Voici la première journée que Dean et Castiel vont passer ensemble, première journée d'un quotidien qui va devoir s'installer et qui ne sera pas de tout repos pour nos deux doux idiots... vous allez découvrir un Dean paranoïaque malgré lui et un Castiel si différent en réalité, de ce mec bourru qu'il laisse paraître aux premiers abords quand un étranger pénètre sur son territoire, mais je n'en dis pas plus vous verrez par vous même... Bonne lecture en tout cas et à tout en bas :-)

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Chapitre 3

"Premier jour de cohabitation"


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Aux premières lueurs de l'aube, quand Castiel ouvrit les yeux, la première chose qu'il vit, fut la silhouette de son colocataire forcé, toujours recouvert de ce voile anti-moustiques qu'il avait déposé sur lui dans la nuit.

Il n'avait pas pu.

Le laisser se faire dévorer pas ces saletés de moustiques femelles suceuses de sang toute la nuit, malgré l'animosité entre eux, leur dernière prise de bec, il n'avait pas pu s'y résigner.

Il se serait fais piquer tout le corps et Dieu sait que ces petites voraces amazoniennes, laissaient derrière elles, des boutons et des démangeaisons atroces.

Tout ce qu'il y aurait gagné, c'est qu'il se serait griffé à sang durant son sommeil.

Sans parler de son humeur, quand il aurait été obligé de lui dire et répéter d'arrêter de se gratter tout au long de la journée, alors que son esprit n'aurait eu que cette envie...

Alors voilà !

Quand Dean s'était frappé le bras pour la quatrième fois à cause des premières attaques, il s'était levé de son lit et avait sortit un voile neuf de son emballage, pour l'en recouvrir entièrement des pieds à la tête, avant de se recoucher.

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Sortant de ses pensées, Castiel faufila sa main gauche sous la lisière de son voile pour la baisser jusqu'à la tête de Joy, couchée au sol près de lui et comme chaque matin, il lui grattouilla les oreilles en baillant.

Joy bailla alors à son tour de le voir faire et il rit doucement avant de repousser les arceaux d'au dessus de lui jusqu'à ses pieds pour s'asseoir au bord de son lit.

Joy se leva elle aussi et s'assied face à lui pour poser sa tête sur son genou, réclamant ses "papouilles du matin".

Ils avaient leurs rituels à présent tous les deux... pas imprégnée... Pfff bien sûr qu'elle l'était...trop... Castiel prit donc sa tête entre ses deux mains pour de plus amples grattouilles qui firent ronronner fort l'animal, qui bailla de nouveau de contentement.

Puis, après une dernière caresse sur sa tête, il enfila son pantalon de la veille, prit ses chaussures à la main, des chaussettes, une serviette, son savon et se leva pour prendre directement la direction de la douche !

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Quand il eut finit de se... "rafraîchir", il s'habilla rapidement et retourna dans la paillote en ébouriffant ses cheveux toujours quelque peu mouillés.

Une fois à l'intérieur, il rangea sa serviette et son savon silencieusement pour ne pas réveiller son coloc', remit son lit en ordre et se dirigea vers le coin cuisine.

Il avait besoin d'un grand café, bien corsé, il avait du boulot aujourd'hui, il se devait d'être en forme ! Et bien réveillé !

Sortant alors une boite en plastique marron contenant du café torréfié et moulu finement par les femmes de la tribu Waïwaï, le meilleur café du monde, il en mit une dose dans un filtre, puis, finalement la doubla quand il se dit que Dean était certainement un buveur de café lui aussi et fit chauffer de l'eau sur un petit réchaud.

Une fois l'eau frémissante, il fit alors passer son café, humant avec impatience la douce odeur de ce carburant qui lui était plus que nécessaire.

Puis, quand il eut terminé, il allait s'en servir un gobelet quand il se souvint tout à coup de la caisse apportée par son coloc' la veille.

Sortant alors précipitamment, il courru vers la tente, attrapa à la volée un pied de biche rangé dans une caisse où il rangeait divers outils craignant la rouille et se dirigea vers la sainte caisse qu'il attendait depuis si longtemps.

Tout ça sous le regard de Joy qui le regardait du haut des marches de la paillote avec incrédulité.

Ouvrant donc sa caisse en trois effets de levier de son pied de biche, il ôta rapidement le couvercle et la vit tout de suite.

Une grosse boite en plastique blanc dans laquelle Singer avait rangé avec soin quelques trois kilos de petits cubes de sucre de canne, rien que pour lui.

"-Aaahh... Fit-il en la sortant avant de reposer le couvercle sur la caisse. Bobby Singer vous êtes mon sauveur. Finit-il à haute voix en reprenant à grand pas, le chemin de la paillote, un grand sourire sur les lèvres et sa boite sous le bras.

Car oui !

Castiel Novak avait un vilain péché à expier... Il était accroc au sucre !

Et il n'avait pas du tout l'intention de guérir de cette addiction !

Ca faisait maintenant plus de trois semaines qu'il avait utilisé le dernier morceau de sa précédente livraison et ce jour là, il avait hésité.

Singer ne le livrerait pas avant une semaine et il savait qu'il allait y penser à chaque seconde.

Alors quand le jour de la livraison arriva et que Singer ne vint jamais, ni le jour suivant, ni ceux d'après, ses nerfs avaient été mis à rude épreuve.

Bien sûr, à la place, il mangeait d'autres choses sucrées, des fruits en majeure partie, mais, juste l'idée de savoir qu'il n'avait pas de sucre, l'empêchait d'être rassasié par ces petites doses, il était littéralement en manque.

Et à plusieurs reprises, il s'était giflé mentalement tellement il se faisait honte à lui même. Comment pouvait-on être en manque d'une bêtise pareille ?

Et puis contre toute attente, l'arrivée de son nouveau coloc' lui avait complètement fait oublier que le sucre était justement dans cette caisse qu'il lui avait apporté... C'était complètement dingue !

Et du coup il avait passé ses nerfs sur lui !

Oui il était exaspérant.. mais quand même !

"Bravo Novak ! Se dit-il en pensées en entrant dans la paillote.

Jetant alors un coup d'oeil à son colocataire, il vit qu'il n'avait pas bougé d'un centimètre, dormant toujours à poings fermés en silence.

Puis, il posa la boite de sucre sur la table et ne perdit pas une seconde de plus pour se servir un grand gobelet de café, avant de s'asseoir à la table et d'y jeter un, puis, deux, puis, un troisième petit cube de sucre... il allait faire une exception et ne pas se restreindre pour cette ultime fois.

En plus les restrictions allaient être encore plus serrées, vu qu'ils étaient deux à présent et rien que d'y penser, il grogna.

Il se dit alors qu'il lui faudrait une autre addiction, mais laquelle ?

Dean bougea légèrement à cet instant, Castiel tourna la tête dans sa direction et ses yeux y restèrent scotchés un instant, alors qu'il se mordillait l'intérieur de la joue, perdu dans ses pensées et il finit par se gifler mentalement en secouant la tête, avant de détourner les yeux de ce mec.

"Novak t'as du boulot ! Bouge toi au lieu de rêver ! Se dit-il en buvant sa dernière gorgée d'or noir, très sucrée, avec une immense satisfaction.

Puis, après quelques notes dans son journal de bord pour la matinée, il mit quelques morceaux de viande de singe séchée, quelques coconas et une banane rose dans un petit sac de toile qu'il fourra dans un sac à dos où son matériel habituel était déjà et il sortit de la paillote.

"-Allez ! On y va Joy ! Dit-il en se retournant vers le puma... qui n'était pas derrière lui.

Fronçant le front, il regarda partout s'il la voyait. Avait-elle pris de l'avance ? Non.

Et il finit par retourner à l'intérieur de la paillote où il la trouva assise face à lui.

"-Qu'est ce que tu fais ? Viens !

Joy grogna alors légèrement en tournant la tête vers son colocataire endormis.

Et là ce fut comme une évidence.

"-Oh ! Je vois, c'est vrai, tu as raison.

Castiel prit alors la direction de son bureau, une feuille de papier où il griffonna quelques lignes et une fois terminé, il la posa sur la table avant de la reprendre en pouffant silencieusement pour y ajouter quelques mots, puis, il la reposa sur la table avec un gobelet dessus pour que la note ne s'envole pas.

"-Voilà ! Je lui laisse un mot. C'est bon maintenant ? Tu viens ?

Joy se leva alors et sortit devant lui.

Novak secoua la tête amusé, puis, jetant préalablement un dernier coup d'oeil à son coloc', il sortit à son tour.


Quand Dean ouvrit les yeux, il était parfaitement conscient de où il se trouvait, mais sa vision était troublée par quelque chose.

Voulant amener sa main gauche devant son visage pour voir l'heure, il se rendit compte que ce qui troublait sa vue était un voile anti-moustique, imprégné de produit, vu l'odeur qui s'en dégageait.

Tirant finalement dessus, il le fit descendre le long de sa tête, puis jusqu'à ce qu'il puisse en dégager ses bras.

Là, il s'assied sur son lit et regarda sa montre, 10H40, regardant ensuite autour de lui et le lit de l'autre coté de la pièce qu'il trouva vide, il constata qu'il était seul, pas de Novak, pas de puma.

Dégageant ses pieds du voile sous lequel ils se trouvaient toujours, il s'assied au bord du lit et enfila ses rangers sans les lacer, avant de se lever.

S'étirant alors des pieds à la tête, il constata qu'il n'avait mal nul part et en fut surpris, car à chaque fois qu'il se trouvait dans un nouveau lit, son corps avait tendance à lui faire ressentir son mécontentement.

Mais là rien ! Et il en fut on ne peut plus satisfait.

Par contre ses mains, elles, étaient un peu raides et boursouflées, ce qui n'était pas des plus agréable.

Puis, il avisa une note se trouvant sur la table.

Faisant alors un pas, il vit que ça lui était adressé et ôtant le gobelet qui était posé dessus tout en frottant machinalement son avant bras gauche contre sa hanche, il se mit à lire :

Monsieur Winchester

Et bien... Se dit-il. Novak était bien conventionnel !

Ayant quelques tâches à accomplir qui ne peuvent être exécutées

que le matin à la fraîche, Je n'ai pu attendre votre réveil

Je suis donc parti, Joy est avec moi

(enfin, c'est ce qui est prévu, mais comme depuis hier elle me fait des infidélités...)

Je reviendrai dans environ 4H, donc vers midi

Il y a du café frais sur le réchaud

Mangez à votre guise.

Et si vous le désirez, Il y a une douche rudimentaire dehors

(à la gauche de la paillote)

Par contre ne sortez surtout pas du camp !

Et ne tirez pas sur tout ce qui bouge !

C.N.

En lisant cette dernière phrase, Dean grogna en fronçant le front, mécontent. Puis...

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PS : Ne faites pas cette Tête Dean !

Mon dernier conseil était une blague !

Dean sourit en secouant la tête, amusé, ce mec avait vraiment un grain !

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Puis, son sourire toujours figé sur ses lèvres, il reposa la feuille sur la table, y récupéra le gobelet et s'empressa de se servir un grand café sans le faire chauffer, il n'était d'ailleurs pas vraiment froid.

S'installant ensuite à la table, il but tranquillement ce café qu'il trouva particulièrement bon, sûrement même le meilleur café qu'il n'ai jamais bu.

Rêvant tout éveillé et frottant encore son avant bras gauche contre sa jambe, en attendant que la caféine fasse son oeuvre, curieux, il souleva le couvercle d'une boite en plastique blanc se trouvant au milieu de la table pour voir ce qu'il y avait dedans.

Voyant qu'il ne s'agissait que de sucre, il relâcha le couvercle et se leva pour sortir finir son café assis sur les marches de la paillote.

Une fois assis, il frotta de nouveau machinalement son bras gauche contre la toile rêche de son pantalon, le long de sa cuisse et finit par jeter un coup d'oeil à ce qui le démangeait comme ça.

Et il grogna d'y trouver trois gros boutons de moustiques, qui, rien que de les regarder, se mirent à le démanger encore plus.

Frottant alors énergiquement son bras contre son genoux en grimaçant, il finit par stopper à cause de la brûlure provoquée par la friction.

Puis, regardant de nouveau son bras, il soupira de dépit en constant que l'échauffement avait rendu les piqûres rouges et brillantes.

Quelle connerie de ne pas avoir écouté Novak la veille quand il lui avait dis de se mettre sous le voile de protection ! Se dit-il en repensant soudainement qu'il s'était réveillé dessous.

Il allait devoir le remercier pour ça. Pensa-t-il en se grattant encore et toujours.

Il n'osait même pas imaginer ce que ça aurait été s'il s'était fais piquer partout par ces saletés... piqué dans le dos...

"-Winchester c'que tu peux être con des fois ! Se dit-il à haute voix à cette dernière pensée.

Puis, secouant la tête, il se releva en buvant sa dernière gorgée de café et retourna à l'intérieur.

Prendre une douche ! Voilà une bonne idée ! Ca le soulagerait peut-être de ses démangeaisons et de ses mains raidies.

Posant sa tasse sur la table, il se dirigea alors vers son sac.

Le posant tout d'abord sur son lit, il l'ouvrit rapidement et le vida petit à petit en triant ses affaires qu'il posait en piles sur ses draps, en se disant qu'il allait aller secouer son sac maculé de boue sèche dehors et que ça ne serait pas du luxe.

