*s'incline bien bas*
Pardon, pardon, pardon pour cette si longue attente. Mais voici enfin le chapitre 4, qui est deux fois plus long que les autres, j'espère que ça suffira pour me faire pardonner.
RAR: Elles arrivent dans la soirée ou demain.
Bonne lecture ^_^
L'entremetteuse – Chapitre 4
- Comment tu as su que tu étais amoureux de maman?
Et bien nous y voilà, pensa le sheriff.
Ceci dit, il n'avait pas imaginé que son fils aborderait le sujet directement, il le voyait plutôt passer par un chemin détourné. Il devait sans doute avoir déjà suffisamment cogité de son côté pour être aussi sûr de sa question.
Le père réfléchit à sa future réponse, se leva, laissant son fils face à son bol de céréales, revenant quelques instants plus tard avec dans les mains, un ancien album de lycée qu'il posa sur le comptoir face à eux. Il s'installa auprès de son rejeton ouvrant le livre sur une page où plusieurs photos de jeunes gens s'étalaient.
- Voici ta mère, dit l'aîné en montrant le portrait d'une jeune femme brune aux yeux noisette, qui devait être à peine plus jeune que Stiles en cet instant.
C'est ce moment que choisit Tsuki pour sauter des genoux de l'hyperactif, atterrissant à côté de l'almanach — évitant de justesse le déjeuner de son maître — reniflant le bouquin d'un air intéressé, et plus particulièrement l'image qui représentait Claudia.
- Comme elle était belle, n'est-ce pas Tsuki, dit le jeune homme d'un air admiratif, tout en caressant la tête de la chatte qui répondit d'un petit miaulement.
- C'est vrai, ajouta l'autre homme qui les observait, d'un ton rêveur. Mais au début j'étais loin de ne penser que cela d'elle…
Stiles rattrapa la boule de poils d'une main, la replaçant sur ses cuisses, mais cette dernière continua de regarder ce qui se passait, les yeux dépassant légèrement de la surface carrelée.
- C'est-à-dire? Demanda curieusement Stiles.
- Chaque chose en son temps fils, laisse-moi raconter, tu veux bien? Dit John, un rictus amusé au coin des lèvres.
L'adolescent acquiesça, remplissant sa bouche d'une nouvelle cuillère de sa mixture, observant son père tourner les pages. Il s'arrêta soudain, pointant du doigt une autre photo en noir et blanc.
- Et ça c'est moi, dit-il fièrement, faisant à moitié recracher sa bouchée à son fils.
- Wow, p'pa! Sérieusement?
- Oui sérieusement, pourquoi? S'indigna l'intéressé.
- Et bien, je ne te voyais pas aussi… — l'adolescent chercha un mot qui ne vexerait pas trop son paternel — beau? Fini-t-il par dire d'un ton peu sûr de lui.
- Ah bein merci, c'est charmant, rétorqua le plus vieux, un faux air outré sur son visage buriné.
Il donna une petite tape à l'arrière de la tête de Stiles, faisant cracher quelques gouttes de lait à ce dernier, qui finit par repousser son bol, renonçant à le terminer. S'étant faite éclabousser par le mélange lacté, Tsuki avait sauté à nouveau à côté du livre, puis s'était assise un peu plus loin pour nettoyer les dégâts sur sa fourrure, semblant écouter la conversation des deux humains.
- Je… je disais ça dans le sens que t'étais particulièrement canon, tu me fais penser à De…, une gravure de mode, rectifia-t-il à la dernière seconde, sentant ses joues chauffer légèrement.
Mais le début de lapsus révélateur n'avait pas échappé au policier, lui amenant un doux sourire sur les lippes. Il décida de continuer, espérant que ce qu'il allait apprendre à sa progéniture allait définitivement lui ouvrir les yeux.
- J'étais capitaine de l'équipe de Lacrosse à l'époque, ajouta le père après avoir tourné la page, montrant du doigt une image de la team en question. Et je dois dire que j'attirais pas mal le regard des filles…
- P'pa! Évites moi les détails tu veux bien, répliqua le jeune homme, la mine légèrement choquée.
- Mais je n'en profitais pas pour autant! S'indigna John, levant les yeux au ciel. Bref… — il feuilleta à nouveau le bouquin, apparemment à la recherche de quelque chose de précis, s'arrêtant soudain sur une photo de groupe — voilà! Ta mère, elle, faisait partie des petits génies scientifiques — il avait insisté sur les derniers mots en utilisant un ton un peu hautain.
- C'est une tare? Demanda Stiles les sourcils froncés de contrariété.
- Bien sûr que non! Enfin… disons qu'à l'époque, si! Dit le sheriff d'un air ennuyé. Bon, tu vas me laisser te raconter, oui ou non?
- Ok ok, dis l'adolescent, levant les mains en l'air en signe de capitulation.
- Bien! Donc… ta mère et moi, quand nous avions à peu près ton âge, évoluions dans deux mondes différents, et on ne peut pas dire que ces deux univers faisaient bon ménage. C'était même plutôt le contraire! Claudia et les autres petits génies considéraient les sportifs comme des mecs sans cervelle, qui ne savaient que faire la fête et profiter des filles grâce à leur popularité. Et à contrario, les sportifs jugeaient les scientifiques comme des élèves coincés, qui ne savaient que rester le nez dans leurs bouquins et faire les fayots auprès des profs. Alors même si je trouvais ta mère très jolie, je la jugeais froide, autoritaire, pimbêche au possible et prétentieuse, toujours à faire sa maligne avec ses bonnes notes…
Le sheriff s'autorisa une interruption, mais leva vite la main pour empêcher son fils d'ouvrir à nouveau la bouche quand il le vit, un air irrité sur la face, essayer une fois de plus de commenter ses dires.
- Toujours est-il que nous nous entendions très mal elle et moi. Chaque cours que nous avions en commun, on finissait souvent par se lancer des piques, ne nous occupants même plus de nos professeurs ou des autres élèves qui nous entouraient et on finissait à coup sûr chez le principal. Le seul qui arrivait à nous fermer notre clapet était notre prof de chimie, Mr. Ackermann.
John se leva pour se resservir un café, profitant de la pause pour replonger entièrement dans ses souvenirs…
Ce jour-là, Mr. Ackermann – grand brun à la carrure de rugbyman – avait pris une décision qui allait radicalement changer la vie du jeune John Stilinski.
