Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de G. R. R. Martin.
Note : Le deuxième chapitre arrive enfin. Je voulais le publier la semaine dernière, mais j'ai préféré attendre que la saison 5 soit terminée. J'ai une bonne nouvelle pour ceux qui ont apprécié le début de l'histoire : j'avais prévu huit chapitres au départ, il y en aura maintenant dix. La trame de la fanfiction est d'ailleurs complètement écrite.
Je tiens d'ailleurs à mettre au clair quelques points ( pour éviter que vous soyez perdus ou déçus ). J'avais commencé à écrire cette fiction avant le début de la saison 5 et même si je me suis grandement inspirée des livres, il y a quelques éléments de la série que je n'avais pas prévu et que je ne prendrais pas en compte : SPOILERS, aucun des membres de la famille Baratheon n'est décédé, Stannis n'a pas été vaincu par les Bolton et je ne prends pas en compte la rencontre entre Daenerys et les dothrakis. Concernant les éléments que je reprends des livres : SPOILERS il s'agit en partie de l'intrigue autour d'Aegon Targaryen, le fils de Rhaegar Targaryen et neveu de Daenerys, qui ne serait pas mort, le parcours de Tyrion jusqu'à Daenerys et la mutinerie de la Garde de Nuit qui ici a eu lieu à cause d'un acte irréfléchi de Jon ( qui a voulu mener une attaque contre les Bolton avec des hommes de la Garde de Nuit et des sauvageons pour sauver l'épouse de Ramsay Bolton ). D'autres éléments viendront s'ajouter par la suite.
En tout cas, si vous avez une question à me poser, quelle qu'elle soit, parce que vous ne comprenez pas, parce que j'ai mal expliqué quelque chose dans le texte ou parce que vous voulez un petit éclaircissement sur un point en particulier, n'hésitez pas à m'en faire part dans une review ou même en message privé, je me ferais un plaisir de vous répondre.
Ce chapitre est donc un POV de Jon. Satin apparaît pour la première fois. Le personnage n'existe pas dans la série, mais dans les romans il s'agit de l'écuyer de Jon. Je le trouve bien plus sympathique qu'Olly ( qui est, à mon sens, prodigieusement ennuyeux ). On voit aussi Tyrion. J'espère que cela vous plaira, bonne lecture !
PS : un grand merci aux followers, reviewers et favoris. Je suis vraiment ravie de voir que le début a pu séduire certains d'entre vous. :)
Les Pendus
La reine Daenerys l'avait prié d'écrire une lettre au roi Stannis.
Si je l'appelle une fois de plus ainsi devant elle, elle me fera trancher la tête, ou bien elle me donnera en repas à ses dragons.
Ni la reine, ni ser Barristan ne lui concéderaient les titres par lesquels Jon voulait s'adresser à Stannis Baratheon. Il le connaissait pourtant assez bien pour pouvoir affirmer sans trop de difficulté que sa demande serait vaine s'il lui refusait son trône - même si Daenerys Targaryen et son neveu revenu d'entre les morts avec ses bateaux et ses épées dorées l'ont récupéré.
Il dut cependant faire relire sa missive avant de pouvoir l'envoyer. Il avait besoin de l'approbation de la reine, aussi avait-il pris le soin de préciser ses titres à elle, tentant de n'en oublier aucun. Stannis allait détester, mais Jon ne se reconnaissait ni dans l'un, ni dans l'autre des souverains.
Qu'importe le trône. Nous finirons tous engloutis par l'Hiver, s'ils ne joignent pas leurs forces.
Jon lorgna discrètement du coin de l'œil la reine et sa garde royale qui parcourait du regard sa lettre. Ils restèrent de marbre.
« Ne sauriez-vous pas reconnaître votre souverain, Jon Snow ? demanda ser Barristan. »
Jon ne sut dire si le chevalier était sérieux. Il choisit de répondre néanmoins :
« Stannis Baratheon n'a pas renoncé à ses prétentions au trône. Si vous souhaitez son aide, il faudra le respecter. »
Nous serons tous perdus, s'ils ne joignent pas leurs forces.
La reine avait eu assez de considération à son égard pour lui accorder une petite pièce hors de sa cellule où il pourrait se reposer.
Sur la petite table, à côté de la planche de bois montée sur quatre pieds qui lui servait de lit, était déposée une lettre. Le seau avait été brisé.
