Un grand merci à Beta d'avoir corrigé ce chapitre !

Et un grand merci à vous tous qui lisaient cette histoire.

Je vous souhaite une bonne lecture.


Je suis ce que je suis et je n'en ai pas honte. 'Ne jamais avoir honte', voilà ce qu'il disait, mon vieux père. Il y en a toujours qui te reprocheront quelque chose, mais ils ne valent pas la peine qu'on y fasse attention. Rubeus Hagrid, extrait d'Harry Potter et la coupe de feu

Chapitre 22 :

Harry se réveilla avec la sensation que quelque chose lui chatouillait le pied.

Il ouvrit les yeux dans une pièce baignant d'une douce lumière naturelle, qui venait le cueillir de bon matin. Les souvenirs de la veille ne tardèrent pas à lui revenir et, bien qu'il n'y voyait pas très clair, le jeune homme jeta machinalement un coup d'œil à ses côtés pour constater que l'espace était vide.

Une vague de soulagement s'empara de lui.

L'esprit encore un peu brumeux, il tapota au hasard la surface de la table de chevet dans l'espoir d'y trouver ses lunettes. Quand il les eut atteint, il les plaça d'emblée sur le bout de son nez avant de venir se redresser en position assise. Alors qu'il passa une main dans ses cheveux complétement désordonnés, un détail attira son attention.

Bizarrement, il y avait comme une bosse au bout du lit que le garçon ne parvenait pas à s'expliquer. Se croyant d'abord mal réveillé, il crut soudain voir quelque chose bouger.

D'un geste, il tira la couverture pour découvrir un gigantesque serpent confortablement installé.

« Ahhhhhhhhhhhh »

Harry sauta tout à coup du lit, manquant au passage de tomber sur le sol. Son cœur fut propulsé à cent à l'heure dans sa poitrine tandis qu'il attrapa la première chose à sa portée pour se défendre. Le souci, c'est qu'il ne trouva rien de mieux qu'un oreiller.

Face à cette agitation, l'animal demeura des plus calmes. Il releva la tête et observa le garçon d'un air curieux comme s'il ne comprenait pas l'origine d'un tel comportement. Harry de son côté, était à présent bien réveillé et guettait les moindres faits et gestes de la bête. Cette dernière glissa doucement sur le drap, réduisant peu à peu la distance entre elle et le sorcier.

« N'avance pas ! » S'écria Harry en brandissant ridiculement son oreiller comme une arme.

Etrangement, il n'y avait rien d'agressif ou de menaçant dans le comportement du serpent. Harry l'avait déjà confronté une fois, il pouvait donc clairement noter la différence. Pour autant, le sorcier était loin d'être confiant. Et pour cause, il se souvenait très bien de ce qui était arrivé à ce pauvre Rogue.

« Nagini, laisse le tranquille » Siffla une voix à l'autre bout de la pièce.

Le serpent s'immobilisa brusquement et tourna la tête vers son maître dont la silhouette se tenait devant la porte à double battant. Aussitôt, le corps de l'animal se mit en mouvement et se dirigea vers celui-ci. Une des mains de Voldemort vint doucement la caresser, en guise de bonjour.

Harry observa en spectateur cet échange quelque peu déconcertant. Puis il souvint à quelle point Voldemort affectionnait cette créature qui était également un Horcruxe.

Sur le moment Harry trouva inconsidéré de la part du mage noir de les avoir laissé tout deux ensemble. Seulement en y réfléchissant un instant, le serpent aurait très bien pu s'en prendre à lui durant son sommeil, et pour sa part, ce n'est pas comme s'il disposait d'un crochet de basilic ou de l'épée de Gryffondors sous la main pour l'achever.

Il eut un nouveau sifflement et l'animal quitta soudain la pièce, laissant les deux sorciers seuls à seuls.

Voldemort s'approcha du plus jeune, avisant ce qu'il tenait à la main, il ne put réprimer un petit rire railleur.

« Je doute que ceci t'aurait été d'une aide quelconque si elle avait vraiment voulu t'attaquer »

« C'est ça, moquez-vous ! » Fit Harry en jetant l'oreiller sur le lit. « S'il y a une chose à laquelle on ne s'attend pas en se réveillant c'est trouver un gigantesque serpent à ses pieds ! D'ailleurs, je peux savoir ce qu'elle faisait là ? »

« Elle a l'habitude de venir dormir avec moi »

Harry parut horrifié de l'apprendre.

« Pardon ? Alors, si je comprends bien ce n'est pas la première fois qu'elle se trouve dans votre chambre ? »

« C'est exact » Répondit le mage noir, très calmement.

« Eh bien, j'espère que vous avez pris la peine de lui dire que je n'étais plus inscrit sur le menu du jour avant de m'inviter dans votre lit pour y passer la nuit ! »

« Penses-tu que je l'aurais laissée avec toi si cela n'avait pas été le cas ? Allons, tu sais pourtant l'importance que j'accorde à ta précieuse vie » Répondit Voldemort, en levant une main à hauteur de son visage pour le toucher.

Seulement, avant qu'il ne puisse effleurer la moindre parcelle de peau, Harry s'écarta.

« Oui, je le sais parfaitement » Dit-il, d'un ton amer. « La prochaine fois que vous décidez de planifier une petite réunion nocturne entre vos Horcruxes, prévenez moi ! » Lança-t-il, en s'éloignant.

Très rapidement, Voldemort attrapa son bras pour l'attirer à lui dans une étreinte forcée.

« J'ai l'impression que tu t'es levé du pied gauche ce matin » Dit-il, en croisant le regard colérique du plus jeune.

« A qui la faute ? » Demanda ce dernier, en tentant de se dégager. « Maintenant, lachez-moi ! »

« Et si je ne veux pas ? » Fit le seigneur des ténèbres, d'une voix beaucoup moins douce. « Qu'est-ce que tu comptes faire ? Crier ? Te débattre ? Me supplier ? »

« Jamais je ne vous supplierai » Rétorqua Harry.

Les lèvres du mage noir se fendirent en un sourire amusé. Il pencha son visage vers le jeune homme tout en libérant une main de sa taille pour venir caresser sa chevelure sombre.

« Tu sais, il existe plusieurs façons de supplier une personne » Murmura-t-il, en plongeant son regard de braise dans les yeux verts étincelants du jeune sorcier. « Cela peut-être dans la douleur et la souffrance, ou encore dans la tristesse et le chagrin, mais également dans le bien-être et le plaisir »

Ses doigts glissèrent le long de la cicatrice en forme d'éclair et Harry sentit tout à coup la colère disparaitre au profit d'un sentiment d'apaisement et de légèreté. La magie du seigneur des ténèbres l'enveloppait chaleureusement, presque tendrement…Sa main vînt ensuite effleurer sa mâchoire, avant de venir redessiner les contours de ses lèvres provoquant chez le jeune sorcier une avalanche de frissons.

