L'univers, l'histoire du manga Naruto et les personnages raccordés sont la propriété de Masashi Kishimoto. La présente histoire et ses personnages créés sont toutefois à nous.
Chapitre 22 : Là où la volonté est mise à l'épreuve
« On dirait que j'arrive juste au bon moment. » dit Misuzu en lançant un regard à Aiko.
« Je dirais même…tu tombes à pic ! » s'exclama Natsuki avec un sourire.
Aiko avait reculé et s'était remise en garde, elle restait méfiante devant ce nouvel ennemi aux capacités inconnues. « Son nom est Misuzu...? Ce doit être la Jônin en charge du petit bleu et de ses amis dont m'a parlé Chisei » pensa-t-elle. Elle poussa un soupir d'agacement ; cela lui faisait une gêneuse de plus et qui semblait de surcroît maîtriser des techniques assez particulières. Natsuki profita du bref répit qui lui était accordé et banda rapidement sa blessure, sous l'œil attentif de Misuzu.
« Tu peux toujours marcher ? » lui demanda-t-elle.
Natsuki se releva sans mettre trop de poids sur sa jambe blessée. Cela lui faisait un mal de chien mais il avait vu bien pire. Il frappa dans ses mains, revigoré.
« Oui merci Misuzu-chan ! Maintenant que tu es là, nous avons l'avantage ! »
« Non.» reprit Misuzu « Je vais l'affronter. Toi va vite retrouver tes élèves à l'extérieure.»
Natsuki regarda sa partenaire avec étonnement, les yeux écarquillés.
« Qu'est-ce que tu attends ? Je sais que ça te tracasse de savoir tes petits Genins livrés à eux-mêmes. Cours les rejoindre. » ajouta-elle en lui souriant.
D'abord abasourdi, Natsuki baissa son regard vers le sol, secoué d'un petit rire. Elle le connaissait tellement bien. C'était vrai, il était fou d'inquiétude et ça le déconcentrait.
« Tu te sens de la combattre seule ? Ses papillons explosifs ce n'est pas une mince affaire. »
« Elle et moi avons à discuter...et je ne suis pas toute seule, Kisaragi est avec moi ! »
La blanche hermine acquiesça d'un petit mouvement de tête, tout en analysant Aiko des yeux.
« Entendu. Bonne chance à vous deux, Misu-chan ! » répondit Natsuki en faisant un pouce.
Sans plus de paroles, le Jônin aux cheveux blonds tourna les talons et s'enfonça dans les ténèbres des couloirs glaçés de la falaise, animé par un seul objectif : retrouver ses élèves.
« Tss…» soupira Misuzu pour elle-même, « …je lui ai déjà dit ne pas m'appeler comme ça.»
Une fois loin des deux femmes, Natsuki s'appuya contre un mur en soupirant. Il se maudit pour sa faiblesse d'esprit. Ce n'est pas d'un sensei inquiet qui tombe dans n'importe quel piège dont ses élèves avaient besoin. Il reprit sa route, la douleur à sa jambe s'étant déjà estompée quelque peu, et courut rejoindre ses élèves qu'il imaginait, selon les dires de l'ennemie, aux prises avec de puissants adversaires. Il n'accorda pas un seul regard en arrière, parfaitement confiant dans les capacités de sa vieille camarade.
Dès qu'il fût partit, Misuzu se retourna en direction d'Aiko qui la fixait, les mains sur les hanches, un sourcil levé et arborant un sourire provocateur.
« Misuzu Yuhi hein ? Ton petit protégé aux cheveux bleus m'a parlé de toi. Bon, pas de son plein gré, je l'avoue, on a dû le bousculer un petit peu. » ricana la rousse. « Voilà donc le pouvoir si spécial qui a mis en déroute mes meilleurs hommes …intéressant ».
Misuzu eu un rictus de colère à l'évocation de ce qu'avait pu subir son élève entre les mains de cette femme. Mais elle ne lui était pas totalement inconnue en vérité.
« Moi aussi je te connais » répondit-elle en croisant les bras « je t'ai déjà vue dans mon Bingo Book : tu es une renégate du village d'Iwa maîtrisant le Bakuton…Aiko Shibara c'est ça ? »
« Haa…oui, c'est moi ! » répondit Aiko avec un rire caustique. « Je ne pensais pas que j'étais déjà aussi connue huhuhu. »
« J'ai mis la main sur tes herbes. Cette variété est interdite de consommation et de culture dans notre région. Dans quel but comptais-tu les utiliser ? » poursuivit Misuzu.
« Tu ne seras plus là quand je les utiliserai. » répondit Aiko en prenant alors de la distance et en lançant trois salves de papillons nouvellement créés sur Misuzu et Kisaragi.
La Jônin plaqua ses mains sur le sol. Deux épaisses lianes jaillirent de la terre avec force et bloquèrent les papillons d'un mouvement de revers comme une paire de fouets. L'hermine ninja esquiva la troisième salve en filant au ras du sol comme une flèche et disparut derrière des caisses. Misuzu se releva et croisa les bras sur sa poitrine.
« Désolée mais…je n'aime pas trop les insectes.»
De leur côté, le duo de l'équipe 6 était aux prises avec un furieux casse-tête. Ainsi retranchés dans leur coque de protection, les jumeaux étaient inatteignables. Kazuho avait bien tenté des kunais et parchemins explosifs, mais rien n'y faisait, la roche restait intacte. Frustré, il mordilla son aiguille. C'est ainsi qu'il réfléchissait le mieux.
« Sayuri, combien de fois peux-tu encore utiliser une technique de Raiton ? »
« Je ne sais pas, peut-être encore une fois. » répondit-elle.
