Chapitre 3 : Les Olliways
Me revoici avec un nouveau chapitre pour fêter les...VACANCES. Bon allez, bonne lecture. ;)
Malicia avait toujours adoré être en plein air, ça lui donnait une sensation de liberté éphémère qu'elle ne possédait pas. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Malicia n'avait jamais été libre, non elle avait toujours dû se plier à toutes sortes d'obligations qui l'empêchait d'être elle-même. Ce n'était pas à proprement parler une question de choix de vie, mais plutôt de survie. Elle n'avait rien connu d'autre que la fuite, la dissimulation et la manipulation. La vie de Malicia ne se résumait qu'à une seule chose : le faux-semblant. Car il ne fallait en aucun cas qu'elle dévoile qui elle était vraiment, elle ne serait d'ailleurs plus de ce monde si elle l'avait fait. Malicia soupira, elle devrait bientôt rentrer chez ses « nouveaux tuteurs », alias ses alliés cachés. Elle devrait à nouveau endosser ce rôle qui n'était pas le sien et jouer à la petite fille modèle et éplorée qu'elle n'était pas. Mais Malicia savait, oui elle savait et cela la réjouissait, que ce rôle était le dernier qu'elle aurait à jouer, certes le plus difficile mais le dernier. Car cette année serait l'aboutissement, la consécration totale, de tant d'années de labeur. Et la complexité de la tâche n'en était que plus élevée... Pour autant, Malicia était plus excitée qu'autre chose, bien que la prudence primait toujours. Le nombre de facteurs était si important qu'il fallait constamment rester sur ses gardes. En plus, Malicia avait la très nette impression que Cygnus Black y mettrait son grain de sel. Elle avait bien vu de la manière dont il la regardait à la fin de la réunion. Il était en colère mais en même temps, une interrogation subsistait dans son regard. Comme s'il doutait de sa bonne foi... Malicia frissonna, elle ne voulait pas avoir à affronter le Black, il avait l'air d'autant plus redoutable qu'il semblait rôder à ce genre d'intrigues. Malicia secoua la tête pour chasser ses mauvaises pensées. Elle s'en tiendrait au plan et après elle aviserait. En attendant, elle devait rentrer, faire face au regard soupçonneux de l'auror Maugrey (encore un obstacle, tiens!) et contacter le plus vite possible Samantha. Elle saurait comment réagir, et puis Malicia devait lui faire son rapport. L'auror Spencer avait accepter de les rejoindre. Ce qui en soi était une très bonne chose...
Malicia arriva, enfin, devant la maison des Olliways, une charmante maisonnette perdue dans les contrées écossaises, en plein milieu de nulle part. Là au moins, ils étaient sûrs que personne ne viendrait les déranger. Elle reprit son masque impassible et rentra dans le salon où elle salua l'auror avant de s'éclipser dans la chambre qui lui avait été attribuée. Cela faisait maintenant trois jours qu'elle habitait chez les Olliways et la rentrée se trouvait être pour le lendemain. Ils avaient eu le temps de la briefer sur l'organisation de la société sorcière ainsi que sur Poudlard et les alliances entre familles. Malicia savait qu'elle devrait se méfier des Serpentards, encore plus lorsqu'ils connaîtraient son statut. Elle s'était préparée à subir remarques désobligeantes, insultes, attaques ainsi que de la pitié et de la compassion. Avec les Olliways, ils s'étaient mis d'accord sur la raison de sa présence dans le château : il en allait de sa sécurité suite à l'assassinat de ses parents, tout deux de brillants sorciers, par des mangemorts. Ils avaient élevé leur fille unique malgré sa différence et lui avaient enseigné les bases de certaines matières qui n'avaient pas besoin de l'utilisation d'une baguette magique. Les O'connel étant réputés comme très tolérants, l'excuse convenait parfaitement. Bien sûr, leur pseudo-meurtre n'était qu'une couverture mais cela permettait une infiltration des plus directes dans ce monde qui rejetait en grande partie la différence.
