*BIP BIP BIP BIP*

Putain… Fallait que mon réveil sonne. J'étais en train de faire un super rêve. J'ai pas envie de me lever. J'ai pas envie d'aller en cours. Surtout qu'on est lundi. Je vais avoir Anglais, Latin et Allemand dès le début de la journée. Quel enfer.

"Sandra ? Tu te lèves ma chérie ? Sinon tu vas être en retard pour ton bus, me dit ma mère depuis la salle à manger.

- J'arrive maman! Cris-je depuis mon lit si confortable que ça devrait être illégal."

Je me lève, choisis mes habits du jour, et file à la douche. Je profite d'une eau si chaude qu'elle en rougit ma peau blanche autant que je peux, puis je shampouine mes longs cheveux bruns et raides. Puis je savonne mon corps, ce corps qui me fait passer pour une gamine de 13 ans alors que j'en ai 16. "C'est qu'un petit retard de croissance, mange un peu tu va rattraper ta sœur". Mais bien sûr. J'y aurai bien cru si j'avais vraiment 13 ans, mais ça fait 3 ans que les choses n'ont pas bougé et que mes camarades me traitent comme une gamine.

Je descends prendre mon petit déjeuner.

" Ta sœur revient de vacances vendredi soir, et elle passe nous voir.

- Ok, et?

- Je sais pas, je pensais que ça te ferait plaisir.

- Confond pas tes plaisir et les miens…

- Sandra! C'est ta sœur.

- Oui bah justement. J'en ai marre que tu parles que d'elle. Gabrielle par si, Gabrielle par là. Même quand j'essaye de te montrer ce que je fais tu me dis que Gabrielle faisait pareil. Elle rentre de vacances et elle passe, et alors, qu'est ce que tu veux que ça me fasse ?

- Ça suffit jeune fille, comment peux-tu me parler sur ce ton ! Je suis ta mère !

- Ça va, j'ai fait que te dire la vérité.

- File prendre tes affaires et va au lycée ! Nous reprendrons cette conversation ce soir, avec ton père ! "

Et aller, qui va encore se faire punir pour rien ? C'est bibi. Si elle me cassait moins les ovaires à tout le temps parler de Gab, peut être que je serais moins soulée, hein? Mais non, faudrait que ce soit moi qui accepte que ma mère ne sache parler que de ma sœur. Et encore, elle serait la seule, mais ils m'ont inscrit dans le même lycée qu'elle, m'ont forcé à prendre les mêmes matières qu'elle, et du coup j'ai les même prof qu'elle, et eux aussi ils font que de me comparer à elle. Est ce qu'à un moment le monde peut comprendre que je ne suis pas elle?

Je monte dans le bus direction le lycée. Je continue d'écrire ma fan fiction sur Labyrinth and Lamia, la 3e édition du jeu de rôle, édité par Magician of the Bay. J'en suis au 3e chapitre, et j'ai plein d'idées. C'est l'histoire d'une paysanne, Hélène, qui voit son monde tel qu'il est, une simple partie de jeu de rôle. Elle à déjà vu les aventuriers joué par les joueurs, mais ne les a pas confronté parce qu'ils étaient en plein combat contre des orcs qui attaquaient son village.

Je pense faire évoluer ma fic en lui donnant des pouvoirs d'ensorceleuse qui aurait fini par se réveiller à cause de sa particularité. Parce que bon, l'histoire d'une personne lambda qui a simplement vu la réalité pour ce qu'elle est, mais est incapable de faire quoi que ce soit, c'est vite chiant à en mourir.

J'en ai parlé à mon groupe de jeu de rôle, et le MJ à même proposé que je la mette sur le thème de notre partie actuelle, du coup les aventuriers sont les persos qu'on joue.

J'ai à peine eu le temps d'écrire quelques lignes que le bus est déjà arrivé. J'ai vraiment pas de chance aujourd'hui.

Le prof d'anglais nous sort une interro surprise. Et évidemment j'ai pas révisé. C'est un QCM. Tant pis je vais répondre au hasard.

C'est bizarre, mais plusieurs fois quand j'ai voulu mettre certaines réponses, il s'est passé quelque chose qui semblait désapprouver ma réponse. Genre quelqu'un chuchotant un "non ça peut pas être ça", le prof qui racle sa gorge, ce genre de chose. J'essaye de m'y fier, des fois que ça m'aide, et je change les cases que je coche.

Après le contrôle, le cours se passe dans le calme, puis nous changeons de classe pour aller au cours de Latin. C'est optionnel et je n'y suis que parce que mes parents m'y ont mise, du coup je continue d'écrire ma fic. De toute façon, le bac on le donne à tout le monde aujourd'hui, alors pourquoi bosser pour gratter un demi point sur un diplôme qui n'est qu'une blague. Hélène se réveille dans sa maison, en flammes, à cause du réveil de ses pouvoirs. Elle le voit comme la punition de "l'homme derrière l'écran" qui est le nom qu'elle donne au MJ. La prof me fait une remarque comme quoi elle est déçue que je ne sois pas comme ma sœur, passionnée par la langue.

