L'univers, l'histoire du manga Naruto et les personnages raccordés sont la propriété de Masashi Kishimoto. La présente histoire et ses personnages créés sont toutefois à nous.
Chapitre 23 : Dos au mur
Airi et Shion avançaient dans la forêt, espérant retrouver Rei. Ils ne s'attendaient pas à ce qu'elle ait besoin de leur aide. Ils s'immobilisèrent au bruit d'approche de deux individus. Quand enfin un homme aux mèches blondes surgit devant eux, suivit de près par une fille tenant un chat dans ses bras.
« Airi, Shion ! Vous voilà, je suis rassuré ! »
« Natsuki-sensei ! Vous avez vaincu cette femme rousse ? » s'écria Shion, soulagé de revoir son professeur. Airi ne dit rien, elle observa seulement le visage éteint de Rei et scanna Natsuki. Elle remarqua qu'il avait un bandage à son pied et sa coéquipière semblait bien plus éreintée qu'elle ou Shion. En ce moment, elle n'était pas très encline à bavarder avec eux, déjà occupée par ses propres ruminations.
« Misuzu va s'occuper d'elle. Je devais intervenir pour aider Rei et Samu. Ils n'ont pas la meilleure forme. Vous non plus, mais ça me rassure qu'aucun d'entre vous ne soit grièvement blessé. »
Shion approcha de Rei dont l'expression l'inquiétait. Il voyait que Samu était blessé et c'était sûrement ce qui préoccupait sa camarade. Il essaya de lui remonter le moral mais cela ne sembla pas avoir d'effet sur Rei qui, comme Airi, était dans un autre monde. Le soulagement de la victoire passée, la jeune verte ne trouvait pas s'être si bien battue et se sentait coupable d'avoir eu besoin de l'aide de leur sensei... Natsuki les rappela à l'urgence de retourner au village pour se faire soigner. Lui aussi semblait moins jovial que d'usuel. Il leur emboîta le pas et ensemble ils traversèrent l'étendue boisée qui les séparait encore des habitations.
Le soleil était à l'horizon quand l'équipe 11 atteignit le hameau. À peine arrivés à l'entrée, quelques personnes étaient venues les accueillir. Parmi eux, un jeune garçon aux cheveux bleu marine, fendit la foule. Les trois Genins le reconnurent aussitôt, c'était un des élèves de Misuzu.
« Natsuki-sensei ! » s'écria-t-il à mi-voix, avec une inquiétude. « Misuzu-sensei, Kazuho et Sayuri ne sont pas avec vous ? »
« Ah tu es Tetsu. Je suis désolé, je n'en sais rien. Mais ne t'inquiète pas pour Misuzu, elle devrait être de retour avec tes équipiers dans peu de temps. »
Tetsu était très inquiet, il aurait voulu rejoindre son sensei mais Natsuki l'en empêcha, assurant qu'il la connaissait très bien et qu'on pouvait lui faire confiance. Depuis, tous attendaient, silencieux, le moral au plus bas.
Tetsu proposa son aide pour soigner leurs blessures. Seul Natsuki déclina l'offre et quand le garçon regarda la jambe bandée du blond, il fut surpris que la blessure se soit presque déjà refermée.
Alors qu'il soignait les blessures de ses camarades, Rei lui demanda s'il pouvait s'occuper de Samu, ce qu'il ne lui refusa pas. Au soulagement de Rei, son chat n'était pas gravement blessé mais Tetsu essaya surtout de stabiliser son état.
Une fois après avoir donné son aide, il s'assit pour attendre. Les paroles de la renégate lui revinrent en mémoire. Quelle était cette histoire avec son clan et ces fleurs bleues ? Il était impossible que Nanae-obaa-chan n'en sache rien ! Il avait discuté avec le vieil homme qui semblait connaître des choses sur sa famille, mais hélas il ne put rien lui apprendre de plus que la renégate.
Tetsu soupirait en regardant tour à tour ses compagnons moroses. Rei avait le visage fermé, fixant avec des yeux perdus dans le vague son cher ami chat endormi. Airi tenait ses jambes serrées contre elle, fixant le feu en semblant ressasser d'horribles souvenirs, tandis que Shion regardait le ciel. Natsuki lui, se tenait bizarrement, une main plaquée contre son œil aveugle. Il se demandait quelle stratégie Misuzu allait adopter pour vaincre la renégate. Mais peut-être l'avait-elle même déjà terrassée et qu'elle rejoignait à présent ses deux élèves, potentiellement en danger. Que faisaient-ils ?
« Avant mon trafic j'étais chercheuse en développement militaire dans mon village, Iwa no kuni. J'étais très brillante : on m'a alors confié la production de nouvelles drogues militaires. » expliqua Aiko sur un ton posé. Puisque son adversaire voulait connaître son histoire alors soit. De toute façon elle comptait se débarrasser d'elle ensuite. Ça ne changerait rien au final.
« Tous les autres scientifiques me voyaient comme une arriviste peu expérimentée, une débutante trop ambitieuse qui avait la folie des grandeurs. Je voulais les démentir de ce qu'il pensait de moi et j'y ai mis tout ma détermination. Après de longues soirées de travail acharné, j'avais réussi à mettre au point un antidote à un poison très communément utilisé contre Iwa durant la troisième guerre : l'astranic. »
Misuzu fronça les sourcils. Elle connaissait cette substance très dangereuse. Elle avait l'avantage d'être inodore et de pouvoir s'utiliser en gouttes comme en vaporisation. « Continue » dit-elle.
« Le lendemain, j'ai donc tout montré à mes pairs. J'étais si contente, mais ... » Elle marqua une pause. « Le matin du jour où je devais défendre mes recherches, deux agents de la police, m'arrêtèrent dans mon labo, en me disant que j'étais soupçonnée de haute trahison envers Iwa. Ils commencèrent à ouvrir mes tiroirs sous mes yeux et en sortir des papiers que je n'avais jamais vus et celui qui contenait mes dossiers sur l'antidote était vide. C'est ce jour que j'ai réalisé que mes supérieurs n'allaient pas me laisser la découverte, ils avaient mis la main sur mes dossiers et comptaient faire passer mon travail pour le leur. Ils ne pouvaient pas supporter qu'une jeune chercheuse leur vole une gloire qu'ils espéraient depuis déjà plusieurs années. On m'accusa d'avoir planifié l'assassinat du Tsuchikage à l'aide d'astranic. Ils avaient réussi à glisser dans mes tiroirs des messages falsifiés qui faisaient de moi un assassin prêt à tout pour déclencher une guerre. J'ai tout nié et c'était la vérité, je n'avais rien prémédité contre quiconque, mais personne ne voulut me croire. Personne ne m'a défendue, je n'avais aucun allié. Mes chefs venaient de me dépouiller de toute ma vie d'un seul coup. En s'octroyant mon travail, ils n'avaient laissés aucune trace, le crime parfait. »
Le corps d'Aiko se mit à trembler et ses dents se serrèrent au rappel de ces douloureux souvenirs. Les oreilles de Kisaragi se dressèrent en sentant l'aura de la jeune femme changer.