Kazuho croisa les bras, pensif. Si une ultime tentative avec du Raiton ne fonctionnait pas, ils laisseraient tout le temps aux jumeaux pour leur prochain coup. En se coinçant l'aiguille entre deux dents, le bruit métallique fit résonner une idée dans son esprit.
« J'ai un plan ! Soit prête à lancer ta technique quand je te le dirai. »
Sayuri opina et aussitôt, il rangea son épée, sortit un parchemin et lança une invocation.
Instantanément, des centaines d'aiguilles jaillirent du papier et s'élevèrent dans les airs.
« Hari no Ame ! Pluie d'aiguilles ! Maintenant Sayuri ! »
« Kaminari no jutsu ! Tonnerre ! », lança sa coéquipière après avoir exécuté les mudras.
Les aiguilles de Kazuho criblèrent totalement le dôme sur toute sa surface et attirèrent instantanément la foudre de Sayuri. L'éclair parcourut toute la demi-sphère de pierre dans un bruit assourdissant. Les deux Genins se protégèrent les yeux, éblouis par leur propre attaque. Les épines métalliques agissant comme un paratonnerre, concentrèrent l'attaque à travers la pierre. Le dôme se fissura et l'instant d'après, il vola en éclat, dans un bruit de déflagration.
Le bruit cessa et hormis un nuage de poussière, toute la zone alentour était calcinée et un magnifique motif d'étoile s'était dessiné autour de l'endroit où était le dôme. Sayuri et Kazuho se lancèrent un regard victorieux avant de s'approcher prudemment, espérant même avoir pu se débarrasser des jumeaux.
Mais, à leur entière surprise, les deux frères avaient disparus.
« Quand sont-ils partis ? » s'inquiéta Kazuho en se remettant en garde.
L'attaque avait été si rapide que leurs adversaires avaient dût agir prestement, profitant du nuage de poussière pour s'enfuir. Les Genins se regardèrent du coin de l'œil ; ils n'avaient presque plus de chakra. La situation était critique mais s'ils avaient touché leurs ennemis, l'avantage était de leur côté.
« On n'a pas de temps à perdre avec ça, il faut les retrouver ces poltrons ! » fit la jeune blonde en inspectant la forêt pour retrouver leur trace. Kazuho approuva et inspira profondément, espérant que cette journée se finisse vite.
« Qui est-ce que vous traitez de poltrons ? »
Sayuri fut surprise de sentir soudain une main agripper sa jambe et l'entraîner sous terre. Kazuho qui avait immédiatement réagit, plongea pour rattraper son amie.
« Sayuri ! »
Il tendit la main pour saisir la sienne mais ne put que frôler ses doigts qui disparurent avec elle. Emporté par son élan, il s'écrasa sur le sol qu'il frappa d'un poing rageur. Comment avait-il pu les laisser prendre l'avantage ? Il se reprit bien vite et se remit sur ses pieds, il n'avait pas pu l'emmener bien loin. Mais alors qu'il allait partir, son instinct le retint et il évita in extremis un dard de pierre qui visait sa nuque. Il se retourna pour voir Ryō qui fonçait droit sur lui, bien décidé à s'occuper seul du Genin. Kazuho, surpris, se prit le poing du jumeau en plein ventre et fut projeté en arrière. Il rétablit sa position en l'air et dérapa sur deux mètres.
« Pas si vite gamin ! » lança-t-il. « Ne t'inquiète pas pour ta copine, elle sera bientôt du passé. Votre jeu de duo est peut-être très fort, mais en solo c'est nous qui menons la danse. »
Il toucha son bras blessé, qu'il peinait encore à bouger. Kazuho se redressa et lui lança un regard sévère, poings serrés. Désormais, c'était du un contre un.
Non loin, les bruits des combats parvenaient sans difficulté à l'ouïe fine de la jeune Aoi. Mais Airi n'y prêtait aucune attention. Elle titubait en marchant et évitant branches et racines. Tel un zombie, elle suivait la trace et l'odeur de Shion les yeux perdus dans le vague. Après plusieurs minutes de marche qui lui semblèrent être une éternité, elle entrevit enfin la fin de la forêt. Elle pressa le pas, sentant une légère angoisse monter en elle. Shion allait-il bien? Elle fut obligée de s'arrêter une fois sortie de la forêt et cacha son visage d'une main devant la lumière éblouissante du soir. Elle distingua alors quelque chose, entouré de rouge écarlate ; une silhouette accourait vers elle.
« Shion ?! » appela-t-elle en se remettant à trotter péniblement.
« Oyyy ! Ai-chan ! »
Shion avait le sourire aux lèvres et lui faisait des grands signes de main. Airi ralentit avant de s'arrêter, soulagée. Elle ferma les yeux et expira, relâchant toute la pression accumulée. Ses muscles crispés se détendirent et les tremblements s'arrêtèrent.
« Je suis si content de te revoir Ai-chan, j'étais si inquiet ! » fit Shion une fois arrivé à sa hauteur. « Tu as réussi à vaincre ce colosse… ça va tu n'as rien ? »
Disant cela, il s'approcha d'elle et posa des mains bienveillantes sur ses épaules. Mais Airi fut prise comme d'un spasme et repoussa violemment ses mains… Shion recula d'un pas, surpris.
« A…Airi ça ne va pas ? »
« Ne me touche pas s'il te plaît.. » répondit-elle « je suis sale...»
Airi plaqua ses bras contre sa poitrine, tentant vainement de cacher les tâches de sang sur sa tunique. Elle se sentait mal de devoir lui dire qu'elle avait tué quelqu'un, elle n'osait pas connaître sa réaction. Penserait-il qu'elle n'était qu'une meurtrière ?
« Ne… ne bouge pas Airi, tu es blessée, je vais chercher Tetsu ! » dit Shion avec inquiétude.
