L'univers, l'histoire du manga Naruto et les personnages raccordés sont la propriété de Masashi Kishimoto. La présent histoire et ses personnages créés sont toutefois à nous.
Chapitre 16 : Un sensei bien particulier
Une forme sombre se déplaçait sans un bruit dans les étroites rues du village, ombrées par le soleil tombant. Un léger brouillard commençait à s'installer, si doucement qu'il fallut un instant pour que les ninjas gardiens de la maison de l'Hokage ne s'en rendent compte. Peu épais pour être réellement handicapant, mais suffisant pourtant pour tromper leur vigilance, l'ombre parmi les ombres n'eut aucune difficulté à franchir le mur et pénétrer la propriété sans se faire repérer. Dix minutes plus tard, la silhouette ressortit de la bâtisse, un petit objet à la main, et repartit par le même chemin aussi simplement qu'il était venu.
Le lendemain, camouflé par la lumière du petit matin derrière lui, Natsuki Yoshida observait ses élèves depuis les hauteurs d'un arbre. Shion, Airi, Rei et son ami à quatre pattes, attendaient assis sur un petit banc, non loin de la sortie du village, où ils les avaient convoqués. Shion et Rei parlaient joyeusement et avec agitation de choses et d'autres, sous l'approbation silencieuse de la troisième compère, dont la tranquillité convenait parfaitement au chat gris couché entre ses pieds. Aucune once de tension n'était palpable dans l'air. Natsuki s'en réjouit. L'épreuve qu'ils leur avaient fait subir la semaine dernière avait définitivement porté ses fruits !
En effet, lorsqu'il les avait convoqués pour l'entraînement spécial et observé de pareille manière, ce n'était pas comme ça qu'ils les avaient trouvés. Au contraire, au lieu de bavarder gaiement, ils se disputaient sur "qui était responsable de la mauvaise humeur du sensei". Rei affirmait avec force ne pas être en cause et par la même, elle lançait des insinuations à peine cachées envers Airi, qui réagissait au quart de tour. En soupirant de mécontentement, il leur avait fait apparaître un message avant que cela ne s'échauffe plus pour les guider vers la forêt, le lieu de l'entraînement choisi.
Enfin, aujourd'hui ce n'était pas le cas. Alors qu'il sortait de sa cachette pour les rejoindre, Natsuki se félicita encore d'avoir eu cette idée. Il se promit également d'offrir un verre à sa vieille camarade Misuzu Yuhi, qui l'avait aidée dans cette épreuve.
« Sensei, vous voilà ! »
Le cri joyeux de Shion le tira soudainement de ses pensées. A son approche, il avait accouru vers lui. Ses deux camarades en revanche, s'étaient contentées de se lever, l'air boudeur.
En effet, les jeunes filles ne l'avaient toujours pas complètement pardonner de ce qu'il leur avait fait. Toutes deux l'avaient encore traité avec raideur de "stupide et d'irresponsable" -pour ne reporter que les insultes les plus acceptables-, pendant toute la semaine. Cela le chagrinait, mais au moins, se réjouissait Natsuki, cette aversion qu'elles avaient envers lui les rapprochait encore. Il est bien connu que médire sur une personne en commun affirme les liens. Sans qu'elles ne veuillent l'admettre, cette épreuve les avait unies dans la honte, la peur, la tristesse et la colère.
Mais si les filles mettaient du temps à s'en remettre, Shion lui en revanche était aux anges. L'épreuve avait complètement changé leur trio. Ils agissaient maintenant enfin main dans la main, comme une vraie équipe !