« J'étais rongée par la haine et à deux jours de mon exécution pour haute trahison, je parvins à leurrer les gardes et m'emparer de la clé de ma cellule. J'ai déserté mon village et me jura ce soir-là de revenir, de nettoyer Iwa des ordures qui voulaient m'envoyer dans la tombe, de punir tous ces dirigeants incapables qui m'avaient condamnée injustement. Grâce à des informateurs et à mes connaissances en stratégies militaires, j'ai découvert ce vieux poste de ravitaillement et y installa un labo improvisé pour préparer ma vengeance et étudier les vertus des drogues tirées de plantes. Sais-tu pourquoi cette herbe est illégale ? » demanda Aiko, un sourire au coin des lèvres.
Misuzu, heureuse que son adversaire soit si loquace, répondit par la négative, bien qu'elle se doutait d'une utilité bien plus particulière qu'un simple drogue militaire.
« Eh bien, préparée d'une certaine façon, elle revitalise le corps et accélère le malaxage du chakra, décuplant le potentiel de celui qui l'utilise. C'est comme ouvrir les cinq premiers verrous psychiques, sans les inconvénients qui vont avec. »
« C'est impossible, aucun végétal ne contient suffisamment de principe actif pour un tel prodige ! » s'exclama Misuzu en entendant ces mots.
« Sauf si on en extrait une quantité très importante et qu'elle est mélangée avec certains accélérateurs chimiques. Sans l'herbe, il faut trois heures d'entraînement minimum pour reconstituer son stock de chakra. Mais avec une dose concentrée, on peut déclencher une explosion de chakra qui dure jusqu'à dix minutes. L'utilisateur rivalise alors avec un Sannin. Mais je ne pouvais pas me procurer une quantité importante sans aide. J'ai rallié à ma cause d'autres déserteurs d'Iwa qui en voulaient à leur pays, en leur promettant vengeance et je pu même exploiter le village le plus proche comme main d'œuvre pour la mise en culture de cette herbe dont je n'avais à l'origine que quelques brins étant donné sa rareté. Ils les forcèrent en enlevant des membres de leurs familles pour s'assurer qu'ils ne se révoltent pas et tiennent leur langue. Mon travail a déjà été réduit à néant une fois…je ne laisserai personne rendre à nouveau mon labeur inutile ! » hurla Aiko avec fureur.
Dans un cri de rage, elle tira sur son bras gauche de toutes ses forces et réussi à libérer sa main qu'elle porta immédiatement à sa poitrine pour retirer une fiole de liquide vert foncé de son veston. Misuzu compris l'horreur de la situation quand la renégate porta le flacon à sa bouche.
« Non, ne fais pas ça ! » cria la Jônin en se précipitant pour l'arrêter. Mais il était trop tard.
Aiko bu d'un coup tout le contenu du flacon et un souffle de chaleur émana brusquement d'elle. Son sourire s'élargit jusqu'à fendre son visage et sa voix désarticulée s'éleva comme un crissement d'un autre monde, à en déchirer les oreilles du diable.
« Pauvre petit bleu…il ne reverra plus jamais son professeur huhuhuhuhu ! »
Perdu dans la forêt, un ninja s'était caché derrière un arbre, recroquevillé sur lui-même pour se protéger des salves incessantes de son adversaire. Il fallait agir car il était blessé et le bandage qu'il avait fait avec un rouleau de premier secours n'empêchait pas le sang de couler et d'imbiber le pansement. Il eut alors une idée et sortit un sceau. Il décida de tenter une tactique et de miser dessus, aucun clone adverse ne devrait lui échapper. Il lui faudrait un bon timing, il ne lui restait plus beaucoup d'alternatives ni d'armes à sa disposition.
Kazuho sortit des fourrés, un sourire ironique aux lèvres.
« Je ne vois pas ce qui te fait sourire. » grinça Ryō « À quatre contre un, tu vas crever. »
« À quatre contre un, c'est sûr que c'est inéquitable… pour toi ! » le provoqua-t-il, en sortant de son dos une bombe lumineuse.
Ryō éclata de rire aux paroles du jeune ninja. Mais il vit alors la position que Kazuho avait avec ses mains et reconnut la technique de foudre de l'autre kunoichi.
« Tu n'aimes pas beaucoup les éclairs ? » lui lança Kazuho.
«... Tu ne peux pas lancer cette technique ! Tu bluffes ! » cria-il avec effroi.
« On parie ? »
Sans plus de mots, Kazuho cria en allumant la bombe lumineuse au creux de sa main:
« Kaminari no jutsu ! Tonnerre ! »
Avant la fin de la phrase, Ryō prit peur et fit un rempart devant lui avec ses clones. Mais il n'y eu aucun éclair, juste une lumière aveuglante suivie d'une bombe fumigène. « Bingo ! » se félicita Kazuho. Il savait maintenant qui était le vrai.
Remis de sa tromperie et fou de rage, Ryō jeta immédiatement ses clones dans sa direction.
« Sale petit morveux, tu ne t'échapperas pas cette fois ! »
Les clones disparurent dans la fumée et un silence anormal s'installa, suivi d'une voix :
« Non, cette fois je ne fuirai pas. »
Le nuage se dissipa, découvrant Kazuho qui marchait vers le vrai Ryō au milieu de ses clones figés dans leurs postures d'attaque. Ryō baissa les yeux et constata les étranges lignes qui paralysaient ses clones. Il comprit tout le but du stratagème. Il l'avait leurré pour pouvoir se débarrasser de ses clones et jouant sur sa colère. Sans perdre de temps, Kazuho annihila les clones de trois sceaux.
« Tu n'as pas assez de chakra pour créer d'autre clones. », lança-t-il.
