Note : Quand j'avais dit que la suite n'arriverait pas vite, je ne pensais quand même pas que je traînerais à ce point. La voici enfin, avec toutes mes excuses.


Chapitre 2

Seul dans son salon après une nouvelle journée passée à pester contre ceux des gardes qui, gens du commun adeptes des inepties égalitaires, rechignaient à obéir aux ordres d'un comte, fût-il leur supérieur hiérarchique, Lazare contemplait le portait miniature d'un jeune homme en uniforme d'officier de l'ancien régime. Le genre de portrait qu'on offre à sa mère ou à sa fiancée. Et que la fiancée fraîchement promue épouse n'est pas censée donner au témoin du marié comme pour se faire pardonner de lui enlever l'original. En partie. Surtout en apparence.

Parfois, Lazare se demandait combien de secrets inavouables se cachaient derrière les mines altières des nobles français et étrangers. Pour chaque rumeur infondée, combien de vérités insoupçonnées ? Pour chaque scandale avéré, combien de cas semblables restés strictement privés ?

Ce soir, pourtant, ce n'était pas aux autres qu'il pensait. Seulement à Léandre, le jeune homme du portrait. Il le revoyait assis dans le fauteuil qui faisait face au sien. Et il se voyait lui-même, à la place qu'il occupait présentement. Contrarié. Inquiet. Jaloux.

- Ne fais donc pas cette tête ! lui reprochait Léandre, souriant malgré tout. Tu sais parfaitement que Gabrielle est mon amie d'enfance et que ce sont nos parents qui nous ont fiancés. Ni elle ni moi n'avons la moindre intention de devenir mari et femme autrement que sur le papier.

Quelques secondes de silence, le temps pour Lazare de comprendre ce que ces mots signifiaient. En quelque sorte, c'était une promesse. Un serment de fidélité. Mais...

- Pourquoi vous marier, dans ce cas ? Ta mère n'en sera pas moins au désespoir de te voir sans héritier.

- Mais j'ai bon espoir d'en avoir un ! Certes, il ne sera pas de mon sang, mais il portera mon nom, et c'est bien là tout ce qui m'importe.

Choqué, Lazare avait encore mis quelques secondes à réagir. Puis il s'était emporté.

- Léandre, tu déraisonnes ! Comment peux-tu...

- Gabrielle sera discrète. Excepté toi et moi, elle et celui qu'elle choisira, personne ne saura rien.

Le ton calme, détaché, de Léandre, qui ne semblait même pas comprendre le problème, n'était pas fait pour calmer l'indignation de Lazare.

- Mais le titre et les terres de tes ancêtres... Tu les souilleras en les léguant au fils d'un autre !

C'était inadmissible, inacceptable, impossible. Sacrilège. Mais Léandre s'en moquait.

- Cet enfant sera le mien aux yeux de tous, Lazare. Tu as pourtant bien assez fréquenté la Cour pour savoir que seules les apparences y comptent.

Apparences de vertu alors qu'ils n'étaient évidemment pas les seuls à enfreindre les lois de la morale religieuse au nom d'un sentiment supérieur que les mariages arrangés malmenaient trop souvent. Apparences de richesse, aussi, alors que le pays croulait sous les dettes. Oui, c'était vrai, mais...

Les yeux toujours fixés sur le portrait, Lazare se demandait ce que Léandre lui dirait, maintenant, s'il pouvait lui parler. Ou plutôt il le devinait. Et il découvrit qu'il n'avait plus envie de s'en indigner.

Tout avait changé. La France devenait folle. Les propriétés qu'il avait héritées de son père risquaient à tout moment d'être saccagées par une bande de paysans révoltés. Sa mère avait fui, effrayée par les récits de violences infligées à d'autres nobles dames par des rustres assoiffés de vengeance contre des injustices dont elles n'étaient pas responsables. Il ignorait même où elle se trouvait.

Il finit par poser le portrait pour prendre une clochette, qu'il agita. En réponse, son valet apparut rapidement, attendant son ordre.

- Trouvez-moi l'adresse de monsieur Duplessis, premier commis du Contrôle général des finances.