Comment de simples gestes pouvaient-ils balayer toute sa raison et sa combativité en une fraction de seconde ? Comment un homme capable de tuer et de torturer sans scrupule pouvait, à la fois, faire preuve d'autant de douceur à son égard ?

« Personnellement, j'ai une préférence pour les deux premiers » Souffla Voldemort en venant poser un léger baiser au niveau de sa tempe.

A ce stade, Harry ne luttait même plus pour se défaire de l'emprise du seigneur des ténèbres. Il était comme déconnecté de la réalité qui l'entourait. Il ferma momentanément les yeux et se laissa totalement immerger par une forme d'insouciance.

Il avait l'impression de n'être plus qu'une poupée de chiffons entre les mains expertes du mage noir. L'idée était à la fois dérangeante et attrayante.

Dérangeante, parce qu'Harry ne se reconnaissait plus. Ses émotions le trahissaient, il en perdait le contrôle. L'impression d'avancer sur un chemin dont il ne pourrait jamais revenir, lui faisait peur. Et attrayante, parce qu'en dépit du fait que cet homme était le seigneur des ténèbres, il lui apportait un certain réconfort. Sa présence et ces petits bouts d'humanité qu'il faisait parfois transparaître ne laissaient pas le jeune homme insensible. Harry se surprenait même à les aimer et c'était peut-être ça, au fond, qui était le plus dérangeant.

« Pourtant » Continua le mage noir en poursuivant ses caresses « Il me plairait assez d'entendre les sons que tu peux procurer dans le tout dernier » Dit-il, d'une voix de velours alors que sa bouche descendait lentement le long de sa joue pour venir survoler les lèvres du garçon.

Les paupières d'Harry s'ouvrirent de moitié, il avança légèrement son visage en prévision d'un baiser, tandis qu'au même moment Voldemort recula le sien.

« Mais pour l'heure, nous avons d'autres choses à faire » Termina Voldemort, en s'éloignant de quelques pas.

Harry ouvrit complétement les yeux, le regard à présent parfaitement lucide.

Il n'arrivait pas à croire qu'une seconde auparavant, il était prêt à embrasser le mage noir comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Et le plus honteux, c'était que Voldemort savait parfaitement ce qu'il était sur le point de faire.

Mais il avait reculé.

Harry ne savait pas très bien comment il devait analyser cette situation. Les agissements de Voldemort étaient décidément très contradictoires. Un instant, l'homme semblait prit de désir pour lui, il le touchait, caressait ses cheveux, lui disait des mots pour le moins équivoques, et puis la minute suivante, il reprenait ce masque froid et distant qui déstabilisait fortement le garçon.

« Bien. Quels genres de choses ? » Questionna Harry, d'un ton neutre, en essayant d'adopter la même attitude détachée que le mage noir.

« Nous avions convenu que si tu parvenais correctement à réaliser toutes les potions que je te confiais, je t'apprendrais à maitriser un autre sortilège sans baguette »

Harry parut étonné que Voldemort lui rappelle cette promesse qu'il lui avait faite plusieurs jours auparavant. Le plus étonnant, c'est qu'il avait lui-même complétement oublié. Il faut dire que cet événement s'était produit juste avant que le mage noir ne se jette sur lui pour l'embrasser et qu'il avait au passage renversé toutes les fioles qu'il avait soigneusement préparées.

Réprimant pour l'heure cette pensée, Harry regarda à nouveau le seigneur des ténèbres droit dans les yeux pour lui demander :

« Donc, mes potions n'étaient pas ratées ? »

« Ais-je pour habitude de récompenser l'échec ? » Répondit immédiatement le mage noir.

« Non » Fit Harry, en se déplaçant à travers la pièce jusqu'à qu'il se retrouve devant la porte fenêtre qui était entre-ouverte. Comme d'habitude, le soleil resplendissait sur un ciel couleur bleu azur. L'air sentait un parfum de fleurs et de sable et rien ne semblait pouvoir perturber cette pérennité qui englobait l'île entière.

En somme, un autre jour au paradis…Ironisa, le jeune homme.

« Quel sort allez-vous m'appendre ? » Demanda-t-il, en se tournant vers le mage noir.

« Tu verras. Habille-toi et descend manger. Je t'attends »

Et sans plus un mot, Voldemort quitta la pièce, ne laissant derrière lui que le son de ses pas.

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« Tu es certaine qu'elle viendra ? » Chuchota Ron, en regardant au-dessus de la carte, comme s'ils étaient surveillés.

« Elle viendra » Assura Hermione, d'un ton qui ne laissait pas de place au doute.

Contrairement à la dernière fois où elle avait invité, pour ne pas dire forcé, Rita Skeeter au trois balais, Hermione avait cette fois-ci choisi un salon de thé au cœur de Londres principalement fréquenté par des moldus. Elle connaissait bien l'endroit, elle y était déjà venu en compagnie de ses parents, il y a quelques années.

Le lieu n'avait pratiquement pas changé, et Hermione regarda même du coin de l'œil une table sur laquelle elle s'était assise en compagnie de sa famille pour déguster une crêpe et boire un grand milkshake.

C'était un simple souvenir, un peu banal en fait, mais il fit un pincement au cœur à la jeune fille. L'espace d'un instant, elle se demanda ce que pouvait bien faire ses parents à ce moment précis ? Etaient-ils heureux ? Leur arrivaient-ils parfois de rêver d'elle ? Avaient-ils parfois une sensation étrange, rien qu'un regardant un objet ou en voyant quelqu'un dans la rue qui aurait pu leur faire penser à elle ?

Bientôt, les pensées d'Hermione furent soudain écourtées.

« Avez-vous fait votre choix ? » Demanda une serveuse.

« Heu…Oui. On prendra chacun une limonade à la violette, s'il vous plaît »

Elle avait un jour fait découvrir cette boisson, peu connu du monde sorcier à Ron, qui avait adoré.

« Rien d'autre ? »

« Non. Pas pour le moment, merci »

« Bien, je vous apporte ça tout de suite » Sourit la jeune femme, en s'éclipsant.

Il eut un court silence entre les deux sorciers.

« Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'avoir laissé Malefoy seul avec Ginny » Murmura Ron.

« Ginny est parfaitement capable de se défendre. Et puis, je suis persuadé qu'elle ne risque rien. Si Malefoy était du côté du seigneur des ténèbres, et qu'il lui avait dit ce qu'on préparait, tu ne crois pas qu'on serait déjà emprisonnés ou torturés ? Je ne crois pas que Voldemort prendrait le risque d'attendre et de savoir si notre plan va aboutir ou non. Pour moi, il aurait déjà agit s'il était au courant, c'est donc qu'il ne sait rien »

Ron sembla considérer les paroles de sa petite amie. Il fixa un moment, l'air perdue, une fleur dans un petit vase qui se trouvait au centre de chaque table.