Airi reprit aussitôt ses esprits et leva les yeux vers son visage inquiet.
« Non Nii-chan, je vais bien. Je suis désolée. Mais toi ça va, tu n'es pas blessé ? »
Elle n'était pas obligée de le lui dire, après tout, cela ne ferait qu'un mensonge de plus...
« Euh non non ! » lui répondit-il pas rassuré le moins du monde, « personne ne s'en est pris à nous, nous avons tous pu rejoindre le village sains et saufs. »
Comprenant qu'elle ne voulait visiblement plus parler de son combat, il changea de sujet.
« Ringo-chan a retrouvé son grand-père, tu aurais dû la voir, elle est était si heureuse ! »
« Ah, je vois...» répondit la noiraude toujours repliée sur elle-même, « Tant mieux pour elle.»
« Allons les rejoindre ! Tetsu nous attend ! » reprit Shion, prenant la main d'Airi pour la tirer.
Elle hocha la tête, pressée de mettre de la distance entre son frère et le cadavre de son adversaire, et ils entamèrent la descente vers le village. Ils restèrent silencieux un moment, savourant leurs retrouvailles, puis Shion s'interrogea.
« Airi, tu sais si Rei et Samu vont bien ? Je… je m'inquiète quand même pour eux...»
En effet, cela faisait un moment que Rei s'était séparée d'eux... était-elle en difficulté ?
La voyant pensive, Shion s'arrêta inquiet.
« Tu crois qu'on devrait aller l'aider ? » ajouta-t-il en s'arrêtant.
« Non » répondit Airi en fermant les yeux et reprenant la marche, « tu as bien entendu ce qu'elle a dit, faisons lui confiance. Et puis, Sensei n'est sûrement pas loin de toute façon. »
Toujours rongé par l'inquiétude, Shion emboita le pas à sa sœur après un dernier coup d'œil vers la forêt, où les combats continuaient encore, alors que le soleil disparut enfin à l'horizon.
« Samuuu ! »
Le chat ouvrit un œil à l'appel désespéré de sa partenaire. « Pourquoi braille-t-elle comme ça ? » Il tenta de se relever mais sa patte avant gauche se déroba sous lui dans une atroce douleur. Et alors il se rappela. Il avait été projeté contre un arbre par la force invisible de leur adversaire. Chisei riait aux éclats de la détresse de Rei qui vint s'agenouiller vers son ami, les yeux en larmes.
« Idiote ! » souffla-t-il alors « Ne tourne pas le dos à ton adversaire ! »
Mais Rei n'en avait cure, seul son ami comptait à ses yeux.
« Est-ce que ça va ?! S'il te plaît dis-moi que tu vas bien ! » supplia Rei en tremblant.
« ...J'ai une patte et quelques côtes cassées je crois, mais je survivrai, ne t'inquiète pas . » miaula le chat.
Rei fut soulagée un instant mais ne se sentit pas mieux pour autant.
« Je suis désolée Samu, c'est de ma faute. J'ai fanfaronné devant les autres alors que je n'étais même pas sûre de moi et je t'ai entraîné là-dedans alors que tu n'es pas...»
Samu la coupa devinant la suite qu'il ne voulait pas entendre.
« Leii ! » cria-t-il en se redressant de son mieux. « Arrête tes âneries, aies confiance en toi ! Tu en es capable et ce n'est pas ta faute, ce n'est que moi...»
Samu serra les dents. Encore cette fois, il serait donc inutile..pire, un fardeau à protéger. Apprendre la technique de Nyaki n'était pas suffisant, il devrait redoubler d'efforts...
« Il est déjà fini ? » ricana Chisei, « C'est de l'incompétence de faire risquer autant à une si petite chose ! »
Rei reprit ses esprits et se munit d'un kunai. Son ennemi avait osé blesser et insulter son meilleur ami. Il payera.
« Tu as fini de faire tes adieux ? » reprit Chisei en s'avançant « Maintenant, c'est ton tour . »
Rei se mordit la lèvre, ce n'était pas le moment de s'apitoyer. Samu avait raison. Elle devait reprendre confiance et battre son adversaire pour le mettre en sécurité ! Dans un cri de rage, elle fondit droit sur Chisei, résolue à le poignarder en plein cœur…
« Non, ne fonce pas comme ça Lei ! » cria le matou en la voyant perdre son sang-froid.
Mais elle ne l'écoutait pas et fut accueillie à bras ouverts par Chisei, un sourire carnassier sur le visage. Il esquiva sans peine d'un pas sur le côté et enfonça son coude dans le dos de la jeune fille.
« Tu n'es plus aussi rapide qu'avant petite! »
Rei s'écrasa au sol et cracha du sang.
« Leii ! » cria Samu impuissant en regardant Rei se relever et se lancer à nouveau dans des assauts désespérés. Il aurait voulu l'aider, mais c'était impossible, il avait trop mal.
Elle essuyait coup sur coup mais se relevait inlassablement, mue par une implacable ténacité.
« Rends-toi à l'évidence, tu ne peux me battre ! » fit Chisei commençant à se lasser de ce jeu.
Mais Rei déterminée, continuait sans relâche. Chisei roula des yeux. C'était trop facile, il n'avait même pas besoin d'utiliser ses barrières invisibles. Du coin de l'œil, il vit le petit chat gris qui rongeait son frein et alors une idée lui traversa l'esprit. Un sourire machiavélique fendit son visage, il malaxa du chakra et ouvrit à nouveau son troisième œil.
Prise au dépourvu, Rei ne fit pas attention et se retrouva comme Samu avant elle, prisonnière de cet œil abject, incapable de tout mouvement. Elle se prépara au choc qu'elle pensait imminent mais fut surprise quand elle le vit au contraire passer à côté d'elle sans la toucher. Ses yeux s'écarquillèrent d'horreur quand elle comprit où Chisei se dirigeait.
