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CHAPITRE 6

« Messages »

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Debout au milieu du camp Akawaïo baigné de soleil, Dean amène sa main droite à ses yeux, en clignant.
Il est là... et il ne sait pas pourquoi, ni comment il est arrivé là... Où est Castiel ?
Castiel n'est pas là...
Il ne sait pas non plus comment il le sait, mais il le sait... Il est seul ici...
Puis, tournant la tête vers la paillote, il reste planté là.
Il n'a pas besoin d'y aller... il doit aller ailleurs c'est une certitude, mais il a un si gros trou de mémoire quant aux événements qui l'ont mené ici en cet instant précis, qu'il n'ose pas bouger.
Il faut qu'il trouve Castiel !
A bon ? Se répond-il à lui même en pensées.
Puis la sensation d'une présence...
Se tournant alors brusquement, il découvre une jeune femme à la beauté sans pareille, aux longs cheveux noirs et dont la tunique de voile vert recouvrant son corps nu, laisse deviner sa peau recouverte d'inscriptions.
C'est Hamélinah, il le sait !
Auréolée de lumière, elle lui sourit et il lui rend son sourire...
Sa présence est un festin d'ondes douces et agréables et Dean sent son cœur se remplir de ces ondes, c'est enivrant.
Puis ouvrant la bouche pour lui parler, il est incapable de sortir le moindre son et Hamélinah tend sa main vers lui.
Son regard planté dans le sien, il s'approche alors d'elle.
Ses pas sont légers, comme s'il ne touchait pas le sol et c'est étrange, mais il avance dans sa direction et tend immédiatement sa main vers la sienne, le cœur palpitant comme un dingue, à l'idée de la toucher.
Il n'a alors pas le temps d'être surpris de la fraîcheur de sa peau, car dès qu'elle le peut, elle agrippe ses doigts aux siens et dans un léger mouvement d'air, ils se retrouvent dans un lieu différent.
Ils sont au beau milieu de la jungle et elle lui sourit en relâchant sa main.
Regardant autour de lui, il se rend compte qu'il n'est définitivement pas familier de cette forêt et ne reconnaît donc pas du tout l'endroit où ils sont, même s'il sait qu'elle ne l'a pas amené ici pour rien.

« -Pourquoi tu m'as amené ici ? Dit-il alors qu'il peut enfin parler.
Lui souriant encore, Hamélinah lève les yeux vers les cimes, avant de lui montrer la
voûte de sa main et de porter à nouveau son attention sur lui.
« -Tu veux que je grimpe l
à-haut ? C'est ça ? Je ne peux pas !
Ne lui répondant toujours pas, elle lève alors à nouveau sa main vers les
hauteurs et Dean secoue la tête.
« -Non ! Vraiment, c'est impossible ! Que veux tu que je fasse l
à-haut ?
Le regardant un instant, elle penche la tête de coté et ce mouvement lui rappelle quelque chose
mais il ne sait pas quoi. Il ne prend d'ailleurs pas le temps de chercher et regarde Hamélinah s'approcher lentement de lui.
« -Je ne comprend pas ce que tu attend
s de moi... Lui dit-il quand elle s'arrête tout près de lui.
Son odeur, mélangée d'embruns, d'herbe coupée et de sous bois, sans vraiment l'être, comme un playlist olfactive qui vous ferait découvrir toutes les odeurs de la nature les unes
après les autres, sans jamais les mélanger, cette odeur particulière, l'envahie alors, quand son espace personnel et le sien ne font plus qu'un et Dean s'y sent bien.
Puis Hamélinah pose sa main droite sur son torse, son cœur, avant de lever l'autre jusqu'à son oreille, afin de l'en recouvrir et Dean se rend compte que tout à coup, il entend !
Ne s'étant pas rendu compte qu'aucun son
ne les entourait jusqu'à maintenant, il est surpris. Hamélinah le voit d'ailleurs sur son visage et ôte sa main de son oreille sans pour autant enlever l'autre de son cœur et elle lui fait signe d'écouter.
Dean fronce le front, que veut-elle ?
Hamélinah amène donc sa main gauche à sa propre oreille et lui fait à nouveau comprendre qu'il doit écouter.
Dean tend alors l'oreille, se concentre...
mais il n'entend rien de particulier.
Et tout à coup oui.. Quelqu'un l'appel par son prénom... Quelqu'un qui est là haut, non, pas la haut... C'est difficile à localiser, mais c'est sûr cette voix ne vient pas de la canopée, c'est plus proche de lui.
Il aimerait faire un pas,
mais il ne le peut pas, ses jambes refusent de lui obéir.
Puis l'appel se répète, beaucoup plus fort et un frisson lui traverse le corps d'effroi... la voix vient de l'appeler à nouveau, mais la voix vient de l'appeler au secours...
Il veut lui répondre
mais encore une fois, il ouvre la bouche et aucun son n'en sort.
Il se tourne alors vers Hamélinah qui le regarde d'un air étrange et secoue la tête...
Elle lui pointe alors à nouveau un endroit bien précis du sous bois, un gros arbre, tandis que les doigts de son autre main toujours sur son cœur,
effectuent une plus importante pression, comme pour y entrer, mais n'est ce pas ce qui est en train de se passer ? Dean n'en sait rien et ne baisse pas les yeux pour vérifier, c'est inutile, Hamélinah attend quelque chose de particulier de lui, il doit se concentrer.
Tendant alors l'oreille pour la énième fois, il ferme les yeux, attendant un nouvel appel qui ne tarde pas... Et son cœur fait un bond !