« Comment fais-tu Hermione ? »

« Comment ça ? » Demanda celle-ci, en fronçant légèrement les sourcils en signe d'incompréhension.

« Eh bien, tu sais pour être aussi parfaite »

Un petit rire s'échappa de la bouche d'Hermione.

« Je suis loin d'être parfaite, Ron. D'ailleurs, je me demande ce qui peut bien te faire penser ça ? »

« C'est simple. Tu es brillante, perspicace, très belle…Et quand je me regarde je ne vois qu'un garçon banal. A Poudlard, je n'ai jamais excellé dans aucune matière, je ne suis pas un grand sportif, je ne suis pas riche, ni influant. Alors parfois, je me demande pourquoi tu es avec moi ? »

« Tu veux le savoir ? » Fit Hermione, d'un ton très posé.

Ils furent soudain interrompus par la présence de la serveuse qui leur déposa rapidement leurs deux boissons avant de repartir s'occuper d'une autre table. Hermione se pencha alors vers Ron le temps de lui chuchoter :

« Parce que tu as le don de me rendre folle »

L'espace d'un instant, Ron attendit, pensant surement que la brune allait continuer sa tirade, mais le silence qui en suivit lui démontra bien qu'elle ne comptait pas le faire.

« Quoi ? C'est ça ta réponse ? » Dit-il, d'un ton abasourdi.

Hermione attrapa la touillette rose de son verre et commença à dessiner des cercles imaginaires au creux de son verre.

« Tu sais Ron, je crois que le fais de tomber amoureux ne répond à aucune logique. C'est vrai. Regarde, j'ai toujours mis un point d'honneur à étudier, à respecter les règles, à faire preuve de calme et de sérieux. Pourtant, j'ai conscience que cela peut paraître ennuyeux et lassant. Ma vie ne serait pas aussi intéressante sans toi. Tu me pousses à faire des choses que je n'aurai jamais osé faire, tu me fais rire, et même ses défauts que tu te trouves, moi je les aime. Nous avons tous deux des personnalités différentes, mais cela ne veut pas dire qu'elles sont incompatibles. Personnellement, je pense même qu'on se complète plutôt bien »

Ron sentit une vague de chaleur envahir sa poitrine. Il vint doucement prendre la main d'Hermione dans la sienne tandis qu'il se pencha vers elle pour poser ses lèvres contre les sienne, en un tendre baiser.

« Je t'aime, Hermione » Souffla-t-il, après un moment.

« Je t'aime aussi, Ron »

« Oh pitié, ne me dites pas que je me suis déplacé jusqu'ici pour assister à ça ! » S'éleva une voix tout près d'eux.

Ron et Hermione s'écartèrent vivement pour faire face à Rita Skeeter qui les regardait d'un air moqueur. Elle portait un tailleur couleur bleu azur, elle avait changé de lunettes pour des verres plus grands aux montures argentées. Ses cheveux quand à eux, glissaient en cascade dans son dos. Ils avaient l'air soyeux et lumineux, comme si elle venait de les brosser. On voyait bien que le temps où la journaliste avait connu le chômage était révolu.

« Je vois que vous n'avait perdu votre temps, miss Granger. A défaut d'avoir pu mettre la main sur Harry Potter, vous avez finalement choisi de jeter votre dévolu sur son meilleur ami. Décidément, vous ne renoncez à rien ! »

« Ron, non » Fit Hermione, en voyant son petit ami qui était sur le point de sauter à la gorge de la journaliste.

Rita émit un petit rire avant de s'installer sur la banquette opposée à celle des deux Gryffondors. Elle interpela de manière arrogante, une serveuse, afin celle-ci lui serve un thé Earl Grey. Puis, elle reporta son attention vers les deux sorciers, et lança d'une voix agaçante.

« Alors pourquoi la petite miss parfaite voulait-elle tellement me voir ? »

Hermione ignora le sarcasme caché derrière les paroles de Rita Skeeter et se lança tout simplement dans le vif du sujet.

« Nous savons que vous avez acheté une pierre d'Albion à la boutique de Barow et beurke. Nous voudrions vous l'échanger. Vous proposer un marché »

« Tiens donc ! » S'exclama Rita, en croisant les mains. « Et que comptez-vous faire de cette pierre ? Elle doit avoir une grande importance pour que vous m'ayez contacté »

« Vous n'avez pas besoin de savoir pourquoi on la veut » Fit Hermione, d'une voix imperturbable. « En revanche, si vous nous la céder, on vous fera certaines révélations. Des révélations qui, dans le futur, pourraient faire l'objet d'un article très prometteur »

« Oui, mais encore faut-il que ce que vous ayez à dire est effectivement de la valeur ! »

La serveuse revînt, le sourire toujours aux lèvres, pour déposer la commande de Rita. Celle-ci s'empara d'un petit pichet pour venir verser un nuage de lait dans son thé avant de le mélanger avec un peu de sucre.

« Par exemple » Poursuivit-elle. « Je serais très intéressée de savoir ce qu'il advenu de monsieur Potter. Vous avez de ses nouvelles ? D'après les dires des gens que j'ai pu interroger, la dernière fois qu'il a été vu c'était avec le seigneur des ténèbres le jour de la grande bataille à Poudlard. Et depuis, plus rien ! Il a complétement disparu. Croyez-vous qu'il soit mort ? Torturé ? Ou peut-être enfermé quelque part dans une prison ? »

« Cette fois ci, je vais la faire taire » Dit Ron, en sortant sa baguette magique de sa poche.

« Range moi ça tout de suite, Ron » Siffla Hermione en direction de son petit ami avant de se tourner de nouveau vers la journaliste. « Nous ne sommes pas venu ici pour parler d'Harry. Mais on peut vous apprendre beaucoup de chose sur le seigneur des ténèbres »

« Le seigneur des ténèbres ? » Répéta Rita avec une lueur d'intérêt dans le regard. « Et que savez-vous sur lui ? »

« Pour commencer, nous pouvons vous dire qui étaient ses parents et contrairement à la croyance populaire, ils n'étaient pas tous deux des sorciers. Nous savons comment ils sont morts, ou Tom Jedusor, plus connu sous le nom de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a t-il était élevé, alors qu'il était orphelin. Les projets qu'il a mené durant sa scolarité à Poudlard, comme la découverte de la chambre des secrets ou encore les premiers recrutements de ceux que l'on appellera plus tard, les mangemorts. Les raisons qui l'on conduit à attaquer les Potter, cette fameuse nuit du 31 octobre. Voulez-vous que je continue ? » Demanda Hermione, l'air très sûre d'elle.

Rita émit un petit rire dédaigneux, tandis qu'elle avança un peu plus vers la table.