« Reste là sagement et regarde ce que je vais faire de ton chaton. »
Rei paniqua et voulu crier à Samu de fuir mais elle avait beau y mettre toute sa volonté elle ne pouvait même pas émettre un son. Samu lui, sentit avant de voir, le ninja s'approcher dangereusement de lui. Il essaya à nouveau de se redresser mais ne put que ramper pitoyablement sur le sol. Sachant ses efforts inutiles, il s'arrêta finalement et regarda sa chère Lei dans les yeux avec tristesse et désespoir.
Mais Rei se refusait à laisser son meilleur ami partir. Elle banda une fois encore toute sa volonté. « Oh s'il vous plaît, n'importe qui, aidez nous ! »
Soudain elle sentit les liens invisibles qui la retenaient se relâcher légèrement. Surprise elle saisit alors sa chance pour lancer avec rage un kunai sur l'homme qui lui tournait le dos.
Chisei, qui ne l'avait pas vu, le reçut de plein fouet dans l'épaule et cria de douleur. L'étreinte qui retenait Rei se brisa. Elle bondit en avant et écarta Chisei d'une bousculade avant de saisir Samu dans ses bras en glissant. Elle respirait fort et tremblait comme une feuille. Ils avaient frôlé la catastrophe.
Chisei retira le kunai de son épaule en étouffant un grognement.
« Petite peste, comment as-tu pu te libérer ? Le pouvoir de mon œil est infaillible ! »
Rei ne le savait pas non plus, mais ce n'était pas elle qui avait réussi à se libérer toute seule si ? Samu gémit dans ses bras et elle baissa son regard sur lui. Elle ne voyait pas comment elle pourrait continuer à se battre tout en le protégeant, il ne leur restait plus qu'une seule solution : fuir et espérer qu'il ne les poursuivrait pas.
Décidée, elle tira deux boules fumigènes de sa sacoche et amorça le geste de lancer.
« Oh non je ne te laisserai pas partir après ce que tu m'as fait ! » rugit Chisei.
Rei sentit qu'il allait à nouveau utiliser son œil et paniqua. Elle n'aurait pas le temps d'esquiver!
Mais soudain, une énorme bourrasque de vent passa derrière elle et stoppa nette l'attaque invisible de l'ennemi qui prit un air médusé. Deux mains se posèrent tendrement sur les épaules de la jeune fille et en relevant la tête, Rei reconnu le grand blond qu'elle connaissait bien :
« Sensei...!?»
Natsuki avait les yeux rivés sur Chisei et son œil aveugle luisait d'une étrange lueur blanche.
« C'est...c'est vous qui m'avez libérée tout à l'heure ? » gémit Rei dans un sanglot.
Chisei, contrarié en voyant le Jônin, referma son troisième œil. Natsuki sembla alors se relâcher à son tour et baissa les yeux sur son élève bien aimée, souriant.
Au cœur de la falaise, Aiko commençait à fulminer. Sa quantité de chakra était bien diminuée depuis son affrontement avec Natsuki et elle se retrouvait maintenant face à une nouvelle ennemie maîtrisant des techniques qu'elle ne connaissait pas. « Qu'est-ce que c'est que cette foutue femme ? » maugréa-t-elle en continuant d'essayer d'atteindre la Jônin avec ses attaques. Elle avait tenté de leurrer Misuzu en faisant changer brutalement ses attaques de directions, mais les lianes géantes faisaient volte-face avec une rapidité surprenante et stoppaient les projectiles. Aiko prit alors une autre approche en posant des papillons sur le sol et en dispersant les autres tout autour de son adversaire. Misuzu fut forcée d'utiliser trois lianes géantes supplémentaires et de se déplacer en même temps pour contrer les insectes explosifs. La rousse se mit à sourire, elle reprenait l'avantage ! Kisaragi bondit alors de sa cachette et courut en zigzag à travers la grande pièce en rasant le sol. Une série d'explosions suivirent derrière elle au fur et à mesure de sa course, mais elles n'eurent pas le temps de la blesser, tellement l'hermine était rapide.
« Saleté de bestiole ! Elle se débarrasse de mes papillons mines ! » grinça Aiko.
« Misuzu ! Derrière toi ! » lança l'animal.
La Jônin se retourna et une liane para in extremis un groupe de papillons qui allaient presque l'atteindre. « Merde ! » lâcha Aiko en tapant du pied. Grâce à Kisaragi, Misuzu avait une paire d'yeux en plus et toute tentative d'attaques par des angles morts devenaient inutiles. La femme aux cheveux noirs bordés de rouge profita de l'ouverture laissée par l'ennemie pour foncer sur elle en composant des mudras.
« Ninpô ! Kuroi hanabira no arashi ! Tempête de pétales noirs ! »
À cet instant, des milliers de pétales de roses noirs comme l'encre jaillirent de derrière Misuzu et encerclèrent la renégate, formant un rideau compact autour d'elle.
« Quoi ?! Qu'est-ce que c'est que cette-.. » commença Aiko avant de se prendre un coup de poing en plein visage la faisant tomber sur le sol. Elle se releva et chercha Misuzu des yeux, prête à lâcher un nouveau juron. Elle n'eut pas le temps de prononcer un mot qu'elle prit un autre coup dans la tempe, suivi d'un troisième dans le ventre et finalement d'un dernier dans le dos, lui coupant le souffle. Elle releva les yeux mais ne vit personne. La Jônin était cachée dans la tempête de pétales et dominait à présent totalement Aiko. La jeune femme bouillit de rage et se releva d'un élan en concentrant du chakra et relâcha un nuage de papillons autour d'elle. Décidément, ils aiment se cacher à Konoha…
« Où es-tu espèce de lâche ?! » hurla-t-elle dans une explosion qui balaya tous les pétales dans un violent souffle.
