Mot d'auteur : J'avais dit moins de 48h mais pour le prochain chapitre, il faudra attendre ce weekend. Je pense d'ailleurs pouvoir terminer cette histoire dans peu de temps, merci pour votre patience !
Chapitre treize, un doute pesant.
La pression retomba lentement, l'annonce avait créé une véritable remise en question mais rapidement, les gens retournèrent à leurs occupations quotidiennes. Draco et Hermione continuaient de vivre cacher, ils refusaient de se donner l'étiquette d'un couple, ils refusaient de se voir comme de simples amis, ils étaient juste libres. Le dossier de Scorpius avait été passé à Susan Bones, maintenant devenue l'équivalent d'une assistante sociale dans le monde des sorciers. Susan s'était occupée de ce problème en à peine quelques semaines, les témoins avaient été interrogés et sans même s'acharner sur eux, elle avait relevé des incohérences dans leurs témoignages, les obligeant à révéler la vérité. Ils avaient simplement voulu briser Draco Malfoy en l'éloignant de son fils "présumé" pour l'empêcher de mettre à nouveau le monde sans dessus-dessous.
L'été était passé à une allure fulgurante, la popularité d'Hermione, qui avait légèrement baissé au début de l'affaire, n'avait jamais été aussi forte que lorsqu'elle avait mis en place des nouvelles réglementations pour l'égalité entre les sorcières et les sorciers, des nouvelles lois sur le travail et qu'elle avait commencé à parler de mettre en place un nouveau système pour obtenir un salaire minimum légal plus élevé. D'un autre côté, elle avait aussi soulevé une polémique concernant le travail des Elfes de Maison en promettant qu'elle allait bientôt monter un dossier pour empêcher les maltraitances physiques sur tout employé et qu'il serait probablement bientôt obligatoire de déclarer les Elfes en tant que tels.
Draco Malfoy avait passé un été un peu plus agité, les gens avaient continué de murmurer sur son passage pendant quelques temps avant que le scandale qu'il avait créé avec la Ministre ne retombe. Plus tard, il avait fini par remarquer les regards qui se faisaient moins hostiles, même si ce n'était pas encore de l'indifférence, il se sentait enfin en paix. Quelques personnes se retournaient encore sur son passage, le jaugeant de haut en bas, mais il était, globalement, tranquille. Les commerçants ne le fuyaient plus du regard, les serveurs n'essayaient pas de refiler sa table à un autre et les rumeurs sur son fils semblaient s'être atténuées. Ce qu'il redoutait le plus maintenant, c'était la fin de l'été. Jusqu'ici, la nature de son retour avait réussi à rester un mystère, les questions avaient principalement tourné autour de sa relation avec Granger, mais bientôt il devrait annoncer, publiquement, la fonction qu'il exerçait au sein du Ministère.
Premier jour du mois de septembre, jour de la rentrée. Installé dans la salle derrière la table des professeurs de Poudlard, Draco attendait calmement accompagné du directeur du département de la coopération magique internationale. Ils avaient mangé en silence, n'étant pas du genre bavard l'un comme l'autre. Le repas se termina et ils attendirent de nouveau jusqu'à ce qu'un nouveau professeur vienne leur ouvrir la porte, il avait l'air un peu plus jeune que lui, habillé d'une robe de sorcier sobre mais élégante, des cheveux en bataille qu'il semblait avoir tenté de plaquer en arrière et un regard vif et surprenant. Si Malfoy ne connaissait pas McGonagall, il aurait pu penser qu'il avait été engagé pour son physique, un peu comme Lockhart à l'époque. Un mystère que personne n'avait jamais résolu jusqu'à aujourd'hui c'était bien le fait que Dumbledore ait engagé un imposteur comme Gilderoy Lockhart, tout au long de l'année il ne leur avait strictement rien appris et s'était ridiculisé en montrant à quel point il était un sorcier pitoyable, notamment au cours de la démonstration contre Rogue. Rapidement, il chassa ses pensées incohérentes et se rendit dans la Grande Salle, une certaine nostalgie s'empara de lui et lui noua le ventre.
- On a peur Malfoy ?
- Tu aimerais bien.
Il lança un regard à Potter qui était déjà là, un sourire en coin sur le visage. Les deux s'avancèrent pour se retrouver sur le devant de la scène, un murmure s'éleva parmi les élèves alors qu'ils s'approchaient de McGonagall qui demandait l'attention disciplinée de ses étudiants.
