Comme promis, voici le chapitre 2 !
Et il est un peu plus long que le premier !
J'espère qu'il vous plaira ^^
Bonne lecture à vous !
Et je vous dis à tout en bas !
Chapitre 2
"Exaspérant"
Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent dans une grande clairière, un grand espace dégagé où se trouvaient diverses constructions dont une grande paillote sur pilotis rectangulaire aux murs de bois et toit végétal, un grand abris fait d'un plancher et de poteaux maintenant une immense bâche bleue pour en faire un toit, sous lequel se trouvaient des tables, un hamac et des caisses en bois de toutes tailles.
D'autres constructions plus petites, aussi, étaient éparpillées sur la zone plus ou moins étanchéifiées par d'autres bâches ou d'épais feuillages et Dean reconnu aussi une petite cabine qui devina être une douche, vu sa taille...
"-Posez cette caisse sous la tente ! Dit le professeur Novak à Dean en pointant l'abris au toit de bâches bleues, avant d'entrer dans la paillote sans plus d'attention pour lui.
"-M'énerve ! Grogna Dean en se dirigeant vers l'endroit indiqué. J'espère que les autres sont moins cons !
Une fois la caisse posée sur une autre, Dean s'assied sur un banc, près d'une table où il déposa son sac avant de poser ses coudes sur ses genoux, regardant l'état de ses mains blessées.
Des cloques, des coupures, peut-être une ou deux échardes, ses mains étaient des plaies brûlantes et il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir les tremper dans l'eau froide pour se soulager.
Regardant alors autour de lui, il se rendit soudain compte d'un truc.
Il n'y avait personne autour de lui, même pas un chat se dit-il amusé en pensant au puma qui n'était pas là non plus.
Se levant alors, il abandonna son sac sur la table où il était et marcha par-ci par-là, à la recherche de quelqu'un.
Puis, ne trouvant personne, il finit par se diriger vers la paillote où était entré le professeur.
Entrant timidement en repoussant le voile qui servait de porte, il découvrit qu'il ne s'agissait que d'une grande pièce garnie d'une table en son centre, elle même entourée de quatre tabourets de bois.
Dans les deux coins du fond, se trouvaient deux lits de camp, à sa droite, près de la porte, un coin cuisine et sur le mur de gauche, tout un tas de caisses avaient été mises les unes sur les autres, de coté, pour faire des étagères et étaient remplies de boites, de papiers, de livres, dont toute une rangée étaient identiques et rouges.
Le professeur Novak, lui, se trouvait donc dans le coin à sa gauche, assis à une autre table qui était contre le mur et servait vraisemblablement de bureau et était affairé à il ne savait quoi.
"-Où sont les autres ? Demanda alors Dean.
"-Les autres ? Demanda l'autre, en se tournant vers lui, le front plissé. Qui ça ?
"-Bah je sais pas moi, les autres mecs comme vous, vous n'êtes quand même pas tout seul ici !
"-Non. Dit-il. Plus maintenant puisque vous êtes là.
Dean en resta bouche bée un instant.
"-Attendez. Vous voulez dire qu'il n'y a que vous et moi ici ?
"-C'est ce que je veux dire.
"-Putain...
"-Si ça ne vous plait pas, je ne vous retiens pas, vous connaissez le chemin.
"-A pieds ?
"-Qu'est ce que vous voulez que j'y fasse moi ?
"-Je ne sais pas moi, il doit bien avoir un moyen pour que je retrouve la civilisation. J'ai un avion à prendre demain moi !
L'autre se mit à rire.
"-Qu'est ce qui vous fait marrer ?
"-Vous.
"-Ah bon ? Et qu'est ce qu'il y a de si drôle ?
"-Laissez tomber.
"-Laisser tomber quoi ?
"-Il n'y a pas d'autre moyen de quitter le secteur que de le faire à pieds, en tout cas maintenant.
"-Pourquoi ? Mais vous faite comment vous ?
"-Comment je fais quoi ?
"-Et bien, comment vous repartez d'ici ?
"-Un hélicoptère de l'armée vient me chercher.
"-Ah bah voilà ! On avance ! Et il arrive quand ?
"-Dans un peu plus de cinq mois .
"-QUOI ? CINQ MOIS ? !
L'autre sourit, moqueur.
"-Nan vous déconnez... Dites moi que vous déconnez.