Une fois le grand sac marin vidé, il sortit donc pour le nettoyer et vérifia en même temps où était la douche dont Novak lui parlait dans son mot, en longeant l'avancée qui faisait le tour de la paillote et constata qu'il s'agissait bien de la petite cabine qu'il avait repéré comme telle à son arrivée la veille.

Puis, revenant à l'intérieur, il prit, pantalon, boxer et chaussettes propres, une serviette et son savon avant de ressortit pour aller se laver.

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La douche, effectivement rudimentaire, était constituée de quatre parois dont la porte, faites de branches encadrant un astucieux tissage de feuilles.

De grandes feuilles étaient aussi posées sur le sol, devant et à l'intérieur de la douche pour constituer un tapis et éviter d'avoir les pieds dans la boue.

Tandis que le système de douche lui-même était un simple pommeau à filtre muni d'une chaîne, surplombé d'un énorme container suspendu et ouvert sur le dessus pour récupérer l'eau de pluie... qui ne manquait pas dans le coin.

Une cabine exiguë soit ! Mais dans laquelle on pouvait bouger aisément quand même et même une petite tablette faite de quelques branches traversant le coin droit, permettait de poser son savon et un crochet à la porte, permettait, lui, de laisser ses vêtements et serviette au sec à l'extérieur, tout en restant accessibles de l'intérieur.

Oui, cette petite douche rudimentaire était bien astucieuse et Dean en félicita silencieusement Novak, l'habile bricoleur qui s'était bien cassé la tête pour se simplifier la vie.

Retirant ensuite ses chaussures, chaussettes et tee-shirt à l'extérieur et s'enferma dans la douche pour finir de se déshabiller rapidement.

Puis, levant la tête sur le pommeau et le grand container au dessus de lui, il grimaça en grognant...

Oh non les premières secondes n'allaient pas être agréables il le savait.

Souriant alors en serrant les dents, les yeux clos, il finit par tirer sur la chaîne et comme prévu, dès que l'eau, pas froide mais loin d'être chaude, atteignit sa peau il ne put retenir un râle de mécontentement.

Puis, soufflant, sans bouger, il attendit que son corps s'habitue à la température de l'eau, quelque peu en retrait sur le coté pour que la peau fragile de son dos ne le fasse trop souffrir... Cette peau brûlée, cicatrisée mais restée fragile et sensible qui était sienne à présent et ce jusqu'à la fin de sa vie.

Une fois la température devenue quelque peu supportable, il coinça la chaîne dans un crochet spécialement conçu à cet effet pour se libérer les mains.

Il se lava rapidement corps puis cheveux avec son savon neutre auquel il s'était habitué à présent, mais qui, pensa-t-il, s'il ne pouvait pas retourner à la ville avec les Waïwaïs, n'allait certainement pas tenir cinq mois ! Et le moment viendrait où à défaut d'autre chose, il devrait se contenter d'eau... il n'allait certainement pas demander un truc pareil à Novak !

Se rinçant ensuite tout aussi rapidement, il décrocha la chaîne pour arrêter l'eau et attrapa sa serviette pendue à l'extérieur en passant son bras par dessus la porte.

Une fois sec, il attrapa son pantalon, en sortir son boxer qu'il avait glissé dans la poche et les enfila avant de sortir de la cabine.

Il mit ensuite ses chaussettes, glissa ses pieds dans ses rangers toujours sans les lacer et récupérant ses effets personnels, il retourna à la paillote en secouant la tête pour se débarrasser de quelques gouttes qui perlaient toujours à ses cheveux.

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Et Dean montait les escaliers pour rentrer quand Castiel pénétra dans le camp.

Dean ne le vit pas et rentra, mais Castiel qui l'avait aperçu torse nu avant qu'il ne disparaisse à l'intérieur, regretta un instant de ne pas avoir marché un peu plus vite pour avoir la chance de le voir ainsi de plus près.

Fermant les yeux, il secoua la tête exaspéré par lui même.

"-Arrête de délirer Novak. Se dit-il à voix basse.

Joy, quant à elle, qui avait elle aussi vu Dean en arrivant dans le camp, accéléra alors le pas et dépassa Castiel avant de se diriger vers la paillote en trottinant gaiement et d'y entrer en un saut souple du bas de l'escalier jusqu'à la porte.

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Dean se retourna vivement en entendant le léger son émit par les grosses pattes de velours du puma qui entrait derrière lui et se figea.

Joy vint alors jusqu'à Dean, qui ne bougea pas d'un millimètre au cas où il se serait agit d'un autre puma et quand elle fut tout près de lui, elle se frotta en ondulant son corps et sa longue queue tout autour de ses jambes.

Rassuré immédiatement sur l'identité de l'animal, Dean s'accroupit alors et lui grattouilla la tête, faisant ronronner l'animal.

"-Et bien ! Tu es contente de me voir toi ! Dit-il.

"-Elle vous aime bien c'est indéniable. Dit alors la voix de Castiel qui venait d'entrer.

Dean qui avait relevé les yeux sur lui en l'entendant, les baissa de nouveau sur Joy en souriant.

"-Elle est vraiment magnifique. Dit-il.

Castiel sourit à son tour, les détaillant lui et l'animal, mais surtout lui, lui qui n'avait toujours pas enfilé de tee-shirt et exposait innocemment son corps à ses yeux qui n'avaient de cesse de le dévorer.

Ce corps bronzé, ce corps musclé et qui, même s'il était abîmé par-ci par-là aux épaules et au torse, n'avait rien à envier aux gravures de mode.

Puis, Dean releva les yeux sur Castiel et voyant son regard posé sur lui, il réalisa tout à coup qu'il n'avait pas fini de s'habiller.

"-Oh ! Pardon... Dit-il en se relevant précipitamment. Je ne voulais pas être impoli. Ajouta-t-il en reculant vers son lit une main sur son torse.

"-Impoli ? Dit Castiel en se détournant pour sortir ce qu'il n'avait pas mangé, de son sac.

"-Je ... c'est juste que les gens... Dit Dean en se tournant vers son lit pour prendre son tee-shirt et le mettre rapidement. Les gens préfèrent en principe...

Castiel se retourna alors vers lui en ne comprenant pas et eut juste le temps d'entrapercevoir son dos et cette immense cicatrice qui le traversait avant qu'elle ne soit dissimulée par son tee-shirt, mais qui lui fit sauter le coeur et le laissa figé sur place, ses mains en suspend au dessus du panier de fruits où la banane qu'il tenait tomba d'elle même.

Une fois décent, Dean se retourna et grattouilla de nouveau la tête de Joy qui était assise devant lui avant de relever les yeux sur Castiel.

Le voyant sans réaction, il fronça le front.

"-Heu... Ca va ? Vous allez bien ? Demanda-t-il inquiet devant sa mine défaite.

"-Hein ? Heu... Oui... oui ça va... Dit Castiel en secouant la tête, reprenant enfin le cours du temps. Je pensais à autre chose ne faites pas attention. Ajouta-t-il en baissant la tête vers le panier de fruits, dont il arrangea machinalement quelques bananes et goyaves pour se donner une contenance, l'esprit rempli de questions, de peine pour lui et de colère contre lui même, qui le comparait à une gravure de mode quelques secondes plus tôt.

Ce mec avait visiblement vécu des choses pénibles et devait être bien loin des futilités qui lui traversaient la tête depuis qu'il avait posé les yeux sur lui la veille.

Observant Castiel et ses épaules voûtées un moment, ne comprenant décidément pas le personnage et ses changements d'humeur soudain, Dean haussa les épaules et se détourna pour s'occuper de ses affaires qui étaient toujours éparpillées sur son lit pour les remettre dans son sac dans un ordre pratique.

Puis, immobilisant son geste, alors qu'il allait remettre une pile de tee-shirt dans son sac, il se tourna de nouveau vers Castiel qui avait traversé la pièce et tournait les pages d'un cahier sur son bureau.

Regardant ses mains agir, il ne fit pas attention à leur propriétaire qui venait de tourner la tête vers lui en stoppant son feuilletage.

C'est quand il se rendit compte que ses mains sur lesquelles il était fixé ne bougeaient plus, qu'il releva les yeux et croisa le regard de Novak également posés sur lui.

Se fixant sans rien dire, ni faire le moindre mouvement, ils sentirent tous deux leurs coeur danser sur un autre rythme, ils savaient tous deux que l'autre leur faisait de l'effet, mais c'est gênés autant l'un que l'autre qu'ils détournèrent le regard pour ne pas incommoder leur vis-à-vis.

Et Dean se dit qu'il fallait vraiment qu'il parte d'ici, tandis que Castiel se morigénait intérieurement d'être tombé sous le charme du premier venu, comme si son long isolement l'avait changé en un pervers en manque.

"Et c'est pas parce qu'il te plait qu'il est gay aussi espèce de crétin ! Se dit-il en serrant les dents, énervé contre lui même.

Dean, lui, ne voulait rien savoir, rien approfondir, ne pas chercher, il ne voulait plus personne dans sa vie, ni même juste dans son lit, depuis qu'une nana, la première après l'accident, quelques mois plus tôt, l'avait regardé avec dégoût quand elle avait glissé ses mains sous ses fringues et sentit la peau abîmée de son dos, avant de se sauver horrifiée, en regardant ses mains comme si elles étaient sales.

Un dégoût qui lui avait fait mal, un rejet qu'il ne voulait plus connaître et qui faisait peut-être de lui un sauvage frustré, mais il préférait à présent être seul, que de revoir ce regard d'horreur et de dégoût posé sur lui. Plus jamais ! Jamais !

Son esprit déjà troublé par l'accident lui même, cette expérience l'avait traumatisé.

Alors même si... NON ! ...Il était hors de question qu'il se laisse envahir par quoi que ce soit pour ce type... à choisir il préférait le détester ! Il faisait ainsi depuis des mois maintenant dès le moindre signe d'intérêt de son corps pour un autre et ce n'était pas sorcier. Frustrant, mais pas compliqué.

Reposant alors son attention sur ce qu'il faisait précédemment, il finit de ranger ses affaires dans son sac sans un mot et Castiel s'assied à son bureau pour écrire dans un de ses carnets rouges qui lui servait de journal de bord pour rapporter ses activités du matin.

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Une fois ses affaires rangées Dean sortit alors de la paillote pour aller s'asseoir sur les marches et Joy qui était couchée près de Castiel se leva et le suivit à l'extérieur pour se recoucher près de lui, la tête posée sur ses pattes avant.

Leurs regards verts se croisèrent et Dean sourit à l'animal qui ferma les yeux pour reprendre sa sieste là où elle l'avait interrompu.

Visiblement, elle tenait à surveiller ses moindres faits et gestes. Constata Dean amusé, en laçant ses rangers dont la couleur boueuse, lui fit froncer les sourcils de mécontentement.

Puis, descendant ses fesses d'une marche, il posa ses coudes en arrière sur celle du haut en observant les alentours, mais les oreilles concentrées sur les bruits venant de l'intérieur de la paillote.

A en croire les sons qui parvenaient jusqu'à lui, Castiel était affairé à présent à préparer à manger et il se demanda s'il devait lui proposer son aide...

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De son coté, Castiel avait finit de noter ses actions du matin et n'avait rien marqué dans ses taches à accomplir pour le reste de la journée... il n'arrivait pas à se concentrer et n'avait envie de rien... il décida donc de préparer le repas.

Attrapant alors une grande bassine dans laquelle il avait mis sa pèche décortiquée de la vieille à macérer dans un bain de vinaigre, de sel, de poivre, de bois d'Inde en poudre et de paprika, il en sortit les ouassous pour les déposer dans un plat.

Sortant ensuite des oignons sauvages et de l'ail d'un panier, puis, quelques piments ainsi que de la cive sauvage, il éplucha et coupa le tout en petits morceaux rapidement avant de les laisser de coté pour plus tard.

Posant ensuite une grande poêle sur un trio de réchauds que lui avait confectionné Bobby Singer à sa dernière visite, quand il lui avait apporté cette grande poêle, il y versa de l'huile de palme pour y faire revenir les ouassous quand tout à coup une question s'imposa dans son esprit.

Arrêtant alors le feu pour ne pas faire brûler l'huile, il sortit de la paillote.

"-Heu... Dean ?

Dean qui l'avait entendu sortir derrière lui, ne put empêcher son coeur de faire un bond quand la voix de Novak prononça son prénom.

"-Oui ? Dit-il en se tournant, levant les yeux vers lui.

"-J'allais... Mais... Vous aimez les crevettes ?

"-Des crevettes ? Ici ?

"-Oui, des ouassous, des crevettes d'eau douce.

"-J'adore les crevettes...de mer...normalement... donc... je pense qu'elles devraient me plaire aussi.

"-Aaah tant mieux ! Dit Castiel dans un sourire. J'en ai péché tellement que...

"-C'est vous qui les avez péché ?

"-Oui, un gamin de la tribu des Waïwaïs m'a fabriqué un filet et je l'ai étrenné hier... et ce fut une pèche miraculeuse...

Dean rit doucement de l'enthousiasme évident de son... coloc'.

"-Il me tarde d'y goûter en tout cas !

Castiel sourit de nouveau.

"-Vous venez de me mettre la pression là... j'espère ne pas foirer ce plat.

"-Vous avez besoin d'un coup de main pour quelque chose ?

"-Non, ça ira, j'ai juste à faire revenir les ingrédients les uns après les autres.

"-OK.

Ils se regardèrent un instant en silence... encore... et c'est Joy qui se leva entre eux qui coupa leur fixation.

"-Bon ! Je m'y remets moi !

Dean acquiesça.