- Vous savez sûrement déjà qui je suis mais pour ceux qui ne savent pas, je suis Draco Malfoy, diplomate anglais pour le Ministère de la Magie. Je suis ici pour vous annoncer le début d'un nouveau Tournoi des Trois Sorciers. Je vous présente pour commencer l'école japonaise, Mahoutokoro.
La porte s'ouvrit sur les étudiants japonais, habillés de leurs uniformes traditionnels allant du rose pâle au doré, ils traversent l'allée centrale d'un pas soutenu mais très élégant. Harry comme Draco eurent la sensation très forte de revoir les étudiants de Beauxbâtons traverser la pièce, ils avaient cette même élégance et cette même prestance. Ils se réunirent devant Draco, saluèrent respectueusement la salle et furent inviter à s'asseoir sur les différentes tables.
- Et maintenant, je voudrais vous présenter l'école brésilienne, Castelobruxo.
A nouveau, un flot d'élèves arriva dans l'allée centrale, cette fois-ci, vêtus d'un uniforme vert clair. Ils avaient tout autant de prestance, moins athlétique cependant, ils avaient un charisme plus chaleureux, plus ensoleillé. A l'instar des étudiants avant eux, ils saluèrent poliment leur public avant d'être installés sur les autres tables.
- Cette année, la sécurité sera assurée par le département de la Justice Magique, plus particulièrement par le bureau des Aurors dirigé par Harry Potter. Les restrictions de la participation ont été débattues avec chaque pays et leurs Ministres, nous avons décidé que les élèves de moins de quinze ans n'étaient pas autorisés à participer et que tous les étudiants entre quinze et dix-sept ans auront l'obligation d'obtenir une autorisation parentale avant de déposer leur nom dans la coupe de feu. Celle-ci, sera laissée dans la Grande Salle pendant un mois sous la surveillance des Aurors et des professeurs. Cette fois-ci, nous espérons qu'il n'y aura bien que trois participants. Nous tenons également a rappelé que c'est un tournoi dangereux, si le dernier s'est terminé tragiquement à cause du retour de Lord Voldemort, il n'empêche que de graves accidents et décès ont déjà eu lieu avant cet événement regrettable. Il s'agit ici d'un événement très sérieux et nous tenons à rappeler aux élèves les plus téméraires qu'une fois choisi, vous serez lié au Tournoi par un contrat magique avec obligation de participer aux épreuves. Sur ce, je vais laisser soin au Directeur de la Coopération Magique Internationale de vous expliquer en détail ce qu'on attend de vous. Monsieur Goldstein, je vous prie.
Il s'avança et commença à déblatérer le règlement à suivre alors que Draco s'effaçait, retournant rapidement à l'arrière. Harry le regarda, l'air surpris, mais ne bougea pas, lui aussi devait raconter des choses sur le tournoi, après tout, en tant que dernier vainqueur et héro de la guerre, il espérait être capable de leur faire prendre conscience de la difficulté des tâches malgré l'effervescence autour d'un événement aussi important.
Le diplomate se laissa tomber dans un fauteuil et desserra sa cravate. Il tuerait pour un verre de whisky-pur-feu, c'était la première fois depuis son retour à une vie presque normale qu'il s'affichait publiquement sans Hermione. Un sourire triste étira ses lèvres, il ne l'avait pas vue depuis près d'une semaine. Étrangement, elle lui manquait un peu. Il avait beaucoup réfléchi à cette relation sans nom, sans trop savoir pourquoi il se comportait comme ça avec elle. Elle représentait tout ce qu'il avait détesté, tout ce qu'il n'aurait jamais dû apprécier. A l'époque, il la détestait plus que les autres nés-moldus parce que justement il la trouvait mignonne, impossible de craquer pour une sang de bourbe de Gryffondor grande amie de Saint Potter. Pire encore, elle avait toujours été meilleure que lui en cours, incapable de rester tranquille, le besoin incontrôlable de lever la main aussi haut que possible pour que tout le monde sache qu'elle avait la réponse. Il se rappelait le nombre de fois où il l'avait vu à la bibliothèque, le nez plongé dans un bouquin et lui, incapable d'avoir envie de l'humilier, dès qu'il se retrouvait seul et qu'il la croisait, il était comme bloqué par ce qu'il voyait. Combien de fois avait-il fini par s'éloigner en essayant de se convaincre lui-même qu'elle ne valait simplement pas la peine qu'il parle avec qu'elle ? Que le simple fait de lui dire un mot risquait d'entacher la pureté de son