« -Castiel ! Cria-t-il en ouvrant les yeux, avant de s'asseoir brusquement quand il se rendit compte de où il se trouvait.
Surpris, il se tourna alors vers sa gauche et tomba nez à nez avec Castiel qui était lui aussi assis sur son lit et le regardait étrangement, comme s'il était étonné de le retrouver là.
« -Quand est-ce qu'ils m'ont ramené ici ? Dit-il en pivotant et s'asseyant au bord de son lit.
« -Je ne sais pas. Dit le professeur en secouant la tête, vous n'étiez pas là quand je me suis couché et... S'interrompit-il en se remémorant le fait que Dean s'était réveillé en criant son prénom, ce qui l'avait réveillé lui même... à moins que ce soit son propre rêve qui l'ai réveillé ?
Debout au beau milieu de la hutte de Kaanah, il était face à elle...

« -Tends moi tes mains. Lui avait-elle dit.
Obéissant immédiatement sans se poser la moindre question, il l'avait ensuite regardé saupoudrer quelque chose sur ses paumes et c'est avec horreur qu'il avait vu ses mains prendre feu.
Paniqué, il s'était mis à secouer ses mains et Kaanah lui avait attrapé fermement les poignets pour le stopper.

« -Tu as mal ? Lui avait-elle dit en secouant la tête, perplexe face à sa réaction.
Il s'était alors rendu compte que non, il ne sentait rien du tout et s'était calmé dans la seconde.
Puis le chaman lui avait sourit, soufflant pour éteindre les flammes, avant d'unir ses mains dans les siennes et les repousser contre son torse, comme si elle lui rendait.
« -Tes mains sont comme les eaux vives du ruisseau. Le feu les lèche, mais ne les brûle pas. A son acceptation, tu sauras.
« -Quoi ?
La voix de Dean avait alors retentit :
« -Castiel !
Et il s'était réveillé en sursaut à son appel.