« Ici. »
Aiko sentit ses mains et ses pieds être immobilisés par de petites lianes qui étaient sorties du sol. Elle coula un regard à Misuzu par-dessus son épaule. Kisaragi se tenait à ses côtés et fixait la rousse de ses yeux vairons.
« Je ne te le demanderai pas une troisième fois. Quel est ton but et comment comptais-tu utiliser ces herbes pour l'atteindre ? » dit-elle sur un ton sévère.
Un silence suivit et Aiko lâcha un soupir d'agacement.
« Tss…puisque tu veux tellement le savoir, alors soit. Je vais te le dire... »
Kazuho de son côté, faisait face à un adversaire qui favorisait le corps à corps. Sans Sayuri, il se contentait de lancer des salves de kunais sur Ryō, qui les accueillait sans peine en se protégeant grâce son bras valide.
« Ce n'est pas parce que j'ai un bras blessé que je ne peux pas te faire mordre la poussière ! » lança-t-il en composant tant bien que mal des mudras. « Dôton ! Les clones de pierre ! »
Cinq nouveaux Ryō, tous identiques, apparurent et encerclèrent en un instant Kazuho qui réagit aussitôt. Il bloqua tant qu'il put les assauts avec son épée; un seul coup pourrait l'envoyer valser et contre six adversaires, il ne pouvait se le permettre. Les clones avaient une tactique très efficace et ne laissaient aucune marge. Il devait sortir du cercle.
« Cette technique doit lui coûter pas mal de chakra » songea Kazuho. « Ils pensaient être assez de deux lorsqu'ils étaient ensemble, c'est pour ça qu'ils ne se sont pas clonés plus tôt ». Soudain, un coup porté en traître passa en travers de sa garde et un éclat de roche lui balafra le visage. Ryō eut un rictus, certain de sa victoire imminente. Mais Kazuho qui guettait un instant de répit, alluma un fumigène, se soustrayant aussitôt à la vue de Ryō.
« Tu peux te cacher tant que tu veux, tu ne m'échapperas pas comme ça ! » s'écria le renégat.
Les clones fracassèrent leurs poings sur l'ombre encore visible du jeune garçon.
« Kawarimi no jutsu ! Permutation ! » prononça Kazuho.
Il profita de la situation pour se réfugier dans les fourrés, laissant aux clones une petite bûche comme défouloir. Alors que le jeune stratège élaborait déjà ses prochains mouvements, son adversaire avait rallié ses clones prêts de lui. Il ne devait pas se laisser submerger comme avant ; six ennemis faisaient beaucoup trop à gérer pour lui.
« Je me demande … qui est le lâche … maintenant.» fit Ryō tout en répartissant les paroles entre ses clones pour empêcher le Genin de le retrouver parmi ses copies.
Ignorant la provocation, Kazuho déroula calmement un parchemin devant lui et prépara quelques kunais en enroulant des sceaux autour. Tout d'abord, il fallait trouver le vrai. Ryō avait bien pesé sa technique et le vrai s'arrangeait pour qu'on ne sache pas tout de suite qu'il avait un bras blessé. Mais même si il l'identifiait et l'immobilisait, les clones ne disparaîtraient pas et ceux-ci n'auraient qu'à retirer le sceau. Il fallait annihiler chaque clone, un à un. Ryō, avait utilisé cette technique aussi pour se protéger car il était affaiblit, ainsi de simples sceaux devraient pouvoir annuler ses clones aussi pauvres en chakra que lui. Kazuho lança ses deux premiers projectiles sur deux clones qui avaient le dos tourné. Comme attendu, ils bloquèrent et les sceaux les firent disparaître, scellant leur mince réserve de chakra. Ils n'étaient plus que quatre.
« Petit joueur, je ne vais pas attendre plus longtemps. » crièrent les Ryō avant de lancer tous en même temps : « Dôton ! Projectiles de pierre ! »
Les bras en pierre se transformèrent alors littéralement en canons qui criblèrent la forêt d'une pluie de poignards rocheux. Kazuho fut contraint de révéler sa position en parant de son épée qui émit un bruit métallique distinctif.
« Enfin te voilà. »
Ryō concentra ses attaques et débusqua Kazuho qui recevait coup sur coup. Un projectile dévia sur sa lame et s'enfonça dans son épaule, lui arrachant un cri sourd. Il se cacha derrière un tronc. Il devait réfléchir vite, son bras saignait et s'il ne faisait rien il serait dans le même état que Ryō. Il retournait le problème dans tous les sens, mais ne trouvait pas de faille. S'il attendait encore, son adversaire le trouverait tôt ou tard et il ne se laisserait pas avoir par la même ruse une fois de plus. S'il sortait, il ne pourrait s'occuper que d'un à la fois, laissant le champ libre aux autres pour lui lancer des projectiles. À distance il ne pouvait rien faire.