"-Mais non. Un hélico gros porteur vient me chercher le 1er octobre de cette année, j'ai un contrat avec eux.
"-Putain de bordel de merde ! Mais je fais quoi moi ?
"-Vous avez plusieurs option je dirais...
"-Je vous écoute.
"-Vous pouvez y aller à pied, mais alors là, vous en avez pour un moment, en plus si la Kartabu Puruni Road est bouchée, c'est même pas la peine d'espérer être pris en stop. Dit-il dans un sourire.
Il avait l'air de beaucoup s'amuser de la mine défaite de son vis à vis.
"-Ensuite, il y a la chance. Espérer que cette année, la crue de la Mazaruni River vienne jusqu'ici et vous pourrez repartir à la nage... ou en pirogue si vous vous en faite une... parce qu'il y a quand même les piranhas, moi je serai vous je les éviterais...
"-Arrêtez de vous foutre de ma gueule.
"-Ou vous restez là et vous vous faite petit, que j'oublie votre présence.
"-Vous êtes un con !
"-Je vous remercie, vous en êtes un autre, ami colocataire. Dit-il irrité, sachant parfaitement que cet intrus n'aurait pas d'autre choix que de rester et qu'il devrait faire avec.
Dean sortit alors, rageur, il fallait qu'il prenne l'air, il fallait qu'il s'éloigne de cet individus avant de lui balancer son poing au travers de la gueule, ça ne serait pas un bon début de... cohabitation...
"-Et merde ! Se dit-il à haute voix en se laissant choir sur le banc près de son sac sous la tente, dépité, les coudes sur la table, la tête entre les mains.
Il était coincé là.
Il allait devoir attendre un miracle ou... cinq mois, avant de pouvoir quitter cet endroit de malheur.
"-Putain de journée de merde !
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De son coté, le professeur Novak ruminait.
Assis auprès d'elle, sur le sol de la paillote, il caressait la tête de Joy qu'elle avait posé sur sa cuisse, son regard planté dans le sien, l'écoutant comme si elle comprenait.
"-Je sais que j'y suis allé un peu fort mais il a voulu te faire du mal. Je sais que tu peux pas comprendre mais ça, j'ai du mal a l'avaler. Et puis, je ne lui ai dis que la vérité après tout ! Moi aussi je préférerais qu'il s'en aille !
Joy leva alors la tête en bougeant ses petites oreilles rondes.
"-Quoi ? Lui dit-il. Tu te dis que je suis dingue de vouloir éloigner la seule personne avec qui je peux avoir une conversation ? Je t'ai toi pour discuter.
Joy posa alors son museau sur ses pattes avant et ferma le yeux.
"-Ce type est insupportable. Continua-t-il en fixant l'animal qui semblait dormir, comme si elle voulait lui dire qu'il la fatiguait avec ses blablas incessants. Bon d'accord. Dit-il finalement. Je vais faire un effort, c'est toi qui a raison... qu'elle journée de merde !
Se passant alors la main dans ses cheveux ébouriffés, il grattouilla une dernière fois l'animal entre les oreilles avant de se lever.
"-Allez ! Allons voir ce qu'il est parti faire.
Joy releva alors la tête vers lui.
"-Tu viens avec moi ?
Et elle reposa sa tête sur ses pattes en soufflant.
"-Lâcheuse ! Dit-il amusé avant de sortir de la paillote.
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Une fois à l'extérieur, le professeur Novak fit un tour d'horizon de gauche à droite du camp, du haut des marches de la paillote, à la recherche de son nouveau colloc' et le vit.
Il était assis à une table sous la tente, lui tournant le dos, faisant il ne savait quoi.
Descendant alors les quelques marches, il souffla, pour calmer son irritation qui avait refait surface rien qu'à sa vue et se dirigea vers lui.
Et à quelques mètres de lui, l'autre ne l'ayant pas entendu approcher, il s'immobilisa une seconde en fronçant le front, pas vraiment sûr de bien voir ce qu'il croyait avoir reconnu.
Reprenant alors son approche lentement, il continua d'essayer de faire le point sur le dos du jeune homme et oui, c'était bien ça ! C'était bien lui ! Le Glasswing ! Ce petit papillon aux ailes transparentes sur lequel il n'avait jamais réussi à mettre la main depuis qu'il était arrivé.
