Alors voici la suite, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. :)

Chapitre 1

Il faisait encore chaud en cette fin de mois d'août et bien que l'air se soit rafraîchit, les températures avoisinait tout de même les vingt-cinq degrés. Bientôt, l'école reprendrait et la ville délaisserait le calme apparent des vacances pour reprendre son cours normal. Assis à la table d'un café, un homme d'une cinquantaine d'années sirotait tranquillement sa boisson. Il ne prêtait aucune attention aux passants, qui pourtant le regardaient bizarrement, et semblait perdu dans ses pensées. En effet, l'homme portait une robe vert bouteille sur laquelle était brodé en lettres d'argent son nom : Gary Spencer. Hormis ce détail quelque peu déroutant, aussi bien pour les passants que pour les clients du café, l'homme paraissait tout à fait normal. Le patron du café lui-même avait été étonné de voir l'un de ses meilleurs clients habillé de la sorte. Mais il n'avait fait aucune remarque.

Il faut dire que ce matin là, Gary n'avait pas du tout l'air dans son assiette. Sa tenue inhabituelle et son air fatigué montraient clairement qu'il avait dû passer une bien mauvaise nuit. Et il y avait de quoi. Car Gary continuait de retourner le problème sous toutes ses coutures encore et encore, et ce malgré qu'il ait passé plus de la moitié de la nuit à se poser des questions sans réponses. L'horloge sonna treize heures. Gary finit son verre puis se leva autant agacé par les regards insistants des passants que parce qu'il risquait d'arriver en retard au ministère. En chemin il rencontra Charlus Potter avec qui il travaillait. Ils se saluèrent puis marchèrent en silence jusqu'à une fameuse cabine téléphonique. Son collègue n'ayant pas l'habitude de venir par ce moyen, ce fût Gary qui s'occupa de les faire entrer au ministère. Puis ils se séparèrent, toujours en silence, le premier partant vers le bureau du ministre, le second vers le bureau des aurors.

Gary n'eût pas le temps de repenser à sa nuit cette après-midi là. En effet, le chef du bureau des aurors, Alastor Maugrey, avait réquisitionné ses troupes pour évoquer un nouveau sujet sensible : la montée en puissance d'un certain Lord Voldemort. Gary soupira, agacé. Le ministère n'avait vraiment pas besoin d'un nouveau Grindelwald. Potter avait fait un débriefing de sa réunion avec le ministre et ce qui en était ressorti n'avait plu à personne. Le ministre avait tenu à ce que cela reste secret, il ne voulait pas effrayer la population et l'affoler avec ce qu'il appelait des « rumeurs foncièrement dangereuses au bien-être de la société ». Mais par mesure de sécurité, il avait demandé à la mise en place d'une équipe d'aurors chargée de l'évolution de cette affaire et ce en toute discrétion bien sûr.

Lors de la réunion, Gary perçut l'excitation des plus jeunes. Cela lui rappelait sa jeunesse, lui aussi était passé par là. A présent, ce n'était plus de son âge et la blessure qu'il avait reçu lors d'un combat contre Grindelwald l'avait à jamais condamné à un travail de bureaucrate. Gary soupira une nouvelle fois, ce qui attira l'attention de sa voisine, Dorea Potter. Une femme charmante, se dit-il. Il attarda son regard sur son époux et secoua la tête. « Les Potter, encore un couple parfait qui vont finir en martyr ». Il passa sa main dans ses cheveux avant de se lever pour aller prendre l'air. La réunion touchait à sa fin de toute façon, et puis ce qui allait suivre concernerait ceux qui iraient sur le terrain, comme on dit. Il regarda l'heure : dix-huit heures trente. Il avait rendez-vous avec le sous-secrétaire de la Justice dans trente minutes. Puis il devait retrouver Alastor pour évoquer un sujet « intéressant » mais il n'avait pas voulu en dire plus. Enfin, il avait rendez-vous à vingt-et-une heures chez les Longdubat. La soirée allait être longue.

Ca va ? demanda soudain une voix.

Il se retourna et vit Dorea qui l'avait suivi.

J'ai vu mieux, lui répondit-il avec un pâle sourire, Et les évènements de ces derniers temps ne font rien pour arranger les choses.

Je comprends. On est tous un peu à cran en ce moment. Si tu veux en parler, tu sais où me trouver.

Il acquiesça d'un signe de tête.

Tu rentres ? poursuivit-elle

Non, je dois retrouver Croupton à dix-neuf heures. Une sombre histoire de torture… Les Dolohov ont encore frappé.

Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié. Ils ne s'arrêteront donc jamais…

Faut croire que non, mais cette fois-ci, Croupton voudrait en faire un exemple. Je dois lui transmettre le dossier. D'ailleurs, il faut que j'y aille.

Ok. On se voit demain de toute façon. Alastor m'a dit que tu devais le rejoindre dans le bureau de Tempkins dès que tu avais fini.