« -Et quoi ? Dit Dean.
« -Et... Répéta-t-il en reprenant ses esprit... je ne sais plus ce que je voulais dire. Dit-il en secouant la tête et enfilant son pantalon. Mais comment va votre blessure ?
Amenant sa main à son cou, Dean regarda son épaule, son torse, qui étaient atteint la veille et Castiel se leva pour venir voir de plus près.
« -C'est comment ? Dit Dean, tandis que le professeur s'asseyait près de lui et regardait son bras, son omoplate.
« -Il n'y a plus rien.
« -Plus rien ? C'est à dire ?
« -Plus une trace. C'est magique, ne cherchez pas d'explication... Dit-il dans un sourire en passant le bout de ses doigts sur la peau de son cou ou se trouvait l'entaille à l'origine de tout.
Dean en eut un violent frisson qu'il le touche et Castiel, qui vit sa peau se couvrir de chair de poule se mordilla la lèvre en constatant l'effet que ça lui faisait, avant de se lever, s'occupant l'esprit avant de se retrouver dans une situation masculine embarrassante.
Puis ...
« -Je vois qu'ils n'ont pas fait que vous ramener. Dit-il en découvrant tout à coup un petit cadeau déposé sur la table.
Une grande corbeille tressée remplie de vivres en tous genres... Les Waïwaïs s'excusaient humblement par cette offrande, sans perdre la face et ainsi l'affaire était close.
« -C'est pour vous. Dit Castiel.
« -Comment ça pour moi ?
« -Ils s'excusent pour ce que vous avez dû subir à cause d'eux.
« -Ils n'étaient pas obligés, ils m'ont soigné..
Castiel dodelina de la tête...
« -Oui et non... Dit-il alors. Techniquement c'est Hamélinah qui vous a soigné Dean...
« -Hamélinah ...
Castiel acquiesça.
« -Je... Je l'ai vu... en rêve... … je crois...
« -Vous croyez ?
Dean fronça le front.
« -Non, je suis sûr... je suis sûr que c'était elle, mais pas certain que c'était un rêve...
« -Je me suis posé la même question.
« -Vous l'avez vu aussi ?
« -Oui, il y a quelques semaines.
« -Elle vous a dit quoi ?
« -Elle... Elle ne m'a pas parlé, elle... elle était là, au milieu du camp et m'a fait signe de venir vers elle, avant de me montrer Joy qui observait la sortie du camp et qui s'en est allé tout à coup vers la passerelle. Hamélinah m'a alors fait signe de la suivre et j'ai fait deux pas et... J'avais mon fusil à la main... C'est... S'interrompit-il, sa bouche formant un « o » d'étonnement.
« -Quoi ?
« -Déjà vu...
Dean fronça le front.
« -C'est exactement ce qui s'est passé le jour de votre arrivée... C'est votre arrivée ! Dit-il en secouant la tête. J'avais pas fait le rapprochement...
« -Elle vous a prévenu qu'un intrus allait débarquer ?
« -Elle savait que vous alliez venir... Précisa Castiel en le fixant.
Dean soutint alors son regard et ils restèrent ainsi un instant, sans la moindre once d'inconfort, ni de gêne.
Puis Castiel cligna et secoua imperceptiblement la tête.
« -Et vous ? Elle vous a parlé ?
« -Non, aucun mot, juste... elle m'a juste emmené au milieu de la jungle... je ne sais pas où et... il y avait... quelqu'un.
« -Il y avait quelqu'un d'autre ?
« -Non, juste... une présence, une... voix.
« -Une voix ?
« -La votre...
« -Moi ? Et je disais quoi ?
Ne répondant pas tout de suite, Dean se gratta le coin du sourcil en détournant le regard, avant de le regarder à nouveau.
« -Je ne sais pas... Je me suis réveille...
Castiel plissa les yeux.
Son réveil en l'appelant, révélait pourtant une réaction brutale... Est-ce qu'il en se rappelait vraiment plus ?
« -Vraiment ?
« -Oui, vous m'avez appelé et je me suis réveillé.
Leurs yeux, a nouveau accrochés, à ceux de l'autre, ils finirent par se sourire et Dean secoua la tête.
« -Je présume que si c'est un message, je referai ce rêve...
« -Il y a de grandes chances en effet... et sinon...
« -Ça voudrait dire que ce n'était qu'un rêve ?
« -C'est facile de savoir...
« -A bon ? Et comment ?
« -Décrivez moi votre Hamélinah...
« -La décrire ?
« -Oui, si nous avons vu la même, c'est que c'était elle...
« -Heu... wow, attendez, vous me prenez de court là... Voyons... Dit-il en fermant les paupières, pour la visualiser.
Puis il rouvrit les yeux, pensif.
« -J'ai vu un très belle femme... aux cheveux... noirs et très longs, très brillants aussi... elle... ses yeux étaient très profonds et... et noirs, elle avait aussi une très belle bouche pulpeuse et peinte en brun... elle portait un pendentif... un... un pendentif en , représentant un arbre... je ne sais pas si elle avait quelque chose à ses pieds, mais je l'imagine pieds nus... et elle portait donc une longue tunique verte et transparente et son corps... nu... était recouvert d'écritures... qui donnait l'impression … d'un... plumage... ne me demandez pas pourquoi, je … je ne sais pas... Dit-il en se tournant vers lui.
En l'entendant décrire exactement l'Hamélinah qu'il avait lui même vu, ses doutes furent confirmés. Il avait bel et bien vu la vraie déesse et il se demanda pourquoi il allait se retrouver a appeler Dean dans la forêt et pourquoi c'était si important.
« -C'est bien la même que moi, vous avez bien été visité par la déesse dans vos songes et ce n'était donc pas un rêve.
« -Merde, vous croyez que je vais me perdre dans la foret ?
« -Je ne sais pas... vous allez devoir redoubler de vigilance quand vous vous aventurerez tout seul. Je ne saurais même que vous conseiller d'éviter de le faire.
« -Si je ne sors jamais d'ici, je vais devenir fou...
« -Alors emmenez Joy avec vous dans ces moments là et vous ne vous perdrez jamais.
Dean acquiesça en baissant les yeux sur l'animal et Castiel en fit de même, avant de se déplacer vers son lit.
« -Je vais me doucher. Dit-il en prenant ce dont il avait besoin dans ses affaires. A tout de suite.
Sortant de la torpeur dans laquelle il était, Dean releva soudainement les yeux du puma et regarda le professeur partir.
« -Oui. A tout de suite ! Dit-il précipitamment,
Mais Castiel était déjà dehors et il n'était même pas sûr qu'il l'ai entendu.
Puis, s'asseyant sur son lit, il passa sa main dans son cou, comme pour s'assurer qu'il n'y avait bel et bien plus rien et il secoua la tête.
Ce qui se passait ici était totalement irréel.
Tiquant à cette pensée, il releva un sourcil et regarda son avant bras, avant de se pincer fort et grimacer de douleur.
Non... Tout cela était bien réel... se dit-il en passant ses doigts sur la zone endolorie pour se soulager. Il était bien au milieu de l'Amazonie, avait subit une guérison miraculeuse et magique, donnée par un chaman, avec l'accord d'une déesse de la nature qui savait tout de lui et venait de le visiter en songe... OK... Tout cela était totalement normal et il n'était pas fou, n'est ce pas ?