« Tu ne fais que repousser l'inévitable. » ironisa Ryō « Même avec un bras en sang, je vais t'étaler. »
« Cela nous met à égalité. »
Kazuho avait prononcé cette phrase sans grande confiance. Certes il avait plus de chakra que son adversaire mais avait pratiqué moins de combats. Ryō était un adversaire à sa hauteur.
Il dégaina l'épée que son oncle lui avait donné et Ryō choisit de faire apparaître une épée en pierre, plus proche d'un poignard que d'une épée de guerrier. Comme l'espérait Kazuho, en combat d'épée, il avait toutes ses chances. Il pensa un instant à Sayuri et l'épée positionnée en estoc, il fonça pour la première fois sans le moindre plan en tête. Sinon la victoire.
Ryō para sans problème son premier coup, pivotant sur lui-même, il frappa en taille du côté de l'épaule blessée de Kazuho, mais il si attendait et eu le temps d'esquiver en se baissant. Il tourna sur lui-même et fit une bourrasque à son adversaire qui pour l'éviter, bondit puis fracassa son bras sur le jeune garçon. Kazuho roula sur le côté et son adversaire frappa un sceau placé au sol. Il s'immobilisa net.
« C'est fini cette fois ! »
« Non, c'est impossible. Je ne peux pas... me faire battre par un sale gosse.»
Dans sa rage intense, il composa frénétiquement des mudras sans se rendre compte qu'il n'avait plus assez d'énergie. Alors qu'un nouveau clone apparaissait sans sceau l'entravant, Kazuho se mit en garde. Mais Ryō fut pris d'une violente tétanisation et un vertige qui lui fit perdre lentement connaissance. Le clone disparu, tandis qu'il s'affala par terre immobile, vide de chakra. Kazuho avait gagné. Le jeune Genin s'approcha et contempla son adversaire qui ne pouvait plus bouger. Un mince sourire d'accomplissement naquit sur son visage.
Quelques minutes plus tard, Ryō était ligoté à un arbre. Kazuho voulait être sûr qu'il ne s'échapperait pas. Le jeune Genin rebandait sa blessure au bras. Ryō n'avait pas raté ; le projectile avait fait une vilaine plaie. Il serra bien fort et lava aussi l'entaille sur sa joue avec un onguent de secours. Il rangea tout puis se releva et tourna, le dos à Ryō.
« Cette petite blonde ...» avait commencé Ryō « Elle est certainement morte à l'heure qu'il est, et mon frère n'aura aucune peine à t'envoyer dans la tombe. Tu ne tiens plus sur tes jambes ! Si j'étais toi je fuirais.»
« Ne sous-estime pas les ninjas de Konoha. » répliqua Kazuho, sans regarder l'homme qu'il avait vaincu. « Nous ne mourrons pas si facilement.»
Sur ces dires, il se mit en route.
Face à Tōya et à l'annonce de la mort de Kazuho, Sayuri avait été prise d'une émotion inhabituelle. Le choc et la tristesse qu'elle avait ressentis quelques instants auparavant se changèrent en une profonde colère. Ses poings se serrèrent si fort que ses mains en saignaient presque. Une poussée d'adrénaline jaillit en elle et soudain elle ne sentait plus la douleur à sa côte cassée. Elle n'eut jamais autant de détermination dans sa vie qu'à cet instant précis. Elle se releva en prenant deux kunais en main, sortit des buissons et lança à son adversaire un regard meurtrier. Tōya aperçut Sayuri et fut secoué d'un ricanement satisfait. Il en avait eu marre de la chercher et en faisant passé son clone pour son frère, il avait réussi à faire croire à la jeune fille que son ami était mort. Son stratagème l'avait justement sortie de sa cachette et maintenant qu'elle était aveuglée par la haine, elle l'attaquerait sûrement sans réfléchir.
« Haa…te voilà enfin ! Je vais pourvoir t'envoyer rejoindre ton camarade ! » grinça-t-il.
« Tu vas me le payer… Amène-toi ! » rugit Sayuri.
Sans attendre, Tōya se rua sur la blonde pour lui asséner le coup de grâce. Alors qu'il allait la fracasser avec son bras de pierre, elle esquiva avec l'agilité d'un félin et planta un de ses kunai dans le flanc du renégat qui lâcha un cri de douleur. Emporté par son élan, il se stoppa après quelques pas et fit volteface en se tenant le ventre. Sayuri avait les yeux écarquillés. Elle ne savait pas comment c'était possible mais à cet instant, elle avait pu voir plus clairement les mouvements de Tōya. Elle se sentait différente, ce qu'elle voyait avait changé. Le jumeau la regarda droit dans les yeux, il ne comprenait pas qu'elle ait pu produire une contre-attaque aussi efficace. En rencontrant les pupilles rougeoyantes de Sayuri chacune bordée d'une virgule noire, la stupéfaction se dessina pleinement sur son visage et il comprit.
« Eh bien…ça pour une surprise ! J'ignorais que tu possédais le Sharingan… » dit-il.
« Le…Sharin-quoi… ? » répondit Sayuri sans comprendre.
« Finalement, je pourrai peut-être revendre ton cadavre et me faire de l'argent. »
Il dirigea son bras en direction de la jeune fille et lâcha une salve de projectiles. Sayuri bondit devant elle et esquiva les éclats de roche, bloquant deux d'entre eux au passage avec sa lame restante. Puis elle tira son kunai sur Tōya qui, toujours à genoux, para avec sa main. Elle sauta, prit appui sur le bras levé de son adversaire et disparut dans le feuillage des arbres au-dessus de lui. Le renégat se releva, sa plaie sanguinolente tachait son habit d'un rouge écarlate. Où cette irritante petite peste avait-elle pu se cacher ?
Dissimulée dans les feuilles, Sayuri plongea ses mains dans sa sacoche pour y prendre quelque chose. Elle redirigea ensuite son attention sur Tōya, bien décidée à venger Kazuho et mettre ce sale type en charpie. Ses muscles se contractèrent et en un éclair elle fondit sur lui.
Le jumeau sentit l'assaut et lança un coup de poing dans sa direction. La Genin, qui était capable de voir son geste posa sa main contre son poignet et sortit de la trajectoire du coup. Dans sa lancée, elle envoya son propre pied en plein dans la figure de Tōya. Au moment où elle atterrit sur le sol, elle fit un signe de main. « Explosion ». Alors que le renégat crachait une de ses dents, le bras qu'il venait d'utiliser pour attaquer explosa lui arrachant un cri strident. Sayuri avait posé un parchemin explosif sur la roche de son avant-bras quand elle l'avait touché. Elle disparut à nouveau dans les arbres.