Merci. Dit-il simplement avant de descendre au niveau trois.

En chemin, il croisa Abraxas Malfoy et son fils Lucius. Il les salua poliment et poursuivit sa route. Pendant le trajet, il ne pût s'empêcher de penser à la nuit dernière. Franchement, dans quoi venait-il de s'embarquer ? Il avait toujours été un employé modèle. Par le respect qu'il avait pour tous sans distinction de sang, par sa discrétion et son travail acharné, Gary avait acquis une place privilégié au ministère, place qu'il ne laisserait pour rien au monde. Alors pourquoi, oui pourquoi avait-il accepté de s'allier avec cette fille qu'il ne connaissait même pas ? Gary soupira pour la énième fois de la journée. Décidément, ce n'était pas son jour…

Il arriva enfin devant le bureau de Croupton, dix minutes en avance. Il avait horreur du retard. Les Dolohov étaient déjà là. « C'est étonnant comme ils n'ont pas changé. Toujours froid et hautain » pensa sarcastiquement Gary. Croupton arriva avec un quart d'heures de retard, il revenait de Nuremberg. A la mine blafarde et épuisée du sous-secrétaire, Gary comprit qui il était allé voir et s'abstint de tout commentaire. Il se contenta de déposer le dossier en expliquant en quelques mots de quoi il retournait : une famille de sorciers, torturée et tuée, aucun survivant déclaré. Avant de repartir retrouver Maugrey.

Il se demandait d'ailleurs pour quelles raisons la réunion avait lieu dans le bureau du sous-secrétaire du ministre. L'affaire dont il était question devait donc être des plus importantes. Il se rappelait le mot qu'avait employé Maugrey « intéressante ». Effectivement, cette affaire devait l'être pour que des personnes hauts-placés s'en préoccupent. Gary lui-même était à la fois intrigué et suspicieux par rapport à cette affaire. Il avait la désagréable impression qu'il avait un rôle à y jouer, qu'il était tout autant concerné. Et ça, ça ne lui plaisait pas du tout.

Lorsque Gary entra dans le bureau de John Tempkins, il fût surpris d'y trouver en plus de Maugrey, Albus Dumbledore, Minerva MacGonagall, Charlus Potter et Cygnus Black. Mais ce qui avait tout de suite attiré son attention, c'était la jeune fille qui se tenait en plein milieu de la pièce, la même jeune fille qui lui avait rendu visite la veille. Gary resta perplexe quelques instants puis il se reprit. Car Tempkins se mit à parler.

Et bien, puisque nous sommes tous enfin réunis, nous allons pouvoir commencer.

Puis il les invita à s'installer. Gary referma la porte derrière lui et lança un assurdiato, démarche approuvée par Maugrey d'un signe de tête. Il s'assit et se retrouva aux côtés de Cygnus Black, en bout de table. Il se mit à observer la jeune fille. Elle ne devait pas avoir plus de quinze ans. Brune avec d'immenses yeux vert turquoise, elle avait les mains sur ses genoux et baissait la tête « pudiquement ».

Gary était subjugué par le charme qu'elle dégageait. Non qu'elle fût d'une beauté extraordinaire, elle était même assez banale mais il y avait dans son regard quelque chose qui attirait l'attention. Quelle actrice, se dit-il. Effectivement, elle n'avait plus rien en commun avec la fille qu'il avait rencontré la veille. Mais si on l'observait bien, on pouvait remarquer que son regard était à la fois vif et légèrement provocateur. Gary était happé par ce regard et plus il le regardait, plus il s'y perdait. Elle avait d'ailleurs vu son manège et ses lèvres carmin s'étaient étirés en un pâle sourire. Il aurait pu continuer ainsi, s'il n'avait pas été ramené brusquement à la réalité par son voisin.

Qui aurait cru que le célibataire endurci fût subjugué par une vulgaire cracmole. Murmura-t-il

Une…cracmole ? s'étonna Garry.

Cygnus lui sourit, de ce sourire carnassier qui incitait à la prudence. Gary secoua la tête pour remettre ses idées en place et suivre, comme il se devait, la réunion. Ils évoquaient déjà les mesures à prendre. Gary fronça les sourcils, il avait donc raté une partie de la discussion.

…donc nous proposons, avec l'aval du conseil d'administration bien entendu, au vu de la situation de mademoiselle O'connell, qu'elle effectue une année à Poudlard dans l'attente de résoudre ce problème. Disait d'une voix calme et posé Albus Dumbledore tout en fixant Cygnus Black.

Je suis conscient, Cygnus, intervint le sous-secrétaire d'Etat, que cette proposition ne vous plaise en aucune façon, mais comprenez que pour une jeune fille de quinze ans, le lieu le plus sûr est Poudlard. Et puis, après tout, ce n'est que pour une année, où est le mal ?

Voyez-vous, John, Poudlard est une école de sorcellerie où l'on pratique la magie. Je n'ai absolument rien contre vous mademoiselle, mais ne risquez-vous pas de vous ennuyer ?

