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«A jamais un-contre-un !»
~Ficounette n°2~
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Elégamment assis sur mon lit, Kise, déjà en tenue de gala, m'observe patiemment et religieusement me débattre devant la glace de ma penderie. Son rictus, difficilement pincé, me laisse imaginer fortement que cet enfoiré se fout intérieurement de ma gueule. Faut-il que je l'aime pour ne pas lui démonter la tronche à cette audace !
- « Putain ! Fais chier cette merde ! » grommèle-je, zyeutant furtivement le reflet du crâne de piaf, me servant de mec, pour savoir si mon sous-entendu, finement voilé, a été suffisamment assimilé afin d'engendrer la réaction adéquate.
« A quoi ça sert que j'en foute une ? » poursuis-je, balançant rageusement et piétinant de bon cœur la récalcitrante étoffe.
Voilà un bon quart d'heure maintenant que je m'empêtre dans le nouage de ma cravate. Et croyez-vous que Monsieur Top-Model bougerait son magnifique petit cul pour m'aider ? Non, évidemment ! Ce crevard préfère se marrer tout son saoul. Je saurais m'en souvenir, en temps utile.
- « Un jour, faudrait que t'apprennes à la nouer. » se décide-t-il, enfin, à me secourir avec ce bordélique tissu qu'il saisit soigneusement après s'être outrageusement penché au point de révéler son sublime et aguichant cul.
Détrompez-vous, je ne suis absolument pas obsédé ! C'est juste qu'il n'y a pas idée d'être aussi parfaitement gaulé ! Lamentable, j'ai tout d'une hystérique et harceleuse fangirl là !
- « Ca pourrait-être utile. » m'assure-t-il, l'époussetant délicatement d'une main majestueuse, avant de me le repasser, radicalement, autours du col.
Maudit baka qui, au passage, se frôle lascivement, ondule impudiquement contre moi. Effleurant, caressant, stimulant mes muscles bien trop réactifs et sensibles à son touché. Sérieux, s'il croit me faire oublier son ignoble fou rire, quant à mon immense et tragique malheur, en m'allumant de la sorte, c'est mal me connaitre ! Ouais, enfin presque …
- « Me permets-tu de te passer la corde au cou ? » sourit-il suavement, laissant filtrer une once d'impertinence, joliment couplée à sa sensualité naturelle, qui m'occasionne direct « la » réaction malvenue au niveau du tombé du pantalon.
Réflexion faite, je pourrais fortuitement omettre sa moquerie déplacée quelques minutes. Juste le temps d'une piqûre de rappel, pour lui démontrer qui est le meilleur ici. Qui est le roi à l'un-contre-un. … Sauf qu'en trois seconds chronos, ma gueule d'ange a su maitriser mon redoutable et perfide adversaire ! Dommage, je me sentais dans une forme exceptionnelle pour une savoureuse rencontre improvisée au sommet.
- « Dois-je recommencer à t'éblouir par mon talent ? » me bassine-t-il, un brin impertinent et railleur à mon oreille échauffée, dénouant habilement d'une seule main le bout de tissu, redevenu nonchalamment pendant, pour m'enseigner sa foudroyante technique.
Ouais bon, pas de quoi fanfaronner ! Absolument rien d'exceptionnel pour un mannequin. Chez lui, c'est inné. L'art et la manière d'amadouer le textile, c'est son gagne-pain. … Ou, pareille dextérité serait-elle le reflet de sa hâte à admirer Akashi Seijuro en concert ? Quinze jours qu'il me tanne avec ce soi-disant soliste virtuose. Akashicchi par-ci, Akashicchi par-là. A croire qu'il le vénère plus que moi, son propre mec ! Quoi ? Moi, jaloux ? Non, j'ai trop d'assurance pour être si faible.
Excepté ce détail irritant, je me demande franchement pourquoi j'y vais. La musique classique, ça m'emmerde prodigieusement ! Je suis assuré de me faire formidablement chier tout au long de la soirée. A moins de tomber de sommeil aux premières notes de violon. J'y peux rien, ça me gave. Je déteste !
Plus encore quand c'est ce sadique, doublé schizophrène dictateur, qui donne un récital ! J'en ai soupé de lui à l'époque de Teiko. Moi, le respecter ? Jamais je n'ai pu le blairer ce prodigieux con. L'infime marque de respect n'était que simulacre ! Comment aurait-il pu en être autrement ? Surtout avec ces suspicieux yeux vairons matant, sans vergogne, mon mec !
Kise était littéralement envoûté. Subjugué par l'œil d'or qu'il estimait quasi comme un signe du destin, stipulant qu'ils étaient étroitement liés. Pour un peu, hypnotisé, il se serait totalement abandonné à lui, corps et âme. Et, le fait qu'à cette période nous n'étions pas ensemble ne change rien à l'affaire ! … Putain de merde, si ça ne tenait qu'à moi, ce rouquin attendrait longtemps !
- « Au lieu de rêvasser, regarde-moi ! Mémorise ! » souffle ma gravure de mode, légèrement agacé devant mon air absent.