- Suite à la catastrophe provoquée par Mr. Stilinski à mon dernier cours, afin d'assurer notre sécurité à tous et dans l'espoir aussi d'améliorer vos notes peu brillantes, j'ai décidé de former moi-même les binômes pour votre exposé de fin d'année, avait proclamé le prof faisant s'élever dans la classe une marée de protestations. SILENCE! Rugit-il.
Et il commença la répartition, faisant soupirer les élèves qui se levaient pour rejoindre leur futur coéquipier. Quand vint le tour de John, ce dernier manifesta bien entendu son mécontentement, mais il n'était pas le seul.
- Mr. Stilinski avec Mlle Barnes.
- Quoi? S'insurgèrent les deux intéressés.
- Un problème? Demanda Ackermann avec un regard les défiants de manifester leur contrariété.
- Non, m'sieur! Répondirent les deux jeunes en baissant les yeux face à l'œillade menaçante de la montagne de muscles.
John se leva pour rejoindre la place à côté de la jolie brune, qui le regarda d'un œil noir quand il s'installa, pas plus réjoui qu'elle à la perspective de devoir la côtoyer pendant et en dehors des cours.
Quand l'enseignant eut terminé l'attribution des paires, il reprit la parole, élevant la voix afin que les adolescents se taisent.
- Bien, comme vous pouvez le constater, les duos ont été constitués en fonction des points forts et des points faibles des uns et des autres dans un souci d'équité. La journée sera terminée d'ici quelques minutes, je vais donc vous demander de venir près de moi avec votre binôme, afin de vous attribuer le sujet et le temps que devra durer votre exposé. Vous aurez un mois pour le préparer, avant qu'un tirage au sort ne désigne votre ordre de passage.
Le pédagogue fit le tour de son bureau pour s'y asseoir, pointa du doigt un premier groupe composé de deux filles, qui s'avancèrent vers lui d'un pas trainant. Il leur présenta deux coupelles en verre remplies de petits papiers pliés, leur expliqua que l'une contenait les sujets d'exposé et l'autre des durées différentes allant de dix à vingt-cinq minutes. Les adolescentes piochèrent, déplièrent et eurent l'air soulagées de leur tirage. Ackermann nota les informations nécessaires dans un calepin, fit sortir les deux premières étudiantes, appela le groupe suivant et ainsi de suite. John Stilinski et Claudia Barnes furent les derniers à ramasser leurs sacs pour rejoindre l'instit à son pupitre, ils récupérèrent les deux derniers petits billets et Claudia énonça le sujet à traiter.
- L'hydro-distillation, dit-elle en tendant le papier au professeur.
- Pendant… vingt-cinq minutes, précisa John d'un air déjà découragé à cette perspective.
- Excellent thème, je suis certain que vous arriverez très bien à nous l'exposer si vous travailler de concert et en laissant vos griefs respectifs de côtés.
Les deux étudiants s'éloignèrent vers la porte en maugréant, se lançant des regards meurtriers ne cachant pas le moins du monde leur avis sur la question.
- Attendez, héla le professeur, faisant se retourner les deux jeunes. Je vais vous donner un petit conseil malgré tout, dit-il en remballant ses affaires dans son attaché-case. Votre sujet est un des plus faciles à exposer de par ses nombreuses applications. Mais vous allez devoir en parler durant vingt-cinq minutes. Donc comme je ne suis pas le seul à devoir écouter, je ne peux que vous suggérer de trouver un thème suffisamment attrayant pour susciter l'intérêt de vos camarades. Je suis certain John, que si vous vous creusez un peu la tête, vous trouverez l'idée parfaite pour cela, ajouta Mr. Ackermann avec un regard insistant envers l'adolescent. Sur ce, bonne fin de journée à tous les deux, fini-t-il en passant devant eux pour sortir de la classe.
- Je te préviens Stilinski, ces notes sont super importantes pour moi, je te conseille de ne pas faire foirer l'exposé à cause de ton incompétence et de ta profonde bêtise! T'auras intérêt à suivre mes instructions et peu importe ce qu'Ackermann a dit, je choisirai le sujet moi-même, c'est plus sûr!
Pendant tout son monologue, la jeune fille ne s'était même pas rendue compte que John ne l'écoutait absolument pas, trop occupé à essayer de comprendre ce qu'avait sous-entendu son professeur. Et le visage du jeune homme s'illumina!
- T'as écouté ce que je t'ai dit? Demanda Claudia, les poings sur les hanches.
- Non, répondit John sans se préoccuper de l'air offusqué de son interlocutrice. Tu sais où j'habite? Lança-t-il soudain, faisant sursauter Claudia.
- Oui, mais…
- On se retrouve chez moi à dix-sept heures, lui lança-t-il en partant précipitamment, laissant la jeune fille abasourdie.
Malgré sa réticence, Claudia se présenta bien à la maison des Stilinski à dix-sept heures, et John la conduisit directement dans le garage, la tirant par la main, sans explications et en ignorant ses protestations.
- Bordel Stilinski, où est-ce-que tu m'emmènes?
- Tu verras, j'ai trouvé l'idée parfaite pour notre exposé, dit-il avec un grand sourire en s'arrêtant devant une forme recouverte d'un vieux drap miteux.
- En quoi un vieux tas de chiffons puants peut nous aider? Demanda-t-elle, sarcastique, croisant les bras sur sa poitrine.
- Pas le drap! Ce qu'il y a en dessous, répondit John en levant les yeux au ciel.
Le jeune homme tira sur la toile grisâtre, découvrant ainsi la merveille qui s'y cachait et faisant s'écarquiller les yeux de Claudia.
- Waow, magnifique! Je peux, dit-elle, demandant l'accord d'un regard brillant.
- Bien sûr!
L'adolescente posa le bout de ses doigts sur le métal froid, caressant la surface lisse qui malgré les années avait gardé quelques reflets cuivrés.
- Je te présente Rowena, commenta le jeune Stilinski. C'est mon arrière-grand-père qui l'a fabriquée il y a des années, avec le grand-père de Mr. Ackermann, c'est pour ça qu'il m'a fait sous-entendre que je pouvais trouver "l'idée parfaite".
John s'appuya nonchalamment sur le vieil établi derrière lui, regardant la brune tourner autour du montage en cuivre et lui faisant un sourire qui se voulait charmeur.
- Remballe ton sourire enjôleur Stilinski, ça marche pas avec moi! Répondit-elle en agitant sa main vers le jeune homme.