N'en croyant pas ses yeux, il continua de s'approcher doucement.
Le papillon bougeait légèrement ses ailes, semblant profiter des effets des rayons du soleil couchant qui tombaient sur le tee-shirt noir du jeune homme immobile et n'hésiterait pas à s'envoler rapidement s'il approchait trop vite.
Et c'est excité comme un môme devant une vitrine de bonbons qu'il s'imaginait déjà l'observer sous toutes les coutures, prévoyant de le photographier, de le croquer, depuis le temps qu'il le cherchait, c'était vraiment une aubaine de tomber sur lui de cette manière.
Il n'était plus qu'à deux mètres et là il le voyait vraiment bien.
Oh oui c'était bien lui et il trouva merveilleux le fait de voir l'ombre des nervures de ses ailes sur le tee-shirt du jeune homme, alors que les parties pleines et transparentes laissaient passer la lumière... et ses écailles oranges... si vives le long de ses nervures, si lumineuses...
"-Ne bouger surtout pas ! Dit-il, arrivé à un mètre de son but.
L'autre sursauta alors de surprise en l'entendant dans son dos.
"-Quoi ? Dit-il en se retournant.
Et le papillon s'envola.
"-NOOOONNNN !.!.!.! Cria Novak en essayant d'attraper le papillon qui fuit sans demander son reste, si haut, si vite qu'il ne put rien faire d'autre que de le regarder s'éloigner. PUTAIN ! Je vous ai dis de ne pas bouger bordel de merde !
"-Faut pas vous inquiéter ! J'en ai pas peur !
"-Hein ?
La réponse ne fut pas vraiment celle à laquelle il s'attendait et il en fut quelque peu déstabilisé.
"-J'ai pas peur des araignées si vous voulez le savoir ! Elle est impressionnante je vous l'accorde, mais elle est tellement belle...
Novak fronça le front.
"-Mais je vous parle du papillon ! Qu'est ce que vous me parlez d'araignée ?
"-Un papillon ? Où ça ?
"-Mais dans votre dos !
L'autre essaya de voir dans son dos, inutilement.
"-Il est parti, vous avez bougé.
"-Ah ok !
"-Mais non pas OK ! Je vous avais dis de ne pas bouger ! Vous imaginez pas comme... Non laissez tomber... finit-il dépité, la tête basse, les bras ballants.
"-Je suis désolé... je croyais que vous me parliez d'elle. Dit-il en s'écartant, dévoilant une magnifique et énorme araignée qui était sur son sac.
Novak ouvrit alors de grands yeux, étonné que l'autre n'ait pas peur de la créature velue, agréablement étonné même.
Il en oublia finalement ses griefs contre lui pour le papillon et s'approcha de Dean pour venir observer l'araignée.
"-C'est la "Matoutou". On la reconnait facilement à ses reflets bleu métalliques au soleil et à ses bouts de pattes rose-orangés comme des petits chaussons.
"-Matoutou ? Répéta Dean amusé de ce nom.
"-Les gens d'ici l'appellent comme ça. Son nom latin est "Avicularia avicularia" ou Pink-toe tarentula en anglais.
"-Une tarentule ?
"-Une mygale.
"-Elle est superbe.
"-C'est vrai, mais elle est courante ici, si vous aimez les araignées, je pourrai vous en faire découvrir d'autres si vous voulez. Dit-il tout naturellement envahis par sa passion.
"-Vous m'en... je croyais que je devais me faire oublier ?
"-Oui... Non... Laissez tomber ! Dit Novak.
Dean fronça le front, se demandant s'il lui disait ça pour le fait de se faire oublier ou pour la proposition de lui montrer d'autres araignées.
"-Heu... Hm...
Il ne savait plus quoi dire du coup.
"-Est ce qu'elle est agressive ? Demanda-t-il finalement.
"-La Matoutou ?
"-Hm.. Elle me mordrait si je la prenais ?
"-Non elle n'est pas agressive du tout et heureusement vu comme elle est courante. Le seul petit problème ce sont ses poils urticants quand elle est adulte, mais vous pouvez la prendre en main quand même hein.
"-Urticants ? ... Heu non... je vais éviter alors. Dit-il en lui montrant l'état de ses mains.
"-Qu'est ce que vous avez foutu ?
"-C'est votre caisse.
"-Ma c'..
Dean acquiesça.