Ainsi, malgré cette rancœur qui mettait du temps à partir, - en grande partie due à leur fierté bafouée-, Natsuki-sensei put se réjouir d'une autre chose : ses élèves le regardaient maintenant différemment. Il sentait qu'ils ne le voyaient plus comme un ninja incompétent et inutile ; car malgré les airs qu'il donnait il n'était pas idiot, il savait ce qu'ils pensaient de lui. Non maintenant, tous y compris les deux récalcitrantes, le voyaient d'un œil nouveau : il y lisait comme une sorte de respect. Malgré tout, il ne leur en voulait pas d'avoir d'abord pensé cela, au contraire. Il avait volontairement adoptée cette attitude naïve et nonchalante devant les problèmes qu'ils vivaient pour voir comment ils s'en tireraient. Sa politique d'enseignant ninja était de laisser le plus possible ses élèves se débrouiller, et n'agir d'une présence imposante, que lorsque la situation l'exigeait, comme pour cette question-là. Bien sûr, d'aucun pourrait plutôt voir cette pédagogie sous un autre angle : cela le permettait de flemmarder insouciamment la plupart du temps. Mais quoi que vous en pensiez, Natsuki-sensei agissait en toute innocence.
Rei s'étira excessivement pour attirer son attention.
« Pourquoi nous avoir appelés si tôt ? » demanda-t-elle, une nuance de reproche dans la voix.
« Oui c'est vrai » renchérit Shion « il ne faudrait pas que ces convocations matinales deviennent une habitude ! »
Airi étouffa un bâillement. Elle était d'accord avec eux. En effet, en plus de les avoir convoqués aux aurores pour une mission qu'il avait clamée "exceptionnelle", il ne les avait prévenus que tard dans la soirée.
« Comment ? » s'amusa Natsuki à les taquiner « vous n'aimez pas vous réveiller avec le doux pépiement matinal des oiseaux ? »
« Pas quand on comprend ce qu'ils se gueulent dessus... » ronchonna Rei, « Et honnêtement, je pense qu'on apprécierait plus si vous nous préveniez plus vite et pas à l'improviste comme vous l'avez fait chez moi ! Vous vous rendez compte du bazar que vous avez engendré ! »
Natsuki sourit en repensant à sa visite. En effet, il était venu leur annoncer la nouvelle directement chez eux le soir d'avant et cela dans un but bien précis : il voulait mieux connaître ses Genins et la nature des passions les motivant. Car enfaite, il ne les connaissait pas en profondeur, seulement de par leur fiche ninja !
Il avait donc d'abord décidé de rendre visite à la famille Fujiwara, qu'il n'aurait pas osé déranger plus tard dans la nuit.
Ainsi, quand il apparut devant leur demeure au soleil tombant, il découvrit la petite famille, délicieusement attablée devant un sukiyaki végétarien. Il les observa quelques instants, accroupi sur le rebord de la fenêtre, souriant du bonheur apparent qui irradiait de cette scène si habituelle.
Soudain, Rei l'aperçut.
« Sensei ! » s'était-elle écriée, attirant l'attention de ses parents sur lui.
Elle s'empressa de venir lui ouvrir, tout en remarquant de son ton boudeur :
« Vous ne pouviez pas entrer par la porte ? »
Mais Natsuki n'eut pas le temps de répondre quoi que soit. Il fut assailli par ses parents des deux côtés.
« Quelle joie de vous rencontrer enfin monsieur Yoshida ! » disait la mère, Kaede Fujiwara, d'une voix douce « mais mettez-vous à l'aise, asseyez-vous avec nous, je vous en prie ! »
« Ainsi c'est vous le fameux sensei ! » s'écriait le père, Rui Fujiwara, d'une voix forte « ah, je vous avais imaginé autrement, avec un peu plus de carrure, d'autant plus que ma fille m'avait dit que vous aviez un air effrayant, mais honnêtement je ne vois pas en quoi HAHA! »
Bien sûr, Natsuki n'avait rien entendu de ce brouhaha. Ce fut Rei qui le sauva de cet étau quand elle cria à ses parents de le laisser tranquille et de se comporter convenablement devant un Jônin. Ils s'exécutèrent, bien qu'avec regret, et le père lui fit une place à côté de lui, pendant que la mère lui apportait une assiette. Il sentit le regard lourd de reproche de Rei qui disait " vous auriez dû prévenir!". Pour autant, elle se contenta de demander :
« Pourquoi êtes-vous là Sensei ? »
Natsuki pensait enfin pouvoir placer un mot mais il fut encore pris de court.