Je ne crois pas, lui répondit-elle avec un sourire. Voyez-vous, monsieur Black, malgré ma condition, mes « parents » m'ont quand même donné une éducation sorcière.

Vraiment ? répliqua Cygnus sarcastiquement. Et…que vous ont-ils appris, si je puis me permettre ?

Oh et bien plein de choses, affirma-t-elle sans se démonter puis elle commença à énumérer posément ce qu'elle savait : les potions, l'astronomie, la botanique, les soins aux créatures magiques, les runes, l'arithmancie, ainsi que…les bases de la médicomagie.

Etonnant, siffla Cygnus en colère.

Et bien, je pense, dit MacGonnagal, que cette jeune fille est apte à suivre plus de la moitié des cours de Poudlard, vous ne croyez pas monsieur Black ?

Assurément, cracha ce dernier

Si ma présence à Poudlard vous dérange tant que ça, monsieur, je peux tout aussi bien devenir l'aide d'un membre du corps enseignant… ?

Cygnus Black la regarda un court instant avec haine. Gary frissonna. Cygnus ne dédiait ce genre de regard qu'à ses ennemis. Or il ne connaissait pas la jeune fille. Alors que signifiait ce regard haineux ? Il lança un regard interrogateur à son voisin mais ce dernier se reprit.

Je pense que, commença-t-il lentement comme si les mots lui coûtaient, qu'effectivement, le mieux pour votre sécurité, est que vous suiviez les cours de ce château. Après tout, comme vous le dites si bien John, ce n'est que pour une année.

Un court silence s'ensuivit, puis Maugrey s'exprima pour la première fois depuis le début de la réunion.

Bien, maintenant que ce premier point a été éclairci, nous devons maintenant décider où vous irez pour la fin des vacances et qui sera votre tuteur légal.

Cygnus Black lança à la jeune fille un regard satisfait. Qui accepterait , en effet, d'accueillir une cracmole chez lui ?

Dorea et moi pourrions peut-être… ? proposa Potter

Non. Coupa Dumbledore, vous êtes déjà beaucoup trop exposés. Il faudrait quelqu'un en qui nous pourrions avoir confiance, qui sache se défendre…

Quelqu'un en qui on pourrait avoir confiance et qui sache se défendre ? Inconsciemment un nom vint à l'esprit de Gary : Olliway. Elle en avait parlé la veille alors pourquoi ne le proposait-elle pas ? Ils étaient ses alliés non ? Gary se gifla mentalement, la réponse était si évidente, aussi limpide que de l'eau de roche. Si c'était elle qui proposait ce nom, cela paraîtrait louche, alors que si une personne qu'elle n'était pas censée connaître le proposait… Des brides de phrases lui revinrent en mémoire :

« Vous êtes l'homme qui sied parfaitement à ce rôle »

« Vous avez tout prévu, n'est-ce pas ? / - Depuis des années »

« Que dois-je faire ? /- Vous le saurez en temps voulu. »

Alors Gary prit la parole. Au milieu du brouhaha, il s'exclama :

Les Olliway.

Le silence se fit, huit paires d'yeux le fixaient à présent. Il réaffirma :

Je pense que les Olliway feront l'affaire. »

La réunion se finit calmement. Il ne restait plus que la paperasse, une fois le problème du tuteur légal résolu. Sa proposition avait été acceptée à l'unanimité. Les Olliway étaient une ancienne famille d'aurors, proche des Maugrey et rivale des Black. Le choix parfait, un peu trop même. Et le regard malicieux qu'elle lui avait lancé n'était en aucun cas anodin. Ça il en était sûr.

Gary sortit de la salle le premier. Il n'avait pas réellement compris toute l'histoire, mais ce qu'il savait c'était que ça avait commencé. Quoi ? Il n'en avait pas la moindre idée. Mais ça, il le saurait en temps voulu. Il regarda sa montre, elle affichait vingt-et-une heure. Il était en retard. Il arriva chez les Longdubat à vingt-et-une heures trente. Ils ne lui en tinrent pas rigueur, Maugrey les avait prévenus.

Il s'arrêta brusquement dans le vestibule. Une phrase trottait dans sa tête. Et puis une autre et encore une autre. Plusieurs phrases qui semblaient si anodines et sans aucun rapport les unes par rapport aux autres, mais mises bout à bout, tout prenait sens.

« Vous avez déjà tout prévu n'est-ce pas ? »

« Une sombre histoire, les Dolohov ont encore frappé. »

« Une famille de sorciers, torturée et tuée, aucun survivant déclaré. »

« …au vu de la situation de mademoiselle O'connell… »

« …le mieux pour votre sécurité est que vous suiviez les cours de ce château… »

Et la même phrase du début qui revenait sans cesse.

« Vous avez déjà tout prévu n'est-ce pas ? »

C'est à ce moment là que Garry Spencer comprit que les deux affaires étaient liées.