INTIME CONFIDENCE
La nuit s'est installée pour de longues heures. Sur le rebord du bassin, Sasuke se repose, Naruto dormant dans ses bras après ce tsukiyomi fripon. Le sourire libre aux lèvres, il retrace les pleins et les déliés du dos doré. Si son amant ne dormait pas, il aurait pu entendre sa voix calme murmurer son intime confidence.
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D'abord cette voix suave qui me dit que je suis beau, ensuite l'impression que laisse sur mes lèvres ton souffle chaud… une attente qui devient la mienne… un frôlement qui vient s'échouer sur ma peau et puis un baiser qui me dépossède de mon âme même… J'inspire…
Tes doigts curieux qui viennent se poser sur ma poitrine avec lenteur, s'approchant de cette pointe sur laquelle ils créeront un nouveau monde que ta langue gourmande viendra sublimer. Et ce regard intense que tu poses sur moi, qui voit des choses que je ne vois pas… ça me terrifie et ça m'excite… ça me fait vibrer comme jamais… J'expire…
Je connais les regards de Konoha qui te dévorent toi mon bel amant lorsque tu passes. Ils t'admirent et te recherchent… toi qui jadis n'étais rien, pas même un humain. Les femmes deviennent lianes douces et soyeuses… te touchant, te séduisant… je sais les rêves qu'elles imaginent… je le sais bien… J'inspire…
Tes mains fortes et calleuses qui vénèrent ma peau désirée, mon corps se sent parfois si petit pour l'émotion qui nait. Quand le sang charrie le feu dans mes veines, enflammant mon cœur et que je me perds dans la lumière que tu enfantes. Je ne rêve pas… Quand je sens tes bras presque me briser de m'enserrer, quand ton corps d'or tremblant me recouvre et me fait tien… et que tu murmures mon nom comme une prière. Je ne rêve pas… Quand je sens la brûlure étrange qui me renouvelle. Je ne rêve pas… et elles l'imaginent. Elles croient que leurs ventres prêts à enfanter te retireront de moi, alors qu'elles continuent de rêver... Moi, j'expire…
Je ne te dirais pas mais tu le sais… Mon clan m'a dépossédé de ce droit de dire et d'exprimer, devenu mué pour ces cris silencieux du passé, aveugle pour ces pupilles effarées, sourd pour ces vérités cachées, je ne suis encore qu'une ombre malgré tes efforts, ce n'est que quand tu me touches que je prends corps… J'inspire…
Je joue… je joue l'insondable, l'incernable, l'intouchable. L'homme des rêves brûlants, celui que tout le monde attend… Caché derrière mon regard qui ne reflète rien, j'observe le rose des joues féminines et les efforts qu'elles font. J'écoute leurs gestes pleins de paroles qui racontent comme elles vont m'aimer, comment elles vont me guérir. Et puis tu arrives et tu souris… Le regard qui s'encre dans le mien avec toute cette force qui te fait, avec ce rire que tu mettras au monde après une bêtise que tu auras lâché, ce regard qui brille de mille feux comme quand nous ne sommes que deux… ce regard amoureux… J'expire…
C'est mon intime confidence, celle que même toi, tu ne sais. Tu es ce qui me permet encore de dire en cette heure que je ne suis pas mort… Et je respire…