« Allons Rei-chan » avait commencé Rui, « laisse-le manger, il aura tout le temps d'en parler plus tard ! »
Mais à peine une bouchée après, il commença sans plus de préambule à le bombarder de questions. Au grand jamais Natsuki n'aurait cru un jour trouvé des personnes encore plus intarissables que lui !
« Alors comment se débrouille ma petite Rei hein? » disait-il avec fierté, « elle est forte n'est-ce pas ? Elle l'est forcément je l'ai entraînée depuis qu'elle est touuute petite! Elle était adorable quand elle me frappait de ses minuscules poings féroces, j'ai... »
« Arrête papa c'est gênant ! » avait alors rougit Rei.
« Oh ! Mais il n'y a pas de honte à avoir koneko-chan, je suis sûr que... »
« Et ne m'appelle pas comme ça devant Sensei ! » rougit-elle de plus belle « de quoi j'ai l'air hein ? »
« Oh mais... »
Natsuki regardait l'amicale dispute père-fille en riant. Il avait des airs de rustres, avec son visage plutôt carré et des traits forts, ses cheveux bruns foncés, mais le reste de son corps était plutôt fin et long. Ses yeux, orangés comme ceux de Rei, étaient remplis de gaieté. Natsuki ne connaissait pas assez cet homme pour avoir un réel avis sur sa personne, mais il voyait qu'il aimait sa fille et c'est tout ce qu'il lui importait.
Soudain Kaede posa une main douce sur son bras.
Tandis que père et fille se chagrinaient toujours, elle s'adressa à lui avec tendresse.
« Vous vous occupez bien de ma fille, n'est-ce pas ? »
Ses yeux, d'un noir si sombre qu'on aurait pu s'y perdre, captivèrent son attention. Son visage fin et délicat était encadré par deux petites mèches, suivis ensuite d'une longue chevelure noire tirant sur le violet. Natsuki se surprit à constater que le couple semblait pour le moins peu assemblé, de par le physique comme de par le caractère. Son impression fut consolidée dans la conversation qui suivit.
« Promettez-moi que vous ferez tout pour la protéger ! » avait-elle demandé d'une voix sérieuse « Être ninja est si dangereux. Elle s'en sort bien, est-ce qu'elle est heureuse ? »
C'étaient des parents-poules. Chacun à leur façon certes, mais indiscutablement fous de leur fille. En guise de réponse, il se contenta de lui rétorquer d'un de ses sourires :
« Pourquoi ne le demandez-vous pas à votre fille ? »
« J'ai peur qu'elle ne me dise pas la vérité pour ne pas m'effrayer, elle est si avenante... »
Alors que Rei jetait un coup d'œil vers son sensei, elle vit l'attitude de sa mère et aussitôt l'enguirlanda, du rouge sur les joues.
« Maman, s'il-te-plaît arrête de me couver ! »
Elle n'avait peut-être pas entendu ce qu'elle lui avait dit, mais elle l'avait deviné sans peine.
Natsuki éclata d'un rire de bon cœur. Décidemment cette famille respirait la joie de vivre ! Le repas continua dans cette ambiance joviale et animée, puis le père s'apprêta à se lever :
« Bon, c'est pas tout ça mais il faut que j'aille nourrir les bêtes moi, il fait déjà nuit ! »
« Oh laisse papa, je vais m'en occuper ! » s'écria alors la jeune fille avant de courir dehors, en enfilant ses bottes. Sa mère quant à elle se leva pour débarrasser la table et servir le café.
Il semblait que ses parents n'avaient maintenant plus de question à poser. Natsuki en profita enfin pour parler librement.
« Elle adore vraiment les animaux » remarqua-t-il, « quelle chance qu'elle ait cette capacité de pouvoir communiquer avec ! Comment en est-elle venue à être capable de cela, c'est vous qui lui avez également enseigné ? »
Disant cela, il s'était tourné vers Rui, mais celui-ci objecta.