« Te voilà assortis à ton frère. » dit-elle d'une voix glaciale.
La couche de pierre avait évité que son membre ne soit arraché mais il était maintenant dans le même état que celui de Ryō. Il lâcha un grognement furieux. C'était incompréhensible, depuis quelques instants les rôles étaient inversés et Sayuri le dominait malgré l'état dans lequel elle était. « Comment puis-je être en train de flancher devant une gamine blessée ?! » se maudit-il.
La jeune fille réapparut dans son champ de vision en plongeant depuis les arbres, kunai en main. De sa bonne main, Tōya parvint à déjouer l'attaque et attraper le veston de Sayuri en l'air. Il la projeta vers le sol, elle rétablit sa position pour ne pas atterrir trop lourdement et releva les yeux pour voir son ennemi lui asséner un coup de poing. Grâce au pouvoir de ses yeux, elle put s'écarter in extremis en roulant sur le sol. Tōya enchaîna immédiatement avec un coup de pied circulaire, bien décidé à ne plus laisser une seule ouverture à la Genin. Avec un timing parfait et une grande précision, Sayuri esquiva en basculant en arrière et d'un geste vif, glissa sa lame contre le talon du jumeau, lui sectionnant le tendon d'Achille. Des gouttes de sang mouchetèrent les joues de la blonde.
« Rhâaaaaarr ! » cria Tōya en reposant son pied au sol. Avec cette troisième blessure, il commençait à perdre beaucoup de sang. Ne parvenant plus à garder son appui sur son pied, il tituba en arrière. Sayuri mis ses mains derrière elle et bondit face au renégat. Elle lança une vague de shurikens sur Tōya qui tenta de se protéger avec son bras valide mais prit plusieurs étoiles dans le torse. Il tomba assis contre un arbre alors que les shurikens restants se plantèrent dans le tronc autour de lui. Il était en très mauvaise posture, mais du coin de l'œil il vit la jeune fille qui fatiguait. Il eut un rictus de douleur en voulant se relever et retomba immédiatement contre le tronc. Il bouillonnait de rage.
« Toi…qui es-tu nom d'un chien ?! » railla-t-il.
« …Aucune idée… » répondit Sayuri pensive, les mains jointes devant elle. Tōya s'aperçut alors que les shurikens qu'elle lui avait lancés étaient reliés à des fils qui se rejoignaient dans ses mains. Elle serra les dents et concentra l'intégralité de son reste de chakra dans ses mains, jetant un dernier regard tranchant à son adversaire.
« Raiton ! La Colère du Ciel ! » cria-t-elle.
De l'électricité émana des mains de Sayuri et parcouru les fils métalliques par conduction. Tōya ne put que regarder avec effroi l'attaque l'atteindre en pleine poitrine.
« Maudite gosse ! Fille du diaaaaable ! », lâcha-t-il dans un râle avant de perdre connaissance. La décharge n'était pas très puissante mais assez pour mettre K.O. un adversaire estropié et affaibli. Sayuri s'écroula, anéantie par sa dernière technique totalement improvisée. Elle avait poussé son corps à ses limites. Elle n'avait aucune idée de comment elle avait réussi l'exploit de vaincre Tōya ni d'où lui venait cette étrange capacité qu'elle venait d'éveiller. Ses pupilles magiques disparurent et elle retrouva ses iris bruns.
Kazuho arriva peu de temps après, découvrant Tōya, inerte et Sayuri au bord du coma. Il se précipita vers sa coéquipière, elle ne semblait pas trop blessée mais toutefois dans un état préoccupant. Comme à travers un brouillard, la blonde distingua l'image de son camarade.
« Sayuri ? Tu m'entends ? J'ai trouvé tes bâtons en arrivant, regarde… » dit le garçon inquiet en lui montrant ses armes, espérant la faire réagir et la sortir de sa somnolence.
« …Merci…Kazuho-kun… », murmura-t-elle avant de s'évanouir pour de bon. Elle était soulagée, son ami était vivant et c'était tout ce qui comptait.
Soudain, un autre individu surgit de terre à côté de Tōya. Kazuho reconnu Ryō, avait-il réussi à se détacher ? Ou quelqu'un d'autre l'avait-il libéré ? Mais Ryō ne détourna pas l'attention de son frère. Il lui soutint la tête puis ils coulèrent tous les deux une dernière fois dans le sol. Un ultime regard lancé à Kazuho, qui disait « Vous avez gagné une bataille mais on se reverra. »
Les deux frères étaient à présent partis et Kazuho attendit un moment pour s'en assurer puis redirigea son attention sur sa coéquipière. Il entreprit de la soulever, avec peine. Cela lui tirait sur sa blessure à l'épaule mais en transférant le poids un peu plus de son côté droit, il parvint à maintenir son amie. Il claudiquait en s'éloignant de l'endroit et dans son état ainsi que celui de Sayuri, il n'avait qu'une idée en tête : rejoindre au plus vite Misuzu-sensei. Elle seule saurait quoi faire. Bien qu'ils se soient éloignés de la falaise, Kazuho fit confiance à sa mémoire pour retrouver le chemin. Il disparut progressivement dans la forêt qui s'assombrissait alors que les couleurs du crépuscule fuyaient vers l'horizon.
Dans les profondeurs de la falaise, Misuzu et Kisaragi s'étaient cachées immédiatement après qu'Aiko ait ingéré la fiole de liquide afin de se protéger et d'analyser l'état dramatique la situation. Une aura brûlante entourait à présent la kunoichi d'Iwa et deux énormes ailes de chakra semblables à celles d'un papillon émergeaient de son dos. Sa peau avait pris une teinte rougie et ses yeux étaient devenus jaunes or. Elle admira ses mains en ressentant une force intense la parcourir. « S'ils ne m'avaient pas fait tout ça… Iwa aurait pu être la première puissance militaire du monde shinobi… » dit-elle avec un fond de tristesse dans la voix.
