Eh oui misa-chan, il y a bien une suite. Toujours court, j'en suis désolée...
Une jeune fille marchait sur le bord d'une route déserte, blessée, exténuée, désespérée. Le sang qui s'échappait de sa blessure avait noyé sa main et se répandait sur ses vêtements, coulant doucement sur ses jambes. Trop souffrante pour faire un quelconque signe afin de signaler sa présence, le peu de conducteur qui était passé près d'elle ne l'avait même pas remarqué.
Pas après pas, elle se rapprochait inéluctablement de la maison où elle vivait, cette maison qui n'était pas la sienne, cette maison où se trouvait l'homme qui l'avait trahi…
Non ! Elle devait cesser de repenser à cela, arrêté de se faire du mal inutilement. Mais elle l'aimait, elle l'aimait tellement…Alors comment oublier ce qu'elle avait vu ?
Elle poursuivit son chemin, le corps douloureux, les cheveux plaqués à son visage, collant au sang coagulés sur sa joue, les yeux emboués de larmes, le dos courbé, inlassablement, courageuse et volontaire, plus forte que cette douleur atroce, plus tenace que ce poison de haine qui assombrissait son cœur.
Mais non ! Elle ne se laisserait pas aller à haïr cet homme, cela était bien trop simple et en même si difficile ; elle devait oublier. Seulement oublier et survivre.
Oui, c'est exactement ce qu'elle ferait une fois rétablie, et que elle et son père auraient enfin quitté cette maison de malheur. Elle oublierait...
Naoki sortit en trombe de la maison après avoir comprit que l'hypothèse de l'accident devait s'avérer exact. Or, il ne savait quelle direction prendre.
-Bon sang ! Où peut-elle bien être ? Kotoko, où es-tu ?
Au son de sa voix, Irie prit peur. De toute sa vie, il n'avait été aussi angoissé, et sa voix trahissait l'état dans lequel il se trouvait. N'y tenant plus, il choisit de partir vers le centre ville.
Peut-être que Kotoko avait choisie de se rendre là-bas pour se distraire. Il prit ses jambes à son coup et disparut au coin de la rue.
Il était plus de quatre du matin quand Kotoko arriva chez les Irie, essoufflée mais rassurée. Elle gravit péniblement les marches, tourna la poignée de la porte et pénétra dans le vestibule avant de se laisser tomber à terre, à bout de force.
Elle remarqua bien vite qu'aucune lumière n'était allumée et se demanda si Naoki était couché.
-Irie-kun, prononça-t-elle tout bas.
De nouvelles larmes firent leur apparition mais elle les refoula bien vite, se refusant à pleurer. Elle devait encore atteindre l'étage et prendre une douche afin de se débarrasser de tout ce sang et essayer d'arrêter l'hémorragie.
Alors elle se releva et grimpa l'escalier, sans se rendre compte que de nombreuses gouttes perlaient de sa blessure, venant s'écraser sur le sol et les marches.
Arrivée devant la chambre de Naoki, elle se risqua à jeter un œil pour s'assurer qu'il était bien là, mais quel ne fut sa surprise de découvrir un lit vide, dépourvu de son propriétaire.
La détresse la reprit, lui tenaillant les tripes.
- Non ! dit-elle dans un souffle. Pourquoi Irie-kun ?
Alors elle se laissa tomber à genoux à l'entrée de cette chambre, et ne put contenir le flot de larmes qui ne demandait qu'à sortir.
Elle aurait tant aimé pouvoir faire disparaître cette horrible souffrance qui broyait son cœur, mais elle avait pleinement conscience que les choses n'étaient pas aussi simple.
Depuis cinq qu'elle pratiquait cet amour à sens unique, elle savait pertinemment que seul le temps guérirait son âme blessée à mort.
Naoki n'était pas là. Elle devait se faire une raison. Il était surement avec cette Matsumoto.
Alors c'était bien ce qu'elle pensait ; Irie n'avait fait que se moquer d'elle et n'en avait jamais rien eu à faire d'elle. Elle en était désormais persuadée.
-Il se fiche bien de ce que je suis. Je pensais qu'Irie-kun était unique pour moi. Pourquoi me suis-je autant trompée ?
Kotoko avait cette horrible sensation qu'on lui arrachait le cœur, et qu'on le lançait avec force contre un mur afin de l'éclater en mille morceaux, pour finir par le piétiner avec fureur. Elle était brisée. Totalement brisée.
Soudain, elle sentit son estomac se soulever et une terrible nausée la prit. Elle s'accrocha à la poignée de la porte pour s'aider à se relever et se dirigea vers la salle de bain pour vomir juste à temps dans le lavabo.
Elle fut quelque peu soulagée, mais quand elle remarqua avec stupeur qu'elle n'avait vomit que du sang, elle se glaça d'effroi. Elle était de plus en plus faible, mais n'avait pas encore le droit d'abandonner. Malgré le désespoir, la souffrance et la tristesse qu'elle éprouvait, elle ne pouvait se laisser aller.
Elle fit couler l'eau, se déshabilla avec difficulté, prenant soin de pas appuyer sur sa blessure et pénétra dans la baignoire. Immédiatement elle se laissa choir, posant sa tête sur le rebord, et apprécia l'eau chaude qui coulait sur elle, nettoyant et emportant tout cet horrible sang.
Après plusieurs minutes d'une lutte interminable pour ne pas sombrer, elle ferma malgré elle les yeux et plongea bientôt dans l'inconscient, l'eau brûlante coulant continuellement sur son corps blessé.
Naoki rechercha longuement, parcourant les moindres rue du centre ville, interrogeant les quelques passants qui flânaient encore, appelant tous les hôpitaux du coin, mais rien, absolument rien. Personne ne l'avait vu.
Alors finalement, le cœur en peine, la peur au ventre, il se résigna à rentrer chez lui, ne sachant où chercher. Peut-être était-elle revenue entre temps. Il le souhaitait de son cœur.
Ce qui attira immédiatement son attention, fut ces étranges tâches rouges qui jonchaient le trottoir à quelques mètres de la propriété. Elles semblaient se diriger vers elle d'ailleurs.
Arrivant devant l'escalier menant à l'entrée, il comprit sans réfléchir, son visage se décomposant en l'espace de quelques secondes.
-Kotoko ! Souffla-t-il.