« Je vois que vous avez préparé le terrain. Mais qui vous dit qu'écrire un article sur le seigneur des ténèbres m'intéresse ? »

« Vous avez été celle qui a annoncé le retour de Lord Voldemort, il y a deux ans »

Le nom fit tressaillir la journaliste, qui reposa immédiatement la tasse qu'elle était sur le point de porter à ses lèvres.

« L'article que vous avez publié à cette époque sur ce qu'Harry avait vécu lors du tournoi de la coupe à de feu à était, si je me souviens bien, un véritable succès. Le ministère avait beau faire pression, les gens avaient beau avoir peur, ils n'en restaient pas moins curieux de connaître une version différente de celle qu'on voulait bien leur servir. Version, qui aujourd'hui, a pu prouver son authenticité. Vous m'avez dit une fois que la gazette avait pour ambition de se vendre, et moi je sais justement ce qui se vend, Rita »

« Vraiment ? Alors dites-moi, mademoiselle Granger, qu'est-ce que c'est ? »

Hermione esquissa un doux sourire en soufflant :

« Les secrets. Et quoi de plus captivant que de dévoiler ceux du plus grand mage noir de tous les temps ? »

Rita sembla pensive, puis incertaine, comme si elle était tiraillée par un choix qu'elle devrait faire. Elle prit une gorgée de son thé, tout en humant l'odeur boisée et épicée qui s'en dégageait.

« Bien. Admettons que je suis sensible à votre offre. Il reste néanmoins deux obstacles à franchir. Le premier étant qu'aucun journal n'acceptera de me publier. Et cette fois-ci, vous ne pouvez même plus vous tourner vers le Chicaneur, puisque ce dernier a été supprimé. Le second, c'est que vous n'avez aucune protection qui soit assez grande pour me prémunir des retombées qu'aura un tel article. Je n'ai pas envie de devenir l'indésirable numéro un de notre nouvelle société. Il est vrai que j'aime mon travail, mais pas au détriment de ma vie. Or ce que vous m'offrez en réalité, c'est une exécution pure et simple. Alors si vous n'avez rien d'autre à me proposer… »

« Et si nous vous disions qu'il n'y aura pas de répercutions ? » Fit immédiatement, Hermione. « Que vous n'aurez pas à vous soucier de la réaction du principal intéressé. Est-ce que vous refuseriez toujours ? »

« Est-ce que vous avez des preuves de ce vous avancez ? » Répondit, Rita en regardant successivement Ron et Hermione. Face à leur mutisme, elle continua sur sa lancée « C'est bien ce que je pensais. Vous n'avez donc rien de valeur en finalité, à part vos belles paroles et vos promesses en l'air »

« Si vous nous donnez le temps nécessaire, on pourra facilement vous donner des preuves »

« Oui, mais j'imagine qu'en attendant, vous aurez besoin de cette pierre qui est en ma possession. Et combien de temps devrais-je patienter au juste ? Un mois, peut-être six, voir un an ?

« Donnez-nous jusqu'à la fin de l'année »

Ron se tourna vers Hermione, l'air abasourdi. Est-ce qu'il avait bien entendu ? Il était à la mi-septembre, et pour le moment ils n'avaient même pas commencé la potion. Ils n'étaient même pas certain de pouvoir la créer et encore moins d'approcher suffisamment le seigneur des ténèbres pour que ce dernier n'en boive ne serait-ce qu'une seule gorgée.

« Euh, Hermione… »

« Voilà le marché » Fit la Gryffondor, en ignorant Ron pour se focaliser uniquement sur la journaliste. « Vous nous donnez cette pierre, en échange nous vous révélons tous ce que nous savons à propos du seigneur des ténèbres. Vous publierez votre article uniquement quand nous serons certains que vous ne courrez aucun danger. Passée la fin de l'année, si nous n'avons pas tenu nos engagements, alors vous serez libre de publier un article sur moi. Vous écrirez ce que vous souhaitez, je n'interviendrai pas »

Rita Skeeter fronça un instant les sourcils, avant que se visage ne se transforme en une forme de plaisir sournois.

« En faisant cela, vous savez que vous vous jetez en pâture ? Parce que rien ne me ferait plus plaisir que de vous descendre. Médiatiquement parlant, bien sûr… »

« Oh, ça j'en suis pleinement consciente. Alors, nous avons une entente ? »

Portant à nouveau sa tasse à ses lèvres, Rita esquissa un petit sourire tout en décrétant :

« Je crois bien que oui »

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« Je veux que tu fermes les yeux »

« Pourquoi ? » Demanda immédiatement, Harry, l'air soupçonneux.

Les deux sorciers se tenaient non loin de la mer, les pieds enterrés dans le sable fin tandis qu'une légère brise s'élevaient dans les airs, emportant avec elle l'odeur de l'eau salée.

« Tu veux apprendre la magie sans baguette oui ou non ? Alors ne pose pas de question. Ferme les yeux. Je t'expliquerai ensuite le but de cet exercice »

Après un instant de réflexion, Harry décida d'obtempérer.

Bien que ses paupières étaient désormais closes, l'obscurité n'était pas omniprésente. Il pouvait percevoir une teinte orangé, surement procuré par la lumière du soleil. Ce dernier était dos à lui, le jeune homme pouvait sentir sa chaleur tandis que ses oreilles discernaient très nettement le son des vagues venant s'échouer sur la plage.

« Ce qu'il faut que tu saches, c'est que chaque être sur cette terre doté de pouvoir magique dégage une énergie spécifique. Cette énergie coule dans nos veines, c'est un flux continu qui nous traverse et qui nous englobe entièrement. On appelle cela l'aura »

Harry était très attentif à la voix du seigneur des ténèbres. Il pouvait deviner grâce à elle, que le mage noir était en mouvement autour de lui.

« A quoi sert-elle ? » Demanda-t-il, intrigué.

« Si tu es en mesure de la détecter, tu pourras alors déterminer d'un seul coup d'œil, si un sorcier est puissant ou non. Cela te permettra également de repérer une présence dans un certain périmètre, et cela même si le sorcier est sous sa forme animagus, ou encore dissimulé sous une cape d'invisibilité »

Cette dernière information intéressa particulièrement le jeune homme qui prit soin de la noter dans un coin de sa mémoire.

Bientôt, la voix du seigneur des ténèbres s'éleva à nouveau. Elle était toujours calme et très posée.

« L'aura n'est pas quelque chose de physique, ce n'est ni plus, ni moins que le reflet du potentiel magique. Tu ne peux pas la voir avec tes yeux, tu dois la ressentir. Nous avons tous une aura qui nous est propre, c'est comme une empreinte. Bien que certaines se ressemblent, il n'existe pas deux complétement identiques. Je pourrais sans peine reconnaitre la tienne entre mille »

Harry ne savait pas pourquoi, mais il aimait l'idée d'avoir une sorte de signature magique qui n'appartenait qu'à lui seul. Pourtant, il pouvait difficilement imaginer de quoi cela avait l'air. Quel effet cela induisait ? Comment Voldemort percevait-il cette énergie tout autour de lui ?

