Hello Strangers !
J'espère que vous allez tous bien et que vous vous êtes armés de votre boisson chaude/froide bien sucrée pour la lecture de ce chapitre parce que vous allez en avoir besoin.

Avant de vous lâcher dans "Damn Queen", je tenais à lancer un défi à chacun d'entre vous. J'ai nommé ce défi le « Concours Héros du Quotidien au Starbucks ». La référence ne pourrait pas être plus explicite même si j'essayais xD. Ce défi est simple, Life is Strange parle de photographie, d'art et moi je parle de Superhéros, pour participer vous devez :

- Prendre une photo originale/stylée/hipster (ou tout adjectif que vous trouverez cool) d'une cup Starbucks

- Cette cup devra porter le nom d'un superhéros

Ce défi commence maintenant et s'achèvera dans 3 semaines. Tous ceux qui veulent participer, envoyez moi un MP et je vous transférerai mon adresse email. Je prendrai une semaine pour rassembler toutes les photos et choisir.

LE PREMIER PRIX : Un one-shot Chasefield dont le vainqueur pourra choisir le thème. *insérer ici des confettis*


Damn Queen

Victoria avait tout préparé quant à la manière de demander son numéro de téléphone à Max. Tout ! Un plan parfait allant de "A" à "Z" en passant par toutes les autres lettres de l'alphabet. Et évidemment, Maxine avait tout gâché.

Foutue Hipster (again).

Avant même de se lever le matin, elle savait comment elle allait entrer dans le Starbucks, comment elle allait saluer l'autre hipster et lui passer sa commande. Elle avait planifié la moindre minute. La moindre de ses répliques. Elle était même allé jusqu'à anticiper ses réponses possibles à chacune de ses phrases ou de ses piques. Vraiment, Victoria n'avait rien laissé au hasard.

Et aussi honteux que cela puisse paraître, parmi ses nombreuses idées sur la manière de s'y prendre, elle avait imaginé – après de longues heures à penser à toutes les possibilités et la fatigue qui allait avec – lui demander son numéro de téléphone comme nom sur sa cup… avant de rayer, sur-rayer, sur-sur-rayer cette idée de son esprit avec un acharnement embarrassé. Là, elle reconnaissait avoir dépassé le stade de la comédie romantique avec Julia Roberts – pas qu'elle critiquait Coup de Foudre à Notting Hills d'une quelconque manière que ce soit. Mais elle voulait son numéro de téléphone, pas sa main. Et pourtant, elle était stressée à l'idée de faire une chose aussi banale comme si elle s'apprêtait vraiment à la demander en fiançailles.

La veille de sa « demande », la blonde avait retourné tous les scenarii dans sa tête en frôlant la crise de nerfs à plusieurs reprises. Pouvait-on demander un numéro de téléphone à une fille sans qu'il y ait d'arrière pensée ? Max n'allait-elle pas se faire des idées ? Se dire qu'elle la draguait ?... bon certes, Victoria la draguait, c'était vrai… mais pas de manière aussi évidente quand même. Elle savait y mettre les formes… Elle avait du tact et de la classe…. Ou elle était complètement paniquée à l'idée de faire quelque chose de déplacée et de se prendre un râteau, souffla une petite voix nommée Insécurité Chronique dans sa tête. La Reine de Blackwell avait essayé de chasser ses doutes pour passer le reste de sa soirée sur comment dire « Est-ce que je peux avoir ton numéro de téléphone ? »… jusqu'au petit matin. Elle avait été incapable de trouver le sommeil à cause de cette boule de stress qui s'était installée dans son estomac. Chaque fois qu'elle avait trouvé une façon pas trop bizarre de lui demander son numéro, une nouvelle donnée était venue changer toute son équation et elle repartait de zéro.

Du coup, quand le lendemain, elle avait franchi la porte du Starbucks, le cœur tambourinant comme les cœurs de l'Armée Rouge et se répétant la phrase « Tu vas y arriver. Panique pas. C'est juste un numéro de téléphone. Tu vas y arriver » elle ne s'attendait pas à tomber sur un vendeur typé mexicain qui lui demanda ce qui pouvait lui faire plaisir. Enfin, mexicain, il semblait venir d'Amérique du Sud surtout. Il aurait pu être argentin, cela aurait été du pareil au même.

Presque choquée de voir une autre personne travailler dans cet endroit, elle dévisagea le jeune homme comme s'il était une illusion qui allait se dissiper pour laisser place à Maxine. Il était de taille moyenne, un peu fort, la peau bronzée et des lunettes noires carrés posées sur le nez. Victoria put lire son nom sur la petite étiquette épinglée à son tablier : Fernando.

- Qu'est-ce que je peux vous servir, mademoiselle ? Répéta-t-il devant son absence de réponse à sa première tentative.

- Max Caulfield n'est pas là ? demanda-t-elle en retour en ignorant sa question, agacée que son plan soit contrarié.

Elle avait prévu une entrée ! Un scénario ! Et Maxine ne se pliait pas à son rôle dans cette histoire. Aucun professionnalisme ces hipsters ! On ne pouvait vraiment pas compter sur eux.