Sa décision était prise.

x x x

Installée dans le fauteuil de sa chambre, en tenue négligée (c'est-à-dire sans corset, mais tout de même habillée), Olympe brodait un mouton sur un vêtement pour bébé. Ce choix semblerait sans doute incongru à beaucoup de gens, mais il avait pour elle une signification particulière : Ronan aimait les moutons. Le dessin d'un troupeau et de son berger, esquissé par le jeune paysan un soir où sa campagne lui manquait, faisait partie des quelques affaires que Camille Desmoulins, chez qui il habitait à ce moment-là, avait données à Olympe en souvenir de celui qui aurait dû devenir son mari. Elle avait basé sa grille de broderie dessus.

Un coup à la porte interrompit son travail. Sur son invitation, Lucile entra, avec une lettre qu'un valet venait d'apporter. Olympe posa son ouvrage et, en remerciant son amie, prit la lettre avec un peu d'appréhension. Ces derniers temps, les bonnes nouvelles étaient tellement rares qu'il était plus probable d'en recevoir de mauvaises.

Lucile hésitait à partir. Elle aussi devait s'interroger sur la provenance du message, mais n'était pas sûre d'avoir le droit de demander.

- Le comte de Peyrolles, l'informa Olympe sans savoir quoi en penser.

Mais Lucile, elle, avait son idée.

- Le bel officier ? Oh ! C'est une demande en mariage ?

- Mais non, voyons ! protesta Olympe avant même d'avoir vérifié de quoi il était question. Je t'ai bien dit que je le connaissais à peine et qu'il ne m'avait jamais montré le moindre intérêt.

- C'est peut-être parce qu'il le cachait bien, repartit Lucile, apparemment d'humeur taquine.

À moins qu'elle soit vraiment convaincue. Mais Olympe ne l'était pas.

- Toutes les grandes dames de la Cour ayant des filles à marier s'arrangeaient pour les mettre sur son chemin aussi souvent que possible, et certaines avaient bien assez de charme et d'esprit pour espérer lui plaire, expliqua-t-elle en espérant ne pas donner l'impression qu'elle les avait enviées (parce que vraiment, ce n'était pas le cas).

- Mais toi aussi ! s'écria vivement Lucile comme si l'idée qu'Olympe ne s'en rende pas compte la choquait.

- Et elles étaient toutes riches, ce que je n'ai jamais été, poursuivit imperturbablement l'intéressée.

- Peut-être qu'il l'est assez pour deux.

Décidément, Lucile avait réponse à tout. Pourtant, elle devait bien savoir qu'il restait un argument important.

- Je ne pense pas qu'il considère comme digne de lui la fille d'un simple gardien de prison. Encore moins maintenant que...

Olympe préféra laisser cette phrase en suspens, ce qui n'empêcha pas Lucile de comprendre, comme l'indiqua un coup d'oeil au ventre un peu rond que les plis de la robe ne suffisaient pas à cacher.

- Mais que veut-il, alors ?

Bonne question. Olympe parcourut rapidement des yeux les quelques lignes qui lui étaient adressées.

- Me parler de la Reine et des enfants, répondit-elle ensuite. Il les a vus.

- Et il ne pouvait pas te donner de leurs nouvelles par écrit ?

- Tu as raison, c'est étrange, admit Olympe après un instant de silence déconcerté. Mais peu importe. Je veux lui parler. L'ennui, c'est que je ne voudrais pas que ton père imagine la même chose que toi si je lui demande la permission de l'inviter à dîner.

Elle envisageait donc une rencontre secrète (malgré les risques de commérages si quelqu'un le découvrait) quand Lucile lui proposa une meilleure solution.

- Donne-lui rendez-vous aux jardins du Luxembourg. Maman te laissera bien t'éloigner avec lui comme elle me laisse m'éloigner avec Camille.