Il devait faire un choix qui pourrait lui coûter la vie. Une pensée sombre lui traversa l'esprit, quand il retira le projectile de son épaule. Il repensa à ce que son oncle lui avait dit un jour, le voyant tout le temps en train de relire les mêmes manuels ninjas. « Le combat ne s'apprend pas en lisant. Il y a un moment où il faut savoir jeter les dés et prendre des risques. »
À un kilomètre et demi de là, Tōya sortit de Terre et jeta Sayuri à quelques mètres de lui. La jeune fille était à présent séparée de son coéquipier et seule contre le jumeau. Elle se mit debout avec peine et jeta un regard à son adversaire. Bien que fatigué, il était bien plus en forme qu'elle, sa dernière technique de foudre pour briser le dôme de pierre l'avait complètement vidée. N'ayant d'autre alternative qu'un combat frontal au corps à corps, elle saisit ses bâtons dans son sac à dos et se mit en garde. Tōya durcit son bras gauche puis le recouvrit d'une gangue de roche formant une massue à la place de sa main et chargea. Sayuri bloqua le lourd membre de pierre avec ses deux bâtons, ce qui permit à son adversaire d'enchaîner en lui assénant un puissant coup de pied dans son abdomen à découvert. La blonde entendit un « crac » et tomba sur son dos au pied d'un arbre en étouffant un cri de douleur. Il venait de lui casser une côte. À peine eu-t-elle repris ses esprits qu'elle vit à nouveau l'ennemi fondre sur elle pour la transpercer avec son autre bras, ayant pris la forme d'une hache. Elle roula rapidement sur le côté juste avant que Tōya puisse la couper en deux et se remit vite sur ses deux pieds. Sayuri rassembla ses forces et bondit sur lui.
« La meilleure défense c'est encore l'attaque ! » songea-t-elle en resserrant son étreinte sur ses armes.
Le jumeau tourna la tête en direction de la jeune fille et coula sous terre. Les bâtons de Sayuri rencontrèrent le sol alors qu'une ombre se dressait déjà juste derrière elle. Le bras de Tōya s'enroula autour de son cou et elle se sentit brutalement suffoquer. Elle marcha contre le tronc juste devant elle et envoya un coup de tibia dans la figure de son adversaire qui relâcha son emprise, permettant à Sayuri de reprendre de l'air.
« Saloperie de morveuse, tu vas déguster ! » grogna Tōya en tenant son nez cassé.
Sans lui laisser de répit, il lança son poing sur elle. Elle se baissa rapidement pour esquiver et planta ses bâtons dans le ventre de l'homme. Alors qu'il encaissait le coup il saisit les armes de Sayuri et d'un grand mouvement sec, la fit voler et atterrir plus loin. Une vague de douleur la traversa quand elle heurta le sol avec sa hanche. Tōya tenait triomphalement ses bâtons dans sa main droite et d'un geste enragé, il les jeta très loin derrière lui. Sayuri était à bout de forces, elle était si épuisée… mais il fallait qu'elle se batte ! Elle agrippa une pierre pour se remettre debout mais une main la saisit immédiatement aux habits et la souleva de terre. Un coup lui fût porté au visage, manquant de lui faire perdre connaissance. Elle vit le monde tourner autour d'elle et sentit un autre coup dans son ventre avant de traverser plusieurs buissons et de finir inerte. Elle cracha du sang et entendit la voix de Tōya derrière les arbres s'adresser à elle.
« C'est fini gamine. Jamais tu ne me battras. Tu ne valais déjà pas grand-chose, mais sans ton petit copain et tes bâtons tu n'es qu'une moins que rien. » dit-il d'un ton glacial.
Il s'avança à l'endroit où il avait lancé la jeune fille mais ne la trouva pas. Il leva un sourcil en scrutant les bois alentours et eu un petit ricanement.
« Tu me fuis maintenant ? Misérable vermine, n'as-tu donc aucune fierté ? »
De là où elle était, Sayuri sentit peu à peu la peur naître en elle. Elle avait marché puis rampé derrière un arbuste dense. Elle avait mal partout mais surtout à sa côte cassée qui la faisait souffrir à chaque inspiration. Elle prit un instant pour réaliser la gravité de sa situation. Elle était blessée, désarmée et n'avait presque plus de chakra. Elle était loin de ses coéquipiers et de son sensei. « Dans ce combat je suis seule cette fois… » se dit Sayuri en serrant les dents. Elle jeta un œil à Tōya depuis sa cachette. Il regardait derrière des arbres pour la retrouver et finir de l'achever. La jeune fille pensa alors à Tetsu et se demanda s'il allait bien, ainsi qu'à Misuzu-sensei qui affrontait en ce moment un puissant ennemi avec Kisaragi et qui lui faisait confiance. Puis ses pensées se tournèrent vers Kazuho. « Je sais que tu vaincras ton adversaire…et moi...aussi. » se convainquit-elle. Elle reprit espoir en songeant à sa mère qui l'attendait sûrement avec impatience à Konoha. Dans son esprit apparut une petite fille aux cheveux verts avec de beaux yeux oranges ainsi que l'ombre indiscernable d'un homme. « Fû…papa…je ne mourrai pas avant de vous avoir retrouvés ! » De son côté Tōya commençait à en avoir marre de chercher Sayuri. Après quelques instants, la jeune fille entendit parler.
« Salut frangin. Je me suis débarrassé de l'autre avorton à l'épée. Et toi tu as fini ? »
Le sang de la blonde se glaça dans ses veines. Cela ne pouvait pas être vrai…forcément c'était faux ! Prise d'une angoisse subite, elle jeta un coup d'œil entre les feuilles et vit Tōya de dos parler avec un autre homme, qu'elle peinait à discerner mais qui devait être Ryō.
« J'en ai fini dans cinq minutes. Pars, je te rejoindrai. » dit alors Tōya.
Sur ces mots l'autre homme disparut dans le sol, laissant un lourd silence derrière lui.
« T'as entendu morveuse ?! Ton copain aux poils gris est mort ! » cria Tōya.
Sayuri regardait dans le vide. C'était comme si elle venait de prendre un coup de poignard. « Kazuho….non…pas toi… » dit-elle d'un voix faible. « Tu n'as pas pu perdre…Kazuho ! ».
« Pff…je vais t'envoyer à ses côtés. Lui aussi c'était qu'un petit bouseux finalement ».