Jon s'étonna de la présence du parchemin parmi ses affaires. Il ne recevait aucune correspondance – l'errance étant devenu son mode de vie. La cire marquée du blason des Targaryen le surprit encore plus. Ce courrier ne pouvait provenir que de Port Réal.
Au premier regard, il reconnut tout de suite l'écriture dont il avait pu apprendre les aspérités durant ses années de service à la Garde de Nuit. Un soulagement bienheureux l'envahi et il se laissa aller à un sourire presque nostalgique.
À la fin de la missive était inscrit le nom de Sam.
En parcourant la lettre, il apprit que son ami avait été dépêché à Port Réal quelques jours auparavant dans le cadre de sa formation de mestre et qu'il avait rencontré le roi. Au détour d'une conversation, Sam avait fini par apprendre que Jon avait été fait captif de la reine, après quoi il avait prié Aegon de faire entendre raison à son épouse.
Jon fut également informé que Sam avait vu sa sœur qui demeurait toujours à la cour du roi Targaryen. Son ami avait vanté la gentillesse et la beauté de Sansa qu'il voyait pour la première fois. Il s'était entretenu avec elle. La jeune Lady semblait étrangement se plaire dans cet endroit qui avait un jour été sa prison. Elle lui paraissait en bonne santé et apaisée.
Jon sentit un poids quitter sa poitrine. Savoir qu'un des membres de sa famille se trouvait désormais en sécurité – après tant d'années de souffrances – était une véritable libération.
Il se promit de répondre rapidement à Sam. Il pourrait peut-être même envoyer une lettre à Sansa.
La chaleur de la salle ne fut pas le plus réconfortant. Il n'avait pas eu à se plaindre de sa cellule. La reine n'avait pas essayé de le faire mourir de froid. Ce furent les cris de joie et le brouhaha ambiant, les rires et le bruit des chaises grinçantes qui lui tirèrent un sourire.
Vadrouiller dans tout Westeros n'avait rien eu de très plaisant. Et même avant cela …
Le Mur était froid et nous crevions de faim.
Il se sentit presque comme rentré chez lui. Il aurait pu s'attendre à voir Robb rire une coupe à la main avec Theon Greyjoy à ses côtés pour lui conter à l'oreille il-ne-savait-quoi et son père au bout de la salle, se défaire de son masque froid pour esquisser un sourire, Sansa et Arya se chamailler gentiment avant de se réconcilier un peu à contrecœur et il aurait même pu sentir les regards lourds et dérangeants que Lady Catelyn avait posé sur lui. Comme si rien ne s'était passé. Comme si je n'avais pas brisé mes vœux. Comme si je n'étais pas mort.
Ils avaient pu lui dire ce qu'ils voulaient, il savait qu'il était parti, pendant quelques minutes au moins. Peut-être avait-il rejoint son frère et son père.
Les autres ne sont pas morts, heureusement. Pas encore.
Il fit quelques pas vers la foule et chercha du regard ses frères au milieu des dizaines de visages inconnus. Malgré le feu, beaucoup grelottaient. La plupart était venu d'Essos avec le reine. D'autres, à leurs vêtements, au blason qu'ils arboraient fièrement, étaient des mercenaires – d'Essos et de Westeros, pareillement. Ses frères, ceux qui avaient encore quelques mois auparavant appartenu à la Garde de Nuit, s'étaient parés de noir – un noir qui tirait de plus en plus sur le gris à force d'être usé, déchiré, recousu, rapiécé.
Il croisa du regard Satin qui lui retourna automatiquement un grand sourire. Le jeune homme délaissa la compagnie des hommes avec qui il discutait pour venir à son encontre. Jon le vit hésiter à un pas de lui. Il prit la décision pour lui en séparant la distance entre eux et en le prenant dans ses bras. Il sentit les mains de Satin se resserrer dans son dos.
« Nous avons tous craint qu'elle te coupe en morceaux avant de te donner à manger à ses abominables dragons. »
Jon rit jaune à la remarque. Il mentirait s'il disait ne jamais y avoir songé. Tous avaient peur des monstres que la reine Daenerys gardait près d'elle. La terreur était encore plus grande que rares étaient ceux qui avaient aperçus les dragons. Personne ne pouvait vraiment savoir où ils étaient.
« Je vais bien, confirma Jon en brisant leur étreinte. Je suppose qu'elle vous a déjà parlé.
