elle fût rapidement suivi par son meilleur ami. Elle fût impressionnée par le retour positif du premier qu'elle lisait, ils y soulignaient l'organisation parfaitement gérée, l'impressionnante partialité sur le choix des invités malgré le nombre plus important en faveur du pardon, et enfin, le portrait psychologique de l'accusé. Un soupir de soulagement franchit la barrière de ses lèvres, son portrait était parfait ou presque, ils avaient entièrement compris l'essence même de ce qu'il avait dit.
- On va faire trois piles, une pour les journaux en ta faveur, une pour ceux qui sont contre et ceux qui n'ont pas laissé transparaître leur avis.
Les deux hochèrent la tête sans vraiment répondre alors qu'elle mettait le sien dans la pile de ceux en sa faveur. Le temps passa et plus d'une heure après quasiment tous les journaux étaient triés, Draco n'avait pas lâché la gazette mais avait abandonné la lecture pour trier les restes. Inquiète, Hermione lui avait demandé pourquoi il ne l'avait pas posé, il avait simplement répondu qu'il ne l'avait pas encore fini avant de retourner à sa lecture.
Pas peu fière, Hermione avait regardé la bonne pile s'agrandir à côté des deux autres. La liste des journaux "contre" n'était pas remplis de journaux véritablement importants, et heureusement pour eux, ils n'étaient, de toute façon, pas très nombreux.
- Ce qui m'inquiète c'est la Gazette, c'est eux qui ont la plus grosse ligne éditoriale. Qu'est-ce qu'il dise sur toi ?
- Ils ont écrit quasiment en détails tous les discours qui ont été prononcé et ont essayé de faire vérifier chaque faits énoncés avant de le publier, en apportant des preuves pour appuyer leur raisonnement. Avant de mettre mon discours, ils ont tenu à faire une rapide biographie sur ce que j'avais accompli dans ma vie, les trophées, les passe-temps, le genre d'amis que j'ai eu jusqu'à aujourd'hui pour bien rappeler que je suis un connard de sang-pur malgré une légère reprise en main depuis que je traîne avec toi. Après ils ont publié mon discours, en faisant remarquer que ma sincérité était un point appréciable et que mon sang froid m'avait permis d'être réaliste par rapport à ce que j'avais fait. Par contre, ils ont annoncé que la Ministre ne m'avait pas lâché du regard et que l'admiration qu'elle me vouait allait probablement causé ta perte.
- Ah…
- Quelle admiration ?
Harry les regarda, l'air suspicieux. Il avait bien vu la manière dont elle avait regardé Malfoy pendant son discours, il y avait lu une certaine fascination mais il l'avait vu regarder des professeurs de la même façon pendant les cours à Poudlard, il n'y avait pas lu une admiration en particulier et si elle ne niait pas c'est qu'elle lui cachait quelque chose.
- Aucune admiration, enfin si… J'ai trouvé très courageux le fait qu'il fasse preuve de sincérité et ça m'a laissé bouche bée mais ne vas pas t'imaginer que ça veuille dire autre chose.
- Ils t'ont complètement démonté non ?
- Pas vraiment. Ils ont approuvé ce que Londubat a dit, ce que Weasley et toi avez dit et apparemment Hagrid a été le plus convaincant avec McGonagall. Ils pensent juste que je ne mérite pas d'être oublié aussi facilement à cause des propos apparemment très juste de McMillan.
- Ce qui est étrange c'est qu'ils sont prêts à les écouter mais que toi ils te descendent, c'est contradictoire.
- Je sais pas, ils ont pas été aussi horrible mais ce qui m'étonne, c'est qu'ils ont pas rappelé le discours d'Hermione de la dernière fois alors que c'est un point clé.
- Mets le juste dans la pile du milieu alors, on attendra les retours, y en aura forcément de toute façon.
- Moi je vais devoir y aller, Ginny m'attend. Au fait, Scorpius est toujours avec ta mère ?
- Oui. C'est le seul endroit où je le sais en sécurité.
- Je vois. Bonne soirée.