« Vous dites qu'on peut savoir si un sorcier est puissant ou non. Mais comment ? »

« Il serait impossible de te l'expliquer avec des mots précis. Il s'agit ici d'une magie purement sensorielle. De mon point de vue, j'imagine que l'on pourrait comparer cela à la puissance d'un sortilège. Chez certain sorcier, surtout les plus jeunes, l'aura est à peine plus perceptible que le résultat que tu pourrais obtenir avec un Flambios. Chez d'autres, on peut déceler un pouvoir qui résulterait davantage du maléfice de l'incendio »

« Et chez moi, qu'est-ce que vous percevez ? » Questionna immédiatement Harry.

Voldemort ne répondit pas tout de suite. L'espace d'un moment, Harry n'entendit que le bruit des vagues, les cris d'oiseaux au loin, et le vent souffler sur les feuilles des arbres qui entouraient la plage.

Soudain, il sentit une caresse sur sa joue. C'était très doux, le contact lui procura un long frisson et la sensation sur sa peau était tout simplement incroyable, comme décuplée. L'envie d'ouvrir les yeux était très forte, mais ses paupières restèrent fermées.

« Toi, Harry, tu es comme le Feudeymon » Susurra, Voldemort. « Téméraire, impétueux, audacieux, parfois incorrigible. Mais plus que tout, tellement fascinant »

Le jeune homme pouvait à présent sentir son pouls s'accélérer. Un des doigts de Voldemort vînt délicatement redessiner les contours de ces lèvres, avant de dériver le long de son mâchoire. Il y a peu de temps encore, Harry aurait très certainement trouvé cela gênant, voir répugnant. Aujourd'hui, bien qu'il n'était pas certain de pouvoir clairement identifier ce qu'il éprouvait pour l'homme, il était au moins sur d'une chose, c'est qu'il appréciait, plus que de raison, les attentions de ce dernier.

« C'est étrange…je ne me sens pas comme ça » Souffla, Harry dans un moment de clairvoyance. « Mes pouvoirs n'ont rien d'exceptionnel. Je suis célèbre uniquement parce que j'ai survécu au sortilège de la mort. Or, nous savons vous comme moi, que cet exploit, est dû uniquement au sacrifice de ma mère. J'ai compté sur un grand nombre de gens pour me sortir de situations dangereuses, j'ai eu de la chance parfois, en fait, j'en ai eu même très souvent…si bien que…en fait, je me dis que je suis un sorcier tout ce qu'il y a de plus ordinaire »

Les doigts étaient à présent en train de glisser à travers ses cheveux noirs. Harry se sentait totalement détendu, il aimait beaucoup cette sensation, il aurait voulu qu'elle perdure…

« Je sais que tu as combattu le basilic dans la chambre des secrets quand tu étais en seconde année à Poudlard. Pour le garçon que tu étais à l'époque, l'épreuve était plutôt ardue tu ne crois pas ? J'ai également entendu dire que tu avais affronté à toi seul des Détraqueurs. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce sont de redoutables créatures. C'est d'ailleurs pourquoi, elles sont à mon service. Mais ce qui est surtout remarquable, c'est qu'en dépit de mes nombreuses tentatives, je ne suis jamais parvenu à te tuer, Harry Potter. Tu as eu de la chance et des gens prêts à se sacrifier pour toi, c'est vrai. Pourtant, je me souviens, dans ce cimetière, que tu as su faire preuve d'une ténacité d'esprit incroyable quand je t'ai lancé l'impero. Jamais personne n'avais fait preuve d'autant de résistance avant toi. Et quand nos maléfices se sont entrechoqués, j'ai senti un certain nombre de chose dans ton énergie. Elle était pure, intense, puissante » Voldemort prononça ce dernier mot avec délectation. Sa main était allées se loger dans le cou du jeune homme, tandis que la seconde vînt enserrer sa taille. Il approcha doucement ses lèvres de son oreille, son souffle était brûlant.

« Si tu veux, je peux te le montrer, Harry »

La voix du seigneur des ténèbres était profonde, elle résonnait dans sa tête. Le jeune homme ne répondit pas. A la place, il acquiesça d'un geste lent.

Voldemort prit avec une étrange délicatesse, son visage entre ses deux mains, comme s'il craignait de le briser. A son tour, le mage noir ferma les yeux tout en posant son front contre le sien. Derrière ses paupières clauses, Harry commença à entrevoir des formes, des couleurs…Puis, tout devînt beaucoup plus précis, c'était même transcendant.

De gigantesques flammes l'entouraient, lui traversaient le corps sans que cela ne le brûle ou ne lui fasse de mal. Elles n'étaient pas rouge comme le sang, ni orange comme le coucher d'un soleil, mais d'un vert pur, captivant.

Harry n'avait jamais rien vu de tel. C'était beau, non c'était magnifique. Les flammes s'agitaient tout autour de lui, créant des mouvements rapides et fluides qui dansaient dans les airs. C'était comme si, à tout moment, ces flammes pouvaient décider de tout dévorer sur leur passage. Malgré l'aspect menaçant qu'elles arboraient, le garçon avait l'intuition qu'elles le protégeaient. Mais le plus étonnant, c'était ce sentiment qui l'envahissait et qui balayait tous les autres. Un sentiment de confiance, d'invulnérabilité, de fierté absolue.

Pour la première fois, Harry expérimenta ce qu'était que d'être puissant. Il n'avait jamais senti de toute sa vie, un pouvoir si grand l'habitait. C'était étourdissant, c'était électrisant mais le plus déroutant, c'était que c'était aussi très grisant.

Le jeune homme aurait voulu s'y noyer. Son cœur semblait se gonfler d'une immense satisfaction. L'impression que plus rien ne comptait, qu'il était libéré de toutes les tensions, de toutes les préoccupations qui investissaient ses pensées à longueur de journée, qu'il pouvait faire ce que bon lui semblait, s'imposa en lui comme une vérité implacable.

Et puis, tout s'arrêta brutalement.

Harry ouvrit les yeux pour rencontrer ceux de Voldemort. Il se sentit quelques instants désorienté, comme s'il venait de parcourir des milliers de kilomètres en quelques secondes.

Pourtant, les deux sorciers n'avaient pas bougé d'un cil.

« Qu'est-ce que c'était ? » Demanda-t-il, en un souffle.

« Ton aura » Répondit le seigneur des ténèbres, en tenant toujours son visage au creux de ses mains.

Les pensées du jeune homme tournoyaient dans sa tête.

« C'était si…comment dire…je me sentais… »

« Incroyablement fort » Coupa le seigneur des ténèbres.