Dean passa ensuite la porte et resta perché en haut des escaliers, faisant un tour d'horizon, avant d'apercevoir un capybara pointer le bout de son nez à l'autre bout du camp.
Suivi par une ribambelle de petits, l'animal courait et ses huit bébés, en faisaient de même à grand renfort de couinements. Dean les regarda alors ainsi, traverser le camp et se déplaça le long de la rambarde encerclant la paillote, jusqu'à l'angle, pour continuer de les observer galoper.
Sentant ensuite une présence derrière lui, il se tourna et découvrit Joy, qui était à présent assise sur la plus haute marche et laissait échapper un léger grognement, alors qu'elle regardait la fôret.
Dean se dit alors qu'elle devait avoir faim et que les capybaras avaient eut de la chance qu'elle ne les voit pas passer.
Puis un autre bruit, lui fit retourner la tête devant lui et il vit la porte de la douche s'ouvrir et le professeur en sortir... entièrement nu...
Figé, il le regarda alors malgré lui, un moment, tandis que l'autre s'essuyait et ne remarquait pas sa présence, jusqu'à ce qu'il lui tourne le dos en suspendant sa serviette sur la porte de la cabine... et qu'il eut un soudain sursaut de lucidité.
Faisant deux pas en arrière, lentement, il se mit ensuite dos à la paillote en soufflant doucement, soulagé de ne pas avoir été surprit à le reluquer... mais pas que...
« -WOW... Souffla-t-il, tandis qu'il se faisait la remarque qu'il n'imaginait pas Castiel aussi finement sculpté sous ses vêtements.
Il réalisa alors qu'il ne fallait pas qu'il reste là, collé à ce mur, sinon Castiel allait trouver ça suspect et s'éloigna nonchalamment jusqu'aux marches où il s'assied près de Joy.