De sa position, Misuzu décida qu'il lui fallait objectiver la nouvelle force de son adversaire au plus vite pour pouvoir estimer si elle avait une chance de la battre ou non. Mais elle devait éviter de trop s'exposer en même temps. Elle composa rapidement des signes et murmura une technique :
« Kurōntsuta no justu ! Clones de lierre ! »
Un mouvement eu lieu dans le champ de vision d'Aiko et elle reconnut la femme à la mèche rouge qui courrait dans sa direction. Elle la fixa avec un visage déserté de toute émotion.
« Ta folie suscite presque mon admiration. » dit-elle en envoyant une salve de papillons d'un mouvement de bras.
Misuzu répondit par une nuée de pétales noirs qui vinrent s'enrouler autour des papillons pour les étouffer. Mais dès qu'ils touchèrent les insectes ardents, ils brûlèrent instantanément. Ils atteignirent alors Misuzu et explosèrent dans un bruit assourdissant en la réduisant en poussière de feuilles. « Du lierre… » lâcha Aiko qui s'attendait bien qu'il ne s'agisse que d'un clone. Elle tourna la tête pour voir de nouveau Misuzu l'attaquer avec trois lianes géantes sorties du sol. Elle relâcha une vague de papillons sur toute l'aire devant elle qui explosèrent au contact des lianes en les stoppant net et les faisant retomber mortes sur le sol. Le deuxième clone de lierre connu le même sort que le premier. La renégate croisa les bras en attendant de voir arriver le prochain mais rien ne vint. Des lianes jaillirent du sol et commencèrent à immobiliser ses pieds. Aiko détruit de suite celles qui allaient atteindre ses mains et concentra du chakra dans ses jambes afin d'affaiblir les liens commandés par celui de son adversaire. Les lianes disparurent sous terre et un silence pesant prit place.
« J'ai bien peur que nous ne soyons en très mauvaise posture Misuzu. » dit Kisaragi en se tournant vers son invocatrice qui arborait une expression sévère.
« C'est inutile. Tout ce que tu tenteras contre moi est voué à l'échec. Plus rien ne peut m'atteindre, je suis invulnérable ! » cria Aiko à l'adresse de la ninja de Konoha. « Avec les stocks d'herbe que j'ai amassés jusqu'ici, j'aurai largement de quoi partir pour Iwa dès demain, même si je dois m'y rendre seule ! »
Misuzu réfléchit à la situation en triant ses possibilités. Elle devait se rendre à l'évidence : il ne lui restait plus qu'une carte qu'elle pouvait jouer pour espérer vaincre un adversaire de cette force et si cela ne fonctionnait pas…elle s'accroupit vers son amie à fourrure blanche.
« Je n'ai pas le choix. Je vais devoir « l'utiliser » contre elle. »
« Tu veux dire… ? Penses-tu vraiment que ça va marcher ?! »
« Croisons les doigts. J'aurai également une mission pour toi… »
Aiko soupira avec agacement. Elle en avait vraiment marre de tout ça. Elle se préparait à prononcer une nouvelle provocation vis-à-vis de l'autre femme lorsqu'elle sentit l'air bouger autour d'elle. En quelques instants, un milliers de pétales noirs tourbillonnèrent dans l'immense salle entourant la renégate. « C'est sûrement sa dernière tentative » se dit-elle. Aiko libéra des papillons sur ses deux flancs afin de souffler les pétales, sans s'apercevoir que des bourrasques d'entre eux éteignaient progressivement les coupoles de feu au plafond. Il ne resta bientôt plus que deux minces torches à chaque bout de la pièce pour percer les ténèbres dans laquelle elle était plongée. Profitant de la pénombre, Misuzu couru contre les parois jusqu'à atteindre le plafond et bondit sur l'une des coupoles suspendues qui étaient éteinte. Elle bondit sur la suivante et concentra la plus grande dose de chakra possible avant de se jeter dans le vide au-dessus d'Aiko qui ne l'avait pas repérée dans l'ombre de la salle.
Elle composa des mudras qu'elle avait espéré ne jamais devoir faire.
« Keimusho ibara no jutsu ! Technique secrète ! Prison de ronces ! » lança-t-elle.
Le sol de la pièce se fractura littéralement sous les pieds d'Aiko qui bondit en l'air de surprise. La terre trembla et de grosses ronces aux épines acérées en sortirent en suivant un cercle parfait autour de la renégate. Elles se rejoignirent vers le plafond, prenant la forme d'une cage à oiseau. Aiko fut alors attaquée par tous les angles de ronces qui fondirent sur elle comme des prédateurs. Elle tenta de parer avec ses papillons mais se retrouva vite débordée, si bien qu'elle termina complètement enroulée, les bras près du corps, à quelques mètres du sol. Sa peau était blessée de toute part par les épines des plantes qui se tâchèrent de son sang. Ses yeux s'écarquillèrent et elle repéra son adversaire descendre le long de la prison et atterrir par terre, ses deux mains liées en un signe. Aiko concentra son énergie pour brûler ses liens avec son chakra mais ils résistèrent. Elle ne pouvait pas y le croire…elle était prisonnière.
« Comment est-ce possible ?! Pourquoi je n'arrive pas à désintégrer ces ronces ?! » aboya-t-elle en s'énervant.
« Il s'agit d'une technique secrète que je suis la seule à maîtriser…la plus puissante de mon répertoire…Elle peut stopper des réceptacles de démons jusqu'à un maximum de quatre queues déployées… » expliqua Misuzu en haletant.
« Jusqu'à quatre queues ?! Tu ne pourras pas la tenir très longtemps, dès qu'elle prendra fin je te tuerai ! » s'exclama Aiko en souriant.
« En effet, à mon niveau actuel, je ne la tiens que cinq minutes très exactement avant d'être vidée de mon chakra. Cependant, cela fait maintenant six minutes que tu as ingéré tes herbes dopantes qui, tu me l'as dit toi-même, te permettent d'augmenter ta force pendant dix minutes. »
En réalisant lentement la signification des paroles de Misuzu, la ninja d'Iwa tomba sous le choc. Non…elle ne pouvait pas avoir tout misé sur une mince minute d'avantage entre le délai de sa technique et celui de l'herbe !
« Quand les effets de ton produit seront dissipés, tu seras vidée. Et je te tuerai à l'instant. Abandonne. » ajouta la Jônin,
« J'espère pour toi que tu as bien compté. Car si tu t'es trompée et que ta prison disparaît la première, c'est moi qui te tuerai. Tu ne peux pas m'arrêter toute seule ! » répliqua Aiko.