« Oui » Admit Harry. « Ca semblait si réel… »

« Mais c'est réel. Souviens-toi de ce que j'ai dit, il s'agit du reflet de ton potentiel magique. Tu as toutes les prédispositions pour devenir un grand sorcier mon garçon. Maîtriser la magie sans baguette n'est pas donné à tout le monde. Pourtant, tu as su exécuter un accio en à peine quelques semaines et je suis persuadé qu'avec un entrainement régulier, tu seras capable de détecter les auras avec facilité. Au début, je ne te cache pas que ce sera difficile, si bien que tu auras l'impression de ne pas progresser. Ce qui fera la différence, c'est ta persévérance et ta volonté de réussir »

« Je ferai de mon mieux » Promit le garçon.

« Oh, mais j'y compte bien »

Le silence s'installa entre les deux sorciers. Harry ne quittait pas des yeux le mage noir, il semblait comme envoûté par cette couleur vermeille qui les animait et qui les rendait si unique. Il eut soudainement envie de réduire la distance qu'il y avait entre lui et l'homme pour faire ce qu'il avait été sur le point d'accomplir il y a quelques heures encore, avant que le seigneur des ténèbres ne lui coupe l'herbe sous le pied.

Il avait envie de prendre possession de cette bouche et de ressentir tout ce qu'il avait été à même d'éprouver la veille. La chaleur, la passion, le sentiment de libération, le plaisir, l'excitation…

Voyant où ses pensées étaient en train de le conduire, Harry détourna les yeux, en essayant de se donner une certaine contenance.

Je ne peux pas croire que je suis comme ça…se dit-il.

C'était tout juste hier qu'il se découvrait une véritable attirance pour un homme (il pensait jusqu'à récemment être uniquement attiré par la gent féminine) qu'il devrait, en toute logique, ne lui inspirer que haine et mépris. Et voilà, que maintenant il avait dans la tête tout un tas d'idées à le faire rougir de honte.

« Dans un même temps » Reprit Voldemort, après une longue pause. « Nous continuerons à travailler sur tes points faibles »

« Mes points faibles ? » Répéta, Harry.

« Oui, mon garçon. Tes qualités en arithmancie laissent à désirer, par ailleurs tu as encore beaucoup de progrès à faire en potion et ne parlons pas de la légilimencie. Un puissant sorcier doit être capable de protéger ses souvenirs ainsi que ses pensées, or je peux lire les tiennes sans aucune peine »

Le visage d'Harry se décomposa.

Il regarda le mage noir et le sourire que lui tendit ce dernier confirma avec horreur ce qu'il pensait.

« Vous avez regardé mon esprit ? » Rugit-il, en s'éloignant tout à coup de l'homme. « Je vous ai déjà dit de ne pas vous introduire dans mes pensées ! Ce sont les miennes pas les vôtres ! »

Voldemort laissa échapper un petit rire, tandis qu'il s'approcha de nouveau du garçon pour l'étreindre, en dépit du refus de ce dernier.

« Pourquoi m'en priverais-je quand elles sont si belles ? Ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose à cacher, n'est-ce pas, Harry ? »

Il s'agissait d'une question purement rhétorique, aussi Harry ne prit pas la peine de répondre.

Il était, en cet instant, envahi de sentiments contradictoires. D'un côté, il voulait repousser le mage noir et d'un autre, il désirait ardemment le sentir contre lui. Un instant, il était furieux, puis celui d'après, il se sentait comme attisé par le toucher à la fois brulant et électrisant de cet homme. Il allait le rendre complétement fou. Peut-être l'était-il déjà ?

Sinon comment expliquer qu'il puisse apprécier cette intimité ? Comment expliquer qu'il puisse souhaiter être embrassé, caressé par le meurtrier de ses parents ?

Un des bras du mage noir entoura la taille du garçon, tandis qu'une de ses mains plongea dans la chevelure d'ébène. Le visage de Voldemort planait au-dessus de celui du jeune homme, son souffle se mêlant au sien. Le cœur d'Harry battait la chamade, il savait ce qui allait se passer, malgré tout, il se sentait anxieux.

Puis, au moment où les lèvres du seigneur des ténèbres se joignirent aux siennes, ce sentiment disparut complètement.

Une délicieuse chaleur s'insinua en lui, l'immergeant complétement. Sa magie, il pouvait la sentir, parcourait tout son corps et s'agitait tout autour de lui, comme un tourbillon.

De lui-même, Harry prit l'initiative d'approfondir ce baiser. Ses doigts allèrent à leur tour, se nicher dans les cheveux du mage noir et la sensation de sa langue cajolant celle de l'homme, était tout simplement exquise.

Il pouvait sentir la main du Lord dans le creux de son dos, creuser sa peau avec ses ongles. Contre toute attente, Harry ne trouvait pas la sensation déplaisante, il avança un peu plus, collant davantage son corps contre celui du Lord.

C'était comme si quelque chose en lui, il ne savait pas quoi, réclamait plus, toujours plus…

Il n'avait jamais éprouvé quelque chose d'aussi fort auparavant, et la pensée de sa douce Ginny, lui transperça soudain le cœur.

Ginny…

Il avait beau avoir rompu avec elle pour la protéger, il ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression de la trahir de la plus ignoble des manières.

Et le pire c'était qu'il le faisait avec cet homme.

Sa convoitise avait beau obscurcir sa conduite, Harry n'était pas fou au point de voir que ce qu'il faisait était mal, égoïste. Le fait que personne n'en aurait jamais connaissance, n'excusait pas son comportement, car lui, il le saurait.

Pourrait-il vivre avec cette sensation pour le restant de sa vie ? Pourrait-il assumer ce choix ? Il voulait se sentir heureux, éprouver de la joie, même c'était pour un instant fugace. Mais il savait qu'il ne pouvait pas le faire sans bafouer ses principes moraux les plus chers.

Ce sont nos choix, Harry, qui montrent ce que nous sommes vraiment.

Les paroles de son ancien directeur résonnaient vicieusement dans sa tête.

Qui suis-je vraiment ?

Il se sépara doucement de Voldemort et lui offrit un petit sourire pour cacher le malaise qu'il ressentait en ce moment.

« Je pense qu'on devrait continuer à travailler sur les auras. Après tout, nous sommes ici pour ça, non ? »

Le visage de Voldemort apparu tout à coup plus froid. Ses yeux rouges semblaient briller dangereusement, comme animés de colère.

« Il me semblait pourtant, il y a quelques secondes encore, que tu avais un tout autre genre d'activité en tête. Pourquoi ce soudain revirement, Harry ? Ton petit cœur serait-il meurtri à l'idée de blesser ta petite rouquine ? »

La voix d'Harry était bloquée dans sa gorge.

