Auteur : Nifflheim

Rating : T

Disclaimer : les bishis de Saiyuki ne m'appartiennent pas, contairement au scénario de la fic.

Note : retour à Hakkai... Et fin de la fic !

Tu t'en veux cruellement, et un lourd soupir glisser hors de tes lèvres encore brulantes du baiser alors que ta tête se niche plus profondément encore entre tes bras. Tu t'en veux, tu culpabilises, et même si tu sais que c'est une attitude pathétique, tu joues machinalement avec les ciseaux qui se trouve dans ta trousse. Heureusement que tu ne portes que des manches longues... N'est-ce pas affligeant, de le critiquer pour se scarifier alors que tu as agi de la même manière pour évacuer le dégoût qui te ronge depuis que tu as laissé ce message ?

En attendant, tu le guettes désespérément. Il n'est présent à aucun des cours que vous partagez cet aprés-midi, et cela t'inquiète. Aussi accueilles-tu pour une fois la fin des cours avec soulagement. Embarquant tes affaires lancées en vrac dans ta besace, tu fais un simple signe de la main à Kanan en t'éloignant. Il faut que tu le retrouves... Et puis, ce n'est pas comme si ta relation avec elle était sérieuse. Vous vous contentez de vous tenir compagnie et parfois de vous faire un baiser sur la joue. Rien de plus, et c'est logique. Elle est amoureuse, tu le sais depuis longtemps, et ce n'est pas de toi. Ce n'est pas pour toi qu'elle a voulu se suicider, mais il faut admettre que cela t'a malgré tout profondément affecté. Le voir se blesser de la sorte n'a fait que te rappeler les plaies et cicatrices qui s'étalaient sur un autre bras, plus fin et clairement féminin, celui-ci.

Enfin... Enfin tu l'as trouvé. Un pâle sourire illumine ton visage en constatant qu'il dort. Il est recroquevillé sur lui-même, une de ses mains serrant désespérément son tee-shirt, et il frissonne légèrement.

Avec calme, tu t'assois prés de lui, tes yeux ne pouvant se détacher de cette expression enfantine que ses traits ont revêtue. Son sommeil semble ne pouvoir être troublé par rien. Un sommeil si profond, si serein, qu'il t'évoque la mort. Mais il n'est pas mort... n'est-ce pas ? Juste endormi... Oui, c'est cela.Il se repose et c'est tout. Mais le trouble et le doute sont semés, et tu tends la main vers sa joue, la caressant avec douceur comme si c'était une plume fragile. Sa peau est chaude et douce. Tu respires à nouveau. Maintenant que tu es rassuré, tu peux bien t'avouer combien tu avais peur que ce ne soit pas le cas. Combien tu étais terrifié à l'idée de sentir le froid et la raideur sous tes doigts.

Toujours aussi légère, ta main glisse de sa joue à son épaisse chevelure rouge. Cette couleur te fascine. Si vivante, si chaude... Si différente de la noirceur de tes propres cheveux. Comme un vulgaire papillon, tu ne peux qu'être fasciné et attiré par cette chaleur qui se dégage de lui à chaque instant.

Un frisson le parcourt et tu te dégages, inquiet de penser qu'il pourrait s'éveiller alors que tu es ainsi. Tu as beau croire ce qu'il t'a dit plus tôt, le doute ne disparait pas. Pourquoi éprouverait-il plus que de l'amitié pour toi ? C'est ridicule... Comme si tu pouvais l'attirer en quoi que ce soit ! Tu es juste trop fin et gracile pour un homme, et trop grand pour une femme. Entre deux... Androgyne sans l'être. Qu'il est vain d'espérer le séduire ! Et pourtant. Les regards blessés, la manière dont il t'a fait revenir sur ta décision, les as-tu rêvés ? Non, bien sur. Mais tu ne te sens pas capable de lui faire confiance; un sombre instant te l'interdit et tu le suis en trainant des pieds.

Te redressant, tu caresses une nouvelle fois sa joue et ôte ton pull pour le poser sur Gojyo. Sans doute regretteras-tu par la suite ce geste attentionné qu'il risque de prendre pour un encouragement, mais tu préfères regretter un tel geste qu'un autre plus lourd de conséquences. Puis tu t'éloignes, ton pas se faisant plus lours et trainant pour chaque mètre parcouru. Il pleut.

Deux jours durant, tu restes blotti sous les couvertures, ne sortant pas de ta chambre. Une étrange langueur t'a saisi et ne te lâches plus. Chaque geste te coute un immense effort, tes paupières sont de plomb à l'instar de ton coeur. Etrange, cette propension que tu as toujours eue à laisser tes états d'âme se répercuter sur ton corps... Peut-être est-ce là le secret de ta faiblesses ? Le fait que tu sois si réceptif aux émotions que tu ressens et que les gens autour de toi éprouvent ? Aprés tout, tout tes amis t'ont élu pour confident, te faisant partager tout leurs malaises sans jamais se soucier vraiment des tiens. Non, toi, tu n'existes que pour les écouter et les rassurer. Tu n'as pas le droit d'être malade ou déprimé. Pas le droit d'être vivant, en somme...