"-Ca ne sera pas prêt avant une quarantaine de minutes par contre, si vous voulez grignoter quelque chose en attendant, servez vous...

"-Heu... grignoter non, mais je reprendrais bien un café.

"-Si vous voulez... Dit Castiel en retournant dans la paillote suivit de Joy.

Dean se leva alors et le suivit lui aussi à l'intérieur.

Castiel mit le pot de café sur le petit réchaud immédiatement et Dean fit quelques pas en se grattant le bras, ne sachant pas trop quoi faire de lui même et finit par retourner à la porte, s'adosser au chambranle, les bras croisés et regarder Castiel qui avait allumé le feu sous une grande poêle et jetait à présent les crevettes dans l'huile bouillante pour les faire revenir.

Sentant son regard posé sur ses faits et gestes, Castiel resta tout de même concentré sur ses crevettes et le café afin de ne rien faire brûler.

Puis, quand le café fut chaud, Dean alla chercher son gobelet sur la table et Castiel le servit avant de s'en servir un à lui même.

Ouvrant ensuite la boite de sucre, il en prit un et se tourna vers Dean qui buvait déjà une gorgé de son café.

"-Vous ne prenez pas de sucre ?

"-Non, je préfère sans.

"-Vous avez bien de la chance de pouvoir vous en passer. Dit-il en posant son gobelet près du réchaud pour attraper une petite boite métallique dans laquelle se trouvait du curcuma dont il en saupoudra deux grosses cuillères en bois sur les ouassous avant de mélanger le tout.

Dean huma l'odeur appétissante qui commençait à envahir la paillote et s'assied à la table.

"-Comment vont vos mains ? Demanda alors Castiel.

Dean les regarda pour voir.

"-Ca va, elles étaient un peu gonflées et sèches ce matin mais la douche à l'air d'avoir eu un effet apaisant.

"-Tant mieux... Dit Castiel en versant oignons, ail etc. dans sa poêle.

"-Au fait ! Poursuivit Dean. Merci pour le voile anti-moustiques.

Castiel se tourna vers lui un sourire gêné sur les lèvres.

"-De rien. Je ne pouvais pas vous laisser vous faire bouffer... Les moustiques d'ici son très agressifs la nuit.

"-Ouais je m'en rend bien compte. Dit-il en lui montrant les trois piqûres sur son avant bras gauche.

"-Oh ! Désolé, je n'ai pas réagi assez vite visiblement... Prenez le petit pot en terre là haut au dessus du bureau... Dit-il en lui désignant une petite étagère.

"-Le marron là ? Dit Dean qui s'était tout de suite levé et lui montrait un pot carré de couleur brune.

"-Oui, c'est du baume apaisant que m'ont donné les Waïwaïs, il est d'une efficacité redoutable.

"-Ah cool ! Dit Dean en en prenant un peu sur ses doigts, avant de reposer le pot à sa place.

Puis, étalant la mixture légèrement parfumée sur son bras, il reprit sa place et sentit tout de suite la disparition de ses démangeaisons.

"-Je sens déjà plus rien ! C'est magique ce truc !

"-N'est-ce pas !

Remuant son plat, Castiel se pencha alors au dessus pour se remplir les narines de l'odeur des plus appétissantes qui en ressortait, satisfait que ce soit la même que quand Irana l'avait préparé devant lui.

"-Putain ! Ca sent bon ! Dit Dean tout à coup.

"-J'espère que ça sera aussi bon que l'odeur nous le promet !

"-J'en doute pas une seconde ! Je suis de plus en plus impatient d'y goûter !

Castiel sourit et sentit ses joues chauffer, remerciant le ciel que Dean se soit assis à la table derrière lui et ne le voit pas rougir comme une adolescente flattée.

"-Vous êtes sûr que vous avez pas besoin d'un coup de main ? Un truc à éplucher... non ?

"-Non non vraiment... Ah si ! Vous sauriez m'ouvrir ça ? Dit-il en lui brandissant une grosse noix de coco. Mais sans en perdre le jus !

"-Pas de problème oui. Dit-il en se levant pour venir lui prendre la coco des mains. Vous avez un truc qui coupe ?

"-Une machette ! Dehors ! Sous la tente, dans une boite en bois peinte en bleu !

"-Ok ! Je vous fais ça ! Dit Dean en sortant.

Castiel le regarda s'éloigner à travers le voile de la porte, n'arrivant pas à s'ôter l'image de son dos brûlé de l'esprit.

Puis, il revint à son plat où il ajouta des dés de coconas avant de faire revenir le tout à nouveau.

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Deux minutes plus tard, Castiel versait la marinade dans les ouassous en complétant avec de l'eau, quand Dean revint à l'intérieur la noix de coco ouverte à la perfection à la main.

"-WOW ! Je ne vois qu'une option ! Vous avez passé une partie de votre vie sur une île déserte et vous vous êtes entraîné ! J'arrive jamais à éviter qu'elle éclate en morceaux moi.

"-Non, barman.

Castiel le regarda surpris.

"-Vous êtes barman ?

"-Noooon... Quand j'étais au lycée, un petit boulot dans un bar hawaïen pour me faire de l'argent de poche.

"-Ah Ok ! Vous faites quoi alors dans la vie ? Demanda Castiel entraîné par la conversation, en remuant son plat.

"-Je suis pomp'.. S'interrompit Dean, faisant se tourner Castiel vers lui. J'étais pompier... Finit-il par dire, son sourire effacé en un centième de seconde, ses yeux baissés sur la noix de coco dans sa main.

"-Vous étiez ? Demanda Castiel tout bas.

"-Hm. Fit Dean.

Castiel, comprenant tout de suite qu'il ne devait pas insister, se tut et débarrassa Dean de la noix de coco pour la poser en équilibre sur un gobelet, afin qu'elle ne se renverse pas, avant de se remettre à remuer son plat pour se donner une contenance.

"-Seize ans... Dit Dean en appuyant son épaule au chambranle de la porte. Seize ans à faire ce métier qui était devenu ma vie. Et un jour... il a bien faillit y mettre un terme... Dit-il le regard fixé sur les mains de Castiel qui continuait de remuer son plat, attentif à chacun de ses mots.

"-Vous avez eu un accident.. Dit-il sans le regarder.

"-Oui... Une nuit, on était sur une intervention, une maison en feu en plein centre ville... et le feu s'est propagé à une vitesse folle.. je ... j'étais sur le toit de la maison, j'attendais l'hélico pour évacuer avec la jeune femme qui vivait là et que j'avais réussi à faire sortir en brisant un velux... et quand l'hélico est arrivé, il a descendu son câble à notre hauteur et j'ai juste eut le temps d'assurer la fille au câble avant de traverser le toit et m'écraser sur le sol, face contre terre, quelques mètres plus bas...

Castiel cessa alors tout mouvement et releva les yeux sur Dean qui le regarda une seconde et fuit son regard.

"-Une grosse poutre en flamme m'est alors tombée dessus et j'ai perdu connaissance.

"-Mon Dieu. Souffla Castiel.

"-Ensuite, tout ce que je sais c'est que les gars ont réussi à m'extirper de là...

"-Vous avez eu de la chance...

"-Je ne sais pas...Des fois je me dis que j'aurai mieux fait d'y rester.

"-Vous êtes dingue ! Dit Castiel choqué. La vie est un cadeau, il ne faut pas dire ce genre de chose !

"-Je ne considère pas mon existence actuelle comme un cadeau si vous voulez le savoir... ma vie... j'ai plus de vie...

"-Dean...

"-Vous ne pouvez pas comprendre... Dit Dean avant de lui tourner le dos et de faire un pas à l'extérieur de la paillote.

"-C'est vrai. Dit Castiel en s'approchant du voile qui le séparait de Dean. Je ne peux peut-être pas comprendre vos souffrances, comprendre ce que vous avez enduré et ce que vous endurez peut-être encore aujourd'hui, mais vous êtes vivant ! Vous devriez profiter de cette chance qui vous a été offerte et croquer la vie à pleines dents !

Dean ne répondit rien et Castiel le regarda s'éloigner en direction de la tente où il s'assied sur un banc, la tête entre les mains.

Joy regarda alors Castiel en lâchant un doux grognement, comme si elle avait senti le malaise ambiant.

"-Vas le voir. Lui dit-il en s'écartant du passage pour la laisser passer.

L'animal sortit alors de la paillote et fila tout droit vers Dean.

Puis, une fois près de lui, elle lui donna un léger coup de truffe contre le front pour qu'il relève la tête et qu'il lui porte attention.

Et quand Dean releva la tête, les coudes sur les genoux, pour la regarder, elle s'approcha encore un peu plus et posa son museau sur son épaule en ronronnant.

Ému du geste de réconfort, si humain, de l'animal, Dean ferma les yeux en appuyant sa tête contre celle du puma, grattouillant son dos de sa main gauche.

Et Castiel qui ne les avait pas quitté des yeux un seul instant, se détourna alors de cette vision perturbante, le coeur serré.

Reportant son attention sur son plat, il se remit à le remuer lentement, l'esprit ailleurs.

Il était persuadé qu'il lui manquait des informations pour comprendre le mal-être de Dean.

Il avait eu cet accident, mais il avait survécu.. il en restait quelques traces... quelques... d'importantes traces ! Soit ! Mais elles ne se voyaient pas... qu'est ce qui pouvait le rendre si.. malheureux...

Il était... il n'était plus pompier !

Si ce métier était sa vie..

Mais oui c'était ça ! Il ne pouvait plus faire ce métier qu'il aimait tant... mais... est-ce qu'il n'y avait pas autre chose...

Secouant la tête, il regarda l'heure et mit le dernier ingrédient dans son plat.

"-Occupe-toi de tes affaires Novak, fous lui la paix ! Se chuchota-t-il.

Une fois le lait de coco versé dans les ouassous, il gratta l'intérieur de la noix pour ajouter un peu de chair à son plat et remua une dernière fois.

Dans dix minutes le repas serait prêt, il espérait que Dean vienne manger avec lui, mais ne savait pas s'il pouvait se permettre de l'appeler pour lui dire de venir.

Puis, il lui vint une idée.

"S'il ne vient pas à toi, prends toi par les couilles et vas jusqu'à lui !"

Bon ! C'était un leitmotiv de chasse, celui qu'utilisait son frère Balthazar à l'université quand il sortait à la recherche d'un coup pour la soirée et qu'il lui avait conseillé d'utiliser au lieu d'attendre que le prince charmant vienne de lui même, mais ça pouvait très bien s'appliquer ici, la situation s'y prêtait bien finalement...

Éteignant alors le feu sous les ouassous, il posa la poêle sur la table, le pain, le panier de fruits dans lequel il coinça gamelles, verres et couverts, puis, il entoura le pain d'un torchon, le glissa sous son bras, posa le panier de fruit sur ce même bras et finit par prendre la poêle dans l'autre main avant de sortir et de se diriger d'un pas décidé vers Dean qui releva la tête vers lui.

"-Pourriez vous m'aider s'il vous plait ? Dit-il n'ayant pas finit sa phrase que Dean s'était déjà précipité vers lui pour le débarrasser du pain et du panier de fruits. Merci.

Dean sourit en silence en posant le panier sur la table après avoir poussé quelques babioles qui y traînaient.

Castiel posa alors la poêle de ouassous sur la table à son tour en jetant un vif coup d'oeil discret à Dean qui esquissait un léger sourire.

"Ouf. Se dit-il en le regardant ensuite sortir les gamelles en alu, les gobelets et les couverts avant de libérer le pain de son torchon.

"-Je vais chercher de l'eau ! Dit-il alors en retournant vers la paillote quand Dean s'aperçu qu'il le regardait.

Dean l'observa un instant, de dos, profitant quelque peu de la vue pendant que l'autre s'éloignait et ne le voyait pas faire, puis, finit par s'asseoir à la table, se penchant vers le plat fumant pour humer la bonne odeur qui s'en dégageait et lui mettait l'eau à la bouche.

Puis, Castiel revint avec un broc d'eau et prit place face à lui.

"-Je vous sers ?

"-Avec plaisir. Dit Dean en amenant sa gamelle près du plat, un grand sourire sur les lèvres.

Amusé de son enthousiasme, Castiel remplit alors copieusement son assiette avant de se servir lui- même.

"-Oh là là cette odeur est à tomber par terre ! Dit Dean en humant son assiette avant de la poser devant lui.

"-Et bien bon appétit ! En espérant que c'est bon.

"-Bon appétit à vous aussi. Répondit Dean.

Chacun prit alors une première bouchée et ils se regardèrent en même temps avec de grands yeux.

"-Putain c'est une tuerie ! Dit Dean avant de piquer sa fourchette dans une autre crevette.

"-Oh ! Oui ! Je dois dire que je suis fier de moi !

"-Vous pouvez l'être... hummm... Oh là là, c'est bien le meilleur plat de crevettes que j'ai mangé de ma vie !

Castiel pouffa alors doucement, flatté du compliment et remplit leurs verres d'eau fraîche.

"-C'est Irana, une des femme d'Akawaio, le chef des Waïwaïs, qui m'a montré comment faire et j'étais vraiment pas sûr de réussir à refaire ce plat moi même !

"-Une des femmes ? Mais combien en a-t-il ?

"-Cinq !

Dean faillit s'étouffer.

"-Cinq ? Wow ! Il a plutôt intérêt d'avoir de l'endurance le gars !

Castiel rit.

"-Je ne doute pas qu'il en ait... ces gens sont incroyables... ils sont... magiques...

"-Magiques ? C'est à dire ?

