Auteur : Ben, toujours moi, la petite Drag

Résumé : La première rencontre de Narushige et Koh.

Pas de warning.

J'espère que ça vous plaira. Pour celles (et ceux) qui se poseraient la question, pour moi l'attitude de Koh a largement été influencée par Naru, alors voilà je me suis dit qu'il n'avait pas toujours été si amical que dans le manga.

Bonne lecture.

Amitié insolite

Une étendue désertique, c'était tout ce qui l'entourait. Le jeune homme eut beau regardé partout seul l'interminable plateau de sable lui faisait face. Le ciel sombre n'aidait pas à sa progression même s'il était habitué à ce voile de noirceur sur ce monde décadent.

Oubliant le sable, il se rappela brièvement pourquoi il était là, seul dans cette zone désolée. C'était à cause de cette maudite croyance. Il était un Shigeka, un homme… et cela n'aurait jamais dû être dans cette noble famille sans tâche.

C'était du moins la pensée populaire du peuple et de sa mère en particulier. Il s'était vu chassé à l'aube par celle-là même qui l'avait mis au monde près de vingt ans plus tôt. Mais toute la faute lui incombait, c'était lui que l'on blâmait et pas celle qui avait commis le crime de l'amener en ce monde.

Qu'importe que tout cela désormais, une vie loin de ses semblables ne changerait rien à sa condition. Il avait toujours été plutôt solitaire. La seule qui avait montré un tant soit peu d'affection à son égard était sa sœur, une personne à chiffre, son avis ne comptait donc pas.

Cela dit, ce ne serait pas la mort, et il finirait par la revoir un jour pour qu'elle ne s'en fasse plus pour lui. Cette jeune Saé l'avait pris pour modèle et le vénérait presque, cependant, sa gentillesse allait peut-être lui manquer. Ainsi que ses conversations futiles qui comblait le silence dont il s'entourait.

Le Shigeka se secoua pour ne plus penser au passé et revint à l'instant présent. Le désert et ce ciel sombre, encore, il ne connaissait que cela. Cependant le danger rôdait partout en ces terres arides. Son unique gourde à moitié pleine suffirait-elle jusqu'à ce qu'il trouve enfin un endroit pour s'y établir ?

Ses réserves devraient au moins lui permettre d'arriver aux montagnes. Là, il savait comment dénicher une source parmi les cailloux, il espérait ne pas se tromper dans ces estimations. Encore quelques heures de marche et tout devrait bien se passer.

Mais le danger pouvait venir de n'importe où, même du sable. Certes, il n'y avait plus d'eau mais ça n'empêchait pas certaines créatures de vivre, tels les scorpions et les serpents… et aussi ces maudits ayames.

Narushige, le jeune homme, s'en trouvait désormais encerclé, avec pour seule arme son sabre. Il parvint à se débarrasser de toute la racaille, mais pas sans blessures. Une estafilade courrait le long de son bras gauche, et une autre entravait maintenant une de ses jambes.

Mauvaise estimation, sortirait-il vivant de cet enfer avec un membre presque paralysé par le poison de ces saletés de bestioles ? La seule chose qui pouvait l'aider se trouvait dans sa gourde. L'eau désinfecterait un minimum la profonde entaille. Il déchira au passage un pan de son pantalon et en fit un garrot rudimentaire, seul moyen pour que le venin ne se propage pas trop rapidement.

Puis, courageusement, il reprit du mieux qu'il put son chemin. Il dut faire plusieurs pauses, grimaçant à chaque mouvement à cause de l'insupportable douleur qui s'insinuait en lui, en même temps que le liquide mortel.

A un moment, la souffrance fut tel qu'il s'écroula presque au sol. Près de lui, il entendit soudain un dangereux sifflement. Un petit serpent blanc trottinait vers lui, apparemment ravi qu'une proie lui tombe toute crue dans la gueule.

Une petite langue huma l'air et l'odeur du corps devant lui. 'Oh ! Mais c'est un humain, il sent drôlement bon. Enfin, si on oublie la puanteur des ayames qui semble flotter autour de lui. Mais à part ça, il est trop grand pour moi, et puis il n'est pas mort. Je suis trop jeune en plus, pour l'avaler. Quoique je pourrais accélérer les choses si je le mordais.'