- En effet. Elle nous a tous regroupés dans la cour et nous a annoncé qu'elle monterait au Nord avec ses hommes. Elle nous a demandé de se joindre à elle, les hommes de la Garde de Nuit ayant toujours été là pour protéger le royaume.
- Qu'avez-vous décidé ?
- Les hommes ont eu du mal à se prononcer. Ils sont restés silencieux. Ça a jeté un froid, si on peut parler ainsi. Mais quand elle a annoncé que tu t'étais déjà engagé à la suivre, des murmures se sont répandus dans nos rangs. Les hommes ont finalement accepté, les uns après les autres, même les plus réticents.
- Es-toi, qu'as-tu dit ?
- Je n'ai même pas réfléchi. Je t'ai suivi après la mutinerie, je t'ai suivi après la chute du Mur. Je te suivrai jusqu'à la fin s'il le faut. »
Jon hocha la tête en signe de remerciement et l'attira plus loin. Il se fit servir un verre et alla saluer le reste de ses frères. Tous parurent heureux de le revoir, mais, à vrai dire, il ne les avait jamais vus avec une pareille air. Tous riaient.
Cette interlude calme était la bienvenue pour ces hommes qui n'avaient connu que la peur et la rudesse de l'errance depuis des mois.
Ils l'avaient suivi parce qu'ils croyaient en lui, ils méritaient bien une récompense.
Je n'ai jamais voulu les mener à la mort.
Il accueillit lui aussi cette pause avec un étrange réconfort. Il ne s'en était pas douté jusqu'à présent, mais il en avait besoin.
Son esprit avait été bien trop occupé par les derniers évènements qui avaient bouleversé sa vie.
Il y avait d'abord eu la rébellion au sein de la Garde de Nuit – et les lames pour percer son corps – puis les flammes de Melisandre qui l'avait éveillé. Il n'avait jamais bien compris ce qui était arrivé à ce moment, mais il s'était vu se relever, rouler du bûcher, ses frusques en feu. Il avait hurlé à en perdre la voix et derrière ses cris, il avait perçu ceux de ses frères. Il s'était avéré qu'il n'y avait jamais eu de bûcher, rien qu'un lit et une lame flambante que Melisandre avait utilisée pour cautériser ses plaies. Satin était ensuite resté à son chevet et l'avait soigné. Après cela – quelques jours, tout au plus, qui lui avaient paru être une éternité – il avait souhaité partir. Il marchait à peine et son corps était tiraillé par la douleur.
Ses plans avaient été mis à mal par une attaque de Marcheurs blancs. La première – et la dernière – de la Garde de Nuit.
Ils avaient fait leur possible, emmené avec eux le plus de créatures possibles, mais le Mur était tombé – et la Garde de Nuit avec lui et ses frères aussi.
Ils s'étaient dispersés dans tout le royaume. Jon s'était fait le guide de ceux qui avaient bien voulu le suivre et s'était efforcé de défendre Westeros comme il l'avait pu. Parfois, ses frères et lui avaient dû tuer les leurs pour protéger les hommes et femmes qui ne pouvaient le faire. Cette tâche les avait conduits bien au-delà de Winterfell.
Jusque dans l'antre du dragon.
Il n'avait pas eu une minute de répit. Même le soir, lorsque ses frères montaient la garde, il ne parvenait à fermer l'œil.
Des rires soulevèrent la salle et sortirent Jon de sa léthargie.
Il se retourna brusquement. À vrai dire, toutes les têtes s'étaient tournées vers la source du bruit. Un groupe de soldats entourait une table où un homme se tenait, un verre à la main, une bouteille dans l'autre, un air amusé collé sur sa face défigurée.
Tyrion Lannister n'avait pas perdu que son nez. Il avait perdu son titre de Main du roi et d'héritier du Roc, mais il conseillait désormais la reine des dragons.
Jon avait entendu parler d'un lutin, mais il n'avait pas fait le rapprochement tout de suite.
Tyrion dut remarquer sa présence car il descendit de son estrade pour traverser la salle et s'approcher de lui jusqu'à lui tendre la main.
« Je vois que mon ami Jon Snow est enfin de retour parmi nous. »
La remarque ne fit même pas esquisser un sourire à Jon. On avait marié de force sa sœur à cette homme qui n'avait pas bougé d'un pouce pour la libérer des griffes de la reine régente. Si un jour il avait pu compter Tyrion comme l'un de ses alliés, il ne l'était plus désormais.