"-Je ne sais pas comment dire, ils... ils ont certains... pouvoirs je dirais... ils font des choses... ils arrivent à faire des choses inexplicables... j'ai souvent été surpris de leur apparition soudaine devant moi... et d'autres choses dont j'ai fais l'expérience, dont il m'interdisent de parler, mais qui sont ... pure magie .. Vous verrez sûrement par vous même... c'est... ils sont magiques... Finit-il en secouant la tête, les mains levées devant lui pour montrer son incapacité à expliquer mieux la choses.

Dean sourit.

"-Ils vous fascinent !

"-Oh oui beaucoup !

"-Il me tarde de les rencontrer !

"-D'ailleurs... en parlant de ça... Dit Castiel en posant sa fourchette au bord de son assiette pour joindre ses mains devant lui et se tapoter le menton, cherchant ses mots. Il faut absolument qu'on reparle de notre dernier sujet d'hier soir et j'aimerais que vous m'écoutiez sans m'interrompre...

Dean acquiesça en faisant un geste de la main vers lui pour lui laisser la parole.

"-Ok ! ... Quand je disais que... que de se joindre à eux pour aller en ville ce n'était pas un truc de fillette, il n'était pas question de vous... bon d'accord mon choix des mots aurait pu être tout autre et j'en suis désolé, mais je voulais juste dire que rentrer dans leur groupe ne se fait pas comme ça... Ils ont... ils ont un rituel d'intégration très... sévère. On ne rentre pas dans leur tribu histoire de ! Quand on intègre leur tribu, c'est pour la vie... le rituel laisse donc des traces qui restent elles aussi toute la vie...

Dean fronça le front, les traces qui restent toute la vie, il savait bien ce que c'était.

"-Personnellement, au début, j'ai été tenté par l'expérience, de m'intégrer à leur tribu, mais le jour où j'ai compris ce que ça impliquait, j'ai reculé et entièrement abandonné l'idée. Ce n'est pas quelque chose qui se fait à la légère et non... je ne suis pas Waïwaï et ne le serait jamais !

"-Et c'est quoi ce rituel .

"-Scarification...

"-Oh !

"-...du visage.

Dean en resta bouche bée et tout à coup, passer cinq mois dans ce camp ne lui semblait plus si difficile.

"-Ils vous entaillent la peau du milieu du front jusqu'au milieu du nez et entaillent aussi deux fois chaque pommette. Ensuite ils saupoudrent des pigments colorés dans les plaies béantes pour que les marques soient... jolies...

"-C'est dingue !

"-Je ne vous le fais pas dire ! Rentrer dans cette tribu n'est définitivement pas un truc de fillette.

"-Finalement, c'est le bon terme, je vous rassure, je préfère être une fillette !

Castiel rit et Dean se mit à rire aussi.

"-Oui, je vais rester ici en fait !

"-Bonne idée... Dit Castiel d'une voix tellement basse que Dean se demanda s'il avait bien entendu.

Et Castiel qui s'était entendu dire sa pensée à haute voix, baissa les yeux sur son assiette et se remit à manger, l'air de rien.

"Ah là là..." Se dit Dean en pensée, ses yeux discrètement levés vers son vis-à-vis. "... Tu ne pouvais pas être vieux et moche comme tout bon professeur ? ... Non, il a fallu que tu sois à mon gout... avec en plus ce petit grain de folie que j'adore... Passer cinq moi près de toi va être un enfer..."

"-Putain... Finit-il à voix haute.

"-Qu'y a-t-il ?

"-Cinq mois ici, ça va être un enfer !

Ces mots de Dean, Castiel se les prit comme une gifle qui le fit déchanter et perdre son sourire.

"-Merci beaucoup... Dit-il.

"-Mais non... Mais... Qu'est ce que je vais faire ? Je serai tout le temps dans vos pattes à vous gêner, je... qu'est ce que je vais bien pouvoir faire de moi pendant tout ce temps ? ... Qu'est ce que vous voulez faire de moi vous ?

La première idée qui lui vint à l'esprit, Castiel se la garda pour lui.

"-Je ne sais pas... si les bestioles ne vous rebutent pas et que ça vous intéresse, vous pourriez m'aider dans mon travail... je pourrais vous faire découvrir des trucs et les araignées en particulier si elles vous intéressent vraiment...

"-C'est vrai ?

Castiel acquiesça, son sourire revenu.

"-Je ne veux pas être un boulet surtout...

"-Mais non... bon, en ce moment, je tourne un peu au ralentit, parce que j'ai une accumulation de pépins, mais...

"-De quel genre ?

"-Et bien déjà, mon convertisseur solaire ne marche plus...

"-Je peux sûrement arranger ça, je pense que que ça ne devrait pas poser de problème. Dit Dean sûr de lui.

Castiel ouvrit de grands yeux, ce qu'il entendait le ravissait.

"-Autre chose ?

"-Oui... Un des boudins de mon radeau est percé, il a un accroc d'environ dix et vingts centimètres. Dit-il en mimant l'entaille en V de ses doigts.

"-Un radeau... des cimes ?

"-Oui...

"-WOW... Dommage que je ne supporte plus la hauteur... Le pied que ça doit être de grimper là-haut et de surplomber la canopée !

"-Vous avez le vertige ?

"-Depuis mon accident, oui... un problème d'oreille interne pour certains, psychologique pour d'autres et un mélange des deux pour d'autres encore...

"-C'est pour ça que vous n'avez pas pu reprendre le boulot ?

"-Ouais... Pompier et vertige, c'est pas vraiment compatible, mais de toute façon, je ne suis même pas sûr d'avoir vraiment envie de reprendre, ma vocation s'est envolée...

"-Vous croyez que c'est possible ça ?

"-Je ne sais pas... Enfin... Dit-il en secouant la tête. Pour en revenir à votre radeau des cimes... il est crevé ?

"-Oui, ce trou béant m'empêche de le déplacer comme bon me semble. Hier j'ai réussi à l'avancer sur quinze mètres, mais juste parce que je l'ai fais tourné sur lui-même, la branche crevée de ma toile d'araignée reste agrippée aux branches d'arbres sur lesquelles elle est censée glissée.

"-Toile d'araignée ?

"-Oui, mon radeau a la forme d'une toile d'araignée à six branches.

"-Ah ok !

Dean réfléchit un instant sous le regard impatient de Castiel, totalement en joie d'avoir un bricoleur sous la main et qui attendait l'apparition d'une ampoule au dessus de sa tête.

Et enfin elle apparue quand une étincelle traversa ses yeux.

"-On va rechaper ! Tout ce que je peux vous proposer c'est de vous confectionner un sorte de grande rustine. Mais vous devrez aller faire la réparation en elle même vous même, je ne peux pas grimper là-haut.

"-Ce n'est pas grave, je le ferai !

"-Vous avez de la colle ou quelque chose dans le genre ?

"-Oui ! Bobby Singer m'en avait apporté un pot une fois, il n'a jamais servi, il est neuf !

"-Ah mais Bobby vient carrément lui même d'habitude ?

"-Oui, c'est la première fois qu'il ne le fais pas, vous savez pourquoi vous ?

"-Vous n'avez pas lu sa lettre ?

"-Sa lettre ? Oh ! Dans la caisse ?

"-Mais oui ! Vous en voulez d'autres ? Demanda-t-il en lui montrant les crevettes.

"-Merde ! Je l'ai pas vidée du coup je ne l'ai pas vue. Oui merci j'en veux bien un petit peu.

Dean servit donc Castiel avant de se resservir lui même.

Et Novak se leva pour soulever le couvercle de la caisse qui était près d'eux sur la table et y trouva la lettre en question, avant de se rasseoir et de commencer à lire silencieusement.

...

"-Ah mais vous êtes son neveu ? Dit-il ahuri.

"-Oui !

"-Je suis vraiment désolé...

"-Pourquoi ?

"-Je vous ai vraiment pris pour un livreur ! Dit-il l'air horrifié.

Dean rit alors de bon coeur et Castiel le regarda faire avant de sourire, amusé à son tour.

"-Comme vous vous appelez Winchester, j'ai pas du tout pensé que vous pourriez avoir un lien de parenté avec lui.

"-C'est le demi frère de mon père, ma grand mère s'est remariée après la mort du père de Bobby.

"-Ah d'accord, ceci explique cela. Dit-il avant de retourner à sa lecture de la lettre, la tenant d'une main et mangeant de l'autre.

Mangeant lui aussi, Dean l'observait et vit un petit sourire amusé s'imprimer sur son visage.

"-Qu'est ce qu'il dit comme bêtise ?

"-Il dit, je cite, que vous avez une grande gueule, mais que vous êtes un chaton et que je peux vous mettre un coussin dans un coin pour la nuit, près de Joy, parce que vous ne prenez pas beaucoup de place une fois roulé en boule, que ce ne sera que pour une nuit car vous avez un avion à prendre pour les Etats-Unis le lendemain...

"-rôôhh Râla Dean. Un chaton ! Je rêve !

"-Pour lui vous prenez l'avion aujourd'hui !

"-Oui, il me croit en chemin pour les Etats-Unis à l'heure qu'il est.

"-Mais du coup, votre famille, chez vous, s'ils ne vous voient pas arriver... ils vont appeler Bobby !

"-Non... Mon retour est une surprise, je n'ai prévenu personne.

"-Et Bo'..

"-Non. Bobby n'appellera pas chez moi on plus... Le coupa-t-il. C'est Bobby... Non, il va falloir un moment avant que quelqu'un se rende compte de ma disparition...

"-C'est terrible !

"-Pas tant que ça si vous y réfléchissez bien, au moins personne ne s'inquiète pour moi...

Castiel fronça le front à ses derniers mots.

"-Oups ! Dit Dean. Je viens de réaliser que cette phrase peut avoir deux sens et l'un des deux n'est pas très cool pour moi... Personne ne s'inquiète pour moi, c'est très bien, mais finalement personne ne s'inquiète pour moi... je pourrais dire que tout le monde s'en fout si je ne les connaissais pas... Qu'elle famille de sauvages on fait ! Dit-il en secouant la tête avant d'avaler sa dernière bouchée.

Castiel le regarda un instant, ne sachant que dire.

Lui aussi il était isolé et personne ne cherchais à avoir de nouvelles de lui, mais c'est parce que tout le monde savait où il se trouvait... Ses frères savaient parfaitement où le trouver et lui aussi il savait où ils étaient en ce moment même... Bon c'était facile étant donné qu'ils étaient isolés eux aussi dans un autre coin du monde à faire la même chose que lui, mais pour Dean, ses proches le croyaient quelque part où il n'était pas, sans s'inquiéter une seule seconde de sa santé..

Alors qu'il aurait pu mourir la veille dans le glissement de terrain... Mourir seul... sans personne pour le pleurer avant... quand ?

Oh si, c'était terrible... comment une famille pouvait être ainsi ? ... Mais ... finalement est ce toute la famille qui était comme ça ou juste Dean lui même... Dean qui avait mis une distance entre lui et les autres ? ...Bobby, qu'il n'appelle pas pour savoir s'il avait fait bon voyage, bon... ok, le gars est bourru et il est plutôt du style à se dire, s'ils en parlent pas à la télévision, c'est que son avion a atterri... Mais pour les autres...

Et il se rendit compte qu'en fait il en était de même pour lui... S'il venait à disparaître, se faire tuer par un groupe d'orpailleurs sans scrupules ou un serpent comme quelques jours plus tôt, une chute mortelle... personne ne le saurait ! Pas avant un bon bout de temps du moins ! Personne ne s'inquiéterait de son sort avant longtemps. Parce que comme pour Dean tout le monde le croyais à un endroit bien précis...

Et il en était de même dans l'autre sens... Actuellement il croyais Balthazar en train de courir la bébête dans le désert du Sahara et Gabriel chasser la bestiole au Vietnam... Mais finalement...

NON ! Il ne devait pas penser à ça ! Surtout pas... Ca faisait maintenant des années qu'ils parcouraient le monde chacun de leur coté pour le boulot, il n'allait pas commencer a se faire du mouron sinon il n'arriverait plus à rien !

Secouant la tête, il ferma les yeux une seconde pour se remettre les idées en place et reprit finalement sa lecture.

...

"-Mon Dieu... Jo ?

"-Oui...

"-Elle...

"-Elle ne marche plus...

"-Merde ! C'est arrivé comment ?

"-Un accident de voiture à New York.

"-C'est vous qui lui avez ramené sa fille ?

"-Oui, une fois en état de voyager, je l'ai rapatrié auprès de son père... Y'a deux mois... Ca fait deux mois que je suis ici...

"-Bobby doit être anéanti.

"-L'essentiel pour lui c'est qu'elle soit toujours en vie, par contre, pour elle, c'est plus difficile...

"-J'imagine... je ne l'ai vu qu'une fois, elle est venue une fois ici avec son père, il y a quelques mois et j'ai le souvenir d'une jeune fille pleine d'énergie, gaie et un peu téméraire...

"-C'est tout à fait ma petite Jo ça... Dit Dean dans un sourire.

Castiel répondit à son sourire et un silence s'installa alors que le professeur baissait à nouveau les yeux sur sa lettre.

...

"-Oh ! Il dit qu'il viendra sans faute le 1er juin !

"-C'est vrai ?

"-Oui il vient tous les deux mois normalement, il aurait dû venir ici le 1er avril.

"-Ah oui en effet, vous avez été livré vachement en retard !

Castiel haussa les épaules en plantant son regard dans le sien.