- Rassures-toi, tu ne m'intéresses absolument pas, mais avoue quand même que tu es impressionnée, insista-t-il.
- Ok, il est vrai qu'avec une aussi jolie distillerie, il y a moyen d'obtenir les meilleures notes d'exposé, j'admets donc que je suis légèrement épatée. Mais encore faudrait-il avoir l'autorisation de l'utiliser…
- Pour mon père, c'est déjà réglé, il est d'accord. Par contre étant donné qu'on va fabriquer de l'alcool, même en petite quantité, il va falloir demander l'aval des autorités.
- Ça je m'en charge, mon père est adjoint du sheriff, je lui demanderais une dérogation spéciale. Par contre, même si tu fournis l'idée et le matériel, je te préviens que je ne te laisserai pas te reposer sur tes lauriers de sportifs.
- Hé ho, c'est pas parce que j'ai de moins bonnes notes que toi et que je fais du sport que ça implique que je suis un fainéant ou un inculte. Tout le monde n'a pas le cerveau d'Einstein sous le capot hein, y en a qui doivent fournir des efforts pour y imprimer quelque chose! S'énerva John.
- M'agresse pas comme ça tu veux! Grogna la brune en pointant l'autre du doigt.
- Non, mais je rêve! Tu me donnes des ordres et c'est toi qui te sens agressée, dit le jeune homme en se passant une main lasse sur le visage. Ecoute Claudia, je n'ai rien de particulier contre toi et je sais encore moins ce que tu me reproches pour être aussi inamicale avec moi, mais ce que je sais c'est qu'on va devoir collaborer plusieurs semaines. Alors je serais d'avis qu'on enterre la hache de guerre, finit-il en lui tendant la main.
La jeune fille sembla hésiter, observant l'autre comme pour essayer de discerner une arnaque quelconque dans sa démarche, mais vu le sourire – qui paraissait plus que sincère – du brun, elle se décida à serrer la main tendue, scellant la fin des hostilités.
Dès le lendemain, les deux adolescents mirent réellement leur animosité de côté. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités locales – la condition étant de détruire l'alcool produit dès la fin de l'exposé avec Mr. Ackermann comme témoin – ils commencèrent la première étape de fabrication en suivant le manuel d'instruction de l'arrière-grand-père de John.
Tous les deux jours environ, week-end inclus, ils se retrouvaient chez le jeune homme pour noter toutes leurs observations sur l'évolution du moût, la fermentation, …, photographiant les moments clés afin de recueillir tout ce qui était nécessaire et utile pour leur rapport de fin d'année.
Au fil des semaines, les deux jeunes avaient appris à se connaître, avaient découvert chez l'autre des traits de caractère, une personnalité qu'ils ne soupçonnaient pas. Ils s'étaient trouvé des centres d'intérêts communs, avaient même passé quelques soirées devant de bons films, grignotant du popcorn en se chamaillant gentiment. Finalement, les piques acerbes s'étaient transformées en sarcasme et en taquineries, l'animosité en sincère amitié.
Mais ils commençaient à craindre le moment où ils auraient terminé leur travail en commun: continueraient-ils de se voir ou allaient-ils s'éloigner et repartir chacun de leur côté? Au fond d'eux, les deux adolescents nourrissaient l'espoir que cette nouvelle amitié dure et même, pourquoi pas, se transforme en un peu plus.
Alors un vendredi soir, quelques jours à peine avant la date où ils devaient rendre leurs travaux et les exposer devant la classe, l'un des deux se lança alors qu'ils étaient assis côte à côte à la table basse du salon Stilinski.
- Heu… Claudia, je voulais te demander… commença John d'un air timide.
- Oui? Demanda la jeune fille en relevant la tête de ses notes.
- En fait… tu sais que demain je joue mon dernier match de l'année?
- Moui, acquiesça la brune en mâchouillant son stylo.
- Je voulais te demander si ça te dirais de venir avec moi… dit-il en se grattant l'arrière du crâne. Pas pour le match, se reprit-il, je sais que tu n'aimes pas trop le sport. Mais après, on pourrait… je sais pas… aller boire un verre?
- Mr. Stilinski, seriez-vous en train de m'inviter à sortir? Dit Claudia d'un air malicieux.
- Tu accepterais si c'était le cas? Dit John, toujours mal à l'aise.
Pour seule réponse, Claudia se pencha et posa ses lèvres à la commissure de celles du jeune homme, qui se mit immédiatement à rougir, de la fumée aurait presque pu sortir de ses oreilles, comme dans les dessins-animés. Puis la jeune femme rangea ses affaires dans son sac et se leva, un sourire mutin au coin de la bouche.
- J'ai beau ne pas trop aimer le sport, je ne raterais ce match là pour rien au monde. On se retrouvera au bas des gradins?
- Heu, oui, oui bien sûr! Se précipita John encore à moitié sur son nuage.
Et il regarda la brune quitter sa maison, refermant doucement la porte derrière elle.
Tous ces souvenirs dataient de plus de vingt ans, pourtant ils étaient encore bien précis dans la mémoire du sheriff Stilinski, qui fut sorti de ses pensées par la voix de son fils.
- Donc vous n'avez pas vraiment eu le coup de foudre? Demanda Stiles.
- Non, on s'entendait comme chien et chat, mais après avoir pris le temps de nous connaître l'un l'autre un lien s'est créé, et les sentiments n'ont pas mis longtemps à se mêler à tout ça, conclu simplement John, vidant le fond de sa tasse. Mais pourquoi ces questions tout à coup? Il y a quelqu'un dont tu penses être amoureux? Demanda-t-il, intéressé.
- Je… je ne sais pas trop en fait, c'est pour ça que je te demandais. Je n'arrête pas de me poser des questions par rapport à cette personne. On a aussi une relation assez… conflictuelle, on se bouffe le nez sans arrêt. Enfin un peu moins ces derniers temps, confia-t-il comme pour lui-même. Malgré ça, je sens bien qu'on s'apprécie, qu'on est de plus en plus proche et j'éprouve une certaine attirance que je n'arrive pas à m'expliquer. C'est tellement différent de ce que j'ai toujours ressentit pour Lydia… Et surtout, je sais pas si ça pourrait être réciproque, il est tellement... Je suis perdu papa, fini-t-il en s'affalant sur le comptoir de la cuisine, ne se rendant pas compte du petit élément si important qu'il venait de glisser dans la conversation.