Il savait pertinemment que le mage noir avait compris la raison de ce changement, malgré sa piètre tentative de dissimulation.

« Tu crois qu'elle pense à toi, en ce moment ? Tu crois qu'elle espère toujours un avenir pour vous deux ? » Siffla Voldemort, d'un ton venimeux.

Harry ne répondit pas.

Au fond, il espérait bien que Ginny continuait sa vie, ainsi qu'il le lui avait demandé dans plusieurs des lettres qu'il lui avait écrit.

« A moins bien sûr, qu'elle n'est déjà passé à autre chose. Après tout, une jeune fille aussi douce et aussi belle, quel sorcier n'aurait pas envie de la courtiser ? Est-ce que tu l'imagines, Harry ? Trouver du réconfort dans les bras d'un autre ? »

Le visage d'Harry se figea, et il lança au mage noir un regard d'avertissement.

Seulement Voldemort ne compter pas en rester là. Il esquissa un sourire provocateur, et continua d'une voix imperturbable.

« Est-ce que tu crois qu'elle aura une pensée pour toi, quand elle ravagera des lèvres qui ne sont pas les tiennes ? Crois-tu qu'elle comparera les sensations avec les baisers que vous avez échangé par le passé? » Dit-il, en se délectant de chacune de ses paroles. « Je me demanda si elle se haïra d'apprécier les caresses d'un autre ? Ou si sa conscience viendra l'assaillir au moment où elle s'adonnera à des plaisirs dont vous n'avez jamais pu profiter ensemble ? »

« Ça suffit ! Arrêtez ! »

« Quand bien même, cette fille te resterait fidèle, tu crois qu'elle t'aimerait encore si elle savait ce que le grand, le beau Harry Potter désirait de son pire ennemi ? Tu veux vraiment parier sur l'amour, Harry ? »

Une lueur indescriptible traversa le regard du jeune homme.

Il n'y avait aucune chance pour que Ginny lui pardonne. Elle ne comprendrait pas, il ne comprenait pas lui-même ce qui lui arrivait.

« Le garçon qui a survécu a disparu quand je t'ai amené sur cette île, alors tu peux t'apitoyer sur ton passé autant que tu veux, te culpabiliser pour te donner l'illusion d'avoir une meilleure conscience, moi en attendant, je n'ai pas de temps à perdre avec tes doutes et tes incertitudes » Fit Voldemort, en disparaissant subitement dans un tourbillon de sable.

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« Tu crois qu'ils vont revenir avec la pierre ? »

Ginny esquissa un petit sourire tout en continuant à tourner la potion dans le sens des aiguilles d'une montre.

« Tu ne connais pas Hermione. Elle ne reviendra pas sans » Dit-elle, d'un ton parfaitement assuré. « Elle est très convaincante quand elle veut »

« Oui, j'ai déjà eu un aperçu de quelques uns de ses talents en la matière » fit Drago en se penchant au-dessus du chaudron pour admirer son contenu. Il jeta alors un coup d'œil au parchemin, laissé par son parrain dans lequel celui-ci avait piteusement consigné tous les travaux qu'il avait effectué pour préparer la potion.

« On doit faire bouillir la préparation jusqu'à voir apparaître des volutes de fumée argentée »

« D'accord » Répondit Ginny, en augmentant la puissance du feu sous le chaudron. « Et ensuite ? »

Drago se contenta de lire les instructions à voix haute.

« Avec la pointe d'un couteau ouvrir en deux la citosphere pour en extraire les graines, attention celles-ci sont très fragiles et ne doivent pas être percées, ni écrasées. Les jeter uniquement dans le chaudron à l'apparition des volutes de fumées. Cette action devrait engendrer une potion de couleur bleu claire très intense, presque lumineuse »

Ginny laissa son regard voyager sur la table quand elle aperçut la plante en question. Cette dernière arborait une forme semblable à celle d'un haricot vert. Sa couleur cependant, d'un bleu indigo, traversé par des espèces de veines teintées de pourpre faisait toute la différence. La jeune Weasley attrapa cette dernière, un couteau à la lame bien affûtée et ramena le tout sur sa planche de travail.

Elle entailla la plante sur toute la longueur, mais au moment de séparer les deux moitiés, un liquide foncé, semblable à de l'encre s'écoula.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » Fit Ginny qui en avait à présent sur les mains.

« Tu as dû toucher plusieurs graines en l'entaillant » Expliqua Drago, d'un ton très calme « Attend, je vais te faire voir comment il faut faire »

Il prit une nouvelle citosphere et s'installa à côté de la jeune fille avant de tendre sa main.

« Je peux ? » Demanda-t-il en désignant le couteau qu'elle avait à ses côtés. Ginny lui tendit sans rechigner et l'observa avec beaucoup d'intérêt.

Dans un premier temps, Drago observa la plante sous tous les coutures, comme s'il cherchait quelque chose de particulier.

« Tu vois cette grosse veine là ? » Questionna-t-il, après un bref instant.

Ginny s'approcha et après inspection, elle remarqua effectivement qu'une des veines étaient plus importantes que toutes les autres.

« C'est là que tu dois faire ton entaille » Lui dit-il en appliquant la pointe du couteau contre la chair de la plante pour la séparer en deux. « Tu retires ensuite cette petite tige et tu détaches délicatement les graines » Il alia le geste à la parole et jeta les graines au creux du chaudron, après s'être assuré de la présence des volutes de fumées argentées. Il réitéra cette étape pour la seconde moitié avant de se tourner vers la jeune Wealey qui avait l'air amusé.

« Quoi ? » Demanda Malefoy, d'un ton peu aristocratique.

« Je suis un peu étonnée. Comment as-tu appris ça ? La citosphere n'est pas au programme scolaire »

« Je sais. Mais mon parrain, enfin Rogue, voulait m'apprendre des choses en dehors de Poudlard. Je dois admettre que souvent j'ai rechigné à participer à ces cours privatif, je voyais ça davantage comme une punition. Si j'avais su, je l'aurais écouté plus attentivement, c'était un bon professeur »

Bien que Ginny n'ait jamais apprécié la personne qu'était Severus Rogue de son vivant, elle comprenait cependant ce que voulait dire le jeune Malefoy, c'est pourquoi elle ne fit aucun commentaire là-dessus.

« Regarde ! » S'exclama-t-elle.

Une brume d'un bleu éclatant s'échappa en profusion du chaudron pour glisser élégamment jusqu'au sol, la potion laissait de temps à autre apparaître des gerbes semblables à des étincelles qui fusaient dans toute la pièce, c'était un spectacle éblouissant.

Drago s'empara une nouvelle fois du parchemin, et reprit là où il s'était arrêté plus tôt.

« Une fois cette étape franchie, ajouter sept feuilles de Sargent puis laisser refroidir la préparation. Quand les feuilles deviendront d'un blanc immaculé, les ôter du chaudron »

Ginny s'exécuta et jeta les feuilles de Sargent dans la potion.