Quelques minutes plus tard, Castiel arriva en bas de l'escalier et Dean se leva pour qu'il puisse passer, ne pouvant pas s'empêcher d'être gêné et de détourner le regard, quand ce dernier lui sourit.
« -Vous avez fini ? Demanda-t-il bêtement, pour se donner une contenance, alors que le professeur lui tournait le dos.
« -Oui oui vous pouvez y aller j'ai terminé.
Dean prit donc ses affaires rapidement, dans des gestes désordonnés et nerveux, qu'il ne pouvait pas empêcher, quand il réalisa que l'image de son colocataire forcé, entièrement nu, ne voulait pas s'ôter de son esprit et que ça commençait à l'exciter, maintenant qu'ils étaient dans la même pièce.
Espérant que cela ne devienne pas un problème récurrent, il sortit de la paillote sans un mot et fila jusqu'à la douche, sursautant de peur, quand un énorme tapir noir passa à toute vitesse devant lui et disparu dans la végétation derrière l'habitation.
Secouant la tête, il ôta ses rangers et pénétra ensuite dans la petite cabine, apercevant un tapir plus petit passer à son tour, le temps qu'il ferme la porte.
Il se fit alors la réflexion que ça devait être son jour de chance, car, jusqu'ici, mis à par Joy, il n'avait vu qu'insectes et araignées.
Puis se glissant sous l'eau pour se mouiller, en frissonnant, il pensa avec amusement qu'il devait y avoir quelque chose de bien par là, parce que toutes ces bêtes allaient dans la même direction.
Se savonnant, il fronça ensuite le front. Était-ce un signe de crue ? Est ce que c'était ça et que tous ces animaux fuyaient la montée des eaux ?
Tirant sur la chaînette pour se rincer, il secoua la tête en signe de négation.
Non, Castiel lui avait dit que quand l'eau montait, elle arrivait par derrière la paillote et toutes ces bêtes allaient justement dans cette direction.
Mais tandis qu'il avait réussit à penser à autre chose, cette pensée lui avait remit le professeur à l'esprit et la suivant ne concernait plus le moindre animal...
Fugace pensée d'en profiter pour se faire un peu de bien, brusquement écrasée du talon par sa raison, Dean, irrité par lui même, s'essuya avec application, avant de mettre son boxer et enfiler son pantalon.
Puis la panique !
« -Dean ! Sortez ! Venez ici ! Venez ici! Vite ! Hurla la voix de Castiel à l'extérieur.
Le cœur affolé, Dean ouvrit brusquement la porte et vit le professeur qui était sur l'avancée contournant la paillote, face à la cabine de douche et lui tendait sa main.
« -Prenez ma main Dean !
Instinct automatique, mais aussi et surtout professionnel, qui faisait qu'on ne posait pas de question quand un collègue tendait sa main vers vous. Dean se saisit immédiatement de celle de Castiel, qui le tira vers la haut et il s'accrocha à la rambarde de l'autre, pour se soulever du sol et le rejoindre sur l'avancée de bois.
Lâchant sa main tout de suite une fois qu'il fut face à lui, Castiel enroula alors ses bras autour de Dean pour le maintenir et qu'il ne bascule pas en arrière.
« -Ne bougez plus. Dit-il tout bas, en le collant le plus possible contre lui.
Inquiet, Dean tourna alors la tête dans la direction que Castiel semblait fixer.
« -Pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?
« -Des fourmis légionnaires... Joy ! Couche toi !
L'animal qui était assise près de lui et scrutait dans la même direction que lui, se coucha et sa queue qui bougeait nerveusement jusqu'ici, s'immobilisa dans les airs, avant de descendre très lentement pour se caler contre ses pattes.
« -Des fourmis ? Quoi ? Des fourmis ? Dit-il halluciné.
« -Oui. Parlez moins fort et ne bougez pas un cil, elles sentent la moindre vibration. Laissons les passer.
Dean fronça le front.
« -Mais où ça des fourmis ? Chuchota-t-il.
« -La-bas.
Regardant à nouveau dans la même direction que lui et Joy, Dean plissa les yeux.
Comment pouvaient-ils voir des fourmis de loin ? Et où ?...
Et...
Le cœur qui fait un bond, devant l'horreur.
C'est en déglutissant qu'il s'aperçut qu'une gigantesque nappe grouillante et sombre, se déplaçait sur le sol et traversait le camps dans leur direction.
« -Ce... Ce sont des fourmis ?
« -Oui... des fourmis légionnaires... elles dévorent tout ce qu'elles croisent... elles se dirigent aux vibrations...
« -Elles pourraient nous dévorer nous ?
« -Si on les laissait faire, oui, sûrement, mais ça n'arrive jamais, bien sûr... Mais il ne faut quand même pas se trouver sur leur chemin, car la douleur de leurs millier de morsures est atroce.
« -J'imagine... Dit-il, traversé d'un frisson d'effroi à l'idée.