La comparaison impliquait que la mère de Lucile considérerait forcément aussi le comte de Peyrolles comme le soupirant de sa protégée, mais Olympe préférait tout de même cette idée à la perspective d'un dîner avec toute la famille. Elle accepta donc la suggestion et, moins d'une heure plus tard, la réponse qu'elle avait composée partit vers son destinataire.

x x x

Lazare marchait lentement dans une allée des jardins du Luxembourg, Olympe à son bras. Il allait encore passer pour son mari (ou au moins son prétendant), mais ce n'était pas un problème. Lucile, la jeune fille qu'il avait vue avec elle la semaine précédente, semblait penser qu'ils formaient un beau couple (elle n'avait rien dit devant lui, bien sûr, mais il l'avait aperçue chuchotant quelque chose à l'oreille de sa soeur avec le même air que les demoiselles de la Cour quand, aux bals, elles échangeaient des commentaires sur les cavaliers de leurs amies). Et c'était sans doute vrai... en apparence.

Comme Olympe, trop impatiente pour attendre qu'il aborde le sujet de lui-même, l'interrogeait sur la santé des membres de la famille royale, il lui dit que tout le monde allait bien (autant que possible dans une résidence imposée où tous se sentaient surveillés plutôt que protégés), ajoutant seulement qu'elle manquait aux deux enfants.

- Ils me manquent tellement aussi ! soupira-t-elle tristement. Mais... comment le savez-vous ? Vous leur avez parlé de moi ?

Lazare s'empressa de l'assurer que non.

- Vous aviez ma parole, je l'ai tenue. Mais j'ai entendu dire qu'ils demandaient encore parfois si quelqu'un savait où vous étiez. Et la Reine s'inquiète de vous également.

Olympe sourit - touchée, sans doute, que Marie-Antoinette elle-même se soucie encore du sort d'une ancienne sous-gouvernante après trois mois sans nouvelles.

- Dites-leur que vous m'avez vue, décida-t-elle presque immédiatement. Ainsi, ils sauront que je suis en vie. J'aimerais beaucoup les revoir mais...

Mais quoi ? Avait-elle peur de quelque chose ? De quelqu'un ? Ou était-ce sa faute à lui ? Il n'aurait jamais dû, le jour où il l'avait retrouvée, mentionner les rumeurs qui avaient couru après son départ.

Comprenant qu'elle craignait de devoir s'expliquer, ce qui l'obligerait soit à mentir soit à avouer qu'elle s'était engagée dans des amours coupables avec un homme du peuple, il proposa, à défaut de mieux, de l'emmener un jour se mêler aux curieux qui observaient le petit Louis-Charles quand il se promenait dans les jardins avec sa nouvelle gouvernante.

- Mais s'il me voyait... avança-t-elle, embarrassée, en baissant les yeux vers sa taille, à laquelle les ordres du médecin l'empêchaient désormais de donner un aspect proche de la minceur naturelle qu'elle commençait à perdre.

- Un enfant ne remarque pas ces choses-là.

Du moins semblait-il à Lazare que, à quatre ans, la seule idée qui puisse venir à l'esprit d'un petit garçon voyant une femme enceinte était qu'elle avait grossi. Selon toutes probabilités, le Dauphin en conclurait seulement que, malgré sa nouvelle vie sans luxe, Olympe ne manquait pas de pain.

- C'est vrai, ce n'est pas sa réaction qui devrait m'inquiéter, admit-elle, ayant probablement suivi le même raisonnement. Et, en fin de compte, je ne devrais même pas me soucier de ce que pensent les gens de la Cour, puisque je n'en fais plus partie.

- Mais un jour, peut-être...

- Non.

Le ton catégorique surprit Lazare. Persuadé qu'aucune personne bien née ne pouvait s'accommoder d'une situation telle que celle d'Olympe, il avait imaginé qu'elle aussi rêvait du jour où le cauchemar se terminerait enfin.

- Si la France reprenait ses esprits et que tout rentrait dans l'ordre, ne souhaiteriez-vous pas retourner à Versailles ? lui demanda-t-il, soudain moins confiant pour le projet qu'il avait prévu de lui exposer.

- Avec un enfant ? Ou pensez-vous que je l'abandonnerais pour aller supplier la Reine de me reprendre à son service ? (La voix d'Olympe tremblait d'indignation en évoquant cette possibilité.) Il n'est pas question de souhait, monsieur de Peyrolles. Quoi qu'il arrive, Versailles me restera toujours inaccessible.