« Oh non, moi je ne lui ai appris que quelques rudiments de ce que vous appelez "tai-jutsu", nous ne sommes pas ninjas. Elle l'a sans aucun doute héritée de ma femme, qui l'a elle-même hérité de sa grand-mère. C'est un talent plutôt répandu dans notre village. »
« Ah oui ? » fit Natsuki en buvant une gorgée de thé.
Il se tourna alors vers Kaede qui rangeait des assiettes dans une armoire pour avoir plus d'explications, mais il la vit avec surprise l'air lasse et déprimée.
Un peu décontenancé, il se demanda si, au contraire de sa fille, elle ne tenait peut être pas son don en haute estime, et voulut alors changer de sujet.
« Et son impressionnante chevelure verdoyante ! », lança-t-il innocemment « D'où la tient-elle donc ? »
Cette fois-ci la jeune femme ne put se retenir, et éclata en sanglot, avant de se retirer en courant à l'étage, marmonnant des excuses inintelligibles.
Natsuki ne sut comment réagir. Qu'avait-il dit de travers ?
Mais le père ne sembla pas lui en tenir rigueur, et pour toute réaction, se leva en soupirant. Il sortit une bouteille d'alcool et deux petits verres pour les poser sur la table.
« C'est de sa grand-mère qu'elle tient cette teinte verte... Je m'excuse pour ce qu'il vient de se passer » confia-t-il en remplissant les récipients « chaque fois que quelqu'un parle du pays, ça finit comme ça. La vie qu'elle y vivait manque beaucoup à ma femme, elle y a tout laissé, sa chère mère, ses sœurs, ses amis... »
Natsuki comprit alors que cette famille n'était pas aussi gaie que d'apparence. Il prit une gorgée avant de demander intrigué :
« Mais si je puis me permettre, pourquoi donc l'avoir quitté ? »
En effet, Tori no kuni n'avait pas la réputation d'être un pays dangereux. Au contraire, c'était un tout petit village entouré de rizières et de forêts, totalement paisible. Il n'y avait d'ailleurs aucun ninja.
« Disons... Qu'on y a été contraints par quelques raisons familiales. » se contenta-t-il de répondre en haussant les épaules.
Il n'avait donc pas l'intention d'en révéler plus. Natsuki comprit alors pourquoi Rei cherchait à glaner des informations sur ses origines. Ses parents ne lui révélaient rien !
En pensant à la jeune fille, il se rappela qu'il devait encore rendre visite au reste de l'équipe, et jugea avoir appris tout ce qu'il avait pu ce soir-là. Il finit alors son verre avant de prendre congé de Rui, en lui priant de présenter ses excuses à sa chère et tendre. Il se dirigea ensuite dans la cour pour retrouver sa Genin.
Loin du remue-ménage qu'il avait effectivement causé, Rei brossait une vache imposante en chantonnant en toute innocence. Natsuki fut alors transpercé par deux yeux bleus étincelants : Si Rei n'avait rien vu, Samu lui avait tout entendu. Natsuki sentit qu'il le prévenait de ne rien dire de ce qui s'était passé à la jeune fille. Il lui adressa gêné un petit hochement de tête. Bien qu'il ne parlait pas aux animaux, au fil des semaines il avait vite compris que Samu n'était pas un chat ordinaire, mais un membre de l'équipe à part entière. Rei l'avait aperçu et l'arracha à sa réflexion :
« Ah Sensei ! » fit-elle d'un cri de joie, avant de reprendre une moue désapprobatrice.
« Ça ne se fait pas de venir comme ça à l'improviste vous savez, vous avez vu comment vous avez rendu fous mes parents ! »
Natsuki partit d'un petit rire en lui frottant amicalement le haut de la tête :
« Mais tes parents sont adorables il ne faut pas dire ça ! »
« Oui, ils m'aiment beaucoup trop... » soupira-t-elle en suspendant sa tâche.
La sentant partir dans une mélancolie inexpliquée, il lui transmis alors la raison de sa visite.
« Une mission exceptionnelle ? » répéta Rei, son énergie et sa fougue retrouvées « vous m'intriguez Sensei ! »
« Parfait, dans ce cas rendez-vous demain devant la sortie du village aux aurores ! »
« Aux aurores ?! » s'étrangla Rei, mais c'est...