Tsuki voyant le mal-être de son maître, vint glisser son museau contre les doigts fins qui se faufilèrent automatiquement dans son cou, caressant délicatement la fourrure rousse. Il se redressa en attrapant le félin, laissant son nez aller se nicher à cette endroit doux qu'il venait de câliner. L'odeur de la petite peluche l'apaisait, ou était-ce cette senteur musquée qu'il ne lui connaissait pas et qu'il reconnut comme étant celle de Derek. Elle s'était sans doute transférée sur le pelage du chat lorsqu'il s'était blotti sur le torse du loup, pensa l'adolescent. Il se remémora ce mec canon, allongé sur son lit, endormi, un air si paisible sur le visage. C'était tellement rare de voir Derek aussi détendu, tellement serein, il avait eu ce privilège et maintenant il se disait qu'heureusement que le fils Hale l'avait empêché d'envoyer cette photo aux autres. Il réalisait qu'il voulait être le seul à pouvoir admirer le lycan de cette manière si… intime.
- Eh bien! Lança John, faisant sursauter le brun. Peut-être devrais-tu en parler avec… lui? Dit-il, appuyant sur le dernier mot d'un air innocent.
- Hein… articula Stiles, redressant la tête violemment. Qu… Je… Tu… Mmmpf! Souffla-t-il en se passant une main sur le visage.
- Relax fils! Pouffa John face à l'air perdu de l'ado. Je sais que tu n'es pas gay, c'est juste qu'avec Derek c'est différent…
Cette dernière phrase finit d'achever le pauvre Stiles, son père venait d'assener le coup de grâce, lui grillant les derniers neurones encore actifs. Alors que son fils se décomposait littéralement sous ses yeux, reposant Tsuki sur le plan de travail, l'aîné Stilinski voulu le rassurer.
- Derek est un homme bien tu sais, je suis sûr qu'il tient beaucoup à toi. Pourquoi penses-tu qu'il vient si souvent ces derniers temps? Questionna franchement le père.
- Il vient uniquement voir où en sont mes recherches sur Parrish…
- Cinq soirs par semaine et en passant la nuit au pied de ton lit? L'interrompit le plus âgé, les sourcils relevés. Sérieusement Stiles! Tu es intelligent, mais dès que ça te concerne d'un peu trop près tu perds tout discernement, constata le sheriff en secouant la tête, acquiescé par un miaulement de la boule de poils qui les observait toujours.
- Mais Derek n'est pas…
- Quoi? Derek n'est pas gay? Et alors? Toi non plus… Qu'est ce qui te pose problème au juste, fiston?
- C'est pas que ça me pose problème, c'est cette situation, je ne comprends pas pourquoi je ressens ça pour lui… alors que mes sentiments soient partagés, ça me paraît juste… improbable.
- L'existence des loups garous me semblait impossible et pourtant, c'est bien réel. Et puis pourquoi cela serait-il vraisemblable de ta part et pas de la sienne?
- Peut-être parce que je n'ai eu qu'une fille dans ma vie, qui en plus m'a largué, et que lui en a eu plusieurs? S'emporta le jeune homme, gesticulant sur son siège. Ou parce qu'on ne peut pas vraiment nous comparer… Il est canon, super musclé, courageux, discret, sûr de lui et j'en passe! Alors que moi je suis invisible, chétif, maladroit, bavard, sans compter mon hyperactivité… Fini-t-il, se démoralisant un peu plus à chaque argument qu'il énonçait.
- Si tu veux vous comparer il faudrait au moins que ton analogie soit équitable. Tu ne fais que confronter les points forts de Derek avec tes points faibles, et encore, ils sont loin d'être incontestables vu que tu n'es pas le moins du monde objectif. Je suis sûr que si tu y regardes de plus près, tu te rendras compte que ce que tu penses n'est pas forcément ce que tu vois…
Stiles le fixait, ne semblant pas comprendre où son père voulait en venir, alors ce dernier continua.
- Je pense que ton subconscient t'empêche d'ouvrir les yeux sur qui est vraiment Derek, tu es aveuglé par ce que tu éprouves pour lui, et tu l'imagine sans failles et sans défauts. En réalité c'est un homme comme un autre, le fait qu'il soit un loup-garou ne change pas l'humain qu'il est au fond: sensible, fragile, torturé par ses erreurs et par son vécu, se posant continuellement mille questions, et cherchant sans cesse l'approbation des gens qui l'entourent.
John resta quelques instants à regarder son fils plongé dans ses pensées, puis il leva les bras en l'air, étendant ses muscles engourdis par la fatigue.
- Je vais te laisser méditer là-dessus et aller me reposer quelques heures. Ces deux gardes de suite m'ont épuisé et la suivante est pour ce soir. C'est que j'ai plus dix-sept ans moi!
Réalisant ce que son paternel venait de dire, les événements de la veille revinrent à la mémoire de l'adolescent qui se permit une question.
- En parlant de ça, tout c'est bien passé cette nuit avec l'orage? Demanda-t-il, faisant se relever imperceptiblement les oreilles du félin toujours présent.
- Oui, juste un accident de voiture sur la nationale quittant la ville causé par un éclair tombé au milieu de la route. Aucun blessé, un peu de tôle froissée c'est tout. J'espère juste qu'on en a fini avec ces orages, deux en quelques jours, c'est plus que sur toute l'année passée.
Le sheriff commença à quitter la cuisine, se dirigeant vers les escaliers, quand Stiles le retint en l'apostrophant.
- P'pa?
- Mmh, fit John, s'arrêtant dans l'encadrement de la porte.
- Ça ne te dérange pas que je ressente des sentiments pour… un autre homme? Dit-il sur un ton gêné.
- Tout ce qui m'importe c'est que tu sois heureux et que la personne que tu choisis te traite bien, répondit le plus âgé avec un sourire bienveillant.
- Merci p'pa.
Stiles lui fit un sourire sincère en retour, le regarda s'éloigner et disparaître vers les escaliers, puis il se leva pour ranger les restes de son déjeuner. Quand il sorti lui aussi de la pièce pour rejoindre sa propre chambre, il se tourna vers Tsuki qui était toujours assise sur le comptoir.
- Tu restes là ma belle?
L'animal ne semblant pas vouloir bouger, il se détourna et monta sans elle. Il passa la matinée sur son ordinateur, jouant sans vraiment être concentré sur la partie engagée, trop distrait par le sujet qui le préoccupait ces derniers temps: Derek.
