L'Adieu
Bellamy avait repris son activité au camp, après cet incident dont personne osa aborder le sujet. Clarke elle-même tentait de faire comme si tout ceci n'avait pas eu lieu, même s'il était évident qu'elle en voulait maintenant à tout le monde, y compris Bellamy, ignorant qu'il l'avait finalement défendue devant les autres. Plusieurs jours se passèrent ainsi, Bellamy n'osant rien faire, de peur de contrarier d'avantage sa copine, et celle-ci pensant que son petit ami lui en voulait. Après sa journée de travail et après le repas du soir, Bellamy se décida à ranger les morceaux de bois du berceau qui traînaient toujours au pied de l'arbre. Il alla les mettre dans le feu et s'assit pour les regarder brûler, sentant sa tristesse encore plus vive. Il n'entendit pas sa nièce s'approcher de lui, et ne la vit que quand elle s'assit à ses côtés. Il lui fit un léger sourire.
« Hey ma puce, qu'est-ce que tu fais là ? » L'interrogea-t-il.
La petite regarda le feu puis demanda :
« Tu envoies le berceau au bébé ? »
Bellamy regarda le feu sans comprendre aussi expliqua-t-elle :
« La fumée du berceau elle va rejoindre le petit cousin qui est dans le ciel avec les anges. »
Son oncle leva alors les yeux au ciel et comprit ce que voulait dire sa nièce.
« Oui tu as raison Aurore, je lui envoie le berceau pour qu'il puisse se reposer.
_ Il lui faudrait de la lumière aussi. Et j'aimerais bien lui envoyer mon dessin. » Continua-t-elle en lui montrant un bout de papier peinturluré de boue, seule « peinture » qui existait au camp pour une enfant.
Bellamy fixa sa nièce et comprit ce qu'avait voulu dire Octavia un peu plus tôt : lui et Clarke avaient perdu cet enfant, mais tout comme il avait attendu la naissance d'Aurore avec impatience, leurs proches espéraient aussi ce nouvel être.
« On va le faire. » Promit Bellamy, en enlaçant sa nièce, tandis qu'Octavia arrivait.
Il rejoignit Clarke après avoir échangé quelques mots avec sa sœur. La jeune femme était en train de se changer pour la nuit. Du moins, elle en avait l'intention, car quand Bellamy entra dans la tente, elle était assise sur le lit, le regard dans le vide, tenant son vêtement de nuit entre les mains.
« Hey je peux te parler ? » Demanda-t-il.
Elle tourna la tête vers lui et la hocha pour donner son accord.
« Je crois que ta mère a raison. Il faut qu'on fasse notre deuil. » Continua le jeune homme.
Clarke se leva, visiblement agacée et répondit :
« J'en ai plus qu'assez qu'on me parle constamment de cet incident. »
Il s'approcha d'elle et lui fit remarquer :
« Clarke ce n'est pas normal que tu ramènes cette tragédie à un simple « incident ». On a perdu notre enfant !
_ Non, c'était un...
_ Un fœtus ? Pourquoi tu ne peux pas dire que c'était un bébé ? Notre bébé... » La coupa Bellamy.
Elle le regarda puis se prit le visage entre les mains en se tournant pour ne plus lui faire face. Il attendit quelques secondes avant de l'entendre avouer :
« Parce que quand je me dis que c'était notre bébé, je suis obligée de me dire que je l'ai tué et alors ça devient insupportable pour moi. »
Il eut mal en l'entendant dire cela. Devant le silence de son partenaire, la jeune femme se retourna finalement, pour continuer :
« Je sais que c'est pour ça que tu m'en veux Bellamy, et tu as raison. J'ai tué notre enfant, je n'ai pas su le protéger et je ne sais pas comment continuer à vivre avec ça, sans me couper de mes émotions. »
Cette fois le cœur du jeune homme se serra si fort qu'il crut qu'on le lui arrachait. Il mit les mains sur les épaules de sa compagne et lui répondit :
« Je ne t'en veux pas Clarke, jamais je n'ai pu penser que tu avais tué notre bébé. Et je ne veux pas que toi tu le penses...
_ Alors pourquoi me forcer à pleurer sa mort ?
_ Je ne veux pas te forcer à pleurer, je veux que tu montres ce que tu ressens, parce que je ressens des choses moi aussi, et que j'ai l'impression de ne pas avoir le droit de le faire. Tu dois cesser de penser que tu es responsable, et parler avec moi de ce que tu vis et avec les autres aussi. Parce que tu te rendras compte, comme je viens de le faire, que ceux qui nous aiment, souffrent aussi de cette perte. »
Il lui prit la main et continua :
« On est une famille Clarke, toi et moi, et nous et les autres. On a du soutien autour, et on doit compter sur eux pour nous aider à traverser ça... cette épreuve. »
Il vit une larme couler sur la joue de sa petite amie, ce qui l'encouragea finalement à continuer :
« Je sais que nous vivons au quotidien des choses terribles, mais on a aussi le droit d'être touchés par ça. Et moi je suis triste. Pas seulement d'avoir perdu mon bébé, mais aussi parce que j'ai l'impression de te perdre. »
Elle releva les yeux vers lui, réalisant ce que l'homme qu'elle aimait vivait de son côté et elle s'effondra soudain en larmes.
« Je suis désolée. Articula-t-elle entre deux sanglots alors qu'il la prenait dans ses bras.