Malicia s'allongea sur son lit. Sa valise était déjà prête, ils ne lui restaient plus que quelques livres à y mettre. Elle repensa à sa visite sur le chemin de Traverse. Ils y étaient allés en plein jour, ce qui l'avait pas mal perturbée. D'habitude Malicia y venait la nuit, par mesure de sécurité, et traitaient avec quelques commerçants qui avaient accepté de l'aider, dont Madame Guipure et Ollivander. Elle ne pourrait jamais suffisamment les remercier pour tout ce qu'ils avaient fait pour elle, à leurs risques et périls. Mais ça, c'était une autre histoire. Eux aussi étaient des alliés, à leur manière. Tout le monde était sur le qui-vive. Ce qui était compréhensible. Cette année, justice serait enfin faite, le meurtre de Salem Van Anders ne serait pas impuni. Et les Lestrange allaient payer pour ce qu'ils lui avaient fait. Tout se mettait progressivement en place. Tout d'abord, les Dolohov allaient tomber, puis le prestige des Avery serait entâché et enfin les Lestrange chuteraient ou tout du moins leur couverture au Ministère ne serait plus. La question qui torturait Malicia était celle à propos des Black. Elle savait que l'une des filles Black se marierait avec l'aîné des Lestrange. Cela engendrerait-il un obstacle ? Du peu qu'elle savait, Cygnus Black avait toujours détesté les Lestrange. Alors pourquoi ce mariage ? Serait-ce un moyen de mieux se rapprocher de son ennemi ? Cygnus Black avait l'air d'être un manipulateur né et tellement discret et subtil qu'il ne se faisait jamais prendre. Dans l'allée des Embrumes, elle avait entendu parler de Ragnar, un elfe particulièrement efficace en ce qui concernait de récolter des informations sur les autres. Et Ragnar était l'elfe attitré de Cygnus Black. Pouvait-elle les compter comme alliés ? Non, trop risqué. S'en tenir au plan, voilà ce qu'elle devait faire, et rien d'autre.
Malicia se leva de son lit et alla vers son bureau. Sur ce dernier se trouvait la Gazette du Sorcier et en première page s'étalait la « nouvelle du siècle » : une cracmole allait passer son année à Poudlard. Au grand dam des sorciers pro-sang-purs. Bien évidemment, il y avait eu pas mal de réaction, mais à sa plus grande surprise, elles étaient positives et soutenaient la décision du directeur. Il fallait avouer que la popularité des O'conel y étaient aussi pour beaucoup. Malicia n'en tint pas compte, ce qui l'intéressait était plus la seconde nouvelle, l'inculpation des Dolohov pour meurtre. L'article disait :
« Ce matin de 30 août 1969, nous avons appris l'inculpation d'une des plus éminentes familles de sang-purs, les Dolohov, pour meurtre. L'affaire aurait pu en rester là, si le meurtre en question n'avait pas concerné une autre des familles de sang-purs, les O'conel, famille très appréciée dans le communauté et à qui l'on doit les progrès de la médecine sur la régénérescence des cellules suite à un sortilège de magie noire. L'horreur a frappé la communauté sorcière qui s'est mise en deuil et a adressé ses condoléances à la fille unique du couple Eleonora Malicia O'conel, une cracmole qui pour sa sécurité va faire ses études à Poudlard cette année (pour plus d'informations se reporter à la page deux). Pour autant, il semblerait que de nouvelles découvertes aient infléchis le verdict du procès. En effet, certaines rumeurs évoquent l'implication des Dolohov dans la montée d'un certain Lord noir prônant l'extermination des nés-moldus et la suprématie des sang-purs (voir page cinq). Les Dolohov ont été condamnés à une peine capitale et ont ainsi été transférés dans le secteur A de la prison d'Azkaban... »
Malicia referma le journal, c'était tout ce dont elle avait besoin de savoir. Elle esquissa un sourire puis finit de boucler sa valise. La journée serait longue demain, il fallait qu'elle se repose. Elle se rallongea sur son lit et s'endormit.