sang ? Il avait été le gamin le plus stupide de Poudlard. Aujourd'hui, ce qu'il ressentait pour elle n'avait pas tellement changé, il s'était surpris plus d'une fois à la regarder en train de corriger un dossier ou d'en rédiger un, la détailler entièrement, les traits de son visage, les petites rides qui commençaient à naître au coin de ses yeux, le plis qui se creusait entre eux quand ce qu'elle lisait ne lui plaisait pas. Elle était toujours la même, il s'était rappelé avoir déjà remarqué cette expression quand il l'avait aperçu à Poudlard en train d'écrire un devoir. Son histoire avec elle, l'histoire qu'ils avaient à l'heure actuelle, était la preuve qu'il avait tiré un trait sur les aprioris qu'on lui avait appris à avoir. Il ne se sentait pas sale quand il la touchait, il ne se sentait pas supérieur quand il la regardait dans les yeux mais il se sentait faible quand elle lui souriait tendrement, il se sentait bien quand elle se confiait. Un soir, ils étaient allongés sur le parquet de l'appartement d'Hermione, l'un tournait vers le sud, l'autre vers le nord, elle avait sa tête tout près de la sienne et elle lui racontait ses état d'âme, ses anecdotes et il l'avait écouté parlé pendant des heures, sans être fatigué, sans être ennuyé. Ce soir-là, il avait senti une vraie connexion avec elle avec un pincement au cœur en repensant à Astoria. Il avait toujours du mal à se remettre de sa mort, raison pour laquelle il n'arrivait pas à parler d'une relation officielle avec sa nouvelle amante, il ne voulait pas trahir ce qu'il avait vécu avec elle. Les mois qu'ils avaient passé à s'écrire des lettres, les années qu'ils avaient passé à s'aimer, il n'avait jamais cessé d'être amoureux d'elle, elle était son plus beau souvenir, la plus belle conquête de sa vie et pourtant, quand il s'endormait, il avait une pensée pour Hermione, quand il était heureux, il voulait voir le sourire d'Hermione, quand il se levait, il cherchait la chaleur d'Hermione. Cette sensation lui retournait l'estomac, il se sentait misérable de trahir la mère de son fils de cette manière, comme si il balayait d'un revers de main l'histoire qu'ils avaient partagé, comme si il piétinait son souvenir. La culpabilité le rongeait lentement et pourtant, la jeune femme ne lui avait rien demandé, ni d'officialiser, ni de lui dire qu'il l'aimait mais il avait envie de le faire, il avait envie d'aller au restaurant avec elle, d'aller boire un verre ou même simplement d'aller faire les magasins, vivre une relation simple et saine.
Le fil de ses pensées commençait à lui aspirer toute énergie, il était fatigué de se prendre inutilement la tête. Astoria avait été son premier amour, la personne à qui il s'était promis éternellement jusqu'à ce que la maladie l'emporte, il était censé avoir évolué, tourné la page mais visiblement la seule page qu'il avait tourné, c'était celle de sa haine. La porte s'ouvrit pour laisser place à Saint Potter, avec exactement le même réflexe de s'asseoir et de desserrer sa cravate. Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux.
- Le célèbre Draco Malfoy, il ne peut même pas faire un discours sans faire la une des journaux.
- Je t'ai tant marqué que ça Potter ?
- J'ai une bonne mémoire pour la rancune.
- Et tu te souviens qu'en tant que membre de la brigade inquisitoriale, je peux enlever des points à tes maisons ?
- Ah oui. La fameuse brigade d'Ombrage, ton moment de gloire au moment où tu as été celui qui m'a eu en sortant de la Salle sur Demande.
- J'ai préféré te casser le nez en sixième année.
Ils se lancèrent un regard méprisant suivi d'un sourire nostalgique. L'un comme l'autre ne semblait pas avoir la force de se détester plus que ça.
- Hermione se faisait un sang d'encre pour ton discours, tu lui as envoyé un hibou ?
- Non. Je vais aller la voir en rentrant, je vais aller à Pré-au-Lard pour transplaner. Mon travail est fini jusqu'à l'annonce des champions, la sécurité et l'entente des écoles ne dépendent plus de moi.
- Je vais rester ici pour la première nuit, m'assurer que la sécurité est maximale.
- Tu passeras mes amitiés à McGonagall, j'ai pas le courage de repasser devant tout le monde.
Le brun hocha la tête et son interlocuteur quitta le château, descendant la grande allée. Il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre le village et il transplana sans réfléchir plus longtemps.