Il ne prit pas le temps d'entendre ses protestations et disparut par les toits en riant. Il pouvait deviner sans peine qu'elle était maintenant en train de maugréer sur son sort. Il se dirigea ensuite directement dans l'appartement des Aoi. Il pensa que cette visite-là ne provoquerait au contraire pas autant de remous, les jumeaux vivant seuls, mais au vu du caractère d'Airi, il ne savait pas trop à quoi s'attendre. Il s'arrêta sur leur balcon et savoura un instant le calme apparent de la nuit. Mais il eut à peine le temps d'inspirer une fois que la porte s'ouvrit violemment, manquant de peu de le frapper de plein fouet. C'était Airi, une poêle à la main, prête à en découdre. Sans doute l'avait-elle pris pour un voleur. Lorsqu'elle le reconnut, elle soupira, - sans doute aurait-elle préféré un malfrat à Natsuki-, et croisa ses bras sur sa poitrine tout en s'accoudant contre la porte.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » demanda-t-elle calmement.
La frayeur qu'elle lui avait faite étant passée, Natsuki analysa une seconde la tenue d'Airi : elle portait un tablier de cuisine ? Mais voyant qu'elle s'impatientait, il s'écria d'un ton jovial, faisant fit de sa froideur habituelle :
« J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer, pour toute l'équipe ! »
« Qui est...? » interrogea-t-elle nullement impressionnée.
« Eh bien, j'aimerais bien le dire à Shion également. »
« Dites, je transmettrai. »
Natsuki soupira. Elle n'avait nullement l'intention de le laisser entrer. Si Rei n'était pas capable de bouder longuement, Airi elle l'était amplement. Ce ne serait pas de si tôt qu'elle lui pardonnerait l'excès de faiblesse qu'elle avait démontré par sa faute dans la forêt de la mort. Fort heureusement, Shion apparut pour sauver la situation.
« Airi, qui c'est ? » demanda-t-il d'un air craintif, avant de reconnaître Natsuki avec bonheur.
Au grand déplaisir d'Airi, il le fit entrer immédiatement et l'installa autour de la table basse du petit salon.
« Airi allait justement préparer le souper » annonça Shion en souriant « voulez-vous vous joindre à nous ? »
Natsuki sentit le regard indigné d'Airi se poser sur lui mais il répondit par l'affirmative. Heureusement qu'il avait un appétit d'ogre, la mère de Rei l'avait déjà bien gavé. D'un geste furieux, Airi s'en alla dans la cuisine et claqua la porte. Natsuki se frotta la tempe, gêné, mais Shion le rassura :
« Ne vous inquiétez pas Sensei, c'est contre moi qu'elle est en colère, elle déteste quand j'invite des gens comme ça. »
Natsuki avait de la peine à croire que cela fut vrai, mais il enchaîna :
« Tu invites parfois Rei à la maison ? »
« Oui bien sûr, et pleins d'autres amis de l'école ! »
Natsuki s'en réjouit. Malgré l'épreuve qu'il traversait avec la disparition de ses parents qui le hantait continuellement, il était très sociable et profitait pleinement de la vie. Il aurait bien voulu qu'Airi ne présente pas autant de problèmes...
« Mais dis-moi, demanda soudain Natsuki curieux, ce n'est pas trop dur depuis la disparition de vos parents, vous vous en sortez tout seuls ? »
« Oh oui aucun problème ! Airi sait faire la cuisine, le ménage, les courses, ... »
Alors que Shion récitait la liste des tâches, il écarquilla les yeux d'incrédulité.
« Mais toi » demanda-t-il quand il eut fini sa tirade « pourquoi tu ne fais rien ? »
Shion baissa les yeux, honteux, le rouge aux joues.