À cet instant, une rage immense emplit le cœur de Sayuri. Une chaleur intense parcourut tout son corps, lui brûlant la gorge. Elle ouvrit alors les yeux. Mais ce n'était pas ses yeux ordinaires. C'était des yeux nouveaux. Deux orbes rouges comme le sang, bordés chacun d'une virgule noire.
Du côté de Rei, le soulagement de découvrir son sensei en face d'elle lui faisait à nouveau monter les larmes aux yeux.
« Sensei, Samu...» murmura-t-elle, se tournant vers Natsuki en lui montrant le petit chat qui respirait avec difficulté.
« Oui je sais, » répondit-il simplement, « ne t'inquiète pas, ses jours ne sont pas en danger. La priorité maintenant, c'est de s'occuper de lui...»
Il dirigea son regard sur l'homme aux trois yeux visiblement peu content.
« Comment as-tu fait pour lutter contre mon œil ?! »
« Qui sait...» répondit Natsuki d'un air nonchalant.
« Rei », reprit-il plus bas. « Je vais l'empêcher d'utiliser ses pouvoirs, pendant ce temps, il faut que tu en profites pour l'attaquer. Penses-tu en être capable?»
Rei leva sur lui des yeux ronds. Bien sûr que non elle ne s'en sentait pas capable! N'avait-il pas vu ce qu'il venait de leur faire ? Soudain elle sentit les petites griffes de Samu se refermer sur sa tunique. Rei fixa tendrement son cher ami déterminé. Non c'est vrai, il ne pouvait pas s'en tirer comme ça après ce qu'il lui avait fait.
Elle chassa ses hésitations, et hocha la tête.
« Parfait, tiens-toi prête et à nous deux nous le battrons. » lui dit Natsuki.
Rei déposa délicatement le chat au pied de l'arbre à côté d'elle. Le grand blond regarda son élève avec un sourire, elle était à nouveau maîtresse d'elle-même. Les deux ninjas se lancèrent un regard entendu, avant de se retourner face à l'homme au troisième œil. Rei fonça alors sur son flanc.
« Je ne vous laisserai pas faire, je vais vous bloquer tous les deux ! » hurla Chisei.
Mais son attaque d'immobilisation fut arrêtée par Natsuki qui les avait enveloppés tous les trois d'un brouillard très épais, empêchant à présent Chisei de distinguer ses adversaires.
Il scruta le manteau de brume de son oeil, mais impossible de repérer quoi que ce soit. « Maudits ninjas de Konoha… » maugréa-t-il. Soudain, il sentit ses jambes se dérober sous son corps et s'étala sur le sol : c'était Rei qui lui avait fait une balayette. Elle savait qu'il fallait être rapide pour se protéger de l'œil ennemi et enchaînait les coups de toutes ses forces sans interruption. Chisei claqua sa langue contre son palais, contrarié par ses assauts incessants. Elle semblait revigorée et plus rapide, comment pouvait-elle se montrer si efficace alors qu'elle non plus ne devait rien voir ? Natsuki, qui était le seul à percevoir clairement la clairière sourit devant son désarrois. Il entraînait souvent ses élèves à s'affronter dans le brouillard, si bien qu'ils s'y déplaçaient maintenant plutôt aisément.
Chisei au contraire ne pouvait pas contre-attaquer efficacement sans la voir.
« Bon ! Vous ne me laissez pas le choix ! », cria-t-il soudain.
Il n'allait pas se laisser malmener sans réagir. Il leva ses bras et composa rapidement des signes. Natsuki rappela immédiatement Rei vers lui et s'adressa à elle avec sévérité.
« Attention, il prépare quelque chose ! »
Soudain la brume fut soufflée d'un seul coup, renversant les deux ninjas.
Chisei semblait avoir gagné en puissance. Ses deux yeux humains étaient devenus entièrement blancs, mais son troisième œil lui était grand ouvert, injecté de sang.
« Ta technique de brouillard n'est rien face à mon œil démoniaque ! » s'écria-t-il en s'avançant satisfait. « Il peut tout dévorer et ne se refermera qu'une fois repus ! Fûton ! Tourbillon aspirant ! »
Rei sentit soudain les feuilles autours d'elle se faire happer en direction de Chisei par une force invisible, puis un vent puissant l'attirant elle aussi contre son gré. Elle ne put s'empêcher de trembler en serrant son kunai. Natsuki la fit sursauter en posant une main sur son épaule pour se relever.
« Un œil démoniaque, je l'aurais parié... » crut-elle l'entendre dire un léger sourire sur les lèvres.
« Rei, » reprit-il plus fort pour se faire entendre dans le vent, prends Samu et va t'accrocher à l'arbre ! »
Rei hocha la tête, trop impressionnée pour parler. Elle prit Samu dans ses bras tandis que Natsuki résistait au courant devenant de plus en plus fort, exécutant plusieurs mudras.
« Quand je l'aurai immobilisé, je compte sur toi pour lui porter le coup fatal Rei ! Suiton ! Kiryuudan no jutsu ! Dragon de brume ! »
Natsuki disparut sous la brume qui avait pris la forme d'une énorme tête de dragon blanche !
« Ton petit voile blanc ne te sauvera pas ! » hurla Chisei.
Les rafales qu'il provoquait devinrent plus fortes et Rei s'accrocha de toutes ses forces au tronc de l'arbre tant le courant était puissant, protégeant Samu. Elle fut étonnée que Natsuki à l'intérieur de sa brume, ne semblât pas en être affecté.