Vers une heure de l'après-midi, il redescendit pour se préparer une omelette aux namekos – des champignons japonais qu'il avait ramené pour son père mais que ce dernier n'avait pas apprécié du tout – retrouvant Tsuki roulée en boule toujours à la même place que ce matin. Pendant que ses œufs cuisaient, Stiles ramassa le bol de nourriture du chat qui était dans un coin de la pièce pour le remplir, mais il ne put que constater que ce dernier était toujours plein à ras-bord.
- Tu n'as rien mangé en deux jours Tsuki, les croquettes ne te plaisent pas? Dit-il en regardant la boule de poils qui ouvrit les yeux mais ne releva pas la tête. Il faudra peut-être changer de marque…
Il jeta les vieilles croquettes à la poubelle, re-rempli le récipient tout de même, au cas où, puis versa du lait dans l'autre, qui lui était vide. Stiles se servit son repas, le mangeant assez tranquillement, toujours plongé dans ses pensées, s'inquiétant tout de même que Tsuki n'ait rien mangé depuis son arrivée sous le toit des Stilinski, quand il avisa la demoiselle qui s'était sensiblement rapprochée de lui, son petit museau pointant vers son assiette. Il attrapa du bout des doigts un petit morceau d'omelette et le présenta au chat qui détourna la tête avec dédain, alors il prit un champignon, recommençant le même manège.
- Tu préfères ça peut-être…
Et le félin se jeta goulument sur la nourriture, sous le regard ébahi de son maître qui finit par pousser quelques champignons hors de son assiette, laissant la belle se régaler, le rassurant légèrement.
- Un chat qui mange des champignons… on aura tout vu! Dit le brun en posant ses couverts dans son assiette.
Stiles se leva pour aller se chercher un dessert dans le frigo, déposant son assiette dans l'évier au passage, mais quand il ouvrit la porte du réfrigérateur, il n'y trouva pas ce qu'il cherchait. Il était pourtant persuadé qu'il restait deux yaourts aux fruits, cependant il n'y avait aucune trace de ce délicieux mets sur les étagères réfrigérées. Son père ne les aurait pas mangés, il en avait horreur… Peut-être se trompait-il! De dépit, il se rabattit sur un flan au caramel qu'il dégusta debout, appuyé contre le meuble de la cuisine, regardant Tsuki finir les quelques miettes de champignons qu'il restait sur les carreaux du comptoir.
Quand il eut fini, il se dirigea vers la poubelle pour y jeter le petit récipient vide, actionna la pédale avec son pied, et quand le couvercle se leva enfin il ne put que constater la présence des deux pots de yaourt manquants qu'il avait vainement cherché plus tôt. Il ne se souvenait décidément pas de les avoir mangés mais il capitula, ayant bien d'autres choses auxquelles penser. Il alla donc faire sa vaisselle, rangea son assiette et ses couverts avant de se servir un verre d'eau qu'il but d'une traite. Quand il passa un coup d'éponge sur le comptoir de la cuisine, il ne put s'empêcher de taquiner Tsuki, essayant de passer l'ustensile humide sur le bout des pattes de cette dernière, qui ne se fit pas prier pour attraper les doigts et les mordiller gentiment. Stiles lâcha enfin l'éponge pour glisser sa main sur le ventre aux poils soyeux et le chatouiller allégrement, faisant enrager le félin qui l'attaqua de plus belle, encouragée par les rires mélodieux de son maître.
- Allez viens petite crapule, on remonte… A moins que tu ne veuilles sortir faire un tour? Dit-il en s'aiguillant vers la porte qui donnait sur le jardin.
La chatte le regarda, puis sauta vivement du comptoir, courant vers les escaliers qui menaient à l'étage dans ce qui semblait être un appel à continuer le jeu. Stiles la suivit presque aussi rapidement, rigolant de plus belle, mais quand il arriva dans l'embrasure de la porte de sa chambre, il ne vit aucune trace de Tsuki. Il avança lentement, prudemment, la cherchant des yeux sous le bureau, sous le lit, mais alors qu'il était sur le point de renoncer face à l'apparente absence de la boule de poils, il perçu un miaulement en hauteur. Il leva donc son regard vers la source du bruit et eut à peine le temps de voir une masse rousse lui sauter dessus depuis le sommet de son armoire, que déjà il avait les fesses par terre. Le mini fauve vint frotter sa tête dans son cou, ronronnant de bonheur, le regardant d'un air qui reflétait sa victoire sur sa victime, puis se roula en boule sur l'abdomen du jeune homme.
- Eeeeuh, Tsuki? Tu vas m'obliger à rester par terre pendant que tu fais ta sieste sur mon ventre? Demanda-t-il en relevant la tête pour la fixer.
Tout ce que l'humain put entendre fut une espèce de "mrouw" étouffé qui ne laissait aucun doute sur les intentions de la demoiselle.
- Ooo-k! Abdiqua-t-il. Y a pas à dire, entre Scott et sa "puppytude", Derek et sa "sexytude", maintenant toi et ta "mignonitude", je suis condamné à l'overdose de fluff. Je ne peux définitivement pas résister aux boules de poils… Pouffa-t-il en reposant sa tête sur la moquette.
L'hyperactif laissa ses paupières se fermer, s'abandonnant à ses pensées, puis aux bras de Morphée.
Quand il rouvrit enfin les yeux ce fut pour constater que Tsuki s'éveillait elle aussi, étendant ses pattes avant sur le sol, tandis que les postérieures reposaient encore sur son estomac. Il la laissa bailler à son aise, faisant de même en essayant de ne pas se décrocher la mâchoire, puis tourna son regard vers la fenêtre où il put constater que l'après-midi était bien avancée.
- Hé merde, mes recherches! Bougonna-t-il en se relevant.
Il partit vers la salle de bain pour soulager un besoin pressant, puis revint s'asseoir à son bureau, allumant son ordinateur. Mais son regard fut vite attiré par Tsuki qui se dirigeait vers la sortie de la chambre en chancelant dangereusement. Son sang ne fit qu'un tour et l'inquiétude le gagna immédiatement quand il vit la chatte trébucher avant de se relever pour continuer son chemin.
- Hé ma belle! Qu'est ce qui ne va pas? Dit-il en se penchant vers elle.