La discrète impatience voilant sa voix, qui ne saurait plus m'échapper dorénavant, me fait clairement entrevoir que notre ancien capitaine est sa priorité du jour. Ok, ce minuscule porc-épique nous a conduit, plus d'une fois, à la victoire, mais y a pas de quoi s'extasier. Le meilleur, ça a toujours été moi, dans cette foutue génération des miracles !
- « Pourquoi ? J'ai l'homme parfait pour ça. » lui susurre-je, mon rictus arrogant ancré aux lèvres, pas mécontent de son coup de pouce et profitant éhontément de notre rapprochement pour enlacer suavement sa taille ferme et étroite entre mes mains quémandeuses, affamées.
Aussitôt, mon compliment provoque une ravissante rougeur sur ses pâles pommettes. … Ou alors, est-ce la flagrante manifestation du même désir qui nous consume ? Est-il victime du même embarras au niveau de l'aine ? Ca émoustille davantage ma libido qui me martèle de le soumettre, ici et maintenant. Kise n'a rien d'un ange lorsque nous « jouons » sous les draps, et en cet instant, je pourrai jurer qu'il a autant envie de moi que moi de lui. Marrant comme auprès de lui, ma lassitude et ma paresse s'envolent !
- « Aominecchi ... » fredonne-t-il, loin de réprimer ou rabrouer mes attouchements nettement accentués au fils des secondes.
« … déjà … en retard. » balbutie-t-il péniblement, tirant néanmoins sauvagement sur ma cravate, enfin nouée, pour la tester et amener impérieusement mon visage à hauteur du sien.
« Pas le temps d'un un-contre-un serré. » regrette-t-il, abandonnant pourtant sur mes lèvres humides un bref baiser suggestif que j'aurais aimé poursuivre et approfondir pleinement.
Bordel, moi aussi je sais être un prodige de la « baguette » ! Pas de quoi tomber en pamoison devant ce satané vicieux d'Akashi. Des sérénades, je lui en joue autant qu'il le désire ! Aucun besoin de me supplier, je m'y plie volontiers ! … Et n'allez surtout pas croire que je suis piqué dans ma fierté à cause de l'avorton !
- « T'inquiète pas, grognoncchi ! A mes yeux, jamais Akashicchi ne sera à ta hauteur. » me certifie-t-il, d'une voix savamment doucereuse accompagnée d'un radieux sourire qui m'ébranlent et me touchent en plein cœur, semblant avoir deviné mon intime et gênante pensée.
« Ni lui, ni personne. » conclut-il, d'une voix désormais emprunte de sérieux et de conviction.
Détermination, n'ayant rien à envier à l'entêtement dont il a fait preuve durant le match contre Kagami, qui semble avoir efficacement évincé sa fébrilité passagère. Y a pas, j'adore ses différentes facettes. Et croyez-moi, Kise a oublié d'être idiot ! Il sait parfaitement me manipuler pour obtenir n'importe quoi de moi. Ouais, l'un des rares êtres vivants, si ce n'est l'unique !, à savoir m'attendrir, m'affaiblir ainsi !
- « Pressons-nous, ou tu vas rater ton maudit et mortel concert ! » bougonne-je, pour la forme, l'emmitouflant soigneusement dans mon écharpe, tandis qu'il revête son long manteau, afin qu'il ne chope pas froid sur le chemin.
Admirer son visage rougi est délectable mais déplorer un refroidissement de son corps serait fâcheux ! Particulièrement avec le planning chargé que j'ai programmé à notre retour ici. Si les classiques notes musicales d'Akashi vont naïvement le charmer, mes bestiaux gémissements rauques vont diaboliquement le terrasser. Le menant tout droit au paradis. La modestie ? Inutile pour un Dieu !
- « Tellement attentionné. » chuchote-t-il, m'adressant son éternel clin d'œil taquin, joignant tendrement nos mains gantées avant de les dissimuler dans ma large poche de gabardine en cuir. Geste qui a tôt fait de nous coller intimement et me séduire définitivement lorsque je sens une infime caresse.
Alors bande de malins, selon vous, comment suis-je censé résister à cette terreur des défilés ? A ce bourreau des cœurs, provoquant à son insu des ravages dont peu de mes rivaux ont survécu ? Dernier point qui, je vous l'accorde, me soulage sacrément. … Vraiment, faut-il être crédule pour le croire innocent et sage ce beau diable !
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********** A suivre ? **********
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Note : Le premier volet n'a pas trop motivé, semble-t-il, pourtant je ne perds pas espoir que celui-ci séduise plus (malgré ses pointes shamallowesques). Sincèrement, êtes-vous prêt à détruire l'espérance d'un chaton aux noeil-noeils de chat-potté ? ^^
Dernière question : estimez-vous le rating adéquat ? Dois-je le transformer en M ? J'arrive jamais à calibrer. u_u'
En attendant de lire vos réactions, j'adresse un gigantesque merci à mes deux supportrices ! *v*
A bientôt … ou pas ! ^^