Alors que Malicia ruminait ses pensées, dans le salon, sa famille d'accueil et l'auror chargé de l'affaire discutaient. Les Olliways étaient une ancienne connaissance d'Alastor Maugrey, et ce dernier voyait d'un très mauvais œil cette affaire et l'ampleur qu'elle semblait prendre. Alastor Maugrey était quelqu'un qui aimait avoir un certain contrôle en toute chose, pour parer à tous les risques possibles. Pour lui ce n'était qu'une précaution visant à limiter les imprévus ou bévues possibles, car il savait mieux que quiconque que lors d'une mission tout pouvait arriver. Et sur cette affaire, Maugrey n'avait que très peu d'éléments. Ce qui signifiait une marge de manœuvre quasi nulle. Il fallait donc qu'il en sache plus, et le seul moyen était d'interroger la « survivante » du massacre. Mais cette dernière semblait le fuir comme la peste. Il devait resserrer la surveillance de la jeune fille, plus pour découvrir les pièces manquantes de l'histoire que pour la sécurité de la demoiselle qui semblait être parfaitement capable de se défendre, ou plutôt de...disparaître. Mais sans preuve, Maugrey avait les pieds et mains liés. Et ses amis semblaient prendre très à cœur la défense de leur nouvelle protégée. Maugrey savait que depuis la perte de sa fille, Claudia essayait d'évacuer tout son chagrin en aimant de manière inconditionnelle les enfants qui lui étaient confiées, mais on n'avait pas idée de se lier aussi rapidement avec une inconnue. Surtout que celle-là était une parfaite inconnue, le seul lien véritable avec ses parents étant son certificat de naissance et quelques rares apparitions publics. Autant dire, rien du tout. Maugrey se méfiait de la jeune fille car il ne savait que ce que la jeune fille voulait qu'il sache, et ça, ça le mettait hors de lui. De plus, elle était à la charge de deux de ses plus proches amis, et il s'inquiétait réellement pour eux. Après tout, sa devise favorite était « vigilance constante ! ». La jeune fille lui apparaissait comme un cheval de Troyes, expression moldue qu'il avait apprise quelques années plus tôt et qui lui avait bien plu. Mais, jamais au grand jamais, Maugrey n'énoncerait ces théories à voix haute. Les temps à venir lui apparaissait bien sombres et il ne pouvait se confier à personne pour sa propre sécurité.
Maugrey n'ayant abouti à rien dans cette conversation décida qu'il était temps pour lui de partir, d'autant plus que la principale concernée s'était évaporée en cours de route. Il salua donc ses amis pour prendre congé et rentra chez lui. Une fois chez lui, il s'interrogea sur les doutes qu'il éprouvait envers la jeune fille. Après tout, elle était ce qu'il y a de plus banale, à l'exception faite de son regard. C'était d'ailleurs cela qui le dérangeait le plus. La jeune fille lui faisait ressentir un air de déjà-vu, mais il ne savait pas quoi. Le visage de la jeune O'conel lui était familier. Et pourtant, pourtant cela n'avait aucun rapport avec les O'conel... Non, ce visage lui évoquait Salem, sa chère et tendre Salem, l'une des seules à avoir fait battre son cœur...
Maugrey ferma les yeux un instant, retenant les larmes qui commençaient à affluer. Ce n'était que dans l'intimité de son bureau, que le chef des aurors pouvait laisser libre cours à ses faiblesses. Maugrey se dirigea vers une armoire et en sortit une boîte dans laquelle il conservait ses secrets les mieux enfouis. Après avoir procédé aux rituels nécessaires à l'ouverture de la boîte, il déposa sur la table face à lui le dossier non élucidé de l'assassinat de son amour à jamais perdu. Il n'y avait jamais eu que des soupçons et aucune inculpation. Les principaux suspects Lestrange et Dolohov avaient été relaxés faute de preuve. Beaucoup se doutait que les liens de ces deux familles avec le ministre de l'époque y avaient été pour quelque chose, mais personne n'aurait eu l'audace ou la stupidité d'aller contre le verdict. Maugrey ne les avait que plus haïs, mais il avait toujours su qu'un jour, il l'avait espéré à de nombreuses reprises, il arriverait à les faire chuter. Et si, cette inconnue débarquée de nulle part lui donnait ce qu'il espérait, alors il la laisserait faire. Car il sentait au fond de lui-même que quelque chose se tramait, que quelque chose avait déjà commencé au nez et à la barbe du ministère qui comme toujours pratiquait la politique de l'autruche.
Maugrey avait attendu bien attendu douze ans, il pouvait bien attendre quelques mois encore. Car cette fois-ci, il laisserait place à l'homme lésé qui avait perdu sa fiancée, et il enfermerait l'homme professionnel. Cette année serait la bonne, il le savait, il obtiendrait réparation. Et cette pensée le fit sourire.
A suivre...