« C'est vrai. Mais je ne suis pas toute seule. »
À peine eue-t-elle finit sa phrase qu'une explosion venant d'ailleurs dans le poste de ravitaillement se fit entendre. Aiko éberlué tourna la tête vers l'origine du bruit et distingua une forme claire qui bondit par la porte tout au fond de la salle et vint rejoindre Misuzu.
« Qu'est-ce que…qu'est-ce que vient de faire cette fichue bestiole ?! »
« Tes projets viennent de partir en fumée, Shibara ! » répondit l'hermine.
« L'obscurité m'a permis non seulement de pouvoir utiliser ma technique mais aussi à Kisaragi d'aller explorer discrètement ton repère et trouver ton stock d'herbes grâce à son flair. Il vient d'être brûlé par des parchemins explosifs. »
Aiko tomba dans le mutisme. Sa bouche s'ouvrit et se ferma sans qu'aucun son ne sorte. Tout son travail, ses efforts pour débarrasser son village des chefs militaires pourris et de ses mauvais dirigeants…venaient de disparaître. Elle n'avait plus rien pour avancer. Elle n'avait jamais haït Iwa, seulement les gens qui avaient ruinés sa vie. Elle revit le jour où elle avait été acceptée dans la division de recherches en armes chimiques. La joie qu'elle a eue quand elle avait enfin l'antidote de l'astranic, son arrestation… Elle avait espéré pouvoir retourner dans son village et y être à nouveau acceptée en chassant ceux par qui elle en était arrivée là et en mettant ses nouvelles découvertes à disposition de sa patrie. Mais aujourd'hui c'était bien fini…elle ne la reverrait jamais.
Son corps commença à se réchauffer et ses ailes se mirent à briller d'une lueur aveuglante.
« Shibara ! Qu'est-ce que tu fais ?! » dit Misuzu face à ce dangereux spectacle.
« Tout ce que j'ai fait…je l'ai fait pour Iwa. Tu viens de détruire mon rêve, ma vie a perdu son sens pour la deuxième fois. Je n'ai plus de raison de continuer à vivre. Ma dernière volonté est de t'emporter avec moi. » répondit Aiko sans crier. Elle était sur le point de se faire exploser.
L'hermine regarda Misuzu presque au bout de ses forces avec un regard de détresse. Elles n'auraient pas le temps de s'enfuir. « Kisaragi, prête-moi ton chakra. » Elle s'exécuta de suite. Aiko ferma les yeux. Pourquoi avait-elle réellement échoué à prendre sa revanche sur ces hommes qu'elle détestait tant ? « Peut-être…que j'ai fait l'erreur de devenir comme eux…»
La nuit venait juste de tomber la lune était même visible dans le ciel. Kazuho avançait difficilement, supportant sa coéquipière encore inconsciente sur son dos. Mais malgré tout, il restait alerte.
Si un ennemi se montrait, il lui faudrait improviser et avec quelqu'un à protéger ce serait risqué. Kazuho n'aimait pas s'en remettre au sort, il avait toujours un plan de secours dans un recoin de sa tête. Il ne pensait à rien sauf à son but de rejoindre son sensei pour avoir du secours. Il arriva aux abords de la falaise, espérant y retrouver peut-être son professeur, quand soudain, un bruit sourd comme une explosion se fit entendre et le sol se mit à trembler violemment. Un morceau de la paroi rocheuse se mit à glisser sur le versant de la falaise et Kazuho recula aussitôt en panique pour éviter les rochers. Le garçon se releva une fois le bruit cessé. Un nuage de fumée emplissait les lieux et Kazuho se demanda si c'était Misuzu ou son adversaire qui avait déclenché cette impressionnante secousse sismique. Son inquiétude monta, allait-elle bien ? Un mouvement dans les gravats attira son regard. Sous les yeux stupéfaits de Kazuho, un gros bourgeon de la taille d'un homme jaillit des décombres et stoppa sa croissance à quelques mètres du sol. Dans un mouvement fluide et presque magique, la fleur s'ouvrit et un lotus géant s'épanouit. Tandis qu'il admirait ce spectacle, Kazuho aperçu en son centre, deux silhouettes qui, lui étaient familières, se tenaient là debout, juste devant la lune.
« Regarde ! Tes Genins sont là ! » s'exclama l'hermine en bondissant de la fleur.
La kunoichi sortit de sa plante qui s'évanouit aussitôt derrière elle.
« Misuzu-sensei ! Vous avez battu le chef des bandits ? » demanda-il soulagé.
« Évidement.», répondit-elle en cachant sa fatigue à son élève. Puis elle riva son attention sur Sayuri et s'approcha d'elle. « Elle est blessée ? Laisse-moi regarder. »
Kazuho déposa la blessée au sol et elle l'examina devant le regard inquiet et fixant du jeune garçon.
« Dites-moi que ce n'est pas grave… » implora-t-il.
« Elle a utilisé tout son chakra mais elle ne risque rien ; elle a simplement perdu connaissance. Elle respire assez faiblement cependant. Comment cela est-il arrivé ? »
Le jeune Genin fit le récit de leur combat avec le plus de détails, omettant seulement ses craintes pour ne pas inquiéter son maître. Il avoua qu'au moment où ils furent séparés, il n'avait aucune idée du déroulement du combat du côté de Sayuri.
La petite hermine sauta sur le dos de Kazuho qui tressaillit quand elle passa sur son épaule. Elle était très légère et jeta un œil à l'épaule endolorie du garçon dont le bandage s'était détendu après avoir porté Sayuri.
« Ce n'est pas joli-joli ça. » dit-elle de sa voix fine. « Je peux arranger un peu ça si tu veux. »
« Si tu y va gentiment. J'ai encore des lancements douloureux. »
Kisaragi sortit un fil de fer et une aiguille d'un petit sac posé sur son dos tandis que Misuzu sortit un nouveau bandage de sa sacoche.
« Elle ne fait jamais les choses avec ménagement.» l'avertit Misuzu.
« Aiiie ! » s'étouffa-t-il en serrant les dents. « Ce n'est pas grave, j'ai connu pire. »
« Tu t'es aussi fait cette cicatrice » remarqua-elle en touchant la balafre sous son œil droit.
Il acquiesça d'un hochement de tête préférant ne rien dire, tandis que Kisaragi replantait son aiguille dans la peau lui arrachant un court cri de douleur qui étouffé, était plus aigu que la voix de l'hermine.