"-C'est pas plus mal... Souffla-t-il d'une voix étrange.

Tellement étrange, que Dean sentit un frisson lui traverser le dos.

Puis, Castiel cligna des yeux, coupant ainsi leur contact et finit de lire la lettre rapidement.

...

"-HEY ! Joy ! Dit-il alors tout à coup en se levant pour fouiller dans la caisse.

Joy, qui se trouvait entre eux deux, couchée par terre au bout de la table, se leva alors pour s'approcher de Castiel qui reprit sa place, secouant un paquet de friandises pour chats que Bobby avait mis spécialement pour le puma.

"-Petites friandises pour un gros chat ! Dit Dean.

"-Oui, c'est pour ça que je lui donne le paquet en entier en une seule fois. Dit-il en versant les petites friandises en forme de poissons, sur le bout du banc près de lui.

Dean se pencha alors au dessus de la table pour voir et vit l'animal sortir lascivement sa grande langue rose tachée de noir, pour attraper les petites croquettes deux par deux, voire par trois, engloutissant la totalité en quelques secondes, en ronronnant de plaisir.

"-Elle est contente !

"-Oui, Bobby met toujours un petit quelque chose dans le genre pour elle dans la caisse, elle aime bien, c'est vrai.

Ils regardèrent un instant encore, l'animal qui se léchait les babines, les moustaches toutes hérissées de plaisir et ils sourirent, avant de se retourner l'un vers l'autre.

La pluie se mit alors à tomber brusquement, leur envoyant un courant d'air frais au visage.

"-WOW ! C'est violent ! Dit Dean.

"-Oui, on en a pour une heure et ça s'arrêtera aussi violemment que ça a commencé.

"-Ouais j'ai vu ça hier.

"-La jungle a son propre climat et une régularité étonnante. Là il va pleuvoir pendant une heure à peu près et demain, vers la même heure, il va pleuvoir aussi et comme ça tous les jours...

"-C'est la saison des pluies.

"-Oui, ce qui fait aussi qu'on est pas à l'abris d'une longue averse comme celle d'hier et qu'on se retrouve submergé par la Mazaruni River. Dit-il en pointant la forêt derrière la paillote.

Dean regarda alors autour d'eux, analysant les lieux.

"-La paillote est sur pilotis pour cette raison. En cas d'inondation, l'eau ne fait que monter, elle n'emporte rien, ce n'est pas violent, juste... impressionnant de la voir approcher tout doucement dans votre direction pour vous encercler... Ca s'est passé quelques jours après mon arrivée ici... et oui, c'est assez flippant.

"-Hm... J'apprécie pas particulièrement l'eau...

Castiel sourit.

"-Moi non plus...

"-Donc on a le temps d'évacuer au cas où ?

"-Non, on n'évacue pas, il faudra juste mettre tout le matériel sur l'avancée autour de la paillote, caisses, tables, bancs, tout ce qui flotte... Dit-il en lui montrant tout ce qui se trouvait autour d'eux.

"-Donc tout le temps de l'inondation on serait bloqué à l'intérieur ?

"-Pas vraiment, j'ai une pirogue là bas sous la paillote... En fait ce qui m'inquiète le plus, c'est Joy...

"-Son instinct animal devrait la pousser à fuir les lieux...

"-Oui, dans l'idéal... mais si elle ne le fait pas, on va se retrouver devant quelques problèmes.

"-Ses besoins naturels...

"-Oui en premier lieu, mais aussi coté nourriture... Je ne la nourris pas. Jamais ! C'est un point essentiel pour qu'elle ne soit pas trop dépendante de moi, la seule exception, ce sont ces friandises. Dit-il en montrant le petit sachet de croquettes vide. Et elles sont exceptionnelles et assez rares pour qu'elle ne s'y habitue pas.

"-Il faut donc croiser les doigts pour que ça n'arrive pas.

"-Voilà. Dit-il en prenant une camu-camu dans le panier de fruits avant de la mettre dans sa bouche, en pensant, qu'en effet, il ne faudrait pas que ça arrive... pour Joy... Mais que... rester enfermé avec Dean... pourrait être une expérience... intéressante...

Et Dean, qui avait machinalement suivit le mouvement de la main de Castiel, du panier jusqu'à sa bouche, avec une envie soudaine d'y goûter qui l'irrita au plus haut point, se dit qu'heureusement, finalement il n'aurait pas à attendre cinq mois avant de quitter ces lieux, même s'il était vrai qu'un mois et demi sans se rapprocher de ce mec allait être difficile... Mais il ne devait pas ! Il ne fallait pas qu'il s'attache à lui ! C'était inutile ! Un rejet de dégoût dans de telles circonstances, cette promiscuité, serait encore pire ! Et c'était hors de question !

Alors détournant les yeux, il se leva du banc sur lequel il était assis et fit quelques pas sous la tente.

"-Pour la réparation de votre radeau, il me faudrait quelque chose de solide et d'étanche... Dit-il alors.

"-Du genre heu... Un canot de sauvetage ça vous irait ? Dit-il en se levant à son tour.

"-Vous êtes sûr ? Après il ne sera plus utilisable !

"-Oui, vous inquiétez pas, pour je ne sais quelle raison, j'en ai trouvé trois quand j'ai ouvert mes caisses, à mon arrivée ici.

Dean sourit amusé devant son air consterné.

"-C'est vrai que trois canots de sauvetage pour une seule personne ça fait un peu beaucoup, surtout au milieu de la jungle !

"-Je ne vous le fais pas dire ! Dit-il amusé à son tour en zigzagant entre ses caisses empilées en couloirs, pour trouver la caisse où se trouvaient les canots en question. Hm... Râla-t-il en la trouvant. Forcement à ce moment là, mettre cette caisse inutile sous les autres semblait une bonne idée.

"-C'est la quelle ? Demanda alors Dean tout près derrière lui.

Castiel qui le croyait de l'autre coté du mur de caisses en sursauta de surprise.

"-C'est celle là. Lui dit-il en lui montrant une caisse posée à même le plancher et surplombée de deux autres.

Problème : D'autres caisses y étaient accolées de chaque coté en deux colonnes de trois caisses chacune.

Dean se glissa alors auprès de Castiel qui recula pour lui laisser la place et Dean accrocha ses mains à la caisse du haut pour se soulever et regarder de l'autre coté.

"-OK ! Dit-il en se laissant retomber sur ses pieds, grimaçant en frottant ses mains contre ses cuisses pour les soulager.

Elles n'avaient visiblement pas oublié leur mauvais traitement de la veille et le lui rappelaient soudainement.

"-Je sais comment on va faire ! Dit-il en rebroussant chemin dans le dédale de bois.

"-Je vous suis ?

"-Non non, restez où vous êtes, je passe de l'autre coté !

"-OK.

Dean rejoignit alors l'autre coté des caisses.

"-C'est bon ! Maintenant, poussez celle du haut vers moi, pour que je puisse en attraper les bords.

Castiel poussa donc comme demandé et une fois qu'elle dépassait assez, Dean put enfin la prendre en mains et la retirer de son emplacement pour la poser près de lui.

Quand il se redressa, il se retrouva donc face à Castiel qui posait déjà ses mains sur le coté de l'autre caisse gênante pour la pousser à son tour.

Mais cette dernière, serrée aux autres, résista quelque peu et Dean qui voulu agripper le couvercle pour l'aider en tirant vers lui ne réussit qu'à se faire mal aux bout des doigts.

"-Dites donc ! Quand vous rangez vos affaires vous le faire à l'équerre ou quoi ?

"-C'est vrai que je suis un peu maniaque parfois. Et je crois que ce jour là j'ai légèrement poussé le vice à l'extrême. Mais avouez qu'elles sont bien alignées ! Dit-il avec un air rieur, les yeux plissés.

Dean rit en tirant toujours sur le couvercle de toutes ses forces.

"-Putain ! Elle veut pas hein ! Attendez je reviens de votre coté !

"-On échange ?

"-Non non restez là. Dit-il en passant par dessus la caisse récalcitrante. A deux on devrait pouvoir la déloger de là, quand même !

Castiel le regarda revenir de son coté avec souplesse, complètement halluciné devant le fait qu'il ne puisse plus s'empêcher d'être attiré par lui, alors qu'il ne le connaissait que depuis quelques heures et avait commencé par avoir envie de le cogner ! De le tuer même !

"-Allez ! A trois on pousse ! Dit Dean en plaçant ses mains sur le coté de la caisse.

A nouveau tous deux dans l'étroit couloir de la largeur d'une caisse, caisse de cinquante centimètres de coté rappelons le, c'est a dire pas grand chose... Castiel se sentit tout à coup tout petit auprès de son colocataire à la carrure imposante et cette promiscuité, loin d'être étouffante, lui fit venir à l'esprit des visions d'eux dans des situations tellement érotiques qu'il sentit ses joues chauffer, s'ôtant alors ces images de la tête rapidement, il se plaça à coté de lui, pour ne pas dire contre lui, dans la même position, les pieds bien agrippés au sol et Dean compta :

"-UN... DEUX... TRRRRROIS...

Ils poussèrent alors de toutes leurs forces et le mur de caisse se mit à vaciller.

"-STOP ! STOP ! STOP ! Dit Dean en se redressant.

"-Toutes les autres viennent avec ?

"-Oui... Vous les avez clouées ensemble ou quoi ? Dit-il amusé.

"-J'en ai pas le souvenir non. Rit Castiel à son tour.

"-Il y a quoi à l'intérieur ?

"-Heu...

Castiel recula alors d'un pas pour voir l'étiquette quelque peu effacée se trouvant sur le devant de la caisse.

"-Ce sont des emballages du radeau.

"-OK ! Donc c'est pas si lourd !

"-Non.

"-On va l'ouvrir !

"-OK.

Dean partir donc chercher le pied de biche et revint rapidement avec.

Le couvercle résista lui aussi, plus qu'il n'aurait dû, mais Dean réussir finalement à le retirer, sans toutefois éviter de l'abîmer.

"-Putain ! C'est un champignon xylophage ! S'exclama Castiel en identifiant immédiatement les amas bruns qui recouvraient les parois intérieur de la caisse.

"-Et bien, je comprend mieux maintenant, cette saloperie s'est étendue à travers les parois, de caisses en caisse.

"-Et les a soudé les unes aux autres...

"-Ouaip !

"-Détruisons la !

"-Où on met ça ? Demanda Dean en parlant des boites et autres emballages que contenait la caisse.

"-J'en ai des vides là-bas.

"-Ok ! Faudra brûler tout après, pour pas contaminer tout le camp et les alentours, ça m'étonnerait qu'il soit d'ici cette saloperie.

"-Oui, on a plutôt intérêt si on veut pas être spectateurs d'une catastrophe...

Ils vidèrent rapidement la caisse, en en remplissant une autre, puis, Dean glissa le pied de biche sur le coté de la caisse à présent vide et décrocha la première face, que Castiel finit d'arracher en tirant dessus.

Puis, Dean grimpa à l'intérieur pour éclater l'autres face d'un grand coup de talon.

"-Le fond n'a rien, vous avez vu ? Dit Castiel.

"-Avec un peu de chance, la caisse du dessous est intacte.

Ils arrachèrent ensuite les deux cotés restant et le fond n'opposa effectivement aucune résistance.

Dean put alors pousser la caisse où se trouvait les canots et comme elle n'était pas attaquée par le champignon, il la posa auprès des autres caisses saines.

Retournant ensuite auprès de Castiel, il le trouva en train d'observer les autres caisses contaminées par le champignon.

"-On leur réserve le même sors que l'autre ?

"-Je... Ca vous embête pas ?

"-M'embêter ? Pourquoi ? Non ! On est dans le même bateau maintenant ! On est une équipe ! Je vais pas me tourner les pouces et vous regarder faire quand même !

"-Merci.

"-Mais non, allez ! Au boulot ! Maintenant qu'il est à l'air il va se propager plus vite, l'air humide va lui faire lâcher ses spores, on ne peut pas remettre ça à un autre jour !

"-C'est vrai... OK ! Au boulot !

"-On va manquer de caisses saines et vides par contre.

"-Si on arrive pas à tout caser on mettra le reste dans la paillote et il faut aussi que je vide celle que vous avez amené hier.

"-Yes OK ! Dit Dean en escaladant la pile de caisses pour ouvrir celle du haut.

"-Faites attention, n'allez pas tomber et vous casser une jambe, ou pire encore !

"-Vous inquiétez pas, à cette hauteur ca va encore, d'après des tests que j'ai passé, mon problème d'équilibre ne se fait ressentir qu'à partir d'environ deux mètres sous mes pieds.

Castiel fronça le front, les yeux plissés d'inquiétude malgré lui.

"-Vraiment ! Je vous jure qu'il n'y a pas à flipper, d'ailleurs, regardez... Dit il en écartant les bras, se redressant droit comme un i face à lui. Je peux vous jurer que je ne fais pas le malin comme ça cinquante centimètres plus haut. C'est OK. Dit-il en s'accroupissant vers lui pour le regarder bien en face.

"-Je vous crois... Dit-il en le fixant droit dans les yeux.

"-Bien ! Dit Dean en se relevant sous le regard de Castiel qui n'arrivait plus a décrocher ses yeux de lui.

Dean planta alors d'un coup sec le pied de biche dans la caisse à ouvrir et Castiel qui sursauta, regardant autour de lui, l'esprit perdu un court instant, puis, voyant qu'il ne pleuvait plus, il souffla un bon coup et commença à emporter les morceaux de la première caisse, pour en faire un tas au milieu d'un endroit dégagé, où ils pourraient allumer un feu, quand ils auraient terminé.