Ils se saluèrent poliment, sans insulte pour une fois, et Harry quitta le bureau. Draco sembla attendre un moment avant de revenir vers Hermione.
- Où en étions-nous ?
- Malfoy, pas maintenant !
Mais il avait déjà ses mains sur ses hanches pour la tenir contre lui, elle lui souriait, posant ses mains sur ses épaules. C'était étrangement naturel de se comporter comme ça, elle était attirée comme un aimant, fascinée par chaque facette de sa personnalité, chaque facette qu'il lui avait montré l'avait fait craquer. Ses sentiments pour lui s'étaient immiscés doucement en elle, pas comme un ouragan, plutôt comme une brise d'été, cette brise agréable qui vient caresser une peau brûlant sous un soleil de plomb. Elle ne pourrait pas encore se dire amoureuse mais elle était heureuse, cette situation qui n'avait pas de nom, pas d'étiquette lui convenait amplement.
- On devrait être plus discret.
- Je nous trouve très discret, Miss Granger.
- Tu es immature !
- C'est pas ce que t'as dit la semaine dernière…
Il afficha un sourire narquois avant de venir l'embrasser pour qu'elle ne dise plus un mot, elle répondit à son baiser avant de rire. Il la souleva pour l'asseoir sur le bureau, se glissant entre ses jambes, il sentit sa main se glisser sous son t-shirt alors qu'il venait l'embrasser dans le cou.
- Arrête, la porte est pas verrouillée et pas insonorisée.
- C'est plus excitant !
Elle se laissa convaincre par cette idée, elle se disait qu'après tout, elle n'avait pas regretté la fois précédente.
Nue sur son bureau, elle tourna la tête vers son amant, il avait remis son jean et s'était assis sur la chaise à côté d'elle. Les coudes sur les genoux, il était penché pour avoir son visage non loin du sien, elle le regardait dans les yeux avant qu'il ne lève une main pour venir caresser sa peau, il lui avait laissé de nouvelles marques sur le corps, il traça une ligne entre deux suçon sur sa poitrine. Elle avait des bleus sur certaines zones à cause de la poigne qu'il mettait, elle avait la trace de ses doigts sur ses fesses et une trace de morsure au niveau de l'épaule. Jamais, elle n'aurait imaginé pouvoir connaître un plaisir aussi sauvage, jamais elle n'aurait imaginé exprimer son plaisir en griffant ou mordant son partenaire, pire que ça, il ne s'agissait pas juste de s'exprimer, il s'agissait d'un réflexe instinctif dont elle ne pouvait pas se passer.
Elle se redressa sur les coudes avant de l'embrasser sur la joue puis se leva pour chercher ses vêtements dans la pièce. Une fois, rhabillée, elle lui tendit son haut pour qu'il fasse de même et eut un bref aperçu des traces que lui portait. Un soupir lui échappa, notant dans un coin de sa tête que la discrétion était un point qu'il fallait absolument revoir.
- Granger ?
- Hm ?
- On fait quoi maintenant ?
Elle le regarda d'un air surpris, il était vrai qu'elle avait été distraite à cause de lui et qu'elle ne savait plus trop quoi faire.
- Je suppose que pour maintenant, on va devoir attendre la réaction du public, voire si ma popularité stagne ou descend, voire le comportement des gens dans la rue vis-à-vis de toi. Et aussi par rapport à l'enquête pour la maltraitance sur ton fils, je vais demander à quelqu'un de confiance de s'occuper de ton dossier.
- Donc… on attend ?
- On attend.
Ils se séparèrent rapidement, quittant les bureaux ensemble. La discussion tourna principalement sur le dossier de Scorpius, même si Draco refusait de s'inquiéter et de paniquer maintenant qu'il connaissait l'étendu des capacités d'Hermione, il avait toujours ses interrogations qui lui trottaient dans la tête. Il ne lui restait plus grand-chose dans cette vie, son quotidien était entre les mains des sorciers et sorcières de ce monde et son fils était la seule raison pour laquelle il tentait véritablement de se sortir de ce calvaire.
A moins que la jeune femme à ses côtés ne soit devenue une raison supplémentaire de s'en sortir ?