« C'est bientôt fini.» rassura-t-elle.
Pendant qu'elle finissait, Kazuho avait demandé comment s'était passé l'affrontement dans la falaise et son sensei lui raconta tout. À la fin Kazuho demanda :
« Misuzu-sensei, la mission… on aurait dû l'abandonner. Pas vrai..? »
En effet, la complication et les combats qui avaient suivis n'étaient pas du niveau d'aspirant ninja. Il regarda Sayuri endormie sur le sol aux pieds de son mentor.
« Tu as raison, c'était imprudent. » avoua-elle. « Mais je ne pensais pas que cela irait si loin. »
Un silence s'installa alors que Misuzu baissait le regard sur la blessure de Kazuho que Kisaragi avait presque fini de suturer. Puis elle regarda alentour, ses sens en éveil.
« Sensei…» dit-il. « S'il vous plait, promettez-moi qu'on ne sera plus entraînés dans des missions comme celle-là.»
Il avait baissé la tête en demanda cette promesse. Misuzu réalisait bien que son élève avait besoin d'elle.
« Kazuho, » répondit-elle de sa voix rauque. « Moi vivante, je te fait la promesse...»
Il releva les yeux avec espoir.
« ...qu'une fois à Konoha après une tournée de thé, je vous entraînerai dur, pour que ce genre de choses ne se reproduise pas. »
Il lui rendit un sourire.
« Merci, Misu..»
« Ça va faire mal. »
Kisaragi avait tiré de toutes ses forces pour refermer la plaie et Kazuho s'était mordu la langue en serrant les dents aussitôt. Il mit une main devant sa bouche alors que son professeur étouffait un honteux fou rire. « C'est fini. » confirma l'hermine.
Misuzu se reprit et rebanda le bras de son élève. Elle serra fort à la fin pour que le fil ne se relâche pas suite à un mouvement trop vif du bras.
« J'espère qu'on n'aura pas à le refaire, ni à enlever le fil de sitôt. Kisaragi se sert de ses griffes assez gauchement. » lança-elle plus à l'adresse de l'hermine qu'à celle du garçon.
Kisaragi, fit la moue puis sauta à terre et Misuzu fourra le reste de la bande dans son sac.
« Allons-y ! »
Ils se mirent en route, Kisaragi devant, puis Misuzu portant Sayuri dans ses bras et enfin Kazuho, qui bien que soulagé du poids de son amie, traînait le pas, l'esprit occupé par une question. « Comment allait Tetsu et où était-il ? »
Au milieu du trajet, Sayuri se réveilla à demi. Elle vacillait entre l'éveil et l'inconscience. Elle reconnut son professeur. Misuzu filait à toute allure en la tenant dans ses bras, les branches des arbres et les étoiles au-dessus d'elle. Vidée d'énergie et peinant à garder les yeux ouverts, elle avait l'impression de voir moins bien. Que s'était-il passé lors de son combat ? Et qu'est-ce que c'était que ce « sharingan » dont Tōya avait parlé ? Kazuho lui, mâchait un bout de pain en silence devant elle. Il réfléchissait à quelle meilleure stratégie il aurait dû adopter. Il se sentait coupable de n'avoir pas pu éviter ce qui était arrivé. Leurs ennemis les avaient séparés et c'était le pas de côté qui les avaient précipité chacun dans une situation de vie ou de mort. Kazuho se rappela quand Misuzu les avaient réconciliés et il se rendit compte qu'elle avait eu bien raison; c'est l'esprit d'équipe la force du ninja.
« Sensei... Kazuho...est-ce que je suis morte ? » articula Sayuri dans un moment d'éveil.
Kazuho trop loin n'entendit pas. Mais Misuzu baissa les yeux sur la jeune blonde.
« Ciel, non ! Je ne me serais pas permise de perdre un élève durant votre première mission hors de Konoha. » répondit-elle gentiment.
Sayuri était retombé dans les pommes, tandis que le clair-obscur s'achevait à la lisière des bois et que des lumières dessinaient la silhouette d'un village à peine visible.
Au village, l'attente était longue. Rei et Airi ne parlaient pas et Natsuki restait étonnement tranquille. Tetsu qui était très social en temps normal se faisait beaucoup de soucis, car il était le seul membre de son équipe revenu et il pensait qu'il aurait dû être à leurs côtés. Shion, lui, était désireux de mettre fin à cette terrible atmosphère, il tenta de lancer une conversation :
« Ne, Natsuki-sensei ? »
« Hm ? »
Les ninjas relevèrent la tête dans sa direction. Ayant vu qu'il avait leur attention, Shion poursuivit :
« Vous étiez dans la même équipe que le sensei de Tetsu ? »
« Oui oui, c'est exact ! » répondit Natsuki en souriant.
« Hooo ! Vous vous êtes vraiment battus ensemble ? » s'écria Tetsu étonné.
« Puisque je vous le dis. C'est blessant, pourquoi, ne me croyez-vous pas ? » les taquina Natsuki en riant de bon cœur.
« Qui était votre troisième coéquipier ? » demanda le garçon aux cheveux bleus curieux.
Natsuki hésita à répondre, mais Shion intervint à son tour.
« Qui est le plus fort d'entre vous ? »
« Oh, vous voulez le savoir ? »
Shion fixa des yeux brillants de curiosité sur son sensei.
« Eh bien, il n'y a pas de secret, » répondit-il nonchalamment, « c'est Misu-chan bien sûr ! »
« Misu... -chan...? » répéta Tetsu un peu surpris.
C'est alors qu'une ombre apparut derrière le grand blond et lui infligea un gros coup sec sur la tête.
« Je t'ai déjà dit cent fois d'arrêter de m'appeler comme ça ! »
Misuzu venait d'apparaître dans la lumière du feu toujours en tenant Sayuri dans ses bras. Derrière elle se tenait Kazuho ainsi qu'un curieux animal à fourrure blanche. Le bleudinet se leva en les reconnaissant mais il n'était pas très heureux. Ses coéquipiers étaient dans un sale état. Misuzu déposa Sayuri sur une couverture.
« Sensei ! » s'écria Tetsu. « Vous allez bien ?! Et…whoa ! C'est à vous cette fouine ninja ?! »
« Hermine. Et je ne lui appartiens pas, nous sommes partenaires. » corrigea Kisaragi.