- Euuh non, elle a annulé son shift aujourd'hui et demain, répondit-il, surprit par sa demande.

Ses sourcils s'arquèrent dans une question muette sur son identité alors qu'il ne cessait de dévisager le visage fermé qui lui faisait face.

- Vous êtes une de ses amies ? Tenta-t-il.

Cette question lui décrocha un grognement dédaigneux accompagné d'un regard qui semblait dire « Sérieusement ? ». Mais la blonde avait beau faire la fière, son masque de société dissimulait difficilement son agacement de ne pas avoir réussi à mener son plan à bien. Mais surtout, à sa propre surprise, il ne cachait plus son inquiétude quant à savoir ce qui avait pu se passer pour qu'elle annule. Elle enchaîna donc :

- Que lui est-il arrivé ?... Ce n'est pas son style de ne pas venir au boulot.

- Elle est malade, je crois… elle a téléphoné un peu plus tôt dans la journée pour dire qu'elle avait de la fièvre et qu'elle ne pouvait pas venir.

Maxine… malade ?... l'énervement de la riche héritière retomba pour de bon sous le choc de cette réalisation. Comment ?... quoi ?... Alors qu'une seconde plus tôt elle lui tenait rigueur d'avoir fait tomber son plan à l'eau, elle se sentait maintenant coupable d'avoir pu penser quelque chose de mal à son encontre. Hier encore, elle l'avait croisée à l'académie et elle lui avait semblée en pleine forme. Avait-elle attrapé quelque chose de foudroyant ? Et dire qu'elle n'avait pas son numéro pour prendre de ses nouvelles… Victoria se pinça l'arrête du nez. Cette journée aurait-elle pu être plus pourrie ?... Elle en doutait.

- Tout va bien, mademoiselle ? questionna Fernando, la tirant de sa réflexion.

- Oui, enfin non… Est-ce que par hasard vous auriez son numéro de téléphone ? Je viens de changer de portable et je n'ai pas pu récupérer tous mes anciens numéros… mentit-elle avec une expertise proche de la psychopathie. J'aimerais lui envoyer un petit message pour savoir comment elle va et si je peux faire quelque chose pour elle.

Le dénommé Fernando sembla hésiter une seconde et esquissa un petit geste nerveux sous le regard droit qui ne cillait pas en face de lui. Il n'était pas sûr d'avoir le droit de fournir des informations personnelles à propos de ses collègues, mais… à bien y réfléchir, il était convaincu d'avoir déjà vu Max parler avec cette fille. Peut-être pouvait-il faire une exception ?...

- Je ne vais pas utiliser son numéro à des fins criminelles si vous vous posez cette question. Maxine est vraiment une amie.

Le dernier mot sembla sortir de sa bouche de manière déformée. Son ton s'était fait plus étouffé. Elle réalisait qu'elle avait essayé de la retenir malgré elle, espérant dire autre chose à la place.

- Okay, céda-t-il en sortant son propre smartphone de sa poche. Vous êtes prête à noter ?

Victoria acquiesça. Rien ne s'était passé comme prévu. Mais alors rien du tout. Pourquoi s'embêter à faire des plans en ce qui concerne Maxine franchement… Il fallait croire qu'elle était la fille qui anéantirait toute sa manière d'être et de faire les choses. A cause d'elle, elle n'avait pas eu son moment à la Julia Roberts. Elle n'avait pas eu la satisfaction de lui demander son numéro en face et de voir sa tête. Et elle avait encore moins eu droit à son habituel Café Latte raté. C'était à croire que Maxine faisait exprès de lui rendre la vie difficile. Elle allait lui envoyer un message qui reflétait bien sa pensée.


Trois jours plus tard

Victoria finissait de se préparer pour aller rejoindre Nathan et compagnie lorsque son portable posé sur son bureau émit un bruit de réception de message. Elle s'approcha en terminant d'agrafer l'une de ses boucles d'oreilles qu'elle relâcha pour se saisir de son iPhone.

De : Maxine, 10h05
Sujet : Hey, Reine des Nerds ! (si tu le lis vite ça peut faire « Reine des Neiges », lol ! choisis ce que tu préfères) Juste pour te dire qu'on a reçu ce matin les nouvelles cup de Noël. Y a moyen de te ridiculiser de manière festive en écrivant des marques bon marché dessus. Hahaha !

Le message était accompagné de deux photos des nouveaux gobelets en carton où Max avait écrit « Dior » et « Chanel » en souvenir des premières fois où elle l'avait servie. Victoria sentit son cœur battre plus fort. Elle s'en souvenait !

Un grand sourire illumina son visage alors qu'elle tapait une réponse à la vitesse de la lumière. Elle voulait jouer dans la provocation, elle allait être servie.


Max, de son côté, occupée à ordonner les piles de nouvelles tasses derrière le comptoir sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Elle esquissa un petit sourire en coin. Victoria était prompte à répondre, même le samedi matin.