« Les instructions s'arrêtent là. Rogue a dit qu'il n'a jamais pu expérimenter la phase finale de cette potion, je pense donc que cela à un rapport avec la pierre d'Albion. On interrogera son portrait au retour de Granger et de ton frère »

Ginny fit un léger mouvement de la tête en signe d'assentiment. Elle coupa le feu sous le chaudron et profita de l'absence de Kreattur, qui faisait le ménage à l'étage pour débarrasser la table qu'ils avaient sali.

« Il y a quelque chose que je voudrais te demander » Dit-elle, au bout d'un moment.

« Je t'écoute » Fit Drago.

« Pourquoi le seigneur des ténèbres t'a demandé spécifiquement de te rapprocher de mon frère et d'Hermione ? »

Drago, qui n'avait jamais fait quoique ce soit dans une maison, prit le parti d'aider la jeune fille dans sa tâche tout en lui répondant calmement.

« Le seigneur des ténèbres pense qu'ils pourraient représenter une menace. Il sait que si Potter a pu accomplir certaines choses par le passé, c'est grâce à ses amis. Il a trop souvent sous-estimé le pouvoir de l'amitié, c'est une erreur qu'il ne veut pas réitérer »

« Je vois » Dit Ginny, d'un ton songeur. « C'est étrange, du jour où il se sont rencontrés un lien indéfectible s'est créé entre mon frère, Hermione et Harry. Cette complicité, cette solidarité qu'ils partagent m'a toujours sidéré. Que ce soit à l'école ou la maison, j'entendais toujours quelqu'un faire étalage de leurs exploits. Ils ont marqué une petite partie de l'histoire de Poudlard, ils ont rétablit des vérités et des injustices, ils se sont battus contre Voldemort et ses mangemorts. À trois, ils ont accompli l'impensable. Pour être honnête, et aussi ridicule que cela puisse paraître, j'ai souvent envié leur amitié »

C'était la première fois que la plus jeune des Weasley exprimait cette pensée à voix haute. C'était comme un aveu. Et même si Drago Malefoy était sans doute la dernière personne qui s'en souciait, elle avait senti comme le besoin de lui dire, de lui faire savoir.

« Ce n'est pas ridicule et tu n'étais pas la seule »

Ginny regarda Drago comme si elle le voyait pour la première fois.

« Toi…toi tu les enviais ? Mais pourtant tu avais… »

« Grabbe et Goyle ? » Coupa le jeune Malefoy, avec une exclamation dédaigneuse. « Deux idiots qui n'étaient même pas capable de réaliser correctement un Alohomora ! Si j'étais avec eux, c'était parce qu'ils étaient malléables et utiles, mais intérieurement, je les méprisais. Comme toi, je voyais le trio Gryffondors pour qui la plupart des élèves et même des professeurs vouaient de l'admiration, tandis que moi j'avais cette impression de rester dans l'ombre. Ça m'a rendu jaloux, ça m'a rendu odieux et arrogant. C'est peut-être pas une excuse mais n'empêche que je le regrette maintenant. Je suis désolé d'avoir dit ces méchancetés sur votre famille, je suis désolé d'avoir dénigré Granger pour ces origines et je m'en veux de ne pas avoir dit merci à Potter quand il m'a sauvé la vie. J'espère que je vais pouvoir me racheter »

Ginny demeura un instant complétement stoïque.

Est-ce que Malefoy venait de lui présenter une série d'excuse ? Elle n'y croyait pas et pourtant, elle n'était pas en train de rêver.

Mûée d'une envie soudaine, elle posa une main sur l'épaule du blondinet et lui sourit de manière condescendante.

« Si tu es sincère, alors il n'y a aucune raison pour qu'on ne te pardonne pas. Cela prendra peut-être un peu plus de temps avec une certaine personne de ma famille, mais je suis confiante »

Drago lui rendit son sourire.

Le silence s'installa, mais pas pour longtemps.

« Tu sais ce que tu vas faire une fois que tout ça sera terminé ? Enfin, en admettant qu'on réussisse » Décréta Drago.

« Eh bien, j'adore le Quidditch et je pensais peut-être faire carrière dans ce sport, en tant qu'attrapeur. Mais bon, il y a sûrement des tas de personne bien plus douées que moi… »

« J'en suis pas si sûr. Je t'ai déjà observée sur le terrain, et pour avoir été à ta place je peux te dire que ce n'est pas donné à tout le monde d'attraper le vif d'or. Tu devrais aller jusqu'au bout de tes ambitions »

« Très bien, je vais prendre ce conseil en considération »

Tout à coup, ils furent interpellés par un bruit. A l'unisson, ils tournèrent la tête pour entrevoir deux silhouettes pénétrer dans la pièce.

« Vous voilà ! » S'exclama Ginny, enthousiaste. « Alors ? Comment ça s'est passé ? »

Hermione et Ron échangèrent un regard, laissant de longues secondes s'écouler…

Puis, Ron sortit quelque chose de sous sa veste et le présenta à sa sœur.

Une pierre d'Albion.

Ginny sourit.

« Je savais que vous réussiriez » Souffla-t-elle.

« Oui, mais cela n'a pas été sans condition » Dit Ron.

« On parlera de ça plus tard. Vous avez terminé la potion ? » Demanda Hermione.

« Elle refroidit » Dit Drago. « Pour la suite, il faut aller interroger le portrait de Rogue »

« Alors ne perdons pas de temps. Allons-y »

Ils grimpèrent tour à tour les marches qui menaient au premier et pénétrèrent dans le petit salon. Le portrait de Severus Rogue reposait sur la cheminée, ce dernier était endormi.

A l'approche des quatre sorciers ses yeux s'ouvrirent. Son regard noir et profond se posa sur ses anciens élèves.

« Nous avons la pierre d'Albion » Déclara Hermione.

« Et la potion ? » Demanda Rogue en regardant le fils Malefoy.

« Elle est achevée à la hauteur de vos instructions » répondit ce dernier.

« Bien. Ne la conservez pas trop longtemps. Passez toute la surface de la pierre sous une flamme. Ensuite, vous l'incorporerez directement dans votre préparation, jusqu'à ce qu'elle ait absorbé toute la potion. Cette étape devrait prendre une journée tout au plus. Néanmoins, d'après les recherches que j'avais menées à l'époque, il est nécessaire de placer la pierre dans un état dit de sommeil, à l'abri de la lumière et à température ambiante »

Le cœur d'Hermione se serra et un doute horrible s'empara d'elle.

« Et combien de temps la pierre doit reposer ? » demanda-t-elle.

« Trois mois, mademoiselle Granger »

Trois mois. Cela signifiait, qu'ils n'auraient alors plus que quinze jours pour mettre leur plan à exécution.