"-Vous auriez dû le dire !
"-Heu non.. pas trop eu l'occasion d'en venir là depuis que je suis arrivé... j'étais trop occupé à me faire oublier. Dit-il avec un sourire exagéré.
Novak grogna.
"-Si je n'avais pas été là, vous auriez tué Joy alors qu'elle ne vous avait rien fais !
"-Mais non...
"-Vous pointiez votre arme sur elle...
"-Je vous dis que non, je voulais juste lui faire peur.
"-Qu'est ce que vous pouvez être de mauvaise foi ! Dit Novak, avant de repartir en direction de la paillote, énervé.
"-Mais je ne suis pas...
"-VENEZ ! Faut qu'on soigne vos mains ! Dit-il de loin.
Dean se leva alors.
"-Et prenez votre sac ! Si vous le laissez là, vous risquez de trouver moins gentil que la Matoutou à l'intérieur !
Dean tourna brusquement la tête vers son sac pour voir s'il était toujours bien fermé, paniqué tout à coup du fait que s'il se retrouvait nez à nez avec un serpent il ne chanterait pas la même chanson.
Puis baissant les yeux sur l'araignée qui semblait apprécier squatter son sac, il tendit la main vers elle.
"-Allez ! File Chérie. Faut que je rentre mon sac... C'est le dragon qui l'a dit... Chuchota-t-il en la poussant pour la faire avancer et par la même, descendre sur la table.
Une fois l'arachnide expulsée, il récupéra alors son sac et partit en direction de la paillote où Novak avait disparu, alors que le soleil se couchait déjà.
.
Quand il entra, le professeur était au centre de la pièce, dos à lui, debout devant la table, affairé à ouvrir une mallette de premiers soins et se tourna vers lui en entendant ses pas sur le plancher.
"-Posez vos affaire sur le lit de camp de gauche, ça sera le votre. Finit-il d'une voix très peu enjouée.
Dean s'exécuta puis, se tournant de nouveau vers Novak, il surprit le regard de l'autre sur lui et visiblement pas sur sa tête puisqu'il releva les yeux pour croiser son regard.
"-Asseyez vous là. Dit-il en désignant le tabouret à sa droite avant d'allumer une lampe solaire près de lui pour mieux voir.
Dean s'assied alors sans discuter et le professeur prit place à coté de lui en approchant un tabouret.
"-Si vous venez à vous blesser dites le tout de suite ou soignez vous vous même mais n'attendez pas, l'humidité constante ici accélère la cicatrisation mais il faut se méfier des infections.
Dean acquiesça dans un sourire.
"-Je suis sérieux ! Tonna Novak en se méprenant sur son air, qu'il prit pour de l'amusement, comme si Dean prenait ça à la légère. Il n'y a pas d'hôpital dans les parages, ne faites pas le con !
"-C'est noté.
"-J'espère. Bon là, ça devrait aller. Dit-il en se penchant sur ses mains qu'il avait posé dos à la table. Mais pour une plaie plus grave, une morsure ou autre, le risque de septicémie n'est pas à négliger !
"-OK !
Novak passa alors le bout de ses doigts sur ses plaies en douceur et Dean trouva ce geste étrangement doux pour le personnage, tout du moins ce qu'il en connaissait.
"-Vous avez des échardes.
"-Oui je crois, une ou deux.
"-J'en compte cinq ! Et ça, il faut absolument les retirer toutes, ça craint.
Dean acquiesça tandis que le professeur Novak prenait une compresse sur laquelle il mit de l'alcool avant de se saisir d'une pince à épiler et d'approcher son visage au plus près pour voir.
Passant alors la compresse sur la main gauche de Dean qui se crispa sous la brûlure, il retira une première écharde, qui était la plus grosse.
Tout de suite, le trou laissé par l'aiguille de bois se mit à saigner légèrement et Novak passa la compresse sur la petite plaie, faisant de nouveau crisper le visage de son "patient" qui souffla.
"-Vous êtes douillet !
"-Non, j'ai les mains en feu et l'alcool empire les choses c'est tout. Dit Dean calmement.
Novak releva les yeux, croisant de nouveau les siens et Dean, troublé tout à coup de le voir de si près, détourna les yeux, regardant Joy qui s'était levée et venait s'asseoir près de son maître, avant de poser sa tête sur sa cuisse.