De : Victoria, 10h07
Sujet : Je suis presque déçue que la hipster que tu es n'ais pas mis un filtre instagram sur ces photos… Tu perds la main, Maxine. C'est triste. Tu vas être radiée de ta communauté.

Max ne put s'empêcher de rire à haute voix en lisant le message, Victoria avait des griffes et savait s'en servir. Elle n'en attendait pas moins d'elle. Mais avant qu'elle ne tape une réponse, un seconde message arriva.

De : Victoria 10h08
Sujet : Et j'adopte le titre de Reine des Neiges. Ca donne un petit côté festif à mon profil de Queen Bee pour la période de Noël ! D'ailleurs, j'espère avoir un rabais sur les boissons spéciales que vous allez sortir.

Cette fille ne perdait pas le Nord, Max allait lui montrer qu'on ne se servait pas d'elle, elle tapa une réponse incendiaire. Mais son grand sourire heureux qui perdura même après qu'elle eut rangé son téléphone démentait ses propos et attira l'attention de l'une de ses collègues :

- Wowowo, qu'est-ce que c'était que ça ? Super Max aurait-elle une chérie dont je n'aurais pas entendue parler ? se moqua-t-elle gentiment avec un sourire taquin. Je suis outrée ! Profondément outrée !

- Quoi ?! J-je… non !

Surprise par la question, Max perdit sa concentration. Une maladresse la fit manquer le comptoir de rangement et se renverser deux colonnes de gobelets dessus pour finir les fesses par terre. Sa collègue, une grande brune aux cheveux longs éclata de rire en remettant sa paire de lunettes sur son nez. Elle s'approcha pour aider Max à se relever et à remettre de l'ordre.

- Va falloir apprendre à mentir mieux que ça, ma grande, la taquina-t-elle avec bonhomie. Ton grand sourire te trahit à chaque fois que tu reçois un message.

- C'est pas ce que tu crois… fit Max précipitamment, se rendant compte que cette réplique commençait à devenir une habitude suite à l'interrogatoire de Victoria à propos de Warren.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que c'est alors ? termina sa collègue sur une voix languissante.

La petite hipster détourna la tête, le rouge aux joues mais le cœur bondissant d'excitation. Elle essayait de se focaliser de nouveau sur le rangement de sa parcelle de terrain derrière la caisse. Ses mains tremblaient légèrement, ce qui rendait sa tâche particulièrement difficile. Elle répondit à son amie, Kristen, d'un simple petit grognement qui amusa d'autant plus la brune. Elles s'étaient rencontrées lors de son premier jour de travail. Elle et Fernando, un brésilien, l'avaient formée à tour de rôle jusqu'à ce que Max soit capable de tenir le comptoir toute seule. La petite photographe les appréciait tous les deux, même si sa dynamique un peu geek-hipster la rapprochait plus de Kristen avec qui elle avait l'habitude de travailler la plupart du temps. Cette dernière revint à sa hauteur pour voir son visage.

- Mon petit doigt me dit que notre mystérieuse inconnue est une grande blonde qui vient ici toutes les semaines.

Kristen prit un air faussement songeuse, puis reprit :

- Une blonde qui ne commande que des Latte Vanille et des Macchiato, d'ailleurs, si j'ai bonne mémoire.

- Quoi ?..

- Et qui ne s'assoie plus en salle mais directement au bout du comptoir depuis un certain moment. Je continue ou tu passes à table ?

- Mais j-je… C-comment tu sais ? S'étrangla la petite hipster en panique. Co-comment ?

- Une intuition, sourit Kristen à pleine dents, son regard amusé posé sur sa petite collègue.

Max, acculée, soupira doucement en rendant les armes.

- C'est si flagrant que ça ?...

- Comme le nez au milieu de la figure – elle marqua une pause – enfin, je veux dire, vu comment tu la regardes, à mon avis, tout le monde dans ce café est au courant.

- Et merde…

Son amie arqua un sourcil interrogateur. L'air triste qui s'afficha sur le visage de Max la fit cesser toute plaisanterie et se rapprocher gentiment.

- Qu'est-ce qu'il y a ?... je trouve ça plutôt attendrissant, moi. Vous avez l'air dans votre bulle toutes les deux à chaque fois, c'est mignon et ça pue la niaiserie. Vraiment, c'est insupportable à voir, ajouta-t-elle sur un air de plaisanterie devant le visage rougissant de Max. Mais bon… il faut lui reconnaître un truc, dès qu'elle est là, tu rayonnes. Littéralement.

- Disons que… c'est un peu compliqué, murmura la petite hipster, hésitant entre le regret et la fatigue.

La seconde barrista garda le silence, attendant que la jeune femme poursuive. Ce qu'elle fit finalement, au bout d'un moment, sur un ton plus léger qui feignait un détachement par rapport à tout cela.

