Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas. Les dæmons sont l'oeuvre de Philip Pullman.
Univers : X-Men, après Apocalypse plus ou moins. Des événements de Dark Phoenix auront lieu.
Note : Participation au challenge de février du Collectif NoName : Votre personnage possède un daemon (référence à la trilogie A la Croisée des mondes, c'est un animal de compagnie, généralement du sexe opposé, qui est une partie de votre âme et qui vous accompagne partout). Quel serait votre daemon si vous en aviez un ? Bonne question ... J'aime beaucoup les petits cochons, ça pourrait être assez amusant.
Prologue
L'attente est beaucoup trop longue pour Erik.
Les bavardages incessants des deux femmes en face de lui l'irritent. Les pleurs de l'enfant assis sur les genoux d'un homme l'agacent. Le simple fait de patienter pour avoir enfin les résultats de ses examens médicaux l'énerve franchement. Il y a trop de monde, trop de bruit et, surtout, trop d'indiscrétions de la part de tous ces gens si différents de lui.
Ils pensent tous qu'il ne les verra pas, qu'il est trop plongé dans sa douleur pour prêter attention aux regards qui vont et viennent sur lui avec cet air incertain. Il a pourtant conscience de chacun de leurs coups d'œil, aussi bien vers son poignet où se lit encore son matricule de déporté que vers sa silhouette solitaire. Il est une exception parmi les exceptions, l'homme qui attire à lui toutes les catastrophes parce qu'il ne ressemble pas au commun des mortels. Ce n'est pas comme si Charles n'avait pas essayé de le mettre en garde, bien au contraire. Le télépathe l'avait prévenu avec sa gentillesse habituelle, Erik a simplement voulu ne pas y croire.
Il se lève brusquement pour se dégourdir un peu les jambes et s'éloigner brièvement de ces hypocrites qui portent un masque de compassion ou de pitié. Le mutant aurait préféré le mépris parce qu'il sait gérer cette émotion plus que les autres, la supportant en permanence depuis sa plus tendre enfance : mépris d'être d'une religion qui n'était pas tolérée dans une époque en guerre, mépris d'être l'un de ceux dotés d'une mutation génétique qui le rend puissant, mépris d'être un assassin sans foi ni loi.
Erik regrette d'avoir fait le déplacement. La fatigue le poursuit depuis plusieurs mois et ses instants de faiblesse sont de plus en plus récurrents. Il a supposé qu'un peu de repos serait bénéfique mais il a dû se rendre à l'évidence : son organisme est malade, et lui aussi. Il n'est plus aussi vivace qu'autrefois, sa concentration a tendance à s'amenuiser et son pouvoir peine à lui obéir aussi bien que par le passé. Sans doute aurait-il pu aller voir Charles pour être ausculté par Hank mais il refuse de déceler la moindre lueur inquiète dans les yeux de son ami. S'il a quitté le manoir du professeur pour ne plus y revenir, c'est afin d'éviter de briser l'amitié qui les lie, la seule importante à ses yeux.
Afin de ne plus songer au télépathe, le mutant observe les autres patients, remarquant que malgré leur présence dans un service de santé, ils possèdent tous un dæmon bien portant. Les deux femmes qui discutent vivement sont accompagnées d'un renard et d'un léopard, l'enfant qui a cessé de pleurer caresse distraitement les poils soyeux du lapin qu'il garde contre lui tandis qu'aux pieds de son père, un chien-loup dort tranquillement. Ce sont leurs compagnons depuis leur naissance, la partie de leur âme qui leur est aussi indispensable que l'oxygène ou l'eau, une partie sans laquelle ils mourraient probablement, rongés par l'aliénation d'une perte insurmontable.
Les nazis ont bien compris le concept, par le passé, et Erik l'a payé. Les expériences menées sur sa mutation n'ont pas été les seules qu'il a subies. Sans résultat concluant parce qu'il luttait trop souvent contre ses agresseurs, ces derniers ont cherché un autre moyen de pression. Son dæmon l'aidait à supporter le mal qu'ils lui infligeaient jour après jour. La petite chouette qui veillait sur lui depuis toujours a ainsi changé d'apparence à chaque nouvelle torture pour revêtir une forme plus imposante au fur et à mesure que le jeune juif qu'il était se rebellait de plus en plus. Cette évolution n'a pas pu durer, le lien qui le retenait à son dæmon a été brisé par des hommes cruels qui voulaient son pouvoir et qui ont cru que le tuer de l'intérieur suffirait à le rendre docile.