.

Une heure plus tard. Quand la première colonne de trois caisses fut vidée et détruite, ils soufflèrent un peu en retournant s'asseoir à la table.

Il faisait très chaud et la soif commençait à les tirailler sérieusement.

Alors après avoir ingurgité deux verres d'eau d'affilé chacun, ils se partagèrent aussi une mangue bien mûre pour un petit supplément d'énergie, parlant de tout, de rien, qu'ils allaient disposer les caisses restantes à bonne distance les une des autres pour que ça ne se reproduise pas entre autre... Ils s'habituaient très vite l'un à l'autre...

S'habituaient en oubliant, du coup, de garder leur distances vis-à-vis de l'autre, se jetant des œillades à peine voilées, se souriant le plus naturellement qui soit...

Ils s'apprivoisaient sans s'en rendre compte et quand Castiel percuterait et s'en réjouirait, Dean lui, n'aurait plus de cesse que d'y résister en faisant marche arrière...

Toujours est-il qu'en cet instant, unis dans le labeur, ils passaient un bon moment tous les deux et ça leur convenait parfaitement.

"-Et bien ! Après tout ça, une douche ne sera pas du luxe ! Dit Dean en s'allongeant sur son banc, ses pieds de chaque coté, sur le sol.

Castiel le regarda disparaître derrière le plateau de la table et prit la même position que lui, les mains croisées derrière la tête.

"-Je ne vous le fais pas dire ! Il y a des jours comme aujourd'hui où la moiteur de l'air est particulièrement désagréable et d'ailleurs... Ca n'augure rien de bon. Dit-il en regardant le plafond.

Dean tourna alors la tête vers lui pour le voir par dessous la table.

"-C'est à dire ?

"-Pluies abondantes !

"-Pire qu'hier ?

"-C'est possible... Pas aujourd'hui, mais les jours prochains...

"-La rivière est de ce coté ?

"-Oui à un kilomètre et demi derrière la paillote, le terrain est plus ou moins plat entre les deux, l'eau ne met pas longtemps à arriver ici une fois qu'elle a quitté son lit...

"-Hm... Je le répète, j'aime pas l'eau...

Castiel sourit amusé en tournant la tête vers son coloc' qui regardait de nouveau le plafond les bras croisés sur la poitrine.

Puis, alors qu'il allait de nouveau détourner le regard, une mince bande claire attira son attention.

Le tee-shirt de Dean était un petit peu remonté et laissait entrapercevoir deux centimètres de sa peau et son flanc séparé en deux zones bien distinctes. Une zone saine, celle de son ventre et l'autre, pales et rose-orangée, grumelée, celle de son dos et une idée lui vint.

"-Je... S'interrompit-il immédiatement en réalisant la connerie qu'il allait faire.

"-Vous ? Dit Dean qui le regardait à présent.

Castiel ouvrit de grands yeux et détourna la tête embarrassé.

"-Rien, une bêtise.

Mon dieu qu'allait-il faire ?

Était-il devenu dingue ?

Non il ne fallait pas qu'il lui dise un truc pareil !

Déjà, il n'avait pas le droit d'en parler et ensuite il n'avait pas le droit non plus de lui donner de faux espoirs.

Il devait voir le chaman des Waïwaïs avant toutes choses !

Parce que même, si pour lui, la guérison avait fonctionné, peut-être que ce genre de blessure n'était pas ..."soignable"... Même s'il était évident pour lui qu'il s'agissait plus de magie que de médecine... et la harpie féroce, le serpent liane, étaient tous les deux des créations de la nature... mais le feu l'est aussi... alors...

Oui ! Il devait d'abord voir ça avec Kaahna !

"-Allez ! On termine ? Dit Dean en se levant d'un coup de son banc.

Castiel se redressa alors à son tour en regardant sa montre.

"-Oui allez ! Cinq heures passées, finissons-en et on brûlera tout ca à la tombée de la nuit.

"-D'accord.

"-Je vais vider cette caisse ! Dit-il en désignant la boite livrée la veille.

"-OK ! Moi j'attaque la caisse du haut !

Castiel acquiesça et ils s'attelèrent à leur tâche.

.

Et près maints et maints allées-retours entre la tente et la paillote, Castiel finit de vider la caisse de son contenu et en profita même pour débarrasser la table de leur repas.

Rejoignant donc Dean qui avait presque détruit toute la colonne et s'affairait justement à vider la dernière de son contenu dans la caisse qu'il avait vidé, il se joignit à lui.

Ils terminèrent rapidement et déposèrent les restes de bois sur le tas à brûler.

"-Et bien ! voilà une bonne chose de faite ! Dit Castiel en se frottant les mains sur son pantalon.

"-Ouais ! Dit Dean en essuyant la sueur qui perlait à son front du dos de la main. Mais il va falloir faire prendre le feu... c'est humide tout ça ... vous avez un combustible ?

"-J'ai de l'huile de lampe ! C'est pour le cas où mes solaires me lâcheraient.

"-Ca fera l'affaire !

Castiel acquiesça et partit en direction de la paillote pour aller chercher l'huile en question.

Une minute plus tard, il revint avec une bouteille qu'il tendit à Dean en revenant près de lui.

Dean aspergea alors les morceaux de caisses, d'huile et s'éloigna avant que Castiel ne gratte un trio d'allumettes, pour les jeter dans le tas qui prit feu immédiatement.

"-Bon et bien maintenant y'a plus qu'à attendre. Dit-il en rangeant la boite d'allumettes dans sa poche.

"-En priant pour qu'il ne se mette pas à pleuvoir.

"-On est quand même pas si poissards ! Rit Castiel.

"-Non... vous croyez ? Dit Dean amusé.

Ils se regardèrent quelques secondes puis retournèrent leur attention sur le feu, qui avait bien pris maintenant et claquait bruyamment.

.

"-Ca y est ! Il fait nuit ! Dit Dean au bout d'un long moment de silence, en repoussant un morceau de bois rouge, à l'aide d'une petite branche trouvée près de lui.

Castiel leva le nez vers le ciel.

"-Cette journée est passée à toute vitesse ! Dit-il. ... Je vais chercher des lampes, je reviens. Dit-il en s'éloignant.

"-Ok.

Joy, qui s'était couchée en haut des marches pour se mettre instinctivement à l'abris quand ils avaient allumé le feu, rentra alors en même temps que Castiel à l'intérieur de la paillote.

Tandis qu'à vingt mètres d'eux, Dean, les mains dans les poches, ne vit pas la dizaine de paires d'yeux, aux abords du camp, tout autour de lui, qui, intrigués pas le feu, étaient venus se rendre compte de ce qui se passait.

Et tout se passa très vite !

Une braise sauta hors du foyer, Dean se baissa pour ramasser son petit bâton et repousser la braise dans le feu et la forêt se tue alors qu'il se retrouvait tout à coup avec un chapelet de pointes de lances acérées tout autour du cou.

"-OU ! CASTIEL ! Tonna une voix.

"-Holà ! Tout doux les mecs, on se calme. Dit-il en se levant lentement les mains de chaque coté de sa tête.

Et Castiel qui entendit la forêt se taire, sursauta.

"-Oh non merde ! Dit-il en sachant parfaitement qu'un tel silence était très mauvais signe.

La forêt ne se taisait ainsi que si les Waïwaïs le lui demandaient... pour la guerre !

Sortant alors précipitamment, il sauta les marches et couru comme un fou vers le feu et vers Dean qui était entouré par une dizaine d'ombres armées.

"-NOOOONN ! Hurla-t-il en agitant les mains. AMI ! AMI !

Tous les assaillants tournèrent alors la tête vers lui et Dean, lui, ferma les yeux en soufflant, remerciant silencieusement Castiel.

Il venait d'avoir la peur de sa vie...

Mais les lances toujours autour de son cou, contre sa peau, pour ne pas dire dans sa chair pour certaines, l'empêchaient quand même d'être totalement rassuré sur son avenir, il devait bien l'avouer.

Une silhouette bougea alors de l'autre coté du feu.

Et Castiel s'arrêta près de Dean.

"-AKAWAIO ! Dit-il en s'adressant à la silhouette qui s'approchait sur la gauche de Dean. DEAN ! Poursuivit-il en montrant le sus-nommé. MON AMI !

"-CASTIEL ! Dit l'homme dont Dean reconnu la voix comme celle de celui qui l'avait questionné sur Castiel justement. NOUS CROIRE CASTIEL MORT DANS FEU DE L'ETRANGER !

"-Non non.. Dean mon ami !... Arrivé hier ! .. Dean .. heu... neveux ? ... DEAN FILS DU FRÈRE DE BOBBY ! Voilà c'est ça...

Akawaio ordonna alors dans un dialecte étrange et les pointes de lances quittèrent la peau de Dean qui grogna de douleur en amenant sa main à la droite de son cou.

Castiel se précipita alors vers lui, posant une main sur son bras et l'autre dans la bas de son dos, créant un frisson d'angoisse dans le corps de Dean.

"-Ca va ?

"-Ca... Ouais... Dit-il. Si la pointe de ces lances n'est pas empoisonnée à la toxine de grenouilles ça devrait aller... Merde ! Dit-il en ramenant sa main jusqu'alors posée dans son cou, devant lui et y trouvant du sang.

"-SENTINELLE VOIR CASTIEL POINTER FUSIL SUR ETRANGER. AKAWAIO CROIRE ETRANGER VOLEUR D'OR PRISONNIER DE CASTIEL.

"-NON non ... C'est MON AMI. Dit-il en remontant sa main du bas du dos de Dean à son épaule qu'il pressa de ses doigts et qui fit que Dean se sentit plus à l'aise.

"-CASTIEL PARDONNER NOUS.

"-Oui oui. Dit-il dans un sourire. Mais Merci quand même.

Akawaio inclina la tête comme une révérence et sourit à son tour.

Le chef des Waïwaïs jeta alors un coup d'oeil à Dean.

"-PARDON D'AVOIR EFFRAYE VOUS.

"-C'est rien. Dit Dean en secouant la tête.

"-NOUS REVENIR BIENTÔT ! Dit-il à Castiel.

"-D'accord. A bientôt alors.

Akawaio acquiesça et déjà ses guerriers avaient disparu sans que Dean et Castiel ne s'en rendent compte et le temps de tourner la tête à droite, à gauche, Akawaio s'était éclipsé lui aussi en silence et la forêt redonna de la voix.

"-WOW ! Fit Dean. Quand vous disiez qu'ils vous protégeaient s'était pas du flan !

"-Non en effet... je n'en avais moi même jamais fais l'expérience.. mais... j'ai vraiment eu peur quand la forêt s'est tue.

"-En tous cas, ils font flipper vos copains !

Castiel rit doucement en enlevant sa main de son épaule en se rendant compte qu'elle y était toujours accrochée.

"-Ils vous paraîtrons totalement différents en plein jour, quand ils reviendront.. là ils étaient en guerre...

"-Si vous le dites... Putain ça s'arrête pas de saigner. Dit-il en pressant sa main dans son cou.

Castiel qui était à sa gauche, passa à sa droite et le fit tourner un peu vers le feu pour avoir de la lumière et voir sa blessure.

"-Putain ils vous ont pas raté ! Il faut soigner ça !

"-Le feu va bientôt s'éteindre.

"-Vous êtes sérieux ?

"-Oui...

"-Mais...

"-On ne laisse pas un feu de cette importance sans surveillance ! Ni même un petit d'ailleurs...

"-C'est vous l'expert...

"-Hm.

"-J'reviens ! Dit alors Castiel en filant à la paillote.

Dean le regarda s'éloigner une seconde et reporta son attention sur le feu qui faiblissait.

Poussant alors du bout du pied quelques planches brûlées et éteintes se trouvant sur le bord, pour faire bouger celles du centre, il fit s'écrouler l'amoncellement et les dernières flammèches, étouffées, s'éteignirent, ne laissant plus apparaître que quelques braises rougeoyantes.

Une lumière blanche apparue ensuite sur le sol près de lui et Castiel revient se positionner à ses cotés, une lampe à la main.

"-Oh mais le feu est déjà éteint ? Dit-il étonné.

"-Oui...

"-Tenez. Lui dit-il en lui tendant une compresse, levant la lampe vers son cou.

"-Merci. Dit Dean en la saisissant avant de la poser sur la blessure.

"-Ca a l'air profond. Reprit Castiel en fronçant les sourcils. On a vraiment intérêt de nettoyer ça correctement.

Dean acquiesça et estimant que les braises ne représentaient plus aucun risque abandonnées en ces lieux humides, il s'en détourna et ils rentrèrent tranquillement à la paillote sans un mot.

.

Asseyez vous là. Dit Castiel en l'incitant d'une main posée dans son dos.

Dean fit un mouvement réflexe de coté pour se dégager de ce contact et prit place sur le tabouret indiqué par Castiel qui vint s'asseoir à sa droite, la boite de premiers soins dans les mains.

Puis, se décalant un peu sur la droite pour avoir bien face à lui, la blessure de Dean, qui était un peu en retrait vers l'arrière de son cou, il tira sur le col de son tee-shirt qui était collé à sa peau par le sang qui avait coulé abondamment et déjà un peu séché.

A ce moment là, la logique aurait voulu qu'il lui dise d'ôter son tee-shirt pour se faciliter les choses, mais Castiel se ravisa dans la seconde ou il y avait pensé.