- Je ne sais pas sur quel pied danser avec elle, confessa la petite brune avec lassitude en retirant le poids qui lui pesait sur le coeur. Au début je la détestais pour ses manières, son comportement envers les autres son désir de toujours tout dominer, tout contrôler, sa condescendance et son manque de respect… franchement, tout chez elle me rebutait. Et à raison en plus ! Elle était une sorte d'ensemble – elle chercha ses mots en contractant ses mains devant elle – un ensemble détestable qui représente le pire de notre société. Je ne trouve que ça à dire pour la décrire. A mes yeux, c'était un peu le genre de garce hautaine et insupportable, prête à tout pour réussir, et surtout à écraser les autres, alors que de base elle avait déjà l'argent, le talent, les contacts… Une sale gosse de riche, quoi.

Un petit sourire naquit sur ses lèvres alors qu'elle se plongeait dans ses souvenirs. Des flashs de certains de leurs moments en tête à tête, certaines de leurs répliques qui auraient pu figurer dans le livre des records. Elles avaient passés de bons moments ensemble.

- Et… j'ai appris à la connaître, continua-t-elle sur un ton plus affectueux sans pouvoir empêcher son sourire de persister. A voir au-delà de son image de petite peste égocentrique.

Sa collègue partagea son sourire, touchée par sa sincérité.

- Elle t'est apparue moins détestable ?

- On peut dire ça, rit-elle doucement. Toujours aussi exaspérante et parfois tête à claques, je dois dire, mais moins garce. Parce que… Elle a beau me lancer des vacheries, c'est juste un jeu entre nous. En vérité, c'est une personne très à l'écoute, sensible et qui manque cruellement de confiance en ses propres capacités alors qu'elle a beaucoup de talent.

Un petit silence s'installa entre les deux jeunes femmes.

- Et que te dit ton cœur ?...

- D'aller me faire voir.

Kristen esquissa un nouveau sourire en riant à sa blague.

- Non, sérieusement.

Max soupira en se frottant l'arrière de la nuque, les yeux rivés sur sa caisse.

- Que cette fille me fait tourner la tête et que j'ai envie de l'étrangler au moins autant que j'ai envie de l'embrasser, avoua-t-elle.

- Alors, tu as ta réponse. Dis le lui.

- Mais je ne peux pas… se plaignit la photographe dans un gémissement.

- Pourquoi ça ? Qu'est-ce qui t'en empêche ?

- Tu l'as vue ?... On est clairement pas du même monde.

Kristen s'arrêta pour lui lancer un regard désapprobateur. Elle planta ses poings sur ses hanches.

- Max… Tu sais que je t'apprécie, mais parfois tu es vraiment fatigante – elle marqua une pause pour prendre une longue inspiration – écoute moi, ma grande. Il n'y a pas deux mondes ici, il y a un seul et même monde. Et dans ce monde, il faut savoir saisir ses opportunités. La vie t'a offert cette rencontre, ce partage et les sourires que vous échangez. Crois moi, ta blonde aux allures de pimbêche n'est pas insensible à tout ce charme qui se dégage de toi, ajouta-t-elle en désignant la petite hipster dans son intégralité.

Max rougit violemment.

- Arrête de te moquer de moi !

- Seulement quand tu auras fait le premier pas ! Allez allez ! La prochaine fois qu'elle vient, je refuse qu'elle reparte sans avoir fixé la date d'un premier rendez-vous !

La petite hipster roula des yeux, amusée. Kristen avait un don pour lui remonter le moral, même quand elle disait n'importe quoi, et elle se sentait moins déprimée que tout à l'heure. Au plus profond d'elle-même, elle savait qu'elle ne pourrait pas forcer les choses avec Victoria, au risque de perdre ce qu'elles avaient, mais elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas continuer indéfiniment comme cela. Son cœur allait céder à la longue.

- Et si tu as un problème pour l'aborder, j'ai une solution, reprit-elle en riant. Vu votre fascination respective pour le sadomasochisme et ton envie d'attenter à sa vie, tu l'étrangles un bon coup, tu lui dis que c'est une enfoirée et après tu l'embrasses. Après tout, je ne juge pas certaines pratiques !

- Non mais non ! Arrête !

- Hahaha ! Je ne veux pas savoiiiiir.

- Kristen !

La porte d'entrée sonna quand la grande barrista allait répliquer. Max fut soulagée que la conversation tourne court quand elles aperçurent un couple, suivi d'un homme en costume entrer dans le Starbucks pour passer commande. Sa collègue s'éclipsa dans un clin d'œil appuyé qui signifiait qu'elle n'était pas au bout de ses peines. Max soupira. Ne venait-elle pas d'aggraver son cas en mettant des mots sur ce qu'elle ressentait et en mettant la brune au parfum ?... Certainement.


Des coups frappés avec insistance à la porte firent arquer un sourcil à Victoria, tranquillement assise sur son lit. Elle ne bougea pourtant pas un petit doigt pour aller ouvrir. Echangeant un regard avec ses deux amies qui squattaient les lieux depuis le début de la matinée, elle se contenta de remarquer :

- Ca c'est le signe qu'on se fait un peu trop attendre, à mon avis.

- En même temps, les stars se font toujours attendre. C'est toi qui nous l'a enseigné ! commenta Courtney sans cesser de lui faire les ongles.