Dean continua alors de la regarder, observant l'animal, traversé par un frisson d'admiration. Avoir ce fauve à quelques centimètres de lui l'impressionnait beaucoup et il se demandait s'il pourrait lui grattouiller la tête comme le faisait Novak.
Le professeur, lui, s'affairant toujours sur sa main, ôta une deuxième écharde, puis une troisième avant de passer à son autre main où il en trouva deux autres.
"-Je crois qu'il ne doit plus y en avoir, vous en penser quoi ?
Dean plia ses mains, les toucha, les palpa pour vérifier, mais ne ressentit plus de sensation d'aiguilles plantées dans la chair.
"-Je crois aussi que c'est bon. Dit-il avant de reposer ses mains sur la table.
Novak désinfecta alors à nouveau toutes les plaies des mains de Dean, délicatement et minutieusement avant de se redresser.
"-Voilà ! On va surveiller, mais ça devrait aller.
"-D'accord... Merci. Dit Dean qui se trouvait gêné de leur prises de becs un peu plus tôt après tout ça.
"-De rien ! Dit l'autre froidement, alors que Dean avait cru voir un voile de compassion dans ses yeux bleus, qui s'était envolé aussi vite qu'il était apparu.
"-Je... Commença Dean. ... je suis désolé de vous envahir...
Le professeur Novak baragouina dans sa barbe avant de lui répondre :
"-Ca ne change rien ! Dit-il en posant la mallette de premier soins sur une étagère.
"-Merde ! Arrêtez de faire ça !
"-De faire quoi ?
"-J'essaye de faire des efforts, je m'excuse de quelque chose qui était indépendant de ma volonté, j'ai bien faillit crever et vous.. vous... Putain Novak vous faites chier ! Finit-il mécontent.
"-Mais je ne vous permet pas !
"-J'en ai rien à foutre de ce que vous me permettez ou pas ! J'ai pas choisi d'être coincé là ! Je suis pas livreur moi ! Je rendais un service ! MERDE ! Tonna-t-il pour finir, en se levant rageusement de son tabouret qui se renversa, avant de sortir.
Novak le regarda partir sans rien dire, puis baissa les yeux sur Joy qui s'assied devant lui, avec un regard qu'il sentit plein de reproches.
"-Quoi ? Dit-il.
Joy grogna alors doucement et se releva pour sortir elle aussi nonchalamment.
Novak la regarda partir à son tour et se laissa choir sur un tabouret avant de se baisser pour remettre celui que Dean avait renversé, sur ses pieds et de poser ses coudes sur ses genoux pour se frotter nerveusement le visage.
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Dehors, la nuit étant tombée et n'osant pas s'aventurer dans le noir profond de la jungle, Dean s'était assis sur la plus haute marche de l'escalier devant la porte.
Et entendant le froissement du voile de la porte derrière lui dans son dos, il souffla, croyant à l'approche du professeur.
Cependant, un frisson le traversa quand il vit la tête de Joy apparaître à ses cotés.
Tournant alors timidement la sienne vers elle, il vit qu'elle s'était tout simplement assise à coté de lui, regardant au loin dans la nuit, les oreilles dressées sur sa tête.
"-Je peux ? Dit-il tout bas en levant très lentement sa main droite vers la tête de l'animal.
Sans aucune réaction de la part du fauve, Dean posa alors sa main sur le coté de son museau et la fit aller vers l'arrière, caressant sa tête, cette fourrure épaisse et douce...
Joy ronronna alors et Dean sourit en reprenant le cours de sa respiration qu'il ne s'était pas rendu compte avoir interrompue et s'enhardit à la grattouiller derrière l'oreille.
"-Tu es une splendide créature tu sais. Chuchota-t-il, faisant de nouveau ronronner l'animal.
De l'autre coté du voile de la porte, se cachant derrière le mur alors qu'il allait sortir, le professeur Novak qui entendit les paroles de son colocataire et les ronronnements du Puma, sentit son coeur se serrer.
Si Joy ne sentait pas cet individu comme une menace c'est qu'il ne devait pas l'être et si elle allait à lui, c'était encore plus révélateur de sa confiance en lui.
Alors pourquoi l'irritait-il autant ? Peut-être qu'il n'avait vraiment jamais eut l'intention de lui tirer dessus, il n'avait pas l'air hostile envers quoi que ce soit... à part envers lui. Et il fallait bien avouer qu'il n'avait rien fait pour qu'il ne soit pas hostile envers lui... vraiment pas.