- Pas nécessairement, insista Lazare. Si, dans deux ans, peut-être, vous paraissiez à la Cour avec un mari et votre enfant, tout le monde penserait que vous étiez partie à l'étranger, comme tant d'autres, au lieu d'aller rejoindre un révolutionnaire à Paris. Et vous devriez le faire. Les gens du peuple sont fous, vous ne serez jamais en sécurité parmi eux.

Olympe cessa de marcher, obligeant Lazare à s'arrêter aussi, et, laissant son regard errer vers les arbres aux feuilles jaunies par l'automne, répondit à voix presque basse.

- Encore une fois, vous semblez si persuadé qu'il me serait facile de trouver un mari... Et de partir, aussi. Comment le pourrais-je ? Je n'ai plus un sou. Ici, j'ai des amis qui m'aident. Ailleurs, je n'aurais rien.

- Comment pouvez-vous vivre de la charité de ces gens ?

La question était maladroite, Lazare s'en aperçut dès l'instant où il la prononça. Il voulut chercher un moyen d'en atténuer la portée mais Olympe, se retournant d'un mouvement vif pour lui faire face, lançait déjà un "Je n'ai pas le choix !" non moins vif accompagné d'un regard à faire pâlir de peur tout autre qu'un militaire aguerri.

- Et si je vous offrais un choix ? répliqua-t-il, saisissant l'occasion au vol.

- Leur charité ou la vôtre ?

Loin de la calmer, cette idée fit passer un nouvel éclair dans les yeux de la jeune fille. Lazare crut même un instant qu'elle allait le gifler.

- Non, il ne s'agit pas de charité, s'empressa-t-il de rectifier. Épousez-moi et...

Cette fois, la stupeur eut raison de la colère, et le regard étincelant de dignité offensée tourna à l'incrédulité la plus totale tandis qu'une voix balbutiante interrompait d'un "Pardon ? Vous n'êtes pas sérieux ?" l'informelle demande en mariage.

- Je suis très sérieux, répondit tranquillement Lazare. Mais n'ayez crainte, je ne compte ni prétendre vous aimer ni tenter de vous convaincre que vous pourriez oublier votre fiancé. Je vous offre simplement l'opportunité de sauver votre honneur et de vous mettre à l'abri des prochains débordements qui ne manqueront pas de secouer cette ville. Je quitte la garde nationale et je pars pour Londres. Si vous m'épousez, vous pourrez m'accompagner, et votre enfant portera mon nom.

Olympe le laissa parler, immobile face à lui, les yeux fixés sur les siens, apparemment toujours incapable de croire à ce qui lui arrivait. Quand il se tut, elle laissa le silence se prolonger pendant quelques dizaines de secondes avant de prendre la parole à son tour.

- Je... Je ne comprends pas, avoua-t-elle en secouant un peu la tête, l'air complètement perdu. Si vous ne m'aimez pas et n'espérez pas que je vous aime, quel intérêt pourriez-vous trouver dans un tel arrangement ?

C'était le point délicat. Lazare ne pouvait décemment pas tout lui expliquer. Il se limita donc à déclarer que lui aussi avait perdu quelqu'un qui lui était très cher et qu'il préférait ne pas entrer dans les détails, espérant qu'elle en déduise que le sujet était encore trop douloureux pour qu'il supporte de s'y attarder. Ce n'était d'ailleurs pas faux, même si le plus important était évidemment de la laisser imaginer qu'il s'agissait d'une femme.

- Et vous ne pouvez pas simplement décider de ne jamais vous marier ? répliqua Olympe sans qu'il puisse déterminer si elle se doutait qu'il lui cachait quelque chose.

- Je n'ai pas de frère et...

- Vous avez besoin d'un héritier ? termina-t-elle à sa place, de nouveau stupéfaite. Mais...

- Seules les apparences comptent, cita Lazare en se disant que, si Léandre pouvait l'entendre, il serait fier d'avoir réussi à le convaincre (et en deviendrait rapidement agaçant mais, bien sûr, Lazare aurait mille fois préféré cela au vide immense laissé par sa disparition). Si votre enfant est un garçon, il sera mon héritier.