Mais l'interpellée ne s'arrêta pas, persévérant pour atteindre son but, à savoir la cuisine et son bol de lait. Stiles l'ayant suivie en la surveillant – il avait dû résister pour ne pas la prendre dans ses bras à plusieurs reprises – souffla de soulagement quand il constata que la bestiole attendait simplement qu'il lui remplisse sa coupelle, ce qu'il fit dans la seconde. Le félin se mit immédiatement à laper le lait avec avidité, ne s'arrêtant que pour secouer la tête afin de se débarrasser des quelques gouttelettes prises dans ses moustaches.
Dès que le bol fut vide, elle releva la tête vers son maître en miaulant faiblement, puis commença des allers-retours entre les jambes de Stiles et le récipient de porcelaine.
- Tu en veux encore? Demanda-t-il en se baissant pour lui reverser du lait.
Tsuki vida le second bol presque aussi vite que le premier, puis repartit vers l'étage pour se coucher en boule sur le lit du jeune homme, ce dernier toujours collé à ses basques, guettant le moindre signe de faiblesse de son animal de compagnie.
Le fils Stilinski se réinstalla sur sa chaise, continuant de la surveiller du coin de l'œil. Heureusement qu'il avait déjà prévu de l'emmener chez Deaton dès le lendemain, ça lui permettrait de faire part de ses inquiétudes au vétérinaire.
Quand il constata que Tsuki s'était finalement rendormie, il se retourna vers son ordinateur, plongeant dans ses recherches sur l'adjoint Parrish. Ce n'est qu'une heure plus tard qu'il finit par claquer l'écran de son portable en soufflant, se frottant les yeux avec les paumes. Il n'arrivait décidément à rien, Derek revenant continuellement hanter ses pensées, alors il prit une décision: il parlerait au loup dès qu'il le verrait – et le plus tôt serait le mieux – il lui révèlerait ses sentiments, quitte à se prendre un râteau dans la face!
C'est à ce moment qu'il entendit son père se lever et se rendre à la salle de bain. La chatte semblait toujours dormir profondément, alors il sortit doucement de la pièce pour aller préparer quelque chose à manger au sheriff.
Stiles mettait un point final à son repas – blancs de poulet et légumes vapeur, avec une salade césar en entrée – quand son paternel le rejoint enfin, les cheveux encore humides de la douche qu'il venait de prendre et habillé de son uniforme.
- Mmmh, ça sent bon, qu'est-ce que tu m'as préparé? Dit le sheriff, le nez en l'air.
Le fils déposa les plats sur la table, laissant John découvrir ce qu'il avait cuisiné.
- Oooh, encore des plats végétariens… tu veux me transformer en ruminant fiston? Demanda ironiquement le sheriff.
- Ce n'est pas végétarien, il y a du bacon, répondit l'adolescent en pointant la salade du doigt.
- Ah oui, les petits morceaux microscopiques cachés sous la verdure… Commenta le plus âgé en levant les yeux au ciel. Tu n'as pas peur que je fasse un infarctus avec tous ces lipides? Ajouta-t-il d'un ton sarcastique.
- Ha-ha-ha! Excuse-moi de vouloir prendre soin de la santé du seul parent qu'il me reste! Fit remarquer le jeune homme.
- Je sais Stiles, ne le prend pas mal, je te taquinais juste…
- Pardon papa, je ne voulais pas être désagréable, dit l'hyperactif d'un air coupable. Je suis un peu préoccupé…
- À cause de Derek? Tu ne t'es pas encore décidé sur ce que tu veux faire? Questionna le père en commençant la dégustation de son repas.
- Si, j'ai décidé de tout lui avouer dès que je le verrai, dit Stiles en essayant de voler un morceau de bacon dans l'assiette de son père – ce qu'il ne réussit pas à faire, ce dernier ayant tenté de piquer ses doigts avec sa fourchette pour défendre ses seuls petits bouts de gras. Mais heu! Se plaignit le jeune homme en tirant puérilement la langue.
- Touches pas à mon bacon, sinon c'est toi que je mords... Voilà ce que c'est de priver un homme de chair fraîche, répondit John en faisant la même grimace tout aussi infantile que son rejeton, les faisant pouffer de rire tous les deux.
- Non, en fait c'est l'état de Tsuki qui m'inquiète un peu, dit Stiles quand il se fut remis de son fou-rire.
- Pourquoi ça? S'enquit l'autre, les sourcils levés.
- Eh bien, elle n'a rien mangé en deux jours, sauf quelques champignons ce midi, par contre elle boit vraiment beaucoup et pourtant elle n'est pas sortie une seule fois depuis qu'elle est là! Elle dort sans arrêt… et surtout, tout à l'heure elle s'est mise à chanceler sur ses pattes, comme si elle n'avait plus d'énergie…
- Les croquettes qu'on lui a achetées ne lui plaisent peut-être pas, tout simplement, et un chat c'est réputé pour dormir beaucoup… Je pense que tu t'inquiètes pour rien fiston, et puis tu l'emmènes bien chez Deaton demain après-midi…
- Oui, mais…
- Arrêtes de t'en faire Stiles. Il l'auscultera et te dira si elle a un problème. Après tout, il s'occupe bien de loup-garou et de coyote-garou, il devrait se débrouiller sans mal avec un simple chat.
- Tsuki n'est pas un simple chat!
- Pardon? Dit le père en relevant vivement la tête, la mine inquiète.
- Tsuki est MON chat, elle ne peut-être que spéciale! Répondit simplement l'adolescent d'un air fier.
- Bordel Stiles! Si tu t'inquiètes pour ma santé, évite de me faire des peurs pareilles, j'ai cru que tu allais me dire que Tsuki était un chat-garou! Souffla le plus âgé en s'attaquant à ses blancs de poulet.
- Rhaa, mais non, pas spéciale à ce point-là! Rassura l'adolescent.
Le sheriff tranquillisé, le reste de son repas se passa dans le silence, Stiles lavant les casseroles et ustensiles qu'il avait utilisés pour la préparation du souper.
- Bon, c'est pas tout ça mais je prends mon service dans trente-cinq minutes, je ferais bien d'y aller, dit l'ainé en se relevant.
Il plaça son assiette dans l'évier, se rinça les mains et vint embrasser son fils.
- Je suppose que tu vas te commander une pizza dès que j'aurais le dos tourné? Dit-il en faisant un clin d'œil à Stiles et en sortant son portefeuille pour lui donner de l'argent.
- Non ça ira, je me ferai un sandwich un peu plus tard, merci p'pa.