Il ne se reconnaissait d'ailleurs pas lui même.
Pourquoi cette méchanceté, pourquoi cette agressivité gratuite .
Vivre en ermite depuis si longtemps l'avait rendu amer et mauvais... presque.. sauvage ?
Dehors, Dean continuait de caresser Joy jusqu'à ce qu'elle tourne la tête vers lui, croisant son regard vert avec le sien et Dean ôta doucement ses doigts de sa fourrure.
S'il avait dû lire quelque chose dans le regard du fauve qui fixait le sien à à peine quelques centimètres il y aurait peut-être lu un sourire, de la tendresse et il lui sourit comme en retour.
"-Je m'appelle Dean. Dit-il dans un murmure que seul l'animal entendit. Ravie de te connaître Joy.
Joy cligna très lentement des yeux en ronronnant doucement comme si elle acquiesçait et retourna son attention brusquement vers la nuit, à l'affût avant de bondir au loin dans le noir où elle disparue, comme engloutie.
"-Ouais... Ravi de te connaître ma belle. Souffla-t-il, le coeur lourd.
Puis, croisant ses bras sur ses genoux, il y posa son front, les yeux clos.
"-Putain de journée de merde... Dit-il tout bas pour lui même. j'ose même pas imaginer demain... et les suivantes... putain quelle merde !
Novak qui entendit ses derniers mots, se mordit la lèvre nerveusement, se sentant quelque peu mal à l'aise à présent de l'ambiance pourrie qu'il avait provoqué et se demandait comment il allait procéder pour faire un pas vers...
"Merde ! Pensa-t-il. Vers qui ? Qui est ce type ? Putain je lui ai même pas demandé. Ca la fout mal, bravo Novak ! Un expert du savoir vivre et de la bienséance ! Tu lui présente ton puma et tu lui demande même pas comment il s'appelle lui ! Sympa ! Se dit-il en secouant la tête.
Puis la pluie se remit à tomber soudainement et Dean se leva pour ne pas se faire mouiller.
"-Ne restez pas dehors. Lui dit Novak en essayant de ne pas mettre trop de froideur dans sa voix.
Entendant le professeur, Dean rentra alors, la boule au ventre, il en avait assez de se prendre la tête avec ce type.
"-Joy s'est enfuie. Dit-il une fois à l'intérieur.
"-Oh ! Non, ne vous inquiétez pas, elle est partie chasser, c'est son heure de repas.
Dean sourit en se tournant vers la porte, se remémorant son départ subit en un bond.
"-Pratique un animal de compagnie qui se nourrit lui même.
Novak sourit à son tour.
"-Je ne voulais pas qu'elle soit dépendante de moi, car je vais repartir... et elle ne pourra pas me suivre... Finit-il tout bas.
"-Merde c'est vrai... Elle n'est pas trop imprégnée ?
Novak releva un sourcil, étonné qu'il utilise ce mot.
"-Elle l'est oui, beaucoup... j'espère quand même qu'elle ne l'est pas trop pour pouvoir rester seule une fois que je... qu'on sera partis...
Dean croisa son regard, le malaise entre eux était palpable, ils étaient définitivement pas partis du bon pied tous les deux.
Et tout à coup, Dean sourit et un petit air amusé sur le visage, il passa le seuil pour ressortir.
Novak le regarda partir en fronçant le front, se demandant ce qu'il lui arrivait, il n'avait rien dit de mal, qu'est ce qui lui prenait encore ?
Et Dean frappa trois coups contre le chambranle de la porte avant de re-rentrer, tout sourire.
"-Professeur Novak je présume ! Dit-il en venant vers lui. Bonsoir. Je suis Dean Winchester, je viens vous apporter votre caisse de matériel Ajouta-t-il en lui tendant sa main.
Novak, amusé, répondit à son sourire et n'oubliant pas son état, prit sa main, sans trop la serrer, pour ne pas lui faire mal.
"-Castiel Novak ! Enchanté de faire votre connaissance Dean Winchester. Et je vous remercie de m'avoir apporté cette caisse.
Dean sourit, leur poignée de main durant plus longtemps qu'une poignée de main conventionnelle.