« Oh tu arrives à résister ? Peu importe, car contre ce qui t'attend, tu ne pourras rien ! »
Le renégat fonça vers le dragon dans l'intention de lui porter un coup mais son poing traversa sans peine la forme vaporeuse pour ne rencontrer que le sol.L'être de brume se déplaçait autour de son ennemi tel un serpent encerclant sa proie emplissant la clairière de son brouillard, si bien que Rei ne pouvait désormais plus rien voir. Chisei à bout de nerfs, s'efforçait d'en aspirer le plus possible. Comment arrivait-il à en créer autant, cela devait lui coûter une quantité phénoménale de chakra! Il tenta encore d'accélérer la cadence en ouvrant d'avantage son œil unique, des veines parcourant son front autour de celui-ci apparurent, menaçant d'éclater sous l'effort. Il n'avait jamais pousser son pouvoir aussi loin.
Soudainement, Chisei vit la tête du dragon aux yeux gris se planter droit devant lui.
Il concentra aussitôt l'aspiration sur lui et à sa grande surprise il réussit cette fois à avaler la fumée qui fit apparaître le grand blond à la place des deux yeux gris.
Chisei sourit de victoire mais fut surpris quand Natsuki se lança subitement sur lui, lui bloquant les bras et empêchant tout mouvement.
« Maintenant ! » cria-t-il à son élève.
L'œil de Chisei cessa d'aspirer afin de statufier net son adversaire mais il ne se passa rien.
La brume disparut soudain de la clairière et Rei, derrière Natsuki, put saisir sa chance kunai à la main et sauta en l'air. L'adversaire se débattait comme un fou furieux mais étonnement le frêle blondinet tint bon, sans même lui laisser un centimètre de mouvement. Pourquoi n'avait-il pas pu figer Natsuki ?! Il jeta un regard tranchant au Jônin au-dessus de lui et comprit alors : Natsuki avait son œil valide fermé. En effet, la seule faiblesse de la technique de Chisei était qu'elle nécessitait que son adversaire voie son œil pour fonctionner. Soudain il aperçut la Genin aux cheveux verts dans les airs au-dessus de lui. D'un geste fluide et avec ses dernières forces, elle tira droit en direction de la tête de Chisei qui essaya en vain de se sortir de l'emprise de Natsuki.
« À bientôt, de l'autre côté... » lança le blond d'une voix froide et caverneuse en plongeant hors de la trajectoire de la lame.
Il sentit le kunai se ficher dans son troisième œil et lui traverser le crâne. La dernière chose qu'il vit avant de fermer les yeux pour toujours fut cet œil aveugle qui fut ce jour-là plus fort que son troisième œil. La vie le quitta ; le combat était fini.
Natsuki expira tout l'air de ses poumons, recentrant son esprit, puis se releva et brandit un pouce de la victoire à Rei, accompagné d'un sourire éclatant.
Rei le lui rendit épuisée, les mains appuyées sur ses genoux.
Natsuki examina rapidement le corps de Chisei et ne put que constater l'adresse de son élève, il avait été tué sur le coup. Rei s'approcha et demanda l'air hésitant :
« Il... Il est mort ? »
« Oui, nous l'avons battu. Félicitations ma petite Rei ! » répondit Natsuki.
Rei soupira soulagée et se laissa tomber au sol, prise d'un sentiment étrange. Elle venait de tuer quelqu'un, pourquoi ne ressentait-elle pas plus de remords que ça ? En temps normal, cela l'aurait répugnée. Elle baissa la tête vers Samu et le fixa quelques instants. Puis elle comprit. Lorsque la vie d'un ami est en jeu, plus rien d'autre ne compte. En pensant à ses camarades, elle leva un visage souriant vers Natsuki.
« Sensei, allons rejoindre les autres ! »
Elle se releva d'un coup, comme prise d'une énergie nouvelle. Natsuki esquissa un sourire et s'apprêta à se lever lui aussi mais grimaça soudain en appuyant fortement sur son œil gris avec sa main.
Rei apercevant sa grimace s'inquiéta:
« Sensei vous êtes blessés ? »
Natsuki ravala sa douleur aussitôt et lui sourit.
« Oh non, juste une poussière dans l'œil ne t'inquiète pas ! »
La jeune fille eut une petite moue.
« Je parle de votre jambe, vous avez un bandage. »
Natsuki la regarda un instant sans comprendre avant de se rappeler de sa blessure à la cheville. Ah c'est de ça qu'elle parlait !
« Oh ce n'est qu'une égratignure, » lui répondit-il en se relevant prestement. « Allons-y ! »
Il s'avança à la hauteur de Rei et lui posa gentiment un bras autour des épaules en la poussant en avant.
« Dépêchons de rejoindre les autres, je suis sûr que le petit Tetsu saura soigner Samu ! »
Rei acquiesça et le laissa prendre de l'avance. En effet, il n'avait pas l'air de souffrir de sa blessure, il marchait tout à fait normalement. Cela ne semblait pas bien grave c'était vrai. Elle tourna à nouveau son attention vers son ami. Toujours dans ses bras, Samu avait les yeux fermés et respirait difficilement. Elle voulait soulager sa douleur au plus vite. En pensant à lui, elle pressa le pas.
Note d'auteurs : Grâce à la force de sa volonté et à l'aide de Natsuki, Rei est parvenue à vaincre Chisei ! Choc innatendu pour Sayuri qui vient d'apprendre le décès de son ami, elle ne peut le croire : comment Kazuho a-t-il pu être tué par Ryô ? Contre toute attente, la jeune fille vient d'éveillé un pouvoir qui sommeillait en elle. Sera-t-il suffisant pour sauver sa situation contre Tôya ? Quelles révélations Aiko s'apprête-t-elle à faire à Misuzu sur ses motivations ? Quelles issues trouveront ces combats intenses qui doivent encore s'achever ? Vous le saurez...au chapitre 23 ;)
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