- Bien, alors j'y vais. Ne fais pas trop de bêtises ce soir.
- Pourquoi j'en ferais plus que d'habitude? Demanda l'hyperactif avec un sourire espiègle.
- Ho, pour rien! Répondit le père d'un air énigmatique faisant lever les sourcils à son rejeton. À demain matin, fils.
- À demain papa, sois…
- …prudent! L'interrompit-il. Promis.
Stiles regarda son père enfiler sa veste de sheriff, placer son arme à sa ceinture, prendre ses clés et passer la porte pour rejoindre sa voiture de patrouille. Il resta dans le hall jusqu'à ce qu'il entende le bruit du moteur s'éloigner, alla éteindre les lumières de la cuisine et remonta dans sa chambre où Tsuki dormait toujours à poings fermés. Il constata l'heure sur son réveil – dix-neuf heures trente – et décida d'aller prendre une douche avant de se réessayer aux recherches sur son PC.
Il se dirigea donc vers la salle de bain après avoir pris des vêtements de rechange, laissa la porte légèrement ouverte et fit couler l'eau pour quelle se réchauffe pendant qu'il se déshabillait et se brossait les dents. Quand le jeune homme se glissa sous le jet brûlant, il laissa ses tourments s'évaporer en même temps que la vapeur qui était dégagée dans la cabine, et il sentit ses muscles se détendre comme si toutes ses pensées y étaient nouées telles des lianes autour d'un tronc d'arbre.
Pendant ce temps dans la chambre, le félin endormi releva imperceptiblement les oreilles avant de s'éveiller pour se précipiter en un clin d'œil devant la fenêtre. Tsuki guetta le nouvel arrivant, qui fit lentement glisser la vitre vers le haut, avant de pénétrer dans la pièce. Elle bondit sur les pieds de Derek, se roulant dans les jambes du loup pour quémander quelques caresses, ce que ce dernier lui accorda gracieusement en la prenant dans ses bras.
- Salut toi, chuchota-t-il à l'oreille du chat. Je sais que je t'ai promis des câlins, mais là j'ai pas trop le temps, dit-il en la reposant par terre.
Le lycan se dirigea vers le bureau du fils Stilinski, y chercha un bout de papier et un stylo, puis écrivit quelques mots avant de placer la note bien en évidence sur l'ordinateur. La chatte revint vers lui et il la reprit d'une main, l'approchant pour plonger ses yeux dans ceux de l'animal.
- Je dois partir quelques jours, tu prendras soin de lui pour moi? Murmura le loup.
Mais Tsuki ne semblait pas d'accord! Elle miaula bruyamment, ce qui fit grogner son vis-à-vis.
- Chuuut, fit-il en plaçant un doigt devant sa bouche.
Mais la boule de poils manifesta sa dissension en feulant, essaya de mordre Derek qui la lâcha dans un réflexe de protection, puis se mit à miauler de toutes ses forces, tournant en rond autour du fils Hale qui ne cessait d'essayer de la faire taire.
Ne parvenant pas à contraindre la bestiole au silence, Derek décida qu'il valait mieux pour lui de prendre la poudre d'escampette immédiatement avant que le propriétaire du chat ne rapplique, alerté par le vacarme. Mais Tsuki ne l'entendait pas de cette oreille, elle se plaça entre le métamorphe et sa porte de sortie, le dos rond et les crocs en évidence, le faisant se figer de stupeur.
Non pas que Derek avait peur de cette petite boule de poils, restons sérieux, c'était plutôt la réaction étrange du félin qui le surprenait et l'immobilisait.
- Eh bien ma belle, qu'est-ce qu'il t'arrive?
Stiles qui venait voir pourquoi son chat miaulait de façon à ameuter tout le quartier, se stoppa devant la scène qui se présentait à lui. Derek lui tournait le dos et il pouvait apercevoir Tsuki au bas de la fenêtre, cette dernière ayant l'air sur le point d'attaquer le loup.
- Derek? Qu'est-ce qu'il se passe?
- Je ne sais pas, commença le lycan en faisant volte-face. C'est Tsuki qui…
Le fils Hale se bloqua dans sa phrase, buggant face à la vue qui s'offrait à lui: Stiles maintenant une serviette éponge sur ses cheveux encore humides de la douche qu'il venait de prendre et habillé d'un simple boxer. Il observa comme au ralenti une goutte d'eau qui dévala le torse parsemé de grains de beauté pour aller se perdre dans le nombril, s'imaginant la recueillir du bout de la langue et reproduire le chemin inverse de cette perle mutine pour enfin atteindre la peau tendre du cou et la suçoter. Stoooop! Ce n'était vraiment pas le moment de s'abandonner à ses fantasmes concernant le jeune homme devant lui! Il secoua donc la tête pour chasser ses chaudes pensées, réalisant enfin le malaise de son vis-à-vis qui tentait tant bien que mal de dissimuler son corps avec son drap de bain.
- Je… je suis désolé… je ne savais pas que tu étais là, dit l'adolescent, confus. Je vais m'habiller, je reviens…
Stiles se sauva à la vitesse de l'éclair, revenant presque aussi vite, laissant à peine au loup le temps de reprendre contenance et de voir que Tsuki s'était assise sur le lit pour les observer sagement. L'hyperactif eut le regard attiré par le morceau de papier sur le couvercle de son ordinateur et s'approcha de ce dernier.
- C'est quoi ça? Dit-il, intrigué, en attrapant la note pour la lire.
- Stiles, non att…
Mais c'était trop tard, le jeune homme releva la tête vers Derek, puis tourna la tête vers son chat.
- Si je comprends bien, l'explication de tout ce ramdam, c'est que Tsuki t'empêchait de fuir comme un voleur, n'est-ce pas? Assena Stiles d'un air irrité.
- Je ne fuyais pas! Essaya de se défendre le fils Hale, pas le moins convaincu de ce qu'il avançait.
- Oh si Derek, tu fuyais pour ne pas me dire en face que tu t'en allais, ce bout de papier en est la preuve, dit l'adolescent en mettant le petit document sous le nez du lycan qui ne sût que grogner en réponse à cet argument infaillible.
Stiles baissa son bras tenant le billet le long de son corps, soufflant d'un air las, tentant de contenir les divers sentiments qui le traversaient, tout en sachant que Derek pouvait déjà les sentir: la déception, la tristesse, mais surtout la colère!
