Naoki gravit les marches quatre à quatre se précipitant telle une tornade à l'intérieur de la maison. Ses yeux se posèrent sur une minuscule mare de sang qui brillait à la lueur de la lumière dans le vestibule, puis suivant le chemin des gouttes il escalada un nouvel escalier qui menait à l'étage. La faible lumière de l'entrée qu'il percevait d'en haut éclaira légèrement le couloir et il aperçut la porte de sa chambre entrouverte. Il s'en approcha le cœur battant à tout rompre, mais un bruit d'eau au fond du couloir provenant de la salle de bain, attira davantage son attention.
Il progressa le long du mur, tâchant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller toute la famille malgré son entrée fracassante, et posa la main sur la poignée de la salle de bain. Il colla un instant son oreille à la porte essayant d'écouter et de percevoir un autre bruit que celui de l'eau coulant dans la douche, puis doucement il commença à tourner la poignée, effrayé par ce qu'il risquait de découvrir à l'intérieur de cette pièce.
La porte grinça faiblement en s'ouvrant, laissant s'échapper une grosse quantité de vapeur et de buée qui inondaient la pièce. Il termina d'ouvrir la porte, pénétra à l'intérieur presque aveuglé par ce nuage de fumée, referma derrière lui et avança jusqu'au bord de la baignoire pour y découvrir Kotoko, nue et mortellement blessée, se vidant de son sang et de sa vie, le visage tuméfié et si pâle malgré la chaleur torride qui se dégageait de cette salle de bain.
-Kotoko, non !
Irie ne put contenir un cri de stupeur, ses yeux s'écarquillant, sa bouche s'ouvrant dans une indéchiffrable souffrance, et sans attendre il se jeta sur les robinets, arrêtant l'eau, attrapant au vol une serviette qui traînait, et dans des gestes doux et souples il sortit sa précieuse petite amie de la baignoire, lui passant une main sous ses jambes et une autre dans son dos pour la soulever, remarquant par la même occasion qu'elle était aussi légère qu'une plume.
Il l'enveloppa dans la serviette et l'entraîna jusque dans sa chambre se jurant de la sauver et criant dans le couloir afin de réveiller tous le monde.
-Réveillez-vous ! Kotoko est blessée. C'est une urgence !
Il l'a déposa doucement sur son lit, se fichant complètement de tremper ses draps et examina la blessure. Il constata avec horreur que Kotoko avait perdu beaucoup trop de sang et qu'il lui fallait une transfusion de toute urgence. Il se félicita cependant d'avoir choisit la carrière de médecin et put avec facilité stopper l'hémorragie par compression locale, appuyant fortement sur la plaie, attrapant pansements et bandages dans le tiroir de sa table de chevet.
Il hurla une fois de plus à l'aide et quelques secondes après, toute la famille apparaissait sur le pas de la porte, les yeux embués de sommeil, les esprits émergeant difficilement.
-Grand-frère qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que tu cries comme ça ? Demanda le petit.
Tous le regardaient sans comprendre n'ayant pas encore aperçu le corps de Kotoko étendu sur le lit, la serviette couverte de ce liquide rouge indispensable à la vie.
-Kotoko va mourir, appeler une ambulance de toute urgence. Hurla désespérément Naoki, qui se leva, leur permettant de voir sa future femme, blessée.
Les yeux de chacun s'ouvrirent subitement d'angoisse et les voix moururent dans leurs gorges. Ils voulurent tous se précipiter sur elle mais Irie leur interdire, donnant des ordres immédiats afin d'agir au plus vite pour sauver la vie de Kotoko.
-Maman appelle une ambulance ! Yuki va me chercher des vêtements pour Kotoko ! Papa amène-moi d'autres serviettes et bandages !
Quant au père de Kotoko, il passa près de Naoki et s'approcha de sa fille des larmes dans les yeux et s'assit près d'elle lui prenant la main.
-Ma chérie ! Kotoko ! Est-ce que tu m'entends ? Demanda-t-il la voix tremblante.
Mais Kotoko n'avait aucune réaction, ce qui provoqua les pleurs de l'homme pour qui elle avait décidé de survivre ne voulant pas lui causer de chagrin. Naoki posa une main sur l'épaule de monsieur Aihara qui se leva à contre cœur permettant ainsi au jeune homme de continuer à soigner la blessure de sa fille adorée.
-Irie, appela-t-il doucement. Est-ce que Kotoko va…
Il ne put achever sa phrase, ne désirant pas entendre ce mot maudit, mais les paroles fortes et déterminées de Naoki lui firent reprirent espoir.
-Non ! Kotoko va vivre, je le promets.
Son petit-frère et son père refirent leurs apparitions avec les choses qu'il leur avait demandé, et dans des mouvements habiles d'un futur médecin, il pansa la plaie et habilla chaudement Kotoko qui devenait de plus en plus pâle, son corps devenant aussi froid que la mort, sa respiration se faisant difficile et presque imperceptible.
Au bout de quinze minutes, l'ambulance arriva et Kotoko fut transportée d'urgence à l'hôpital, Irie à ses côtés, le reste de la famille suivant en voiture. Comme prévu, elle fut transfusée, mais au grand désarroi de tous, les médecins et infirmières avouèrent qu'il était probablement trop tard, qu'elle avait perdu trop de sang et que sa tension était si basse qu'il était presque impossible que Kotoko survive.
Cependant, on la transporta dans une chambre isolée près du service d'urgence où il était interdit de pénétrer à l'exception du mari. Bien que Kotoko et Irie ne le soient pas encore, Naoki reçu l'accord pour rester auprès d'elle pendant ses dernières heures. En effet, Kotoko allait mourir, le verdit du médecin principal était tombé, il n'y avait plus aucun espoir, à moins d'un miracle, ce en quoi il ne croyait pas.
Irie prit une chaise qu'il installa près du lit, et prit délicatement la main de Kotoko, l'approchant de ses lèvres, la baisant tendrement. Il laissa une larme couler le long de sa joue et il sentit en lui une cuisante douleur qu'il laissa s'emparer de tout son corps comme pour se punir d'avoir causé du tort à celle qu'il aimait et qu'il allait perdre par orgueil. De plus, il se haïssait et s'injuriait intérieurement. Il voulait devenir le meilleur médecin de tout le japon, mais à quoi bon s'il ne pouvait sauver ceux qu'il aimait.
Il se leva et s'allongea près de Kotoko la prenant dans ses bras, et ferma les yeux se laissant aller à une sourde plainte, les yeux emplit de larmes amers, le cœur en mille morceaux. Il était amoureux de cette fille depuis déjà un long moment et elle n'en avait jamais rien sut. Et voilà que cette nuit, elle allait disparaître de ce monde sans avoir connu les sentiments qu'il éprouvait pour elle.
Kotoko va-t-elle vraiment mourir? Réponse dans le prochain et dernier chapitre...