La souffrance n'a jamais disparu et Charles est le seul à qui il s'est confié sur ce traumatisme. Son ami télépathe a croisé d'autres cas comme le sien à travers le monde. Des mutants des quatre coins de la Terre ont subi cette douloureuse séparation de la part de scientifiques persuadés de les débarrasser de leurs mutations. Le professeur lui a parlé des multiples témoignages de ces mutants proches du suicide parce que l'absence de leur dæmon a été comme un coup de poignard en plein cœur. Erik est chanceux d'être encore vivant et de ne pas sombrer dans la folie comme tant d'autres. Il n'en est pas pour autant préservé, il sent que son esprit vacille trop souvent, comme une flamme prête à s'éteindre et à laisser entrer les ténèbres dans son âme.
« Mr Lehnsherr ? »
L'appel du médecin sort le mutant de ses pensées. Les murmures qui s'élèvent autour de lui confirment que certains patients ne l'avaient pas reconnu mais que, désormais, ils savent que le si tristement célèbre Magnéto est là. Il suit tranquillement l'homme en blouse jusqu'à son bureau, retenant l'envie soudaine de fuir qui l'anime à la vue de toute cette situation qui lui rappelle des expérimentations moins joyeuses. Erik s'installe silencieusement face au médecin, jetant un coup d'œil à son dæmon, un rat qui se tient en équilibre précaire sur l'une de ses épaules. La petite bête cesse de se nettoyer le museau pour l'observer à son tour avec une étincelle d'intelligence qui n'est ni humaine ni animale. Le dæmon fait entendre son cri avant de grimper sur l'une des bibliothèques, fuyant entre les livres avant de s'installer tranquillement sur l'une des étagères de manière à garder un œil sur le nouveau venu.
« Vos résultats ne sont pas encourageants, annonce le médecin avec sérieux en consultant les papiers qu'il a sous les yeux. Votre taux de fer est beaucoup trop élevé pour un être humain, ce qui génère cette fatigue permanente que vous décrivez. Vous souffrez d'une forme sévère d'hémochromatose qui commence à atteindre vos organes.
— J'imagine que vous allez me proposer un traitement, rétorque Erik avec un léger agacement. »
Il n'a pas attendu aussi longtemps pour entendre un simple diagnostic prononcé d'un ton presque compatissant. Il a besoin de réponses plus précises et d'un moyen de se sentir bien mieux. Le scientifique hoche la tête, un peu gêné, tournant la page de son dossier médical avant de reprendre le fil de la conversation.
« Pour le moment, nous pouvons vous conseiller de faire des saignées. Il vous en faudra régulièrement, dans un premier temps, pour réguler de manière correcte votre taux. Des traitements sont en expérimentation sur le continent mais nous n'avons actuellement aucune garantie de leurs effets. Je ne peux que vous recommander de prendre un contact rapide pour débuter les saignées au plus vite car, sur le long terme, cette maladie deviendra dangereuse pour vous. »
Erik assimile chaque mot sans broncher avant de demander au médecin s'il a une idée de l'origine du problème. Le scientifique semble mal à l'aise lorsqu'il lui apprend que l'hémochromatose peut provenir de sa mutation et de l'utilisation excessive de son don. Selon les hypothèses, son corps a absorbé involontairement une partie du fer, remplissant ainsi organisme sans tenir compte de ses limites. Magnéto esquisse un sourire amer à cette nouvelle. Tant de différences qui s'accumulent dans sa vie, pour le détruire encore et encore. Il soupire puis remercie le médecin, promettant de repasser à l'hôpital pour prendre rendez-vous pour sa première saignée, bien que son esprit soit déjà ailleurs. Son but premier était de comprendre pourquoi il faiblit autant, le reste ne concerne que lui désormais.
Son seul objectif n'est pas sa santé mais celle de Charles. Il doit sauver son ami d'une altération dont il n'a pas conscience.