« Vos jours dans la Garde de Nuit ne vous ont pas rendu plus affable.
- Se faire poignarder par ses propres hommes n'aide pas.
- Se faire trancher la trogne par les gardes de sa propre sœur non plus. Venez donc avec moi prendre un verre, entre défigurés, je pense que nous avons des tas d'histoires à nous raconter et j'ai tant entendu parler de vous. Il me tarde de savoir ce qui vous a conduit jusqu'ici. »
Tyrion versa le liquide dans le verre de Jon qui lui suivit, malgré lui, hors de la salle. Ils se retrouvèrent dans un couloir désert où le froid les saisit un instant. L'obscurité était totale, à l'exception d'une torche. Ils marchèrent en silence jusqu'à la sortie. Tyrion avait renfilé ses gants de cuir et convenablement fermé son manteau. La neige n'était pas encore tombée dans cette partie de Westeros, mais le vent et les pluies de plus en plus glacées ne faisaient qu'annoncer les prochaines tempêtes qui frapperaient les Conflans.
Mais nous serons sans doute partis avant de voir les plaines devenir blanches.
Ils pénétrèrent dans la nuit sombre, seuls. Dehors, il n'y avait pas un homme pour leur tenir compagnie.
Jon parla le premier.
« Je n'y ai pas cru, quand j'ai entendu parler d'un lutin et pourtant je vous vois devant moi. Je vous pensais tranquille et bien au chaud dans un bordel d'Essos.
- Le destin n'a malheureusement pas été aussi clément avec moi. Je n'ai connu Essos que dans une boîte et comme esclave, jusqu'à ce que je croise la route de notre reine bien aimée.
- Comment l'avez-vous rencontrée ? »
Jon avait entendu les récits qui contaient le meurtre de Tywin Lannister, mort sur le trône de la main de son propre fils. Il avait su aussi le prix que la reine régente avait mis sur sa tête.
Il avait même entendu la tragique fin de Cersei, étranglée des propres mains de son frère jumeau et amant.
Mais le Régicide a fui et personne n'a plus jamais entendu parler de lui.
En revanche, il ne connaissait rien du chemin qui avait mené Tyrion jusqu'à Daenerys Targaryen.
« Ça, c'est une longue histoire. J'ai d'abord fait la connaissance de son cher et tendre neveu – et époux – avant de croiser sa route. Je me suis fait passer pour un bâtard – un de plus – du nom d'Hugor Colline avant de la rencontrer. Jon Connington – ce serait me moquer de vous que de vous demander si vous savez qui il est – et Aegon se faisaient passer pour des marchands avant d'arriver à Westeros. Nous avons vogué sur la Rhoyne pendant un temps et la teinture que portait les deux hommes m'avait mis la puce à l'oreille. Aegon n'était pas mort et le Jeune Griff – un pseudonyme censé le protéger – s'est avéré être le fils du défunt Rhaegar Targaryen. Je n'ai malheureusement pas pu l'accompagner dans sa reconquête de Westeros puisque j'ai croisé le chemin du fils de notre regretté Jeor Mormont, un homme plein de rancœur, qui espérait reconquérir sa reine en m'offrant à elle. Il s'est avéré que l'entreprise réussit – après quelques périlleuses aventures dont je vous passerai les détails – et je ne sais comment je suis parvenu à la séduire moi-même. Sans doute parce qu'il nous avions un ennemi commun – ma très regrettée sœur – et je l'avais débarrassée, en plus, de mon père. Elle nous fit une frayeur, cependant, en s'éclipsant des jours durant avec son adoré Drogon – nommé à partir de son charmant époux, je pourrais vous en raconter l'histoire – avant de revenir plus forte et plus déterminée que jamais à regagner Westeros. Personne ne sut exactement ce qui se passait, mais elle était persuadée que nous devions au plus vite nous mettre en marche vers Westeros – ce que nous avons fait. À partir de cet instant, rien n'a pu nous arrêter. La suite, vous la connaissez sans doute : Daenerys est arrivée à Westeros et a eu la surprise de constater que son neveu revenu d'entre les morts avait fait le travail pour nous. En la voyant, il l'a immédiatement demandée en mariage. J'avais eu la délicatesse de l'avertir de l'existence d'Aegon, mais elle n'avait pu le constater de ses propres yeux avant cela. Comment savoir si Aegon était bien ce qu'il prétendait être ? Tâche difficile que de la convaincre, notre reine, mais je n'ai rien eu à faire, son neveu non plus. Ce sont les dragons qui l'ont convaincue. »
Aux dires de Tyrion Lannister, Jon pouvait comprendre qu'il avait passé assez de temps à ses côtés pour connaître la reine. Elle lui paraissait méfiante et il l'aurait sans doute prise pour folle si cela n'avait pas été le cas. Dans les rumeurs populaires, on disait que Daenerys avait été vendue par son frère à un Khal et c'était bien assez suffisant pour refuser d'accorder à quiconque sa pleine confiance.