Puis ce fut le silence, tandis que les fourmis s'approchaient dangereusement de leur perchoir et Castiel ramena son visage vers Dean, sa joue frôlant la sienne.
« -Ne paniquez pas, si une ou plusieurs de leurs éclaireuses viennent sur nous surtout... Lui susurra-t-il près de son oreille.
Dean acquiesça en fermant les yeux, moins paniqué pas les fourmis que par ce qu'il était réellement en train de se passer et qui faisait que son cœur était devenu fou...
Car, les mains du professeur étaient à présent toutes les deux posées dans son dos, sur sa peau, sur son corps et il n'arrivait pas à analyser ce qu'il en ressentait, tant ça lui donnait chaud...
Car, leurs corps étaient à présent en contact, son corps en contact avec celui de Castiel et ça lui faisait tant d'effet qu'il remercia mentalement, celui qui avait construit cette rambarde qui les séparait et qui l'avait mise à cette hauteur et évitait qu'une partie trop intime de sa personne ne rencontre celle de l'autre et se mettre à aimer ça...
Car, le souffle nerveux de Castiel, frôlait son visage et que ça rendait sa propre respiration tout aussi erratique que la sienne...
Car, son espace personnel était plus que violé et qu'il n'avait pas hésité une seule seconde, avant de grimper jusqu'à lui et ainsi faire qu'ils en étaient là...
Car, le Dean d'aujourd'hui ne retrouvait littéralement plus le Dean d'hier et que ça rendait son cœur plus léger, comme soulagé d'un poids qui était là hier encore... mais plus aujourd'hui...

Puis les fourmis atteignirent enfin la paillote et la nappe sombre commença à leur passer à un mètre sous les pieds. Castiel agrippa plus fortement la main droite dans le haut du dos de Dean, avant d'ouvrir grand les yeux, quand il prit conscience de l'endroit où se trouvaient ses mains.
Déglutissant, il redressa alors légèrement la tête et regarda de coté pour apercevoir le visage de Dean et se mordilla la lèvre quand il vit les muscles de ses mâchoires bouger nerveusement.
Était-il en colère ? Avait-il peur ? Les deux ? Comment savoir ?
Reculant la tête d'avantage, afin de le voir en face, Castiel le découvrit les paupières closes et son cœur rata un battement quand baissant les yeux sur sa mâchoire, un léger regard de coté, lui fit poser les yeux sur sa bouche et qu'il en eut, comme la veille au sanctuaire, vraiment très envie...
Elle était si près, si offerte, si belle et désirable en cet instant, ça aurait été si facile. Se dit-il en serrant les dents.
Soufflant doucement pour s'enlever cette idée de la tête, sûr que Dean devait le sentir sur son visage, Castiel ne loupa pas la légère fronce entre ses sourcils, ni ses lèvres qui s'entrouvrirent à peine, laissant échapper un léger filet d'air expiré, comme pour se contenir lui même. Et pour Castiel, dont le cœur battait à un rythme de folie, l'envie d'investir les lieux devint furieuse.
Mais se contenant encore pour ne pas faire le con alors qu'il ne s'agissait sûrement que de nervosité, parce qu'il le touchait, ou de peur, Castiel tourna la tête de coté, sans pour ôtant réussir à s'empêcher de frôler imperceptiblement sa bouche à la sienne dans le mouvement, comme un gamin idiot... La tentation avait été trop tentante et il ne pouvait plus nier que ce mec le rendait fou.