Trop éberlué, il ne demanda même pas comment il était possible qu'elle soit douée de parole. Puis il se tourna vers Kazuho et regarda son bras et sa balafre.
« Ne t'inquiète pas, ça partira très vite ! » lui dit-Kazuho pour le rassurer.
Mais Tetsu lui avait presque sauté au coup et finalement Kazuho le laissa regarder sa plaie. Sans ôter les fils, il réussit à améliorer l'apparence de la plaie avant de refaire le bandage à nouveau. Tetsu souffla et fit de la place à son ami. Son équipier n'était pas très prompt à bavarder sur les événements. Puis il s'approcha de Sayuri pour voir son état. Une des mains de la jeune fille tenait son flanc et elle semblait grimacer.
« Sa respiration n'est pas très bonne, elle doit avoir une côte cassée à cet endroit. Tu n'as pas les compétences pour soigner une blessure de ce type, encore moins seul pendant une mission. Mais tu peux anesthésier la zone pour diminuer sa douleur » lui dit Misuzu en posant sa main sur son épaule. Le garçon se mit tout de suite à l'ouvrage avec délicatesse, content de pouvoir encore aider. Tandis que l'équipe 11 saluait les nouveaux arrivants, Natsuki fit une place à Misuzu à côté de lui en se frottant la bosse qu'il avait sur la tête.
« Alors, tout s'est bien passé ? » lui demanda-t-il alors qu'elle s'asseyait.
Tandis qu'elle recevait un bol de soupe de Kazuho, Misuzu repensa à ses trois élèves. Natsuki lui, avait gardé les siens indemnes. Malgré tout, elle était confiante. Elle acquiesça.
Les ninjas avaient décidé de passer la nuit dans le petit village, pour un repos bien mérité avant de reprendre le chemin de Konoha au petit matin. Sayuri allait mieux et Kazuho, Rei, Shion et tous les autres se remettaient petit à petit de leurs péripéties.
Et avec eux, le village se réveillait comme si ces mois d'exploitation n'avaient jamais eus lieu. Monsieur Kazami avait fait le déplacement avec sa calèche et retrouva sa femme avec bonheur.
« Je ne serai jamais assez reconnaissant de ce que vous avez fait. », dit-il à Misuzu et à son équipe aux portes du petit village. « Tout va pouvoir rentrer dans l'ordre à présent. J'ai aussi retrouvé des employés pour transporter mes marchandises ! », ajouta-t-il avec joie. Misuzu lui rendit ses remerciements en souriant et ajouta seulement que c'était un devoir.
Les deux équipes eurent droit aux adieux de tous les villageois qui s'étaient réunis ; lançaient des joyeux cris de remerciements aux ninjas de Konoha. Parmi eux, la femme de Kazami, la petite Ringo et son grand-père la tenant par une main, l'autre tendue en un signe d'adieu. Ils souriaient tous les deux.
« Au revoir Shion-nii ! » cria Ringo en les saluant de la main. « Reviens nous voir ! »
« C'est promis ! » lui cria Shion en la saluant en réponse. « À bientôt ! »
Ils se mirent en marche et le trajet fut animé par le récit de leurs combats respectifs.
Le trafic d'Aiko Shibara, la renégate d'Iwa, était bel et bien terminé. Son repère s'était effondré sur lui-même, les stocks qu'elle avait amassés étaient détruits et il était pratiquement certain qu'elle était décédée. Les sacs retrouvés dans la charrette de M. Kazami seraient remis aux autorités compétentes de Konoha par Misuzu elle-même et les terres du petit village où l'herbe avait été cultivée étaient en pleine « purification » afin d'éliminer les semences et éviter la repousse. Deux des meilleurs hommes de main d'Aiko étaient morts et les jumeaux Mori avaient pris la fuite. Les quelques autres brigands qui restaient avaient été soit arrêtés soit s'étaient enfuis eux aussi. Sur le chemin du retour, Kazuho restait préoccupé par les événements. Il avait douté de lui-même et ne voulait plus se retrouver dans pareille situation. Sayuri, elle, avait la tête remplie de questions depuis son combat contre Tōya. Elle avait réalisé qu'elle ne se connaissait pas elle-même et cette pensée la troublait. Une fois rentrée, elle irait chercher des réponses auprès de sa mère. Rei et Airi gardaient leurs visages fermés ; l'une tenant son animal convalescent dans ses bras, l'autre simplement fidèle à son caractère habituel, marchant les bras croisés avec calme. Shion et Tetsu eux, s'entendaient bien et papotaient de tout et de rien en tête de la troupe, suivis par Natsuki qui sifflotait, les mains dans les poches. Misuzu qui marchait en queue, s'arrêta un instant et jeta un dernier regard au loin vers la montagne où le corps d'une brillante chercheuse au cœur noirci par la vengeance était à jamais enseveli. « Sensei ! Vous venez ? » demanda Kazuho qui s'était retourné. La Jônin ferma les yeux, une légère brise faisant onduler sa mèche rouge. « Oui, j'arrive. »
Note d'auteurs : Bien le bonjour à tous chers lecteurs ! Après plusieurs mois d'absence, nous revoilà pour continuer notre fanfiction sur les aventures de l'équipe 6 et de l'équipe 11 ! Comme dit sur notre compte Deviantart, il nous était difficile de continuer à poster des chapitres car KikyoNico partait pour 5 mois au Japon (et y est encore), Skyman était en service militaire (obligatoire en Suisse pour tous les jeunes hommes), Hawkflare avait beaucoup de travail avec la fin de ses études...Bref ^^ ! Il y a des moments comme ça dans la vie, mais à partir d'août, nous devrions reprendre gentiment de l'activité.
La vengeance est un chemin dangereux et parfois on en revient pas. Ainsi mourru Aiko Shibara la renégate d'Iwa qui aura donné bien du fil à retordre à nos ninjas ! La réalité du monde shinobi a été vécue par chacun et de profondes remises en questions occupent l'esprit des 6 Genins. Comment feront-ils face ? Quelles conséquences les derniers évènements auront-ils sur leurs objectifs et sur la suite de notre histoire ? Trouveront-ils des réponses à leur retour à Konoha ? Tout cela...ce sera au chapitre 24 !
Recherchez nous sur Deviantart sous notre pseudo "5Dreamers" ou avec les noms des personnages pour voir des illustrations de la fiction ! Une nouvelle illustration est généralement mise en ligne avec chaque nouveau chapitre !