Il ne voulait pas troubler Dean plus que de raison, ni même le braquer et qu'il se fâche comme la veille, alors qu'ils avaient commencé à faire connaissance et passé une si bonne journée.

Alors il prit une compresse humide et se mit en charge de nettoyer sa peau en tirant sur le col du vêtement.

Mais pour Dean et sa paranoïa à fleur de peau pour tout ce qui concernait son corps, ce geste passa pour tout autre chose...

Castiel aurait dû lui demander de retirer son tee-shirt pour faire ce qu'il était en train de faire, au lieu de galérer en tirant dessus...

Mais il ne l'avait pas fait !

Cette horreur qui enlaidissait son corps, il n'avait pas voulu la voir !

Trop peur d'être dégoûté devant l'immonde spectacle sans doute...

Quel enfoiré !

Et cette constatation le blessa plus qu'elle n'aurait dû.

Inconsciemment, il aurait peut-être voulu qu'il voit... Que Castiel voit et que ça ne change rien entre eux...

Mais pourquoi ?

Pourquoi le fait qu'il accepte son état avait une telle une importance tout à coup ?

Ils ne se connaissaient même pas...

Pourquoi ça le blessait autant ?

Pourquoi ça l'énervait autant ?

Serrant les dents, il ferma les yeux pour contenir sa colère qui avait soudainement envahis tout son être, tentant de faire abstraction des doigts de Castiel sur sa peau et son coeur qui battait un peu trop fort.

"Ne t'attache pas à cet enfoiré ! C'est encore toi qui va morfler !" Se dit-il. "Un mois et demi ! Un mois et demi et puis Bye-bye ! Garde tes distances ! "

"-Je vais devoir mettre des diachylons de rapprochement... Dit alors Castiel, qui désinfectait à présent la blessure, interrompant ses pensées.

"-C'est à ce point ? Dit-il froidement. Combien ?

Le ton employé par Dean pour lui répondre le troubla.

"-Heu... oui... il en .. il en faudra deux... Bégaya-t-il. Je suis vraiment désolé.

"-De quoi ? Dit Dean en le regardant de travers, les sourcils froncés.

"-J'aurais préféré que votre rencontre avec eux soit moins...

"-Vous ne pouviez pas le prévoir. Le coupa Dean en détournant les yeux de lui pour les fixer sur le mur face à lui.

Castiel ne répondit rien et se leva pour se positionner derrière lui.

Posant alors sa main sur son épaule gauche, il se pencha vers son cou pour souffler légèrement sur la peau autour de la plaie, pour la faire sécher plus vite.

Dean en frissonna et pria pour que Castiel ne rende compte de rien.

Mais Castiel qui sentit ce frisson sous ses doigts et vit la peau de son cou se couvrir de chair de poule, fit mine de rien avoir remarqué et lâcha son épaule pour rapprocher les bords de la blessure du bout des doigts et y coller un premier diachylon, puis, rapidement un deuxième.

"-Voilà. Dit-il alors en ouvrant l'emballage d'un pansement pour protéger la blessure. Mais c'est sérieux là, c'est le genre de plaie qui craint ici, comme je vous disais hier, il ne faut surtout pas la laisser s'infecter, il va falloir en prendre soin pendant quelques jours.

"-OK. Dit Dean toujours aussi froid. Merci.

Toujours aussi troublé par ce ton, Castiel, les yeux fixés sur sa tempe, se mordit la joue nerveusement.

Dean lui en voulait-il de ce qui s'était passé avec les Waïwaïs ? ... Il lui avait pourtant dis lui-même qu'il n'avait pas pu le prévoir et c'était vrai... alors pourquoi cette soudaine irritation ?

Avait-il dit quelque chose ? ... Non... Mais non j'ai rien dis ! Qu'est ce qui se passe ?

Ne sachant plus trop quoi penser, il rassembla finalement le nécessaire de soin et se leva pour aller le ranger à sa place.

Dean se leva à son tour pour aller s'asseoir sur son lit et approcher son sac de lui pour l'ouvrir.

Castiel lui jeta alors un bref coup d'oeil et ne put que se rendre à l'évidence, il s'était refermé... mais pourquoi ? POURQUOI ?

Il décida finalement de le laisser tranquille, si Dean avait un problème, ça finirait pas éclater à un moment ou à un autre...

Et il entreprit donc de leur préparer un petit frichti, car il commençait à avoir faim et il devait en être de même pour Dean.

.

Dean, lui, broyait du noir et en fait, il se rendit compte qu'il n'était pas seulement en colère contre Castiel, il était aussi... extrêmement déçu... durant cette journée, il ne s'était fais que de fausses idées sur lui... et il se sentait vraiment très con maintenant.

"Pas très intuitif Winchester. Se dit-il en se passant une main sur le visage.

Profitant alors que son coloc' soit occupé et lui tourne le dos, il retira rapidement son tee-shirt beige, tâché de sang pour en mettre un propre.

Puis, alors qu'il mettait le vêtement de coté, en se disant qu'il faudrait qu'il demande à Novak comment il lavait son linge, il vit un moustique d'une taille impressionnante se poser sur son avant bras et il l'écrasa d'un coup vif avant qu'il ne s'envole.

"-Bien joué ! Lui dit la voix de Castiel qui allait vers son bureau.

Dean lui jeta un coup d'oeil morne sans lui répondre et vira le petit cadavre de sa peau avec son tee-shirt sale.

...

Et un vaporisateur apparu sous ses yeux.

Vaporisateur que lui tendait Castiel, tout à coté de lui et qu'il n'avait pas vu approcher.

"-Vaporisez vous avec ça, ça les repousse.

Dean le prit sans rien dire.

"-Il faudra que vous aspergiez tous vos fringues, ça les tiendra à distance et ça évitera aussi que vous soyez obligé de vous en recouvrir la peau... je ne... c'est naturel mais... je ne sais pas si vous pouvez en mettre sur... sur la peau fragile de votre dos...

Dean releva alors les yeux vers lui.

"-Qu'est ce qu'il y a dedans ? Demanda-t-il, la voix soudainement radoucie.

"-Huile essentielle de citronnelle.

"-Ah oui, effectivement, je ne dois pas mettre ça sur... moi... Dit-il en regardant le flacon dans ses mains.

"-OK... Donc voilà, sur vos vêtements...

"-D'accord merci...

"-De rien... Et vous pouvez être généreux, j'en ai une caisse pleine que votre oncle avait apporté à sa deuxième visite... il s'était fais dévorer à la première et il ne voulait pas renouveler l'expérience...

Dean rit en imaginant un Bobby fou de rage en train de se gratter partout et Castiel rit à son tour.

"-On ne devrait pas rire, le pauvre, il a morflé, il en avait partout, alors que moi rien.

Dean rit de plus belle et commença à asperger ses fringues de produit.

Pantalon, tee-shirt, l'odeur était agréable et le produit se vaporisait tellement finement que le tissus n'en était pas mouillé, il se leva alors et tendit le flacon à Castiel.

"-Vous pouvez ?

"-Bien sûr.

Dean lui tourna alors le dos et Castiel prit la relève, vaporisant donc son tee-shirt du plus loin possible pour que le produit ne traverse pas le coton.

"-Voilà ! Dit-il quand il eut fini, en posant le vaporisateur sur une boite près du lit de Dean. Les autres sont là-bas. Ajouta-t-il en lui montrant une caisse dans le coin opposé de la pièce, près du bureau.

"-D'accord. Dit Dean en pensant que son esprit faisait vraiment des montagnes russes avec ce mec.

Autant d'un coté, il pouvait le mettre hors de lui, autant de l'autre, il arrivait à le faire sourire et se sentir bien... c'était à n'y plus rien comprendre, il ne savait plus quoi penser de lui...

"-Vous mangez un morceau ? Demanda Castiel en s'éloignant vers la table où il avait disposé quelques mets.

"-Oui je veux bien, j'ai un creux.

Ils s'installèrent alors à table et mangèrent sans trop se parler, même si l'un comme l'autre, en mourrait d'envie.

Castiel était bloqué par le mutisme de Dean et Dean restait toujours quelque peu braqué face à ce mec qu'il n'arrivait plus, ou plutôt pas, à comprendre.

"-Demain matin je découperai la "rustine" dans un des canots pour que vous puissiez boucher le trou de votre radeau. Dit Dean à défaut de banalité.

"-OK.

"-Ensuite je jetterai un coup d'oeil à votre convertisseur pour voir pourquoi il ne fonctionne plus et je pense que je pourrai le réparer... s'il n'y a pas de pièce à changer... A moins que vous en ayez un autre en panne où je pourrais piocher ?

"-Non... c'est le seul.

"-Croisons les doigts alors...

"-Oui.

"-...

"-...

"Merde ! Se dit Dean. Sujet de conversation épuisé !

"-Si vous voulez, demain je vous montrerai le radeau. Dit Castiel. Enfin... tout du moins l'endroit où il se trouve parce qu'on ne le voit pas vraiment d'en bas.

Dean acquiesça et Castiel qui s'imaginait avoir trouvé un sujet sur lequel rebondir, ne sut quoi rajouter. Il faut dire que Dean ne l'avait pas aidé sur ce coup là.

"Merde ! Se dit-il alors à son tour. Sujet de conversation épuisé.

Ils étaient sur la même longueur d'onde, mais leur mutisme commun ne leur permettait pas du tout de s'en rendre compte !

.

"-Un petit café ? Demanda Castiel quand ils eurent fini leur repas.

"-Je veux bien oui merci.

Castiel se leva alors et mit le reste de café à chauffer.

Et après une longue minute pesante, il apporta les gobelets fumants sur la table.

Dean le remercia à nouveau avant de boire une gorgée prudemment pour ne pas se brûler, les yeux dans le vague et Castiel le regarda faire en mettant un sucre dans sa tasse.

Et il ne savait pas ce qu'avait Dean...

Et ça le stressait vraiment beaucoup sans qu'il puisse s'expliquer pourquoi à ce point...

Et il n'aimait pas être dans le vague...

Et...

"-Comment on en est arrivé là ? ... Je... J'ai fais quelque chose ? Ne put-il s'empêcher de demander, mortifié à l'idée que ce soit de sa faute.

Dean se tourna alors vers lui en fronçant les sourcils et son visage changea d'expression pour passer à un air étonné, quand il vit la mine défaite de son vis-à-vis.

"-Que... de quoi vous parlez ?

"-Je ne sais pas... je... je croyais que nos prises de becs comme celles d'hier étaient du passé.. qu'on... qu'on était passé à autre chose... et... j'ai l'impression que vous m'en voulez de quelques chose, je ne sais pas, je suis peut-être parano... dites... Dites moi ce qui ne va pas !

La bouche entrouverte, Dean ne sut quoi répondre sur le coup.

Il ne s'attendait pas à ce que Castiel mette les pieds dans le plat et il se retrouvait comme un con, car il ne voulait pas en parler avec lui !

"-Y'a rien. Dit-il finalement.

"-Dean...

"-Y'a rien je vous dis ! Insista-t-il. Je vous rappelle que pour la deuxième fois en deux jour, j'ai bien faillit crever ce soir moi, alors désolé si je suis peut-être quelque peu... choqué et donc un peu moins enjoué.

Castiel pencha la tête sur le coté sans le quitter de ses yeux bleus... déstabilisants et Dean se sentit mal à l'aise de lui mentir.

Mais voilà ! tout était contradictoire dans sa tête. Il ne savait plus, il ne savait plus...

Il ne pouvait nier le fait qu'il l'appréciait et de plus en plus, mais à coté de ça, il le détestait pour son comportement vis-à-vis de son corps... et il... lui plaisait c'était plus fort que lui... mais il ne voulait certainement pas se rapprocher de lui.

Il ne voulait personne.

Et tout se rejoignait finalement, car, la raison pour laquelle il aurait aimé que Castiel l'accepte dans son état, n'était-ce pas tout simplement parce qu'il aurait pu... se rapprocher de lui ?

Il devenait complètement cinglé avec ce mec !

Ils ne se connaissaient même pas avant la veille bordel !

Qu'est ce qu'il en avait à foutre de son avis sur son corps ?

Et voilà... il se contredisait lui-même... encore une fois...

Mais le pire dans tout ça en plus, c'était qu'il y avait neuf chances sur dix qu'il ne soit pas intéressé par les mecs !

Bon Dieu ! C'était un foutu bordel dans sa tête depuis vingt-quatre heures !

Se rendant compte tout à coup que tout le long de ses pensées, il n'avait pas quitté le regard de Castiel qui le fixait lui aussi, Dean reprit ses esprits brusquement et se racla la gorge en détournant les yeux pour finir son café, qui était... froid !

Putain mais depuis combien de temps se fixaient-ils comme ça ?

Castiel secoua la tête en se levant pour débarrasser la table quand il réalisa lui aussi qu'il le fixait depuis un bon moment, perdu dans ses pensées dévorantes, qui lui disaient que ce mec lui plaisait, que c'était indéniable et qu'il semblait réceptif.

"Réceptif ? D'où est-il réceptif ? Parce qu'il te regarde dans les yeux ? Allons bon Novak ! Tu n'es pas une adolescente... Arrête de t'imaginer des choses .. Un mec qui te regarde ne veut pas forcement quelque chose de toi ! Réveille toi bordel ! Tu as quel âge ?" Se morigéna-t-il agacé.

Joy passa alors la porte et Castiel se rendit compte qu'il ne s'était même pas rendu compte de son absence.