Ouvrant les yeux brusquement en sentant quelque chose frôler ses lèvres, Dean se retrouva face à l'oreille de son compagnon d'infortune, qui semblait surveiller la moindre fourmis éclaireuse qui pourrait les approcher.
Son oreille... près de son nez, de sa bouche et qui venait de le frôler et lui avait fait croire qu'ils s'était agit de sa bouche...
Son oreille... près de son nez, qu'il eut soudainement envie d'approcher et d'enfouir dans ses cheveux afin d'y respirer son odeur...
Son oreille... près de sa bouche et cette peau fine juste en dessous et... hmm... Stop !
Merde cette promiscuité le rendait complètement dingue !

Puis la nappe sombre étant pratiquement passé en entier, sans, que par chance, une seule fourmi ne grimpe jusqu'à eux, Castiel ramena son visage face à celui de Dean, un instant, croisant son regard et ils se sourirent gênés, avant qu'il ne poursuive son mouvement et tourne la tête de l'autre coté pour voir la colonie s'éloigner.
Dean tourna alors la tête dans le même sens que lui et émit un petit rire.
« -Chut... Pourquoi vous riez ?
« -On doit être comiques à voir de l'extérieur...
Castiel sourit et sa pommette entra en contact avec celle de son voisin.
« -Sûrement. Dit-il, quelque peu déçu, qu'il y voit quelque chose de comique, malgré tout.
Puis...
« -Je suis désolé pour ça. Chuchota Dean.
Castiel fronça le front.
« -De quoi ?
« -Vous avez été obligé de... d'y poser vos mains... je suis désolé...
« -Mais... Qu'est ce que vous dites, je... vous n'avez pas de raison d'être désolé, votre... votre corps n'a rien de repoussant. Finit-il du bout des lèvres, sentant ses pommettes chauffer comme une adolescente.
« -Vous ne...
« -Non, vous toucher ne me dégoûte pas le moins du monde, au contraire je...
S'interrompant en se rendant compte qu'il en disait trop et qu'il sentit Dean se crisper, Castiel baissa la tête.
« -Pardon, je ne voulais pas dire...
Desserrant son étreinte sur lui, alors que les fourmis étaient maintenant à une distance raisonnable, Castiel se tourna vers lui, sans toutefois redresser la tête et ôta finalement ses mains de son dos pour les accrocher à sa taille et continuer de le maintenir, mais ne plus être collé à lui.
Troublé, lui aussi, mais ne sachant pas vraiment de quelle manière, Dean ne dit rien et regarda autour d'eux.
« -C'est bon maintenant ? Elles sont parties vous croyez ?
« -Oui. Dit Castiel en acquiesçant.
« -OK.
Lui faisant un sourire en coin, Dean agrippa alors ses mains à la rambarde et Castiel le lâcha, avant qu'il ne saute en arrière et ne retrouve le plancher des vaches.
« -Une fois atteint la rivière, elles vont revenir par ici ?
Non, elles vont longer la rive jusqu'à ce qu'elle puisse traverser sur un éventuel arbre mort... il y a peu de chance qu'elles repassent par ici... enfin... en ce qui concerne cette colonie.
Regardant tous deux en direction de la forêt, ils ne se dirent plus un mot et Dean finit par bouger afin de finir de s'habiller.
Castiel reprit alors le cours du temps lui aussi quand il le vit bouger et le regarda enfiler son tee-shirt, avant de retourner dans la paillote, consigner leur rencontre avec la colonie dans le carnet de bord.

...
Dean rentra ensuite à son tour et Castiel se mit en charge de leur préparer du café, qu'ils burent tous les deux, dehors, assis sur les marches de l'escalier.
« -Je vous ai appelé. Dit Castiel après une première petite gorgée du liquide brûlant.
« -C'est à dire ?
« -Je vous ai appelé tout à l'heure, est-ce que c'était comme dans votre rêve ?
« -Non...
« -Non ?
« -Non... j'avais oublié, mais dans mon rêve, vous m'appeliez au secours.

../..