Et maintenant Allemand. Putain vivement que la sonnerie retentisse. Je veux sortir de là. Ou alors l'alarme incendie, histoire d'être dans la cour. Comme par miracle, c'est exactement ce qui se passe. Cette alarme de malheur me vrille les tympans, mais au moins nous sortons de cette classe pour nous mettre dans la cour. Une petite demi-heure de cours en moins. Je continue ma fic sur la dernière demi-heure. De toute façon, qu'est ce qu'elle peut bien nous apprendre en si peu de temps.

La sonnerie de fin de cours sonne enfin. Je vais manger en ville, parce que bon, le self c'est bien dégueu. Je pense que je vais aller manger au fast food. Ce sera bien meilleur. Évidemment, on est un Lundi, tout ceux qui sont dégouté d'avoir à reprendre le travail viennent se réconforter dans le gras. Du coup y a une queue de malade et pas de place pour s'asseoir. Tant pis je mangerai dans le parc.

Aller quoi, prend un menu simple, arrête de vouloir ajouter 10 trucs dans ton burger… Oh… Merde. Je reconnais cette sensation, et c'est pas le moment. Mes règles sont arrivées. Moi qui m'attendais à les avoir la semaine prochaine, me voilà bien emmerdée. Bon pas le choix, si je veux pas devoir passer l'après midi dans une culotte pleine de sang il va falloir que j'aille aux toilettes. Tant pis pour ma place.

Arrivée aux toilettes, je me rend compte que j'ai des tampons au fond de mon sac. Tant mieux, parce que faire un semblant de serviette hygiénique avec du PQ, c'est pas le projet le plus efficace du monde. J'en met un en place puis commence à sortir des toilettes.

Bon si je veux pas arriver en retard il faudrait un miracle. Genre que le fast-food se soit vidé pendant que je réglais mon petit problème. A ma grande surprise, le miracle s'est réalisé. Le fast-food est vide, excepté les employés. Je regarde l'heure, il n'est qu'une heure de l'après-midi. Je commande, et après avoir reçu mon burger et mes frites, je m'assois dans un coin isolé.

Je me dis que j'ai quand même un peu de chance aujourd'hui. Je me demande si elle va continuer. Il faudrait que je chope le bus dès ma sortie du fast-food.

Je regarde l'heure, et finis mon burger en vitesse en priant pour que cette journée de tout les miracles continue. Je cours attraper le bus, dans lequel je rentre juste avant qu'il parte. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que les choses aillent dans mon sens aujourd'hui, mais j'espère que ça va continuer.

J'arrive pile à l'heure au cours de géographie. Sauf qu'au moment de me mettre à ma place, cette connasse de Kimberley me tire la chaise et je tombe au sol. Je commence à m'énerver mais la prof ne veux rien savoir, et me dit de m'asseoir convenablement.

Cette pimbêche. Toujours à se dire qu'elle peut faire tout ce qu'elle veut parce qu'elle est belle et donc que le monde doit finir à ses pieds. Si seulement elle pouvait avoir quelque chose, genre un gros bouton sur le nez, ça la calmerait.

"Madame, y a une guêpe qui est rentrée dans la classe, dit un élève.

- Du calme, tant que vous ne faites pas de geste brusque, tout ira bien."

La guêpe se pose sur le nez de Kimberley. Si c'est ma chance qui fait ça, c'est peut être un peu abusé, mais en même temps ça peut être marrant.

"Ah! Elle m'a piquée !

- Du calme Kimberley, ça fait mal mais ça va passer.

- Je suis allergique !

- Quoi ? Erwan, Emma, amenez là à l'infirmerie, et vite!"

Ok, si c'est ma chance qui a fait ça, c'est un peu abusif. J'ai demandé un bouton, pas un meurtre. J'espère qu'elle ne va pas avoir de soucis. Les allergies ça déconne pas.

Après le cours d'histoire, le cours de physique chimie. Pendant la leçon, le prof, qui est un passionné, nous fait une digression sur la physique quantique, et nous parle du fait qu'Einstein aurait dit "dieu ne joue pas aux dés" en critiquant un modèle de compréhension. Perso je regarde par la fenêtre, et je m'imagine bien un vieux barbu au contraire jouer à Labyrinth and Lamia avec ses autres potes vieux barbus dans les nuages.

"Mademoiselle Marchal, je sais qu'il fait un super temps dehors, mais vous en profiterez après le cours.

- Pardon Monsieur, je pensais à autre chose."

Le cours continue un moment, puis le prof nous pose rapidement à l'oral. C'est alors que je vois au dessus de chaque élève interrogé un dé à 20 face rouler et s'arrêter sur un chiffre, puis disparaître. Bordel, qu'est ce que c'est que ça encore. J'ai des hallucinations maintenant ?