"-Elle revient du mess visiblement. Dit Dean avec un sourire en la voyant lécher ses babines dont les poils étaient toujours teintés de rouge. Je présume qu'elle ne mange pas des spaghettis bolognaise, elle chasse quoi ? Vous savez ? Demanda-t-il à Castiel qui s'était assis le dos contre son bureau et grattouillait la tête du puma qui était venu directement à lui.

"-Oh! Un peu tout et n'importe quoi, des petites proies en général, mais elle peut s'attaquer à des grosses aussi à l'occasion, des rongeurs, des petits singes, des oiseaux, des serpents parfois...

"-Elle est la reine des animaux ici non ?

"-Non, on l'appelle le lion des montagne mais le puma à des prédateurs ici.

"-Elle en a ? Mais qu'elle bête peut-être assez téméraire pour s'attaquer à un puma ?

"-Le jaguar tout d'abord.

"-Ah oui... un autre gros chat.

"-Oui mais c'est plus une question de territoire que de prédation. Et il y a l'anaconda...

"-Râââhhh c'est vrai, j'avais oublié qu'il y avait ces horreurs par ici, je...

"-Vous avez la phobie des serpents ?

"-Oh oui ! Ces trucs me rendent malade, je préférerais encore prendre un bain de tarentules et de mygales que de toucher un de ces trucs froids et répugnants.

Castiel rit alors de voir sa mine dégoûtée.

"-Ce n'est pas drôle !

"-Oh non, je sais, je les déteste aussi.

"-Comment vous faites ? Il doit y en avoir plein les arbres !

"-Je fais attention...

"-Je me doute bien.

"-Les pires ce sont ceux qu'on ne voit pas... ils ont la couleur des feuilles et ces bestioles ont en plus tendance à se reposer sur les feuillages bas à hauteur de visage et vous pouvez en avoir un à quelques centimètres de votre tête sans le voir ! Par contre, lui, il vous a vu, alors vous approchez encore et il vous attaque !

"-Quelque chose me dis que cette histoire est arrivée en vrai, je me trompe ?

"-Non, ça m'est effectivement arrivé le mois dernier. Dit-il en frôlant sa pommette du bout des doigts, là où il y avait une trace de morsure quelques semaines plus tôt. Heureusement que j'ai toujours de l'anti venin sur moi, parce qu'avec une morsure du serpent liane, je ne serais pas forcement arrivé jusqu'au camp des Waïwaïs, le venin des serpents liane est particulier, ou vous en crevez, ou pas...

"-Il vous a mordu au visage ? Dit Dean en tendant le cou vers lui pour voir une trace qu'il n'aurait pas remarqué jusqu'à maintenant.

"-Heu... oui. Dit-il tout bas, ne sachant pas comment faire pour expliquer l'absence de trace, s'il posait trop de questions.

"-Où ça ?

"-. Dit-il en montrant sa pommette.

"-Mais on ne voit plus rien ! Vous avez eu de la chance !

"-Oui. Dit-il soulagé avec un sourire gêné que Dean ne sembla pas identifier comme tel.

"-Aaahh les joies de la vie dans la jungle...

Castiel rit doucement et Dean sourit malgré ses arrières pensées qui lui firent allègrement remarquer, par de petits papillons dans le ventre, que son rire lui plaisait beaucoup.

"-Pourquoi vous avez peur des serpents vous ? Demanda Castiel, curieux.

"-Mauvaise rencontre quand j'étais gamin... je jouais dehors avec mon petit frère Sammy, on était dans une prairie et les herbes étaient très hautes et je m'y laissais tomber en arrière, pour disparaître de la vue de mon p'tit frère, pour le faire rire et quand il a voulu faire comme moi, il est tombé sur un crotale qui devait se dorer la pilule au soleil et cette saloperie l'a mordu à la cuisse.

"-Il est...

"-En pleine forme ! Mes parents sont véto pour l'une et médecin de campagne pour l'autre, il y avait et il y a toujours ce qu'il faut à la maison pour soigner nos nombreux bobos.

Castiel sourit à sa mine nostalgique.

"-Donc vous avez un frère !

"-Oui ! Sam, Sammy... Guide et secouriste de haute montagne aujourd'hui !

"-Et bien, c'est une vocation familiale de venir en aide aux autres !

"-...

Dean ne répondit rien sur le coup et Castiel se dit qu'il avait peut-être fais une gaffe.

"-Pardon je ne...

"-Non non , vous avez raison, on a tous à coeur de sauver des vies, c'est un fait !

"-C'est ce que vous vouliez faire quand vous étiez petit ? Pompier ?

"-Non. Rit Dean en y repensant. Quand j'étais môme, je voulais faire chasseur de monstres pour protéger mon petit frère. Vous imaginez pas le nombre de créatures que j'ai pu éliminer chaque soir, pour qu'il accepte d'éteindre la lumière pour dormir !

Castiel rit de bon coeur.

"-Oh oui j'imagine très bien... Mes grands frères faisaient la même chose avec moi. Mais eux c'était pas des chasseurs, c'était de puissants anges aux pouvoirs magiques qui tuaient les monstres de mon placard rien qu'en les touchant !

Dean rit à son tour.

"-Donc, vous avez des frères ! Dit-il.

"-Oui deux, Gabriel et Balthazar.

"-Ah ok je vois pourquoi vous avez naturellement penché pour prendre des rôles d'anges !

"-Et vous, Winchester, chasseur, ouais, pareil, c'était logique aussi !

Dean rit de nouveau.

"-C'est vrai ça ! J'avais jamais fais attention à ça ! Mais en fait c'est peut-être pour cette raison que Sam a fais de moi un chasseur pour le débarrasser de ses monstres ! Oh ! Il faudra que je lui demande ça !

Soudainement, quelques grosses gouttes si mirent à tomber, puis, rapidement, d'autres suivirent de plus en plus nombreuses, jusqu'à devenir une violente averse bruyante.

"-J'en connais une qui est rentrée juste à temps ! Dit-Dean en se tournant vers le puma qui avait dressé les oreilles.

"-C'est une éphémère. Dit Castiel en se levant pour se poster devant la porte et regarder dehors.

"-Éphémère ? Pourquoi ?

"-Pour ça ! Dit-il en se tournant vers lui, l'index et les yeux dirigés vers le haut.

Et la pluie cessa brusquement.

"-Vous êtes devin ? Dit Dean amusé.

"-Non, habitué. Chaque pluie a sa façon de débuter, de tomber. Il y a aussi le son qu'elle fait, l'odeur qui s'en dégage. Il peut y avoir des éclairs au loin mais sans l'odeur d'ozone, cela veut dire que l'orage ne passera pas par ici par exemple.

"-WOW. Vous êtes là depuis quand au fait ?

"-Six mois et demi.

"-Ah oui en effet ! Amplement le temps de s'habituer !

"-Voilà ! Mais vous verrez... Vous repérerez aussi très vite quelques signes annonçant telle ou telle chose. L'isolation fait qu'on est plus réceptif à ce qui nous entoure...

"-Si vous le dites.

Castiel sourit et s'installa alors à son bureau pour inscrire ce qu'ils avaient fais durant l'après midi.

Et il se fit la réflexion qu'il faudrait qu'il se remettre un peu au boulot. Parce que depuis la veille il n'avait pas avancé... ses travaux étaient quand même la priorité, il n'était pas là en vacances !

"-C'est quoi ces notes que vous prenez ?

"-C'est un journal de bord en quelque sorte, un rapport d'activité où je mets ce que j'ai fais, mais surtout ce que je vais faire et où.

"-Pour ne rien oublier ?

"-Non, pour le cas ou je disparaîtrais ... les gens qui viendraient alors aux nouvelles, comme votre oncle tous les deux mois ou l'hélico de rapatriement en octobre... si je ne suis pas là à ce moment là, ces notes leur indiqueraient depuis quand je suis parti et surtout, la direction à prendre pour tenter de me retrouver.

"-Ah ok ! ingénieux !

"-Pensez à en faire de même si nous sommes séparés et que vous quittez le camp en dernier. C'est important !

"-Où ça ? Sur votre cahier ?

"-Oui oui ! A la suite de mes propres notes. Maintenant que vous êtes ici, tout cela vous concerne autant que moi.

"-D'accord. C'est noté. Dit-il en se tapotant la tempe de l'index.

Castiel reprit alors la rédaction de son rapport et Dean sortit nonchalamment prendre l'air à l'extérieur de la paillote pour le laisser travailler tranquillement.

S'asseyant sur la plus haute marche, il tordit son dos dans tous les sens en étirant les bras, il était fourbu.

Lui qui était au repos forcé depuis des mois, ne s'était pas ménagé ces deux derniers jours et ses muscles le lui faisaient à présent payer.

Puis, les coudes sur les genoux, il ferma les yeux en humant l'air... Écoutant les sons de la vie nocturne de la forêt, les craquements de bois ici et là, le bruit des feuilles sous les pas des nombreuses petites pattes qui foulaient ce territoire hostile pour l'homme, mais que tous ces petits êtres connaissaient par coeur, le délicat plic'plic des dernières gouttes d'eau de cette pluie éphémère qui quittaient les feuilles des arbres pour s'écraser sur le sol, toute cette vie nocturne qui faisait comme s'il n'était pas là...

Et pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentit bien.

Est-ce qu'une fois rentré il ne devrait pas penser à s'isoler tout seul quelques temps, quelque part, pour se ressourcer ? Se demanda-t-il. Le petit chalet de chasse de son grand père dans les hauteurs de Gatlinburg pourrait être une bonne planque...

"-Dean ? Dit Castiel dans son dos.

Dean sursauta violemment à l'entente de sa voix.

"-Oh ! Excusez moi, je ne voulais pas vous faire peur.

"-C'est rien, j'avais la tête ailleurs. Dit-il un sourire en coin sur les lèvres.

"-Je vais me coucher, je vous laisse éteindre les lumières ?

"-Oh, non c'est bon, j'y vais aussi, je suis claqué? Dit-il en se levant.

"-OK.

Castiel retourna donc à l'intérieur et éteignit les lampes, n'en laissant que deux faiblement allumées qu'il déposa près de chaque lit avant de s'asseoir sur le sien.

Dean en fit de même et dans la faible luminosité, ses chaussures ôtées, il le vit commencer à se déshabiller.

Et ne voulant pas se faire surprendre à le zieuter, il se baissa sur ses rangers pour les délacer afin de les retirer.

Castiel ôta alors son tee-shirt pour en enfiler un propre et au cliquetis de sa ceinture, Dean dû se battre de toutes ses forces contre lui même pour ne pas se redresser pour le regarder et retira enfin ses bottes.

Une fois son pantalon ôté, Castiel s'installa ensuite sur son lit et Dean retira son pantalon à son tour avant de se faufiler sous les arceaux de la moustiquaire qu'il avait eu la connerie de ne pas vouloir utiliser la veille, pendant que Castiel en faisait de même.

"-Coincez la toile, au bout, au dessus de votre tête sous votre oreiller pour qu'il n'y ait pas de fuite.

"-Ok. Dit Dean en levant à l'aveugle, ses mains au dessus de sa tête pour attraper la toile en question et la coincer sous le coussin sous sa tête.

Puis, après quelques secondes de silence, aussi pesantes pour l'un que pour l'autre, comme s'ils sentaient quelque chose, comme des mots hurlés qu'ils n'entendaient pas, l'impression qu'à tout moment l'un allait parler et que l'autre ne pensait plus qu'à l'écouter, une sorte de gêne étrange et déroutante qui faisait qu'ils avaient à présent les yeux grands ouverts sur rien et les oreilles à l'écoute du moindre son venant de l'autre... Castiel brisa ce silence assourdissant.

Il devait se reposer, il devait absolument récupérer pour être en forme le lendemain, la jungle ne permettait pas la moindre faiblesse :

"-Bonne nuit... Dean... Dit-il, attendant sa réponse, comme si elle lui était nécessaire pour bien dormir.

"-Bonne nuit Novak. Dit Dean, toujours dans l'idée de garder ses distances, même si l'appeler Novak lui avait cramé la bouche.

Et de l'autre coté de la pièce, Castiel eut la sensation de se prendre une grosse gifle dans la gueule. Il ne savait pas pourquoi Dean faisait ça, mais ce n'était vraiment pas très agréable, même quelque peu douloureux finalement, analysa-t-il avec dépit.

Comment ce type pouvait bien lui faire du mal ? Il ne le connaissait même pas !

Finalement plus blessé que fâché, Castiel se tourna sur le coté, vers le mur et ferma les yeux pour essayer de se vider la tête et réussir à s'endormir.

Dean se tourna alors aussi sur le coté, vers l'autre lit, ferma les yeux et mima quelques mots silencieux du bout des lèvres...

"Bonne...nuit...Castiel"

Et Joy, comme la veille, se coucha en grognant longuement, entre les deux hommes et le sommeil emporta tout le monde rapidement.

../..


Voilà !

Journée 1 terminée !

J'en ai eu un mal fout à les foutre au pieu !

Ils trouvaient toujours autre chose a faire ! LOL

Alors voilà, maintenant vous savez certaines choses et il y a les autres choses... celles dont vous savez quelles existent mais dont vous n'avez aucune explication.. oui je sais je suis cruelle avec vous... Mais c'est quoi cette histoire de.. chuuutttt... non non non Castiel, tu n'as pas le droit d'en parler...

Enfin bref ce fut une journée particulière où j'ai balancé quelques graines qui devront à présent germer tout au long de cette histoire...

en tous cas j'espère qu'elle vous plait...

Dites le moi, je veux savoir !

Et je vous dis a bientot pour les deux prochains chapitres !