"-Je n'ai qu'une parole, même un glissement de terrain ne m'aurait pas empêché de vous livrer. Dit-il amusé.
Puis, ils récupérèrent leurs mains, ne se quittant pas des yeux, tellement que ça en devint gênant autant pour l'un que pour l'autre, mais ils étaient comme accrochés.
C'est finalement Dean qui coupa le contact en détournant la tête pour regarder autour de lui.
"-Par contre. Poursuivit-il. Auriez vous un petit peu de place pour le voyageur égaré que je suis ?
"-Mais bien sûr, toute la place que vous voulez.
"-OK, parce qu'il parait que j'en ai prit pour cinq moi, je ne voudrais pas vous déranger.
"-Vous... Commença-t-il avant de s'interrompre pour reprendre un air sérieux. Vous ne me dérangez pas.
Dean le regarda du coin de l'oeil avant de tourner son visage vers lui.
"-Merci...
Castiel acquiesça.
"-Mais j'y pense. Dit Dean. Pour les vivres... vous ne devez avoir des réserves que pour une personne seule !
"-Non c'est bon, ne vous inquiétez pas pour ça, il y a tout ce qu'il faut aux alentours, viande, poisson, fruits... eau... tout ce qu'il faut.
"-OK
"-En parlant de ça... que diriez vous de manger un morceau ?
"-Avec plaisir, je n'ai rien avalé de la journée et j'ai une faim de loup.
"-J'ai rien à vous proposer de très folichon pour ce soir par contre, ce sera très frugal.
"-C'est pas grave, ça ira.
Castiel garnit alors la table de divers mets locaux, fruits, fromage, pain, viande séchée et ils s'installèrent à table.
Dean regarda, curieux, certaines choses qu'il ne connaissait pas encore, très intéressé par la découverte de nouvelles saveurs.
"-C'est quoi ça ? Demanda-t-il en prenant un fruit dans un grand panier de feuilles tressée et garnit de fruits de toutes les couleurs.
Le fruit, étrange, rouge orangé duquel dépassait une grosse graine courbée était bien mur et parfumé.
"-C'est le cajù... c'est la noix de cajou sous sa forme originelle.
"-Wow, j'aurais jamais imaginé la noix de cajou comme ça, mais bon je n'y ai jamais vraiment pensé... et c'est bon ?
"-Goûtez-y. Dit Castiel, un sourire en coin.
Et quand Dean porta le fruit à sa bouche, le gout étonnant de caramel, mêlé à la saveur de fruit exotique, le surpris.
"-C'est vachement bon !
"-C'est vrai. J'aime beaucoup aussi... Ca c'est le Camu Camu. Ajouta-t-il en lui montrant un petit fruit ressemblant à une petite prune de couleur bordeaux... Celui là, qui ressemble un peu à une pomme de terre, c'est le Taperebà, son goût ressemble à celui de la mangue, mais le noyau est très gros, ne croquez pas dedans trop rapidement ! Vous vous casseriez facilement une dent... là, la goyave.. Bon là, l'ananas, la banane rose et là, c'est la cocona, la tomate d'Amazonie. Précisa-t-il en lui montrant un petit fruit orange sombre qu'il prit et croqua avec gourmandise.
"-Et tout ça, pousse dans les environs ? Dit Dean en observant sa bouche malgré lui.
"-Oui, plus ou moins loin, mais certains, dont la goyave et les bananes roses me sont apportés par la tribu à qui appartiennent ces terres et qui ne vivent jamais trop loin d'ici.
"-Ils bougent ?
"-Oui. Ce sont les Waïwaïs. Ils déplacent leur campement régulièrement. Ils me rapportent souvent des vivres... des fruits frais, des fruits secs, du porc sauvage, du singe, du manioc, du riz...
"-C'est ce qu'on appelle de supers voisins !
"-Oui, ils me protègent aussi. Il est certain qu'ils savent que vous êtes là.
"-Ils savent ?... Ils vous protègent ? Protège de quoi ?
"-Je ne sais pas trop, d'un peu de tout, des menaces humaines, animales et aussi psychiquement je suppose...
"-Ils ont un chaman...
"-Oui.
De nouveau, Castiel resta interdit devant la culture de son vis à vis qu'il avait vraiment prit pour un imbécile et un paresseux dès le premier regard. Il s'était bien trompé et il était agréablement étonné... très agréablement... et il se surprit à l'observer plus en détail, il était vraiment plus appétissant que ce qu'il y avait sur la table et...