Lorsque ta mère te dit que quelqu'un est là pour te donner les cours, tu hausses juste les épaules, refusant de prononcer un seul mot. Tu sens son pâle sourire plus que tu ne le voies, tandis qu'elle se détourne et retourne préparer les plats qu'elle souhaite faire pour ce soir.
Dans un grincement, ton matelas s'affaisse sous le poids de ton visiteur, avant qu'une main n'appuie à l'emplacement de ta tête pour te forcer à te montrer. Tu t'entêtes à rester caché, il s'entête à vouloir te faire sortir. Et rien qu'à cette lutte où aucun de vous deux n'abandonne ni ne prononce mot, tu sais qui est là. Sanzo, un ami d'enfance avec qui tu as récemment repris contact. Aprés votre match, en fait. Le voir mentir pour entrer sans subir l'interrogatoire de ta mère n'est pas surprenant pour toi mais tu fais malgré tout remarquer que les prêtres qui l'ont élevé ont raté son éducation. Et les couvertures te protégeant volent dans la chambre quand énervé il les arrache. Toujours aussi patient...

Quand il repart, tu es en larmes. Ses mots t'ont transpercés. Il t'a reproché de te tuer, de te mentir, de l'emporter dans ta chûte. Et t'as posé un ultimatum des plus hilarants venant de lui : accepter tes sentiments ou te tuer une bonne fois pour toutes. Le même que tu lui avais lancé aprés le match, en voyant le regard qu'il avait lancé à un gars de son lycée venu l'encourager. Goku, ou quelque chose comme ça. Etant aussi orgueilleux l'un que l'autre, tu sais déja qu'il suppose que tu tenteras d'assumer ce que tu ressens. Mais tu n'oses toujours pas espérer qu'il t'accepte. Alors, pour une fois, tu fuis. Tu optes pour une fuite sans retour en arrière possible. Te dirigeant vers la salle de bains, tu attrapes tous les flacons de médicaments que tu trouves, les avalant sans même regarder leurs noms ou leurs effets. Barbituriques, anti-dépresseurs, vitamines... L'effet est détonnant. Tu vomis, titubes, délires, et à travers ton demi-coma, tu entends tes parents s'agiter et te passer de l'eau sur le visage tandis que tu marmonnes des phrases incohérentes, les yeux révulsés.

XX

Quand tu reprends consience, difficilement, tu es dans le blanc. Blanc dans la tête, blanc dans le corps, blanc dans les yeux. Tu ne sais plus ce que tu as pu faire pour te retrouver dans tout ce blanc, mais tu sais que tu n'aimes pas ça. Trop clair. Ses couleurs n'y sont pas et tu angoisses. C'est stupide venant de quelqu'un qui a essayé de se suicider pour le fuir. Mais tu es stupide. De toute façon, si être amoureux rendait intelligent, on le saurait depuis longtemps ! Et apparemment, ce n'est pas le cas, au moins pour toi. Tu te sens vide... Ils ont dû te faire un lavage d'estomac pour éviter que le mélange de médicaments ne te tue. Ca ne t'a pas épargné une semaine de coma. Et c'est blanc, et tu es perdu dans tout ce coton désespérément blanc. Terrifié, tu t'agites, ouvres de grands yeux et laisses des larmes glisser le long de tes joues pendant qu'une infirmière tente de te calmer et finit par t'injecter un somnifère en désespoir de cause.

Lorsque tu reprends conscience, bien plus tard, quelqu'un te tient la main. Des cheveux écarlates étalés sur les draps agressent tes yeux et fond bondir ton coeur. Tu ne bouges pas, tu le contemples juste, souriant légèrement, des pleurs silencieux glissant le long de ton visage amaigri. Sans un mot... Tu as 'impression de sentir ton corps se réchauffer, le blanc se diluer tandis que tu retrouves les couleurs, tout un camaieu d'écarlate qui trouve son apogée dans les orbes rubis qui se posent sur toi. Lorsque ses lèvres cueillent tes larmes, tu le laisses faire, fermant tes yeux et soupirant de bien-être. Tu ne veux pas avoir pourquoi il fait ça, tu ne veux pas savoir si c'est juste de la pitié. Un gémissement frustré t'échappes quand sa bouche se retire de ton visage, presqu'aussitôt cueilli par les lèvres chaudes qui te baillonent. Tout va bien... il est là...
Lorsqu'il s'éloigne, tu le fixes, n'osant toujours pas esquisser un seul geste. Son front s'appuie au tien tandis que ses yeux accrochent les tiens, refusant de les laisser partir, de te laisser prendre une contenance quelconque. A t'on idée, de regarder les gens comme ça ! Presqu'avec... amour...

Je t'aime.

Ce n'est pas toi qui viens de parler, là, et tes yeux s'ouvrent comme des soucoupes avant que tu ne te mettes à rougir furieusement. Puis, un rire glisse à travers tes èvres et tu appuies davantage ton visage au sien, fermant les yeux en un acceptation muette. Tout va bien... il est là, et il ne te laissera pas... plus...