Jon n'avait pourtant pas besoin qu'elle lui fasse confiance – du moins, pas maintenant. Il lui suffisait simplement qu'elle l'écoute. Elle avait beau être reine, elle n'avait encore jamais mis un seul pied dans le Nord. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui allait l'attendre une fois dans les terres des Stark.
« Lui avez-vous parlé de moi ? »
Jon se souvenait parfaitement de ses premiers interrogatoires avec la reine qui ne s'étaient pour ainsi dire pas présentés sous les meilleurs augures. Après lui avoir répété une bonne dizaine de fois les mêmes mots, elle avait finalement brusquement changé d'avis. La parole de Tyrion Lannister avait-il joué dans la balance ?
« J'aurais aimé – sachez là que je vous aurais sans doute défendu, je connais parfaitement vos bons sentiments –, mais elle ne m'en a même pas laissé l'occasion. Elle n'a pas tenu à m'entendre à votre propos. Je ne sais pas si, dans tous les cas, cela aurait changé quelque chose.
- La reine ne vous aurait-elle pas cru ?
- Malgré tout le crédit qu'elle porte à mes douces paroles, Daenerys Targaryen reste sur ses gardes – et à juste titre. Son propre frère l'a mariée de force à un homme terrifiant qui la violentait. Elle n'avait que treize ans à l'époque et elle semble encore en parler avec amour. Elle a ensuite été trahie par ledit Jorah Mormont – qui nous a hélas quitté – qui pensait un temps la vendre auprès du roi Robert pour gagner le pardon auprès du Trône de Fer pour ses crimes. Je n'ai connaissance que d'une partie de l'histoire, mais je peux vous assurer que ce que j'ai vu ne m'enchante guère. La reine craint la trahison et l'abandon. Ce vieux Barristan Selmy est le seul en qui elle fasse vraiment confiance. Ah, et j'oubliais ! »
Sur cette exclamation, Tyrion lui fit face, un sourire carnassier déformant sa trogne.
« Avez-vous déjà fait la connaissance de Missandei ? »
Jon se contenta de hocher négativement la tête.
« Une ancienne esclave qu'elle a pris sous son aile. Une jeune femme pleine d'esprit et de courage. Daenerys lui a demandé de rester auprès de son frère, à Port Réal, pour le conseiller. Elle s'en est presque offusqué. Elle lui est dévouée. Elle est prête à la suivre dans la mort. Mais assez parlé de la reine pour ce soir. Il paraîtrait que je ne connais pas toute votre histoire. Certains vous dise sauvageon, d'autres parlent de vous comme d'un revenant. Je suis curieux de connaître votre version. »
Jon se mit à sourire, presque amusé par les paroles de Tyrion.
Ils avaient marché sur plusieurs mètres désormais, si loin du campement qu'ils s'apprêtaient à entrer dans les bois. Les torches même ne les éclairaient plus, mais Jon apercevait la lumière blanche de la lune se refléter dans les yeux de Tyrion qui, calme, attendait une réponse.
Puis ses traits se crispèrent en une grimace et ses lèvres s'entrouvrirent.
Par réflexe, Jon porta sa main au pommeau de son épée. Quelque chose ou quelqu'un se tenait derrière eux. Le regard de Tyrion était suffisamment expressif.
Cependant, l'homme porta sa propre main à la sienne, comme pour l'arrêter.
« Je ne crois pas que nous aurons besoin de ça. »
Tyrion lui fit un signe de la main et Jon fit volte-face. Derrière lui se tenaient deux hommes, leurs pieds grattant le sol sur leur pointe. Leurs yeux pendaient de leurs orbites, sans doute victimes des corbeaux. Le noir avait rongé la peau de leurs joues.
Jon s'approcha lentement. Les corps se balançaient lentement au bout de leur corde, mais il put apercevoir sur leur poitrine un blason.
L'écorché. Des Bolton.