- Et si c'est une fille ?

- Elle donnera l'impression qu'au moins, j'ai essayé.

S'apercevant que cette phrase contenait, sans qu'il l'ait voulu, un sous-entendu extrêmement déplacé, Lazare marqua un temps d'arrêt. Ce n'était pas le moment de choquer son interlocutrice. Mais Olympe s'était remise à contempler le paysage, semblant chercher au loin les mots qui lui faisaient défaut.

- Dois-je vous promettre de ne jamais oublier que notre mariage ne serait qu'apparences ? reprit-il, pensant qu'elle hésitait peut-être parce qu'elle ne pouvait pas croire qu'il n'ait aucune intention de finir par exiger qu'elle joue son rôle d'épouse jusqu'au bout.

- Je ne sais pas, dit-elle en tournant vers lui un visage qui ne cherchait pas à cacher sa confusion. Tout cela est tellement soudain, je...

- Je ne vous demande pas de réponse immédiate, la rassura-t-il aussitôt. Réfléchissez, et nous en reparlerons... dans une semaine ?

Olympe marqua son accord d'un simple signe de tête puis fit un pas dans la direction opposée à celle qu'ils suivaient précédemment. Son amie Lucile était toujours de ce côté, avec sa soeur Adèle, leur mère, quelques amies de celle-ci et maintenant deux hommes dont l'un devait être celui que Lucile attendait. Lazare n'était pas sûr qu'Olympe souhaite qu'il les rencontre.

- Ce sont des amis de votre fiancé ?

Olympe confirma ce soupçon, annonçant deux noms d'avocats connus pour leurs idées révolutionnaires : Camille Desmoulins (au bras duquel Lucile s'était déjà accrochée) et Maximilien Robespierre (qui offrait le sien à Adèle).

- Il serait sans doute prudent d'éviter de les laisser vous voir en ma compagnie, remarqua Lazare pour laisser à Olympe l'occasion de rejoindre les dames sans craindre de le vexer en prenant congé de lui si tôt.

- J'aimerais pouvoir vous assurer qu'ils ne m'en feraient aucun reproche, mais vous avez peut-être raison. Ils doivent être persuadés que j'ai définitivement changé de camp en quittant Versailles.

Certain de l'attachement d'Olympe pour la famille royale, Lazare n'aurait jamais imaginé une chose pareille, mais sans doute évitait-elle de trop parler devant ces gens-là de ceux qui lui manquaient, sachant qu'ils ne les appréciaient pas. Il fallait qu'ils soient bien naïfs pour ne pas s'en douter. Jugeant approprié de garder cette réflexion pour lui, Lazare préféra orienter autrement la fin de leur conversation.

- Mais vous restez fidèle à la Reine, tout comme je reste fidèle au Roi malgré ma décision de quitter le pays, commenta-t-il avant d'enchaîner sur un point qu'il tenait à rendre bien clair. Vous comprenez, n'est-ce pas ? Je ne fuis pas la Révolution, je pars avec l'espoir de la combattre de l'extérieur. Ici, je suis devenu inutile, et cette situation m'exaspère.

- Bien sûr, je comprends, l'assura aussitôt Olympe.

Et le sourire qu'ils échangèrent convainquit Lazare qu'il avait fait le bon choix. Si mademoiselle du Puget acceptait de devenir comtesse de Peyrolles, il aurait à ses côtés une alliée de compagnie agréable, peut-être même une amie.


Note : Au cas où quelqu'un se demanderait, Léandre a pour moi les traits de Gaëtan, l'un des danseurs qui représentaient entre autres les subordonnés de Lazare dans la scène "Nous ne sommes". Je l'ai choisi tout simplement parce que c'était déjà l'un de mes préférés dans le spectacle Cléopâtre, qui m'avait également inspiré quelques divagations de ce genre, avec Octave et un jeune soldat romain à qui j'avais donné le nom d'Aulus Maelius... Voici donc mon pseudo expliqué au passage (ou presque car, entre-temps, il y a eu l'étape Maël Romain, personnage de RPG, danseur, évidemment aussi représenté par Gaëtan).