"-Vous ne mangez pas ? Demanda Dean qui surprit son regard sur lui.
"-Hein ? Heu si !
Coupant alors un bout de fromage pour lui, il leva les yeux sur Dean.
"-Vous en voulez ?
"-Oui merci... C'est du meia cura ?
"-Oui.
"-Génial ! Dit-il en prenant le bout de fromage que lui tendait à présent le professeur, avant de croquer dedans les yeux fermés. Délicieux...
Castiel se mordilla la lèvre en le regardant faire... avant de se reprendre très vite.
"Qu'est ce qui te prend bon sang ! Y'a une demie heure t'avais envie de lui foutre ton poing dans la gueule et maintenant ça ? Se dit-il en pensant à cette chose en lui qu'il n'avait pas ressenti depuis des lustres.
"-Mais dites moi, ce fromage est industriel !
"-Industriel ?
"-Non enfin ce que je veux dire c'est qu'il n'est pas fabriqué dans la jungle, il vient de la ville ce fromage et c'est une denrée périssable, comment vous l'avez eu si vous n'avez pas accès à la civilisation ?
"-Ce sont les Waïwaïs qui me l'ont donné.
"-Les Waiwais ? Mais ils vont en ville alors !
"-Oui, ils ont leurs "Ravitailleurs de ville" comme ils disent, c'est une petite délégation de leur tribu qui fait la navette entre leur camp et la ville pour y trouver divers choses qu'ils n'ont pas la possibilité d'avoir autrement.
"-Ils vont en ville ?
"-Oui.
"-Mais pourquoi vous ne me l'avez pas dit ? Ils pourraient me ramener à la civilisation eux !
"-Non...
"-Comment ça non ?
"-Le... c'est pas un truc de fillette, ils on un rit'..
"-QUOI ? L'interrompit Dean en se levant brusquement.
Castiel le regarda surpris.
"-Non mais où on va là ? Je rêve ! Je ne... Qui vous autorise à me juger ?
"-Mais non je...
"-Vous vous prenez pour qui en fait ? Pour le roi de la jungle ? J'ai ramené votre caisse de merde jusqu'ici !...
"-Mais là n'est pas la question...
"-...si on peut accéder à la ville à pied, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas les suivre.
"-Vous ne pouvez pas.
"-On verra ça ! Dit-il en se dirigeant rageur vers son lit, sous le regard incrédule de Castiel qui ne savait plus quoi dire pour qu'il se calme, il comprenait ses moindres paroles de travers. Ce type était décidément d'un ego et d'une susceptibilité à fleur de peau.
Assis sur son lit, Dean défit ses rangers avant de se coucher sur ses draps.
"-Vous devriez vous mettre sous le voile. Dit Castiel.
"-Foutez moi la paix ! Dit l'autre, qui lui tournait le dos, couché face au mur.
"-Comme vous voulez... Dit alors Castiel en secouant la tête.
"Et bien... la trêve aura été de courte durée..." Se dit-il en débarrassant la table.
Puis, il travailla une petite heure, en particulier à sa classification des derniers insectes rampants rencontrés, jusqu'à ce que Joy rentre.
Retirant alors ses bottes, il se débarrassa de son pantalon, changea de tee-shirt et dressa les arceaux au dessus de son lit afin de se glisser sous le voile anti moustiques imprégné.
Puis, il baissa l'intensité de la lumière et restant tourné vers Dean, il se surprit encore à le détailler. C'était définitivement un très bel homme et son mauvais caractère n'y changeait rien du tout... détaillant plus précisément son vis à vis, ses yeux se posèrent sur sa nuque, ses épaules, son dos musclé bien mis en évidence par ce tee-shirt noir moulant son corps.. glissant encore pour observer ses hanches, assez fines, enserrées par sa ceinture et ses...
Fermant les yeux, il souffla avant de se tourner de l'autre coté.
"Arrête de faire ça !" Se dit-il en pensées.
Au milieu de la pièce, Joy regarda alors un à un les deux hommes endormis et finit par se coucher entre les deux lits en lâchant un long grognement délicat, comme un soupir de découragement.
Voilà voilà voilà ! ^^
Cette longue journée de merde prend fin.
Demain sera un autre jour...
Qu'en avez vous pensé ?