- Remercions sa sainteté Rihanna pour cette leçon de vie.

- Amen, sister ! Prêcha Taylor.

Elles rirent de bon cœur, peu enclines à accélérer la cadence, alors qu'une chanson d'Iggy Azalea hurlait sur le home cinéma de la télévision de la blonde. Cela devait faire plus de deux heures qu'elles faisaient leur petite session make-up en échangeant des commérages sur les personnes de Blackwell.

- Taylor, tu peux ouvrir ? C'est sûrement Nathan qui vient faire son relou.

- Si même lui est prêt avant nous, ça craint, reconnut-elle en se levant du tapis sur lequel elle était assise en tailleur.

Elle ouvrit la porte pour tomber, effectivement, sur le fils Prescott qui attendait, bras croisés, en tapant du pied. Sa patience semblait avoir atteint un point de non retour.

- Non mais vous vous rendez compte qu'on s'était donné rendez-vous devant les dortoirs il y a plus d'une demi-heure ?

Sans daigner répondre immédiatement, Victoria admira ses ongles avec satisfaction. Le nouveau vernis rose pâle d'Yves Saint-Laurent était magnifique. Elle ne regrettait pas son achat.

- Nous n'avons pas le même sens des priorités, voilà tout.

- J't'en foutrais moi des priorités, rouspéta Nathan en sachant pertinemment qu'il ne pourrait pas gagner cette bataille.

- Oh ça va, fais pas comme si tu attendais depuis longtemps… On sait toutes que tu as dû arriver au point de rendez-vous cinq minutes avant de te pointer ici.

Le jeune homme répondit à son accusation par un claquement de langue dédaigneux et un geste d'impatience.

- Bon allez, on y va ! J'ai faim, putain. J'ai pas déjeuné ce matin.

Victoria acquiesça d'un léger hochement de tête qui donna le signal attendu par les deux autres filles. Elles rassemblèrent rapidement leurs affaires et ramassèrent leurs sacs à main. Taylor éteignit la télé alors que Courtney récupérait les clés de voiture de Victoria. Cette dernière, les mains écartées, attendait que son vernis sèche avec l'air hautain d'une personne de sang royal.

- Qui vient, au fait ? Demanda la brune aux cheveux mi-longs.

Nathan s'écarta de la porte pour les laisser sortir à sa suite.

- Hmm… Logan, Zack, Juliet et Hayden. Dana ne peut pas venir, elle a un entraînement toute la matinée. Si elle peut, elle nous rejoindra vers 14h.

- Oooh, Zack, hein, répéta Taylor sur un ton conspirateur en faisant un clin d'œil à Victoria. Ca risque d'être marrant !

- Tu parles, répondit Victoria, tranchante. Je m'en fous de ce mec. Il peut se taper qui il veut, ça ne me regarde pas. Si Juliet aime être cocue, c'est son problème.

Nathan esquissa un sourire.

- Revoilà ma Queen Bee !

##

Le centre-ville était bondé avec l'approche de Noël. Les huit jeunes étudiants avaient garés leurs deux voitures dans un parking privé avant de continuer à pieds. La galerie marchande qu'ils fréquentaient habituellement, décorée de guirlandes et de sapins en cette période, grouillait comme une fourmilière. Toutes les boutiques de luxe, les bijouteries, les magasins artisanaux étaient pris d'assaut par des gens pressés qui devenaient agressifs si l'attente se faisait trop longue. Victoria se sentait d'ores et déjà saoulée par tout cela. Elle détestait les badauds, elle détestait les foules en période de Noël… Ces mécréants étaient grossiers, sans la moindre classe et bruyants au possible. Ils étouffaient son espace vital autant physique que sonore. L'envie de se réfugier au chaud dans un petit coin de son Starbucks préféré se faisait oppressante. D'ailleurs, ils n'étaient pas loin du coffee shop maintenant qu'elle y pensait, à peine à deux rues de là. Elle n'avait pas encore eu l'occasion d'y aller cette semaine avec les examens de fin de session. Son café latte à la vanille lui manquait…

- Putain, j'en ai marre de tourner en rond, lâcha Logan sur un ton exacerbé. On peut pas aller au Golden ?

- Il est fermé pour rénovation, lui répondit Juliet.

- Super, reprit Zackary en levant les bras, irrité lui aussi par le va et vient incessant de la foule. Et le Lux est plein. Quelqu'un a une idée d'où on peut se poser ?

Les jeunes échangèrent des regards interrogateurs.

- Au Colorado ? Proposa Courtney en levant un doigt comme si elle détenait la bonne réponse.

- Nan, trop funky, souffla Hayden. Pourquoi pas le Two Wales ?

- La personne qui me fera mettre un pied dans ce trou à rats n'est pas encore née, argua Victoria en fronçant le nez de dégoût. J'en ai des frissons rien que d'y penser.

Courtney approuva en rajoutant qu'en plus tout ce qu'ils faisaient à manger était trop gras.

- Bon et ben dans ce cas on peut aller au Starbucks, fit Nathan. J'ai entendu dire que c'était le plus gros ramassis d'hipsters de la ville. On aura de quoi critiquer en plus !