« Eh bien, à vrai dire j'aimerais bien... Mais Airi ne me laisse plus rien toucher, parce qu'une fois, j'ai failli faire brûler tout l'appartement…»
Natsuki ne put se retenir de pouffer de rire. Ainsi le petit Shion était une vraie calamité aux tâches ménagères ! Qui plus est, Airi s'avérait étonnement être une parfaite femme au foyer ! Ce fut d'ailleurs elle qui mit fin à son hilarité en apportant, - ou plutôt jetant-, le repas sur la table. C'étaient de délicieux tempura, dont l'odeur alléchante attira aussitôt l'attention de Natsuki. Alors qu'il lançait le traditionnel "itadakimasu", il remarqua avec un sourire que l'assiette de Shion était bien mieux soignée que la sienne. Ils mangèrent en silence, l'air glacial entourant Airi refroidissant ses ardeurs. Seuls les bruits de nourritures mâchées le rompait. Pour y mettre fin, Natsuki se racla la gorge avant de complimenter Airi :
« Ta cuisine est vraiment délicieuse, tu devrais nous faire des bentôs pour nos missions ! »
Si Airi avait apprécier le compliment, elle n'en laissa rien paraître.
« C'est quoi cette grande nouvelle que vous deviez nous annoncer ? » fit-elle pour toute réponse.
Sentant, qu'il ne pourrait retarder plus la question, il leur présenta alors la raison de sa venue, ainsi que le rendez-vous.
« Ehhh ? »
Shion eut la même réaction que Rei.
« Dans ce cas » annonça tranquillement Airi « vous devriez partir pour qu'on aie le temps de dormir. »
Décidemment, elle voulait réellement qu'il parte. Il décida pourtant de s'en servir contre elle, en lançant négligemment :
« Oh ne t'inquiètes pas, tu n'auras aucun mal à dormir ce soir, ce n'est pas une nuit de pleine lune. »
Il avait lâché ça d'un seul coup. Airi le regarda avec des yeux écarquillés. Natsuki pouffa intérieurement. Il adorait surprendre ses interlocuteurs.
« Comment savez-vous qu'elle ne dort pas bien les soirs de pleine lune ? » s'étonna Shion, remis de sa surprise.
« Elle n'allait pas très bien le soir de l'entraînement » répondit-il tranquillement.
Shion pensa alors qu'il parlait de sa somnolence et de ses sanglots, mais Natsuki en sous-entendait plus. En effet, si cet entraînement lui avait permis d'apprendre une dernière chose, c'était bien qu'Airi avait un pouvoir spécial. Le comportement étrange qu'elle avait arboré dans la forêt ne lui avait pas échappé. Elle n'était plus elle-même, et son attitude semblait être celle d'une bête féroce. Lorsqu'elle avait attaqué Rei, Natsuki s'était même préparé à l'arrêter, tant sa violence l'avait surpris. Il ne pouvait pas affirmer avec certitude savoir ce qui était arrivé à la jeune fille, mais les paroles de l'Hokage, lorsqu'il lui avait confié cette équipe, résonnaient avec force dans sa tête... « Tu comprendras bien vite pourquoi je t'ai confié les jumeaux Aoi. »
Au regard perçant que lui lançait Natsuki, Airi dut comprendre qu'il avait tout vu de cet épisode. N'ayant jamais évoqué la moindre petite chose avant aujourd'hui, elle devait en effet ne pas s'en douter. Elle lui signala d'un regard empreint de colère de ne pas en parler ici. Mais Natsuki n'avait pas l'intention d'en dire plus. Il avait appris ce qu'il voulait : Shion ne savait pas que sa sœur avait un pouvoir spécial. Sur ce, son assiette terminée, il se leva et les remercia pour le repas, avant de s'en aller par le balcon. Shion le salua, tandis qu'Airi le fixait toujours d'un sentiment mêlé de colère et de peur. Ainsi, il savait tout...
« Il aurait quand même pu passer par la porte... » fut la dernière remarque de Shion que Natsuki eut le temps d'entendre.
Natsuki retourna dans le présent, sentant trois paires d'yeux humains et une paire d'yeux félins le scruter avec attention.