Le jeune prédateur s'approcha aussi silencieusement que possible du corps allongé. Mais homme à l'agonie, entend la mort approcher, disait-on. Il semblait que le dicton disait vrai. « Mords-moi, petit serpent. Je n'arrive plus à bouger, le venin des ayames m'intoxique de toute façon, je mourrais dans quelques heures, autant que la mort vienne rapidement, je n'ai pas peur. Mais j'en ai assez de souffrir, alors fais ce que tu as à faire. »

« Crétin, je n'aime pas qu'on me donne des ordres, alors c'est non, débrouilles-toi pour crever j'en ai rien à faire. » rétorqua ulcéré le jeune ophidien. Non mais il se prenait pour qui ce con d'humain à le prendre pour un serviteur ! Il avait sa dignité quand même, et puis ce n'est pas marrant de mordre quelque qui n'a pas peur de vous.

« Oh ! Merde alors ! Tu parles ! Je… Je parle à un serpent maintenant, la douleur doit me faire délirer. Un serpent qui parle j'aurais tout vu ! » s'écria stupéfié Narushige. « Bien sûr que je parle stupide bipède. T'as jamais vu de serpent ou quoi ! » rétorqua véhément la petite bestiole.

« Ben, je dois dire que tu es le premier serpent que je rencontre. J'ignorais que vous parliez. Qu'importe, tu ne veux vraiment pas m'aider à mourir plus vite ? Je ne manquerais à personne de toute façon. Je ne suis guère irremplaçable en plus, je n'aurais jamais dû naître. Je ne suis qu'un être inutile, même pour une créature comme toi. »

A ces mots, le jeune reptile revint très vite vers lui et se posta devant son visage. Sa langue vrilla sur le nez du garçon et un petit coup de tête suivi. « Je crois que je commence à comprendre, toi aussi tu es un abandonné, un rejeté de ta famille. Ma mère m'a laissé livrer à moi-même également. On peut être amis si tu veux. »

« Ca aurait été avec plaisir, si je n'étais pas sur le point de rendre l'âme. » murmura l'humain. La petite bête parut se moquer de lui, il l'entendit s'en aller. Shigeka soupira, s'il s'était contenté d'un oui, quelqu'un l'aurait peut-être apprécié une fois dans sa vie, peu avant sa mort. Mais comme le crétin qu'il était il n'avait vu que son propre destin, s'épargnant une piètre fin devant témoin.

Du moins c'était ce qu'il croyait. Un effleurement lui indiqua que le petit serpentait le long de sa jambe blessée. Soudain, l'ophidien planta ses crocs dans la blessure, arrachant un cri de douleur atroce à son nouvel ami.

« Voilà, une petite minute et tu devrais pouvoir marcher. Mon venin est tout aussi mortel que celui des ayames, mais je peux l'inoculer soit pour tuer soit pour purifier un autre poison. Normalement, mon injection devrait suffire pour qu'on atteigne les montagnes et qu'on retrouve mon grand frère. Allez allons-y. »

En effet, en une poignée de secondes, le jeune homme put se relever facilement. Il se mit directement en route, remerciant son nouvel ami pour son aide. Ce dernier avait d'ailleurs élu domicile dans son cou, fatigué d'avoir dû serpenter sur le sable trop chaud pour sa peau sensible.

« Au fait, que faisais-tu dans le désert, si tu habites dans les montagnes ? » « Je chassais cette question, les humains sont-ils aussi bêtes qu'on le dit ? Apparemment, j'en ai la preuve avec toi. J'aurais espéré une meilleure conversation. »

« Désolé, mais je n'ai jamais parlé beaucoup, j'ai toujours été un solitaire. » répondit amusé Naru-san. « Au fait, tu dois avoir un nom, j'ai entendu dire que les hommes en avaient tous un. Quel est le tien ? » demanda curieux la belle créature blanche.

Le blond était d'ailleurs subjugué par la clarté des écailles de son curieux ami. Ses doigts fins vinrent caresser nonchalamment la cuirasse du reptile. Celui-ci apprécia plus la caresse qu'il ne l'imaginait mais garda les pieds sur terre.

« Oh ! Je t'ai posé une question. » « Hein ? Oh désolé, je trouvais juste que tu étais très beau, excuses-moi. Mon nom est Narushige Shigeka. Et le tien. » répondit enfin le garçon. « Les serpents n'ont pas de nom. »

Il avait sifflé doucement cela, comme s'il n'appréciait pas la chose. « Eh si je t'en trouvais un moi ? Tu l'accepterais ? » « Hein, tu me donnerais un nom ? Pour de vrai ?»