A ces mots, Victoria se pétrifia. Le sang quitta son visage en une fraction de seconde, la laissant blanche comme un linge.

- Hahaha ! Grave ! Une bande de prolétaires qui se croit meilleure que tout le monde ! Je vote pour! enchaîna Zackary en ricanant.

- J-je ne suis pas sûre que ce soit un bon plan, tenta la blonde aux cheveux courts, essayant d'avaler difficilement sa salive. L'établissement d'Arcadia Bay n'est pas super réputé…

Taylor se tourna dans sa direction en arquant un sourcil, surprise. Un regard bleu océan s'accrocha au sien et une légère incompréhension pleine de questionnement flotta dans l'air. Personne d'autre ne réagit. Ils continuaient de débattre. Seule la fille Christensen semblait l'avoir entendue, ce qui offrit à Victoria l'opportunité de se reprendre. Elle se secoua mentalement. Taylor se doutait de quelque chose, elle pouvait le voir à sa façon de l'observer comme si elle attendait qu'elle lui dise le fond de sa pensée. Mais elle ne la trahirait pas, c'était sa meilleure amie, elle attendrait qu'elles soient seules pour remettre le sujet sur la table. La blonde risquait de passer un interrogatoire en règle le soir même.

- Je veux dire… Vous n'avez pas plus ringard en tête ? grogna-t-elle avec dédain, dissimulant le tremblement de ses mains. Je suis sûre qu'ils ne savent même pas faire un café crème correct…

Six paires d'yeux supplémentaires la dévisagèrent en pesant le pour et le contre. Certains n'étaient pas plus enchantés que cela à l'idée de se rabattre sur un café de seconde catégorie, mais la fermeture du Golden leur rappelait qu'ils n'avaient pas beaucoup de possibilités. Finalement, Hayden reprit la parole :

- Moi, j'dis que ça se tente, franchement. Et au pire, si leur café crème est dégueulasse, Vic' pourra toujours taper un scandale comme elle sait si bien le faire, sourit-il à la concernée.

- Parce qu'il est de notoriété publique que je suis une plus grande Drama Queen que toi, bien sûr, se défendit-elle sur un ton cinglant.

- Au moins, je propose une solution, moi.

Son pragmatisme emporta immédiatement la majorité des votes dans des rires appréciateurs pour les deux parties. Juliet finit de convaincre le groupe lorsqu'elle ajouta qu'elle aimait bien les Starbucks en général, même s'ils étaient généralement gorgés de personnes pas toujours fréquentables. C'est donc ainsi qu'ils prirent la direction du coffee shop, Victoria traînant les pieds à l'arrière.

##

Nathan poussa la porte d'entrée du coffee shop comme si les lieux lui appartenaient. Un sourire mauvais sur les lèvres, Victoria sut, dès l'instant où leurs regards se croisèrent, qu'il était parti pour faire un sale coup. Il fallait qu'elle l'arrête. Elle sentait que quelque chose allait se passer. Quelque chose de mauvais. Mais le poids de son secret la maintint dans une lourde culpabilité silencieuse. Durant tout le chemin, elle avait prié pour que Max ne soit pas là. Pour qu'elle soit malade, assignée au rangement de la réserve, en train de faire ses devoirs… tout, plutôt qu'en service au comptoir. Mais lorsqu'ils entrèrent, son regard de jade se posa sur la fine silhouette de la petite hipster qui s'occupait de servir deux jeunes filles. Son grand sourire, adressé aux étudiantes dont elle prenait la commande, éveilla les habituels papillons au creux de son ventre qui la firent se sentir heureuse de la revoir. Elle se sentit légère et oublia presque pendant un instant sa peur de ce qui allait s'ensuivre. Elle aurait voulu que ce sourire lui soit adressé, qu'elles ne soient que toutes les deux… Au final, ce sourire ne fit que renforcer sa culpabilité…

Max rendit la monnaie à la première fille avant de se tourner vers les machines pour lancer les commandes et passer le relais à sa collègue. Les mains de Victoria devinrent moites. Une montée de chaleur dans son dos fit tourner la couleur de ses oreilles au rouge vif. L'envie de s'enfuir se fit étouffante. Elle suffoquait intérieurement. Il fallait qu'elle sorte de là avant que la petite barrista ne la voit.

- Hey toi ! Oui, toi. La fille aux tâches de rousseur ! Appela Nathan en s'accoudant au comptoir de manière impolie. On voudrait commander ! Et en général, j'aime pas trop attendre.

Max se tourna dans la direction du groupe et Victoria déglutit difficilement, encaissant le manque de respect de Nathan à sa place. La mâchoire contractée, elle vit le visage de la petite brune se décomposer en voyant à qui elle avait affaire. Le Vortex Club dans sa quasi-intégralité. La peur s'inscrivit sur ses traits, ses petits poings se serrèrent et le doute glaça son corps. Ravalant ses angoisses, elle scanna prudemment tous les visages de la bande à la recherche d'un secours qui ne vint pas. Lorsque son regard se posa sur Victoria, ses yeux s'emplirent d'un doute qui lui transperça le cœur, et d'une supplication muette.