« Bon » s'impatientait Rei « pour quelle mission nous sommes-nous réunis ? »
« Vous avez vaguement évoqué qu'elle était exceptionnelle ? » ajouta Shion.
« Ah oui, bien sûr, la mission ! »
Natsuki se tapa les mains, comme se souvenant soudainement.
« Sachez tout d'abord » commença-t-il en toussotant solennellement « que je suis très fier de votre réconciliation. Ainsi, j'ai décidé de vous offrir quelque chose à la hauteur de votre niveau. Figurez-vous mes petits Genins, que j'ai réussi à obtenir une mission de rang C ! »
À cette nouvelle, Rei et Shion se tapèrent dans les mains et se réjouirent joyeusement. Enfin ils avaient mérité quelque chose de supérieur ! Airi également ravie de cette nouveauté, fronça cependant les sourcils : quelque chose était louche.
« Sensei » énonça-t-elle de sa voix habituellement froide. Elle parlait tellement rarement que cela suffit pour capter l'attention de ses deux compères.
« Pourquoi n'avons-nous pas reçu cette mission de l'Hokage en personne, comme d'habitude ? »
Rei et Shion se regardèrent. Elle avait raison, c'était étrange.
Ce fut dès lors trois regards inquisiteurs qui fixèrent un Natsuki embarrassé.
« Oh ça ? » s'excusa-t-il en se grattant sous le menton « C'est que la mission est pressante, l'Hokage n'avait pas le temps d'attendre qu'on se réunisse en haut. C'est d'ailleurs pour ça que je vous ai convoqué si tôt. On devrait y aller, je vous exposerai les détails de la mission une fois qu'on sera parti ! »
Il les poussa en avant vers la sortie du village. Loin d'être convaincue par cet argument qui ne tenait pas debout - cela revenait presque au même d'être réunis vers la porte qu'au guichet-, Airi ajouta :
« Si elle est si pressante que ça, pourquoi envoyer des Genins novices ? »
« Mais parce que l'Hokage pense que vous êtes les éléments les plus adaptés pour cette mission voyons ! »
Airi était toujours sceptique. Mais alors qu'elle allait encore insister, Natsuki prit de court ces yeux inquisiteurs et lâcha de but en blanc en souriant avec malice :
« Ne me dis quand même pas que tu es effrayée par une mission plus élevée ? »
« Ne…ne dites pas de sottises » s'emporta Airi prise au dépourvu « j'ai hâte d'avoir de la difficulté au contraire ! »
Ses joues s'empourprèrent. Elle n'était pas le moins du monde effrayée! Cependant, il était vrai qu'elle se demandait si la mission ne serait pas trop élevée pour le niveau de Shion... Enfin, elle serait là pour le protéger.
« Alors arrête donc de proteste et allons-y ! »
Airi soupira. Par ce simple commentaire, Natsuki avait réussi à détourner les questions... Il n'était pas si bête, au fond.
Pour les inciter à marcher plus vite sans doute, il se mit à courir :
« Le premier qui me rattrape, je lui offre un bol de nouilles quand on rentrera ! »
Aussitôt, Rei et Shion tombèrent dans le panneau. Airi les suivit également en soupirant, nullement intéressée. Du coin de l'œil, elle eut le temps d'apercevoir une patrouille de Chûnins courir sur les toits, visiblement à la recherche de quelque chose. Elle fut intriguée mais ce n'était pas son problème.
Note d'auteurs : Alors que nous avions laissé l'équipe 6 dans un beau pétrin, avec l'enlèvement de Tetsu par les deux mystérieux jumeaux d'Iwa, l'équipe 11 de son côté, a elle aussi "reçu" une mission qui s'annonce différente des précédentes ! De quoi peut-il donc bien s'agir ? Pourquoi n'est-ce pas l'Hokage qui l'a confiée à nos Genins comme d'habitude ? Natsuki a tenté de glaner des informations sur ses Genins et a découvert que chacun avait ses petits secrets...Le pays natal de Rei et sa famille, l'intriguant pouvoir qui sommeille en Airi...autant de mystères qui, pour avoir des réponses, mériteront un peu de patience ;) !
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