« Bien sûr, ce sera tout de même plus facile pour qu'on discute. Voyons, que dirais de… Hebi ? » « Ksssh ! » « Non ? C'est vrai que ce n'est pas vraiment original. Alors Kyooo ? »

« Quoi ? Koh ? J'aime bien. C'est d'accord, je m'appellerais Koh désormais. Merci Naru. Heu Naru ? » Le jeune homme gémit. Le serpent comprit très vite, son venin prenait le pas sur celui des autres crétins. Ce n'était pas bon, mais heureusement, il venait d'arriver près de la grotte de son frère.

« Courage, Naru-san. Encore un petit effort et mon frère te sauvera pour de bon. Sers-toi de ma deuxième forme comme canne.» Aussitôt, Koh se transforma devant un Shigeka ébahi… en sabre.

Sans plus se poser de questions et restant focaliser sur son objectif, il entra dans la grotte comme le lui avait indiqué son ami sur la route. A l'intérieur, il trouva une sorte de petite chambre, à croire qu'un autre humain était passé par ici.

Avec bonheur, l'homme s'écroula sur le lit. Sitôt affalé, il put voir Koh reprendre sa forme de serpent. « Tu es étonnant, je ne me doutais pas que tu étais à ce point magique pour m'envoûter et en plus te transformer. »

« Imbécile, je ne t'ai pas envoûté, je suis beau c'est un fait. Maintenant tais-toi et surtout ne t'endors pas. » Aussi vite que possible, l'ophidien sauta du lit et passa en dessous d'un rideau, cachant une profonde caverne.

« Oh ! C'était quoi ce vacarme, le nain ! » demanda légèrement énervé son énorme grand frère. Et pour cause, un serpent géant était enroulé dans la caverne, sifflant de mécontentement de s'être fait réveiller.

« Désolé, frérot mais on a un invité surprise. Où est-ce que tu as rangé les plantes médicinales de la dernière fois ? » s'empressa de réclamer Koh, sachant qu'il n'avait que quelques heures devant lui pour sauver son Narushige, son seul ami.

« Si tu crois que je m'en souviens… Un regard noir répondit à son hésitation. Bon, bon ! Ca doit être dans le premier tiroir de la commode. Mais fait pas de connerie ! »

Enfin, Koh repassa sous le voile et sans se préoccupé de rien, changea de nouveau de forme. Un homme aux cheveux mi-longs blancs pris sa place. Il était beau et diablement jeune, mais ça Narushige ne put le voir, un tissu épais entourait le lit.

Le beau jeune homme aux cheveux blanc se dirigea rapidement devant la commode et en extirpa une petite amphore. Discrètement, il revint près de son blessé et appliqua la pommade du bout de ses doigts sur la coupure de la jambe, puis sur le bras blessé. Et pendant ce temps, la vue de Narushige fut occultée par une longue main fine posée sur ses yeux.

Ne se doutant pas le moins du monde que c'était Koh qui le soignait, le blond voulut enlever la main de sa vue mais la poigne se fit plus forte. Il lui sembla que le frère de son nouveau copain était très timide ou très moche pour faire une telle chose lors de ses soins. Malgré tout, il dut se tenir tranquille.

Ses yeux furent enfin libérés mais il n'y avait plus personne dans la chambre semble-t-il. « Koh ? » « Oui ? » la petite voix sifflante tentait maladroitement de remonter sur le lit. La douce main de Naru-san vint l'attraper et le posa doucement sur son ventre.

« Ton frère est étrange. » « Pour sûr, il l'est, tout comme moi sans doute, puisque tu as été si surpris par mes capacités. Mais bon, oublies le pour l'instant, il est parti se reposer.»

Les deux amis finirent par s'endormir, observer par une grande ombre cachée derrière le rideau. Les quelques jours qui suivirent Narushige fit plus ample connaissance avec Koh, ainsi qu'avec son frère, qui au final semblait bien l'aimer.

Leur vie à trois fut très agréable, jusqu'au jour où un message arriva de la ville, obligeant Narushige à s'en aller, emmenant Koh avec lui. Aser, le deuxième serpent de la petite famille ne s'inquiéta pas, convaincu qu'il faudrait être stupide de s'attaquer à ses petits protégés, car sa colère retomberait sur quiconque s'attaquerait à eux.

FIN

Voilà, petite review, please ? (Yeux de chat botté tout mimi et larmoyant.)