- Bonjour… finit-elle par répondre, la voix légèrement plus aigue qu'à la normale. Que puis-je faire pour vous, monsieur ?

La jeune barrista prenait sur elle, nota Victoria qui, à force, avait appris à reconnaître les micro expressions de la châtain. Cette observation la rendit plus coupable que jamais de sa non-assistance à personne en danger. Intérieurement, elle pouvait entendre une voix hurler à plein poumon, lui intimant d'intervenir. Quelle était cette voix ? Celle d'une tout autre Victoria. Celle d'une Victoria qui s'était liée d'amitié avec une petite hipster. Celle d'une Victoria qui ressentait d'étranges papillons en la présence de la brune. Et pourtant, le corps de l'héritière Chase se refusait à tout mouvement. Une part d'elle, ce masque qu'elle s'efforçait de porter chaque jour, lui rappelait tout ce qu'elle avait bâti au prix de bon nombre de sacrifices, cette image qu'elle avait forgée au détriment de son âme.

A cet instant précis, Victoria se détestait de ne rien pouvoir faire. De ne rien vouloir faire qui puisse entacher sa réputation.

- Sers nous trois cafés noirs, deux latte à la vanille… commença Nathan.

- Un chocolat chaud viennois, continua Juliet en levant la main.

- Deux, approuva Zachary en tenant sa copine par la taille et en échangeant un sourire complice avec elle.

- Et un macchiato, termina Hayden.

Max tapait nerveusement sur sa caisse en évitant le plus possible tout contact visuel avec ses clients. Ses poings continuaient de se serrer et se desserrer dans l'attente de la suite des événements. Prenant une grande inspiration, elle s'enfermait derrière sa carapace invisible, comme à chaque fois que le Vortex Club venait l'importuner. Elle serrait les dents, prenait sur elle et priait pour que le moment passe. Après quoi, elle panserait ses plaies, loin de ces regards railleurs. Elle avait l'habitude. Il fallait qu'elle garde son calme.

- C'est noté… vous voulez payer tous ensemble ou séparément ? Demanda-t-elle, pressée de pouvoir se retirer et pourquoi pas, demander à un collègue de la remplacer au comptoir.

- Hé mais t'es une nana de Blackwell, fit Juliet en plissant légèrement les yeux. Je te connais… tu t'appelles Max quelque chose… Max… Max….

Victoria vit la petite hipster se glacer d'effroi. Ses grands yeux bleus, magnifiques, écarquillés et sa mâchoire sur le point de céder. Toute sa contenance semblait être sur le point de s'effondrer comme un château de cartes. Ce constat fut un pic glacé en plein cœur de la blonde qui, serrant les poings à son tour, s'apprêta à intervenir pour sauver l'anonymat de son amie. Mais, comme depuis le début de ce cauchemar, son hésitation la retint et elle fut devancée.

- Caulfield ! S'exclama la journaliste avec la satisfaction de la personne qui est toujours parfaitement informée. Max Caulfield ! C'est ça ?

- Non, vous devez faire erreu…

- Mais ouiiii ! Reprit Nathan en plissant ses yeux de prédateur. T'es une des bizues qui traîne avec le club de chimie ! Je me rappelle de toi. Tu as essayé de t'introduire à l'une de nos soirées avec cette pute aux cheveux bleus.

A cette réplique, Max avait l'impression d'être une souris prise au piège, entourée de félins désireux de jouer avec elle avant de l'achever. Ses mains tremblaient de manière incontrôlable, l'obligeant à les serrer à s'en faire blanchir les jointures. Tout son corps criait une peur panique. Et si ces gens dénonçaient son travail auprès de l'académie ?

- Tu te rappelles de ce soir-là, Vicky ? reprit Nathan, toujours hilare.

- Comment voudrais-tu que je me rappelle ? se défendit la blonde, évitant tout contact visuel avec Max. C'est typiquement le genre de détails insignifiants qui ne marquent pas mon esprit.

- Mais si, rappelle-toi, tu disais que ces deux-là devaient être deux brouteuses parce qu'aucun homme saint d'esprit ne voudrait d'elles. Et que l'idée de leur relation te rebutait.

Si Victoria pouvait pâlir encore plus, elle l'aurait fait. Il était évident qu'elle se souvenait de ses propres paroles qu'elle avait lancées afin d'amuser la galerie. D'ailleurs, comme cette nuit-là, ses amis du Vortex Club gloussèrent à ce rappel. Zachary et Logan se permirent même quelques gestes obscènes qui fit hurler Courtney de rire et d'effroi.

Malgré le chaos que créaient les jeunes richards, les yeux de Victoria s'accrochèrent à ceux de Max. Ce qu'elle y vit lui brisa le cœur en mille morceaux. Pour la première fois de sa vie, l'héritière Chase se détesta comme jamais. Elle et sa réputation. Elle et son orgueil. Elle et sa stupidité…

- Et bien, Loserfield, tu as perdu ta langue ? ricana le leader du Vortex Club. Tu étais plus éloquente quand on vous a foutu dehors avec ta pote droguée !... Oh, non ! Ne me dis pas que tu as un chat dans la gorge, ou plutôt, une chatte !