- Tu pars où? Combien de temps? Claqua le fils Stilinski.
- Au Mexique, juste à la frontière de l'état, pour deux jours tout au plus.
- Deux jours tout au plus… Répéta calmement l'hyperactif. Mais pourquoi au Mexique? Interrogea-t-il enfin.
- Braeden m'a téléphoné cet après-midi, elle a besoin de mon aide pour…
Il ne termina pas sa phrase, assaillit par le sentiment de colère qui explosa de son vis-à-vis, le percutant comme une onde de choc, suivit de prêt par une pointe de… jalousie. Derek écarquilla les yeux, son cœur ratant quelques battements. Il amorça un pas vers Stiles, mais fut arrêté dans son élan.
- Non, mais je rêve! Elle ne peut pas trouver quelqu'un d'autre? Chris doit bien être dans les parages non? Suggéra le fils du sheriff.
- En fait il est en Colombie avec les Calaveras, toujours à la poursuite de Kate.
Stiles se décomposa littéralement face à cette réponse.
- Pourquoi faut-il que vous me soyez tous enlevés? Murmura-t-il sombrement.
Derek tiqua aux paroles de l'humain et s'avança vers lui, comblant l'espace qui les séparait.
- Que veux-tu dire par là?
Stiles releva les yeux vers Derek, qui put voir des larmes apparaitre au coin des orbes ambrés, emplissant son propre cœur d'une vague de désolation en écho aux émotions qui s'échappaient du jeune homme.
- D'abord ma mère, emportée par sa maladie. Mon père que je vois à peine parce qu'il se tue à la tâche pour apurer les factures d'Eichen House. Puis Scott qui a commencé à s'éloigner de moi quand il était avec Allison, encore plus maintenant qu'il à Kira et qu'il doit s'occuper de Liam. Malia qui me largue, même si c'était la meilleure chose à faire. Et maintenant toi, qui retourne vers ton ex-copine! Je me retrouve toujours seul…
- Tu n'es pas seul, même si ton père et Scott sont moins présents, tu sais au fond de toi qu'ils seront toujours là en cas de besoin… Et je ne repars pas vers mon ex, je vais juste lui donner un coup de main, je serai de retour dans deux jours, c'est promis.
- Deux jours c'est long, ça fait quarante-huit heures! Ça fait deux mille huit cent quatre-vingts minutes, soit cent septante-deux mille huit cents secondes.
- Stiles! Dit doucement le métamorphe en prenant le visage du jeune homme en coupe entre ses mains. Est-ce que tu essayes de me faire passer un message?
Plongeant dans le regard clair de Derek, l'hyperactif senti ses joues rougir à tel point qu'il pensait brûler les mains de l'autre homme. Il resta silencieux quelques instants avant de bafouiller trop rapidement quelques mots inintelligibles, même pour l'ouïe fine du lycanthrope.
- Tu peux répéter plus doucement, je n'ai rien compris, dit le loup avec un doux sourire.
- Je… je crois que… je t'aime Derek, finit par articuler l'humain.
Stiles n'obtint pour réponse que les lèvres douces du loup se posant sur les siennes. Délicatement, sagement, juste un effleurement qui dura quelques secondes à peine, mais qui chamboulèrent le jeune homme et firent s'emballer son rythme cardiaque.
Alors son père disait vrai, ses sentiments étaient partagés, il ne rêvait pas…
Mais à peine avait-il eu le temps de réaliser ce qu'il se passait que la bouche du lycan s'éloignait déjà pour chuchoter contre la sienne.
- Ne compte pas les secondes. Ne compte pas les minutes, ni les heures. Je ne pars QUE deux jours, je te le promets, précisa le fils Hale en caressant doucement le bord de la mâchoire du bout des doigts.
Et la chaleur de Derek s'écarta du visage de Stiles, laissant une sensation de froid sur sa peau et de manque dans son cœur. Quand il rouvrit les yeux, qu'il avait fermés sous l'émotion, il ne put que constater l'absence du loup à ses côtés, ce dernier enjambant déjà le rebord de la fenêtre.
- Derek, attends, héla l'adolescent.
L'interpelé se retourna et se retrouva avec une paire de lèvres gourmandes collées à leurs jumelles, une main taquine se faufilant dans sa nuque pour approfondir le baiser. Et quand la langue de Stiles vint caresser ses lippes, il les entrouvrit en gémissant de bonheur pour entamer un balais digne des plus grandes danseuses étoiles.
Ils finirent par se séparer, à bout de souffle, mais laissèrent le bout de leurs nez se caresser et leurs bouches se frôler pour quelques baisers papillons.
- À dans deux jours, finit par dire le loup-garou, se résignant à s'éloigner.
- J'espère t'avoir donné suffisamment d'arguments pour ramener ton cul poilu sain et sauf, taquina l'hyperactif, un grand sourire fendant sa face.
- Je pense que oui, répondit l'autre, ajoutant un petit clin d'œil. Mais il faudra qu'on parle à mon retour.
- Oui, acquiesça le plus jeune en le regardant amorcer sa descente du toit. Oh Derek! Interpella-t-il encore.
- Mmh, fit le loup en relevant la tête, ayant presque atteint le plancher des vaches.
- Précise bien à Braeden que si je te récupère avec la moindre égratignure, je viendrais lui botter l'arrière-train, même si elle est armée jusqu'aux dents.
La réponse qu'il reçut de son désormais… quoi au juste? Petit ami? Oui définitivement, petit ami! Eh bien la réponse de son petit ami se résuma à un grondement sourd qui fit vibrer son échine, et à une magnifique paire d'yeux bleus luisants qui firent remonter la chair de poule jusqu'à sa nuque.
Stiles regarda Derek disparaître dans la nuit presque noire, referma le battant de la fenêtre en soupirant, un sourire béat sur les lèvres et se tourna vers la seule autre présence dans la pièce.
- Merci ma belle, sans toi il serait parti et hélas, je pense que je ne lui aurais pas pardonné sa fuite sans un mot.
Stiles n'entendit pas le léger miaulement lui répondre, il était déjà repartit dans les méandres de son cerveau. Il vit encore moins les prunelles de Tsuki s'illuminer d'une étrange lueur turquoise.
À suivre...
Alors, ce chapitre vous a plût? Ça vaut une petite review?
Je ne m'avance pas sur la date du chapitre 5, j'ai l'impression que donner des délais me porte la poisse.
Bizzz mes loups!
Jeri K.