"Sandra, à ton tour, qu'est ce qu'une liaison covalente ?"

Et merde. Je regarde le résultat du dé pour moi… 1. Si je me fis à mon expérience dans le jeu de rôle, je vais me foirer.

"Euh… C'est une liaison entre deux atomes qui covalent ?

- Hein? Qu'est ce que tu veux dire ?

- Bah quand deux atomes s'aiment très forts, ils covalent, et comme les humains ça fait un bébé atome, non?"

Toute la classe éclate de rire. Moi, je tire la gueule. Visiblement mon improvisation n'est pas passé.

"Sandra, tu me copieras la page 283 de ton livre de physique chimie pour la prochaine fois. Au moins tu apprendra le cours plutôt que de regarder dehors et dire des âneries"

Ok, c'est noté. Quand je vois le dé, si j'ai un 1, c'est qu'il faut que je me taise et que je dise "je sais pas".

Finalement la classe finit par se terminer, et je vais dans le bus pour rentrer. Les dés sont toujours là, au-dessus de la tête des gens. Un gars au téléphone fait un 20 sur le dé, je suppose que quoi qu'il dise au téléphone, il s'en sortira bien. Le conducteur fait un 15, c'est pas le mieux mais bon, je suppose que c'est pas si mal. D'autres font de bons ou moins bons jets.

J'arrive à l'arrêt où je dois descendre et continuer à pied. Le dé apparaît au-dessus de moi, 20. J'ai un mauvais pressentiment, et remarque un vieux qui lui à un dé qui as un 1 comme résultat. Il a un regard bizarre, presque malsain, fixé sur moi. Je sors en essayant de ne pas montrer que je panique, et utilise subtilement mon poudrier et son miroir pour voir s'il me suit. Et bien évidemment il me fait.

Putain, faut que j'arrive à le semer. En plus comme par hasard un vieux pervers qui suis une fille qui physiquement à l'air d'avoir 13 ans, ça peut que mal finir.

Je me mets à courir, et je l'entend courir aussi. Je traverse la route sans regarder, quand tout a coup j'entend un bruit de klaxon de camion, puis de freinage d'urgence, puis de caoutchouc qui roule sur quelque chose au milieu de la route.

Je me retourne, et je vois… Un amas de chair… Ressemblant vaguement à mon poursuivant. Le pauvre à été littéralement écrasé par le camion en me poursuivant. Je vomis. Je pleure.

Si c'est ma chance qui à fait ça, c'est pas de la chance, c'est une malédiction. C'est pas possible, ça peut pas être moi qui ai fait ça.

Je rentre chez moi. Je me demande mentalement si j'arriverai à éviter l'engueulade, et mes hallucinations me répondent par un dé affichant un magnifique 2. Je suppose que non alors. Mes parents m'abordent directement. Ils sont assis dans le salon, sur le canapé. Ma mère a un gros 5 au dé, tandis que mon père a un 14.

"Sandra, viens s'il te plaît.

- Ta mère m'a dit que tu avais eu des propos durs envers ta sœur.

- On peut… en parler plus tard ? J'ai…

- Non, jeune fille, je ne te laisserai pas t'en tirer après les propos honteux que tu as eu sur ta sœur", répond aussi sec ma mère.

J'enrage. Je viens de voir quelqu'un mourir et eux, tout ce qu'ils ont à la bouche, c'est ce que j'ai dit sur ma sœur.

"Chérie, notre fille est toute pâle et…

- JE VIENS DE VOIR UN HOMME SE FAIRE ÉCRASER PAR UN CAMION ! J'hurle toute en colère et en larmes. JE VIENS DE VOIR LE VOIR FINIR EN CRÊPE, MAIS NON, FAUT QUE TU VIENNE ME CASSER LES COUILLES PARCE QUE J'AI DIT DU MAL DE MA SŒUR ! ET BAH TU VEUX SAVOIR QUOI? J'AIMERAIS QU'ELLE NE SOIT PLUS LÀ, MA SŒUR, QUE PLUS PERSONNE NE M'EN PARLE, J'EN AI…"

Je ne me souviens pas de la fin de ma phrase. Je ne me souviens que de la chute, puis l'impact du sol, puis le noir.

Je fais un étrange rêve. Je suis avec ma sœur, à Paris. Soudain, un homme hideux avec une grande pelle arrive derrière nous, et assomme ma sœur avec. J'hurle, mais ce n'est pas ma voix. Un autre homme m'attrape. Celui là est limite beaucoup trop beau pour être vrai. Ils se battent pour savoir qui aura ma sœur. Un pic d'os sort du bel homme. Il dit qu'il aura ma sœur, et que le moche m'aura moi. Le moche fini par accepter. Le beau me jette au moche et se jette sur ma sœur. Je vois ses canines s'allonger, et il les plante dans le bras de Gabrielle, et commence à lui sucer le sang. Puis, un coup de pelle derrière la tête, et… plus rien.