Les éclats de rire reprirent de plus belle. Les filles essuyaient les larmes aux coins de leurs yeux tandis que leurs camarades tapotaient leur ventre douloureux. À cet instant, Victoria ne s'était jamais sentie aussi déconnectée du reste du monde, du Vortex Club. Leur hilarité lui donnait l'impression que l'on frottait du gravier contre sa peau jusqu'à lui arracher l'épiderme. Et la tristesse dans le regard de Max était le pieux qui faisait saigner son être.

Devant l'inaction de la petit hipster, le ton de Nathan se fit plus froid et plus menaçant.

- Je t'ai dit que je n'aimais pas attendre et là, je commence à perdre patience.

- Vous n'aviez pas répondu à ma question. Vous payez ensemble ou séparément ? rétorqua Max de la voix la plus assurée et calme qu'elle put.

- Elle ose me répondre en plus ? Hé, les mecs, Loserfield a tenté de me répondre ! Ta langue n'est peut-être pas si engourdie que cela.

C'était tellement de mauvais goût, songea Victoria, écoeurée qu'elle soit indirectement l'origine d'une telle tirade. Tout autour d'eux, le Starbucks était tombé dans un lourd silence. Tous les regards étaient braqués sur ces jeunes insolents qui importunaient une pauvre barrista. Cette attention commençait à mettre les filles du Vortex Club légèrement mal à l'aise.

- Je vais te dire un truc, Loserfield, reprit Nathan en se penchant vers elle sur le ton de la confidence. Cette situation représente parfaitement le monde : les faibles servent les puissants. Et je suis ravi que tu aies compris ta place dans ce monde.

Pour accentuer ses propos, il fit tomber une tour de gobelet par terre, son sourire mauvais s'élargissant.

- Ramasse.

D'un coup d'œil circulaire, Victoria put voir que Juliet paraissait gênée, alors que les autres membres de leur gang riaient pour approuver les dires de Nathan et se faire bien voir. C'en était trop ! Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Serrant ses poings, elle fit un pas en avant.

- Allons-nous-en, déclara-t-elle d'une petite voix, mais fermement.

- Quoi ? hoqueta Nathan, pas près de lâcher son nouveau jouet à torturer. On commence à peine à s'amuser.

- Nate, tu…

Mais alors qu'elle allait argumenter, une grande brune habillée d'un uniforme Starbucks rejoignit Max derrière la caisse pour se placer entre le fils Prescott et elle. Le regard droit et sévère, plein de défi, l'atmosphère sembla changer radicalement en sa présence. Max se cacha instinctivement dans son dos avant de s'éloigner pour la laisser gérer la situation.

- Bonjour, je suis la manager en charge ici, fit la brune sur un ton aimable démentit par son regard de braise et ses muscles tendus. Laissez-moi m'occuper de votre commande pendant qu'on prépare vos boissons. Comment souhaitez-vous procéder pour le paiement ?

- Je paie toujours avec ma carte Gold, argua Nathan en prenant un air hautain. Mais laissez tomber, je n'ai que trop gaspillé mon temps dans cet établissement miteux.

La brune à la caisse redressa légèrement son menton dans une attitude suffisante qui reflétait celle de Nathan.

- Bien. Dans ce cas, monsieur, je vous souhaite une agréable journée.

L'impassibilité de la manager décontenança quelque peu le riche héritier. Ce dernier n'avait pas l'habitude qu'on le congédie aussi simplement, au contraire, les gens se jetaient à ses pieds pour combler ses désirs. Cela donna envie à Nathan de clamer son statut afin que son opposante se soumette à son rang.

Comme pressentant la prochaine action de son meilleur ami, Victoria posa une main sur son épaule et lui murmura :

- Nate, pas maintenant. Ton père t'a demandé de ne plus faire de scandales pendant un moment.

Le garçon fit la moue, vexé de ne pas pouvoir assouvir son pouvoir. Toutefois, la blonde avait raison, il avait trop fait parlé de lui ces derniers temps et cela ne servait pas beaucoup à la réputation des Prescott. Pas que Nathan n'en avait que faire de l'humeur de son père, mais il aimait pouvoir conserver sa carte Gold qu'il exhibait si souvent.

- Ouais, c'est bon, on se tire, annonça Nathan en se dirigeant vers la sortie.

Comme ayant prononcé la parole divine, les membres du Vortex Club le suivirent en silence. Victoria tourna les talons et quitta le Starbucks. Tout prenait enfin fin, mais elle savait que le cauchemar ne faisait que commencer. Le mal était fait et elle ne tarderait pas à en payer les conséquences. Cette optique l'effrayait tant qu'elle n'osa même pas un dernier regard derrière elle, vers le comptoir où se trouvait une certaine châtain qui faisait battre son coeur.