_ Ne soit pas désolée ma Princesse, déverse tes larmes, je suis là pour ça. »
Au bout d'un bon quart d'heure, ses sanglots se tarirent. Elle s'assit sur le lit, imité par Bellamy et lui révéla :
« Je suis triste aussi tu sais. J'étais tellement contente à l'idée qu'on ait un bébé ensemble. J'étais tellement fière de t'apporter ce bonheur.
_ Hey, tu m'apportes du bonheur. Toi, pas seulement le bébé que tu pourrais me donner, tu comprends ça ? » Lui répondit-il.
Elle le regarda et lui dit en souriant légèrement :
« C'est bon de l'entendre en tout cas. Tu es tellement heureux depuis qu'Aurore est née, que parfois je me demande si je te suffis. »
Cela lui serra le cœur d'entendre ça, mais il voyait ce qu'elle voulait dire.
« Je suis heureux depuis qu'Aurore est née, c'est vrai. Mais je te rappelle aussi que le jour de la naissance de ma nièce, notre histoire a débuté. TU me rends heureux. »
Il lui caressa la joue tendrement.
« Tu me rends heureuse aussi. » Avoua-t-elle finalement.
Il lui sourit et l'embrassa. Puis il se leva et lui tendit la main :
« Où va-t-on ? Demanda la jeune fille.
_ On va dire au-revoir à notre bébé. »
Cela lui remit les larmes aux yeux, mais finalement elle sut qu'il avait raison et se leva à son tour pour l'accompagner.
Elle remarqua que le camp semblait désert et suivit Bellamy jusqu'à l'extérieur d'Arkadia. En approchant de la rivière, elle se rendit compte que des tas de lumières brillaient et que le peuple était là également. Elle sembla hésiter, Bellamy s'en rendit compte et lui dit :
« Ils sont là pour notre bébé, mais pas seulement Clarke. Aurore m'a donné cette idée, tu vas comprendre. »
Ils rejoignirent leurs amis et Bellamy prit la parole pour expliquer :
« Aurore m'a fait remarquer que ceux qui avaient rejoints les anges n'avaient pas de lumière pour les éclairer et que nous n'avions parfois pas eu le temps de leur adresser un dernier message. Ce soir, nous allons leur témoigner le manque qu'ils ont laissé en nous, en leur envoyant ces lanternes. »
Chacun avait en effet une lanterne sur laquelle était écrite le nom de la ou des personnes à qui ils envoyaient leur lumière et des messages y étaient parfois accrochés.
« Ce soir, nous allons prendre le temps de penser à ceux qui sont partis bien trop tôt. »
Les autres l'applaudirent tandis qu'il rejoignait Clarke en lui tendant une lanterne sur laquelle Raven avait pris soin d'écrire « BC junior » ce qui fit légèrement sourire Clarke. Elle y accrocha un papier sur lequel elle prit soin d'écrire « Puissions-nous nous retrouver ». Bellamy l'embrassa sur le front en voyant ça puis s'accroupit avec la lanterne pour qu'Aurore y attache son dessin sous le regard attendri de ses parents.
« Je peux moi aussi ? » Demanda Abby en s'approchant.
Bellamy regarda Clarke qui hésita avant de tendre la main à sa mère pour qu'elle les rejoigne. Elle accrocha à la lanterne le message qu'elle avait écrit à l'attention du bébé et se rapprocha de Clarke en la prenant par l'épaule.
« Je suis désolée maman... » lui murmura Clarke.
Sa mère lui déposa un baiser sur la tempe en lui assurant qu'elle était là. Finalement Bellamy prit Aurore dans ses bras, alors que celle-ci tenait la lanterne. Clarke se rapprocha et son petit-ami mit une main sur son épaule pour la serrer contre lui. Les lanternes s'envolèrent alors et Aurore lâcha la sienne également. Clarke sentit les larmes lui monter aux yeux, tout comme Bellamy. Tout le monde resta silencieusement à regarder les lanternes rejoindre le ciel avant qu'Aurore ne murmure à son oncle :
« Il ne sera plus jamais dans le noir ton bébé tonton. »
Il sourit à sa nièce.
« C'est grâce à toi Aurore. »
Il lui déposa un baiser sur le front puis la posa à terre. Octavia s'approcha alors d'eux et dit à Clarke :
« Je suis là ma belle tu sais ? »
Clarke hocha la tête et enlaça sa belle-sœur.
« Merci. »
Les habitants d'Arkadia regagnèrent petit à petit le camp, certains adressant à Clarke quelques mots de soutien. Finalement quand ils se retrouvèrent seuls, Clarke s'approcha de Bellamy.
« Tu avais raison, j'avais besoin des gens que j'aime. » Lui avoua-t-elle.
Il lui sourit et la prit par la taille.
« Et les gens qui t'aiment ont besoin de toi Princesse. J'ai besoin de toi. »
Elle l'enlaça, se sentant vraiment soutenue. Bellamy était vraiment quelqu'un de prévenant.
Fin
Note de l'auteur : Hep Hep Hep, ne partez si vite après le mot FIN... Un chapitre bonus va arriver d'ici quelques jours, pour compléter cette histoire dont le titre ne prendrait pas tous son sens sans lui... ;-) J'espère en tout cas que vous êtes réconciliée avec cette Clarke qui n'est finalement pas une femme froide, mais juste une femme profondément blessée.
